Le temple de Virupaksha et la rivière
Tungabhadrâs vu de la colline de Mathanga Ultime souvenir du royaume de Vijayanagar, Hampi présente un remarquable ensemble monumental rassemblant temples et palais qui s'élèvent au milieu de rochers de granite. C'est l'un des sites archéologiques les plus fascinants du pays. Mais c’est aussi l’un des plus fréquentés, ce qui n’est pas sans causer des dégâts. Nous y resterons quatre jours dont une journée de repos.
Notre hébergement : Hampi’s Boulders Resort
En fin de matinée nous arrivons à notre hôtel dissimulé dans la vallée de la Tungabhadrâ que l’on atteint au terme d’une petite route puis d’une piste au milieu des rizières. Le site est idyllique à souhait, au calme en pleine nature, au bord de la rivière, parmi une végétation luxuriante et les chaos de blocs granitiques qui font la beauté sauvage de la région. Les chambres sont dispersées dans des « cottages » qui s’intègrent parfaitement au paysage. Une piscine naturelle creusée dans la roche, sorte de vitrine de l’établissement, semble particulièrement accueillante par cette chaleur. On va vite déchanter...
Moins accueillante est la réception qui ne paye pas de mine et où le check-in fut on ne peut plus épique : aucune trace de notre réservation ! Finalement au milieu d’une paperasse indescriptible, on finit par la retrouver ! Le check-out sera du même acabit : on nous a confondus avec d’autres clients et fourni une facture erronée, griffonnée sur un bout de papier d’écolier. L’internet et l’ordinateur semblent des équipements incongrus ici.
Première déception. On nous attribue une chambre dite « Double cottage », une chambre sinistre, sombre, sale, avec terrasse partagée, vue sur un parking et dont l’accès était jonché de crottes de singe et de détritus. Loin des images que nous avions de l’établissement ! Nous avons donc exigé qu’on nous change de chambre dès le lendemain, et l’on nous a alors proposé une belle chambre lumineuse, dans le « Croc cottage » avec terrasse privée et une très belle vue sur la nature environnante et la rivière. Pour autant la propreté n’était pas au rendez-vous, loin de là !
La vue de notre terrasse !D’ailleurs l’entretien général laisse à désirer et la prétention « écologique » de l’établissement est une blague quand on voit trainer çà et là des déchets divers et quand les abords ne sont pas nettoyés régulièrement. L’oisiveté et la léthargie semblent être la règle de la part d’un personnel très mal managé. La piscine, quant à elle, n’invite pas à la baignade tant l’eau est douteuse! Et il ne faut pas compter sur les cinq pauvres transats aux matelas défoncés pour se reposer ! Enfin la cuisine exclusivement indienne ne laissera pas un souvenir inoubliable, une cuisine abusivement épicée de la part d’un restaurant qui reçoit des touristes européens en grande majorité. Tout cela pour un prix abusif au regard des piètres prestations. Entre un propriétaire absentéiste et un manager incompétent, la gestion de cet établissement est fort peu professionnelle. Quel dommage dans un tel site !
Nous décidons donc de ne pas déjeuner sur place et demandons à Rām de nous conduire directement sur le site de Hampi. Il faut savoir que si ce resort est relativement proche à vol d’oiseau de l’ancienne cité de Vijayanagar (ou peut même apercevoir au loin le gopuram du temple de Virupaksha), il faut au moins une bonne heure de route pour la rejoindre en voiture. En effet, le site archéologique étant situé de l’autre côté de la rivière, il faut effectuer un long détour jusqu’à l’un des deux seuls ponts situés en amont ou en aval. Mais de mon point de vue, ce n’est pas un réel problème, tant les paysages sont photogéniques à souhait. En effet les ocres de ces chaos granitiques offrent au photographe un contraste saisissant avec le vert tendre des rizières. Et ce n’est pas le même paysage que l’on voit à l’aller et au retour, car les lumières sont différentes.
Hampi côté face et côté pile
A l’instar de notre hébergement, Hampi montre un double visage.
Côté face.
