Carnet de voyage

Chroniques d'un voyage ordinaire

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À ceux que l'on aime, une page pour suivre le voyage ordinaire de 2 bidoux : Ireland - Scotland (ft. Biess) - Slovenia - Netherlands (ft. Ruben Association) - Poland (ft. Ianazcocona) - Norway.
Octobre 2019
11 semaines
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Publié le 13 octobre 2019

Jour 1 : Arrivée à Dublin, Castlewellan et son labyrinthe

Comme tu le sais sans doute, nous avons entamé la grande odyssée de notre temps. C'est de Paris que partirent les Bidoux pour un périple qui s'annonçait hardcore.

Premier impératif en arrivant, établir des codes appropriés, notamment dans le cadre du pilotage. Il fut ainsi convenu que le copilote (Noémie) énonce la direction à suivre après mûre réflexion (est-ce la droite ou la gauche ?), tout en étendant le bras dans la direction qui convient. Après quelques incohérences durant le tour d'essai réalisé dans le parking et preuve qu'une telle mesure n'était pas vaine, la copilote semble rodée et nous partons enfin...

Mais voilà qu'un nouvel imprévu s'impose. En effet, après 30 minutes de slalom et de sueurs froides ("Arrrrr il me dépasse par la droite !"), un panneau funeste nous glace le sang.

Speed limits in miles per hour. Lord have mercy on us. 

"Speed limits in miles per hour." Une larme douloureuse coule sur la joue de Manea tandis qu'il se rend à l'évidence. Nous avançons dorénavant en terre colonisée. Et des calculs s'imposent pour éviter les contraventions...


Le savais-tu ? 1 miles vaut 1,60934 kilomètres.


Mais voilà que nous arrivons au renommé Château de Castlewellan. Si l'histoire, c'est ta passion et que tu adorerais en savoir plus sur les châteaux irlandais, mauvaise nouvelle !

Les Bidoux ne lisent pas les panneaux. Ils passent devant le château, prennent une photo en s'exclamant "ouah, qu'il est beau et gros !", puis passent leur chemin. Surtout si celui-ci est du XVIIIe. Chez les Bidoux, nous aimons les châteaux gros, forts et médiévaux.


Le savais-tu ? On dit médiéval, pas moyenâgeux. (Merci Céline !)


Voici quand même une photo du château, si vous souhaitez faire des recherches. (N'hésitez pas à partager ce que vous trouvez en commentaires, cela en intéressera peut-être d'autres !)

Outre le château, Castlewellan comporte un lac.

Ce lac est beau mais pas de chance, nous n'avons pas vu (ou plutôt lu) de panneaux sur le sujet. Difficile donc de vous dire quel genre de créature peuple ce milieu en apparence sympathique.

Par contre, nous avons beaucoup apprécié nous balader autour. C'est que cet écosystème est peuplé de sympathiques Irlandais et de leurs chiens. Ceux-ci ont d'ailleurs une manière bien singulière de saluer, préférant littéralement un "Comment vas-tu ?" ("How ya doin'?") à un "Bonjour".

Il y a parfois le soleil qui étend ses rares rayons sur la surface du lac.

Il y a souvent la pluie qui vous rappelle qu'ici, c'est pas Tahiti, c'est presque la Bretagne, et qu'il faut de ce fait prévoir un imper en toutes circonstances.

Il y a même des essaims d'abeilles qui vous rappelent que... que rien du tout en fait, il y a juste des essaims d'abeilles. Qui piquent. Même les chiens.

Heureusement, il y a des irlandais gentils pour nous pousser à rebrousser chemin avant le drame.

Tandis que nous nous résolûmes à rejoindre notre logement, nous tombâmes sur l'entrée du labyrinthe que voici.

Le mythe du Minotaure et le soleil déclinant avaient convaincu Manea que l'aventure n'était point judicieuse. Mais voilà que Noémie, faisant fi de la culture et du bon sens qui échoyait à son compagnon, s'exprima en ces termes : "Hey, et si on y entrait ?" Convaincu par une telle éloquence, Manea rentra avec quelque appréhension.

Ce fut une tragicomédie fantastique. Et tandis que les dernières lueurs baignaient le jour, que tout espoir semblait vain, que Noémie s'élança d'un pas décidé et défait vers ce qui lui semblait être l'entrée... elle trouva la sortie ! Ainsi se conclut la journée des Bidoux, sur un succès inattendu. Fin du jour 1.


Jour 2 : Un cruel dilemne, réfléchir ou enfanter ?

Pour le deuxième jour, nous nous sommes levés tôt. Très tôt. Trop tôt.

En effet, soucieux de coloniser les lieux avant l'arrivée du touriste casual, nous avons mis le réveil à 7h30.

Au réveil, Manea fait remarquer "Tiens, dans la météo ils disaient que le soleil se levait à 7h30. Ils ont dû se tromper." Ou peut-être y-a t-il une heure de décalage entre la France et l'Irlande...

Pour ce deuxième jour, nous commençons par explorer Castle Ward, large propriété terrienne ayant été créé par de nobles anglais.

Audley's Tower 

Pour le plus grand plaisir de Noémie, nous commençons par explorer les lieux de tournage pour Winterfell, dont il ne reste en réalité plus grande trace, sauf pour les fans qui apprécieront peut-être de patauger dans la même boue que les Stark. Pour les gens normaux, c'est une expérience sans grand intérêt.

A gauche, tour de Winterfell / A droite, Manea Stark Ier. 

Le domaine toutefois est lui magnifique ! Une propriété de plusieurs hectares en bordure de mer avec plusieurs demeures, chateaux, manoirs, cottages et plusieurs lochs artificiellement aménagés pour élever des poissons. C'est qu'il s'agissait là d'une famille capable de vivre en autarcie, avec sa propre production de tout produit de première nécessité : vêtements, viandes, poissons, légumes, lessive, etc.

Le Boathouse des Ward 

La grande anecdote qui donnera son titre à cette journée est celle apprise durant la visite du manoir des Ward, bâti au XVIIIe, d'un côté classique, gothique de l'autre. En effet, il semble que le lord du manoir avait grand mépris pour sa femme, trop versée dans l'art de la pensée. Et à raison ! Celle-ci était à la fois artiste et scientifique, ce qui ne pouvait convenir à l'époque victorienne.

L'explication à cela ? Une femme ne pouvait avoir assez de sang pour pouvoir réfléchir et enfanter. Les deux choses étaient tout simplement incompatibles ! Heureusement, la transfusion sanguine fait aujourd'hui des miracles...

L'après-midi, nous avons visité le Titanic Belfast, à l'architecture sydnéenne.

Ce musée retrace l'histoire de l'industrialisation de Belfast, avec les industries du lin, du whisky, du tabac, puis le rôle de Belfast en tant que chantier naval majeur, jusqu'à l'histoire du Titanic.

C'est sur ce bout de bitume que fut bâti le gigantesque Titanic (j'ai hésité à mettre titanesque, mais ça faisait deux fois titan) de 1907 à 1912. Très intéressant malgré beaucoup, beaucoup de panneaux.

En visitant les reproductions de cabines, nous nous sommes rendus compte que les passagers de 3e classe d'un navire construit il y a un siècle étaient certainement mieux lotis que nous le serions au cours de notre croisière en Norvège.

A raison sans doute car ces passagers payaient leur billet 23£ à l'époque, soit 1,152€ aujourd'hui.

A la toute fin du musée, un panneau expliquait les leçons tirées du naufrage et ce qu'il aurait fallu faire à ce moment-là. Un intense moment de concentration pour les bidoux en préparation de leur épopée norvégienne. Fin du jour 2.


Jour 3 : La Reine des Vallées et un beau château

Réveil à 8h pour cette nouvelle journée en Irlande du Nord. Pendant que nous écrivons, Noémie juge utile de rappeler que Manea ayant passé la nuit à tousser, nous nous réveillons fatigués. Ecrasé par la culpabilité, Manea conseille à Noémie d'enfoncer ses boules quiès plus profond dans ses oreilles.

La matinée sera consacrée à Glenariff Forest Park. Pour ceux qui n'ont pas été assidus au cours d'irlandais à l'école, Glen = Vallée et ariff = Reine. La Reine des Vallées donc !

La Reine nous accueille avec un vent glacial, qui a vite fait de faire ajouter des couches de vêtements à Noémie. Malgré cet accueil froid, la Reine est splendide de verdure et de cours d'eau, dont beaucoup s'écoulent en cascades.

Ces allées d'arbres immenses et verdoyants inspireront d'ailleurs quelques vers dans la langue de Shakespeare à Manea, qui seront accueillis par les propos suivants de Noémie : "Ah, c'est chouette." Si vous souhaitez connaitre ces vers, demandez à Noémie, elle s'en souvient c'est sûr !

Après 4 heures de marche et 12 km parcourus, il est temps de partir vers de nouvelles aventures.

L'après-midi, nous allons voir Kinbane Castle. C'est un château gros, beau et fort, mais nous avons malheureusement omis de lire le panneau.

L'emplacement est toutefois tout à fait exceptionnel et réuni absolument TOUT ce que nous attendions de l'Irlande : des falaises déchiquetées par la mer et par les vents, un château imprenable dont les vestiges sont tapissés de verdure.

En explorant ce petit bout du monde, nous apprécions mieux la beauté de la côte, mais également la difficulté de la vie à l'époque.

Emmitouflés dans nos vestes en Gore Tex et réchauffés par le café soluble de notre thermos Quechua, on se dit que c'était beau, mais qu'est-ce que ça devait être dur de vivre ici... Fin du jour 3.


Jour 4 : Et ce qui devait arriver arriva

En ce 4e jour, point de repos pour les âmes vagabondes. Debout à 7h pour contempler The Dark Hedges avant les premiers profanes !

On arrive tôt, très tôt sur le site. Fort heureusement, The Dark Hedges conservaient encore quelques plumes, malgré le changement de saison. Pour ceux qui ne connaissent pas, voilà ce que ça donne.

Mais quel est le nom de cet arbre capable d'adopter une forme si singulière ? Malheureusement, nous n'avons pas lu les panneaux. N'hésitez pas à mettre la réponse en commentaires si vous le savez.

C'était sympa, ça nous a pris 20 minutes, et nous a peut-être coûté une GoPro ! Voici la photo qui précède le drame. Indice : la fermeture complète des poches n'étaient peut-être pas effective.

Il était maintenant temps de s'attaquer à un gros, gros morceau de notre périple.

Un morceau énorme voire même géant : The Giant's Causeway.

Chef d'oeuvre d'architecture de la nature, ce site est un incontournable de l'Irlande du Nord. Si vous souhaitez avoir des explications sur le sujet, rendez-vous sur le site du National Trust, car nous n'avons pas aperçu de panneaux sur le sujet.

C'est en tout cas une promenade tout à fait exceptionnelle, et on se surprend à se demander à quoi ressemblera la côte dans 1 an, 5 ans, 10 ans, vu l'acharnement inexorable de la houle et du vent sur les falaises.

Mais les pensées contemplatives s'estompent vite devant l'inquiétude que l'on peut avoir pour sa propre intégrité.

Emmitouflés dans nos super équipements prévus exprès pour ce séjour, nous déambulions en toute quiétude lorsque le premier frisson agita les foules de la plèbe.

La pluie vint se coupler au vent, déjà virulent. Mais peu s'en font les Bidoux, en armure splendide.

Après quelques minutes de pluie, puis quelques heures, les premières victimes s'en vont au trot, puis au galop.

Et la pluie continue de tomber, et enfin les Bidoux en armure sentent s'infiltrer les premières gouttes.

Héroïques, les Bidoux cuirassés luttent pour protéger l'intérieur de leurs chaussures en Gore Tex.

Mais la lutte est vaine, tant l'ennemi est grand.

Et ce qui devait arriver arriva...

Nous souhaitons d'ailleurs saluer les vétérans de la Ruben Association, qui sauront communier avec nous en ces heures douloureuses de chaussures odorantes.

Et oui, le pantalon de rando est mouillé, les chaussures en Gore Tex trempées, et l'idylle d'un voyage en Irlande au sec... bafouée. Fin tragique du jour 4.


PS : L'Irlande est belle et cruelle à la fois, mais elle sait récompenser les vaillants ! Trempés jusqu'aux orteils, nous avons ensuite persévéré et visité le site de Dunluce Castle, autre chateau idyllique d'Irlande. Une promenade absolument splendide et le réconfort d'un soleil capricieux pour nous réchauffer le coeur, à défaut de nous réchauffer les pieds !

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Publié le 16 octobre 2019

Jour 5 - Vendredi 11 Octobre 2019 : Brown sauce et Bifröst(s)

Premier réveil en Eire, à 8h30.

Nos chaussures et vêtements sont relativement secs, preuve que les efforts d'investissement en équipement n'étaient pas vains. (Merci pour vos nombreux messages de soutien) Les Bidoux se congratulent d'une telle réussite, sans arriver à s'en expliquer la cause exacte.

Noémie a tout de même une théorie sur la question : "C'est parce que j'ai porté mes vêtements mouillés tout l'après-midi. Les vêtements sèchent plus vite lorsqu'ils sont portés !"

Nous vous laissons seuls juges d'une telle théorie, sur laquelle le bon sens lui-même semble émettre quelques réserves.

Au petit déjeuner, nous découvrons la brown sauce. Lorsque nous questionnons notre hôte sur la nature de la sauce, celle-ci nous répond "Brown sauce is... brown sauce." Le mystère reste donc entier.

Notre expédition du jour, c'est Glenveagh. Glen pour vallée, et veagh pour bouleau, of course ! La vallée des bouleaux donc.

