Petite balade à Lanzarote pour découvrir une île née il y a 23 millions d'années d'un chaos volcanique. Des canyons, des déserts, des coulées de lave, de la cendre, des plages... I Phil Good
Du 23 novembre au 7 décembre 2024
15 jours
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Ce voyage d'une quinzaine de jours vers une île que je ne connais pas est une véritable gageure. Partir seul, vers un lieu inconnu, histoire de voir autre chose. Changer de prisme, pour améliorer un quotidien qui depuis ma retraite obligatoire en juin 2024, s'automatise un peu plus chaque jour. Depuis quelques mois, j'ai "monté" un site Internet www.unsensamavie.org pour m'occuper et surtout pour découvrir l'univers particulier de certaines de mes connaissances qui ont un parcours de vie ou professionnel particulier et/ou hors norme. Mais j'ai aussi besoin d'autres choses, de découvrir d'autres lieux, d'autres personnes, d'autres pays, histoire de me cultiver un peu. Grâce aux nouvelles technologies, j'ai trouvé un billet d'avion peu cher, une chambre à louer et une petite voiture pour me déplacer sur cette île.

Je connais bien l'Espagne, Madrid, le Nord-Ouest et la Costa Blanca depuis des années, mais je ne connais pas du tout les îles Canaries et encore moins l'une des plus petites située au Nord de l'archipel : Lanzarote.

Trois petites heures de vol, avant de découvrir la chaleur de l'île...
Trois petites heures de vol, avant de découvrir la chaleur de l'île...

Aucun renseignement, aucune image regardée sur le web afin d'arriver sans à-priori. Juste un nom : Lanzarote et Playa Honda, lieu de ma résidence. Avant de partir, j'ai acheté du matériel pour faire de l'Aquarelle. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée et  je n'ai jamais tenu un pinceau de ma vie. Pourtant j'ai envie d'essayer cette forme de peinture. Peut-être parce qu'en Aquarelle, il faut délayer les pigments, comme il faut étaler ses sentiments, mettre de l'eau dans ses points de vue et ne pas rester figé sur ses seules idées... Faire surgir du fond de son coeur une autre histoire, vue à travers un autre prisme tel que peut l'être un pinceau. Étant daltonien, c'est un véritable défi pour moi qui n'ai jamais osé peindre, colorier ou mélanger deux couleurs sous peine de moqueries. Faire un chien rose sur un gazon marron, ne me pose aucun problème... Sauf aux autres !

Alors, on verra bien !

C'est parti, il est 6h30 quand l'avion décolle de l'aéroport Toulouse Blagnac... Le jour n'est pas encore levé et la température est de 1° ce matin. Il parait que là-bas, il fait 20°. Super, cela s'annonce bien et il me tarde d'être plus vieux de 3 petites heures pour découvrir enfin cette petite Isla...


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Nous sommes arrivés une demi-heure en avance sur le temps de vol prévu. Super, c’est génial… Sauf que je dois prendre la voiture à 11 heures et qu’il est 8h30… A l’agence, l’employée ne fait aucun effort et me baragouine un raisonnement que je n’arrive pas à comprendre. On finit les papiers tant bien que mal et je vais m’étendre sur un canapé, prévu à cet effet. Au bout d’une heure, j’ai enfin récupéré le véhicule et laissé Maria-Dolores à sa mauvaise humeur. Je pars à la découverte de mon futur lieu de vie, dont je n’aurai pas les clés avant 14h30.

Playa de la Honda
Playa de la Honda
Les bateaux sont prêts à lever l'ancre
Les bateaux sont prêts à lever l'ancre
Première découverte... 
La plage est à 100 mètres du studio. Super sympa, même si l'eau est à 12°...
La plage est à 100 mètres du studio. Super sympa, même si l'eau est à 12°...

Proche de la résidence se trouve la Playa Honda sur laquelle je vais déjeuner tranquillement face à la mer. Quel contraste, ici, je suis encore en jogging, ma tenue de voyage préférée... et je transpire à grosses gouttes en ingurgitant un sandwich... Tout autour de moi, la grande plage de Playa Honda, une grande étendue de sable gris clair en forme d'arc de cercle est loin d'être envahie par les touristes. Mais une bonne vingtaine de personnes paressent au soleil. Des jeunes, des plus âgés, des familles... Quelques baigneurs courageux sont dans l’eau, mais n’y restent pas longtemps… Deux jeunes femmes enfilent leurs uniformes d'hôtesses avant de repartir en riant vers les maisons et les commerces situés à deux pas d'ici. Sympa de pouvoir se baigner pendant la pause repas...

Vers les 15 heures, une fois le studio en ma possession, je pars à la découverte de mon quartier finalement assez proche de l’aéroport… Et ici, il y a beaucoup de vols, de jour comme de nuit... Un décollage ou un atterrissage toutes les deux minutes environ... Comme à Paris ou à New York ! Les myriades de touristes doivent bien débarquer sur cette île d'une manière ou d'une autre. Et ici, c'est soit l'avion, soit le bateau. Donc dans ce quartier, la vie est ponctuée de bruits assourdissants de 6:00 du matin à 23:30 le soir.


À part ce petit désagrément, les habitations et demeures du quartier sont toutes blanches. La résidence qui m’abrite pour ces deux semaines, semble calme. Elle est clôturée de hauts murs blancs avec des grands portails, toujours aussi blancs… La piscine est une invite à la détente, mais l’eau à 15° très peu pour moi…

Le paseo bordé de lauriers rose
Sympa la balade... 

Il me semble qu’ici, c’est une terre de contraste, les roches noires, les maisons blanches, la douceur du climat et la fraîcheur de l’eau, le ciel bleu sur fond de plages aux sables sombres et le soleil tapant fort sur les montagnes arides et pratiquement sans aucune végétation.

En fin d’après-midi, je suis allé faire un petit tour à Arrecife, la capitale de l’île. Une ville espagnole, comme toutes les autres avec ses avenues et ses rues. Le centre n’est qu’un entrelac de petites ruelles, au demeurant fort charmantes, mais encombrées par une circulation dense et les places de stationnement sont rares, très rares.

Un petit tour aussi chez Mercadonna et Super Dino histoire d’acheter des provisions pour la semaine, avant de finir dans le temple de la commercialisation : Un magasin Chinois pour y trouver un câble compatible avec mon téléphone et la voiture de location à bas prix. À Arrecife, ils sont immenses les Chinos.

Encore un contraste saisissant, entre les zones commerciales surpeuplées, avec des grands magasins tous les 10 mètres, des Chinos à ne plus savoir qu'en faire et les paysages autour de la grande ville où il n'y a rien d'autre que du sable et des cailloux...


Aquarelle : la résidence
La résidence en aquarelle tout à côté de la Playa Honda. Superbe, mais fin novembre l'eau est à 15°...


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Comme nous sommes un dimanche, je me dirige vers le vieux port d’Arrecife, car je pense que cela peut être sympa et qu’il y aura peut-être un peu de monde. Effectivement, le coin est assez animé et il y a des promeneurs qui flânent sur les quais. Le port est sympa, en plein centre ville et il faut une petite heure pour en faire le tour en marchant tranquillement au milieu des familles qui viennent ici prendre l'apéro du dimanche matin. Un peu partout des gamins courent et jouent à cache-cache derrière les palmiers ou dans les petites ruelles.

Il faut utiliser une annexe pour rejoindre son bateau
Le vieux port
Des mouettes, des bateaux, l'eau...
Un décor de cartes postales 

J’aime beaucoup ce petit port, sa ribambelle de bateaux et ses quais en pierre de lave noire. Les contours sont rehaussés par des barrières en bois bleues qui lui donnent un charme. De toute façon, à Lanzarote, le bleu est présent partout : sur les portes des maisons, sur les volets, sur les balcons, dans le ciel, sur la mer… 

Le bleu et le blanc des maisons sont omniprésents, comme dans certains villages du Maroc, ou de la Crête. Ici, la grosse différence se voit au niveau des parterres de fleurs. Toute trace de terre est noire, constituée de cendres, ou de sable foncé. Les jardins aussi sont faits avec cette terre noire qui émane des volcans… Cela propose au visiteur un drôle de mélange coloré, du noir, du bleu, du vert, du blanc et j'en passe... mais étant daltonien, je suis mal placé pour parler de l’assemblage des couleurs, si ça se trouve, c’est très beau…

Petite plage à marée basse
Des barques à l'ancienne
Des portes bleues que l'on a envie de pousser
Le port et ses couleurs pleines de contrastes. 

