Monastères, volcans et condors

Après Lima, notre voyage se poursuit vers le sud du Pérou. C'est le deuxième volet du récit de notre périple d'un mois en Amérique andine, entre culture et nature.
Du 3 au 9 novembre 2014
7 jours
3
nov
La Plaza de Armas et la cathédrale d'Arequipa

Nous quittons Lima en fin de matinée pour Arequipa par un vol d’une heure et demie. A notre gauche : la Cordillère des Andes ; à notre droite : le désert littoral. Peu avant l’atterrissage, nous survolons les majestueux cônes volcaniques encapuchonnés de neige

Un beau ciel bleu et une ambiance méditerranéenne nous accueillent quand nous débarquons en ce début d’après-midi, cette région bénéficiant d’un climat sec et ensoleillé. Une navette nous conduit à notre hôtel avec d’autres voyageurs, une clientèle d’affaires pour la plupart. La ville n’offre pas d’emblée un aspect des plus séduisants. Avec plus d’un million d’habitants c’est la deuxième ville du pays, toutefois dix fois moins peuplée que la capitale, mais avec la même gangue de banlieues interminables et laides qui enserre le centre historique et touristique, lequel a heureusement beaucoup plus de charme.

Nous resterons quatre nuits au Libertador (*), un hôtel très bien situé, dans un quartier calme et aéré sur une hauteur de la ville, à quinze minutes à pied du centre historique. Ici encore ce fut une belle expérience culinaire. Nous étions les chouchous d’une des serveuses qui avait décidé d’apprendre un peu de français avec nous.

(*) Aujourd'hui c'est un hôtel de la chaîne Costa del Sol.

La chaleur estivale de ce premier jour est trompeuse. En effet la ville étant située à 2 300 mètres d’altitude, dès que le soleil décline (vers 18 heures), la température chute rapidement. Nous l’avons constaté à nos dépends le premier soir quand, insuffisamment habillés, nous avions regagnés à pied notre hôtel.


La Plaza de Armas encadrée d'une double rangée d'arcades


Plazuela San Francisco 


Taxis dans la calle Santa Catalina 


Arequipa n'est pas qu'une ville blanche... 

La « ville blanche »

Contrairement à Cuzco à l’architecture métissée et où domine le rouge des toitures, Arequipa, c’est la « ville blanche » sur fond de ciel d’azur, à l’architecture résolument coloniale et baroque, évoquant quelque ville méditerranéenne. C’est ce qui fait le charme de son centre historique, autour de la Plaza de Armas. Comme sa consœur cuzquénienne, elle est classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Sa blancheur quasi immaculée est due à la couleur de la pierre volcanique, le sillar, qui a servi à la construction des édifices. Cette pierre est finement sculptée de motifs floraux tropicaux, de figures de la mythologie inca, d’angelots coiffés de plumes, etc. Les façades des édifices religieux arborent une véritable dentelle de pierre dans le style que l’on nomme churrigueresque, le baroque espagnol du XVIIe siècle. Les maisons coloniales aux balcons de fer forgé rivalisent dans la sculpture des frontons de leurs portails.

Les trésors d'Arequipa


Le sillar, une pierre volcanique poreuse facile à sculpter


Balcons en fer forgé, cornique, piliers cannelés chapiteaux ioniques de la Casa Goyeneche 


Fronton richement orné de la casa  Tristan del Pozo (ou Casa Riquetts)


Détail de la façade principale de l'église de la Compañía: exubérance d'un icocographie métisse dans  style chirrigueresque

Le Monasterio Santa Catalina.

C’est le trésor d’Arequipa. S’il n’y avait qu’un seul lieu à voir absolument c’est ce monastère, une véritable ville dans la ville, édifié dès la fin du XVIe siècle, dédié à Sainte Catherine de Sienne et destiné aux cadettes des grandes familles. Dès que l’on a franchi le seuil, on est invité à respecter le silence. Il nous aura fallu pas moins d’une matinée entière pour déambuler dans ce labyrinthe de couloirs, de ruelles aux noms évoquant des villes d’Espagne, de patios, cloîtres, cellules, chapelles et recoins, jusqu’à la pinacothèque aux très riches collections. Un lieu de toute beauté et de sérénité, où il est bon de prendre son temps, une invite à la méditation.