C'est une très belle vallée, avec un très beau château, un très beau lac et un très monstrueux vent. Car non vous ne rêvez pas, ce sont bien des vagues et des embruns qui agitent ce lac.

Outre la capacité de balayer tout sentiment de quiétude, ce vent est si violent qu'il a également la capacité de perturber l'espace temps et d'ouvrir des passages entre les mondes. La preuve ci-dessous avec une photo de l'ouverture du Bifröst, capturée de manière fortuite et tout à fait par hasard.

Bifröst 

Le savais-tu ? Le Bifröst est, dans la mythologie nordique, l'arc-en-ciel faisant office de pont entre Asgard, le monde des dieux, et Midgard, celui des hommes.


Si le vent ne manquera pas de vous éblouir, la beauté de cette promenade vous en mettre également plein la vue, avec des arcs-en-ciels en parades.

Petit château, grande vallée.  

Le soir venu, c'est chez The Rusty Mackerel qu'aura lieu l'accomplissement de tout un voyage.

Après des années d'attente, Noémie épanche finalement sa soif de Guiness, avec un Fish-N-Chips traditionnel pour faire passer le tout. Fin du jour 5.

Jour 6 - Samedi 12 Octobre 2019 : Gras, Bravoure & Inconscience

Réveillé par l'odeur du gras, nous glissons de notre lit à la salle à manger du B&B pour un petit déjeuner irlandais traditionnel. Au menu : bacon, oeufs, saucisses, black & white pudding.


Le savais-tu ? Le gras, c'est la vie.


Après ça, on aurait bien fait une sieste, mais comme c'est les vacances, il parait qu'il faut profiter...

Nous partons donc ballonnés pour un des grands repères géographiques irlandais, Sliabh Liag, plus connu sous le nom de Slieve League par la plèbe.

Il s'agit des deuxièmes falaises les plus hautes d'Europe, avec un point culminant à 606 mètres d'altitude ! Elles sont si hautes que les nuages en cachent parfois le sommet.

Comme on a bien mangé, on a bien marché.

Et comme on a bien marché, on a pu profiter de la vue réservée aux plus braves ! Comme vous êtes braves vous aussi, on vous en fait profiter.

Sliabh Liag 

Si on a bien marché, on n'a pas si bien digéré.

Nous avons donc choisi de faire la sieste dans la baie de Malin Beg.

Plage de Malin Beg 

Après la sieste, on n'avait toujours pas digéré. Et quel meilleur moyen de digérer qu'une bonne marche ! (à part un trou normand).

Glengesh Pass, sur la route de Maghera 

Nous avons donc terminé la journée aux Maghera Caves & Beach. (à prononcer Ma-hé-ra, à la tahitienne)

Sur le chemin vers la plage, nous avons croisé plusieurs locaux.

Portraits de locaux 

Sur la plage, nous faisons la découverte d'un Huawei esseulé. Après avoir vérifié que celui-ci ne prenait pas de bonnes photos, nous partons en quête de son propriétaire légitime (ben quoi ?) esseulés dans les dunes.

Sur la plage, nous trouvons aussi les caves de Maghera. Ces caves auraient été durant la période des lois pénales des lieux de rassemblement secrets pour les catholiques.


Le savais-tu ? Les lois pénales furent imposées par l'Angleterre à l'Irlande au cours du XVIIe siècle pour retirer le pouvoir à la majorité catholique.


C'est avec bravoure et valeur que nous entamons la conquête de la première grotte, plongée dans une obscurité totale.

Manea le Valeureux 

Nous n'y restons pas trop longtemps, car si la bravoure protégeait des vampires et autres démons qui hantent ces grottes, ça se saurait.

Mais une fois à la lumière, le courage revient, tandis que la sagesse s'égare. C'est alors que Noémie, radieuse de bravoure et d'inconscience, décide de se lancer à l'assaut des falaises.

Après 5 bonnes minutes de bravoure, la sagesse revient.

Mais il est trop tard. La marée est revenue elle aussi, coupant notre retraite.

Point d'autre choix que d'avancer entre falaises à pic et vagues bouillonnantes, tandis que vertige et regrets succèdent à la bravoure.

Mais les braves gagnent toujours.

Et après plusieurs minutes d'escalade, Noémie découvre une baie, qu'elle choisira de baptiser Noémie's Bay.

Noemie's bay. Happy girl. 

Dans cette baie, nous trouvons une superbe plage ainsi qu'une nouvelle cave.

La leçon étant désormais bien apprise, nous choisissons de rentrer par des chemins détournés.

Les chemins détournés 

Une fois dans la voiture, on se dit quand même qu'on a de la chance d'être (encore) en vie.

On est aussi reconnaissants d'être d'une telle bravoure, sans quoi nous n'aurions jamais pu partager avec vous ces lieux qui resteront à tout jamais hors de portée des moins vaillants que nous.

Tâchez donc de vous souvenir, que la bravoure gagne toujours ! Fin du jour 6.

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Publié le 18 octobre 2019

Jour 7 - Dimanche 13 Octobre 2019 :Petite côte, gros tombeau

Après plusieurs jours passés dans le comté du Donegal, il est temps de faire cap vers le Sud ! Nous prenons donc aujourd'hui la route du comté de Sligo.

Après mûre réflexion, nous ne savons trop que vous dire sur celui-ci, à part que celui-ci est entre deux autres comtés. Piètre bilan mais nous n'y passerons que peu de temps, ayant en tête de plus gros morceaux.

Nous partons le matin pour une dernière randonnée dans le Donegal, à St John's Point.

Emplacement d'un phare au bord de petites falaises, cette pointe a autrefois servi de repère aux Alliés pendant la 2e guerre mondiale.

St John's point 

La découverte marquante de cette randonnée sera que même sur une péninsule de taille réduite et d'apparence plate, l’Irlande arrive à faire naître des cours d'eau.

Et que même dans ces mini cours d'eau, les Bidoux réussissent à risquer leur intégrité physique.

Nous n'y restons que 3 heures, car la balade est courte et que les vaches y sont à la fois nombreuses et oppressantes.

Bidou plongeur et pécheurs fumeurs 

Après cela, nous faisons route vers le Sud pour rejoindre le Queen Maeve's Cairn, soit le tombeau de la Reine Maeve.

Au cas où vous ne le sauriez pas, Queen Maeve est une reine célèbre pour sa beauté autant que pour ses coups de sang dans la mythologie irlandaise.

Son tombeau se devait donc d'être à la hauteur !

La colline sur laquelle est placée le tombeau domine les alentours de Sligo, permettant d'y apprécier un magnifique panorama.

Arrivé en haut, on tombe sur ce gros tas de caillou, le tombeau semble-t-il.

Pour terminer la journée, nous arrivons dans la ville de Strandhill, petite cité balnéaire.

Sur la côte, quelques surfeurs qui prennent les dernières sets de la journée.

C'est ainsi que se terminent la journée des bidoux, assis sur un caillou, dispensant leurs jugements d'experts du surf à qui souhaite les entendre.

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Publié le 20 octobre 2019

Jour 8 – Lundi 14 Octobre 2019 : La fin de l’insouciance

Aujourd’hui, l’Irlande est en pluie.

En grosse pluie.

Un petit regard dehors, c’est la pluie.

Prévision météo du jour, 100% de pluie.

Cela tombe bien car au programme, il y a beaucoup de route aujourd’hui.

En effet, après une très courte visite de Sligo, il est temps de descendre au Sud-Ouest, vers le comté de Mayo.

Sur la route, nous visitons Rosserk Friary, abbaye fondée par des aspirants franciscains dans les années 1440.

L’abbaye est très bien conservée, et les portes y sont minuscules.

Au cours de nos déambulations, nous retrouvons d’authentiques statues de l’époque. La pertinence historique et la qualité des œuvres encore présentes est telle qu’on penserait à une reconstitution. Mais voyez plutôt par vous-mêmes :

Nous ne restons pas trop longtemps, car la pluie tombe dru, et ça commence à sentir le mouillé.

C’est sous une pluie diluvienne que nous reprenons la route.

Il est encore tôt, mais Mayo étant un gros morceau, les Bidoux décident de prendre le restant de l’après-midi pour planifier la suite dans leur B&B, particulièrement cozy ! Une perspective réjouissante pour deux Bidoux ayant passé leur journée sous le déluge.

C’est ainsi qu’aux termes de plusieurs heures de route, un chaleureux panneau de B&B accueillent les Bidoux, au terme de leur odyssée.

Et alors qu’il ne reste qu’une route à franchir, une Jaguar, arrivée trop vite derrière nous, tente de nous dépasser alors que nous entamons notre tournant.

C’est l’impact, et la fin de l’insouciance.

Si vous nous aimez, ne vous inquiétez pas, il s’agit d’un peu de tôle froissée, aucune blessure, tout le monde va bien, et les véhicules roulent toujours.

Si vous ne nous aimez pas, ne vous inquiétez pas non plus, la tôle froissée a suffi à nous mettre le moral dans les chaussettes pour un bon bout de temps.

S’en suivent une engueulade avec un chauffeur polonais qui n’a pas ses papiers, un interrogatoire avec des agents (gentils) de la Gardai, police locale, et 1h30 de route pour faire une déclaration à des agents Budget très pressés de rentrer chez eux.

L’après-midi s’en est allée en un instant.

Le soir, l’insouciance s’est envolée et l’ambiance est au deuil. Fin du jour 8.


Jour 9 – Mardi 15 Octobre 2019 : Le jour d'après

Le 9e jour, les Bidoux se réveillent.

Ils ne sont pas sûrs d’en avoir envie, et le cœur est encore lourd.

C’est un réveil difficile, que seul semble illuminer un soleil radieux.

Le moral dans les chaussettes, les Bidoux se lèvent, piteux.

L’insouciance des vacances semble s’être évanouie, et le monde leur semble plus dur et plus froid.

Et pourtant dehors, l’Irlande parait radieuse.

C’est la vaillante Bidouce qui tentera de s’extraire de cette léthargie tragique : « Bon, on y va ? »

Alors nous y sommes allés.

Sur la route de Downpatrick Head, les paroles sont rares et l’esprit est au tracas.

Sur place, le site est magnifique et nous accueille avec de singulières boules d’herbes dodues.

Quant à la falaise, elle est magnifique.

L’île principale aurait autrefois été rattachée par un pont à l’îlot que vous voyez là, sur laquelle un village aurait existé !

Cela jusqu’à ce que le pont soit arraché à la terre. Par une grosse tempête. Tandis que des gens habitaient encore dessus.

S’il est difficile de relativiser un lendemain de troubles, de tels faits aident tout de même au processus…

L’après-midi, nous mettons le cap sur An Bhinn Bhui.

Comme nous étions toujours déprimés, nous n’avons pas lu de panneaux explicatifs sur le nom.

L’esprit troublé, nous entamons cette longue promenade sur des falaises immenses et magnifiques.

Tous les 100 mètres, il faut se retourner pour observer la côte qui semble changer de visage à chaque tournant.

Tous les 100 mètres, les vues fantastiques que nous avons le privilège d’observer nous réchauffent un peu plus le cœur.

Alors nous marchons tout d’abord, puis courons le long de ces falaises, pour découvrir quel autre trésor se cache derrière le prochain vallon.

Sur la mer plate, le vent fait frissonner d’innombrables fresques jusqu’à l’horizon.

D’immenses cavernes se dessinent sur le flanc des falaises sans qu’on puisse en imaginer le fond.

Durant des heures, nous nous émerveillons de ces paysages grandioses tout en discutant de fantaisie.

Le repos du Bidou  

Tout à la pointe, le dernier sujet de nos divagations et une véritable énigme ! Une île à l’herbe luxuriante dont les falaises plongent le plus souvent à pic dans la mer. Sur ses côtés, on y aperçoit des cavernes.

Sur son toit, on y aperçoit des moutons.

Nous passons longtemps à nous demander comment ils ont fait pour atterrir là.

L'île tortue et ses moutons 

Rassasiés et épuisés, nous laissons derrière nous l’île tortue et nous rentrons.

Au terme d’une journée remplie de ces escapades grandioses, on se sent un peu moins misérables.

On se dit qu’on a quand même de la chance d’être (encore) en vie, et beaucoup de chance d’être ici, en vacances.

Sur le chemin, les tourbières 

Du côté de la voiture, nous avons fait tout ce qui pouvait nous incomber, il ne restera qu’à attendre le verdict de l’assurance. Fin du jour 9.


Jour 10 – Mercredi 16 Octobre 2019 : Connasse t’as tout ?

En ce jour de 10e réveil en Irlande, le cœur est toujours un peu lourd.

Mais le séjour est court et nous avons encore de gros morceaux prévus.

Au programme aujourd’hui, Achill Island, dernière étape de notre séjour dans le comté de Mayo.

O'Malley Castle sur Achill Island 

Achill Island est comme son nom l’indique, une île, arborant les Croaghan Cliffs, plus hautes falaises d’Irlande, culminant à 688 mètres d’altitude.

C’est donc avec l’espoir de prendre de la hauteur que nous prenons la route ce matin.

Achill Island, c’est aussi ce que l’on appelle un Gaeltacht.


Le savais-tu ? Un Gaeltacht est une localité dans laquelle la langue prédominante est le gaélique.


Comme nous sommes passionnés de culture, nous tentons d’apprendre quelques notions de gaélique, dont voici les bases.

"Bienvenue" se dit ainsi "Failte", à prononcer faultcha.

"Santé" se dit "Slainte", à prononcer slauncha.

"Comment ça va" se dit "conas ata tu", à prononcer connasse t’as tout.

Un moyen mnémotechnique peu conventionnel, mais efficace.

