•○◇○• IN : Rencontres Recherches et Création •○◇○•
9h30 / 13 h, Cloître Saint-Louis
Deuxième volet des Rencontres, Recherches et Création auquel nous participons, se lever se révèle tâche un peu moins difficile (oui, on veille beaucoup mais c'est la ville qui, la nuit, nous tend ses bras pour toujours valser avec l'heure suivante !), quoique tout de même ... on a des cernes de bonheur ! Il faut dire que je me retrouve plus dans mes éléments aujourd'hui qu'hier : les passions tragiques, la peinture de Chardin (que je découvre), le rapport Amour/Catastrophe, amené avec beaucoup d'entrain, et enfin le cerveau poète ! Plus axé littérature et mythes, c'était passionnant ! Comme je n'ai rien encore retranscrit, et donc pas encore tiré mes réflexions et conclusions sur cette séance, je vous épargne les brouillons d'idées... mais j'en ressors enchantée !
Nous filons vers la gare TGV où la navette du IN nous emmène à Vedène (où se passe le spectacle suivant) & pour ce faire, nous longeons les remparts : c'est époustouflant de beauté !
•○◇○• IN : Le Sec et l'Humide •○◇○•
15h, L'autre scène du grand Avignon- Vedène
Auteur : Jonathan Litell
Mise-en-scène : Guy Cassiers
Je me serais bien passée d'exprimer mon avis sur ce spectacle si je ne m'étais fixée pour objectif de rendre compte de mon expérience complète à Avignon... alors pardonnez-moi, mais ma sensibilité d'humaine de vingt ans est en train de s'évanouir ! Bon, en sortant, je crois que mon état d'esprit n'était capable d'émettre qu'un "Plus plombant, tu meurs !" et franchement, je ne sais pas comment le dire plus élégamment aujourd'hui... Aurions-nous dû fuir dès les premières minutes ?
Objectivement, comment le raconter? Impossible, alors je vais le faire subjectivement... je n'étais pas d'accord avec le point de vue adopté par les jugements sur les nazis : les nazis n'étaient pas des pré-hommes, ils étaient des Hommes et c'est là tout le problème, acceptez que l'humanité soit si polychrome, accepter qu'on puisse y trouver le meilleur comme le pire. On est tous humains, alors il faut savoir que l'humain en soi n'est pas l'être suprême, ni le joyau de la nature et qu'il peut parfois très mal tourner !
Si il ne s'agit pas d'un tel jugement et que je me suis méprise sur le sens du travail effectué par le metteur-en-scène ou l'auteur, pardonnez-moi ... mais d'autre part, autant d'horreurs en si peu de temps, c'était sans doute trop dur pour moi !
Silence dans le bus du retour, je crois que tout le monde était abasourdi !
•○◇○• OFF : Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand •○◇○•
18h25, Atelier 44
Compagnie : Les Deux Lunes
Je vous épargnerais les quelques péripéties rencontrées pour assister à cette pièce, entre les problèmes d'orientations et mon téléphone indompté... bref !
Est-on devenu trop exigeant avec cette pièce depuis la version cinématographique et l'incarnation splendide de ce personnage par Depardieu ? Honnêtement, la question me taraude quelque peu ! Je pense qu'au fond, non... peut-être plus exigeant que pour certaines autres pièces, certes, mais pas trop, parce que cette pièce mérite le meilleur sans doute !
Le décor très riche et l'habileté des deux seuls comédiens à jouer une pièce qui comprend plus d'une cinquantaine de personnages à l'origine, en une heure de surcroit, est estimable !
Un jeu admirable mais je fus tout de même perturbée - connaissant quelque peu le texte - par l'inversion ici et là, de quelques vers par le comédien ainsi que par la rapidité de son phrasé sur des répliques qui me paraissaient d'une profondeur et d'une importance à ralentir, à savourer, propres à la délectation... donc un peu déçue malgré l'effort certain des comédiens !
•○◇○• OFF : La Tortue de Gauguin •○◇○•
On sort d'Avignon, direction le Festival de Villeneuve en scène (Villeneuve-lez-Avignon) avec bonne humeur. Secrètement, nous sommes sûres de ne pas être déçues ce soir, et après cette journée quelque peu éprouvante, ça va nous faire le plus grand bien de finir en beauté !
22 heures, la nuit commence à peine à se mêler au jour, le bleu s'obscurcit onctueusement, passant avec tendresse d'un ciel déteint à un ciel d'étain ... devant nous, une structure peu commune se dresse sur les nues, six plasticiens, un musicien, une chanteuse-conteuse... Un univers rythmé de poésie s'offre à nous, spectateurs assis dans la verdure, bercés par le chant des cigales et des étoiles... Nous nous oublions face à l'immensité du travail que nous offrent en choeur ces artistes !
Luc Amoros, je le connaissais, c'est "Quatre Soleil" que j'avais vu de lui, quelques années auparavant puis ce spectacle pour enfants, là... "Non mais t'as vu ma tête" tout aussi poignant !
Révolte, voyage à travers le temps, enfance de l'art, enfance du monde, enfance et nous... migration, Humanité, appétit d'amour ... Humanité !
Encore une création originale qui nous touche comme seule la poésie à l'état pur sait le faire, une lame qui s'enfonce dans la poitrine à la manière d'une libération, d'une félicité ! Cette part inconnue de nous, les limbes de notre esprit, celle où la poésie sied, celle, allègre, qu'on ne ressent que quelquefois lorsque les conditions sont favorables, lorsque, impunément, par pur hasard ou par longue quête, on tombe sous l'ivresse que provoque la beauté dérobée de l'art, ou des arts : l'émancipatrice ! Parce qu'ici, les arts s'embrassent en harmonie, sur scène ou en plein air, c'est la communion d'univers différents au coeur d'un paradigme commun ! La violence de la condition éphémère de la beauté, c'est peut-être cela qui est si douloureusement bouleversant dans les créations de Luc Amoros, mais c'est aussi cela qui nous touche et qui nous renverse, les uns avec les autres dans la part chaleureuse et bienveillante de l'humanité.
Bon, on est de nouveau au lit bien trop tard et éreintées par tant d'émotions mais encore une fois, c'était une journée vécue intensément et qui était à vivre, surtout !!