Petit arrêt obligatoire à l’église d'Arrecife "la Iglesia san Gines" qui fait office de cathédrale. Toujours dans le même style, murs extérieurs blancs, à part les angles et le clocher construits en pierre de lave. L’intérieur est orné de peintures religieuses et les statues sont couvertes de bijoux et de dorures à outrance, comme dans toute église Espagnole qui se respecte. Vous l'avez tous compris, c’est un peu surchargé, mais c’est censé refléter la foi des Canariens. La charpente est en forme de coque de bateau inversée fabriquée en bois foncé. C’est bien joli, mais classique des îles, comme en Martinique ou ailleurs. Certainement l’oeuvre des premiers colons issus des équipages maritimes descendus directement des galions Espagnols.

Des maisons blanches aux volets bleus
Même les jardinières sont bleues
J'aime bien ses jardinières en forme de barques
En faisant le tour du vieux port 

Les peuples indigènes canariens, d'origine berbère, ont habité les îles Canaries jusqu'à leur conquête par le royaume de Castille entre 1402 et 1496. N'oublions donc pas que la colonisation a été faite par les bons pères, pour le bien des seuls sauvages qui étaient à leurs yeux des animaux oubliés de Dieu… Et ce pendant une partie de l'Inquisition, qui comme chacun le sait, fut une période assez douloureuse pour les habitants locaux et faste pour les Espagnols envoyés par la pape Siste IV !

 Heureusement que les "Padres" étaient là !

Dans leurs bonnes oeuvres, et après les pillages, ils ont aussi hélas, bien souvent apporté la grippe, la syphilis, et l’esclavage. Quelle belle évolution !

Le parvis de l'église San Gines
Petite vue intérieure
Le parvis et le monument aux morts d'Arrecife
Eglise de San Gines à Arrecife 

Aujourd'hui, il fait doux et les Canariens aiment se délasser sur les quais en regardant les bateaux se préparer pour aller en mer. Les marins pêcheurs ou les navigateurs du dimanche, utilisent des annexes échouées à marée basse pour rejoindre leurs bâtiments amarrés en eau plus profonde. Vue d’une petite plage découverte à cette heure-là, la carte postale est sympa, avec les bateaux colorés, les quais, les bâtisses blanches et au loin le clocher de l’église San Gines qui émerge au-dessus des toits.

Un accès direct à l'océan

Dans un petit coin, une sculpture représentant un squelette de baleine est photographiée sous tous les angles par les touristes. Ce n’est pas très beau, mais c’est original et sert de nichoir aux oiseaux du coin.

Squelette de baleine sur le port

Puis visite du grand Paséo sur le front de mer avec un petit détour par le « Muséo d’Historia ». Un vieux-fort avec ses deux canons bien plantés devant la porte en signe d’accueil. L’intérêt de cette promenade est de se balader sur les digues ancestrales, construites en pierres noires en formant des petits passages sympas sur des ponts, sous des arches et le long de quelques bassins qui se vident et se remplissent au gré des marées. Il faut faire attention, car tout cela est assez disjoint et un peu casse-gueule… Mais cela vaut le coup, car cela permet aussi d’avoir une vue intéressante sur le front de mer avec la ville en contrefont cernée par les différents volcans ocres et tous pelés. Ne pas oublier que sur cette île, chaque colline ou le moindre monticule sont la résurgence d’un volcan né, il y a 23 millions d’années.

A marée basse, les rochers apparaissent
Les vieux bateaux côtoient les plus récents
Dans les rues, des balcons en bois datent des années 1800
Vues du port 
L'entrée du fort et ses deux vieux canons
Vue du fût....
Sur les quais, l'accès au Muséo d'Historia
Le Muséo d'Historia 

Après, je me suis dirigé vers la ville de Costa Teguise située à quelques kilomètres plus au Nord, sur la côte. Pour y aller, il faut passer au pied d’un des volcans en forme de cône plus ou moins pointu, puis traverser des terres complètement vides de tout. D’anciennes coulées de lave, emplies de petites concrétions noires. Il y a des milliards de cailloux noirs recouverts de mousse jaune ou blanche qui font de ces lieux de véritables déserts. Rien ne pousse et personne en vue sur quasiment 360°. Du coup, grâce à ses petits lichens colorés, tous les champs et les collines sont de couleur ocre, jaunâtre, rougeâtre... 

Vue du front de mer d'Arrecife
L'ancien pont levis sert de promenade aux amoureux...
Pavés disjoints, attention les chevilles...
Petite vue générale d'Arrecife depuis les chemins du Muséo d'Historia 

C’est cool de savoir que, même si, la nature à commencé à reprendre ses droits au bout d'un million d'années,  cela reste bien désolé quand même…

Derrière les murs... Des volcans !
Personne ne doit passer, même pas les chiens...
Paysages désolés 

Pourtant, un peu comme une personne légèrement perdue et qui se sent aussi vide que ce paysage, il faut  chercher. Et si on creuse un peu, on découvre des petites choses… Une faune, une flore, des murs, des traces de civilisation qui mettent un frein à nos envies de liberté. 


Des pierres noires, du lichen jaune et blanc sur 180°. Paysage classique
Des milliers de kilomètres de murs de pierre délimitent les parcelles
Une végétation digne des plus grands déserts du monde
Des cailloux recouverts de mousse, des kilomètres de murets, des plantes sauvages qui piquent et personne à l'horizon...

En rentrant de Costa Teguise, je passe par la côte et découvre dans une anse un vieux bateau rouillé et abandonné. Il ne reste plus que son arrière, l'avant s'étant séparé du reste lors d'une tempête. Impressionnant de voir cette épave, proche du bord, abandonnée à la mer et au vent. Percée de partout par la rouille, découpée par les vents, c'est devenu un spot de plongée réputé, car il est très proche de la plage et donc facilement accessible. 

Depuis 30 ans, ce navire turc est en train de rouiller dans un coin...
Image surprenante de la technicité abandonnée pour cause d'argent...
Le Télamon échoué il y a plus de quarante ans... 

Ce bâtiment, le Télamon, est tombé en panne le 31 Octobre 1981 au large de la côte de Lanzarote. Il a été remorqué, à environ un mile au nord-est du port de Arrecife pour ne pas en gêner l'entrée. Pour son dernier voyage, il avait une charge de troncs d'arbres tropicaux provenant de la Côte-d'Ivoire et à destination de Thessalonique en Grèce. Il est resté échoué  au même endroit depuis 35 ans. Une sculpture, la Hoguera de San Juan (Le feu de Saint Jean) issue de sa cargaison a été installée à Costa Teguise en 2009 


Sculpture Hoguera de San Juan
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Ce matin, visite dans le Nord-Est de l'île, du Jardin des cactus.

De quoi en prendre plein les yeux... Des cactus de toutes formes, de toutes tailles... Il y en a pour tous les goûts. Dans cet immense cratère de cendres noires, des milliers de plantes se côtoient pour le plaisir des yeux. Pas ou peu de senteurs, mais des formes géométriques, des gros, des petits, d'autres fièrement érigés ou encore des petits rabougris tassés dans un coin et enfin, pour finir d'immenses coussins sur lesquels il est déconseillé de s'assoir pour se reposer....

Vue d'une allée avec le moulin en fond
Des coussins bien ronds...
Des fleurs de cactus aux parfums suaves.
 De tous les styles, de toutes les formes...
De véritables arbres
Plus classiques
Attention ça pique ! Épine dangereuses...
Des grands, des pointus, des buissons... 

Dans le fond, un moulin blanc, retapé à neuf, permet de comprendre comment grâce à ses ailes tournoyantes, l'eau pouvait irriguer les plantations.

Pour les dames...
Pas de doute, ici c'est pour les messieurs
Les symboles très explicites... 

J'ai beaucoup aimé les symboles pour les wc avec des petits ou des gros galets...


De véritables arbres sous lesquels il fait bon s'abriter
Magnifique piège à eau...
Il en pousse partout, sur les roches, le sol, les murs...
Encore des cactus... 

En sortant de ce magnifique jardin, je découvre quelques pieds de vigne dans le village voisin. Tous sont protégés par des petits murets construits en arc de cercle autour du cep de vigne. Ces petits tertres en pierres noires, plus ou moins ajourés, sont la seule protection possible face au vent très iodé soufflant en permanence sur cette île

Des fleurs de cactus 
Petits muret de pierre construits en arrondis
Bien à l'abri, la vigne donne de beaux fruits...
Des murs construits depuis des générations et des générations
Les murs protègent les cultures du vent 

Sinon, aujourd’hui après le jardin des cactus, j’ai décidé de prendre à droite le petit chemin en terre, celui qui ne mène nulle part.

Des couches de lave se jettent dans la mer 

Quel cadeau !


Je me suis retrouvé complètement seul, perdu au bout du monde. Des champs de sable blond, emplis de milliards de cailloux issus des projections des volcans ou des champs de lave. Le même aspect que sur les photos prises par le robot Curiosity, de la planète Mars ces derniers temps. J’ai passé deux bonnes heures à me balader au milieu des champs de lave escaladant des blocs de plusieurs tonnes qui en se jetant dans la mer, sont restés figés, et ce, depuis des centaines d’années.