A part ça, on a beau temps, et l’île est superbe.

Au bout de quelques heures, nous atteignons son extrémité, baie où s’arrête la route et s’élèvent les falaises.

Keem Beach 

Ici point de sentier, seulement des tourbières immenses sur lesquels coulent d’innombrables cours d’eau.

Avec l’immense légitimité que nous confère la conviction qu’il faut profiter des vacances, nous décidons d’emprunter le chemin des braves, qui consiste à tracer le sien !

C’est donc parti pour une heure et demie d’ascension épique entre cours d’eau et boues sur une tourbière raide, au milieu de fougères et herbes hautes.

Au sommet, le vent souffle, les moutons broutent et la vue des braves est superbe.

La vue des braves 
Les copains 

Une bâtisse éprouvée par les éléments domine seule la falaise et la vallée.

La vue des deux côtés est imprenable, mais le vent souffle très fort.

Le destin de cette masure semblait joué d’avance.

On se demande tout de même comment ils ont amené tous les matériaux jusque-là, une tâche digne d’un Sysiphe !

Rassasié pour la journée, nous mettons le cap sur Leenaun, dans le Connemara.

Le lodge est superbe et confortable, la vue magnifique, mais tout ça, c’est pour demain. Fin du jour 10.

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Publié le 21 octobre 2019

Jour 11 – Jeudi 17 Octobre 2019 : Incivilité, vengeance et éponge.

Pour ce premier réveil dans le Connemara, c’est petit déjeuner (irlandais) de gros.

Comme dehors, il pleut beaucoup, nous décidons d’une journée de visites scéniques, à l’abri dans la voiture.

Nous commençons par Doo Lough, un lac proche.

Doo Lough 

Garés sur le bord de la route la fenêtre baissée, nous observons béats le panorama extraordinaire qui s’offre à nous, tandis que les routes dégoulinent de cours d’eaux.

C’est alors qu’une voiture se fait entendre derrière nous.

Une pensée lointaine tout d’abord devient un doute, puis une angoisse.

Mais il est trop tard. La voiture est à notre niveau, et les flaques d’eau sur la route sont sans fond.

Bidou est blessé à sa fierté dans l’action, tant cette douche froide fut inattendue.

Bidouce trône, côté passager, hilare et indemne.

Bidou mettra un terme définitif au cercle de l’incivilité en arrosant en contrebas un mouton innocent.

Ne voulant pas traîner dans la région après un tel délit, les Bidoux prennent la route vers des cieux plus cléments en empruntant la Skyroad, route longeant une pointe du Connemara.

La route est longue, la pluie est forte. Les Bidoux décident donc d’écouter Caruso. Si vous écoutez bien, dans la troisième phrase du refrain, Pavarotti chante « un caféééé normaaaal ». Ne nous remerciez pas, vous n’écouterez plus jamais cette chanson de la même façon.

Sur la route panoramique, nous tombons sur ce château, inconnu au bataillon.

Sur place, stupeur, il n’y a aucun panneau pour nous en enseigner l’histoire. Nous entreprenons donc l’exploration de ce magnifique château de long en large.

Après une heure d’études et d’hypothèses douteuses, nous rencontrons Whilan.

Whilan, c’est le propriétaire du château.

Il commence par nous expliquer que si le château est autant en ruine, c’est qu’il lui revenait trop cher en impôts. Du coup Whilan décide de dépouiller la demeure de ses meubles, de ses fenêtres et de sa dignité pour échapper aux rap-tout.

Il nous explique ensuite que le château a été bâti en 1812 par John Darcy alors que la région était le fief de trafiquants et de pirates.

Il nous explique aussi que John Darcy fait faillite en 1840, et que le fait d’avoir 12 enfants n’y était sans doute pas étranger (une véritable leçon de vie !)

Il nous explique enfin que ces terres ont été l’objet de nombreux conflits, entre les propriétaires anglais et les résidents irlandais.

Après l’indépendance de l’Irlande, ce sont les paysans locaux qui auront gain de cause et qui récupérerons la propriété des terres.

Des années plus tard, Whilan est né, propriétaire d’un château. Elle est pas belle la vie ?

En tout cas c’est fou ce qu’on retient mieux lorsque quelqu’un nous en parle ! Donc petite astuce pour vous : si vous souhaitez retenir quelque chose, laissez tomber les panneaux, trouvez plutôt le proprio !

Pour rentrer, nous passons par Inagh Valley.

Un véritable coup de cœur pour Noémie, une vallée éponge remplie de tourbe pour Manea, qui donneront quand même quelques jolies photos. Fin du jour 11.


Jour 12 – Vendredi 18 Octobre 2019 : Terre, brû-lée, au vent, des landes de pierre

Même lit que la veille au réveil, même vue splendide et même petit déjeuner de gros.

Un gros morceau pour la route, qui nous mène aujourd'hui au Connemara National Park.

Sur la route du Connemara 

Si nous y étions déjà passés il y a deux ans, les Bidoux n'avaient pas jugé leur équipement à la hauteur d'une telle excursion. Ou peut-être était-ce leur volonté en vérité.

Aujourd'hui plein de bravoure et d'équipements en Gore-Tex, les Bidoux se lancent à la conquête de Diamond Hill, colline emblématique du parc.

La randonnée est superbe, les points de vue magnifiques et le soleil présent.

Le parc est remarquablement aménagé, et nous nous étonnons une nouvelle fois des prouesses irlandaises pour rendre praticable cet enfer de tourbe.

C'est que le Connemara est une véritable éponge.

Un pied sur la terre = un pied mouillé. (voire une jambe)

Un pied sur l'herbe = un pied mouillé.

Un pied sur du gravier en apparence solide = un pied mouillé quand même !

Rendant une nouvelle fois grâce à nos équipements, nous parvenons au sommet indemne.

On vous aurait bien dit que la vue était fantastique, mais il n'y en avait pas.

Sur ces hauteurs vertigineuses (445 mètres), les nuages étaient évidemment trop denses pour y voir quoique ce soit.

Sur la descente, Noémie jubile et ne jure que par ces étendues de tourbe.

Passée maître dans l'art du gaélique, elle déclarera d'ailleurs "Voici bien mon glen préféré."

Sur le chemin du retour, nous apercevons un cerf, deux chevaux et beaucoup de chèvres.

Après 3 heures de randonnée, il est temps de mettre le cap sur Galway pour la soirée.

Dans la voiture, nous tentons d'apprendre The Rocky Road to Dublin, véritable hymne irlandaise.

"1, 2, 3, 4, 5, Hunt the hare and turn her down the rocky road and all the ways to Dublin, whack, follol de-dah !"

Le soir, nous allons manger chez Hooked, poissonnier local et bistrot spécialisé dans les produits de la mer.

Plus que repus, nous arpentons les rues de Galway en prenant soin de ne pas laisser traîner notre panse sur le bitume mal éclairé.

Devant un pub, une porte s'ouvre et une mélodie s'en échappe.

"... and all the ways to Dublin, whack, follol de-dah !"

Tandis que la porte se referme, de nouveaux spectateurs prennent place dans le pub. Fin du jour 12

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Publié le 26 octobre 2019

Jour 13 – Samedi 19 Octobre 2019 : 2 ans plus tard

Tandis que les bidoux se réveillent, la tension monte.

Il y a 2 ans, ils étaient allés aux Cliffs of Moher.

Il y a 2 ans, les falaises avaient eu raison de leur bravoure, et les bidoux avaient rebroussé chemin à mi-parcours, terrifiés pour leur vie.

C’est donc avec force et conviction que les bidoux enfilèrent leurs chaussures en Gore Tex et entreprirent de faire route vers les Cliffs of Moher.

Le plan du jour, prendre la longue promenade pour arriver au point de vue principal, être accueillis en héros et ne pas payer de parking.

Après une petite excursion en territoire bovin, nous atteignons les falaises.

Dans notre nouvel équipement, les falaises ne nous effraient plus.

En tout cas pas tout de suite.

Après quelques minutes, les chemins rétrécissent, entre tombant vertigineux et clôture électrique.

La boue s’étale de long en large et les vents tourbillonnent en tous sens.

Mais après une heure et demie de lutte, les Bidoux arrivent au point de vue touristique.

Ils contemplent la vue des pleutres, qui est quand même remarquable.

Le retour est serein mais long.

L’attention fatigue, et il faut regarder où on met les pieds.

Rentrés le soir à Galway, nous faisons une lessive, prévue cette fois !

Et comme la soupe de poisson était bonne la veille, il serait dommage de cracher dedans.

Nous finissons donc notre soirée à Hooked, pour la dernière fois de notre séjour. Fin du jour 13.


Jour 14 – Dimanche 20 Octobre 2019 : Excursion lunaire et jumelles dans le couloir

Un réveil dominical en douce amertume.

Déjà 13 jours que les Bidoux écument la terre des Enfants de Dana.

Pour notre dernière journée, cap sur le Burren National Park, zone géologique unique en son genre.

Surtout pour l’Irlande car pour une fois, aucune tourbière en vue !

Les sols sont secs, les pierres sont tranchantes et le paysage semble… lunaire.

C’est un extraordinaire chaos de karst et de calcaire, que l’on admire, sans pouvoir se l’expliquer et sans ressentir le besoin d'y appliquer du vinaigre.

Après 3 heures de randonnée, nous reprenons la route pour nous rapprocher de Dublin.

Nous tombons par hasard sur le site de Kilmacduagh Monastery ayant accueilli jusqu’à 4 églises adjacentes.

C’était beau et nous partons plutôt contents.

Après 2 heures de route, nous atteignons notre B&B, une impressionnante propriété isolée, sur laquelle 2 chiens joyeux nous accueillent énergiquement.

Nous pénétrons l’immense demeure de 3 étages et de 14 chambres pour nous rendre compte que tout y est silencieux.

Dans les immenses salons anciens, les meubles sont recouverts d’un voile.

Pressé, le tenancier indique la chambre, remet les clés puis semble sur le départ.

Impressionnés, les Bidoux demandent « Anyone else sleeping here tonight ? »

Le tenancier se retourne, visiblement surpris, puis répond « Should be another person later. » avant de s’éclipser.

Sous la pluie, les Bidoux sortent récupérer leurs affaires.

Echappant au chaos extérieur, les Bidoux rejoignent le couvert contrastant de leur asile, désormais silencieux.

A l’intérieur, un silence assourdissant règne.

Dehors, les chiens excités plus tôt ont cessé de japper.

Dans la chambre, les Bidoux sont accueillis par un tableau du Joker.

Sur le tableau, une joyeuse référence en lettres de sang. « Why so serious ? »

Suspicieux, les Bidoux se repaissent d’un frugal repas. La fuite inopinée n’étant pas exclue, la légèreté peut être une vertu.

Lorsqu’ils secouent la nappe par la fenêtre, les ténèbres sont si épaisses que le sol semble avoir disparu.

Entre les parois des murs, on entend parfois s’écouler des gouttes de manière irrégulière. Le sang des précédentes victimes peut-être.

A 22h41, un bruit de pas dans le couloir.

Hourra ! Les Bidoux ne sont pas seuls. Peut-être quelque sombre démon exorcisé d’une fillette arpente-t-il toujours les couloirs de cette sombre demeure.

Nous n’irons en tout cas pas vérifier.

La chambre est fermée à double tour, la clé est restée dans la serrure.

Ce soir les Bidoux dormiront alertes.

Au petit matin, les fillettes jumelles dans le couloir seront peut-être allées dormir.

Au petit matin, les Bidoux émergeront peut-être en vie. Fin du jour 14.

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Jour 15 – Lundi 21 Octobre 2019 : L’épopée des MacBidoux

Au petit matin, les Bidoux détalent sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller les sœurs jumelles qui se sont endormies sur la moquette.

A l’extérieur, la Skoda Fabia les attend, gelée.

Si cette sinistre demeure n’aura pas réussi à nuire aux Bidoux, c’est qu’ils sont destinés à de plus grandes choses que périr dans une demeure poussiéreuse à la décoration de mauvais goût.

Soucieux d’étendre leur renommée au-delà des vertes collines de l’Irlande, les Bidoux se feront désormais appeler les MacBidoux.


Le savais-tu ? Mac signifie « fils de » en gaélique.


Ainsi les MacBidoux partent à la conquête de l’Ecosse.

Pour se faire, ils ont choisi de rejoindre leurs amis et alliés à Edinburgh, les MacBièss (à ne pas confondre avec MacBeth).


Le savais-tu ? MacBeth signifie « fils de la vie ».


Après de joyeuses retrouvailles à l’aéroport, c’est avec grand entrain que nous mettons le cap sur Bunkcampers pour récupérer notre camping-car.

Après 3 heures d’attente, d’incertitude et de négociation, nous récupérons finalement le véhicule, vraisemblablement en état de marche.

Lors de la visite explicative, nous écoutons avec attention Scott le scot, archétype de l’écossais qui semble parler plus gaélique qu’anglais.


Le savais-tu ? Un écossais se dit « a scot » en anglais.


Scott nous explique ce que nous avons besoin de savoir pour faire fonctionner le camping car au quotidien, vivre 9 jours de bonheur dans la pampa écossaise et éviter toute sorte de mort douloureuse.

Après 20 bonnes minutes d’explication, la coalition est prête à partir.

Après avoir rempli le camping-car de provisions, nous choisissons de passer la nuit à une pointe au Nord d’Edinburgh.

Nous profitons ainsi d’une superbe vue, du clapotis des vagues et du passage de curieux visiteurs.

Si nous sommes initialement soucieux de ne pas déranger ces couples en quête de romance, une autre vérité semble se décanter au fil de la soirée.

