Après une nuit dans le bus, un changement à 4h du matin et une clim excessive, il est à peine 7h quand nous arrivons dans la ville de San Gil, encore endormie. Nous prenons un petit déjeuner typique et un bon café, car nous aussi nous avons besoin de nous réveiller. Nous errons un peu dans la ville, nous apercevons les montagnes et sommes ravis de sentir de l'air frais après la fournaise de Santa Marta !
San Gil est la capitale des sports olé olé de cette région que l’on nomme le Santander. On peut y pratiquer le VTT, le rafting, le parapente.. mais aussi la randonné et quelques excursions vers des cascades, des pozos (bains naturels), des grottes, des points de vue sur la cordillère orientale nord. Mais aussi et surtout le Canyon de Chichamocha :). Cette ville en pente ne présente que peu d'intérêts mais est un bon point de base pour explorer les alentours. D’autant plus que c'est ici que se tient le plus grand marché de fruits et légumes de la région.
San Gil et son MercadoLe premier jour nous sommes partis direction Curiti, un petit village à 15 minutes de San Gil. Nous entamons une balade vers les "balneario pescarito", une rivière avec des piscines naturelles. Le chemin est un peu long et rébarbatif alors on finit par tendre le pouce. Et ça marche.. ! C’est parti pour un petit lift à l’arrière d’un pick-up, qui ne mange pas d’pain en plus d’être fun car c’est la soupe à la grimace avec les enfants qu’on aperçoit à travers la vitre :)
Cet endroit est un lieu de retrouvailles pour les colombiens, ils viennent ici en famille pour se baigner, partager leur repas, boire des coups et écouter de la musique. Cette ambiance nous rappelle beaucoup notre Mauves balnéaire le long de la Loire et on s'y sent plutôt bien (les connaisseurs sauront de quoi on parle !), ça nous fait plutôt marrer de faire trempette avec les colombiens !
Le village de Curiti & balneario pescaderitoLors de nos quelques jours à San Gil, nous nous sommes également rendus à la cascade Juan Curi. Quelle fraîcheur au pied de cette énorme chute d'eau ! Comme beaucoup ici nous nous lancerons le défi de nous baigner et de faire une petite photo cliché sous la cascade ! On aura eu bien froid avec une eau à 13 degrés mais on aura bien rigolé !
Cascade Juan CuriEt puis si nous sommes venus à San Gil c'était aussi pour vivre une expérience dans le canyon de Chicamocha, vu du ciel !
Après une petite prospection comparative (en ville et sur internet) on en vient à choisir l’agence la mieux notée, pas la moins chère mais disposant du spot privé de décollage/atterrissage le mieux situé car + en hauteur sur le flanc du canyon de Chichamocha. D’autant + que l’un des moniteurs de parapente n’est autre que le proprio de notre auberge avec qui nous avons un bon feeling, ça met donc en confiance pour le vol.
Qui n’a pas rêver de voler avec des oiseaux, léger comme l’air ? De pouvoir évoluer dans les 3 dimensions avec précision au gré de ses envies. Est-ce que les sensations se rapprochent de celle de la plongée lors qu’on est perdus dans un bleu infini mais en même tellement tranquilles ? C’était totalement l’inconnu, c’est peut être pour ça que c’était si excitant !
Le canyon de Chichamocha est a priori le terrain de jeu parfait pour cette discipline. Déjà un panorama à couper le souffle. Une vision 360 sur le canyon le plus long d’Amérique du Sud. Le site de la compagnie est celui le plus en hauteur situé à 1730m d’altitude. Le point culminant environnant étant situé à 2000m, en vol nous pouvons atteindre des auteur autour de 2700m cela laisse des perspectives intéressantes. En décembre les masses d’air chaudes sont nombreuses en début de journée jusqu’à 12-14h ensuite le ciel se couvre.
Le bus vient nous chercher directement à notre auberge. On procède au checkin, au paiement et on signe les papiers de la police d’assurance. En cas de pépin, notre assurance voyage ne prend pas en compte ce type d’activité, la faute à des stats un peu trop alarmante en matière d’accident. Une fois la paperasse réglée nous filons à pleine vitesse dans un petit bus collectif que nous partageons avec des têtes brûlées de tous horizons dans les lacets pendant pas loin d’1h. Le sport commence déjà !