Sur la planette Mars
Parfois la nature reprend ses droits
Des galets, toujours des galets...
Des bords de mer déserts...


 Il faut faire attention, car c’est très coupant, très déséquilibrant et très surprenant. Les flots se brisent sur ces immenses champs hérissés de brisants coupant comme des lames de rasoir en faisant fuir des nuées de crabes rouges, qui semblent noirs eux aussi. La nature est bien faite, car par-ci, par-là, une petite plante grasse ou un buisson d’épineux, épouse un trou, un espace pour s’installer. C’est étonnant de tomber sur ces plantes grasses qui germent un peu partout. Ici, la vie est plus forte que tout.


Il n’y a que des cailloux, une poignée de sable apportée par le vent et hop, une plante prend racine.

Des paysages infinis 

C’est extraordinaire et je suis subjugué par cette force vive, indestructible. Ici, pas de place pour le superflu, tout ce qui vit ou meurt sert de substrat à d’autres. Cela nourrit les oiseaux, qui font leur nid pas loin et sur lesquels poussent d’autres graines grâce à leur fiente et au sable transporté sur leurs pattes… La nature a horreur du vide !

La vie prend racine même là où il n'y a rien
Du sable blond et des cailloux
Le littoral est très accidenté, partout des criques, des petites anses...
Du sable, des cailloux  et la mer

C’est le plus fort qui gagne, pas de place pour les faibles, ou ceux qui jouent au plus malin. Il faut se battre pour vivre et si tu ne sais pas faire, tu meurs !

C’est exactement le schéma de notre société actuelle. Nous sommes revenus au temps du Moyen Age, où les seigneurs et les tout-puissants pouvaient tout se permettre, souvent en toute impunité… Un peu comme aujourd’hui !

Face à ces grappes de crabes rouges foncés, quasiment noirs, rien ne résiste et il faut la force de l’océan pour attaquer encore et encore, jour après jour, marée après marée leurs colonies qui ravagent tout. Pourtant, quand le crabe aura déménagé un poil plus loin, une plante gracieuse va prendre sa place. Puis à côté une autre, et encore une autre, jusqu’à coloniser la place en quelques centaines d'années… C’est fascinant !


Plus loin, une autre petite piste à gauche, vers le centre de l'île, dans la direction des volcans. Là encore de belles surprises ?

Des pistes et des champs... 

Des lieux inattendus comme Haria, petite ville située dans la vallée de Las Mil Palmeras (mille palmiers). Cette terre, patrie du célèbre artiste Cesar Manrique, invite au délassement à l’ombre des palmiers, des eucalyptus ou des lauriers en fleurs… Un autre monde, avec ses petites maisons blanches, ses toits en terrasse. Quelques terrasses de café, installées ça et là sont une invitation à la flânerie... Au beau milieu des terres, nous pourrions nous croire dans le Moyen Atlas, là-bas au Maroc, situé pas loin d’ici à vol d'oiseau. 

A plus de 400 mètres vue de la côte
une végétation de plantes grasses
Arrieta vue du Mirador de los Helechos

Excepté que sur l’île le sol est noir. Pas rouge, pas ocre, juste noir et comme nous sommes en hiver, les champs vides de plantations laissent apparaître de grandes traînées foncées ou grises sur les pentes des volcans environnants. C’est très dépaysant et j’aime beaucoup.

Haria, petite oasis de fraicheur sur le plateau de mil palmeras
Eglise de Teguise dans le couchant
Arrieta vue depuis le col "Pena del Chache" à 600 m d'altitude
Haria et la vallée de Mil Palmeras 


Avant de rentrer, crevé et fourbu, sur cette petite plaine d’altitude, je tourne encore vers un dernier petit chemin qui part sur la droite. Après plusieurs kilomètres, seul dans l'immensité des plaines quasi désertes, j'arrive en haut d’un volcan qui donne de l’autre côté de l’île, sur un coin appelé « Mirador de la Ermita de las Nieves ». 

Des pistes à l'infini
Vue de Famara sur la cote Ouest
Sur les sommets
Mirador de la Ermita de las nieves


À deux ou trois cents mètres plus bas, l’océan est là, fort, puissant, ainsi que l’île Graciosa dans le Nord Ouest. Le panorama est impressionnant, le village de Famara me paraît minuscule. La côte est bordée d’écume blanche, résultat de la puissance des vagues arrivant directement du nord de la Floride, située pile en face à 6 000 kilomètres plein ouest… Les volcans situés au Nord-Ouest de l’île sont beaucoup plus abrupts et tombent directement dans les flots relativement puissants et agités de l’Atlantique. La côte semble très accidentée, pas de piste visible d’ici et il y a peu de moyens de la longer, sauf en bateau… Si on n’est pas sujet au mal de mer… C’est magnifique.


Je fais quelques photos tout en sachant que cela ne rendra pas, à cause de la brume ambiante, mais je veux garder ce panorama en tête pendant longtemps.

Les volcans chutent directement dans les flots. Au loin la Isla Graciosa
Vue du Mirador de la Ermita de las Nieves, côte Ouest
Au bout du chemin, en haut du volcan une superbe vue sur la côte Ouest


Je suis très impressionné par la diversité des paysages grandioses qu’il y a sur cette petite île. Au sommet des volcans, cela ressemble aux landes d’Écosse ou d’Irlande, avec aucune végétation qui ne dépasse la hauteur des 30 cm, et des petits murs partout pour protéger les rares cultures du vent. En bas, des petits déserts, le chaos des coulées de lave sont proches des rochers de basalte issus de l’érosion des montagnes… C’est féerique !




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Arrecife est une petite ville pleine de charme. Hormis les coins réservés aux temples de la consommation, constamment bondés, le centre ville, autour du port est mignon. Je l'ai déjà dit, le vieux port est sympathique et  touristique. Il y a aussi, bien plus loin, le port de commerce, là où accoste les géants des mers faisant escale à Lanzarote.

Deux à trois mille personnes débarquent dans la ville à chaque escale
Zone commerciale réservée aux passagers
La zone portuaire est située à 4 kilomètre du centre ville

Les paquebots sont énormes et je découvre toute une petite infra-structure sur ce port de commerce assez décentralisé, avec des échoppes sur les spécialités culinaires du coin, des magasins de souvenirs et surtout des boutiques de luxe pour les passagers avides de ramener quelques souvenirs après leur courte escale… 

Il y a beaucoup de monde, le paquebot à quai doit repartir très prochainement car une foule de gens, parlant tous anglais, se dirige tranquillement vers lui. Certains ont des paquets plein les bras, d’autres devisent tranquillement… Particularité amusante, ils sont tous blancs comme des cachets d’aspirine ou rouge comme des écrevisses...


Retour en centre ville, vers la rue piétonne Mar Leon y Castillo où se promènent touristes et Arrecifeños. Des commerces de tous types et de tous genres ont pignon sur rue. Boutiques de souvenirs ou magasins de mode permettent à tous de faire du shopping.

L'acteur Espagnol Heraclio Niz Mesa surnommé "el pollo"
Rue Mar y Leon Castillo
Illuminations de Noël 
Des vieilles maisons aux balcons de bois

Quelques belles poignées de bronze retiennent mon attention, ainsi que quelques batisses anciennes avec des balcons en bois très ouvragés. 

Des poussoirs sculptés en bronze. Les divinités protègent la maison. Des poussoirs datant du XIXe, poignées de portes anciennes en bronze. Une petite visite avec les illuminations de Noël, histoire d'apprécier la décoration...

poignée sur battants en bois
Une tête de divinité pour protéger la maison
Despoussairs en bronze pour montrer sa réussite
Poignées en Bronze datant fin XIX siècle 


Sur le bord de mer, les Arrecifeños profitent du Sunset pour faire du sport ou se balader simplement sur les quais. 


Ce soir, un immense sapin de lumière est installé pour marquer la Natividad (Noël). 

Le Muséo d'historia illuminé 


Le fait de marcher en bord de mer à la nuit tombante en découvrant des lieux inconnus et que je trouve magiques me redonne goût à cette sensation de vie, appelée le désir… Le désir de vivre, le désir de prendre à pleine main mon destin. Ce soir, ici à Lanzarote, j’ai envie de prendre du plaisir, au milieu de ses illuminations de Noël. Les gens que je croise ont les yeux qui brillent, sont souriants et expriment une certaine lascivité, tout en étant joyeux. Le doux Farniente des îles commence à faire son effet et je suis conscient d’être un privilégié de me retrouver dans cette liesse par 25° alors que les miens se gèlent à Toulouse…

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C’est parti pour découvrir le nord de l’île. Direction Jaméos de Agua !