Le site de Hampi est fabuleux et l'immense ensemble monumental vaut bien nos quatre jours passés sur place sans nous ennuyer. A lui seul le nom de Hampi fait rêver, et à juste titre. Les imposants vestiges de l’ancienne capitale de Vijayanagar qui s’étalent dans un des plus beaux décors naturels de l’Inde du sud, comptent parmi les hauts lieux mythiques de l’archéologie mondiale, tels que le Machu Picchu, Angkor, Ephèse ou l’Acropole d’Athènes. Une promenade vespérale sur les rives de la rivière Tungabadhra dont les méandres s’insinuent entre les blocs erratiques, est un enchantement. Les paysages époustouflants que l’on découvre du sommet d’une des collines (Hemakuta Hill, Mathanga Hill), valent bien des efforts pour y parvenir malgré la chaleur. Et que dire de l’art de Vijayanagar ? Un art accompli qui s’exprime dans un granite au grain fin (toutefois nous avons préféré les dentelles de pierre plus raffinées de l’art des Hoysala). Parmi les éléments architecturaux caractérisant le style de Vijayanagar, les yalis sont probablement les plus significatifs. Ce sont les sculptures des piliers représentant des chevaux ou des animaux fantastiques souvent montés par des cavaliers.
Le temple d’Achyuta RayaLa "chapelle" royale de Hazara Rama. Ses quatre colonnes sont composées de trois cubes dont les faces s'ornent de bas-reliefs.Cavalier ornant un yali du temple de Vitthala
Narasimha, l’homme-lion, avatar de Vishnou, la plus emblématique sculpture monolithique de Hampi A la base de Mahavanni dibba, haute plate-forme sur laquelle trônait le souverain, frises évoquant ses gloires militaires.Côté pile.
Mais il y a le revers de la médaille, ce que l’on ne voit pas, ce que ne montrent pas les galeries de photos que l’on consulte avant de préparer son voyage.
La déroute militaire de 1565 a livré l’ancienne capitale au pillage, puis elle fut oubliée et abandonnée. Aujourd'hui ce n’est plus qu’un village dédié aux touristes, connu sous le nom de Hampi Bazaar, situé à deux pas du temple de Virupaksha et où l’ambiance serait « authentique ». Or en 2017 les autorités avaient pris la sage décision de fermer Hampi Bazaar. Imaginons des restos, des maisons d'hôtes ou des boutiques sur les sites mégalithiques de Carnac classés par l'UNESCO ! Mais que les amateurs "d’authenticité" se réjouissent, nous avons pu observer que Hampi Bazaar est toujours là et bien là, avec ses guesthouses, ses boutiques, ses restos ! Les autorités ont donc dû reculer, semble-il. Et comme il se doit en Inde, le lieu est encore plus authentique, car on peut voir la face cachée de ce « village », à savoir un ÉNORME tas d’ordures au bord de la rivière. D’ailleurs, en dehors des périmètres archéologiques protégés, Hampi est une gigantesque poubelle à ciel ouvert. La Voie aux portiques, longue avenue reliant le temple de Virupaksha à une monumentale statue de Nandi à l’est, autrefois grande allée processionnelle et commerciale, est jonchée de détritus. Les anciens entrepôts et boutiques qui tiennent encore debout servent aujourd’hui de dépotoirs. Et puis à l’entrée de cette avenue, sorte de « Champs Élysées » de l’ancienne capitale, trône une inélégante structure métallique en forme de tour qui abrite un char cérémoniel. Sans parler des visiteuses occidentales que l’on peut parfois croiser, déambulant dans le temple, le short moulant au ras des fesses.
Les très nombreux visiteurs qu'ils soient indiens, occidentaux ou autres contribuent à la pollution des lieux et à la décharge sauvage au bord de la rivière, classée réserve naturelle. En effet nombreux sont les visiteurs qui séjournent dans les guesthouses de Hampi Bazar. Or s'agissant d'un aménagement illégal, rien n'a été prévu en termes de viabilisation et d'évacuation des déchets et je n'ai aucun doute malheureusement sur la destination des eaux usées...
Ah, j’oubliais de préciser que Hampi Bazaar est situé au cœur d’un site inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO !
Le temple de Virupaksha
Après le déjeuner, nous commencerons notre visite par le temple de Virupaksha. Mais pour en avoir une belle vue, prenons d’abord de la hauteur et grimpons sur la colline de Hematuka où sur un affleurement de granite se dispersent plusieurs temples très anciens.
