Réveil très tôt pour ce sommet. A 1h du matin on se lève, on se prépare, on boit un thé et on part en 4×4 pour le Kawah Ijen. Un conseil que l’on avait lu et que l’on a bien fait de suivre, prendre à manger pour le matin car rien est prévu avant le retour vers 9h. La route se fait de nuit en environ 1h pour arriver au 2000m d’altitude et le point de départ du chemin menant au cratère. L’ascension à pied et à la frontale jusqu’au sommet est plutôt simple, surtout après le Rinjani, seulement 400 m de dénivelé avec une pause. Pour le coup c’est notre guide qui est à la traîne, nous commençons plutôt à être bon pour les randonnées. La descente au cratère est ensuite un peu plus périlleuse. C’est une descente rocheuse et il faut faire attention aux porteurs de soufre qui montent et descendent chargés de 60 à 70kg sur l’épaule. Pour avoir porté leurs charges sur du statique c’est vraiment très lourd, difficile d’imaginer qu’ils font jusqu’à 3 aller-retour par jour, pour certains depuis de nombreuses années (le plus vieux porteur rencontré avait 60 ans) et surtout pour quelques euros par jours… Puis plus on se rapproche du fond du cratère et plus une odeur d’oeuf pourri se fait ressentir, ce sont les remontées de gaz du soufre et heureusement notre guide a apporté des masques à gaz qui nous ont évité de suffoquer.
Une fois tout en bas le spectacle est époustouflant. Derrière les épais nuages de fumée, nous pouvons voir des flammes bleues qui sortent du volcans. On essaie de se rapprocher un maximum mais notre guide nous dit que c’est trop risqué et que les touristes n’ont pas le droit d’être si près. Il escalade donc la montagne de soufre armé de ma caméra pour prendre quelques vidéos. Le résultat est bluffant:
Il est fils de minier et nous explique ensuite comment tout fonctionne: des tubes sont enfoncées dans le sol, les vapeurs des fumées se condensent puis se cristallisent pour donner de gros blocs de soufre jaune. Ensuite les porteurs les cassent à grand coup de barres à mine et remplissent leurs paniers. Ils remontent ensuite le cratère avec les paniers sur l’épaule. Ces paniers sont ensuite récupérés par camion, vendus seulement 5 cents le kilo!! Tout cela pour de la cosmétique, fabriquer des allumettes mais surtout blanchir le sucre!! Il y a de quoi se sentir mal en tant que touriste à épier ce travail de forcené quand on sait les efforts que ça représente, l’impact forcément sur la santé des porteurs (car si nous nous avions des masques à gaz eux n’en n’ont pas), à quel prix et surtout pour quelle utilité…
Après être resté suffisamment longtemps au fond du cratère Lyunk nous demande si on est intéressé par un bon spot pour voir le lever du soleil sur le Kawah Ijen. Bien entendu on valide le plan, le point de vue se trouve de l’autre côté du cratère. Sur le chemin, Lyunk nous fait une des plus belle blague qu’un Indonésien ait pu nous faire, ca a ressemblé à quelque chose comme ca:Lyunk qui ouvre le chemin s’arrête net, on ne voit pas bien ce qu’il y a devant et il dit: « oh shit! A Tiger! Run! », un peu surpris mais excité à l’idée de voir un tigre je répond du: « No?! Are you serious? », après un instant il se met à rigoler en disant: « No it’s a joke, don’t worries » je me mets également à rigoler, et trouve ca super. Puis je me retourne et ne vois plus Laetitia, elle avait déjà détalé 10 m plus loin et n’avait pas encore compris la blague. Mais au final je crois quelle n’a pas trouvé la blague du même goût que moi, elle n’était pas trop enchantée à l’idée de voir un tigre…En tout cas c’est sur un fou rire que l’on se retrouve au spot pour les premiers rayons du soleil. Encore un spectacle magnifique s’offre à nous sur la caldeira qui renferme un lac considéré comme le plus acide au monde. Le temps de faire quelques photos nous devons redescendre l’Ijen afin de ne pas rater notre train pour Probolinggo à 9h15.
Sur le chemin, cette fois-ci de jours, nous pouvons voir un paysage d’arbres calcinés par les vapeurs acides de l’Ijen et des porteurs qui font la descente avec nous. De retour au village nous mangeons un super déjeuner avant que l’on nous amène vers la gare de Karangasem. Le temps de dire au revoir et de laisser un pourboire à notre jeune guide et nous étions dans le train pour un peu plus de 5h de trajet (80 000 Rps) direction le Bromo. Ca sera l’occasion de se reposer un petit peu car il nous attendra la même chose le jour suivant.