Aquarelle : un hibiscus perdu dans une haie

Juste avant d'arriver à la grotte, petite pause dans le petit village Punta Mujeres. La grande plage est un spot très prisé des surfeurs du monde entier. L'océan est présent et chaque petite maison blanche se doit d'avoir, une fenêtre, un balcon ou une terrasse avec vue sur les flots. Certaines ont même des escaliers creusés dans les petits murets de soutien pour aller dans l'eau, uniquement à marée haute à cause des rochers coupants...

La mer entre presque dans les maisons...
Petit escalier privé pour aller se baigner
Des barques en guise de jardinière...
Punta Mujeres...  

Jameos del Agua, c’est une grotte volcanique transformée par l’artiste local « César Manrique » et qui offre aux visiteurs un espace pour la contemplation de la nature, à peine modifiée par l’homme.

Le tunnel de lave et son lac d'eau translucide
Dans l'eau des crabes blancs aveugles, espèce unique au monde
L'entrée est bordée de plantes et fleurs endémiques
Jameos de agua, petit grotte creusée par la lave 

À l’intérieur du tube volcanique, on rencontre un lagon naturel exceptionnel aux eaux claires et transparentes. J’y suis vers 13h30 et le soleil encore au Zénith, projette un rayon de lumière dans la profondeur de l’eau. Avec les reflets sur les parois et l’éclairage du fond du lagon, c’est assez grandiose. La luminosité me permet de voir les fameux crabes aveugles (Munidopsis polymorpha) qui parsèment le fond rocheux de la lagune. L'obscurité quasi-permanente de la grotte provoque l’absence de pigmentation de ces petits crustacés uniques au monde servant de symbole aux Jameos del Agua. 


César Manrique a conçu l’aménagement des lieux comme une grande salle d’exposition… D’où la construction d’un autre lagon artificiel bien bleu à l’extérieur du tunnel de lave, le tout cerné par des plantes endémiques de toute beauté.

Dans l'eau des crabes blancs aveugles, espèce unique au monde
Le lagon artificiel entouré de jardins très fleuris
Jameos de Agua 

C’est original, mais sans plus et c’est vraiment un coin à touristes. De toute façon, sur l’île de Lanzarote, il y a peu de choses à visiter. Alors dès qu’il y a un truc, c’est la ruée. Le parking est plein, et les autocars se comptent par dizaines… Une queue de 20 minutes pour entrer et puis on descend dans le cratère par des marches aménagées dans la roche volcanique. Attention, c’est solide certes, mais bancal et un peu mal foutu !

Je reconnais que c’est quand même à voir. Petit aparté, je ne dis pas "à faire", comme la plupart des gens, mais à voir. On ne fait pas un lieu touristique, on va le visiter, on s’y intéresse. On ne coche pas une croix sur une liste de courses ! 

Ah, j’oubliais la petite boutique sympa de souvenirs à la sortie.

Donc personnellement, un peu déçu de ce truc mais, heureusement, je suis allé voir l’entrée du « Tunnel de l’Atlantide » juste à côté, là où ne vont pas les guides des bus. Il s'agit d’un tunnel de lave, comme celui visité aujourd’hui, s’enfonce dans l’océan sur 5 ou 6 kilomètres au large de la côte. De la plage, on aperçoit juste comme une faille bien droite, aux contours très bien découpés, recouverte de sable fin, faisant penser à une rue qui s’enfonce sous l’eau avec une inclinaison semblable aux quais de mise à l’eau des bateaux. Cela se remarque bien, car c’est la seule chose pratiquement rectiligne, semblant être de fabrication humaine, perdue au centre des roches déchiquetées des alentours.

La voie de l'Atlantide s'enfonce dans les flots très agités de l'océan

Une entrée de l’Atlantide…

Du coup, c’est un spot de plongée assez réputé, mais uniquement en été à cause de la mer trop agitée en hiver… Effectivement, vu les rouleaux qui se forment là, et tous les courants qui en émanent, il faudrait me payer cher pour que je saute à l’eau… L’Atlantide est bien gardée !


Direction « Las Cuevas de Los Verdes » à  un petit kilomètre de là, vers le centre de l'île. Voici enfin, ce fameux tunnel creusé par un torrent de lave en fusion il y a 23 millions d’années… Il a même servi de cache pour la population pendant les conflits avec le continent Africain tout proche d’ici. 

Vue intérieure du tunnel de lave

En se vidant, il n'est resté dans ce tunnel, que chaos et désordre. Des rochers de plusieurs milliers de tonnes, côtoient une rivière de lave figée et les pierres de toutes tailles sont partout, dans un désordre bien organisé par le nature. On ne visite qu’un petit kilomètre sur les 6 et demi que compte cette extravagance volcanique. Au départ, côté île, c’est une véritable salle de concert qui est présentée. Un auditorium, immense, creusé par le lave en fusion et que les humains exploitent parfois dans des conditions exceptionnelles. Le renvoi du son est fort, puissant et troublant, car contrairement à une grotte où il y a de l’écho, ici le basalte qui constitue la majeure partie des roches absorbe tout echo et c’est un son dit « sec » qui revient… Comme dans un studio d’enregistrement.

Du côté mer, le tunnel s’enfonce de 6 Kilomètres sous l’eau d'où son nom : « Une des portes de l’Atlantide ». 

Des roches diverses composent le coeur du tunnel
Partout des petits tunnels, des coins et des recoins parfois innaccessibles
Cavités et lacs intérieurs s'enchaînent les uns aux autres
Tunnel : Las cuevas de los Verdes 

Après la vue extérieure tout à l'heure, nous voici à l'intérieur de cette "entrée"... Si l'on marche dans se tunnel  il n’y a que le niveau de l’eau salée qui indique que l’on arrive à la mer. A partir de là, il reste encore 6 petits kilomètres réservés aux scientifiques du monde entier, car il existe une faune et une flore d'une très grande richesse, unique au monde.  Bien entendu, nous ne sommes pas allés jusque là, mais c'était super intéressant. Un peu fatiguant, car assez sportif, mais fascinant ! 

Salle de concert à la sonorité particulière avec tout le basalte sur les murs...
Plus de 200 places
Plus que une centaine de marches pour aller tout là-haut
Salle de concert et sortie 

Par contre la sortie à l’air libre est comme une allégorie à la vie… On passe du noir total, à la lumière en montant une centaine de marches. Preuve que les abysses cherchent bien à nous garder avec eux. La montée est un peu compliquée si on a des difficultés à marcher, mais c’est une véritable ode de retour à la vie. On retrouve l'air libre et le ciel bleu, entouré de belles plantes grasses multicolores, épuisé mais heureux de l’avoir fait 


Après ces petits moments de bonheur, je repars pour me rendre à Orzola, le point le plus au nord de l’île. La route pour s’y rendre traverse plusieurs types de paysages alternant verdure, sable noir ou coulées de lave désordonnées. C’est au beau milieu de tous ces milliards de rochers, plus noirs les uns que les autres, qu’à un virage, je tombe sur des dunes de sable blanc… Comme aux Caraïbes !

Là encore, un formidable contraste entre le noir et le blanc.

Du sable blanc, doux... Presque aussi bien qu'aux Caraïbes
Même sur les coulées de lave, des plantes prennent racine
La douceur et l'apprêtée des rivages sauvages
 Quel contraste ! Blanc du sable, noir de la lave 

Magnifique et je me rends à travers les dunes vers le rivage et là, je pense que j’ai un gros problème !

Petit message déposé là par des inconnus
Détail du mur d'un abris sur la plage
Message d'amour sur la plage de sable blanc 

Il me faut ramasser des coquillages et des cailloux… C’est l’inverse du petit Poucet : lui sème et moi je récolte !

En me baladant dans cette zone exceptionnelle, je tombe sur un petit message d'amour, tracé avec des pierres de basaltes sur le sable blanc. "Te quiero" (je t'aime)... Petit phrase laissé par une main anonyme déclarant sa flamme au monde ou plus simplement à son amour du moment...


Un peu plus loin, une carcasse de bateau de pêcheur est posée là, sur les écueils. Reste du monde des humains abandonné à son triste sort. ici la mer ne fait pas de cadeaux, et à la moindre erreur, les navigateurs peuvent se retrouver au sec, en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire !


La proue d'une barque de pêcheur échouée sur les roches
Petit lagon transparent bien à l'abri de la furie de l'océan
un p'tit coin de paradis ! 

Cette petite lagune, isolée de l'océan par la marée basse, est une véritable invitation à venir se baigner. L'eau est translucide, le fond est fait de sable très fin et blanc, parsemé de quelques scories noires. Impossible de résister... Elle est glacée !

