30 janvier - 1er février 2020
Au cours de notre escale de 2016, nous n’avions malheureusement pas pu voir le Louvre Abu Dhabi dont l’ouverture prévue n'avait pas pu avoir lieu, suite à des retards dans les travaux. Il sera finalement inauguré l’année suivante, le 8 novembre 2017. Début 2020, juste avant la pandémie, un autre voyage en Inde vers Bangalore, nous donnera une nouvelle occasion de faire une courte escale à Abu Dhabi qui nous permettra enfin de visiter ce musée.
Arrivés en soirée, un taxi nous conduit au Corniche Hotel Abu Dhabi, un superbe établissement à prix modéré très bien situé, à deux pas de la fameuse Corniche, ainsi que son nom l’indique. Nous n’avons pas profité de sa piscine, en revanche nous avons apprécié nos dîners à la terrasse sommitale de l’un de ses trois restaurants. Nous avons donc fait le choix, cette fois-ci, de loger au centre-ville. Aménagée en bord de mer et ombragée d’arbres tropicaux, la Corniche est un lieu de promenade pour piétons et cyclistes. Nous nous y baladerons en soirée. Il y a de l’animation, entre jeux d’enfants, attractions et divers stands. Atmosphère sympathique et bon enfant.
Le Louvre Abu Dhabi
Le lendemain matin, un taxi commandé à l’hôtel vient nous prendre en charge pour nous conduire en quelques minutes au Louvre Abu Dhabi. Il est situé sur l’île de Saadiyat, en bord de mer, face au port Zayed. À l’arrivée, une belle promenade en front de mer, plantée de palmiers, nous mène jusqu’au dôme du musée qui émerge à peine au-dessus des flots, les divers bâtiments de l’édifice d’une blancheur éclatante étant entièrement entourés d’eau. C’est magnifique !
Ce musée est un projet né en 2007 quand la France et les Émirats Arabes Unis ont signé un accord de partenariat sans précédent dans le domaine culturel pour créer le premier musée universel du monde arabe. La France apporte son expertise en matière de conception et d’acquisitions, ainsi que le prêt de chefs d’œuvre extraits des collections des Musées nationaux, le Louvre notamment mais aussi le Musée d'Orsay, le Centre Pompidou, le Musée du Quai Branly, etc.
Ce qui fait la singularité du Louvre Abu Dhabi c’est sa conception et son architecture. D’un point de vue conceptuel, le musée explore ce qu’il y a d’universel dans l’humanité, selon un parcours chronologique qui transcende les cultures, les civilisations et la géographie. Sur le plan architectural, il a été fait appel à Jean Nouvel qui a conçu un audacieux écrin pour les collections du musée. La pièce maîtresse est une très vaste coupole argentée, caractéristique de l’architecture arabe, qui semble flotter au-dessus de l’espace muséal. Un réseau complexe de 7 850 étoiles superposées sur plusieurs couches, dont le motif se répète sous différentes tailles, filtre les rayons du soleil. Cela crée un effet saisissant connu sous le nom de « pluie de lumière » qui fait écho aux palmiers des oasis quand leurs feuilles interceptent la lumière éclatante du soleil et la diffusent au sol.
Le musée expose environ six cents chefs-d’œuvre et artefacts tirés de la collection permanente : pièces archéologiques, objets d’art décoratif, sculptures néo-classiques, peintures des maîtres modernes et commandes contemporaines. Elles sont disposées dans onze galeries selon un ordre chronologique et une thématique spécifique à chacune d’entre elles : Mémoire des signes ; Premiers grands pouvoirs ; Civilisations et empires ; Religions universelles ; Les routes asiatiques des échanges, etc… jusqu’ à la Modernité en question dans la dernière galerie.
Dès la première salle, le ton est donné, avec trois statuettes sur un thème universel : la maternité. Un bronze égyptien représentant Isis allaitant son fils Horus (vers 800 - 400 av. J.C.) ; une Vierge à l'Enfant du XIVe siècle en ivoire; une figure de maternité de la culture Yombé provenant de la République démocratique du Congo (XIXe s.).
Un thème universel: la maternité. Isis allaitant Horus, Vierge à l'Enfant et maternité "phemba"Premiers villages
Vers 10 000 ans avant notre ère, au Proche-Orient, en Chine et en Amérique centrale, apparaissent les premières communautés villageoises en relation avec la domestication des plantes et des animaux. Malgré leur diversité géographique, elles semblent partager des croyances et des rituels communs, autour du culte des ancêtres. La représentation humaine se développe, à l'image de cette figurine féminine qui évoque des préoccupations liées à la fertilité.
Femme vêtue d'une robe de laine, vers 2300 -1700 av. J.C., Bactriane (Asie centrale ), chlorite & calcite, H = 25,3 cmQuelques œuvres "coup de cœur"
Bateau funéraire avec son équipage, Moyen Empire, Égypte
Coffret reliquaire aux Rois Mages (vers 1200), Limoges, cuivre, émail champlevé Aiguière à tête de coq (XIIe - XIIIe s.), Iran, céramique peinte sous glaçure, décor réticulé. Aiguière indienne sertie en Italie (vers 1640), Gujarat (Inde), nacre, cuivre doré, turquoises, grenats.
