Après avoir survolé la majestueuse cordillère des Andes, l’avion d’Air France atterrit en début de soirée sur l’aéroport de la capitale péruvienne. Nous nous installons pour trois nuits à l’hôtel Radisson, dans le quartier San Isidro, à mi-chemin entre le centre historique et Miraflores. C’est un endroit calme, propre et fleuri. C'est aussi un quartier chic, celui des ambassades, donc très sécurisé. Cependant il n'y a pas grand-chose à voir à San Isidro, à part la Huaca Wallamarka (ou Pan de Azucar) une pyramide en adobe d'époque Tihuanaku-Huari qui trône au milieu des tours de cette banlieue. Le soir, au restaurant de l’hôtel, un premier contact avec la cuisine péruvienne nous a permis de vérifier sa renommée.
Au premier abord, cette immense métropole ceinturée de banlieues démesurées n'offre pas un visage très attrayant, peut-être à cause de la grisaille quasi permanente du ciel, mais surtout du fait d’une certaine anarchie urbaine. Cependant cette ville nous a réservé quelques belles surprises que nous allons maintenant découvrir.
Balade dominicale dans le centre historique
Un taxi affrété par l'hôtel - sécurité oblige - nous conduit en une demi-heure jusqu'au centre historique. Nous avons aimé l’ambiance conviviale de la Plaza de Armas en ce week-end et flâner dans les rues du centre historique de la capitale fut un réel plaisir. Il est vrai aussi qu’en ce début novembre, c'est-à-dire au printemps, le ciel s’est vite dégagé et nous avons pu profiter d’un bel ensoleillement. Ce quartier regorge de richesses architecturales : églises et monastères en nombre, belles demeures patriciennes aux portails baroques imposants et aux balcons à jalousies de style mudéjar. Lima est la ville des balcons, ce qui lui donne un charme particulier. Ces lointains cousins des moucharabiehs andalous surplombent les rues très animées du vieux centre, notamment l'artère commerciale de la Jíron de la Union. Comme dans toutes les villes du Pérou, le cœur de la vie liménienne, c’est la Plaza de Armas aux parterres fleuris et plantés de palmiers, rythmée par la cathédrale, le palais de l’archevêché, le palais du gouvernement et ses façades à arcades.
La Casa de Aliaga est une magnifique demeure coloniale habitée par la même famille depuis dix-sept générations, c'est-à-dire depuis 1535, l'année de la fondation de Lima. Située sur le Jirón de la Union, près du Palais du Gouvernement et du pont sur le Rimac, cette page d'histoire est à ne pas manquer.
À Lima, l'architecture n'est pas que coloniale, la période industrielle a également laissé quelques pépites, notamment dans le style Art Nouveau. À deux pas de la Plaza de Armas, l'ancienne gare de Desamparados en est un bel exemple. Le chemin de fer étant du domaine du passé au Pérou (le train du Macchu Pichu faisant exception), cette gare a été reconvertie en bibliothèque: la Casa de la Litteratura peruana.
Les musées de Lima
San Isidro où nous résidons n’est qu’à dix minutes de taxi du quartier de Pueblo Libre où se trouvent deux musées proches l’un de l’autre. Ils présentent d'extraordinaires collections de céramiques, de tissus, d'objets en or, de momies des diverses civilisations préhispaniques et notamment pré-incas. On confond trop souvent le Pérou précolombien avec l'Empire inca qui ne remonte guère qu'au XIVe siècle, alors que les civilisations qui l'ont précédé sont plusieurs fois millénaires. Ces musées sont une excellente introduction à l'histoire de ce pays. Les voyageurs qui ont prévu de découvrir Paracas ou de survoler les lignes de Nazca pourront avoir une introduction à ces deux civilisations en admirant les trésors que celles-ci ont produits et qui sont conservés dans ces musées.
Le Musée National d'Archéologie, d'Anthropologie et d'Histoire du Pérou.
Le Museo Larco.
S'il n’y avait qu’un seul musée à voir à Lima, ce serait certainement le Musée Larco. Dans une belle demeure, il est très bien aménagé et présente ses collections de manière très didactique. Une excellente introduction aux civilisations pré-incas. Les notices explicatives, très précises, sont données en plusieurs langues dont le français. Beaucoup de ces pièces sont des huacos (ou guacos), un terme d’origine quechua désignant des artefacts précolombiens trouvés dans des tombes (guacas). La plus grande partie des 45 000 céramiques du musée est conservée dans les vitrines des réserves que l'on peut voir. Impressionnant ! Certaines de ces pièces partent souvent à l'étranger lors d'expositions temporaires.
Le dieu hibou anthropomorphe, habillé en guerrier, debout sous un arc formé par le serpent à deux têtes félines, est considéré comme l'un des dieux principaux de la culture Mochica.
Tambour Nazca qui représente un ancêtre mythique. Il porte une coiffe décorée de la tête du dieu félin. Au milieu du torse de l'ancêtre s'observe l'animal mythique. Deux serpents aux visages de félin sortent de sa gueule; ils enveloppent le corps du personnage principal.
Cette pièce textile d'époque Chimù (époque impériale - XIV-XVIè siècles) est composée de six champs de même direction. Chacun d'entre eux enferme un personnage anthropomorphe portantune coiffe en forme de demi-lune.
Un peu à l’écart, une salle expose une collection de céramiques érotiques d’époques mochica et chimú. Des évocations de la fertilité et de la maternité.