Immersion totale d'une demie seconde avant de repartir sur la berge en courant... 


Direction Orzola, plein Nord à 5 kilomètres d'ici. Sur cette île, les paysages se succèdent, tous différents à cause des champs de lave, de la présence de la mer, de l’altitude et c’est exactement la même chose pour les sols… Une fois noirs, puis blancs, puis rouges, puis ocres, puis orangés, puis buissonneux, puis désertiques, puis…

Je ne sais pas où donner de la tête, j’ai l’impression de faire des milliers de kilomètres alors que l’île n’en fait que 40 du nord au sud. On est très vite arrivé quelque part… Et surtout nulle part !

Le nors avec en font, les volcans de l'île de Graciosa
Plage D'Orzola, spot de surf et de parapente 

Un petit tour par la plage d’Orzola, réputée pour son spot de surf. Effectivement, les vagues arrivent du nord, et n’ont rencontré aucun obstacle depuis bien longtemps. Cette fureur fait le bonheur des sportifs, d’autant que cette plage bien abritée n’a pas beaucoup de rochers. Des  parapentistes tournent dans le ciel du couchant. Ouah, les mecs sont doués et n’ont pas froid aux yeux. Si j’ai bien compris le jeu, ils décollent d’un petit terre-plein creusé dans les cendres au quart de la pente et l’idée est de rester en l’air le plus longtemps possible. J’en ai vus qui montent plus haut que le volcan et qui virent et revirent sans cesse pour monter encore et toujours plus haut.

Eboulis de roches noires...
Paysages désolés avec quelques plantes coriaces
Figuier de Barbarie à l'abri du vent
Parfois quelques os de la faune locale parsèment les roches basaltiques
Un p'tit coin de western...
Différents types de paysage 

Retour par «El Mirador del Rio ».

On se retrouve à 5 ou 600 mètres au-dessus de l’océan, côté Nord-Ouest au bord du vide, appuyé contre un parapet... Impressionnant, car, la falaise chute à-pic dans les flots. Il y a juste une plage de sable noir et quelques salines en bas. Pas de route, impossible de s’y rendre par la grève, peut-être uniquement en bateau... Du Mirador, vue imprenable sur l’île Graciosa. On se croirait en avion… Il faut une heure pour y aller en bateau depuis Orzola, en doublant le cap nord de l’île, « El Fanion de Afuera » et ça bouge pas mal. De plus, il faut aimer marcher ou courir car sur cette île, il n’y a qu’un seul village et 4 ou 5 volcans, bruts de décoffrages…

L'île de Graciosa et le canal del mar de Graciosa
Vue vertigineuse où les volcans tombent à-pic dans les flots
Le couchant rend les falaises encore plus impressionnantes.
El mirador del rio 
Une partie de l'île de Graciosa
Vue du mirador del rio 


7

Aujourd'hui, départ le Nord-Ouest de l’île. Et cette fois-ci, je serai au niveau de la mer, contrairement à l’autre jour, où j’étais quasiment au même endroit, mais en haut des falaises et des volcans avec vu d'en haut sur tous ces panoramas. C'était impressionnant !

Sur la route de Famara
On approche des falaises
Bientôt la fin de la route
À Famara 

Au niveau de l'océan, juste sous les falaises  hautes de 500 ou 600 mètres, c'est encore plus grandiose que vu d'en haut. Bien sûr, à Famara, j’ai suivi la piste qui longe la côte jusqu’au bout. C’est à dire là où la route s’est effondrée et qu’il n’y a plus rien… Sauf des rochers, des galets, les montagnes, et la fureur de l’océan assourdissante. J’ai filmé pendant une petite minute le sac et le ressac. Le bruit des galets et des pierres noires roulés par le reflux des vagues est saisissant. Les rouleaux font 3 ou 4 mètres de haut et se fracassent sur le rivage ou sur des écueils situés un peu au large. Ils arrivent tout droit du continent américain, sans avoir rencontré le moindre obstacle…


Petit panorama au pied des falaises. Au fond, l'île Graciosa 
Une minute de sac et ressac pour écouter la force de l'océan... 

Hors de question de se baigner, beaucoup trop dangereux. J’ai mangé là, seul comme un ermite au beau milieu de ce maelstrom retentissant. Très agréable ces contrastes entre solitude, calme et fureur de la nature. Je peux dire que je me suis senti tout petit en face de cet univers brut, sauvage, indompté, indomptable et qui semble vierge de toute intrusion humaine. Bon, il ne faut y regarder de trop près, sinon poches plastiques, bidons et autres détritus apparaissent coincés dans des petites anfractuosités, comme ça par enchantement et surtout grâce au génie humain !

Plus de route, juste des galets
Sur la plage abandonnée...
Cailloux et petits rochers...
Au bout du bout... 

Le paysage est grandiose, les volcans et leurs à pics, la mer de Grasiosa qui est un canal à très fort courant entre l’île de Lanzarote et celle de Graciosa d’une largeur d’un ou deux kilomètres. Il faut bien connaître le coin pour y naviguer sans danger. L'érosion du vent et de l'eau, active depuis près de 23 millions d'années nous montre des barres de rochers composées de différentes strates de terre et de sable, dont la couleur varie du jaune au noir.  Tout est bien coloré, et cela renforce l'idée que la nature de cette île est vraiment très particulière.

Le sable à côté du parking 

Retour vers Famara, où il y a une grande plage de sable fin. Les surfeurs du monde entier s’y retrouvent pour s’entraîner toute l’année. Mais ce que ne regardent pas les surfeurs, très accaparés par l'océan, c’est qu’il y a un désert de sable, à proximité du parking. Ce désert, relativement petit, est complètement sculpté par le vent et les motifs autour des végétaux sont de toute beauté. pendant deux bonnes heures, personne ne s'y est promené, excepté deux gosses de 5 ans qui jouaient dans le sable pendant que les parents surfaient…

Sculptures naturelles
Entre deux dunes
Au sommet
Peu à peu le parking disparaît
Même les rochers s'enlisent doucement mais sûrement
Parfois, il faut attendre que les engins dégagent la route
les dessins du vents bloquent parfois la route 

Quel dommage, d’avoir sous les yeux une nature aussi disparate et de ne regarder que l’océan. À trois petits kilomètres de là, encore d’autres paysages, avec un désert de pierres et de caillasses de couleurs jaune, ocre…

Un arbre... de 10 cm de haut !
Des milliers de coquilles d'escargots
La vie s'accroche où elle peut... 

Puis plus loin, une région agricole avec ses terres noires, vides de plantations en hiver, laisse d’immenses grandes cicatrices sombres sur les flancs des monts, dans la plaine, sur les coteaux… pour finir à la porte du « Parque National Los Volcans ».

Les champs de terre noire entourés de murs
De bien belle patates...
Les parcelles tirées au cordeau
 La terre volcanique est bonne pour les cultures

Là on est carrément sur la lune, et la route est creusée dans le chaos des projections de pierres, de lave et de cendre. Cette zone, dangereuse, est encore en activité, la lave s’écoule parfois il y a des geysers d’eau chaude et tout ce qui concerne les activités volcaniques. Donc la nature n’y a pas encore repris ses droits, c’est l’absence totale de flore… Johnny chantait « Noir c’est noir » et bien ici c’est exactement ça !

La côte Ouest est bien découpée
Baignade déconseillée
Des criques et des anses non protégées
En grimpant sur les volcans
Contre-jour...
Rouge sont les cailloux...
Rien ne résiste aux vents violents
Une palmeraie décimée
Rien ne dépasse 60 cm de hauteur...

Je vais y aller dans quelques jours pour voir de près. C’est un peu un piège à touristes, mais la zone est sous contrôle et personne ne peut s’y rendre, sans passer par les institutions. C’est un peu dommage, mais la dernière éruption date de 1836, c’est à dire seulement deux ou trois petites minutes à l'échelle du temps géologique, alors que la majorité des volcans de cette île date de 23 millions d’années. Les plantes repoussent toujours, mettant parfois des siècles à re-coloniser l’environnement. Sachant que le véritable retour au calme, c'est quand la flore a reprit le dessus et que cela peut mettre un petit million d'années !

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Bon ce matin, marché de Teguise, le plus important de la région. Ça tombe bien, il est situé en plein centre de l’île et c’est de ce gros bourg, l'ancienne capitale de l'île, que partent les plus grandes routes qui desservent la région… Vers le Nord, Sud, Est, Ouest. 