Adoration des bergers et Christ de l'école de Cuzco. 

Le Museo de Arte Virrenal Santa Teresa.

Ce musée apparemment peu visité est en réalité un monastère carmélite qui conserve et expose des collections d’art colonial et religieux de l’époque de la Vice-Royauté. Nous y sommes restés une petite heure et étions quasi seuls pour profiter de l’ambiance de quiétude de son joli cloître fleuri, orné d’une fontaine et admirer un certain nombre d’œuvres de l’école de Cuzco, une étonnante crèche baroque en bois peint et doré, grouillante de personnages et surtout la salle capitulaire entièrement recouverte de fresques murales exquises aux motifs floraux et bucoliques, dans un état de conservation remarquable.



Fresques de la salle capitulaire  (XVIIIe siècle) 


 Vierges de l'École de Cuzco. À droite: la "Vierge-montagne"  qui évoque la Pachamama dans la tradition andine.

L’Iglesia de la Compañia de Jesús.

La façade baroque de la plus belle église d’Arequipa est le modèle le plus achevé de la sculpture de style churrigueresque. Il y avait une cérémonie au moment où nous voulions visiter l’intérieur, donc nous ne nous y sommes pas attardés. En revanche nous avons attendu l’ouverture de la Capilla San Ignacio et nous avons bien fait, car c’est un chef-d’œuvre. La coupole et les murs sont entièrement recouverts de fresques aux couleurs chatoyantes représentant des scènes naïves dans la profusion d’un éden tropical. Nous n’avons pas manqué de faire un tour dans les deux cloîtres attenants à l’église dont les piliers sont eux aussi finement et abondamment sculptés dans le sillar. Dans ces havres de paix, sont aujourd’hui hébergés boutiques et restaurants.

Le portail de l'église de la Compañía 
Frontons de la façade et du portail latéral de l'église de la Compañía 


Les cloîtres de l'Iglesia de la Compañía 


Fresques de la coupole de la chapelle San Ignacio  

Le couvent de la Recoleta

Encore un monastère, situé celui-ci, à l’écart du centre historique, sur l’autre rive du Rio Chili, accessible à pied par le Puente Grau. « Un délicieux havre de paix, avec ses quatre cloîtres aux colonnes de sillar et aux ravissants jardins », selon le Guide Vert. Oui, mais une fois n’est pas coutume, nous étions loin d’être seuls, puisque des groupes de scolaires avaient investi les lieux. Rien à redire à cela, bien au contraire, ravis de constater que des jeunes puissent s’intéresser à leur patrimoine. Mais voilà, ceux-ci se sont révélés particulièrement bruyants et indisciplinés et leurs professeurs avaient bien du mal à capter leur attention. Bien plus intéressant était de faire des "selfies" que de regarder les vitrines consacrées à l’art précolombien ! De ce point de vue au moins, nous n’aurons pas été trop dépaysés… Cela a surtout perturbé la visite de la très belle bibliothèque, principal centre intérêt de ce monastère, laquelle conserve des cartes et ouvrages souvent anciens.



Céramiques précolombiennes 

Les "casonas"

Au hasard de nos flâneries dans les rues du centre historique, on ne peut que remarquer la splendeur architecturale d’un grand nombre de demeures patriciennes des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment leurs portails baroques ouvragés. Parmi ces maisons coloniales, deux méritent une attention.

La Casa Tristan del Pozo (ou Casa Ricketts)

À une cuadra de la Plaza de Armas, calle San Francisco, on ne peut manquer le monumental portail sculpté de cette maison qui héberge aujourd’hui quelques services. L’entrée étant libre, nous avons pu jeter un coup d’œil rapide à ses deux patios.

La Casa del Moral

C’est à un mûrier centenaire (moral) qui trône au centre du patio principal de cette demeure baroque doit son nom. Tout autour de ce patio une succession de salles présentent du mobilier colonial et quelques peintures de l’école de Cuzco. La visite est intéressante, mais sans plus.

Petite escapade rurale autour d’Arequipa.

