Réveil à 06h40 ce matin. Ca a donc été notre plus longue nuit du voyage avec plus de 09h de sommeil.
J'écris à la gérante de l'hôtel, Diana pour lui demander si c'est toujours bon pour le petit déjeuner. En effet, les 7 euros par personne par nuit comprennent le meilleur repas de la journée. Elle ne me répond alors qu'on s'est mal compris et qu'elle pensait qu'on allait le prendre à 07h30. On est un peu surpris de sa réponse. En effet, le seul avantage de ne pas parler espagnol est que je ne fais pas de chichi à l'écrit. " bus : 07h30. Es possible de tenere il desyauno a 07?". Si ça ce n'est pas clair...
Tant pis, je m'en vais préparer trois cafés en guise de compensation. Il reste également trois gâteaux de la veille. Cela devrait faire l'affaire.
Finalement, elle me réecrit en me disant qu'elle s'est arrangée et qu'on peut finalement venir . Il est alors 07h20 quand elle nous le sert . ( première et deuxième photo). Délicieux mais on doit vite le dévorer car notre bus part à 07h30. On se depeche alors de s'y rendre.
Maria nous attend à la place principale. On prend un premier bus pendant 10 minutes pour se rendre à un arrêt de bus en attendant le second .
Pendant les 20 minutes d'attente, on commence à faire connaissance avec Maria. Elle nous dit qu'elle est née à Mongui et qu'elle a deux filles, une de 22 et de 19. La première est ingénieur tandis que la seconde fait des études d'anthropologie. Elle est divorcée depuis peu.
Martin l'interroge à propos beaucoup des camions remplis de charbon qui passent devant nous. Elle nous répond que des mines sont présentes à proximité et qu'elles sont très dangereuses.9 personnes y sont décédées l'année dernière. Elle a d'ailleurs perdu un frère et deux neuveux là bas....
On continue notre discussion en abordant le sujet de la santé. Elle nous raconte qu' en Colombie , les soins sont emboursés à 70÷ pour les plus pauvres. Si tu as un peu d'argent , tu payes. Pas top ce système de soit tout soit rien. On finit par aborder le sujet des études. Les universités sont privés et très chères ( environ 3000 euros le semestre). Je me demande comment elle parvient à financer les études de sa fille.
Le second bus arrive. On se rend dans le petit village de Mongua qui est un village vraiment magnifique au bord des Andes Orientales ( troisième photo ). Le café du matin est obligatoire pour elle. On se pose alors avec elle pour en boire un. Il est vraiment excellent !
Ca nous permet aussi d'acheter notre repas du midi : des empanadas. Maria en prend également.
A 08h45, c'est le départ du trek. Sur les premières minutes , on croise de nombreux villageois. Ceux ci sont tous très polis et nous saluent chacun à notre tour avec diverses forme de politesses.
Le départ est rude (quatrième photo). A ce moment là, on sent que Maria traine un petit peu du pied. Sans méchantée aucune, elle n'est pas non plus toute jeune et ne semble pas en super forme physique. Je décide de lui prêter un de mes deux bâtons pour le trek d'aujourd'hui.
Les paysages sont bons au début mais sans être impressionnants. Comme dit Martin, on peut trouver les mêmes dans la campagne française.
Maria est une personne engagée, lunaire, atypique et vraiment touchante. A chaque fois qu'elle est un petit fatiguée, elle s'arrête pour nous raconter une anectode. Par exemple, sa fille souhaite devenir joueuse de foot professionnelle. Elle a joué pour la sélection de Boyaca( une région) et a notamment joué contre l'America de Cali, un de plus gros clubs d'Amérique du Sud.
Elle est très bavarde et ce n'est pas pour nous déplaire. Elle semble de plus très engagée pour la protection du Paramo et plus généralement de l'environnement. En effet, on peut largement voir en se baladant la déforestation. De plus, elle nous explique pourquoi on doit partir de Mongua et non de Mongui. Il s'agit d'un conflit avec les propriétaires terrains, éleveurs de bétails. Une partie d'un article explique d'ailleurs bien ceci :" Le paramo de Oceta est au cœur d'une politique complexe et récurrente en Colombie : comment associer développement touristique, protection des espaces naturels, complexité historique de la répartition des terres, permanence de l’activité agricole locale, respect des populations locales, paysannes et indigènes…
Bien que le Páramo de Ocetá fasse partie due aire protégée " parc naturel régional ' cette dénomination offre au final très peu de protection puisque la plupart des terres de ce parc sont privées et n’appartiennent pas à l’état."
Ainsi, Maria nous demande d'écrire chacun un mail à l'UNESCO pour que sentier soit protégée. C'est à ce moment qu'elle prendra se retraite selon ses dires.
