Du Piémont à la Ligurie en passant par la Lombardie et l'Émilie-Romagne
Juin 2020
10 jours
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La frontière franchie, Milan sonne en fanfare le début de cette échappée transalpine.

Un joli voyage entre Renaissance et XXIème siècle.

Du marbre de la cathédrale...

...aux tours végétalisées de Stefano Boeri, Milan fait le grand écart.

De marbre et d'or

Face à la cathédrale, on a curieusement une impression de construction en deux dimensions, le relief n'apparaissant pas de prime abord et c'est évidemment un sentiment de démesure car elle écrase impitoyablement tout bâtiment alentour.

Une fois le regard capté, L'oeil ne dévie plus d'un pouce. En se rapprochant, le blanc qu'on pense alors uniforme, est en réalité parcouru de nuances zébrées. Le marbre devient déclinaison de pastels roses et mordorés qui assurent le spectacle en fonction de la lumière qui s'y reflète.

En fin de journée le soleil décline, les nuages s'éloignent, ceux qui restent ne sont plus que traines vaporeuses de mariées. Un rayon suffit alors à embraser la pierre et c'est toute la cathédrale qui se transforme en or. Un mirage pour orpailleurs, un miracle pour alchimistes.

Ne restait plus alors qu'à commander un espresso que seuls les italiens savent servir. La quintessence du grain de café résumée dans quelques gouttes versées au fond d'une tasse en porcelaine. Le boire prend le temps d'une unique gorgée. Exactement le temps pour que la cathédrale devenue Or un bref instant, ne revête à nouveau son costume de marbre blanc. Sur la place, tout est calme, le soleil sort en coulisse, le monde reprend sa route, nous aussi.

Nous sommes le 9 juin, il est 20h13. L'illusion fût parfaite, les flèches du duomo de Milan nous ont terrassé. Et nous n'avons rien vu venir.

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Nous continuons notre dégringolade italienne. Les Alpes dans le rétroviseur, nous descendons la riche plaine du Pô pour atteindre ce matin Parme, haut lieu, s'il en est, de la gastronomie. Le jambon, le parmesan, les tagliatelles à la ricotta, le parfum sucré des tomates juteuses s'échappant des trattoria, Parme est un concentré de dolce vita.

Et c'est de manière lente et élégante qu'il convient de déambuler dans l'ancienne cité romane.

Ici on pédale évidemment sur une bicyclette sans âge, nu pieds, en costume sur mesure. Les femmes y promènent sur le guidon, un bouquet de fleurs éclatantes de soleil dans un panier rouillé.

La cathédrale offre comme tous ces endroits apaisés un moment de quiétude et si jamais on s'y ennuie, le peintre de la reconnaissance Il Corregio à déposé intégralement sur ses voûtes une grandiose fresque aux allures de bandes dessinées.

On vit lentement à Parme parce que personne n'a encore trouvé ici, une bonne raison de se presser.

Parme, petite ville de la plaine du Pô, en Emilie Romagne, tout un poème. Le prononcer est déjà tout un voyage.

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Pavarotti est à Modène ce que Verdi est à Milan, un flamboyant représentant de la cité romane dans le monde. Mais on connait tous aussi Modène pour d'autres trésors culturels.

Le vinaigre balsamique, toute la quintessence du raisin exprimée dans une goutte sombre liquoreuse.

Mais aussi Enzo Ferrari, l'artiste génial, l'inventeur de la couleur rouge qui va vite, si emblématique du vingtième siècle.

C'est tout cet artisanat de génie qui est né et s'est concentré autour d'un duomo un peu vacillant et quelques jolies rues tournantes aux arcades ocres où l'on boit religieusement son espresso, accoudé à la table bancale d'une terrasse. Jour après jour.

En s'y promenant, on comprend alors que Modène rayonne sur le monde mais qu'elle fait mine de ne pas le savoir. En toute élégance.

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Escale sur les hauteurs ! Pour quitter un instant les marbres, les ors des villes et rejoindre les pierres brutes, la poussière des sentiers abrupts.

Une échappée belle dans les montagnes des Apennins en mode randonnée. Grand vent, grand soleil.

Comme quelque chose qui ressemblerait une belle journée...


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En toile de fond, il y a les dernières rondeurs des Apennins, les cyprès longilignes élancés vers un ciel azur, quelques domaines viticoles campés sur les coteaux. L'air est doux et léger.


Nous avons surpris Florence ce matin dans une Toscane de carte postale. Et toute la journée, des arches du ponte Vecchio enjambant l'Arno, aux pierres de marbre vert de la Cathédrale Santa Maria Del Fiore, tout fût éblouissant.

Alors quand nous sommes montés jusqu'au jardin Bardini pour contempler la cité une dernière fois, comme pour Venise, comme pour Rome, c'est ce mot qui nous est venu à l'esprit : "Eternel".

Florence est éternelle, c'est cela. Et il fait bon parfois frôler l'éternité en s'y promenant. N'est-ce pas ?

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Campanile le plus célèbre du monde, avec 58 mètres de haut taillés dans le marbre, cette tour est un chef-d'oeuvre de l'art roman de Toscane.

Son air penché fait tourner les têtes et la planète entière se rue à ses pieds pour le photographier.

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Pour relier à pieds les villages colorés des Cinq Terres, il faut savoir monter des centaines de marches puis les redescendre sans regrets sur l'autre versant de la colline...

 ...s'agripper aux vignes des coteaux ensoleillés en prenant garde à ne pas dévaler la pente, boire l'eau des fontaines croisées sur les places des églises, faire d'un morceau de parmesan et de quelques tomates un repas de roi...


...opérer parfois un demi-tour pour retrouver le bon chemin, sentir ses mollets endoloris par une abrupte pente de mauvais cailloux en rêvant d'un plongeon en contrebas dans les eaux turquoises méditerranéennes, se faufiler dans des ruelles étroites pour y goûter une fraîcheur et une ombre tant convoitées, revenir dans la lumière et repartir vers un autre village...

Pour relier à pieds les villages colorés des Cinq Terres, il faut juste savoir marcher un peu et surtout ne jamais baisser la tête pour ne pas en rater une miette.

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La ville est nichée entre une colline boisée à l'est, et les montagnes des Alpes à l'ouest. Au milieu coule le Pô.

A Turin, on circule sous les arcades des immeubles baroques et on traverse sous le soleil les places pavées de palais peuplés d'histoires de Princes et de Rois.

On y croise des autos Punto et des Cinquecento, des Fiat 500 roulent dans les flaques, nous éclaboussent et finissent de nous détremper. Parfois, il pleut aussi en Italie.

A Turin, il y a des vieux tramways colorés, des discussions sérieuses sur le Saint Suaire à l'abri de la cathédrale St Jean Baptiste, des geletaria à chaque coin de rue et des torréfacteurs où l'on accompagne l'espresso d'un chocolat Gianduja parcequ'il est né dans ces rues.

Un peu plus tard, sur les terrasses, on lèvera de grands verres de Spritz en trinquant au soleil retrouvé et à toute sorte de belles choses.


Nous quitterons alors la ville en traversant le fleuve, quelques chocolats Gianduja dans les poches. Afin de ne pas oublier tout de suite Turin et l'Italie...

Restait alors à retrouver le chemin du retour, franchir les Alpes et puis, afin de reculer l'instant du point final, trouver une ultime étape sur les bords de Loire, d'une Renaissance à l'autre, l'Italie n'était pas si loin...