Sur la colline de Hematuka
Un petit détour s’impose par la consigne à chaussures, puisque le temple de Virupaksha est un lieu de culte très fréquenté qui, de l’aurore au couchant, fait toujours l’objet d’un pèlerinage. Pendant l’opération déchaussage, questions traditionnelles posées fièrement par une gamine et soufflée par le père : « wherrre are you frrrrom ? what is yourrr name ? »
Ce fut le temple principal de Vijayanagar, où les rois plaçaient leur pouvoir sous la protection de Shiva. Pour l’essentiel c’est un édifice du XVIe siècle. Les pèlerins passent d’abord sous l’imposant gopuram pour parvenir dans une première cour au centre de laquelle se trouve un petit Nandi très sollicité. Quelques personnes s’activent autour d’une borne fontaine, sous l’œil impavide d’un buffle. C’est dimanche, il y a foule. N’étant pas des pèlerins, nous devons nous acquitter d’un droit d’entrée et de photo, pour accéder à la seconde cour où se trouve le sanctuaire. Hum ! Hum ! « Please our receipt ! » Un oubli ? C’est de mauvaise grâce que nos reçus nous sont donnés…
Nous sommes en admirations devant les yalis finement sculptés du mandapa, et tous différents. Il en est de même de la colonnade qui entoure cette cour. En levant les yeux on peut remarque une scène un peu particulière…
Nous ne pourrons aller plus loin, puisque le sanctuaire est inaccessible aux non-hindous. En revanche, un second gopuram marque le passage vers le bassin sacré du temple.
Dans un des recoins du temple, une offrande permet au pèlerin de se faire bénir par l’éléphant Lakshmi par un amical petit coup de trompe sur la tête. C’est un signe de porte-bonheur. Les enfants sont ravis.
Sur la rive de la Tungabhadra
Nous entreprenons ensuite une agréable balade le long de la rive de la Tungabhadra, sous la douce lumière de fin d’après-midi. La rivière se fraie un passage entre de fantastiques éboulis de rochers qui prennent des couleurs mordorées. Alors que la rivière amorce une large courbe, nous arrivons au Chakra Tirtha, un ensemble de ghâts taillés dans la roche. La roche est elle-même sculptée d’une série de lingams. De curieuses barques circulaires en osier font la joie de familles ou de couples qui voguent sur la rivière. Au loin, sur l’autre rive, on distingue les ruines de temples. En fait il vaut mieux porter son regard vers le lointain, plutôt que sur quelques détails peu reluisants …
En poursuivant notre chemin vers l’est, nous pourrions atteindre en une vingtaine de minutes le fameux temple de Vitthala. Mais il est déjà tard, nous effectuerons donc cette visite demain. Aussi faisons-nous demi-tour et retrouvons notre chauffeur qui nous attend sur le vaste parking situé près de la Voie aux portiques.
Au retour, une fête locale bloque la circulation, car il y a foule autour d’un imposant char processionnel richement décoré. C’est aussi cela l’Inde : les célébrations, les festivités, les pèlerinages.
Le temple de Vitthala
Une longue allée conduit à l’entrée de l’un des plus beaux monuments de Hampi : le temple de Vitthala. Un service de navette électrique assure la liaison. Mais ce matin une cohue attend déjà et, la notion de file indienne n’étant pas… indienne, nous préférons nous rendre à pied au temple, d’autant plus qu’il y a d’autres monuments à voir en chemin. Parmi ceux-ci, un petit temple et un bassin sacré.
Le petit mandapa de Gejalama et bassin sacré du temple de Pushkarani Nous approchons du gopuram du temple. Après nous être acquittés du droit d’entrée au tarif « préférentiel » réservé aux étrangers, ce qui nous honore de contribuer généreusement à l’entretien des lieux (il est vrai qu’il n’y a rien à dire sur ce plan), nous pénétrons dans l’enceinte sacrée. Nous ne sommes pas les seuls à admirer la pièce maîtresse de la cour. En effet un groupe de visiteurs indiens, coiffés d’une casquette rouge, s’agglutine fébrilement autour du ratha, le célèbre char de pierre tiré par des éléphants. C’est un des monuments emblématiques de Hampi qui figure d’ailleurs sur le billet de 50 roupies.
