Entre plages quasi désertes, nature exubérante et moiteur tropicale, quelques jours de farniente dans cette région isolée, loin de la civilisation.
Février 2019
6 jours
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19 février 2019, 10 heures

Notre avion, un petit Beachcraft 1900 conçu pour une vingtaine de passagers, vient de s’arracher de la piste de l’aéroport Olaya Herrera en plein cœur de l’immense agglomération de Medellín. Les derniers barrios de cette marée urbaine disparaissent rapidement dès que nous commençons à survoler la Cordillère occidentale, bientôt masquée par une mer de nuages. Une trentaine de minutes plus tard, quand j’aperçois la carte électronique sur l’écran de la cabine de pilotage, je comprends que nous approchons du littoral pacifique. En effet l’appareil perd de l’altitude, traverse l’épais plafond nuageux et amorce un ample virage. C’est alors que se dévoile d’un côté l’Océan Pacifique et de l’autre l’étendue infinie de la forêt tropicale. Seul signe d’une présence humaine sur cet immense territoire : une petite clairière. Enfin apparaît au fond d’une baie la petite ville de Bahía Solano. L’appareil se pose sur la piste récemment asphaltée du minuscule aéroport. À peine débarqués, nous sommes immédiatement assaillis et enveloppés par une épaisse chaleur humide. Quel contraste avec la douceur du climat de Medellín !

Nous sommes arrivés dans le département du Chocó, à moins d’une heure de vol de la capitale de l’Antioquia et pourtant nous sommes plongés dans un tout autre monde.



Après trois semaines de voyage en Colombie, (relaté dans ce carnet de voyage), nous voulions nous poser - et nous reposer - quelque part dans un endroit tranquille, à la fois à l’écart des lieux touristiques, sur une belle plage et à proximité de la nature. Autant rechercher le mouton à cinq pattes ! Pourtant nous avons trouvé. Ayant rapidement éliminé les îles San Andrés et Providencia et la côte caraïbe, il ne restait que la côte pacifique pour satisfaire au cahier des charges. Et, question tranquillité et vie sauvage, dans le Chocó, nous fûmes servis ! Plages quasi désertes, hébergements presque vides et nature exubérante. La région semble ignorée des touristes, sauf pour venir observer les baleines à bosse entre juillet et octobre. Nous y avons donc séjourné hors saison. En revanche nous avons pris un petit risque en ce qui concerne l’état du ciel. De ce point de vue la côte caraïbe est beaucoup plus ensoleillée !

En effet, le département du Chocó qui s’étire sur la façade pacifique au nord-ouest du pays, est une des régions les plus arrosées de la terre. Le ciel est souvent parcouru de nuages menaçants et les pluies diluviennes y sont fréquentes. Avec un total pluviométrique annuel moyen de neuf mètres, Quibdó le chef-lieu, détient le record des Amériques ! Il n’y a pas un mois de l’année à moins de 500 mm de précipitations, avec un maximum en août et un léger fléchissement en février. Mais nous avons eu de la chance ! En cinq jours, nous n’avons subi qu’une seule demi-journée copieusement rincée ! Par conséquent la balade en canoë programmée cet après-midi-là sur le fleuve côtier local est tombée... à l’eau !

Le reste du temps, s’il a plu, ce fut la nuit ! Quelle chance ! À l’entrée du restaurant de notre hébergement il y avait un baromètre-hygromètre : ce dernier affichait une humidité relative toujours supérieure à 90% ! Quant aux températures moyennes, elles sont comprises entre 22 et 32°C. L’ambiance climatique du Chocó est donc hyper-humide et l’on est constamment plongé dans cette chaleur moite et éprouvante.