A ce propos, le Paramo est un écosystème qui se trouve sur la zone équatoriale entre 3000 m et 4000 mètres. 58÷ des paramos sont en Colombie mais il y en a aussi aussi en Afrique également. Par exemple, une partie du Kilimandjaro en Tanzanie est un paramo. C'est un écosystème qui se développe à travers l'humidité et est donc une ressource en eau pour les populations. Selon Maria, la préservation des paramos doit être une " lutte" car ce sont " l'origine de la vie. Une ressource d'eau illimitée.
Le Paramo de Oceta n'est pas une visite récurrente des backpackers ou voyageurs lambda. Pourtant cela est sûrement le trek que j'ai préféré faire.
On effectue un chemin de 7km jusqu'à une lagune : la lagune noire ( voir photos). On se croirait en Islande, du moins ce qu'on s'en immagine : une immensité de territoire ses aucune personne avec des cascades.
Le chemin est boueux avec pas mal de dénivelé mais largement faisable. Maria semble avoir trouvé son rythme de croisière et avance à bon pas.
Par la suite, 2km doivent s'effectuer pour rejoindre le point culminant à 4000m. On sent que ça commence à devenir un peu plus compliqué. En effet, il faut traverser deux rivières en évitant de tomber dans l'eau au risque d'avoir le pied tout trempé ( dixième photo)
Le parcours continue quand deux chemins de boues d'une dizaine de mettre se dresse devant nous. Pour passer, il faut s'accrocher au barbelé en faisant contre poids avec son corps ( onzième- douzième photo).
Le temps se gâte logiquement et l'humidité semble être a son paroxysme. L'air est si frais et le vent souffle par parcimonie. Le bruit du vent signifie dans ses coutumes, la présence des ancêtre à tes côtés.
On continue la montée pendant 2km pour atteindre le pont culminant à 4000m. Les paysages sont magnifiques avec les frailejones qui les dessine. Ce sont des plantes typiques d'un paramo. On vous laisse en profiter sur les images. C'est comme si on était dans un autre monde.
La montée est de plus en plus compliquée. On atteint le sommet pour 13h30, soit l'heure des empanadas. Le repas se mange assez rapidement. Le froid est assez important à ce moment là. Dieu bénisse les collants et la laine de mérinos. Après avoir profité une dernière fois de ces paysages, on se lance dans la descente.
On effectue les 2km retour jusqu'à la lagune avant de survivre au parcours une seconde fois. Malheureusement, une faute d'inattention va faire que mon pied glisse dans une flaque ( 22 photo). On se rend par la suite à la cascade ( 23 photo). Muy lindo. Le retour jusqu'à Mongua est vraiment sympa avec un temps dégagé ( 24 photo). On y arrive à 16h30.
On retourne boire un café puis on prends les bus retours pour rentrer à Mongui. Je cours derrière le bus pendant 150 mètres car il s'apprête à partir. En pleine forme en ce moment . Merci les Andes.
Arrivés à Mongui à 18h30 à Mongui. A peine arrivés, Maria nous demande si on souhaite boire une bière. Évidemment qu'on le souhaite.
A ce moment là, elle se fait prendre en photo par deux policières. On lui dit " oh maria tes trop une star " . Elle ne semble pas du tout surprise de la photo bizarrement. Elle nous explique qu'elle est une leader sociale. Pour sa protection, des policiers doivent la prendre en photo chaque matin et chaque soir ou du mois se prendre elle même en photo avec la date du jour pour signaler qu'elle est en vie. Quelle folie ....
Elle est engagée dans le nouveau parti du gauche du nouveau président Gustavo Petro. En buvant la bière, elle nous montre une photo d'elle avec des locaux et la vice présidente Francia Marquez. Quelle femme!
La discussion avec elle est si agréable et triste à la fois. Elle nous dit qu'elle a connu le bombardement de Mongua par les FARCS pendant 2 mois. Mongui n'a pas été attaque car le chef des FARCS était natif de cette dernière...
De plus, elle commence à avoir les larmes aux yeux quand elle commence à parler de l'époque des narcotraficants et de la peur quotidienne dans sa vie. Elle nous dit :" imaginez tu vois un ballon de foot passé, tout le monde part car il croit que c'est une bombé..."
A ce propos, le nom de Pablo Escobar n'est jamais prononcé ici. Son surnom est Voldemort, l'homme dont on ne prononce pas le nom.
On voulait en boire une deuxième mais il était l'heure de rentrer pour prendre sa photo.
Retour à l'appartement vers 20h. Nico le cuisto nous fait son omelette bien beurré et délicieuse. L'une de ces spécialités avec le sandwich au cordon bleu ( 25 ème photo)
Je finirai ce myatlas d'une de mes journées de voyage préféré par l'une de ces citations :" Avec tout ce qu'on a connu, on ne peut être qu'heureux. Gardons espoir en l'avenir."