Du coup on prend l’apéro dans la joie et le vacarme, d’autant plus que les MacBièss nous gâtent de mets délicieux. Fin du jour 15.


Jour 16 – Mardi 22 Octobre 2019 : Magic Scott & quête inachevée

Ce matin, la coalition est pataude. En effet, déjà à court de gaz, nous n’arrivons pas à dévisser le boulon du gaz, qui a raison de notre clé. De plus, un des robinets ne fonctionne pas correctement.

Du coup on passe faire un coucou à Scott, dont la longue liste de nos problèmes n’entame pas l’entrain. Après 30 minutes de réparation, le camping-car est de nouveau d’attaque pour partir à l’aventure. Émus de gratitude, nous choisissons d’honorer la mémoire de notre sauveur en nommant le véhicule d’après lui.

Grâce à Scott, la coalition part à l’assaut de son premier château, le Castle Campbell.

Élément notable, nous choisissons d’acheter l’Explorer Pass. (45£ par personne pour 14 jours)

Avec cela, nous disposons d’un accès libre et prioritaire aux monuments répertoriés par Historic Scotland, qui gère les principaux châteaux en Ecosse.

Des châteaux, il y en a énormément en Ecosse, ce qui n’est pas négligeable lorsque vous voyagez en camping-car et qu’il faut garder un œil vigilant sur le niveau de remplissage de la cassette des toilettes…

Un fantastique passe pour des toilettes propres, même si l’accès à des monuments historiques incroyables n’est pas négligeable.

A l’intérieur, le château est beau, gros, et bien conservé.

Au dehors, une randonnée nous permet d’apprécier de beaux cours d’eaux et de laisser libre cours à notre swag.

Incarnation du swag 
Dédicace affectueuse à nos photographes d'exception ! 

Un début d’après-midi plutôt sympa en somme, mais bien insuffisant pour étancher la soif d’aventure des braves MacBidoux et MacBièss !

Ils décident donc de faire route vers Crawford Priory, une abbaye laissée à l’abandon et vraisemblablement accessible par une randonnée de quelques minutes semblent indiquer Noémie et Amandine. Manea et Loic, dont la dévotion pour leurs compagnes n’a d’égal que la confiance qu’ils leur portent, s’aventurent naïvement dans la forêt.

Après quelques minutes de marche, la troupe rencontre un pont aussi sinistre que délabré.

Heureusement, la randonnée ne les y conduit pas et nos aventuriers poursuivent leur chemin vers une traversée plus paisible qui les conduirait aux ruines en une dizaine de minutes.

Tant mieux car l’heure avance, et le soleil ne tardera plus à disparaître.

Nos aventuriers ne trouveront jamais cette traversée. En contrebas, des vestiges de pont effondrées et de délabrement semblent indiquer ce qui fut jadis un passage. Mais la voie est désormais close.

Et des eaux bien fraîches et boueuses la gardent.

Mais les ruines sont juste en face, et si nous ne les apercevons pas, nous n’en serions séparés que par une centaine de mètres.

Après un conseil de guerre improvisé, la décision de la tribu est finale. La découverte des ruines étant beaucoup plus importante que leurs propres vies, les braves choisissent d’emprunter le pont.

Héros aux aptitudes simiesques, MacBidou se portera volontaire pour ouvrir la voie. Sur le pont en hauteur, la vue est spectaculaire et laisse peu de place à l’imagination.

Après s’être assuré que les poutres délabrées ne l’étaient pas qu’en apparence, MacBidou invite sa tribu à traverser, ou à repartir vivre le restant de leurs vies dans la disgrâce et la honte.

MacBidouce prend immédiatement l’initiative de traverser en adoptant une vraie posture de brave. Debout sur les poutres délabrées, elle s’appuie de ses bras sur les rails rouillés, avec une vue plongeante sur la mort certaine dans l’éventualité d’une chute. Heureusement, elle n’a pas le vertige, et est reçue en triomphe par son compagnon.

Les MacBièss adoptent la même technique, avec grand succès puisqu’aucun d’entre eux ne mourra ce jour.

Mais la célébration est de courte durée.

De l’autre côté, marécages, orties et forêts drues marquent nos héros de boues et d’écorchures.

Et après 30 minutes de lutte acharnée, les braves sont récompensés. C’est la vue majestueuse d’une immense abbaye abandonnée qui les accueille.

Derrière un grillage. Marqué d’un panneau KEEP OUT.

Une véritable leçon de vie pour Loïc et Manea sur la confiance.

Le retour se fait dans l’incrédulité et l’incompréhension.

Le soir, nous décidons de passer dans un camping en bord de mer à Tayport, en face de Dundee.

Le soir, la troupe célèbrera la gratitude d’une nouvelle journée de vie en prenant l’apéro et en mangeant des pâtes carbos. Fin du jour 16.



Jour 17 – Mercredi 23 Octobre 2019 : Sous le vent

Un magnifique lever de soleil pour commencer la matinée.

Cette matinée, les MacBidoux la savourent en observant les MacBièss faire la vaisselle dans la vase.

Si les MacBidoux s’interrogent sur l’efficacité d’une telle technique, ils laissent à leurs camarades le bénéfice du doute. Ils mettront tout de même un petit coup de rinçage à l’intérieur du camping-car pour s’assurer de rester en vie.

Aujourd’hui, la troupe part à la conquête de Glen Clova !

Il s’agit d’une vallée magnifique dans laquelle une randonnée de 2h30 permet d’apprécier une vue spectaculaire sur le Loch Brandy.

Au départ de la randonnée, nous observons sur le côté du chemin la dépouille fraîche d’un lièvre. Un excellent présage sans doute.

La première heure de la randonnée est pentue avec 400 mètres de dénivelé, mais plutôt agréable. La vue sur le Glen est magnifique, les couleurs de l’automne mélancoliques.

Après une heure, nous arrivons au niveau du Loch Brandy, réservoir d’eau situé dans une véritable cuve. Si la vue est belle, nous sommes surpris par la violence de ses vents.

Pour rigoler, on s’amuse à se laisser tomber contre le vent, et on se surprend à sentir que celui-ci ralentit notre chute par sa vigueur.

Comme cette ascension n’a pas épanché leur soif d’aventure, les héros guettent le prochain sentier qui pourrait faire bouillir leur sang. Et ils ne tardent pas à l’apercevoir.

Un peu plus loin, le « sentier » se poursuit sur une fine crête aux tombants raides pour rejoindre le sommet de la montagne, dominant de plusieurs centaines de mètres le Loch.

« Et si on y allait ? »

Sur ces joyeuses et sages paroles, les MacBidoux et les MacBièss entament leur ascension, aidés par la poussée du vent.

Mais dès les premières minutes, les vents s’accélèrent.

Ils deviennent bientôt si violents qu’il devient impossible de faire un pas sans être déséquilibré.

A mi-chemin, nous poursuivons l’ascension accroupis, pour éviter de dégringoler le long des falaises tombantes.

Le vent dans les tripes. 

Sur ces crêtes vertigineuses, il faut littéralement lutter chaque seconde pour ne pas chuter.

Après 30 minutes d’ascension éprouvantes physiquement et mentalement, la troupe atteint le sommet.

Ici, les vents semblent souffler à plus de 80 km/h.

Notre sang bouillonnant de l’adrénaline de l’ascension ne tarde pas à se geler.

Les visages sont plissés en permanence pour garder le cap.

Si le retour est éprouvant et boueux, le sentier est tout de même large, et la sérénité est revenue.

Les braves profitent de leur vue privilégiée, en saluant l’inconscience qui leur a permis de monter le long de cette crête.

Le vent dans la face. 

Le soir, nous partons célébrer la gratitude d’une nouvelle journée de vie dans un parking du port de Stonehaven. Fin du jour 17.

Le vin dans le ventre. 



Jour 18 – Jeudi 24 Octobre 2019 : Aberdeen I can Fly

C’est un réveil effroyable pour MacBidou, sur le visage cerné de MacBidouce.

En effet, nous aurions été ballottés la veille dans nos lits au-dessus du poste de cabine par des rafales de vent à… 35km/h. Le sang de MacBidou se glace en songeant à l’effet qu’aurait une pointe de 36km/h sur l’humeur de sa belle…

Tout le vent de la veille, ça nous a donné les cheveux gras.

Du coup on décide de faire un shampoing.

Un véritable spectacle pour les locaux qui voient se contorsionner les braves sur le parking local.

Un MacBièss sale, bientôt propre.

Ayant retrouvé forme humaine, nous partons à la conquête de notre nouveau fief, le Dunottar Castle !

La troupe légendaire. 

Au jour où nous publions cela, impossible de se souvenir de quelque détail historique d’importance…

Tout ce qu’on sait, c’est qu’ils avaient leur propre brasserie pour faire de la bière.


Le savais-tu ? La bière était la boisson usuelle des nobles de l’époque, car stérilisée dans une certaine mesure. (Merci maîtresse !)


On se rappelle aussi que les joyaux de la Couronne écossaise ont été cachés dans ce château à l’époque où Cromwell mettait encore les futures colonies anglaises à feu et à sang.

En tout cas le château est superbement conservé et semble imprenable du haut de ses falaises !

MacBidou se l’octroie de bon droit, puisqu’il a gagné la partie de 6 Qui Prend la soirée de la veille. Nous prenons possession des lieux pendant plusieurs heures et déambulons comme il nous plait.

A gauche, MacBidou, roi de Dunottar / A droite, son bouffon. 

Une fois l’acte de propriété signé, il est temps de trouver de quoi se repaître.

Nous mettons le cap sur Aberdeen.

Si sa vue n’est à priori rien d’extraordinaire, elle inspirera à l’âme de barde de Loïc quelques rimes mélodieuses, « Aberdeen I can fly ! ».

Dans Aberdeen, il y a Fittie, un mini village très excentrique.

Fittie les hippies. 

On y prend de belles photos, tout en cherchant un Fish’n’Chips d’exception.

Nous en trouverons un chez Silver Darling, restaurant très bon dont le service sera sujet à débat chez les MacBidoux.

Une fois notre appétit rassasié, nous partons à la conquête de Huntly Castle !

Château superbe, et fermé. 

Le château est à la fois superbe, et fermé.

Ayant eu vent de la venue des conquérants, le Historic Scotland a pris des mesures drastiques en fermant définitivement le petit portillon en bois pour la saison.

Plus sérieusement, la saison touristique étant à son terme, nous nous jurons d’être plus consciencieux dans nos préparatifs à l’avenir.

A défaut de château, il y a un superbe parc de loisir gratuit sur la pelouse à côté du château.

Si nous sommes véritablement surpris par la qualité des équipements mis en place pour les quelques bambins désœuvrés du village, nous ne tardons pas à revoir notre jugement.

Le village a sans doute aussi quelques adultes désœuvrés qui comme nous, s’amusent quand même bien sur les jeux.

Adultes désoeuvrés. 

Une fois nos âmes d’enfants rassasiées, nous partons nous balader le long des cours d’eau.


Ses paysages de fantaisie sont peints aux couleurs de l’automne.

Nous déambulons de tout notre soûl entre pierres mousseuses et feuilles mortes.

Une fois nos cœurs de romantiques rassasiés, nous partons chercher à boire.

Pour être sûrs de ne pas se tromper, nous choisissons le Seven Stills, seul pub de Dufftown, ou de son modeste surnom, « the Malt Whisky Capital of the World ».

Laird of MacBièss clan seduces young bonnie lass. 

Comme personne n’est d’accord, on prend un cider, une ale, une stout et un whisky.


Le savais-tu ? Une blanche se dit « a lager », une blonde se dit « an ale », une brune se dit « a stout » et une rousse se dit « a witch ». (A éviter auprès de bartenders sans humour ou roux)


Une fois nos gosiers abreuvés, nous partons chercher de la joie.

Dans le camping-car, c’est toilette à tour de rôle tandis que beugle la troupe sur les notes de The Greatest Showman.

Une fois nos culs propres et nos gosiers écorchés, les MacBidoux se couchent, repus d’une journée où il fait bon vivre. Fin du jour 18.

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Publié le 17 novembre 2019

Jour 19 – Vendredi 25 Octobre 2019 : Pas jacobite, mais presque

Ce matin on se réveille sur un parking public.

Soucieux de nous éveiller aux coutumes locales, nous choisissons de débuter cette journée par un bon whisky, en visitant la Glenfiddich Distillery.

Si vous avez suivi, vous savez que Glen = vallée.

Quant à Fiddich, on vous laisse deviner avec cette photo.


Le savais-tu ? Un cerf se dit « fiddich » en gaélique.


Sarah, notre guide scot, nous explique que le whisky est produit à partir de malt, de levure et d’eau, le tout mélangé selon une séquence bien précise.

Une vidéo épique nous montre la naissance de la distillerie en 1886 avec William Grant, « a man who appreciates the true value of time. »

Si la distillerie est bâtie à cet endroit, c’est pour avoir accès au Robbie Dou (à ne pas confondre avec Gros Bidou), source d’eau aussi précieuse au whisky que le riz à son sushi. Les Grant ont depuis racheté l’ensemble des terres autour de la source, pour s’assurer de sa pureté.

Autre spécificité de la distillerie, c’est une des seules à disposer de ses propres maîtres tonneliers.

Au premier abord, on s’étonne de savoir que tonnelier c’est un vrai métier, et qu’en plus il y aurait des maîtres en la matière !

En visitant les entrepôts de vieillissement, on comprend mieux l’importance de ces artisans, véritables maréchaux-ferrants de tonneaux.

C’est que les tonneaux sont précieux pour faire vieillir le whisky. Certains sont importés des Etats-Unis pour le bourbon ou d’Espagne pour le cherry. Du coup entre chaque vieillissement, il faut s’assurer que les tonneaux puissent être réutilisés.