Avec un tel climat il n’est pas étonnant de rencontrer ici une végétation foisonnante. Contigüe à l’isthme de Panama, l’écorégion Chocó-Darién a constitué à l’époque des grandes glaciations quaternaires, une passerelle écologique entre le nord et le sud du continent américain. Ceci explique qu’elle soit riche d’une exceptionnelle biodiversité, marquée par un fort endémisme. Selon le WWF, on dénombre plus de 8 000 espèces végétales, 97 espèces de reptiles, 127 espèces d'amphibiens et près de 600 espèces d'oiseaux. Deux écosystèmes s’y distinguent: une immense forêt tropicale sempervirente, difficilement pénétrable, qui va s’évanouir dans l’océan et un littoral frangé de plusieurs variétés de mangroves et de récifs coralliens. Ajoutons à cela des plages vierges parsemées de bois flottés, de jolies criques, des îlots rocheux et de somptueux couchers de soleil sur l’océan, que nous avons pu contempler quotidiennement. C’est magnifique ! C’est la contrepartie heureuse de ce climat hyper humide très pénible à supporter.





Cependant cette région très isolée est délaissée. Sa population afro-colombienne et indigène (les Emberá) est la plus pauvre du pays. Pour la plupart ce sont les descendants d’esclaves africains durant la période coloniale venus se réfugier dans ces lieux reculés pour échapper au travail forcé dans les mines d’or de l’Antioquia. Aujourd’hui cette population semble oubliée, délaissée, malgré un plan de développement lancé en 2006. Les infrastructures sont très sommaires : manque de moyens sanitaires, indigence et dégradation des voies de communication, pas de route pour relier Bahiá Solano et Nuquí au reste du pays. Même le chef-lieu, Quibdó n’est plus accessible par la voie terrestre, tellement la route est dégradée. Seule la voie aérienne permet d’accéder au Chocó et le meilleur moyen pour relier les localités du littoral entre elles reste le bateau.

Pêcheurs à El Valle 

Et comme pour assombrir davantage le tableau, le département du Chocó a été le théâtre depuis les années 1990 d’affrontements armés entre les groupes de guérilla et les forces armées et paramilitaires, ayant provoqué des déplacements massifs de populations, tout cela sur fond d’exploitation illégale des ressources minières et forestières. Aujourd’hui encore la violence n’est pas encore totalement éradiquée, malgré une importante présence militaire. Seule une étroite bande côtière entre Bahia Solano et Nuquí était sécurisée lors de notre séjour.

Cette présence militaire, nous avons pu la constater dès notre arrivée à l’aéroport de Bahiá Solano. De jeunes militaires en armes ont procédé à un contrôle de nos identités et à une fouille minutieuse de nos bagages. On ne plaisantait pas ! Il n’y avait qu’une vingtaines de passagers à contrôler, mais avec le paiement d’une taxe « touristique » et la confirmation du vol de retour il y eut pas moins de trois quart d’heures de formalités ! Mais notre chauffeur nous attendait patiemment pour partir à bord de son antique 4x4 vers notre destination finale : El Valle.

Nous prenons place comme nous pouvons dans l’habitacle délabré de la jeep très fatiguée qui nous attendait à l’aéroport. A l’intérieur, c’est crasseux à souhait, rafistolé de partout et c’est la fournaise. Situé à l’embouchure d’un fleuve côtier, le village d’El Valle n’est qu’à une quinzaine de kilomètres de l’aéroport, mais il nous faudra trois-quarts d’heure pour y parvenir ! Il faut dire que dès les premiers kilomètres la piste est dans un état déplorable, truffée de nids de poule et détrempée par les pluies abondantes de la nuit précédente. On roule à 15 ou 20 km/h, ce qui nous laisse largement le temps de contempler la forêt et... l’énorme décharge sauvage qui apparaît dans une clairière. Soudain l’asphalte fait son apparition, ou plutôt le béton et notre chauffeur de sent alors pousser des ailes. Accrochons-nous ! Comme si l’état du véhicule pouvait supporter les excès de vitesse, qui plus est sur une route tortueuse et en montagnes russes. Puis le paysage s’ouvre, quelques maigres pâturages apparaissent avant d’arriver au village que nous traversons : deux ou trois rues le long desquelles s’alignent d’humbles masures colorées, une église qui a plus l’air d’un vaste hangar qu’un lieu de culte, quelques modestes échoppes. La pauvreté semble bien visible ici ce qui n’empêche pas les habitants d’être amicaux.