Un taxi affrété par l’hôtel nous permit de découvrir au cours d'une matinée les environs immédiats de la ville. Notre chauffeur qui parlait un peu anglais s’est montré très sympathique et nous a servi de guide. Une balade intéressante pour les vues sur la ville et les volcans environnants, ainsi que pour deux belles églises coloniales en sillar .

Arrêtons-nous d'abord au Mirador de Yanahuara. Nous sommes dans la banlieue d’Arequipa. Une terrasse ornée d’arcades en sillar offre une vue assez moyenne sur la ville et les volcans. Non loin de là, la petite église baroque toute blanche ne manque pas d’allure.

Église de Yanahuara (XVIIe siècle) 

Un peu plus loin, sur la place centrale de Cayma, l’église San Miguel Arcángel (XVIIIe siècle) montre sur sa très belle façade une profusion de motifs métisses sculptée dans le sillar. A l’intérieur, on remarque le contraste entre l’austérité de la lourde voûte en berceau et les ors du retable.

lLéglise San Miguel Arcángel (XVIIIe siècle) 

La matinée se terminera par une balade bucolique vers le Mirador de Cayma. Celui-ci, bien plus intéressant que le belvédère de Yanahuara, permet d’admirer les majestueux volcans qui dominent la ville : le Misti (5825 m) et Nevado Chachani (6 075 m). Le paysage est verdoyant, car les reliefs andins dispensent généreusement l’eau nécessaire à l’agriculture irriguée.

Cette agréable escapade fut avant-gout de notre excursion du lendemain vers l'altiplano.

6
nov

Journée d’excursion vers la Laguna de Salinas au départ Arequipa. Ce lac salé situé sur l’altiplano à 4 300 mètres d’altitude fait partie de la Reserva Nacional Salinas y Aguada Blanca. Il est rarement visité. Nous serons donc absolument seuls ce jour-là, ce qui ne sera pas le cas des jours suivants, hélas ! Nous nous sommes adressés à l’une des nombreuses agences en ville situées sur la Plaza de Armas. Il nous a été proposé un tour privé.

Départ initialement prévu à sept heures, mais notre chauffeur, pris dans les embouteillages habituels, est arrivé avec une demi-heure de retard. Il se prénomme Julian et s’est fait accompagner d’un cousin en tant second chauffeur. Après avoir traversé l’immense banlieue sans charme d’Arequipa, la route grimpe progressivement entre les flancs du Misti (5 825 m) et du Picchu Picchu (5 571 m). Nous aurons toujours ces deux volcans en ligne de mire tout au long de cette excursion.

Le volcan Misti 

Premier arrêt au petit village indien de Chiguata où nous rencontrons de jeunes enfants joyeux sur le chemin de l’école qui nous gratifient d’un salut amical. Julian achète un sac rempli de feuilles de coca, que son cousin et lui, vont mâcher tout au long de la montée. C’est la manière andine de combattre le soroche, le mal aigu des montagnes (MAM).

Chiguata 

La piste est assez pénible et poussiéreuse. On croise de nombreux camions qui descendent leur cargaison de sel en provenance du salar, ce qui oblige à s'arrêter souvent. De multiples virages en épingle à cheveux nous font rapidement gagner de l’altitude et nous atteignons le col et le mirador d'Arequipa à 4 500 m où nous nous arrêtons. Devant nous, face au Misti, s’ouvre un paysage qui semble sans limite.

Le Misti 

On rencontre une forme de végétation spécifique de l’altiplano : le llareta (Azorela Compacta), à croissance très lente (2 mm par an), qui ressemble de loin à de la mousse mais qui est dur comme la pierre. On remarque sur le versant du col de nombreuses offrandes à Pacha Mama, la déesse-terre, sous la forme de bouteilles de vin ou de petits édicules de pierre sèche. Mais à cette altitude, la respiration est courte et la tête est lourde ! Aussi limitons-nous nos efforts. Malgré les trois jours passés précédemment à Arequipa, à 2 300 mètres d’altitude, nous ne nous sommes pas encore suffisamment acclimatés. Ceci dit nous ne ressentons aucun symptôme du MAM (maux de tête, nausées).