Après le vieillissement, on passe à l’embouteillage.

Si Glenfiddich produit de nombreux whisky, en voici un dont il vaut le coup de parler !

Un soir de tempête, les toits de l’entrepôt de vieillissement s’effondrent sous le poids de la neige.

Les nombreux tonneaux dont le vieillissement est interrompu, sont dès lors inutilisables.

Le Malt Master de l’époque décide alors de la mise en bouteille d’un cru unique, le Snow Phoenix de 2010.

Aujourd’hui, vous pourrez vous procurer une bouteille de ce breuvage pour la modique somme de 2,000£. Une fois que ce sera fait, n’oubliez pas que les MacBidoux ne refusent jamais une invitation.

Comme nous n’avons pas 2,000£ sur nous lors de la visite, nous ne goûterons pas celui-ci mais les grands classiques : le 12 ans, le 15 ans et le 18 ans d’âge.

Sur la table, les précieux breuvages nous font de l’oeil.

Mais au moment de déguster, MacBièss consent à l’ultime sacrifice.

Se portant volontaire pour conduire le restant de la troupe, il ne dégustera point.

Détournant le regard, MacBidou verse une larme de gratitude pour cet acte de pure bonté avant de porter le graal à ses lèvres.

Le 15 ans d’âge l’emporte à la grande majorité.

Concrètement, il s’agit d’un mélange de plusieurs whiskys vieillis respectivement en fûts de bourbon, de cherry et de chêne, avec un goût fumé plus prononcé que ses confrères.

Un tel moment de communion, ça nous donne des envies de sacré.

Du coup on visite ce qu’il reste de l’Elgin Cathedral.

Érigée au XIIIe siècle, son plafond de fer était apparemment une véritable merveille, érigée au rang de trésor national. Malheureusement, il sera envoyé en pays scandinave pour être fondu et servir l’effort de guerre. Sur le chemin, le bateau fait naufrage et le plafond disparaît dans les limbes.

Comme il fait beau, on ne s’en plaint pas trop et on profite du soleil qui passe dans les alcôves.

Dans les ruines, on trouve une chapelle.

Eduqués dans la foi et la sobriété d’un établissement catholique, les MacBidoux entonnent les mêmes canons mélodieux qui ont sans doute résonné entre ces murs.

Une fois l’endroit profané et les saints ressuscités par nos beuglements, il est temps d’arrêter le massacre.

Pour rester dans le thème, nous allons voir le lieu d’un véritable massacre, le Culloden Battlefield.

Concrètement, il s’agit d’un champ mal débroussé, sur lequel gloussent des fans d’Outlander et se battent quelques panneaux d’indications.

Pourtant, marcher le long de ces allées de tourbe en en apprenant l’histoire, ça a quelque chose de bouleversant.

Culloden Battlefield, c’est l’endroit où furent écrasés en 1746 les derniers combattants jacobites, supportant la restauration du prétendant au trône écossais, Bonnie Prince Charlie, descendant des Stuart.

Avec cette ultime défaite, les clans sont démantelés, les kilts interdits et les cornemuses bannies. Nombres des survivants sont envoyés dans les bagnes. Leurs descendants seront chassés des Highlands par les grands propriétaires terriens anglais pour y être remplacés par des moutons.

Sur les champs, on aperçoit des stèles à la mémoire des clans qui ont combattus ici.

Nous allons lire les noms, de stèle en stèle, en s’aidant des panneaux pour imaginer le carnage.

Sous-équipés, les jacobites en nombre pourtant supérieur ont été décimés à coup de canons et de fusils, piégés dans les marais de tourbe environnants.

The Shadow of Culloden

Au magasin du Visitor Centre, nous trouvons foison de calendriers d’hommes nus sous leurs kilts. Un héritage pas très jacobite, mais presque.

Pour se remonter le moral, nous partons à la recherche d’un local qui aurait survécu à l’envahisseur et aux années, planqué dans un Loch.

Demain, nous irons voir Nessie. Fin du jour 19.


Jour 20 – Samedi 26 Octobre 2019 : MacGrassouillet

Ce matin, nous faisons la toilette de Scott pour la première fois.

Au programme, remplissage des eaux, vidange des eaux grises et des eaux noires.

Pour se récompenser, nous mangeons notre premier Full Highland Breakfast !

Au terme de ce petit déjeuner bien grassouillet, la préférence des MacBièss diverge.

La scission du clan MacBièss est dès lors actée, entre MacSausage et MacBacon.

A gauche, MacSausage / A droite, MacBacon

Pour apercevoir Nessie, nous choisissons de visiter Urquhart Castle, château majestueux sur les rives du Loch Ness.

Mais avant d'avoir accès au château, on assiste à une présentation vidéo de l'histoire du château avec le guide.

Urquhart a été le fief du clan Grant. Il fut pillé pendant des siècles par les MacDonald, clan dominant des Highlands alors, asservissant aujourd’hui le monde à coup de burgers et de frites.

Durant le soulèvement des jacobites, les Grant, las de ces pillages à répétition, décide de le faire exploser à coup de barils de poudres.

Le guide nous explique alors que les ruines sont aujourd'hui en cours de restauration, et les rideaux sont tirés pour nous présenter la version grandeur nature d'Urquhart.

Levée de rideau sur Urquhart 

La troupe est enfin lancée, et les braves déambulent sur le site.

Le château est superbe, le temps splendide, et le swag débordant.

Les heures passent, et nous n’apercevons pas Nessie.

Invisible Nessie 

Du coup on décide d’aller faire une randonnée, parce que ça faisait longtemps.

C’est à Glencoe Lochan que nous irons nous balader.

Autour de lacs splendides, nous faisons quelques photos.

Mais où est MacBidou ? 

Mais un membre du clan MacBidou manque à l’appel.

Quelques minutes plus tard, MacBidou est réveillé de sa sieste par la grêle assaillant le camping-car. Il se félicite longuement de son jugement jusqu’à ce que revienne la troupe trempée et grelottante.

La nuit, nous ne la passerons pas dans le port d’Alexandria, mais dans son yacht club. Fin du jour 20.


Jour 21 – Dimanche 27 Octobre 2019 : Espèce dominante

Aujourd’hui, nous poursuivons notre retour vers Edinburgh avant le jour fatidique du départ des MacBièss.

Sur la route, il y a le Buchanan Castle.

Vestige abandonné, celui-ci est grillagé de toute part.

Mais une petite entrée fortuite nous permet de nous y introduire.

Le château est réellement laissé à l’abandon, et ses ruines semblent aussi anciennes qu’instables.

Si la troupe singe un peu, on prend quelques clichés et on ne s’attarde pas.

En traversant l’Ecosse, il y a le Loch Lomond, un des lacs majeurs du parc national des Trossachs.

Pour voir tout ce qu’il y a à voir, on décide de monter sur une des collines environnantes, Conic Hill.

Au Visitor Centre, le guide écossais nous indique qu’il faut normalement 2 heures et demie pour atteindre le sommet. Mais après un coup d'œil jeté à nos corps musclés, il se ravise et précise que pour des gens comme nous, ça ne prendra que deux heures.

Galvanisée par le jugement d’un œil expert, la troupe se met en chemin.

C’est décidé, nous ne mettrons qu’une heure et demie.

Les gens sont nombreux, les chemins boueux et les chiens aussi.

Au premier sommet, on a de l’avance, alors on prend la pose.

Mais attention à la performance !

Du coup on traîne peu et on repart.

Au dernier sommet, la vue des braves est superbe.

Une fois notre soif de randonnée épanchée, nous repartons à la conquête de nouveaux fiefs.

Cet après-midi, nous partons à l’assaut de Doune Castle.

Il s’agit là d’un des châteaux les plus visités d’Ecosse.

C’est que 3 espèces se disputent cet espace.

La première espèce se complaît dans le complot, le sang et l’adultère.

Si certaines des scènes de Game of Thrones ont été tournées ici, l’espèce est assez rare et le fort donne assez peu d’indications sur la série.

La deuxième espèce est partisane d’un humour aussi bon que douteux.

A l’entrée du château, le Visitor Centre nous propose d’acheter des noix de coco. En fouillant un peu, on se rend compte que ce sont celles qui ont servies à produire le bruit des chevaux de la pittoresque troupe ambulante du King Arthur. C’est en effet sur ces murs qu’ont été tournés les scènes de confrontation entre le roi anglais et les français du Sacré Graal des Monty Python.

Cette espèce est peu présente aujourd’hui.

En effet, les lieux sont aujourd’hui monopolisés par la troisième espèce, écrasant les deux autres au point que les salles sont désormais aménagées à leur convenance.

Cette dernière espèce, c’est celle des fans d’Outlander.

Et aujourd’hui, la troupe fait le plaisir d’un de ses plus beaux spécimens.

En effet, au hasard d’un détour, on peut apercevoir une MacBidouce errant dans les sombres couloirs de Doune, tantôt ricanant, tantôt gloussant.

C’est que l’audioguide à son oreille lui porte la douce voix de son roux en jupe préféré, Sam Heughan, alias Jamie Fraser.

Pour ne pas la perdre, la troupe arpente le château de part-rempart.

Château des temps médiévaux, il regorge de passages et de cachettes inexploitées.

Une fois l’ardeur de MacBidouce retombée, nous nous promenons le long de la rivière du fort, visible derrière les feuilles mortes.

Pour la nuit, nous choisissons de dormir proche de notre destination du lendemain, le Blackness Castle.

Comme le nom de l’endroit est aussi stylé que sinistre, on procède à un blind test pour se garder heureux et insouciants. Fin du jour 21.


Jour 22 – Lundi 28 Octobre 2019 : Avant les adieux

Ce matin, toute la troupe a froid.

En effet, même Scott peine à garder sa dignité de Magic Vista Plus. Au petit matin, le froid aura eu raison de son endurance. Dans la nuit, le boiler a lâché et les vestiges d’une eau qui fut un soir chaude gisent sous lui.

Heureusement le soleil est de la partie.

Nous visitons ce matin le Blackness Castle, aussi appelé « The Ship that never sailed ».

En effet, érigé en garde de l’embouchure, le Blackness vu de la rivière se laisse facilement imaginer comme l’avant d’un immense bateau en pierre, dont le mât de roc menaçant se dresse en son centre.

Ce château a été utilisé à maintes reprises pour des tournages.

Il est donc extrêmement bien conservé, et nous avons le privilège de pouvoir faire un tour des remparts, plaisir suffisamment rare pour être mentionné.

Par un pur miracle de communion silencieuse, la troupe adopte un rythme curieux : on presse le pas à l’ombre et on lambine au soleil.

On profite de la visite, mais sans trop traîner car le vent est froid.

En fin de visite, le donjon central ayant servi de prison accueille la troupe avec un jeu de lancer d’anneaux.

Une fantastique opportunité pour les hommes de railler ces dames et de briller aux yeux de leurs clans et des visiteurs qui passent.

C’est que ces demoiselles semblent lancer leurs anneaux avec autant de technique qu’un bébé jetterait son hochet à terre.

Les hommes se moquent tandis que les anneaux atterrissent sur le sommet de la planche, glissent… et s’accrochent sur les cibles en bois !

Estomaqués, les hommes crient au coup de chance tandis qu’ils s’emparent avec insolence des anneaux.

Avec vigueur et habileté, les hommes font tournoyer les anneaux tels des frisbees… sans en accrocher aucun.

Malgré de multiples tentatives, le score est sans appel, la fierté blessée et la foule estomaquée.

Tandis qu’il écrit ce texte, MacBidou se fait durement réprimander.

Du point de vue de MacBidouce, il s’agissait de lancer l’anneau avec suffisamment de délicatesse pour que celui-ci ne rebondisse pas contre la planche en bois.

Du point de vue de MacBidou, c’est un jeu fabriqué pour des enfants de moins de 12 ans dont les muscles n’ont pas encore été éprouvés par la vie.

Un désaccord majeur au cours des 10 ans du clan MacBidou, qui en dit long sur la gravité de leurs conflits.

La défaite n’étant pas SI amère, nous repartons tout de même joyeux vers Edinburgh.

En effet, s’agissant du dernier jour, nous avons gardé le château le plus massif pour la fin.

Dans les rues de la capitale, la foule va et vient de manière incessante.

Si les rues paraissent sombres, la ville se distingue quand même par une architecture qui nous semble plus sophistiquée que dans le reste des villes écossaises.

Au bout du Royal Mile surpeuplé se dresse le Edinburgh Castle, fier et drapé dans ses remparts.

Ce château aurait servi en tant de guerre pour la dernière fois lors du soulèvement jacobite.

Plus récemment, il aurait inspiré Poudlard à J.K Rowling, alors assise dans l’Elephant House, perdu dans les rues de la ville.

Il est de loin le mieux conservé, le plus massif et le plus touristique.

Peu habitué à être tant mêlé à la plèbe, nous luttons initialement pour visiter quelques bâtiments et lire quelques panneaux avant de nous résigner.

C’est que nous avons pris goût au privilège de visites solitaires au cours de ces 8 derniers jours en Ecosse.

La visite est donc écourtée et nous décidons de déambuler autre part.

A l’extérieur du château, MacBidou essaye de cacher un panneau à MacBidouce, mais il est trop tard.

En effet, sur la bannière racoleuse d’une boutique, on peut lire « The Boy Who Lived ».

C’est un véritable électrochoc pour ces dames qui s’engouffrent avec plaisir dans l’échoppe.

Les dames flânent entre les rayons tandis que les hommes entament une partie de dames sur un jeu d’exposition.

