Si tu as suivi et regardé notre vidéo sur Facebook, tu sais qu'on est parti une semaine au sein d'une asso pour leur créer une vidéo promotionnelle qu'ils pourront utiliser pour communiquer en externe.
On a donc rejoint l'association Akhand Jyoti Eye Hospital, située à Mastichak dans la région de Bihar. Comme son nom l'indique, il est spécialisé dans les problèmes liés à la vue.
Quelques petites infos pour comprendre le contexte :
- En Inde, il y a 15 millions de personnes aveugles, et 1 personne aveugle sur 3 dans le monde vient d'Inde.
- La région de Bihar est la plus peuplée d'Inde (pour te faire une idée, si le Bihar et l'état voisin de l'Uttar Pradesh formaient un pays, il serait le troisième le plus peuplé du monde). Cet état a le plus faible produit intérieur brut.
- Dans cette région, 4,3 millions de personnes ont des problèmes de vue non traités, 650 000 sont aveugles. Et tous les ans, à cause de l'âge, il y en a 100 000 de plus.
- La cécité entraîne une incapacité de travailler et plonge les personnes qui en sont atteintes, ainsi que leur famille, dans une situation de pauvreté souvent irréversible. Par exemple, il est très fréquent que les enfants, et principalement les filles soient retirées de l'école pour s'occuper de la personne devenue aveugle.
La principale raison de ce fléau est la cataracte et l'état de Bihar a un des plus faible taux de couverture de cet acte chirurgical.
Donc jusque là, la situation est un réel cercle vicieux dans la région.
Pour l'Organisation Mondiale de la Santé, l'opération de la cataracte est l'une des 10 meilleures interventions pour réduire la pauvreté dans le sens où le patient peut tout de suite retrouver un travail et un salaire.
Akhand Jyoti a commencé à pallier à la cessite en décembre 2005. Il fait maintenant parti des 5 principaux hôpitaux du pays s'occupant des problèmes de vue. L'établissement prend en charge les frais d'hospitalisation de 80% des patients.
Le second fléau de la région est le système patriarcale duquel il est très difficile de se sortir pour les femmes.
Dès le plus jeune âge, il existe une importante discrimination en terme de droits, d'éducation ou encore d'emploi. Le mariage arrangé avant l'âge adulte est encore très répandu. Bien qu'illégal, la famille de la mariée est obligée de payer une dot pour s'assurer de trouver un parti avec une bonne situation. (Nous sommes allés à un mariage où le marié était militaire ---> Dot : 10 000 euros). Dès la naissance, une fille devient donc un poids financier contrairement au garçon. Il semble encore d'actualité que les filles soient vendues ou même pire.
Seulement 15% des femmes du Bihar atteignent l'enseignement secondaire, un des plus faible taux du pays. Avec seulement 9%, l'état a le plus faible taux de travailleuse dans le pays.
C'est ce qui a poussé Akhand Jyoti à créer le "Football to Eyeball" program.
C'est un programme d'éducation et de développement pour les filles. Il leur permet d'utiliser le sport comme un vecteur d'émancipation et une arme pour ouvrir de nouvelles perspectives.
Le foot est utilisé pour casser les stéréotypes (une fille en short sur un terrain de foot c'est peu commun là-bas). Il permet aussi aux jeunes filles de prendre conscience de leur capacité, comprendre qu'elles n'ont rien d'inférieur et globalement de développer une confiance en soi qui leur permettra de faire face aux différentes épreuves qu'elles rencontreront.
Ces épreuves sont celles d'une vie meilleure. Mis en place en 2009, le programme cible des filles de 10/11 ans venant d'un milieu social relativement pauvre. Le football est utilisé pour attirer les filles mais aussi ouvrir les discussions avec les familles souvent assez conservatrices. Le programme ne s'arrête pas au sport. Il leur fourni des études et un diplôme d'optométriste, un emploi, une indépendance financière et enfin l'opportunité d'avoir une meilleure qualité de vie.
Une solution pour résoudre deux problèmes
Le programme a donc pour objectif de faire évoluer les mentalités sur les inégalités/injustices liées au sexe, faire émerger une force vive et la lier à la résolution d'une phénomène qui garde la région de Bihar et sa population dans une précarité dont il est impossible de se sortir seul.
Silence ça tourne !
On a passé une semaine avec les filles de l'équipe de foot, au sein de l'enceinte de l'hôpital, elles sont environ 40. Tous les matins Léo les accompagnait à l'entraînement pour les filmer. On a passé une journée dans le village de Suman Tiwari, l'indienne qui est le sujet principal de la vidéo. Ses parents nous ont invité chez eux, à déjeuner puis on a passé un bon moment dans le village avec les autres enfants pour tourner l'interview. On a aussi été invité à un mariage ! C'était le neveu du coach de l'équipe qui se mariait et nous y sommes allés avec les 40 joueuses. Rien à voir avec un mariage français. Environ 400 invités, pas vraiment d'émotion, une musique qu'on pourrait trouver dans une rave party, et des mariés qui n'ont pas vraiment l'air d'être "heureux". On est quand même content d'y avoir participé et d'avoir vu à quoi ressemblait un mariage indien ! On a encore une fois été les sujets d'une session photo/selfies 😉
En passant une semaine sur place, on a été content de rencontrer des indiens dans un cadre autre que touristique. On a pu échanger, créer des liens et découvrir la gentillesse des indiens.
On vous laisse découvrir la vidéo filmée et montée par Léo 😀