Lever de soleil sur Angkor VatLe rêve s’est enfin réalisé ! Avec le Machu Picchu découvert l’année précédente, Angkor faisait partie des sites majeurs de cette planète que nous désirions voir depuis longtemps ! Et nous avons été comblés par tant de merveilles, c’est le moins que l’on puisse dire !
Angkor, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO est un site archéologique majeur de l’Asie du Sud-Est qui s’étend sur environ quatre cents kilomètres carrés. Il est composé d’une multitude de temples, de systèmes hydrauliques et de routes de communication. Entre le IXe et le XVe siècle siècles, Angkor a été le centre du royaume khmer, les souverains successifs ayant édifié des monuments impressionnants, et aménagé des réservoirs gigantesques et de nombreux canaux. Des temples comme Angkor Vat, le Bayon, Preah Khan et Ta Prohm sont étroitement liés à leur contexte géographique et aussi empreints de signification symbolique. L’architecture et le plan des capitales successives témoignent d’un haut niveau d’ordre et de hiérarchie sociale au sein de l’empire khmer.
Durant cinq jours, nous avons pu largement profiter des innombrables ruines de cet immense complexe archéologique, ainsi que dans les environs, à Koh Ker et Beng Mealea. Sur ces cinq journées de visite, il y en eut quatre en compagnie d’un guide, Monsieur Oum Samnang. Ce jeune homme, d’une grande culture et parfaitement francophone, si ce n’est quelques petits défauts de prononciation ici et là mais au vocabulaire très riche, nous a donné entièrement satisfaction.
De l’intérêt d’être accompagné d'un guide à Angkor.
Initialement je voulais organiser nos journées librement en utilisant les tuk-tuk proposés par l’hôtel. Mais je me suis laisser convaincre par Laetitia, notre conseillère de l’agence ; il est vrai que c’est aussi son rôle! Parmi les arguments il y a certainement la gestion du temps qui a joué et nous n’aurions pas vu autant de lieux intéressants si nous avions été seuls et, me connaissant, j’aurais probablement traîné ici ou là, à faire des photos, à me plonger dans mon Lonely Planet ou à chercher un détail, ce qui a la suprême faculté d’agacer mon épouse, laquelle a été ravie de se faire accompagner par une tierce personne !
Avec talent, Samnang a su captiver notre attention sur l'histoire, les styles architecturaux, les systèmes religieux, la fonction des monuments, ce qui nous a permis de comprendre un peu mieux les temples. Surtout il nous a permis de visiter les sites dans les meilleures conditions, puisqu'il connaît les heures idéales pour chaque lieu ainsi que les habitudes des groupes en voyage organisé, pour pouvoir les éviter. Donc un guide, s'il n'est pas indispensable, est un plus. Et puis c’est aussi un emploi, ce qui n’est pas rien dans ce pays. Au terme de son service, Samnang nous a d'ailleurs chaudement remerciés de notre visite dans son pays, en nous précisant que cela génère des dizaines d'emplois directs ou induits pour les Cambodgiens.
Cependant j’avais réservé la dernière journée à Angkor, entièrement libre, car j’aime bien aussi ma liberté ! Nous avons pu revisiter tranquillement des temples que nous avions particulièrement admirés: ainsi nous avons pu examiner plus en détail les bas-reliefs du Bayon ; ou encore, sur les conseils avisés de notre guide, découvrir quelques pépites plus ou moins confidentielles comme Krol Ko ou Ta Som
Quelques désagréments.
Soyons clair, nous sommes en haute saison et la foule fait indéniablement partie du paysage ! Et l’on a beau choisir les heures ad hoc aux endroits stratégiques, il n’y a pas moyen d’y échapper à un moment ou un autre, surtout dans les parties confinées des temples. C’est particulièrement le cas à Banteay Srei où il faut arriver de très bon matin, à Ta Prom, au Bayon et pour l’accès à la tour centrale d’Angkor Vat où une file d’attente se forme devant l’escalier raide qu’il faut grimper pieds nus et tête découverte (mais les épaules couvertes), sous un soleil de plomb, car c’est un lieu sacré.
Évidemment il faut supporter les habituels groupes indisciplinés et bruyants, provenant de l’Empire du Milieu pour la plupart, qui se font auto-portraiturer avec leur phone, de préférence au moyen d’une perche, devant un garuda, une apsara ou un bouddha, afin d'abreuver les « zéro sociaux ». Le nec plus ultra étant de se trouver sur les pas d’Angelina Jolie sur une estrade placée juste devant les racines d’un fromager enserrant un mur du Ta Prohm. Jayavarman VII versus Angelina Jolie. Ceci est le « prix » à payer (en plus du forfait) pour pouvoir admirer les temples. Il faut l’accepter, bon gré, mal gré. Cela fait partie du folklore angkorien ! Sinon, il faut venir pendant la mousson...
Est-il possible d’éviter la foule ?
Si l’on veut profiter des levers et couchers de soleil, on ne pourra pas éviter la présence simultanée de centaines de nos semblables, mais est-ce vraiment un problème ? Après tout, c’est comme assister à un spectacle et c’en un. Tout le monde y a droit ! Les lieux les plus prisés sont Angkor Vat aux lever et coucher de soleil, Pre Rup et Phnom Bakeng au coucher. Concernant ce dernier, d’où l’on bénéficie d’une belle vue, sur Angkor Vat, nous étions absolument tranquilles le matin.
Le mieux consiste à entreprendre les visites dès l'ouverture (à partir de 5 heures) avant l'arrivée des groupes en voyage organisé. C’est ce que nous avons fait pour assister au lever de soleil sur Angkor Vat : partis avant l’aube vers 5h30, nous avions emporté un panier-repas préparé par l’hôtel pour notre petit déjeuner, puis immédiatement après le départ massif des visiteurs vers leur hôtel pour leur petit-déjeuner, nous avons profité de cette relative accalmie pour enchaîner sur le Bayon où nous avions les bas-reliefs de l’enceinte pour nous seuls ou quasiment. Mais ce ne fut qu’un bref répit malgré tout.
