Week-ends à Lima

La capitale péruvienne, souvent négligée par les voyageurs, mérite bien les deux week-ends que nous lui avons consacrés. Première partie d'un récit sur notre périple d'un mois en Amérique andine.
Novembre 2014
4 jours
31
oct

Après avoir survolé la majestueuse cordillère des Andes, l’avion d’Air France atterrit en début de soirée sur l’aéroport de la capitale péruvienne. Nous nous installons pour trois nuits à l’hôtel Radisson, dans le quartier San Isidro, à mi-chemin entre le centre historique et Miraflores. C’est un endroit calme, propre et fleuri. C'est aussi un quartier chic, celui des ambassades, donc très sécurisé. Cependant il n'y a pas grand-chose à voir à San Isidro, à part la Huaca Wallamarka (ou Pan de Azucar) une pyramide en adobe d'époque Tihuanaku-Huari qui trône au milieu des tours de cette banlieue. Le soir, au restaurant de l’hôtel, un premier contact avec la cuisine péruvienne nous a permis de vérifier sa renommée.


L'ambassade des Pays-Bas dans le quartier chic de San Isidro 


La Huaca de Wallamarka, très (trop?) restaurée. 

Au premier abord, cette immense métropole ceinturée de banlieues démesurées n'offre pas un visage très attrayant, peut-être à cause de la grisaille quasi permanente du ciel, mais surtout du fait d’une certaine anarchie urbaine. Cependant cette ville nous a réservé quelques belles surprises que nous allons maintenant découvrir.


Balade dominicale dans le centre historique


Un taxi affrété par l'hôtel - sécurité oblige - nous conduit en une demi-heure jusqu'au centre historique. Nous avons aimé l’ambiance conviviale de la Plaza de Armas en ce week-end et flâner dans les rues du centre historique de la capitale fut un réel plaisir. Il est vrai aussi qu’en ce début novembre, c'est-à-dire au printemps, le ciel s’est vite dégagé et nous avons pu profiter d’un bel ensoleillement. Ce quartier regorge de richesses architecturales : églises et monastères en nombre, belles demeures patriciennes aux portails baroques imposants et aux balcons à jalousies de style mudéjar. Lima est la ville des balcons, ce qui lui donne un charme particulier. Ces lointains cousins des moucharabiehs andalous surplombent les rues très animées du vieux centre, notamment l'artère commerciale de la Jíron de la Union. Comme dans toutes les villes du Pérou, le cœur de la vie liménienne, c’est la Plaza de Armas aux parterres fleuris et plantés de palmiers, rythmée par la cathédrale, le palais de l’archevêché, le palais du gouvernement et ses façades à arcades.


Les arcades et les balcons de la Plaza de Armas. 


Le palais de l'archevêché 


La cathédrale 


Une attraction touristique: la relève de la garde présidentielle en grand uniforme de hussard devant le palais du gouvernement 


Balcons et parterre fleuri aux couleurs du Pérou 



Flânerie dominicale sous les balcons ouvragés du Palacio  Torre Tagle


Le Palacio  Torre Tagle et les mucharabiehs de style mudéjar de ses balcons  


Le portail en forme de retable de l'église de la Merced, au cœur de la rue piétonne du Jirón de la Union


La façade de style churrigueresque (XVIIIe s.) de l'église San Augustin : une dentelle de pierre


L'église du monastère San Francisco, joyau de l'architecture coloniale péruvienne et lieu de pèlerinage


Un des deux cloîtres du monastère de Santo Domingo (XVIIe s): un havre de paix fleuri pour se reposer de la frénésie urbaine 
Le superbe décor de carreaux de faïences bien conservés des cloîtres de Santo Domingo 

La Casa de Aliaga est une magnifique demeure coloniale habitée par la même famille depuis dix-sept générations, c'est-à-dire depuis 1535, l'année de la fondation de Lima. Située sur le Jirón de la Union, près du Palais du Gouvernement et du pont sur le Rimac, cette page d'histoire est à ne pas manquer.


À Lima, l'architecture n'est pas que coloniale, la période industrielle a également laissé quelques pépites, notamment dans le style Art Nouveau. À deux pas de la Plaza de Armas, l'ancienne gare de Desamparados en est un bel exemple. Le chemin de fer étant du domaine du passé au Pérou (le train du Macchu Pichu faisant exception), cette gare a été reconvertie en bibliothèque: la Casa de la Litteratura peruana.

La belle verrière Art nouveau de l'ancienne gare de Desamparados


Façade Art nouveau de la Casa Courret sur le Jirón de la Union, la principale artère commerçante de Lima



Détente dominicale sur la place San Martin 

Les musées de Lima

San Isidro où nous résidons n’est qu’à dix minutes de taxi du quartier de Pueblo Libre où se trouvent deux musées proches l’un de l’autre. Ils présentent d'extraordinaires collections de céramiques, de tissus, d'objets en or, de momies des diverses civilisations préhispaniques et notamment pré-incas. On confond trop souvent le Pérou précolombien avec l'Empire inca qui ne remonte guère qu'au XIVe siècle, alors que les civilisations qui l'ont précédé sont plusieurs fois millénaires. Ces musées sont une excellente introduction à l'histoire de ce pays. Les voyageurs qui ont prévu de découvrir Paracas ou de survoler les lignes de Nazca pourront avoir une introduction à ces deux civilisations en admirant les trésors que celles-ci ont produits et qui sont conservés dans ces musées.

