Le porte monnaie s'étant vite allégé au fil du voyage, en particulier au retour à Auckland, il était temps de trouver un job pour me permettre de pouvoir repartir de bon pied. J'avais eu vent de la région de Hawke Bay dans l'Est de l'île du Nord qui comptait de nombreux vignobles et autres vergers ce qui serait un bon point de départ pour les recherches. Sans plus attendre j'ai sauté dans un car direction l'une des régions les plus ensoleillée du pays. Après une nuit à Hamilton et 7h de bus me voilà arrivé dans la ville de Napier. La ville qui a été reconstruite dans les années 30 après un puissant séisme ayant ravagé la région puis a été rebâtie sous les traits de l'art déco. La région connue pour son activité viticole attire beaucoup de travailleurs saisonniers et on le voit notamment aux "working hostels" (auberges en relation avec des employeurs) où ils viennent se loger. Je m'y suis tout de suite sentis bien une fois de plus grâce aux belles rencontres que j'ai pu y faire malgré le rythme très lent de la ville.
Après une bonne semaine passé dans l'un de ces hostels et quelques échanges au bouche-à-oreille j'ai pu trouvé un job dans les vendanges si en contre partie je changeais d'hostel. Me voilà donc passé d'un petit hostel confortable à un autre plus grand et miteux. Cependant j'avais du boulot et même une voiture que l'hostel nous louait pour trois fois rien. Cette petite Ford bleu qui ne payait pas de mine et qui était passée dans des mains peu adroites d'une multitude de backpackers était cependant symbolique pour moi. En effet c'était le premier véhicule que je conduisais ici, de l'autre côté de la route. On y rentrait à chausse pied chaque matin sous des températures que le petit chauffage peinait à combler cependant c'était une voiture dynamique qui me laissa plein de bons souvenirs.
Malgré une première semaine mitigée avec une ambiance que je n'appréciais pas vraiment j'ai cependant commencé à nouer des relations avec mes nouveaux colocataires tous backpackers comme moi, tous venus ici pour goûter au voyage incertain. Faire le même boulot, travailler dur du lever au coucher du soleil y joue beaucoup. Deux semaines plus tard et les vendanges prenaient fin. Le deuxième job que j'ai pu avoir, après quelques jours de doutes sur le fait d'arriver à le trouver, consistait à travailler dans une usine de tri et d'emballage de pomme. Ça sonne facile dit comme ça mais tous ceux qui ont un jour bossé dans une usine à la chaîne comprendront, après dix heures par jour, six jours sur sept, faisant les mêmes mouvements devant un tapis qui ne fatigue jamais vous perdez ce qui vous reste d'humain en vous !
Dans cet hostel réparti en 3 maisons réaménagées tout le monde apprenait à se connaître assez vite puisque notre vie se résumait bien souvent à du métro boulot dodo sous le même toit. Chaque weekend était l'occasion de faire la fête pour décompresser des heures de boulot qui n'en finissaient pas. L'occasion de briser la glace pour certains (au sens propre comme au sens figuré !) et d'en apprendre plus sur chacun. Il n'était pas rare d'inviter d'autres hostels entiers (plus on est de fous plus on rit !). C'était les moments où on se lâchait, où on osait ce qu'on n'osait pas, où on flirtait, où les fous rires se mêlaient aux musiques et aux cliquetis des bouteilles. Plus le temps passait et plus je m'étais attaché à ces gens. Les au revoir et les adieux qui s'étaient succédés durant une semaine ont été très difficiles pour tous. J'ai quitté les lieux, chargé de souvenirs, dis au revoir à ces nouveaux amis et embarqué avec deux d'entre eux pour un dépôt à Taupo quittant la tranquille petite ville de Napier sous un ciel bleu.