Le véhicule s’engage ensuite sur une piste le long du littoral. Le sable fait son apparition, nous sommes enfin arrivés sur la Playa El Almejal, une plage majestueuse de deux kilomètres de long, bordée par la forêt. C’est ici que se situe notre lieu de séjour.

El Almejal 
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Almejal Eco Lodge

Nous sommes accueillis par Marcela, une personne d’une extrême gentillesse qui nous offre le traditionnel jus de fruit et nous fait un briefing d’une bonne demi-heure (en espagnol, la langue exclusivement parlée par tout le personnel), notamment sur les règles à respecter en matière d’environnement. En effet cet établissement qui se veut écologique gère un programme de conservation des tortues marines et protège une petite réserve naturelle privée. D’ailleurs Marcela offre à chacun de nous une jolie gourde « écologique » dans le but de bannir les bouteilles en plastique.

Cet « éco-lodge » situé face à l'océan et en lisière de forêt est sans doute le meilleur établissement d’El Valle. Il est constitué d’un ensemble de bungalows de bois, rustiques mais d'un bon confort et bien équipés. Chaque bungalow est doté d’une chambre, d’un petit salon, d’une terrasse, d’une excellente literie avec moustiquaire, d’une douche et d’un puissant ventilateur qui fut le bienvenu par cette chaleur. Mais tous les bungalows ne se valent pas, il vaut mieux éviter ceux du fond, situés en lisière de forêt et apparemment moins bien équipés. La cuisine, préparée avec soin avec des produits frais provenant en partie du potager de l’établissement, y est excellente. Si l'on ajoute la propreté impeccable où le ménage est fait quotidiennement, la gentillesse et la disponibilité du personnel, issu de la communauté d’El Valle, les points positifs de l'Almejal ne manquent pas.

En revanche, il n’y a ni eau chaude, ni réseau internet, mais a-t-on besoin de l’une ou de l’autre dans un tel environnement ! Le point faible, à mon avis, c’est le jardin arboré (attention aux chutes de noix de coco!) qui mériterait davantage de soin ! Il y a aussi une petite boutique où l’on vend quelques articles artisanaux et où l’on peut se procurer quelques produits utiles, par exemple des serviettes de plage, car l’établissement n’en fournit pas.

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L’accès à la plage est direct, une plage superbe et quasi déserte en cette saison, sauf le dimanche où quelques locaux viennent se détendre. On nous a mis toutefois en garde contre les dangers de la baignade à marée basse, car l’estran est très large ici. Une bonne nouvelle : pas de moustique, ni de paludisme sur cette côte. Des programmes quotidiens d’excursion nous sont proposés : balades à pied en forêt, ou en bateau en mer ou en rivière.



En fin de journée les pélicans rentrent au bercail après la pêche. 


La longue et magnifique plage de sable doré d'El Almejal, encadrée par deux secteurs rocheux battus par les vagues, et bordée par la forêt tropicale, est une invitation à la balade, au farniente et à la baignade à condition d'être prudent.











La visite guidée de la réserve naturelle de l’Almejal, fait partie des activités proposées par le lodge. L’établissement a décidé de protéger 80 % de la superficie de la propriété et de la déclarer réserve naturelle. Il s’agit d’un massif de forêt tropicale humide de près de cinq hectares situé sur les hauteurs. Nous allons donc consacrer une partie de la matinée pour une balade de deux heures en forêt.

Notre guide, originaire de la communauté d’El Valle, est venu à notre rencontre. Il nous expose (en espagnol) le concept écotouristique d’El Almejal qui repose sur quatre piliers : protection, durabilité, éducation et solidarité, puis nous emmène sur les sentiers aménagés. Il nous expose le soin particulier qui est apporté à la gestion de la ressource en eau, bien que ce ne soit pas ce qui manque ici. Un modèle qui commence timidement à se développer et que devraient suivre bon nombre de complexes touristiques de par le monde !