Des boutiques souvenirs dans tous les coins
Les rues sont envahies par les marchands et les passants
Aucun coin n'est oublié...
Teguise jour de marché

Toute l’île s’est donnée rendez-vous ici. Que ce soit pour les marchands ou pour les touristes. Les ruelles typiques de ce gros bourg sont le réceptacle des chalands qui exposent de tout. De la montre à 5 € aux colliers et bijoux d’artisans très créatifs, sans oublier les robes, étoles, les maillots de foot à 10 €, les bracelets à 1 ou 2 €, et de l’artisanat local à tous les prix… Il y en a pour tous les goûts, pour tout le monde et on trouve même des légumes du coin. Bien évidement, ça grouille de touristes, y’a de la musique forte dans presque tous les bars et les terrasses sont pleines à craquer… 

Ce mélange cosmopolite est l'ambiance du marché est assez sympa et reste bon enfant...

le parvis
un détail de la porte
Une belle porte sculptée
L'église de Nuestra séniora de Guadalupé 

Les marchés, sont généralement représentatifs de l’ambiance du lieu, de l'âpreté éventuel des paysans, du tourisme de masse ou empreint d'authenticité. Celui-là, est dans un lieu très atypique, car il occupe tout, les petites ruelles blanches de Teguise et les principales places du bourg. Il est très touristique, cosmopolite et même les exposants sont parfois d’origines étrangères… Peu de locaux, sauf pour les légumes et les fruits.

Le marché
Le marché et l'église
Place de l'église le jour du marché 

Ce qui me fait dire, que plus on est BoBo, plus ils faut être vu déambulant dans ce lieu fréquenté par tout le Gotha Lanzarotois. Il faut aller boire « Al rincon » acheter chez « Luisia », ne pas oublier de se rendre à la « Iglisia de Nuestra Séniora de Guadalupe » pour laisser une obole en remerciement pour les Dieux qui nous offrent une belle vie avant de finir dans la boutique de souvenirs « Los recuerdos »…

Les Dames sont affublées de chapeaux extravagants, et les messieurs, en pantalons foncés et chemises blanches manches longues, retournées sur leurs avant-bras, attendent leur moitié dans les différents bar du coin… Ces femmes sont à la recherche du savon original dernier cri sur l’île, à base d’Aloé-Vera, parfumé aux herbes locales, grains de café ou autres, sensé être du meilleur effet pour la peau.

On trouve de tout à Téguise
Bijoux, tissus, artisanat local...
Marché typique d'Espagne 

Bref, un véritable reflet de la mini société de l’île…

Comme partout sur cette île, les déserts les plus arides, côtoient les lieux de commerce ultra-modernes où tout s’achète avec une frénésie dépassant l’entendement. Ici il n’y a rien, mais dès qu’on propose quelque chose, ça se vend… Je suppose que c’est le lot des petites îles, où finalement une fois passé le goût de la plage et des paysages, les gens s’ennuient et tournent en rond. Un peu comme en Amérique du Sud. Là-bas, le samedi soir, les gens prennent leur voiture et tourne en rond sur l’avenue principale du Pueblo et font monter les amis pour un tour ou deux. Ça discute et puis on change de voiture… Toute la nuit, les personnes montent et descendent des véhicules avec des airs de conspirateurs… Cela porte un nom que j’aime beaucoup : « La Vuelta del perro ». Le tour du chien !

Finalement, à Teguise, c’est pareil et il faut faire « El mercado de la Isla », une véritable institution.

Des sculptures gigantesques 



Des ponts, des trous, des grottes... 

En repartant, au détour d’un virage, des roches immenses sculptées par le vent sont plantées là, en pleine nature sauvage. Il y en a de toutes formes et de toutes tailles. Les particules légères de leurs strates, s’envolent peu à peu, sculptant, telle une main « divine », des créatures au fil du temps. C’est très sympa, et je trouve là encore qu’il y a matière à cogitation. Finalement, que reste-t-il après notre passage sur terre ? Des traces qui s’effacent peu à peu par le souffle du vent. Ou alors, chacun d’entre-nous n'est-il pas un bloc sculpté par nos actions qui nous donnent cette forme définitive ? Certaines sont belles, originales, d’autres de simples cubes multicolores, d’autres encore un petit tas de cailloux. Où sont les bons, où sont les méchants ???

J’en sais rien, mais j’aimerais que par analogie, les plus belles formes représentent de belles âmes et non pas l’inverse.

Arche crée par le Dieu Eole
Des abris précaires pour s'abriter du vent
Les oeuvres du vent... 
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Direction le Sud de l'île. Traversée de paysages fantomatiques et des grandes coulées de lave. Là, c’est le chaos, tout est hérissé, marron foncé et rien ne pousse là-dessus. Pas d’érosion, ce n’est âgé que de 100 000 ans. Autant dire hier, et c’est encore tout frais. Résultat, pas de vert, ni d’autres couleurs, juste des milliards de cailloux, pesant de plusieurs tonnes à quelques grammes… Ces mêmes pierres, ne sont pas rondes, mais acérées et piquantes et peuvent couper les chaussures pas faites pour. Alors si on tombe… Aïe aïe aïe ! Oserais-je dire que nous entrons dans la noirceur du monde ? Les empilements, les crevasses, les failles… tout correspond à notre monde et surtout à une grande majorité de la population qui noircit tout, pollue tout, détruit tout !

Des déserts plus ou moins denses
Des étendues de laves infinies
Les déserts s'enchaînent les uns aux autres... 

Dur de trouver de la beauté dans ces amas de roches, pierres, ou gros blocs. Il faut se l’avouer, c’est très laid et c’est déprimant d’être coincé au milieu. Pas de sortie, du moins sans s’épuiser à escalader toute cette matière marron, noire. Finalement, le noir ne va bien que sur les flans des volcans aperçus ici et là et dès que l’on entre dans ces champs de chaos, tout devient complexe, voire impossible. Je me sens écrasé par ces masses rocheuses, immobiles, mais dont les contours saillants me rappellent des créatures maléfiques sorties des rêves et des pensées les plus obscures de ma personnalité…

C’est impressionnant, féérique, maléfique et terrifiant…

Des montagnes de roches
Des champs de lave pétrifiée
Des champs à perte de vue
Les coulées de laves sont restées intactes. 

Heureusement je ne suis qu’en voiture, sur une route sans problème, juste creusée au centre de ce big bazar, afin de nous laisser imaginer ce à quoi nous avons échappé il y à 100 000 ans. Y’a pas à dire, c’est imposant et on ne peut que se sentir tout petit face à cette nature qui n’a pas besoin de l’homme pour s’affirmer. Ici, c’est l’humain qui doit s’habituer et non l’inverse !

Une plage de Playa Blanca
La baie de playa blanca. Au fond, le cap de Papagayo
Plages et baie de playa blanca

Puis je suis reparti en direction de Playa Blanca, au sud de l’île. C’est magnifique, mais pas pour moi, car tous les hôtels cinq étoiles de l’île y sont réunis. Un lieu, avec beaucoup de vieux beaux, riches et suffisants qui se promènent, main dans la main, avec leur compagnon ou leur compagne, un peu partout. La moyenne des véhicules garés au centre ville coûtent au minimum l’équivalent d’au moins 20 ans de Smic... Les prix dans les boutiques sont alignés à ceux des hôtels et tout coûte cher, y compris une simple bouteille d’eau…

Dernier phare avant l'atlantique
À 40 Km L'île de Fuerteaventura...
Des bouées au cas où...
Au bout de de la Punta Pechiguera, le Sud Ouest de l'île.

Je repars vers plein ouest, vers l’océan atlantique. Du désert, aucune végétation ne dépassent 40 cm de hauteur… Le vent est infernal et rien n’est fait pour l’arrêter. Les différentes pistes ne mènent nulle part, sauf au bord de l’eau, sur des côtes très très accidentées. Les rouleaux sont sympas, mais pas de surfeurs car trop dangereux à cause des écueils acérés.

Du sable et des cailloux
Petit panorama...  

Heureusement au bout du chaos, une petite perle est posée là, devant mes petits yeux ébahis… « Las Salinas de Janubio »

L'accueil à las Salinas
Des bassins de plusieurs couleurs
Les moulins alimentent les salines
Las salinas de Janubio 

Magnificoooo ! De bien belles couleurs irisent les alentours. c’est dû aux reflets sur l’eau qui a une densité de sel différente dans chacune des petites parcelles. Certaines sont roses, d’autres blanches, d’autres un peu jaunes et d’autres encore très bleues. Il y a les murs en pierres noires qui délimitent tout ça et enfin, devant les deux moulins à vent qui servent à puiser l’eau pour remplir les bassins, il y a ces petites pyramides de sel. Partout ces petits tas pointus émergent et sont d’une blancheur éclatante, surtout posés sur des petits tertres noirs. Très beau...

Presque rien ne pousse...
Les volcans et l'océan... Un véritable titre de livre...
C'est bientôt l'heure du sunset

En rentrant, petite traversée de l'île, avec un petit panorama sur la côte sud avec tout au fond, l'île de Fuerteventura, à 40 kilomètres de Playa Blanca... 