Le Musée National d'Archéologie, d'Anthropologie et d'Histoire du Pérou.

Tissus funéraires qui enveloppaient les momies et provenant de la nécropole de Paracas 


Céramiques Nazca et Huari 


Masque en or Chimu (Lambayeque) 

Le Museo Larco.

S'il n’y avait qu’un seul musée à voir à Lima, ce serait certainement le Musée Larco. Dans une belle demeure, il est très bien aménagé et présente ses collections de manière très didactique. Une excellente introduction aux civilisations pré-incas. Les notices explicatives, très précises, sont données en plusieurs langues dont le français. Beaucoup de ces pièces sont des huacos (ou guacos), un terme d’origine quechua désignant des artefacts précolombiens trouvés dans des tombes (guacas). La plus grande partie des 45 000 céramiques du musée est conservée dans les vitrines des réserves que l'on peut voir. Impressionnant ! Certaines de ces pièces partent souvent à l'étranger lors d'expositions temporaires.

Le dieu hibou anthropomorphe, habillé en guerrier, debout sous un arc formé par le serpent à deux têtes félines, est considéré comme l'un des dieux principaux de la culture Mochica.

Bijoux d'époque inca. 


Tambour Nazca qui représente un ancêtre mythique. Il porte une coiffe décorée de la tête du dieu félin. Au milieu du torse de l'ancêtre s'observe l'animal mythique. Deux serpents aux visages de félin sortent de sa gueule; ils enveloppent le corps du personnage principal.

Cette pièce textile d'époque Chimù (époque impériale - XIV-XVIè siècles) est composée de six champs de même direction. Chacun d'entre eux enferme un personnage anthropomorphe portantune coiffe en forme de demi-lune.

Un peu à l’écart, une salle expose une collection de céramiques érotiques d’époques mochica et chimú. Des évocations de la fertilité et de la maternité.

29
nov

Au terme de notre voyage, nous voici de retour à Lima et pour nos deux derniers jours au Pérou nous avons choisi un autre quartier liménien, Barranco, situé au sud de l’agglomération mais très excentré. Il aura fallu plus d’une heure de taxi depuis l'aéroport pour rejoindre notre maison d’hôtes située au-dessus de la falaise qui domine l’océan Pacifique. Ce quartier bohème, prisé des artistes, passe pour être un des plus charmants de Lima. C’est le lieu de la fête et de la vie nocturne. Barranco doit sa réputation à sa splendeur passée, à ses festivités et réceptions mondaines dans ses villas cossues fin de siècle. Mouais… Certes quelques belles demeures anciennes ont été rénovées, mais en réalité l’endroit est crasseux et délabré à souhait. Des débris jonchent les rues ici et là. Une déception ! Espérons que les choses auront changé en huit ans…


Le "Parque Municipal" orné de statues et encadré par l'église paroissiale et la bibliothèque est le seul endroit fleuri et agréable de Barranco... à condition de ne pas aller voir de trop près ce qui surnage dans le bassin central !

Le "Parque Municipal" 



La Casa Rosell, de style éclectique (1909-1012), à présent restaurée, avait connu autrefois festivités et réceptions mondaines 


Ces vielles demeures qui ont connu de belles heures dans le passé attendent leur restauration et servent de décharge sauvage... 


Barranco est un lieu fréquenté par les artistes. 

Le seul intérêt de Barranco, ce sont ses deux musées côte à côte : le MATE et ses expositions de photographies de grande qualité et le Musée Pedro de Osma. Ce dernier est une perle dans l’écrin pourri que constitue ce quartier. Dans une belle demeure du XIXe siècle entièrement rénovée, il présente d'intéressantes collections d'art colonial très bien mises en valeur et très bien présentées, selon un parcours thématique et didactique.



L'Art nouveau au musée Pedro de Osma. 


Vierge à l'enfant de Bernardo Bitti, XVIe siècle (musée Pedro de Osma). 

Quant à la maison d’hôtes dite de charme où nous avons logé, Second Home, elle est (était ?) à l’image du quartier et aurait mérité une sérieuse rénovation. C'est dommage car cette belle maison où se trouve l'atelier du célèbre peintre-sculpteur péruvien Victor Delfin auquel nous avons rendu une petite visite, aurait beaucoup de charme si elle était mieux entretenue et si l'accueil était plus professionnel et aimable… Espérons, ici aussi, qu’une rénovation a été effectuée depuis notre séjour ! Notre chambre avait vue sur l'océan Pacifique, mais pas de chance, ce samedi soir elle avait également « vue » sur un mariage voisin avec la sono poussée à fond une partie de la nuit…

Les œuvres de Victor Delfin sont accrochées ou posées un peu partout dans la maison et le jardin, ce qui fait de ce lieu une véritable galerie d'art. Il trouve son inspiration dans la culture pré-inca de Paracas, aux motifs colorés et vivants. Son art a quelque chose de mystique et de magique. C’est un artiste à la production variée, de la peinture à la sculpture, de la tapisserie à la création de bijoux.

Voir ici une visite guidée par l'artiste.

La maison d'hôtes "Second Home", véritable galerie de l'artiste Victor Delfin 


L'atelier de l'artiste 


Les sculptures autour de la piscine (la couleur de l'eau et ce qui surnageait en surface, nous a dissuadés d'y mettre un pied !)


Le chevaux de Victor Delfin, face au Pacifique. 







A suivre ici :

la deuxième partie de notre voyage au Pérou d'Arequipa au canyon du Colca:

Monastère, volcans et condors