Calcutta est la seconde ville la plus peuplée d'Inde après Mumbai et l’une des plus grosses villes au monde : plus de 10 millions d’habitants dont une partie de la population vit dans les bidonvilles « slums » ou sur les trottoirs, souvent dans une extrême précarité.
Mais au fait, pourquoi Calcutta dans notre périple ? Tout à commencé alors que nous étions à Mumbai :
C’est comme cela que nous avons rencontré Camille (volontaire pendant un an dans l’association Tomorrow’s Foundation) qui a bien voulu nous prendre comme colocataires pendant quelques jours 😉. Merci encore mille fois pour ton accueil, la découverte de ce superbe projet et nos soirées animées !
Qu'est-ce que Tomorrow’s Foundation ?
Tout a commencé au début des années 90, sur la terrasse de "Mother Teresa’s Nirmal Hriday" quand Arup and Swarup Ghosh, deux frères jumeaux qui bénéficiaient de l’aide de Mère Térésa, ont décidé de monter TF (Tomorrow’s Foundation). TF est une ONG qui vient en aide aux enfants défavorisés grâce à différents programmes : soutien scolaire, soins médicaux et psychologiques, suivis spécifiques pour les enfants atteints d'un handicap dans les bidonvilles et programme de formation professionnelle pour les jeunes.
Parmi tous ces programmes, le projet Charaibeti a pour objectif d’approcher les enfants handicapés vivant dans les bidonvilles de Calcutta, de leur fournir un service d’éducation spécialisée de proximité, des sessions de rééducation physique et des formations destinées aux parents. La philosophie du projet est d’inclure et d'informer les membres de la communauté sur la question du handicap à l'aide de campagnes de sensibilisation sur la question du handicap.
Le projet consiste donc en des interventions quotidiennes de trois bus dans plus de trente bidonvilles. Chaque unité est équipée du matériel adéquat pour la prise en charge d’un public à motricité réduite et aux besoins spécifiques. Un bus peut accueillir environ une quinzaine d’enfants par jour.
Les bus ainsi équipés sont répartis sur trois zones avec des équipes constituées d’un kiné, d’un ou d’une éduc spé, d’une community mobilizer (chargée de faire toute la communication et le suivi social avec les familles), du chauffeur et de son assistant. Nous avons donc passé 3 jours avec eux et quelle expérience ce fut !
Trisomie, déficience intellectuelle, autisme, sourd et muet, tous les types de handicap sont pris en charge.
L'équipe fait preuve d'un grand professionnalisme et accorde à chaque enfant une attention particulière. Chaque exercice proposé est en effet réfléchi et adapté en fonction des capacités et du potentiel de l'enfant.
Souvent, les mères profitent des séances pour s'entretenir avec la community mobilizer et lui demander de l'aide pour l'obtention du certificat d’invalidité, remplir divers documents, ouvrir un compte en banque pour pouvoir percevoir des aides financières pour leur enfant par exemple.
Il règne dans ce bus une ambiance joyeuse. Les enfants jouent, rient ensemble et la solidarité est plus présente que jamais. Il s’agit d’une réelle communauté, un peu comme une grande famille.
Ce projet qui a débuté en 2010 avec juste quelques enfants, vient aujourd’hui en aide à 502 jeunes. "Puisque les familles et les enfants ne peuvent venir à nous, c’est nous qui irons à eux", telle est la devise de Tomorrow's foundation.
Aller aux cotés de la community mobilizer dans les slums fut une première expérience surprenante. En effet, si nous nous attendions à être touchées par la pauvreté, nous retiendrons surtout l’ambiance chaleureuse et de solidarité qui règne dans les slums, l’accueil et la générosité des familles que nous avons rencontrées et surtout leurs sourires.
Dans le bus, nous avons beaucoup joué avec les enfants et essayé de les occuper le temps qu’ils soient pris en charge. Nous avons donc créé le temps d’un instant, une bulle, dans laquelle, malgré les difficultés de communications inhérentes à la langue, avec un ballon, quelques rythmes et un appareil photo, il n’y avait plus de différence. Parties de bras de fer, grimaces, jeux de balles: tout le monde rigolait et mêmes les mamans, un peu sceptiques au début, ont fini par nous faire de grands sourires.
Une superbe expérience, un projet passionnant, merci Camille !
Turning Point et l'événement Open the door
Mais avant même de recevoir le message de Camille et d’entendre parler de TF, notre venue à Calcutta était déjà programmée. En effet, Ishita, présidente de l’association Turning Point, nous avait invitées à un grand événement autour du handicap mental. Trois jours de compétitions théatrales jouées par des adultes handicapés mentaux de différentes ONG mais aussi compétitions musicales, projection de films et conférences.
Turning point a été enregistrée en tant qu’ONG en 1961. Il s’agit d’un accueil de jour pour personnes en situation de handicap mental. L'objectif principal est la réinsertion et le combat contre la stigmatisation dont souffrent les personnes handicapées. Très proche dans le fonctionnement de Schizophrénia Awareness Association, Turning Point accueille elle aussi, des adultes en situation de handicap mental chaque jour et propose un grand panel d’activités : relaxation, débat, ateliers d’écritures, jeux, exercices physiques, théâtre, musique etc…
Et chaque année, l’association organise un grand événement, sur tout un week-end, afin de sensibiliser et donner de la visibilité au handicap mental. Cette année, nous y étions !
Lors de la cérémonie d’ouverture, Ishita, la présidente et fondatrice a annoncé quelques chiffres que nous trouvons intéressant de vous transmettre.
Ainsi, chaque année, l’événement Open the door a pour objectif de montrer le talent et la créativité des personnes atteintes d’un handicap mental mais également de sensibiliser les éléves de différentes écoles en participant à une compétition d’affiches autour du handicap mental.
Nous avons également pu voir la projection du court métrage Road To Recovery par Abhishek Ganguly sur quatre usagers de Turning Point qui se sont réinsérés professionnellement. Ce film montre que le changement d’environnement social peut s’avérer thérapeutique. Ishita Sanyal s’est exprimée à la fin du film :
Enfin, nous avons pu assister à la compétition de théâtre et même voir le maquillage en coulisse. Afin d’aider les participants, toutes les paroles sont en playbacks. C’est-à-dire qu’ils connaissant leurs textes mais même pour ceux qui ont des problèmes d’élocutions par exemple, ils peuvent faire entendre « leur voix ». De magnifiques costumes, beaucoup de courage; nous avons été très impressionnées.
Et voilà, l'Inde c'est terminé, direction le Cambodge maintenant ! Mais avant de vous présenter ce nouveau pays, le prochain article sera un petit bilan de ces 4 premiers mois !