Un petit coucher de soleil, vu du pic de Rondo au centre de l'île. Une route de montagne assez étroite et donnant directement à playa Blanca...

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Retour vers le sud de l’île en passant par des endroits que je n’ai pas eu le temps de bien voir. La vallée de la Geria où se trouvent les vignes des principaux cépages de la région. La particularité ici, c’est le vent et les cendres…

Même en hiver, il reste quelques feuilles
Tous les ceps sont enterrés
Des kilomètres de vigne, y compris sur les pentes des anciens volcans
Vallée de la Geria 

 Dernière éruption connue dans la région vers 1836... Pas de terre, et beaucoup de vent, trop de vent… Alors, ils ont enterré les vignes. Chaque pied est planté au fond d’un cratère d’un mètre environ dont le pourtour est cerné à moitié par un mur de pierre, sensé lui aussi, faire office de pare-vent. Du coup, toutes ces vignes donnent un aspect si particulier à cette vallée, dont les parcelles montent jusque sur les pentes des volcans… Cela confère un paysage très original avec ses demi-sphères de pierres d’où dépassent quelques feuilles de vignes rouges orangées. Le tout sur un fond très noir…

Les murs des parcelles ne sufisent pas à protéger du vent...
... Seule solution, creuser à 1,5 mètres...
... Voir plus bas !
Des crèches sur fond de paysages typiques de l'île de Lanzarote
De nombreux lieux explorés
Le monument de "Los campesinos"
Des vignes à perte de vue... certaines transformées en crèches.

Comme quoi, ici pour s’en sortir, il faut s’adapter et travailler beaucoup pour que la terre donne ses fruits. C’est presque inhumain et dantesque… Je pense qu’avec le savoir-faire ancestral et vu les conditions météorologiques du coin, cette terre volcanique doit être généreuse. Les patates, mandarines, kakis, bananes et raisins des Canaries, sont délicieux, sucrés et pas acides.

Désolé, je n’ai pas goûté au vin !

Un peu de terre...
Du vert dans les anciennes coulées...

Mais vu le monde accoudé aux comptoirs des petites bodégas dans cette vallée de la Geria, à mon humble avis, ce doit être du bon et du musclé… « J’ai connu une Polonaise qui en prenait au petit déjeuner… » disait Lino Ventura. Eh bien là, c’est pareil, les mamies Anglaises, Germaniques et autres sont accros, très tôt le matin. En témoigne leurs démarches ubuesques et leurs discours enflammés lorsqu’elles regagnent les bus dès 9 heures du matin… Quand elle y arrivent...


Rouge et bleu
Exploitation de minerais
Direction Playa blanca 

Rendez-vous dans un autre lieu La Punta del Papagayo.

Des zones de liberté absolue
Pas ou peu d'habitants
Que de la nature, pas de voisins...
Vers la pointe de Papagayo 

Là, c’est le bout du bout, l’extrême sud de Lanzarote, de l’autre côté de la baie de Playa Blanca. Après vingt minutes de piste, apparaissent enfin le cap et la plage de Papagayo. Tient, à Toulouse il y a un bar qui s’appelle le Papagayo et qui fut un de mes repaires quand j’étais étudiant…

Une plage bien à l'abri du vent
La crique donne sur la baie de Playa Blanca
De la musique et l'odeur des huiles au monoï...
La playa Papagayo 

Sur les falaises, souffle un vent d’environ 100 km/heure et il faut bien se tenir. Sur la plage en contrebas, il règne une chaleur beaucoup plus forte, car l’anse est enfermée au centre des falaises et bien protégée de la mer, du vent et autres risques inimaginables, sauf des touristes. Là ce ne sont que des corps allongés, huilés à outrance en train de rôtir sur le sable… Les Canariens sont bruns, les Anglais et Allemands blancs, voire rouge vif. Bref, la plage à fuir le plus vite possible, si on aime le calme, d’autant qu’il y a une musique Boum Boum qui sévit dans un des deux restos du coin. Par contre, c'est le lieu idéal pour bronzer et se baigner dans une eau transparente, toute l'année, dans un cadre bucolique et enchanteur.

Playa Blanca vue de la pointe Sud Est
La pointe balayée par les vents
Un paquebot en route vers Las Palmas
Le bout du bout...
Des abris creusés pour se protéger du vent
Le ciel, le vent et la mer...
Punta Papagayo 

Je veux aller au bout du bout et après une petite demi-heure de marche, j’y arrive enfin. Je suis à 19 mètres d’altitude, si j’avance d’un mètre cinquante, je tombe à l’eau… Ou plutôt je m’envole vers les flots, vu le vent qu’il fait… Au large, un navire de croisière gigantesque, un des fameux géants des mers se dirige vers Fuerteventura que l’on voit d’ici ou vers Las Palmas à Grande Canaria plus au sud.

Le détroit est calme et on aperçoit à 40 km de là, la côte de l'île de Fuerteventura ainsi que les maisons blanches du port de Corralejo d'où partent les navettes faisant la liaison entre les deux îles.

Des galets, des pierres, de la cendre...
Magnifique plage de cendre noire...
Lanzarote terre de contrastes
Playa Janubio 

Petite pause sur la plage noire de Janubio. Un bel endroit, calme et empreint de sérénité. L'eau est beaucoup plus calme et la plage noire est une invitation à la balade les pieds dans l'eau

A l'origine c'est le sable, puis les couches de cendre
Le tout sculpté par les vents marins
Lave figée, caldeira effondrée...
Sur la route del Golfo 

Petite visite à El Golfo, sur la côte Ouest. Petit village niché au creux d'une petite plage de galets noirs. Des belles petites maisons sur la plage, avec terrasses et plantes de la région donne au village un petit air de bout du monde. Se désaltérer à la terrasse de l'un de ces petits bars est l'assurance de passer un bon petit moment.

L'érosion de la grande caldeira
El Golfo, perle blanche sur fond noir
La cote avant El Golfo 

Pour y accéder à ce lieu idyllique, la petite route serpente entre des paysages assez minérales, où peu de flore est apparente. Les diverses strates de formation de la croûte terrestre, sont visibles, multicolores et s'étalent sur les tertres environnants.


Partout des plantes grasses
Petite maison sur la plage
Encore des plantes...
Maison typique donnant sur la plage noire
Au bout de la plage
El Golfo 

Mais à El golfo, il existe une particularité géologique assez intéressante. Une caldeira, rongée par l'érosion de l'océan et du vent est éventrée et laisse apparaître un lac vert... Le Chaco Verde, considéré comme l'une des merveilles de la nature de Lanzarote, doit son nom en raison de la couleur verte de ses eaux, dotées grâce au phytoplancton, aux différents sulfures, aux minéraux et à la grande quantité de microorganismes uniques qui habitent cet endroit.

La caldeira et son lagon vert
 Du rouge, du noir, du vert, du bleu, le blanc des vagues...

Les couleurs variées de la paroi de la caldeira, ocre, marron, jaune ou un peu orangé, contrastent avec le lagon vert, posé sur un lit de sable noir comme de l’ébène qui le sépare et le protège de la mer bleue, avec les vagues qui meurent en laissant des trainées blanches sur le sable mouillé, donc très noir de la grève…

Petite crique sympa
Les pecheurs prêt à partir
Les vagues sont puissantes et l'eau est froide
Crique à côté du lagon vert 

Du petit mirador, la vue est superbe, et très dé-stressante tellement tout est en harmonie. Même ces couleurs si diverses sont assemblées avec goût et laissent entrevoir les différentes couches de la paroi rocheuse. Je reste un petit moment là, bêtement ébahi à admirer ce lieu qui aspire à la sérénité. Toutes les tensions ou les colères de la vie ne sont rien à côté du calme qui règne ici. Même le flot de touristes est plus silencieux que d’habitude.

Bateaux hors de l'eau
Une barque prête pour demain
La mer monte...
Crique del Golfo 

A propos des touristes, un truc que je comprends de moins en moins. Les gens ne font que des selfies et ne font pratiquement aucune photo du lieu. Je dois être le seul abruti qui regarde vraiment le paysage… Je prends le temps, c’est reposant, distrayant et m’amène à penser que les beautés de la terre n’en sont que plus belles.

La bouche du Diable...
L'entrée des enfers...
Los Hervideros  (les sources bouillonnantes)

En rentrant vers El Golfo, se trouve une petite crique, avec des bateaux de pêcheur posés ça et là. Toujours des galets ou du sable noir, des écueils servant de réceptacle aux vagues ayant traversées l'Atlantique avec force et amplitude.