Immersion dans la forêt ombrophile

Des sentiers empierrés et des passerelles de bois sont aménagés sur les pentes escarpées où la lumière parvient à peine. Les troncs élancés jaillissent à la recherche de la lumière et la dense canopée ne laisse qu’un très étroit passage aux rayons solaires. Certains s’élargissent de contreforts qui leur donnent un faux air de puissance, car les chablis ne sont pas rares. Alors se crée une ouverture vers le ciel permettant une exubérance végétale dans le sous-bois: lianes, feuilles d’une taille impressionnante, palmiers... Sinon, cet univers vert est désespérément sombre. Il est également enveloppé d’une épaisse humidité. On atteint ici presque 100 % d’humidité relative. Une étuve insupportable ! C’est la forêt ombrophile, « qui aime la pluie » (du grec ombros, la pluie et non pas l’ombre). Nous sommes entourés par le chant des oiseaux, mais nous ne parvenons pas à les distinguer. En revanche nous avons pu observer de magnifiques papillons en nombre et de minuscules grenouilles de la taille de l'ongle du pouce..




Au terme de deux heures de marche ardue, surtout à la descente par un sentier instable et glissant, nous étions heureux de retrouver enfin, en sortant de cette « jungle », l’air marin revigorant !

« Car un des traits les plus frappants de la forêt [tropicale] est qu’elle semble immergée dans un milieu plus dense que l’air ; la lumière ne perce que verdie et affaiblie, et la voix ne porte pas. »

Claude Lévy-Stauss, Tristes tropiques.

Ce vaste parc est unique en son genre en ce qu’il protège une grande variété d'écosystèmes, depuis les fonds marins jusqu’à la forêt ombrophile des contreforts de la Serranía del Baudó, dont les arbres peuvent atteindre 45 m de haut. Il est considéré comme l'un des parcs nationaux les plus riches en biodiversité de Colombie et même du monde. On y dénombre notamment sept variétés de mangroves, soit la plus importante diversité au monde. Il y a un grand nombre d’espèces endémiques d’oiseaux, de serpents, de grenouilles, d’insectes, plusieurs espèces de tortues marines et bien sûr les baleines qui passent au large en saison. Le parc est cependant menacé par un projet du Plan de développement national visant à la construction du plus grand port de Colombie, dont les effets sur l'environnement seraient naturellement désastreux et irréversibles.

Cette excursion d’une journée, organisée par l’Almejal Eco Lodge, s’effectue cette fois-ci par la mer, en bateau. Notre guide vient à notre rencontre et nous rejoignons à pied l’estuaire du río Valle, en compagnie d’un couple d’anglais, c’est-à-dire la totalité des clients de notre lodge, à l’exception d’une dame qui s’étant blessée la veille sur un chemin de randonnée, n’a pu participer à l’excursion. Le batelier nous attend à El Valle, à l’entrée de l’estuaire. Nous sommes donc quatre à embarquer à bord d’une pirogue dotée d’un puissant moteur, cinq si l’on ajoute une jeune expatriée italienne qui va servir d’interprète espagnol-anglais (??). Et ce bateau sera le seul à partir pour Utría ce jour-là ! Ce n’est vraiment pas la grosse pression touristique, c’est le moins que l’on puisse dire !

Notre batelier nous attend à l'entrée de l'estuaire du Rio Valle

Notre guide nous recommande de protéger appareils photos, jumelles et autres dans des sacs étanches, car pour passer la barre très agitée à la sortie de l’estuaire, ça va fortement secouer et générer de grosses gerbes d’eau ! Durant une heure nous longeons au large le littoral, d’abord une longue plage de sable, puis une côte rocheuse très découpée, précédée d’îlots coralliens et où vient mourir la forêt tropicale. Nous contournons ensuite une étroite péninsule qui enserre un profond estuaire frangé de mangroves, dans lequel nous pénétrons. Nous débarquons, réglons les droits d’entrée et sommes accueillis au centre des visiteurs. Il n’y a pas grand monde à part un groupe de locaux assez bruyants devant leur bière au bar...