Aiguières
Portrait funéraire. L'homme à la coupe (vers 225 - 250 après. J.C.), Égypte, période romaine
Cheval de Bactriane (VIIIe s.), Chine, dynastie Tang, céramique glaçurée
Céramiques: coupes aux cavaliers, décor aux sept couleurs, (XIIe - XIIIe s.), Kashan, Iran Religions universelles
En s’adressant à toute l’humanité sans distinction, le bouddhisme, le christianisme et l’islam dépassent les particularités culturelles locales et transforment en profondeur les sociétés issues de l’Antiquité.
Shiva dansant et écrasant l'ignorance (Xe s.), Tamil Nadu, bronze; plat de reliure représentant le Christ en majesté (XIIe s.), Limoges, bois, émaux sur cuivre; Christ montant ses plaies (XVIe s.), bois peint, Bavière ou Autriche;
Religions universelles
Giovanni Bellini, Vierge à l'Enfant (1480-1485), VeniseCosmographie
Cette galerie montre à travers des astrolabes, cartes, globes terrestres, tableaux et autres objets, comment vers 1500 de grands voyageurs comme Ibn Majid, Zheng He et Christophe Colomb, en faisant le tour du globe, ont mis en relation directe des terres restées jusqu’alors éloignées ou inconnues les unes des autres. Les sociétés entrent alors en lien dans un système d'échanges à l'échelle planétaire, une première forme de globalisation.
Plat figurant un bateau européen (XVIIe s.), Iznik, Turquie; paravent cartographique (vers 1690), Japon; Vincenzo Coronelli, détail d'un globe terrestre illustré (1697), Venise
Cosmographie Parmi les œuvres prêtées par les Musées nationaux français
Musée du Louvre: Ramsès II, Tanis (XIIe s. av. JC). Archer perse, Suze, 510 av. J.C. Ariane endormie (fin IIIe - début IIe siècle av. J.C.),
Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon: J.-L. David: Bonaparte. Le franchissement les Alpes le 20 mai 1800 (1803)
Berthe Morisot, L'hortensia, 1894; Paul Sérusier, La lutte bretonne ,1890-91 (Musée d'Orsay)
Auguste Rodin, Le Penseur '1880), Musée Rodin, Paris Œuvres contemporaines
A gauche: Claudio Parmigiani, Pittura pura luce (peinture pure lumière) (1968), Centre Pompidou.
À droite: Thomas Schütte, Grosse Geist N°7 (1996), fonte d'aluminium). Accroché au mur: Kazuo Shiraga, "Chirisei Kyubiki", Japon (1960)
Nous sommes restés six heures à admirer les riches collections de cet éblouissant musée, ainsi que l’exposition temporaire (Dix mille ans de luxe), mais aussi à nous balader dans le patio et les recoins de cette « ville-musée », comme si l’on flânait dans les rues étroites d’une médina arabe, ou le long des allées extérieures face à la mer, entre ombre et lumière. En milieu de visite nous avons profité d’une agréable détente à l’élégante terrasse extérieure de l’Art Lounge, autour d’une boisson fraîche et d’un plateau de fruits de mer, avec une vue imprenable sur la sky line d’Abu Dhabi au loin.
Qasr al Watan (Le Palais présidentiel )
Il nous reste un peu de temps avant la fermeture de ce palais qui n’était pas encore sorti de terre lors de notre premier séjour à Abu Dhabi. Il a été construit sur une presqu’île à l’ouest de la ville, juste à côté de l’Emirates Palace. Édifié en 2017 et destiné aux réunions du conseil des ministres émirati et à la réception des chefs d’État étrangers, il a été ouvert au public deux ans plus tard. Le Louvre Abu Dhabi et la Grande Mosquée Cheikh Zayed ne sont donc plus les seules attractions touristiques à caractère culturel de la capitale des EAU.
Avec sa façade d’un blanc étincelant, ses coupoles, ses arcades, son riche décor intérieur, son impressionnant lustre composé de 350 000 pièces de cristal et le gigantisme des salles, ce palais n’est pas sans rappeler la mosquée Cheikh Zayed. D’ailleurs le dôme central qui coiffe la « Grande Salle » s’inspire de l’architecture des mosquées. Ici encore, une débauche de faste et de matériaux nobles : le marbre et les feuilles d’or ont été sollicités sur des milliers de mètres carrés. Le bleu, le jaune d’or et le blanc sont les teintes dominantes en écho à celles de ce ce pays situé entre mer et désert. C’est le « Versailles du Proche-Orient » selon le décorateur d’intérieur français Xavier Carton qui a réalisé ce gigantesque chantier de décoration, après beaucoup d’autres dans la région. Versailles ou plutôt Grenade ? Les motifs s’inspirent en effet de l’art arabo-andalou comme ces zelliges qui ornent les murs.
Il y eut jusqu’à 11 000 ouvriers sur le chantier. Évidemment l’exposition destinée à faire découvrir aux visiteurs « les valeurs et les traditions qui ont déterminé l’histoire des Émirats arabes Unis » ne souffle mot sur les conditions de travail de ces émigrés venus, d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal, du Sri Lanka....
Coupoles, arcades, zelliges, vitraux, jeux de miroirs
La grande salle Quand nous quittons les lieux, le coucher de soleil donne un effet encore plus saisissant sur ce monument fastueux.
Pour poursuivre le voyage:
- en 2016: Bouthan, ultime royaume himalayen
- en 2020: De Bangalore à Bombay