Vue sur le Misti depuis le mirador d'Arequipa à 4 500 m d'altitude. Au premier plan : un "coussin" de llareta.


Offrandes à Pacha Mama 

La Laguna de Salinas apparaît enfin, mais évidemment en cette fin de saison sèche, le lac est sans eau et se réduit à une étendue de sel, donc pas de flamant rose ou autre oiseau aquatique andin. En revanche, vigognes, lamas et alpagas en nombre.




Lamas et alpagas 


Vigognes 

Après une courte balade sur la salar, au cours de laquelle Madame s'est malencontreusement embourbée, nous nous dirigeons vers les sources chaudes (aguas termales), près desquelles nous faisons une pause pique-nique tout en discutant avec nos sympathiques chauffeurs, ou du moins en essayant de le faire, dans un espagnol très approximatif. Nous savourons ces instants de plénitude devant ces paysages grandioses et de toute beauté. Au loin le volcan Ubinas (5 670 m) continue sa grosse colère, laquelle avait débuté quelques mois auparavant.



Aguas thermas  




Le volcan Ubinas en éruption 

Une journée fantastique, qui fut un de nos temps forts au Pérou et qui nous aura permis de bien nous acclimater avant d’affronter de plus hautes altitudes le lendemain sur la route du canyon du Colca, d’autant plus que nous redescendrons dormir ce jour-là à Arequipa, soit 2000 mètres plus bas.


7
nov
Vue plongeante sur le village de Chivay au fond du canyon du Colca, dominé par le massif volcanique du Mismi à l'arrière-plan.

Vers huit heures, un minibus vient nous prendre à notre hôtel avec d’autres touristes, mais nous ne quitterons la ville qu’une heure plus tard, après avoir subi les embouteillages habituels dans cette grande agglomération saturée par la circulation.

Avec ce tour, parfaitement huilé et orchestré, on a vraiment le sentiment d'être des "pax" selon le jargon de l'industrie touristique, car nous sommes bien au cœur de ladite industrie, celle du tourisme de masse. Présentation des membres de notre petit groupe, une quinzaine de personnes de toutes nationalités y compris péruvienne, jeunes pour la plupart. Notre guide nous présente le programme, donne quelques consignes, explique comment mastiquer les feuilles de coca et nous envoie à tout bout de champ des "friends ! " et des "amigos ! ". Enfin c'est lui qui collecte l'argent du "boleto turistico" pour les droits d'entrée des gringos au parc national du Colca.

Un itinéraire parfaitement balisé par des haltes chronométrées aux endroits stratégiques, lesquels sont investis par les inévitables étals de camelote proposée au chaland par des vendeuses, en costume local bien évidemment. D'ailleurs le premier arrêt a lieu, comme par hasard, dans un petit centre commercial près de l’aéroport entièrement dédié aux tourisme, à l’instar des aires de service sur nos autoroutes ! Ça promet !

Nous traversons d'interminables banlieues déshéritées constituées de bidonvilles "consolidés", c'est-à-dire en dur, mais sans voirie, ni accès à l'eau et à l'électricité. C'est ce que nous explique notre guide, parmi une foule d'autres informations intéressantes sur cette région, au cours de son abondant discours quasi ininterrompu en deux langues (espagnol/anglais). Un laïus bien rôdé, qui devient soûlant à la longue, surtout quand la fatigue s'installe avec l'altitude.

Parce que de l'altitude, nous en gagnons rapidement par cette route de montagne en lacets, encombrée de camions, qui offre différentes vues sur les volcans que nous avions admirés les jours précédents : le Misti et le Chachani. Nous traversons de nouveau la Réserve nationale de Salinas et Aguada Blanca que parcourent des vigognes dont la robe de couleur ocre se confond avec le milieu ambiant.



À mi-chemin nous nous arrêtons au lieu-dit Pataguas où se trouve la forêt de pierre de Puruña, sculptée par l'érosion. Une brève halte qui nous permettra de prendre un maté de coca. Ici se situe la bifurcation pour Puno que certains voyageurs prendront au retour.

