Après notre incursion d'une douzaine de jours au Chili et en Bolivie, nous voici de retour au Pérou pour découvrir le « nombril du monde », Cosqo en quechua, ainsi que la légendaire vallée drainée par le tumultueux rio Urubamba qui s’étend de l’ancienne capitale impériale à la mythique cité perdue, point d’orgue de notre voyage.
Pour le trajet de Puno à Cuzco, nous avons opté pour le « bus touristique » de la compagnie Inka Express. Certes, la formule est évidemment très touristique, mais c'est le moyen le plus pratique et le plus économique de voir les sites intéressants sur le parcours. Le bus est très confortable avec sièges inclinables, service de boissons à bord, oxygène, toilettes et même la Wifi pour les accros ! Nous bénéficions aussi des services d’un guide et d’une hôtesse. Le paquete comprend également un déjeuner et les entrées sur les sites touristiques.
Départ à 7 heures de la gare routière de Puno. Les passagers sont peu nombreux, une quinzaine, dont deux Helvètes francophones avec qui nous sympathisons immédiatement. Ils effectuent un voyage au long cours en Amérique andine et nous échangerons nos expériences tout le long du trajet, ce qui fera passer le temps plus vite, car il y a plus de dix heures de route !
Comme pour l’excursion au canyon du Colca, le guide bilingue (espagnol/anglais) nous donne de multiples explications et nous gratifie systématiquement au début de chacune de ses interventions de « friends » et « amigos », mais pas de « chicos » (on a de la classe ici tout de même !). Six arrêts au total sont prévus et notre guide devra bien gérer son temps, ce qu’il fait très bien, avec fermeté et diplomatie !
Après avoir traversé l’horrible ville de Juliaca, et après deux heures de route, nous atteignons Pucará, un village aujourd’hui somnolent, mais qui fut un important centre de civilisation au cours de la période dite Formative Tardive (500 av. J.C. – 200 apr. J.C.). Nous visitons le petit Museo Lítico qui expose d’impressionnantes sculptures monolithiques anthropomorphes caractéristiques du « style Pucará ». Des toritos, petits taureaux d’argile ornent le toit des maisons.
Pucara Courte halte au col de La Raya (4 338 m), le point culminant du trajet, situé sur la ligne de partage des eaux entre le bassin-versant du lac Titicaca et le bassin amazonien par le rio Vilcanota qui draine la Vallée Sacrée. Il y aurait, paraît-il, une vue sur les sommets andins enneigés ! Bof, bof, le paysage n’est pas à couper le souffle, d’ailleurs nous n’avons plus le souffle court, maintenant ! Il y a surtout de quoi faire des achats de tissus ethnique… Le bus commence ensuite la longue descente vers Cuzco en longeant le rio Vilcanota et en passant à proximité de jolis (une fois n’est pas coutume) villages d’altitude dans cette vallée verdoyante. Au bord de la route, les masures aux murs peints d'affiches électorales ne sont pas rares.
Encore 186 km et plusieurs heures de route ! À midi, nous arrivons à Sicuani pour une pause-déjeuner sous la forme d’un buffet dans un immense restaurant sans âme. Inutile de préciser qu’il y avait du monde. Toutefois notre repas fut agrémenté par un groupe de musiciens locaux de talent avec charango, zampoña, quena, bombo et autres instruments moins traditionnels. Ils ne nous ont toutefois pas évité la sempiternelle ritournelle, « El condor pasa » ! Je les ai malgré tout encouragés en leur achetant un de leurs disques qui fera un heureux au retour.
Étape suivante à Raqchi pour la visite de ce qui reste d’un immense temple inca dédié au dieu créateur Viracocha. Le lieu est superbement entretenu et restauré, mais on a peine à imaginer la splendeur passée, devant ce qui ressemble à un aqueduc, mais qui en réalité, est le reste d’un des murs du temple de 92 mètres de long sur 25 mètres de large, dont le toit autrefois recouvert de bois et d’ichu (une graminée des hauts plateaux) était soutenu par 22 colonnes. Impressionnant. Mais il est déjà 14 heures, nous sommes encore à 125 km de Cuzco et il reste encore des merveilles à découvrir.
Le temple inca de Raqchi Le plus beau sera pour la fin de cette longue journée de voyage avec deux joyaux de l’art baroque péruvien : les magnifiques fresques de deux églises, voisines l’une de l’autre, dans les villages de Huaro et Andahuaylillas. Elles font partie de la route du baroque andin, laquelle débute à la Compañia de Jesús à Cuzco. Ce sont des sommets de la peinture murale baroque. Dès que l’on franchit le seuil de ces édifices, le regard est saisi par une profusion de couleurs. Le moindre centimètre-carré est occupé de décors et de scènes de toutes sortes.
L’église San Juan Bautista de Huaro mérite vraiment la visite avec des œuvres murales signées de Tadeus Escalante et datées de 1802, représentant notamment les thèmes du Jugement dernier, de l’Enfer et de la Mort.
L’église San Pedro Apostol de Andahuaylillas est couramment appelée la « Capilla Sixtina de America ». Il y aurait donc deux « Chapelles Sixtine » en Amérique andine, l'autre se prévalant du titre est celle de Curahuara de Carangas, en Bolivie, que nous avions visitée au cours de ce voyage. Je ne trancherai pas pour savoir qui des deux pays possède la vraie, mais celle-ci est quand même la plus belle et la plus riche. Elle a été construite par les Jésuites au XVIe siècle, au sommet d'une huaca, lieu sacré pour les Incas, comme d'autres édifices religieux espagnols. Elle a été magnifiquement restaurée récemment.
Malheureusement le temps nous est compté pour visiter en profondeur ces églises. Par ailleurs, les photos sont interdites à l’intérieur. Toutefois notre guide a eu la délicatesse de nous offrir un CD édité par l’association Ruta del Barroco Andino présentant des diaporamas assez exhaustifs sur ces églises. On pourra en savoir plus et regarder quelques photographies en cliquant sur le lien ci-dessous.
https://rutadelbarrocoandino.com/fr/san-pedro-apostol-de-andahuaylillas/
Nous arrivons vers 17h30 à Cuzco où nous attend un taxi affrété par notre hôtel, particulièrement bien situé dans une petite rue pentue qui jouxte la Plaza de Armas. Nous avons passé un excellent séjour dans cet établissement de la chaîne Tierra Viva : une valeur sûre au Pérou.
La rue de notre hôtel, à deux pas de la cathédrale et les toits de Cuzco vus de la terrasse de l'hôtel Nos impressions sur ce parcours touristique
Le bilan de cette journée est plutôt positif. Le voyage était confortable et nous n’avons pas eu à subir de fatigue, malgré la durée du trajet et l’altitude. Le personnel de bord et le guide ont été des plus aimables et serviables. Le fait que nous fûmes peu nombreux dans le bus a sans doute aussi contribué à rendre ce voyage agréable. Enfin et surtout c’était le seul moyen en dehors de la voiture de location de voir de très beaux sites en cours de route, notamment Pucará, Raqchi, Huaro et Andahuaylillas.
Les pelouses fleuries de la Plaza de Armas et l'église de la Compañia de Jesús à Cuzco