Plusieurs gadgets inutiles achetés plus tard, nous voilà sortis.

La dernière étape culturelle de la journée, ce sera le National Museum of Scotland.

Les MacBidoux l’ayant déjà visité en partie, ils amènent avec hâte leurs amis jusqu’à l’exposition sur le monde animal.

En effet, le National Museum of Scotland possède un des deux seuls squelettes de Tyrannosaure complet.

De nombreux autres fossiles sont présents, avec des expositions d’animaux selon les catégories ou les environnements géographiques.

Dans la catégorie vitesse, nous avons l’opportunité de faire une course en vélo contre des animaux.

C’est Amandine MacSausage qui se porte volontaire pour représenter l’humanité dans une course contre un cobra, un hippopotame et un tatou.

Au terme d’une course effrénée, elle finit 3e, derrière le cobra et l’hippopotame. Des audacieux vous diront qu’un hippopotame court vite. Ce sont les mêmes qui croient que la terre est ronde.

Pour notre dernière tournée, nous partons en quête d’un pub.

Nous en trouvons un en plein centre pour profiter de l’ambiance locale.

Fatigués mais contents, nous y passerons quelques heures le temps que les locaux se motivent (locomotive) pour faire chauffer leurs cuisines.

Pour notre dernière ripaille, nous partons en quête de haggis.

Nous trouvons un restaurant dont le nom ne vaut pas la peine d’être mentionné si ce n’est pour vous mettre en garde.

Si vous cherchez un endroit où la nourriture n’est pas trop bonne et l’air pas très chaud, demandez-nous et on fera un effort pour s’en rappeler.

De bon cœur, on peste beaucoup mais on est quand même heureux.

Repus d’une belle journée ensemble, nous récupérons Scott pour la dernière nuit des MacBièss en Ecosse. Fin du jour 22.

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Publié le 23 novembre 2019

Jour 23 – Mardi 29 Octobre 2019 : Deuil et slips mouillés

Au petit déjeuner de ce matin, une odeur d’amertume règne tandis que les MacBièss préparent leurs bagages.

C’est qu’après 9 jours de vaillantes aventures et de camaraderie contre vents et marées vaseuses, la communauté voit poindre le jour tant redouté de l’ultime séparation.

Un petit bout de chemin plus tard, il est temps de se dire au revoir.

Quelques embrassades, remerciements et signes de main, puis les MacBidoux sont seuls.

Bye bye les copains 

Soudain le camping-car parait grand et vide.

Les MacBidoux s’observent quelques temps, incrédules, le temps de réaliser l’étendue de leur solitude. C’est que ces 9 jours ont été aussi intenses que rapides.

Mais dans cette inlassable conquête de l’Ecosse, il n’y a point de répit.

Et déjà les MacBidoux doivent préparer la suite de leur périple.

Les ressources cérébrales dorénavant disponibles étant réduites de moitié, voire plus, la planification prend plus de temps que prévu.

Avant de repartir vers de nouvelles aventures, les MacBidoux doivent réapprovisionner Scott.

Après s’être assuré plusieurs jours de sustentation, on choisit de s’éviter de futures misères en faisant l’acquisition de tours de cou et de chaussettes chaudes.

Pour notre première nuit seuls, il y a un peu de route à faire.

Noémie s’installe pour la première fois du voyage au poste de co-pilotage de Scott et prend toute la mesure de sa nouvelle responsabilité.

S’inspirant de la rigueur et de la prévenance de ses prédécesseurs, elle invoque l’esprit des MacBièss pour l’assister au cours de ces 20 prochains jours. Car pour faire naviguer Scott en terre scot, il faut redoubler d’attention : hauteur des arbres, hauteur des ponts, anticipation des ralentissements, etc.

C’est avec grande concentration et prudence que nous mettons le cap sur Gallowhill Park, un camping à l’extérieur d’Edinburgh.

Dans un champ, nous sommes accueillis par Mary, une dame écossaise très (très) âgée et très sympathique.

D’un anglais quasi-gaélique, elle nous indique qu’il s’agit du dernier jour d’ouverture du camping de l’année.

Après avoir constaté que nous étions aussi braves que mignons, elle nous fait la nuit à 12£ au lieu de 20.

Ce soir, l’électricité fonctionne, le chauffage est à fond et la douche est chaude.

Que demander de plus à part des vêtements propres ?

Car en effet, l’heure est au manque de slips propres pour MacBidou.

Heureusement, il y a même une laverie avec une machine à laver et un sèche-linge !

La machine à laver fait aussi bien son boulot que le sèche-linge néglige le sien.

Au terme de ces opérations, MacBidou restera démuni d’un slip sec.

Or tout le monde sait qu’aucun exploit ne peut être accompli sans slip. Fin du jour 23.


Jour 24 – Mercredi 30 Octobre 2019 : Le temps d’une lessive

Ce matin, on se réveille étonnés du silence qui règne dans le camping-car.

L’émergence est lente et paresseuse.

Puis on se souvient que MacBidou n’a plus de slips.

Plutôt que de lui acheter un kilt, on décide d’aller faire une lessive à 1h de route à Stirling.

Il s’agit en effet de la laverie la plus proche, et sur notre chemin pour remonter vers la côte ouest de l’Ecosse.

Comme la lessive prend littéralement 4 heures, on décide d’aller visiter Stirling Castle.

Ce château aurait été le fief de la royauté écossaise jusqu’à l’unification des couronnes anglaise et écossaise par James VI.

Elle aura été ensuite occupée par l’armée pendant plusieurs siècles, avec les saccages et arrangements de bon goût qui conviennent.

En 1964, l’armée cesse d’occuper ce fort qui devient dès lors un extraordinaire chantier de restauration.

Un superbe château dans lequel nous n’aurons aucune peine à faire passer les 4 heures de lessive.

Lorsqu’on a terminé, on slalome avec Scott l’énorme dans les petites rues de Sterling pour récupérer notre linge propre.

C’est Angela qui nous le remet, en nous demandant ce que nous avons fait de l’après-midi.

Comme MacBidou sait se faire apprécier des locaux, il indique avoir visité le château de Stirling, tout en indiquant sa préférence par rapport à celui d’Edinburgh. Cette nouvelle est accueillie par des hourras et des louanges de la part de notre hôte, qui nous fera quand même payer 24£ pour ses bons et loyaux services.

Au Costa, les MacBidoux apprennent une nouvelle surprenante, boivent un chocolat chaud et font de la compta.

Le soir, il faut trouver un lieu où dormir. Les MacBidoux détectent à 30 minutes de route un terre-plein au milieu de forêt qui pourrait convenir.

Les routes sont étroites et sinueuses dans l’obscurité de la forêt.

Après une heure de traversée vigilante, nous découvrons à la lumière de nos phares une petite clairière sous d’immenses pins.

Si l’endroit est magnifique, nous sommes tout de même peu rassurés à la perspective d’une première nuit de camping sauvage solo dans un tel endroit.

Cette inquiétude est de courte durée.

Nous découvrons en effet que le parking de nuit n’y est pas autorisé, et que les camping-cars n’y sont pas du tout tolérés.

Epuisés, les MacBidoux repartent pour 40 minutes de route dans l’obscurité. Nous y croiserons une chouette, un renard et des lapins.

Pour éviter d’inutiles vadrouilles nocturnes, nous choisissons de passer la nuit sur le parking du yacht club d’Alexandria. Epuisés, les MacBidoux décident de se coucher sans chauffage.

A demain peut-être. Fin du jour 24.


Jour 25 – Jeudi 31 Octobre 2019 : Le dernier navire

Ce matin, nous nous réveillons agréablement surpris. Cette nuit sans chauffage a été agréable.

Mais au moindre écart de mouvement, la punition est immédiate.

Toute zone sur laquelle nous ne reposons pas est glaciale.

Dans le camping-car, l’air même est glacial.

Ouvrant les volets, Noémie s'exclame « Regarde ! Les rangers ont mis du sel partout ! ».

Effectivement, le parking entier semble tapissé de sel. Les arbres aussi. Ainsi que le toit du yacht club. Sacrés rangers.

Aujourd’hui, c’est dernier jour de beau temps avant le retour de la pluie.

Alors on file dans le Loch Lomond & Trossachs National Park pour une dernière promenade avant le déluge.

Entre tous les lacs, nous choisissons Loch Ard.

A notre arrivée, le monde semble encore endormi. Le soleil n’ayant pas baigné toute la terre, les flaques de boues sont gelées, ainsi que les petits cours d’eau sur les côtés. Le givre recouvre encore plantes et arbres.

Après 30 minutes, nous atteignons Lochan a’Ghleannain, premier point d’eau de la balade.

Pas un souffle de vent à l’horizon, pas un bruit sur le loch, et pas une ride sur la surface de l’eau.

La lumière commence à revigorer les couleurs de l’automne, et nous profitons d’une vue exceptionnelle.

Après 30 autres minutes, nous tombons sur les ruines de ce château.

Sa vue nous inspire une envie d’aventure, et on décide de récupérer la route principale en coupant à travers bois.

La vue des braves est superbe et les chemins détournés périlleux.

Nous retrouvons le chemin après 30 minutes de lutte infâme à repousser les pointes acérées des pins et à éviter les pièges boueux tendus par des champs de sapins en ruine.

30 minutes perdues, et deux pantalons de rando souillés un lendemain de laverie onéreuse.

30 minutes en cette période, c’est 1/16 du jour.

Comme nous sommes à la bourre, nous sprintons à la voiture en saluant les randonneurs qui se baladent ci et là.

Nous avalons un sandwich et décidons d’aller visiter Inchmahome Priory, gratuit grâce à notre pass d’explorateur.

Nous arrivons là-bas à 15h, et ça tombe bien, le dernier bateau pour l’île part à 15h15 !

Dernier départ pour les Havres gris 

A bord, le guide écossais nous explique l’histoire de ces lieux, détenus de longue date par la famille Graham, dont le membre le plus éminent aurait fondé le Labour Party ainsi que le National Party of Scotland. Il aurait également été le premier membre du Parlement anglais à être exclu d’une session pour des propos que selon les dires du guide « il [nous] appartiendra de chercher. »

Il nous explique qu’avant cela, le prieuré a été bâti par des moines, et aurait été le lieu de visite d’éminentes figures de l’histoire écossaise : King Robert The Bruce, Mary Queen of Scots, Mary de Guise parmi d’autres.

Il nous explique aussi qu’il s’agit là d’un des seuls « lacs » d’Ecosse.

Les autres ? Ce sont des lochs. L’organisation Historic Scotland ne fournissant aucune explication quant à cela, il entreprend de nous expliquer que selon sa théorie, le goût de l’élite victorienne pour cette région aurait peut-être achevé de qualifier ce point d’eau comme un lac plutôt qu’un loch.


Le savais-tu ? Il n’y a aucune différence entre un lac et un loch.


Avant de nous libérer sur l’île, il nous précise que le dernier bateau repartira à 16h de l’île.

Si jamais on le rate, le prochain bateau repasse le 1er Avril 2020.

Et oui ! C’est officiellement la fin de la saison touristique pour les Scots !

Nous partons donc explorer cette île avec entrain, sachant que notre temps est compté.

Nous tombons sur toute sorte de paysages fantasques et affrontons des démons desquels nous aurons bien sûr raison.

On met 20 minutes à en faire le tour.

Et comme nous sommes braves, nous ne nous présentons qu’à l’heure finale de départ, qu’après nous être assuré que quelque âme innocente ne se soit pas perdue sur cette île.

Sur le retour, les MacBidoux apprennent que le lac peut faire jusqu’à 74 pieds de profondeur. Ça a l’air de faire beaucoup. Peut-être quelque âme brave fera la conversion en mètres et nous le mettra en commentaire (merci à elle ou lui). Fin du jour 25.


Jour 26 – Vendredi 1er Novembre 2019 : Dormir à l’abri des Campbell

Ce matin, on se réveille sur un parking bétonné.

Tant mieux car depuis hier soir, il pleut. Un coup d’œil sur la météo pour constater que ce jour sera pluvieux voire aquatique.

A l’extérieur, la pluie ne semble pas perturber les moutons qui se repaissent.

Aujourd’hui, les MacBidoux ont moins de courage qu’un mouton.

Et pour cause, depuis 10 jours, ils sillonnent inlassablement le territoire picte en camping-car.

Initialement, on se tourmente de l’envie qui ne nous anime pas.

Mais à force de regarder ces moutons blancs devenir marrons, on se dit qu’on est plutôt cosy à l’abri de Scott.

La pluie tombe sur le toit au gré d’un vent irrégulier.

Notre matinée s’écoule au gré de celle-ci, entre lecture et contemplation.

Devant la persistance du mauvais temps et de la flemme, nous décidons de mettre le cap sur un camping pour avoir le confort de l’électricité.

Pour poursuivre notre route vers la côte, nous mettons le cap sur Glencoe.

Cette vallée écossaise est célèbre pour le massacre des MacDonalds en 1692. A cette époque, le chef de clan prête allégeance au nouveau roi anglais, King William, avec une semaine de retard. Soucieux d’en faire un exemple, le roi ordonne alors leur massacre au clan Campbell, ennemi juré des MacDonald. 38 hommes sont tués dans leur sommeil, 40 femmes et enfants mourront de froid après l’incendie de leurs foyers.

Bercés par ce doux folklore, nous traversons la vallée entre montagnes de tourbe enneigés et cours d’eaux sinueux.

Dominant les glens, les monts se dressent majestueux. A l'occasion d'un rare rayon de soleil, Glencoe nous fait envisager un monde au visage tout autre, sans jamais se dévoiler entièrement.