Ensuite on a une fenêtre de relative tranquillité entre 12 et 15 heures quand les groupes repartent en ville pour déjeuner . Le revers de la médaille, c'est qu'il fait très chaud et que la lumière est la plus mauvaise pour les photos. En revanche c'est idéal pour admirer les bas reliefs des galeries d'Angkor Vat et du Bayon, à l’ombre. Dans ces conditions, nous rentrions généralement à l’hôtel vers 14h pour déjeuner et nous reposer (il y a des restaurants sur place, mais nous ne les avons pas testés), avant de reprendre les visites en fin d’après-midi.
Autour des temples
Il n’y a pas que les temples à voir à Angkor. En premier lieu, une magnifique forêt qui ici a été exceptionnellement préservée et qui fait partie du décor. Une forêt qui a aussi envahi les temples. C’est la vision qu’ont eue des explorateurs comme Louis Delaporte ou Henri Mouhot au XIXe siècle. Un des charmes d’Angkor, n’est-il pas le tableau ultra classique formé par ces racines de fromager ou de ficus au milieu des ruines, enserrant un linteau ou déchaussant des pierres ?
À gauche: fronton du gopura oriental du Ta Prom enserré dans un ficus. À droite: démesure à Banteay KdeiAngkor est aussi intégré à une vie locale. De part et d’autre de la route de Banteay Srei, c’est une succession ininterrompue de maisons traditionnelles cachées parmi les cocotiers. Cette vie rurale traditionnelle procure un certain charme au parcours. De même, à l’est du site d’Angkor, on aperçoit le village de Sras Srang aux maisons de bois sur pilotis, qui a développé une activité d’artisanat. Et l’on peut voir les enfants vendre la production dans les temples. On est souvent sollicité à l’intérieur du site et il est difficile de devoir refuser cent fois. On a beau penser que ces petits vendeurs ou leurs parents sont privilégiés par rapport à d’autres, d’habiter à proximité d’une manne financière étrangère, il faut bien se résoudre à acheter quelque chose, mais pourquoi à l’un et pas à l’autre ? Ayant acheté un lot de cartes postales à un des ces enfants, lequel les comptait méticuleusement une à une et en anglais, puis annonçait la somme : « one dollar ! », nous avons immédiatement remarqué la triste mine de la fillette qui l’accompagnait ! Alors il a bien fallu lui acheter quelque chose aussi. Mais on ne peut faire cela cent fois de suite !
Le drame des années noires plane encore autour du site d’Angkor. Si la forêt a pu provoquer des dégâts, il en est de même des hommes. On voit de nombreuses sculptures mutilées, soit par des tirs imbéciles de la part des militaires, soit plus généralement par des pillages systématiques. Il n’est pas rare de voir des statues dont la tête a été découpée puis volée.
Angkor Tom, porte de la Victoire: un des dieux livrant bataille au cours du "Barratage de la Mer de lait" à perdu la tête !Sculptures mutilées de la Terrasse du Roi lépreux Mais les alentours recèlent aussi un sinistre héritage, les mines. Des panneaux rappellent que le déminage n’est pas achevé, loin s’en faut et que la campagne alentour n’est pas sans danger, surtout dans le secteur isolé de Koh Ker. A cet égard il est recommandé de consacrer une heure à la visite du Musée des mines terrestres du Cambodge de M. Akira, situé à proximité de Banteay Srei. On y apprend beaucoup sur ce fléau qui ne touche pas que les Cambodgiens, hélas! C'est aussi l'occasion d'aider cette ONG ainsi que les enfants qu'elle prend en charge.
Fouler ces vieilles pierres fut assez épuisant, surtout par la chaleur, mais quelle récompense ! Ces garuda farouches, ces délicates apsara dansant, ces naga inquiétants, ces poissons et crocodiles du lac Tonlé Sap, ces portes monumentales aux quatre têtes énigmatiques, ces Shiva dansant et autres bouddhas, tout ce petit monde fut pour nous un émerveillement ! Angkor a tenu ses promesses, ce fut le sommet de ce voyage !
Il serait vain et fastidieux pour le lecteur d’énumérer ici, comme dans un catalogue exhaustif, tous les temples que nous avons visités. Aussi je me contenterai de n’en partager qu’une sélection par ces quelques photographies, une sélection qui fut difficile et cruelle !
Un des plus réputés comme Angkor Vat n’est pas nécessairement celui que nous avons préféré, en dehors des superbes bas-reliefs bien conservés, je ne sais trop pourquoi. Trop monumental ? Trop préservé (ce qui serait un comble !) ? A contrario, nous en avons apprécié d'autres qui ne sont pas les plus visités, comme Kro Kol ; peut-être est-ce à cause de l’heure à laquelle nous avons parcouru ses ruines, en fin d’après-midi, sous une belle lumière chaude et dans un calme absolu qui invitait à la méditation.
Angkor Vat Délicieuses apsaras à Angkor Vat. Angkor Thom, porte de la Victoire Angkor Tom, porte sud Scènes bucoliques sur un bas-relief du Bayon Sourire énigmatique d'Avalokiteshvara sur une des 54 tours du Bayon Sanctuaire central du Preah Khan. Ta Som par la chaude lumière d'une fin d'après-midiPrasat Krol Kô Une "shivaïte" au temple de ThommanonAngkor Vat vu de Phnom Bakheng Angkor Thom, Le Baphûon Angkor Thom, le Phimeanakas Banteay Samré