FATU HIVA
Nous récupérons IDEM au chantier d'Hiva Hoa après 9 mois. Un bon nettoyage et une remise en ordre du bateau est nécessaire avant de larguer les amarres et de rendre une petite visite à Tahuata chez Péna, notre copain marquisien. Puis direction Fatu Hiva, l'île que nous n'avions pas eu le temps de visiter la saison précédente. Il y a 5 îles habitées, Nuku Hiva, l'ile principale, Oa Pou, Hiva Oa, Tahuata que nous avions visitées et la dernière Fatu Hiva.
Nous mouillons donc à Fatu Hiva dans la Baie des Vierges. Une grande baie très profonde. À l'origine, on l'appelait la Baie des Verges mais par la suite les missionnaires l'ont débaptisée en rajoutant un i ... Le petit village de Hanavave est totalement enclavé par des pics impressionnants où le vent s'engouffre mais où le mouillage tient correctement si on ne se met pas trop près de la plage. Nous avons de la chance, il n'y a que 2 bateaux! Les navigateurs qui traversent le Pacifique ne sont pas encore arrivés, c'est souvent la 1ère escale puisque c'est la première île que l'on croise en arrivant aux Marquises.
Idem et 2 autres bateaux mouillés dans la Baie des Vierges.Habituellement plusieurs dizaines Nous marchons jusqu'à la cascade Vaieenui. Une balade bordée de citroniers, de cocotiers, d'avocatiers, de pamplemoussiers, de bougainvilliers, de fleurs de Tiaré qui embaument et ravissent les yeux. La fin de la balade est un peu casse-gueule mais agréable sous l'ombrage des arbres cela repose du soleil. En arrivant nous ne résistons pas à une petite baignade bien méritée.
Dans la baie nous faisons vite connaissance entre voiliers et nous sommes tous partant pour une visite de l'île que nous propose Poï un habitant du village. Le rendez-vous est pris.Tout le monde en voiture à 7h30 pour atteindre les points de vue de cette île magnifique où la nature domine.
Nous assistons également à une démonstration pour la fabrication traditionnelle du Tapa... c'est une étoffe végétale obtenue par l’extraction de l’écorce du bois, après des frappes multiples sur l’écorce d’arbre jusqu’à dilatation de l’écorce. (Jean-Marie pratique sous le contrôle de Solange, la Marquisienne). On couvre le "tissu" ensuite d'une couche d'amidon pour terminer par un séchage au soleil. Auparavant on s'en servait pour les vêtements, serviettes. Aujourd'hui, les tapas sont utilisés en Polynésie comme support pour l'artisanat d'art, avec des motifs géométriques et des représentations de tikis et symboles Marquisiens.
À Hanavave il n'y a pas de restaurant ou de snack mais certains habitants proposent un repas chez eux pour un petit prix. Nous allons chez Emilienne et Christian. Emilienne nous a préparé du poisson cru au lait de coco, du poulet grillé et du cochon sauvage avec une très bonne sauce. Le repas traditionel marquisien. Christian sculpte sur bois. Il nous montre ses oeuvres qu'il envoie à Tahiti pour la vente. Le lendemain nous allons le voir travailler dans son atelier.
Nous allons au petit village d'Omoa, centre administratif qui se trouve dans la baie voisine. Nous pouvons faire quelques courses. Il y a un peu plus de choix. C'est vrai que pour les courses ce n'est pas très facile. La nature est tellement généreuse que tout pousse partout. Les jardins des habitants regorgent de légumes et surtout de fruits. Les magasins n'en vendent donc pas ou très peu ! Les habitants pêchent et vont à la chasse...on peut leur acheter des fruits, des avocats, du poisson et souvent ils en offrent.
Tous les habitants sculptent ici. Omoa est rempli de statues principalement devant la mairie, lieu du festival et de la grande réunion inter îles des Marquises.
En période de Carême, tous les vendredis à Hanavave, il y a le chemin de croix et la majorité du village participe à ce rassemblement qui traverse le village. Avec l'équipage d'un autre bateau, Philippe et Isabelle, nous avons suivi cette procession. Les prières et les chants étaient en marquisien. On n'y allait surtout pour écouter les chants. C'est tellement agréable d'entendre les chants polyphoniques. Je ne sais pas comment ils font...il y a une femme qui commence à chanter et tout le monde enchaine à plusieurs voix. Je suppose qu'ils font cela depuis leur plus jeune âge.Tout le monde marche derrière le prêtre ceux qui ont des difficultés pour marcher ont même leur tabouret pliable. Aux arrêts des 14 stations du chemin de croix ils déploient le tabouret. On ressent une certaine cohésion entre eux, un sens de la communauté.
Un soir, nous sommes conviés à un repas de fête un "four marquisien" que Simon et Sissi ont organisé. Les aliments sont cuits à l'étouffée, enveloppés de feuilles de bananiers. Le four est un trou creusé dans la terre dans lequel on a placé des pierres volcaniques. On fait un feu avec du bois pour chauffer les pierres. Lorsque les pierres sont chaudes, on place des paniers tressés contenant la chèvre, le porc, des poulpes. On ajoute les accompagnements: bananes plantain, fruits de l'arbre à pain, manioc cuisiné. On recouvre le trou de feuilles de bananier. On laisse cuire toute la journée. J'ai voulu prendre des photos mais il faisait déjà nuit lorsqu'ils ont ouvert le four... les photos ne sont pas terribles! Mais on gardera un beau souvenir de ce moment délicieux. Simon et Sissi sont aussi de talentueux sculpteurs. On adore et on a flashé pour 2 objets. On doit retrouver Simon au Salon de l'artisanat qui se déroulera à Tahiti fin mai.
Le dernier jour, Jacques et Désirée passent au bateau, ils ont fait une bonne pêche. On discute avec eux. Désirée a vécu 25 ans à Paimpol, en Bretagne. On raconte nos vies. On leur achète 2 bonites d'environ 2,5kg chacune pour l'équivalent de 15 euros. Jean-Marie lève les filets et les emballe sous-vide. Direction le congélateur.
On a passé une super belle semaine à Fatu Hiva. En plus de toutes ces rencontres nous pouvions plonger dans l'eau à 30° pour notre snorkeling journalier. Cette île est magnifique, plus intime que les autres. Cela est dû probablement au peu d'habitants (300 habitants), à l'isolement et à leur mode de vie tranquille. Les rencontres sont faciles, leur gentillesse, leur écoute nous étonnent toujours. Ici le temps n'a pas la même valeur.