Nous sommes tirés de nos rêveries par un panneau indiquant « Glencoe Mountain Resort », notre destination.

Sur le flanc de la montagne, on aperçoit une plateforme balnéaire, coincée entre tourbes et nuages.

L’après-midi se passe à l’image de la matinée, entre écriture, chocolat chaud et repos.

Dehors, on entend la pluie tomber et l’eau couler.

Dans la pénombre du soir, le parking désert et trempé est éclairé par quelques lampadaires.

Un dernier coup d’œil dehors et aucun Campbell en vue.

Réchauffés et repus, nous nous endormons en sandwich entre ciel et terre. Fin du jour 26.

Jour 27 – Samedi 2 Novembre 2019 : Sur les traces du balafré

Ce matin, MacBidouce a un grand sourire au réveil.

C’est que cette nouvelle journée promet d’être magique pour notre petite Poufsouffle préférée.

Sur la route vers le nord-ouest écossais se trouve le viaduc de Glenfinnan.

C’est sur ce pont que passe le train amenant les petits sorciers à Poudlard.

Si Noémie n’a toujours pas reçu sa lettre d’admission à l’école des sorciers, elle frémit d’impatience à l’idée de voir passer le train qui transporte ses futurs camarades.

Mais sur la route, nous découvrons malheureusement que le train ne circule plus depuis quelques jours. Le train sera de retour au printemps, et les MacBidoux partis.

On décide quand même de faire la balade, qui nous permet d’apercevoir le Loch Shiel.

Ce loch aura été utilisé pour l’épreuve aquatique du tournoi des Trois Sorciers dans la Coupe de feu.

Après 30 minutes de marche dans la colline, nous apercevons enfin le viaduc.

Cette vue enchante MacBidouce, émue de marcher sur les traces de son sorcier préféré.

MacBidou en pense peu, sinon que ça serait plus beau avec un train.

Autour de nous, d’autres apprentis sorciers échangent des souvenirs à voix haute.

« Quand c’est sorti, j’avais 11 ans ! »

Et oui, nous aussi…

MacBidouce est contente, mais pas rassasiée.

Pour son plaisir, nous roulons jusqu’au Loch Eilt.

Nous traversons péniblement boues et flaques pour avoir le privilège de contempler Eilean Na Moine.

Il s’agit là de l’ilot sur lequel Dumbledore est enterré avec la baguette de Sureau.

Heureusement, l’eau glaciale dissuade MacBidouce de traverser pour payer ses hommages.

MacBidouce rassasiée, nous nous mettons en quête d’un havre de paix nocturne.

Après la tombée de la nuit, nous trouvons un parking de terre dans la montagne, le long d’une route sinueuse en apparence fréquentée.

Dans l’obscurité, la falaise semble tomber à pic et la vue majestueuse.

On se réjouit d’avance de la vue de demain, en se félicitant d’avoir trouvé un endroit si paisible.

En attendant, on ferme tous les volets, on met le chauffage et on se prépare à passer la nuit.

Mais au moment de se coucher, des bruits à l’extérieur nous alertent.

Suspicieux, nous éteignons toutes les lumières avant de jeter un coup d’œil à l’extérieur.

Sur le petit parking de terre, des petits bolides se livrent à des joutes de dérapage.

Quelques nuages de poussières plus tard, les junkies de l’adrénaline s’en vont tirer des feux d’artifice dans la montagne et les MacBidoux s’endorment enfin. Fin du jour 27.

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Publié le 4 décembre 2019

Jour 28 – Dimanche 3 Novembre 2019 : Over the sea to Skye

Nous nous levons de bonheur pour notre dernière étape du mainland.

Comme prévu, la vue est splendide, le temps doux et le soleil radieux.

Loch Duich 

Ce matin, nous visitons l’Eilean Donan Castle.

Si les MacBidoux arrivent tôt, ils doivent toutefois mettre à l’eau quelques touristes chinois trop envahissants pour arriver à prendre ce superbe cliché.

Ce château fort a été bâti par le clan MacRae, sur un petit îlot du fjord relié par un pont.

Il était si bien aménagé qu’il aurait à l’époque été défendu contre 50 navires vikings par seulement 3 personnes !

Il a plus récemment été réaménagé pour permettre à la famille MacRae d’y vivre, puis pour le plaisir des visiteurs et autres MacBidoux.

Comme il est super bien conservé, il a été utilisé par plusieurs productions cinématographiques, James Bond et Rebelle de Disney parmi tant d’autres.

En tout cas il est beau et gros, et la vue de chaque côté est superbe.

Malgré tout, nous ne traînons pas car il est temps de reprendre la route.

Impatients, les MacBidoux mettent enfin le cap sur l'île de Skye.

Si la destination est aujourd’hui sur-vendue comme l’un des plus beaux endroits d’Ecosse, l’île semble effectivement avoir quelque argument à présenter.

Incertains de ce qui nous y trouverons, nous faisons nos dernières provisions avant de traverser enfin le pont massif qui relie l'île au mainland.

C’est à la fois émus et apeurés que nous nous engageons sur les routes de Skye.

En effet, les guides mettent en garde contre une route qui serait en quasi-totalité à voie unique.

Mais une fois sur l’île, nous sommes à l’émerveillement tandis que défilent les déserts de tourbe immenses.

Pour notre première destination, nous choisissons l’extrémité sud-ouest de l’île, le Point of Sleat, abritant parait-il une plage splendide.

Pour y parvenir, nous faisons preuve de bravoure.

Avec Scott le large, il nous faut affronter des routes à voie unique aussi sinueuses que pentues.

Sur son toit, les branches bruissent tandis que nous grinçons des dents.

Sur les côtés, nos glissades souillent ses flancs de boue tandis que les routes deviennent trop étroites.

Mais après une heure de lutte, nous parvenons enfin à un parking de terre.

Il est à l’image de ses routes et même hors saison, il n’y a pas assez de place pour garer Scott.

Nous armant de patience, nous attendons le retour de randonneurs afin de stationner Scott le sale.

C’est alors une longue promenade boueuse qui s’engage.

Si elle est au départ d’un paisible presque rasant, nous ne tardons pas à rencontrer un obstacle de taille et aux mamelles pendantes.

Soudain, des mères bovines suspicieuses obstruent l’unique sentier.

Derrière elles, les veaux désorientés paissent en veillant à ne pas s’égarer.

De chaque côté, des falaises minées de tourbe nous surplombent.

Il est dès lors convenu que MacBidou parte en éclaireur pour trouver un chemin praticable à travers les falaises.

Mais un cri d’alerte l’interrompt dans sa quête.

En contrebas, le troupeau s’est mis en marche vers MacBidouce, coincée contre la falaise.

Tandis que MacBidou se hâte de redescendre, les vaches mugissent à l’avant, et aucune MacBidouce en vue.

Quelques minutes plus tard, le troupeau est passé et MacBidou retrouve une MacBidouce terrée dans un coin de la falaise.

Le preux MacBidou se voit alors accablé d’accusations, traité tantôt de traitre, puis de déserteur.

Malgré les injures bovines qui lui ont été faites, MacBidouce est tout de même en vie, et la troupe reprend sa route.

C’est qu’au bout de celle-ci, les légendes parlent d’une plage magnifique, un petit coin de paradis.

Et après 30 minutes de lutte dans la boue, le petit coin est là.

Très petit même.

Si nous sommes un peu déçus de constater que cette minuscule plage est souillée par le passage des hommes, nous sommes tout de même contents de voir le bout de cette expédition.

Une heure plus tard, nous rejoignons Scott.

Pour la nuit, nous mettons le cap sur le port d’Armadale, à l’abri du vent.

Nous arrivons à temps pour voir le ferry embarquer des passagers à destination du mainland.

On se dit que ça serait quand même chouette de prendre un ferry.

A tout hasard, nous en récupérons une plaquette d’information. Fin du jour 28.


Jour 29 – Lundi 4 Novembre 2019 : Baptême des fées, conquérant des tourbes

La nuit a été douce, au son du crissement des branches sur le toit et du barrissement ponctuel d’une MacBidouce enrhumée.

Malgré tout, la perspective de découvrir Skye nous donne la vigueur nécessaire pour nous extirper du lit.

C’est qu’aujourd’hui, les MacBidoux partent en quête de fées.

A cet effet, nous mettons le cap sur les Cuillin Hills.

Au départ de cette randonnée, nombreux sont ceux qui convoitent les vues mystiques offertes par les Fairy Pools.

Mais ses routes sont aussi boueuses que sinueuses.

Après 15 minutes de marche, nous arrivons aux premiers bassins dans un décor enchanteur.

Dans cette immensité de tourbe, une eau limpide s’écoule en cascade sur la roche.

L’eau y est tellement claire qu’une mauvaise idée longtemps refoulée resurgit dans l’esprit des MacBidoux.

Dans ce cadre idyllique, on s’imaginerait presque s’adonner au plaisir d’une baignade fluviale.

Mais aujourd’hui, le soleil est absent, le vent bien frais et l’eau glaciale.

Les MacBidoux renoncent donc à cette lubie, et reprennent les sentiers que seuls arpentent les braves. C’est que ces sentiers remontent vers les Cuillin Hills, montagnes aussi fantastiques qu’impressionnantes.

Un peu plus haut, les marécages de boue ont dissuadé la majorité des touristes.

Si les chutes sont moins impressionnantes, le lit s’est élargi et la vue est exceptionnelle.

A l’horizon, le lit de la rivière serpente et se réfugie au pied des Cuillin Hills. Encerclant le glen, elles se dressent majestueuses.

A l’horizon, une immense balafre semble défigurer la montagne. Intrigués, nous mettons le cap sur la fissure.

Au-delà des bassins, nous peinons toutefois à suivre le sentier, qui s’égare entre flaques de boues et versants de tourbes.

En réalité, le sentier a depuis longtemps disparu et tout autour de nous, c’est un immense marécage de tourbe qui suinte à perte de vue dans le glen.

Sur les versants de la vallée, toute la tourbière semble se déverser dans les Fairy Pools. Derrière nous, les marécages défilent et le soleil s’adoucit au gré de l’heure.

Enfin, nous atteignons la fissure immense de la montagne. Dans le silence de ces immenses crevasses, on aperçoit les cours d’eau qui coulent le long des parois successives pour replonger furtivement dans les graviers avant de réapparaître en contrebas.

Pour nos efforts, nous sommes récompensés par un rare panorama sur tout le glen.

En observant bien, nous apercevons un sentier qui serpente au loin.Rassérénés, nous nous hâtons de le rejoindre et retrouvons bientôt la rivière.

Si elles sont plus petites qu’en contrebas, ses cuves naturelles sont tout de même superbes.

Seuls, nous lézardons sur les cailloux et profitons de ce plaisir solitaire.

Sur ces rives, on dit que les fées murmurent à l’oreille des braves. Ce fut un vent hardi qui vint souffler à l’oreille de MacBidou. Il en fut exalté car parmi tous les chuchotements inaudibles, il comprit que l’heure du baptême était venue.

Un baptême, d’accord, mais pas sans préparation ! Sous l’œil vigilant de sa compagne, MacBidou prépare son corps au sacrement, à coups de pompes et de squats. Sur le sentier, un voyageur fortuné observe de son regard ahuri l’étrange scène.

Sur les pierres, un MacBidou en slip gesticule en tous sens assaillit de toute part par un froid glacial. Puis sans se prévenir lui-même, il plonge.

Et soudain, le froid glacial n’est plus qu’un souvenir lointain. Tandis que toute sensation disparait de ses membres, il comprend qu’il n’avait jamais eu vraiment froid jusqu’alors.

Avec la grâce d’un têtard maladroit, MacBidou tente de s'extirper du bassin à maintes reprises sans succès, tant les roches sont couvertes de mousses.

Une fois sorti, une technique aussi gracieuse qu’ancestrale lui permis de reposer ses membres paralysés.

Mais les fées ne sont pas ingrates et savent récompenser les martyrs. Après l’agonie, MacBidou se redresse soudainement, surpris et vigoureux. Mystérieusement, il ne sent plus ni le froid, ni le vent qui souffle sur son dos nu.

Plein de gratitude, il se rhabille sous le regard amusé de MacBidouce et tous deux repartent dans le soleil couchant.

Ce jour là, les MacBidoux furent comblés. Nous reprenions les routes de Skye joyeux et satisfaits.

Malgré l’obscurité et le vent, nous trouvons le vieil homme de Storr.

Epuisés mais ravis, nous nous en remettons à sa garde pour cette nouvelle nuit dans le pays d’Alba. Fin du jour 29.


Jour 30 – Mardi 5 Novembre 2019 : Une rencontre au sommet

Au petit matin, la pluie et le vent se sont dérobés.

C’est donc sous les premières lueurs d’un grand soleil d’automne que s’éveillent les MacBidoux.

Un petit coup d’œil dehors est suivi d’un sourire complice.

Si nous étions esseulés sur le parking la veille au soir, celui-ci est déjà rempli et nous nous félicitons de notre astuce en appréciant notre petit déjeuner à l’ombre du Old Man of Storr.

Enfin, il est temps d’aller découvrir ce vestige naturel de plus près.

Si nous sommes fiers de grimper avec les premières lueurs du jour, nous sommes surpris de rencontrer quelques photographes, déjà sur la descente.

Une véritable leçon de modestie pour les MacBidoux, qui songent alors qu’il a du être bon de se tenir là-haut tandis que les premiers rayons éveillaient Skye.

C’est décidé, les MacBidoux rejoindront un jour les prestigieux rangs des marcheurs de l’aube.

Malgré tout, le Old Man of Storr reste splendide.

Nous l’atteignons parmi les premiers marcheurs du jour et profitons d’un site encore dégagé et paisible.