On nous assène une vidéo sur un ordinateur portable où l'on nous montre... tout ce que l'on ne pourra pas voir, car seule une infime partie du parc est visitable et de nombreux animaux seront bien sûr invisibles, notamment les mammifères (fourmilier, paresseux, tatou, jaguar) !! Autant regarder une émission du National Geografic sur Arte ! Avec le briefing de l’agent du parc qui nous a reçus, cela a pris près de trois-quarts d’heure.

Enfin notre guide (il est obligatoire d’être accompagné par un guide agréé) nous conduit à l’entrée du sentier de découverte. Il s’agit en réalité d’une succession de passerelles en bois aménagées au-dessus de la mangrove sur une distance d’environ deux kilomètres. On nous explique les différents types de mangroves, mais je n’ai rien retenu les espèces de palétuviers, car énoncées en espagnol ou en anglais, ça ne me parle pas beaucoup. La balade fut d'un intérêt moyen, assez monotone (mangroves et encore mangroves !) où l'on n'a pas vu grand chose : des broméliacées, une raie, quelques poissons, une tortue marine, un serpent. Quant aux oiseaux on les a d'avantage entendus qu'on ne les a vus (nous étions arrivés bien trop tard dans la matinée) ! La balade n’aura duré qu’une heure et demie et, cerise sur le gâteau, nous avons croisé un groupe de visiteurs colombiens en goguette, excessivement bruyants et diffusant de la musique sur un appareil. Les décibels, c’est idéal pour l’observation des animaux !



La passerelle en bois au-dessus de la mangrove 






Le Chocó Trogon mâle ou Trogon aux yeux blancs (Trogon chionurus) 

En définitive, nous fûmes assez déçus par ce parc qui ne vaut pas les trois « sacs à dos » attribués par le Guide du Routard, ni les 52 500 pesos de droits d'entrée exigés pour les gringos ! « Un petit paradis où l'on peut randonner dans la jungle à la recherche des colibris, des micos (ouistitis, absolument à croquer!), des singes capucins... » écrit le Routard. On n'a rien vu de tout cela et la « jungle » ne fut pas accessible! En effet, selon l'agent d'accueil du parc, les randonnées en forêt étant trop dangereuses et nécessitant de passer la nuit dans le parc, la seule balade possible se limite à ce petit circuit dans la mangrove. En réalité, dans le cadre d'une excursion à la journée organisée par un hébergement, il n'est possible d'effectuer que le premier des trois circuits décrits par le Routard.

Mais par bonheur, le reste de la journée fut très agréable et a fait oublier notre déception. Notre batelier nous a conduits vers une petite crique et sa plage de galets. Un lieu idyllique, où après le pique-nique préparé par les cuisinières du lodge, nous avons passé l’après-midi à nager, contempler ou paresser. Le snorkeling était possible, encore eût-il fallu disposer d’un équipement. Or le lodge n’en prêtait pas. Quand à apporter son propre matériel, on était trop limité par le poids des bagages autorisé dans l’avion. Cela dit, cela ne nous a pas manqué. Avec l’âge, le souffle devient plus limité pour ce genre d’activité.


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Au matin du sixième jour il est temps pour nous de quitter El Valle et sa magnifique plage d’El Almejal. Habituellement quand on dit cela, on ajoute : « malheureusement » ou « avec tristesse » ou quelque chose comme ça. Non, pour nous ce serait plutôt comme une délivrance... Nous sommes heureux d’avoir fait cette escapade tropicale, d’avoir pris un bain de nature, loin de tout, dans un décor de rêve. Malgré tout, nous ne sommes pas mécontents que ça se termine ! Oui, le Chocó, ça se mérite !