La photographe et l'objet de son cadrage

Nous traversons ensuite une plaine de bofedales (zones humides) où l’on peut observer alpagas, lamas et différentes variétés d'oiseaux dont de nombreux migrateurs. La route continue de grimper en direction du col de Patapampa, le point culminant du trajet à 4 900 mètres d’altitude, c'est-à-dire plus haut que le Mont Blanc, quand soudain un de nos compagnons de route, un Brésilien, s'effondre les yeux révulsés ; grande frayeur de sa compagne et de nous autres : une victime du mal des montagnes. Heureusement notre guide a tout de suite eu les bons gestes à son égard (de l'utilité d'un guide en ces occasions) et lui a permis de retrouver ses esprits. La question du MAM n'est pas à prendre à la légère. Les voyageurs qui ont été malades sur ce trajet ne sont pas rares, souvent dans le cadre d’un voyage express de moins de deux semaines au Pérou qui sont montés trop rapidement de la côte la côte pacifique à l'altiplano.

Une zone humide en plein désert


Un troupeau d'alpagas 

Du mirador de Patapampa, le panorama est étendu sur l'altiplano et les volcans alentour. On peut voir en particulier les sommets enneigés des volcans actifs Ampato (6 288 m) et Sabancaya (5 967 m) et au loin, au-delà du canyon, la cordillère de Chila avec le Mismi (5 597 m), considéré comme le lieu où fleuve Amazone prend sa source. Mais difficile de profiter pleinement du paysage à cette altitude où le souffle est court, dans l’agitation de cette cohue. Le site est parsemé d'apachetas, des petits cairns dédiés aux apus, les divinités des montagnes.

Le mirador de Patapampa et ses "apachetas". Au loin le volcan Mismi.

Après le col, commence une descente vertigineuse vers le canyon avec une vue plongeante sur le village de Chivay (image d'introduction de l'étape). Nous poursuivons la route au fond du canyon jusqu'au village de Yanque à 3 400 mètres d’altitude. C’est ici que se situe notre hébergement, le Killawasi Lodge. Nous recevons un excellent accueil de la part des sympathiques propriétaires qui nous servent le déjeuner malgré l’heure tardive : une cuisine simple, locale et délicieuse. Puis, fatigués, nous nous reposons dans ce havre de paix tout en contemplant ce fabuleux paysage de montagne depuis le balcon de notre chambre, le lodge étant situé à l’écart du village quasiment au bord du canyon.


8
nov

Yanque est un paisible village poussiéreux blotti sur sa terrasse alluviale au bord du canyon et dominé (et menacé) par le volcan Sabancaya, en activité éruptive. Dès que l’on quitte la grande place centrale, quasi vide, les quelques rues droites bordées de pauvres masures aux épais murs de pierre ont peu de charme. Nous en aurons vite fait le tour, car hormis sa jolie église coloniale et un modeste musée, il n’y a rien à voir. Nous décidons de visiter ce dernier. L’accueil est charmant et on n’hésite pas à vous donner des explications tout en s’excusant de parler mal l’anglais. En fait la visite sera rapide, car en dehors d’une copie de la momie Juanita d’Arequipa (que nous avions refusé de voir), de maquettes de toutes les églises du Colca (bof !) et quelques beaux tissus indiens, les collections sont pauvres. (Attention de ne pas le confondre avec un autre « musée » privé assez hétéroclite).

Yanque: la place centrale 



Yanque: l'église  de la Immaculada Concepcíon.


Nous poursuivons notre balade en direction du canyon. Tiens ! Une décharge sauvage ! Voilà qui gâche la vue ! Sauvons-nous et retournons au lodge pour profiter de notre balcon et nous reposer un peu.