Là ça bouillonne...
La force de l'eau a creusé des puits un peu partout
Les eaux tumultueuses 

Non loin de là, Los Hervideros (Les sources bouillonnantes) sont magnifiques. Dans l'univers chaotique des coulées de lave pétrifiées, l'océan s'engouffre avec fracas dans une petite baie au fond de laquelle se trouvent deux grottes voûtées séparées par un pilier naturel. Effectivement, ça bouillonne beaucoup, et les flots couverts d'écume n'invitent pas à la baignade. L'endroit est magnifiquement terrifiant et vaut une bonne balade sur les sentiers et les escaliers qui parcourent ce lieu à la fois magique et agité. Un petit trésor...

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Direction le Sud Ouest, mais en prenant les routes dans l’autre sens. En fait ici, suivant l‘heure, la position du soleil, la poussière, ou tout simplement le fait de rouler dans l’autre sens, permet de découvrir de nouveaux paysages, voir de nouvelles couleurs, découvrir un truc pas vu la veille, ou au contraire ne pas retrouver un endroit qui est désormais caché… Étonnant !

Des murs de plusieurs mètres de haut
De tous les côtés
Des roches et des pierres de plusieurs tonnes
Au milieu d'une coulée de lave durcie

Arrivé au Parque Nacional de Timanfaya. C’est là, qu’il existe encore un ou deux volcans qui ne se sont pas endormis et dont l’activité n’a jamais cessé. La dernière éruption du Timanfaya, date de 1836… Donc là, dans le Parqué Nacional, il y a des coins sympas où se trouvent encore de la lave en fusion, des geysers, et toutes ces choses très intéressantes qui font peur au néophyte que je suis.

Sur des kilomètres carrés
Tout n'est que chaos
Champs de Lave 

Le bâtiment du centre est quasiment enfoui sous une coulée de lave durcie et il est pratiquement invisible depuis la route. Petite visite du musée avec les explications géologiques des îles Canaries. J'ai bien aimé, la petite balade au milieu du chaos de lave. On se sent tout petit face à cette nature brute, indomptée et indomptable. Ici c'est l'homme qui s'adapte, pas la nature...

Les champs font plus de 10 m de haut
Plusieurs mètres de hauteur 

Le problème de la visite du Parqué, c’est le prix. Monter en bus pour aller voir des geysers, goûter du poulet grillé à la lave incandescente, et apercevoir des fumeroles un peu partout, c'est sympa, mais ça a un prix !

Hélas, beaucoup trop cher pour moi, même si voir de la lave en fusion est un spectacle que je voudrais bien découvrir…

Des vignes, des figuiers dans la cendre
Même les palmiers sont enterrés
Malgré la cendre et le vent, ça pousse !
Les pentes raides du parc de Timanfaya 

Je roule sur la route qui traverse le Parque car les paysages sont magnifiques. Bon, faut aimer le noir, mais c'est hallucinant de féérie. De plus, pour être bien sûr que vous ne pourrez pas vous arrêter en chemin, les petites routes du Parque sont bordées de pierres de basalte très acérées et qui empêchent tout arrêt intempestif. Je n’oublie pas les patrouilles en voitures qui font des va-et-vient en permanence sur la route principale et qui n'hésitent pas à vous klaxonner ou vous demander de ne pas ralentir…. Et ils ont l'oeil !

Dans la cendre, tout prend racine
Les pentes inhospitalières...
Des futures figues
Des plantations directement sur les pentes du volcan 

J’ai réussi, juste avant l’entrée officielle dans le Parque à me garer à l’entrée d’un chemin servant à un paysan du coin pour travailler ses champs. J’ai marché un peu, et je me suis fait plaisir en allant errer dans sa petite propriété autour des palmiers enterrés ou des buissons sauvages. La terre n'est faite que de scories brûlées et de cendres fossilisées. Attention, le sol est meuble et très glissant...

Des plantes iconiques de la région
Les buissons sauvages dans les pentes abruptes 

Tout cela me permet de dire, qu'à Lanzarote, il faut prendre son temps. Ah, c’est vrai que je n’ai pas d’exploits à mettre en avant, comme ceux des surfeurs, des plongeurs, des spéléologues et aventuriers de tout poil qui existent sur les réseaux sociaux, en faisant de la surenchère d’évènements extraordinaires dans ces lieux paradisiaques. Les influenceurs pullulent à Lanzarote, apportant leurs lots d'exploits tous plus fascinant les uns que le autres. Sympa à regarder... Pour les non-sportifs, peu de choses à visiter, mais il ne faut pas hésiter à prendre son temps et à se perdre dans la nature. Tourner sur le petit chemin à droite ou à gauche, pousser la porte d'un enclos, monter sur un volcan, s'approcher des falaises... le tout sans stress, ni précipitation. Les petits trésors de l'île ne s'ouvrent qu'à ceux qui les cherchent réellement...

Du figuier de Barbarie...
Aux palmiers...
Tout pousse ici...
Des plantes de toutes sortes...

C’est l’option prise pour ce voyage, profiter, perdre du temps, me faire plaisir et aller au bout de cette aventure. Car c'en est une !

Un petit coin de culture pris au volcan
Chaque parcelle se mérite...
Un figuier...
La ferme se trouve au pied du palmier
Petite église de village
Et soudain....

Au détour d'une ruelle, une petite église de village, perdue au milieu de la plaine...


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Avant de quitter cette île, dernier coup d'oeil vers le Nord-Ouest. Cette fois-ci, je passe par les crêtes et là encore emprunte quelques petites pistes qui me ramène vers l'océan. En haut du volcan El Chache, je suis face à l'Atlantique, mais à 670 mètres d'altitude... Un à-pic surplombe la plaine de Famara. C'est haut, très haut !

On se croirait dans les Hightlands
Ne manque plus que les moutons...
Route des crêtes 

Je rampe sous les sourires narquois d'autres personnes qui n'hésitent pas à jouer à Titanic en se mettant au bord de la falaise, en ouvrant les bras en grand pour ressentir le frisson. Très peu pour moi, d'autant plus, qu'il y a du vent... Je fais une photo, en fermant les yeux et tant pis si elle est flou... Je la garde !

Impossible de rester tant le seul fait de voir ces gens me terrorise... la mort en direct, très peu pour moi... Non merci !

Ceux qui ont le vertige... S'abstenir !
Vue "aérienne"de Famara depuis le sommet du volcan El Chache à 670 mètres d'altitude

Un peu plus loin, un mirador est organisé avec un muret en pierre arrivant au-dessus de la taille. Plus cool d'y faire des photos... Petite balade sur les volcans qui forment ici un espèce de plateau situé à 500 mètres au dessus des flots.

Vue de l'à pic de la falaise d'où fut pris la première photo de Famara...
C'est haut...
Tout à l'heure, j'étais à plat ventre sur le rebord... 

On se croirait en Irlande ou dans les Highlands en Ecosse. Que de l’herbe rase, et tout ce qui dépasse de 30 centimètres le niveau du sol, n’existe plus, décapité ou déraciné par la bise locale. Bien entendu, le vent est redoutable et il y fait même un peu frais, alors qu’en dessous, les gens se dorent au soleil sur les plages.

Toujours à 600 mètres
Avec de beaux jardins aménagés
Les arbustes sont résistants, mais ne dépassent pas 15 cm
Le ciel se couvre
Des panoramas sur la partie Nord 

Dès qu'un petit coin est abrité du vent, les figuiers de Barbarie envahissent les lieux en formant des massifs impénétrables. Dans chaque petit canyon, des plantes de toutes sortes se dorent au soleil...

Dès qu'il y a un p'tit coin abrité, des figuiers...
Le canyon descend jusqu'à la mer
À l'abris du relief
Seuls les figuiers de Barbarie résistent aux rafales de vent 
Appuyé sur un vieux mur...
Le figuier de Barbarie, emblème de Lanzarote 

Voilà, c'est le dernier soir, retour à Arrecife avant de repartir...

Lanzarote, terre de contrastes, terre d'accueil, île aux multiples couleurs, bleu du ciel, bleu des volets, bleu de l'océan... Sur quelques kilomètres, sont réunis tous les paysages, déserts, urbanismes, temples de la consommation, beautés des roches, plaines arides ou parsemées de plantes grasses... Des sables et des strates de terres de toutes textures, de toutes couleurs, blanc, blond, noir, côtes déchiquetées, plages de sable fin... Et bien entendu, des volcans vieux de 23 millions d'années qui côtoient le petit dernier à peine âgé de 200 ans.

Sur ces terres très minérales, je me suis senti petit face à cette nature si forte, à qui rien ne résiste. Une pincée de terre entre deux rochers, sur un champs chaotique de lave et hop, une plante prend sa place, puis deux, puis trois, quatre...

Lanzarote, une belle ode à la renaissance, une belle alchimie des quatre éléments principaux (air, eau, terre, feu...) et enfin une très belle allégorie à la vie !