Le maha mandapa, la salle hypostyle qui précède le sanctuaire est un sommet de l’art de Vijayanagar, où les sculpteurs ont donné le meilleur de leur savoir-faire. De la base du podium au plafond, en passant par les piliers, c’est une profusion de sculptures très ouvragées. A la base court une frise mettant en scène des chevaux et leurs palefreniers, tandis que sur les yalis s’adossent des cavaliers. Ce mandapa est aussi appelé le « hall aux piliers musicaux », car chacune des sept colonnettes qui composent les piliers émet un son différent lorsqu’elle est frappée.
Le complexe royal.
Nous quittons le périmètre sacré pour l’ancienne ville royale située à l’écart, plus au sud. C’est un espace assez vaste où les sites sont assez dispersés les uns des autres. Aussi étions-nous heureux d’avoir une voiture à disposition.
Nous pénétrons d’abord dans l’enclos de Zenana : c’était l’espace des palais ; on peut encore voir le mur d’enceinte et les tours de guet bien conservés qui protégeaient le harem royal. Le plus bel édifice encore debout à l’intérieur du périmètre est le gracieux Lotus Mahal aux élégantes arcades polylobées soutenues par de massifs piliers, surmonté de structures pyramidales évoquant les shikara des temples.
Le Lotus Mahal Franchissant le mur d’enceinte par une porte, nous atteignons une vaste pelouse où se reposent quelques familles à l’ombre de grands arbres. Au fond de cette esplanade, s’allonge un immense édifice bien préservé aux allures de palais : ce sont les étables des éléphants. Comme leurs maîtres, ces pachydermes étaient traités royalement !
Les étables des éléphants Se balader tranquillement dans ces lieux très fleuris et bien entretenus fut un réel plaisir et, une fois n’est pas coutume, aucun déchet traînant à terre ! C’est à souligner !
Nous poursuivons notre visite par le musée lapidaire, puis d’autres monuments épars, mais afin de ne pas rendre indigeste la lecture de ce récit, je m’abstiendrai d’en faire l’énumération !
Balades sur les collines de Hampi.
Au matin du troisième jour, nous avons décidé de prendre de la hauteur. D’abord en faisant la brève ascension de la colline peu visitée de Malayavanta. On y vient surtout pour assister au coucher du soleil. La veille, sur la route du retour, Rām nous avait proposé de monter sur la colline du temple du dieu-singe Hanuman, située pratiquement en face du temple de Vitthala, mais de l’autre côté de la rivière. Cependant en fin de journée, bien fatigués de nos visites, la vue de ces 575 marches ne nous a pas enthousiasmés outre mesure ! Cette petite colline constituée d’un amas de gros blocs de granite sera donc une belle alternative. Nous grimpons par une faille jusqu’au sommet couronné par les ruines d’un temple dédié à Rama (un clin d’œil à notre chauffeur !), le septième avatar de Vishnou. D’ailleurs c’est une flèche décochée par Lakshma, le frère de Rama, qui aurait creusé la faille. On s’en serait bien douté, évidemment! Nous remarquons au passage des encoches taillées dans la roche, sans doute en vue de son extraction. D’en haut nous bénéficions de belles vues sur les amoncellements de roches de Hampi et sur le temple de Malayavanta situé en contrebas. Ces ruines et ce paysage ont semblé suffisamment romantiques à un jeune couple en train de poser pour leurs photos de mariage !
En haut à gauche: la colline de Hanuman ; en bas à droite: le temple de Malayavanta.Le temple d’Achyuta Raya et la colline de Mathanga
Du parking nous empruntons la Voie aux portiques sur toute sa longueur jusqu’au Nandi monumental qui regarde le gopuram du temple de son maître Shiva. Nous gravissons alors une série de marches qui nous conduisent sur un sentier, lequel s’insinue entre les chaos de roches jusqu’à un petit col. A partir de là apparaissent en contrebas les ruines du temple d’Achyuta Raya, du nom du roi qui en ordonna la construction au XVIe siècle. Il est situé dans un site est superbe, isolé et sauvage, blotti entre deux collines, avec une cocoteraie en toile de fond. Une atmosphère de sérénité hors du temps.
Par un sentier très escarpé nous grimpons sur la colline de Mathanga au pied de laquelle le temple est situé. A mesure que nous prenons de la hauteur la vue sur les ruines, les rochers, les cocotiers et au loin la rivière, devient de plus en plus éblouissante. Toutefois nous renoncerons à l’escalade terminale jusqu’au sommet, la fin du parcours étant très peu sécurisée, et sur ces rochers, il y a du gaz !