Dans l'après-midi, après les fortes chaleurs, une randonnée guidée d'environ trois heures est prévue, en compagnie d’un jeune couple de Lima qui s’est fait attendre. Les alentours du village ne manquent pas de sites pré-incas plus ou moins intéressants. Nous verrons d’abord d’anciennes terrasses de cultures disposées en amphithéâtre puis, au niveau d’un pont vertigineux au-dessus de la gorge du Colca, des sépultures creusées dans la roche. Mais le but principal de cette randonnée est la visite des ruines pré-incas d’un village de la culture collagua, Uyu Uyu. L’intérêt est moyen, notamment du fait d’une restauration un peu trop voyante. Sans doute est-ce pour développer un nouveau lieu touristique avec guichet, maison des visiteurs et tutti quanti. En revanche on a de belles vues panoramiques sur les terrasses de cultures et le village de Yanque sur l’autre rive du canyon. Au retour, nous passons par les thermes de Yanque, situés sur les rives du Colca, mais au vu de la densité humaine qui pataugeait dans ces mini-bassins aménagés, nous avons renoncé à prendre un bain, d’autant que le jour commençait à décliner rapidement.


Anciennes cultures en terrasses  disposées en amphithéatre



Ruines d'Uyu Uyu, un village pré-inca de la culture collagua


Yanque, sur sa terrasse alluviale. 
9
nov

En tout début de matinée un minibus vient nous prendre en charge : nouveau guide, nouveaux passagers. Certains sont en retard, il faut les attendre… La ponctualité, forme élémentaire de politesse, ne semble pas très en vogue par ici ! Donc départ avec près d’une heure de retard pour la Cruz del Condor. Le guide nous prévient que nous devrons arriver suffisamment tôt pour avoir une chance d’observer le vol majestueux du Condor, en tout cas c’est ce qu’il voudrait nous faire croire. Arrivés au fameux belvédère il y a foule ! Un alignement de cars et minibus par dizaines ! On attend le mythique oiseau. Après de longs moments de patience, en voici un qui enfin apparaît ! On mitraille à tout va. Photos faciles, surtout avec le mode rafale ! Et puis au bout d’un peu plus d’une heure, juste au moment de repartir, un beau cadeau nous est offert : un condor majestueux nous salue en nous gratifiant d’un long vol-plané au-dessus de nos têtes. Tiens ! C’est curieux cette synchronisation parfaite entre le vol des condors et le timing des tour-opérateurs ! Et pourquoi ne les voit-on que de ce belvédère aménagé ? Mais je pose trop de questions !


Au retour nous passons par plusieurs villages, notamment Achoma avec sa belle église coloniale, mais aussi les inévitables étals de produits « artisanaux » et autres pacotilles du plus mauvais goût ! Le guide, beaucoup plus intéressant que celui de la veille, nous explique les paysages depuis l’un des nombreux belvédères qui dispensent des vues panoramiques sur les terrasses agricoles pré-incas du canyon du Colca. Nous apprendrons notamment que deux cultures se sont côtoyées : les Collaguas qui étaient de l’ethnie quetchua et les Cabanas, d’origine aymara.



Achoma 

Vers midi, dernière étape à Chivay où nous déjeunons dans un restaurant TRÈS touristique et TRÈS bruyant, avant de rentrer à Arequipa par la même route qu’à l’aller.


Impressions sur le Canyon du Colca.


Alors « inolvidable Colca », inoubliable Colca, pour reprendre la formule de présentation de ce tour ? On l’aura peut-être compris, cette partie de notre voyage ne nous a pas particulièrement emballés, n'avons pas été éblouis par le canyon du Colca. On le compare parfois au Grand Canyon du Colorado, car il serait plus profond. Cette comparaison n’a pas de sens car si son congénère nord-américain est une merveille géologique, le Colca est davantage un paysage culturel façonné par des siècles de civilisations, comme en témoignent les cultures en terrasses. Quant aux condors, on sera quasi certain de les voir, puisqu'ils sont nourris par les autorités locales ! Mais on vous fera croire que vous serez chanceux si vous parvenez à les observer ! Vous serez également certains de voir des centaines de vos semblables, des Yankees en grande majorité, excessivement bruyants, qui passent leur temps à faire des "selfies" et qui pour certains se fichent pas mal des volatiles.

Une des raisons de notre déception tient sans doute à cette mise en scène pseudo-andine et tout ce mercantilisme exacerbé qui va avec ! Je pense que l'intérêt de ce canyon réside plutôt dans les trekkings que l'on peut y faire.


La suite de notre voyage est ici:

De l'océan Pacifique au lac Titicaca