Nous arrivons sur le spot, excités comme des puces et impressionnés par le panorama. Quelle claque. Les conditions sont nickels.
Le canyon depuis la terre ferme
Un brief sécurité en espagnol plus tard et nous voilà prêt pour l’appel. Nous sommes triés par poids car en début de session le vent est moins fort, poids plumes en premiers ! Nos noms sortent dans les 4 premiers, d’abord Clémence puis Alex.
Je vois ma moitié s’équiper et prendre son envol. Et ça me glace le sang, pourvu qu’il ne lui arrive rien.. J’ai a peine le temps de stresser que me voilà en tenu de combat et les pieds dans le vide.. OH ! J’ai à peine eu le temps de me rendre compte que la voile s’est dressé comme une fleur dans le ciel.
Effectivement, tout était loin de ce que j’imaginais ! Rien à voir avec la plongée, les jambes sont sollicités au décollage et à l'atterrissage, en vol on est tranquillement posé dans sa sellette. Pourtant le corps est crispé.. Point commun cependant le calme et le sang-froid dont il faut faire preuve pour évoluer sans risque et l’observation, l’émerveillement. Le pilote active les manettes afin de changer de cap et observe scrupuleusement autour de nous.
Moi en bon touriste je profite du paysage et essaye de me détendre malgré la sensation que nos vies ne tiennent quand même à pas grand chose ! Crispé, je me rend compte des phénomènes physiques en place et essaye de comprendre ce que le pilote voit, ce qu’il cherche, ce qu’il évite. Au démarrage tout commence par une chute relative. Nous la commençons à 1700m et nous planons donc nous perdons relativement peu d’altitude. Le but dans cette phase est l’aller positionner la voile dans un courant d’air chaud qui nous fera remonter. Ce qui est plutôt simple car nous ne sommes pas les seuls à voler aujourd’hui et Clémence et son binôme nous ouvre la voie. Ça y’est le 1er courant d’air chaud nous propulse en l’air dans un spirale contrôlée afin j’imagine de profiter au maximum du courant d’air chaud qui monte naturellement. Le but du jeu est de danser avec précaution avec les autres dans une valse verticale.
Nous prenons de l’altitude et le panorama s’ouvre de plus en plus, on double les oiseaux, les suspentes se tendent à fond. Pendant les phases de stabilisation on est comme ballottés de gauche à droite, c’est vraiment dingue ! Cela parait bancal et on se dit que le contrôle doit facilement se perdre par une mauvaise lecture du vent. Peu à peu on se laisse prendre au jeu, le moniteur commente les environs et prend un peu la température de son passager. Les gens malades ne sont pas rares et il doit savoir s’il peut continuer ou bien s’il doit calmer le jeu et atterrir d’urgence.
On continue à voler, je bois chaque goutte de ces moments et essaye de les graver dans mon esprit. Je suis bouche bée et crois à peine ce que je suis en train de vivre. La sensation de flottement est vraiment drôle. J’aperçois Clémence au loin, elle prend beaucoup de hauteur, on dirait bien qu’ils ont déniché un beau courant car ils sont au zénith !
Le canyon depuis les airsQuand sonne l’heure d'atterrir enfin le moniteur me propose quelques vrilles afin de perdre brusquement de l’altitude et d’engager au mieux l'atterrissage ce que j'accepte sans hésitation ! 1,2,3 vrilles !! L’accélération est violente, mes oreilles internes sortent les warning je suis crispé au possible mais oh que c’est bon !
Bon, il décide au dernier moment de ne pas atterrir car un courant d’air chaud barre le chemin, on reprend de l’altitude ! C’est reparti pour un tour je cri de joie intérieurement. 2eme salve de vrille à venir.. OH ! Encore plus violente que la première. Elle me coupe clairement la respiration si bien qu'à la fin je peine à garder mes esprits. L’adrénaline est au plus haut, j’ai rarement vécu des moments aussi intenses, quel pied !
Nous finissons par un atterrissage tout doux. Je réalise à peine, Clémence est déjà là et on se retrouve tout sourire. ON L’A FAIT !
Nous retrouvons les autres sous la tonnelle, tout le monde comme des gosses à raconter son expérience.. Bon pour certains, le post atterrissage se passe moins bien..
Et c'est ainsi que s'achève l'étape San Gil. La suivante se situe à 22km de là : Barichara. Petit village colonial qui à l’air mignon comme tout.