Ce vaste parc est unique en son genre en ce qu’il protège une grande variété d'écosystèmes, depuis les fonds marins jusqu’à la forêt ombrophile des contreforts de la Serranía del Baudó, dont les arbres peuvent atteindre 45 m de haut. Il est considéré comme l'un des parcs nationaux les plus riches en biodiversité de Colombie et même du monde. On y dénombre notamment sept variétés de mangroves, soit la plus importante diversité au monde. Il y a un grand nombre d’espèces endémiques d’oiseaux, de serpents, de grenouilles, d’insectes, plusieurs espèces de tortues marines et bien sûr les baleines qui passent au large en saison. Le parc est cependant menacé par un projet du Plan de développement national visant à la construction du plus grand port de Colombie, dont les effets sur l'environnement seraient naturellement désastreux et irréversibles.
Cette excursion d’une journée, organisée par l’Almejal Eco Lodge, s’effectue cette fois-ci par la mer, en bateau. Notre guide vient à notre rencontre et nous rejoignons à pied l’estuaire du río Valle, en compagnie d’un couple d’anglais, c’est-à-dire la totalité des clients de notre lodge, à l’exception d’une dame qui s’étant blessée la veille sur un chemin de randonnée, n’a pu participer à l’excursion. Le batelier nous attend à El Valle, à l’entrée de l’estuaire. Nous sommes donc quatre à embarquer à bord d’une pirogue dotée d’un puissant moteur, cinq si l’on ajoute une jeune expatriée italienne qui va servir d’interprète espagnol-anglais (??). Et ce bateau sera le seul à partir pour Utría ce jour-là ! Ce n’est vraiment pas la grosse pression touristique, c’est le moins que l’on puisse dire !
Notre guide nous recommande de protéger appareils photos, jumelles et autres dans des sacs étanches, car pour passer la barre très agitée à la sortie de l’estuaire, ça va fortement secouer et générer de grosses gerbes d’eau ! Durant une heure nous longeons au large le littoral, d’abord une longue plage de sable, puis une côte rocheuse très découpée, précédée d’îlots coralliens et où vient mourir la forêt tropicale. Nous contournons ensuite une étroite péninsule qui enserre un profond estuaire frangé de mangroves, dans lequel nous pénétrons. Nous débarquons, réglons les droits d’entrée et sommes accueillis au centre des visiteurs. Il n’y a pas grand monde à part un groupe de locaux assez bruyants devant leur bière au bar...
On nous assène une vidéo sur un ordinateur portable où l'on nous montre... tout ce que l'on ne pourra pas voir, car seule une infime partie du parc est visitable et de nombreux animaux seront bien sûr invisibles, notamment les mammifères (fourmilier, paresseux, tatou, jaguar) !! Autant regarder une émission du National Geografic sur Arte ! Avec le briefing de l’agent du parc qui nous a reçus, cela a pris près de trois-quarts d’heure.
Enfin notre guide (il est obligatoire d’être accompagné par un guide agréé) nous conduit à l’entrée du sentier de découverte. Il s’agit en réalité d’une succession de passerelles en bois aménagées au-dessus de la mangrove sur une distance d’environ deux kilomètres. On nous explique les différents types de mangroves, mais je n’ai rien retenu les espèces de palétuviers, car énoncées en espagnol ou en anglais, ça ne me parle pas beaucoup. La balade fut d'un intérêt moyen, assez monotone (mangroves et encore mangroves !) où l'on n'a pas vu grand chose : des broméliacées, une raie, quelques poissons, une tortue marine, un serpent. Quant aux oiseaux on les a d'avantage entendus qu'on ne les a vus (nous étions arrivés bien trop tard dans la matinée) ! La balade n’aura duré qu’une heure et demie et, cerise sur le gâteau, nous avons croisé un groupe de visiteurs colombiens en goguette, excessivement bruyants et diffusant de la musique sur un appareil. Les décibels, c’est idéal pour l’observation des animaux !
En définitive, nous fûmes assez déçus par ce parc qui ne vaut pas les trois « sacs à dos » attribués par le Guide du Routard, ni les 52 500 pesos de droits d'entrée exigés pour les gringos ! « Un petit paradis où l'on peut randonner dans la jungle à la recherche des colibris, des micos (ouistitis, absolument à croquer!), des singes capucins... » écrit le Routard. On n'a rien vu de tout cela et la « jungle » ne fut pas accessible! En effet, selon l'agent d'accueil du parc, les randonnées en forêt étant trop dangereuses et nécessitant de passer la nuit dans le parc, la seule balade possible se limite à ce petit circuit dans la mangrove. En réalité, dans le cadre d'une excursion à la journée organisée par un hébergement, il n'est possible d'effectuer que le premier des trois circuits décrits par le Routard.
Mais par bonheur, le reste de la journée fut très agréable et a fait oublier notre déception. Notre batelier nous a conduits vers une petite crique et sa plage de galets. Un lieu idyllique, où après le pique-nique préparé par les cuisinières du lodge, nous avons passé l’après-midi à nager, contempler ou paresser. Le snorkeling était possible, encore eût-il fallu disposer d’un équipement. Or le lodge n’en prêtait pas. Quand à apporter son propre matériel, on était trop limité par le poids des bagages autorisé dans l’avion. Cela dit, cela ne nous a pas manqué. Avec l’âge, le souffle devient plus limité pour ce genre d’activité.