Par le même sentier nous redescendons vers le temple, puis nous empruntons la longue allée qui relie celui-ci à la rivière que nous suivrons un moment avant de rejoindre le parking.
Avec cette belle balade en boucle d’environ deux heures, ce fut Hampi « côté face » ! Ce site enchanteur est à mon avis le plus beau de l’ancienne capitale.
A gauche: la Voie aux portiques; à droite: le temple d’Achyuta
Raya, Le temple d’Achyuta
Raya vu de la colline de MathangaRandonnée matinale à Hampi's Boulders
Pour le dernier jour à Hampi, nous décidons de rester à Hampi’s Boulders pour profiter de ce site merveilleux et nous reposer. Aussi donnons-nous congé à notre chauffeur pour la journée, malgré son insistance pour nous conduire quelque part. Donc pour lui ce sera une journée de repos bien méritée, d’autant plus que nous avons une longue route à faire le lendemain vers l’extrême nord du Kanataka. Il dispose d’ailleurs d’un logement sur place, ce qui apparemment semble exceptionnel au Karnataka. À l’exception de Red Earth Kabini, ce fut le seul établissement à fournir un logement pour les chauffeurs. Quand il n’y a pas cette possibilité, le forfait journalier de location de voiture avec chauffeur prévoit le gîte et le couvert pour ce dernier. C’est ce que m’avait confirmé l’agence. Or nous avons pu constater à plusieurs reprises que Rām dormait dans sa voiture sur les parkings des l’hôtels. Est-ce par mesure d’économie ? Sans doute. Lors de notre circuit au Rajasthan, notre chauffeur avait été partout logé par les établissements hôteliers.
Hampi’s Boulders propose des petites randonnées pédestres aux abords de la rivière. Le problème est qu’il n’y a aucune indication, ni balisage et le personnel ne semblait pas très informé.
Nous avons donc dû faire une recherche d’itinéraire pour trouver le départ du sentier vers le belvédère promis. Il a fallu se faufiler dans des passages très étroits entre de gros rochers. Puis une escalade facile grâce à des marches taillées dans la roche nous a permis de nous hisser sur une petite plate-forme aménagée. De là, vue imprenable sur les rizières en contrebas. Nous ne sommes pas les seuls visiteurs du lieu, mais ceux-là n’ont eu aucun mal à trouver leur chemin !
La Tungabhadra, entre rapides et
rochers.
Une série de passerelles de bambou surplombant les rochers et les multiples bras de la rivière permet d’accéder à une île. L’érosion a créé des formes tourmentées dans ces chaos de blocs : marmites de géants, alvéoles que les géomorphologues nomment taffoni. Un sentier grimpe sur une colline parmi une végétation dense. Au milieu de nulle part apparaît une construction biscornue digne d’un conte de fée ou du roman de Tolkien. Il s’agit d’un restaurant de notre hôtel complètement à l’abandon qui a dû connaître des jours meilleurs. Peut-être n’a-t-il jamais été ouvert étant donné la difficulté d’accès ? L’architecte a très audacieusement mobilisé les reliefs du roc pour aménager diverses salles, un bar et même une piscine. Nous parvenons à la terrasse sommitale par un dédale de souterrains et d’escaliers. La récompense, bien sûr, c’est une vue à couper le souffle !
Bilan de notre séjour à Hampi
Finalement la pièce sera tombée du côté face ! Malgré les désagréments soulignés, le site ne mérite pas un détour, il vaut le voyage tant par la splendeur de ses paysages que par la richesse de son patrimoine historique ! Ces ruines, ces monuments prestigieux dans ce fabuleux décor, quelles merveilles ! Une saturation de temples ? Même pas ! Hampi est certes très fréquenté, mais le site est si vaste que la masse des visiteurs est diluée dans l’espace, sauf à de rares endroits comme le temple de Virupaksha ou au restaurant à l’heure du déjeuner. Par exemple nous n’avions pas croisé grand monde dans le temple d’Achyuta Raya et sur la colline de Mathanga. Sur ce plan, Hampi n’est ni Angkor, ni Florence ! En définitive, Hampi sera sûrement un des sommets de notre voyage en Inde du sud.
Dernier lever de soleil depuis notre "cottage"