Pourtant nous avons globalement bénéficié du beau temps. Sur ce plan nous avons eu beaucoup de chance ! Je n’ose imaginer des journées entières coincés dans notre bungalow ! Il est vrai que février connaît généralement un fléchissement pluviométrique. En revanche ce qui fut pénible et fatigant à la longue, c’est l’hyper humidité ambiante et permanente. Une chaleur moite difficile à supporter, heureusement tempérée par l’air marin. Nos affaires étaient constamment humides et nous avons passé une partie de notre temps au retour à Medellín à les faire sécher sur le balcon de notre chambre d’hôtel !

Le Chocó se mérite aussi pour y accéder. Comme si la région était une sorte d’île, le seul moyen d’accès à Bahiá Solano ou Nuquí, c’est l’avion. Deux compagnies desservent théoriquement ces destinations depuis Medellín : SATENA et SEARCA.

Enfin, il faut bien avoir à l'esprit qu'un séjour dans le Chocó fait significativement gonfler le budget d'un voyage en Colombie et en haute saison, celle des baleines, tout sera plus cher : hébergements, excursions en bateau! Il faut donc être motivé !

On vient essentiellement dans cette région pour voir les baleines. Cela ne nous intéressait pas et ce n’était pas la saison. Ce que nous voulions c’était le repos, la tranquillité, la nature sauvage et sur ce plan, nous fûmes comblés ! Cependant les balades en forêt nous ne nous ont pas vraiment convaincus. Le parc d’Utria fut une déception, comme je l’ai déjà dit. Certes il y a cette exceptionnelle biodiversité marquée par l’endémisme. Mais cela ne parle qu’à des spécialistes. Il faudrait avoir un œil exercé ou bénéficier d’un très bon guide de préférence francophone (ça existe, nous avions eu un excellent guide naturaliste francophone pour visiter le Santuario de Fauna y Flora Otún Quimbaya près de Pereira). Certes les arbres sont de taille respectable. Mais « rares sont les arbres qui dépassent quarante mètres ; de quoi faire sourire les séquoias, les pins Douglas, les eucalyptus australiens, et même les honnêtes sapins du Jura » (*)

Nous avons nettement préféré la forêt de kauris du Northland en Nouvelle-Zélande ou les nothofagus et les araucarias des forêts chiliennes. Enfin question faune, le parc national d’Utria est survendu, car celle-ci n'est guère visible, de quoi faire sourire également les parcs et réserves d’Afrique orientale et australe !

Donc des impressions en demi-teinte

(*) Pierre Gourou, Terres de bonne espérance. Le monde tropical, Plon, Terre humaine.




Quelques informations pratiques.


Bagages

Dans l’avion : 15 kg de bagages maximum : 10 kg en soute et 5 Kg en cabine. Et les contrôles aux aéroports ne sont pas symboliques ! On m’a confisqué un répulsif contre les insectes sous forme d’aérosol. Il y a aussi un contrôle sanitaire : donc ni laitages, ni produits carnés (la côte pacifique est comme une île!).


Ne pas oublier : Une lampe de poche, une paire de jumelles, une veste imperméable légère, des vêtements légers et confortables, de préférence à séchage rapide, des sacs étanches pour protéger appareils photos et autres, la pharmacie usuelle, etc. Des chaussures aquatiques peuvent être utiles.


Argent

Prévoir suffisamment de pesos colombiens, de préférence en petite coupures. Aucun distributeur ni bureau de change sur place. Il y a une très modique taxe d’aéroport, ainsi qu’une taxe touristique à régler sur place.


Santé

Théoriquement il fallait fournir un certificat de vaccination contre la fièvre jaune, mais on ne nous a pas demandé ce document. Par ailleurs la zone est exempte de paludisme.


Téléphone

La couverture téléphonique n'est assurée que par l'opérateur CLARO.