Au sommet de l’ascension, nous nous demandons par quelle magie The Old Man of Storr tient encore debout.

Comme regarder de loin ne suffit pas, MacBidou est envoyé en éclaireur au pied de l’immense rocher.

Après quelques déambulations, nous sommes satisfaits de commencer la journée de si belle façon.

En contrebas, les premiers promeneurs du jour arrivent et il est temps pour les MacBidoux de détaler.

Nous suivons la côte ouest de Skye vers le nord pour atteindre les Kiltrock Waterfall, des chutes se jetant directement dans l'océan.

Sur place, le site est accessible directement et des hordes de touristes se disputent déjà la vue.

Nous constatons, photographions et repartons avec grande hâte.

En effet, au loin se dressent les Quiraing Mountains.

Telles d’immenses vagues tournées vers la mer, les montagnes se perdent à l’horizon en infinies répétitions.

Au départ de la randonnée, les curieux sont nombreux.

Et pour cause ! Après chaque virage, le paysage mystique prend invariablement une nouvelle forme.

Ainsi les MacBidoux vont jusqu’au prochain virage, puis jusqu’au suivant.

D’innombrables virages plus tard, nous découvrons un glen encadré de collines.

A l’horizon, le dernier virage nous nargue. Insatiables, nous choisissons de relever le défi.

Les versants sont raides mais la promenade est aussi paisible qu’ensoleillée.

Au sommet, le vent souffle, délicat.

Enfin, les MacBidoux atteignent l’ultime sommet.

Devant nous s’étendent la mer, la plaine, les cieux et les montagnes.

Victorieux, nous croquons dans nos pommes en profitant de la vue des braves.

Ce sont des MacBidoux contents mais éprouvés qui reprennent la route.

Dans le glen, les nuages s’amoncellent et dispensent de fines averses pour rafraîchir les braves.

De retour sur les versants montagneux, nous traînons le pas, hagards.

Une heureuse coïncidence.

En effet, au hasard d’un tournant, nous nous écartons juste à temps. Sur le versant de la montagne, c’est un torrent d’ovidés qui se déverse soudainement. Derrière l’avalanche suit un petit Border Collie.

Sans la moindre considération pour les MacBidoux, il dévale les pentes, discipliné et attentif aux commandements de son maître.

Émerveillés, nous observons les moutons se déverser jusque dans les plaines puis reprenons notre route.

A notre arrivée, les Quiraing Mountains s’offrent une dernière fois à notre regard, revêtues d’un manteau de pluie mystique.

La journée a été aussi gratifiante qu’éprouvante et il est maintenant temps de trouver refuge pour la nuit.

Pour anticiper sur notre visite du lendemain, nous traversons Skye jusqu’à Dun Beag Broch à l’est.

Nous y sommes accueillis par des cieux enflammés par le soleil couchant.

Dans la nuit, nos élucubrations nous mènent à une conclusion aussi amère que délicieuse.

Demain sera notre dernier jour sur Skye. Fin du jour 30.


Jour 31 – Mercredi 6 Novembre 2019 : L’inconnu

Aujourd’hui, les MacBidoux se réveillent aussi excités qu’anxieux.

Aux premières lueurs du jour, nous nous attaquons à notre ultime étape sur Skye.

Au terme d’une minuscule route, nous découvrons les falaises de Neist Point. Sous nos yeux, c’est un imposant bras de falaise ponctué de vallons qui s’étend vers la mer. A son extrémité, nous apercevons un phare. La promenade est d’autant plus appréciable que le temps est doux et que les sentiers sont encore déserts.

Les MacBidoux déambulent insouciants lorsque soudain, MacBidouce se raidit.

« Il y a un mouton allongé là. »

Après inspection du MacBidou légiste, le verdict est sans appel. L’ovidé est bel et bien décédé. En contrebas, une autre victime gît, comme stupéfiée. D’abord choqués, nous spéculons sur l’origine de ces disparitions dont l’absence de symptômes ne semble pas suggérer un acte criminel. Crime passionnel ou simple règlement de compte ?

Le mystère de Neist Point restera entier tandis que nous achevons notre promenade.

Ainsi s’achève l’épopée mystique des MacBidoux sur Skye.

Sur la route, nous sommes partagés entre émotion et enthousiasme.

Si nous quittons effectivement les féériques routes de Skye, c’est que nous avons décidé de faire un grand saut dans l’inconnu.

Sur la table du camping-car repose le catalogue du Caledonian MacBrayne, marqué à la page des ferrys à destination de l’île de Harris.

C’est surpris de notre propre décision que nous mettons le cap sur le petit village portuaire de Uig.

Sur le parking du port, nous prenons place dans la file d’embarquement le temps d’une sieste.

Nous nous réveillons dans l’agitation générale. Enfin, l'imposant ferry rentre au port.

Allions-nous regretter cet acte de témérité ?

Nous ne tarderons pas à le savoir.

Déjà, la côte déchiquetée de Harris est en vue.

Au loin, des falaises de tourbe rocheuses se perdent en un paysage lunaire.

Dans le minuscule port de Tarbet, le soleil commence à rougeoyer tandis que nous débarquons timidement Scott.

Le Routard ne mentait pas, les seules routes sont à voie uniques.

Dans le jour qui s’achève, nous traversons Harris vers le nord en serpentant entre ses collines rocheuses.

Dans le camping-car, nous éteignons la musique et accordons toute notre énergie et attention à faire naviguer Scott en toute sûreté sur ces routes inconnues. La route est longue et le soleil poursuit son déclin.

Soudain, Scott émerge d’entre les collines.

Au sommet, nous nous arrêtons pour observer le paysage, ébahis.

Dans le fjord qui s’étire à l’horizon, les plages immaculées du Luskentyre plongent dans des bassins d’eau turquoise. Dans le ciel, les dernières lueurs du jour courent entre les nuages pour observer leurs reflets sur la mer.

Nous dévalons alors le long des routes côtières de la baie.

Dans ce pays de Cocagne, les visions fantastiques effacent toute trace de tension ou d’incertitude présente plus tôt.

Dans un rêve éveillé, nous rejoignons notre camping à Talla Na Mara et nous précipitons à l’extérieur.

Un coup d’œil et nous en sommes persuadés : de tous les lieux fantastiques dans lequel nous aurons passé la nuit, il s’agit là du plus incroyable.

La nuit ne tarde pas à tomber et les MacBidoux célèbrent la fin d'un conte de fées et le début d’une nouvelle épopée qui s’annonce inoubliable. Fin du jour 31.

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Publié le 5 décembre 2019

Jour 32 – Jeudi 7 Novembre 2019 : De Harris

Sur les versants idylliques de Talla Na Mara, des MacBidoux s’éveillent.

Ce matin, nous partons à la découverte de la péninsule de Harris.



Le savais-tu ? Les îles de Harris & Lewis sont en réalité deux péninsules d’une même île. L’île aurait été scindée de manière arbitraire par le clan dominant de l’île, les MacLeod.



Nous reprenons la route sous le soleil radieux des Hébrides Extérieures.

Une route à voie unique nous mène sur la Golden Road.

Cette voie traverse la péninsule de Harris depuis l’ouest pour rallier le sud de l’île. Si elle permet de désenclaver la petite population de Harris, son coût aurait été exorbitant, d’où son nom.

En s’y aventurant, on comprend facilement pourquoi. A perte de vue, c’est une infinité de tourbières vallonnées. Toutefois, l’œil expert des MacBidoux ne s’y trompe pas. Ces tourbières ci ont une spécificité toute particulière. En effet, de nombreuses roches gisent ça et là dans la tourbe que seuls viennent interrompre des lochs.

Après deux heures d’exploration routière, nous atteignons le centre de l’île, à la jonction entre Harris & Lewis.

Nous rejoignons le fjord du Luskentyre pour prendre le temps de découvrir ses berges et notamment sa plage emblématique, nommée d’après sa baie.

Nombreuses sont les louanges sur la plage du Luskentyre. Certains la désignent comme la plus belle plage du Royaume-Uni. Pour les MacBidoux arrivés sur le parking, l’heure de la démystification est venue.

Mais seulement après la sieste. Pause du jour 32.

Repus et frais, nous sortons du camping-car d’un pied farouche. Devant nous d’immenses dunes de sable balayées par des vents hardis se dressent. Nous passons par gorges de sable et touffes d’herbes pour rejoindre la mer.

Dans la baie, un bout d’océan turquoise s’est niché.

Malgré toutes nos tentatives, aucune de nos photos ne sauraient rendre justice à ce portrait à la fois beau et étrange. Par-dessus tout, ce sont les eaux turquoises intenses et immaculées qui nous interpellent. Impossible de s’expliquer comment ce bout du monde écossais peut présenter un teint surpassant celui d’un lagon polynésien.

Les hauteurs des dunes nous offrent un panorama de rêve sur l’immense plage, qui s’étire à des kilomètres dans le fjord.

Sur la plage immaculée, nous allons, singeons et observons les contrastes : plage jaune, mer bleue et coquillages rouges. En ramasser une poignée nous permettra peut-être de garder un peu de ce moment privilégié.

Après quelques heures, nous repartons.

Soudain, c’est le Golden Hour et le monde prend la pose.

Un paysage sans ombre s’offre dans les derniers instants du jour.

Béats, nous partons en quête d’un lieu paisible pour la nuit.

Dans l’obscurité, nous trouvons un promontoire surplombant un lac.

Au milieu de nulle part, des MacBidoux s’endorment le sourire aux lèvres. Fin du jour 32.


Jour 33 - Vendredi 8 Novembre 2019 : De Lewis

Au milieu de nulle part, des MacBidoux s’éveillent le sourire aux lèvres.

Dans la nuit, le gaz a lâché, laissant les MacBidoux figés dans leur expression de la veille. Car dedans comme dehors, il fait -1°C.

Malgré tout, le soleil est radieux et nous aussi.

Doux réveil 

Aujourd’hui, nous partons à la découverte de Lewis.

Pour commencer la journée, nous nous mettons en quête de Uig Beach.

Derrière une petite colline, nous rencontrons un des prétendants au titre de plus belle plage du Royaume-Uni.

La plage en est si immense que c’en est absurde.

D’un côté, nous apercevons la mer tandis que de l’autre, le plateau de sable se perd à l’intérieur des terres.

« Mais jusqu’où est-ce que la marée monte ici ? »

Question pertinente mon cher MacBidou.

Quelques centaines de mètres plus loin, feu dauphin nous aide à élucider ce mystère.

En compagnie d’un corbeau bien repus, il contemple une mer que ses yeux n’aperçoivent plus, à un kilomètre plus loin.

Ouaip, la marée semble monter loin et vite.

De chaque côté, la plage est bordée de falaises rocheuses sur lesquelles s’amoncellent des moules.

Sur le bord de mer, les vagues roulent inlassablement et l’ordre règne.

Nous marchons, courons et jouons, insouciants, sur notre plage personnelle.

3 heures plus tard, nous rejoignons Scott et reprenons la route pour notre dernière visite sur l’île.

Sur une petite colline surplombant la plaine, les mystérieuses Callanish Standing Stones captent depuis plus de 2 500 ans l’imagination des hommes.

Pour appréhender toute la magie de ce site, nous décidons d’attendre la Golden Hour dans un café du coin avec une tasse de chocolat chaud, un brownie et un jeu de dame.

Enfin, le soleil tombe à l’horizon et les MacBidoux grimpent la colline.

Au sommet, nous découvrons 4 allées de pierres dressées qui se rejoignent en une croix. En son centre se dresse un cercle de pierre néolithique.

Sous une pluie de rayons orangés, nous tentons de trouver quelque échappée mystique en nous faufilant entre les mégalithes.

Longuement, nous déambulons en savourant ce dernier crépuscule.

Car déjà, les MacBidoux arrivent au terme de leur épopée dans les Hébrides Extérieures.

Il est temps de reprendre la route pour Stornoway. Sur la route, une lune énorme nous observe.

A Stornoway, la ville se prépare à passer un vendredi soir mouvementé.

Nous passerons la nuit sur le parking du port.

Les hublots ouverts, nous profitons de l’humeur festive de la ville avant de sombrer. Fin du jour 33.

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Publié le 14 décembre 2019

Jour 34 - Samedi 9 Novembre 2019 : L’esprit ailleurs

A 6h00 du matin, les MacBidoux se réveillent dans un port en pleine effervescence. Dans le port, le ferry CalMac reliant Stornoway à Ullapool fait son entrée.

Dans un branle-bas de combat, les MacBidoux apprêtent Scott pour le faire filer sur le port.

A l’embarquement, les MacBidoux se font contrôler. En pyjama. Heureusement, les couleurs écossaises de leur accoutrement leur valent l’indulgence des gardes.

Dans le bateau, nous prenons un petit déjeuner en attendant que le soleil se lève.

Puis chacun vaque à ses occupations.

Certains décident de dormir tandis que d’autres captent les premières lueurs du jour.

Quelques heures plus tard, nous débarquons dans le petit village d’Ullapool.

Ullapool 

Ça y est, les MacBidoux sont de retour sur le mainland.

La tension et l’excitation de 3 jours retombent et nous sommes soudainement pris d’une grande lassitude.

Malgré tout, les jours passent et la bravoure doit perdurer.

Nous nous remettons en route pour aller explorer les gorges de Corrieshalloch et son pont suspendu.

C’est spectaculaire, mais l’esprit des MacBidoux est resté dans les Hébrides.

Dans une crise de fiu extrême, la solution la plus sage paraît être la sieste.

C’est ce que nous fîmes.

Au réveil, nous mettons le cap sur le grand nord de l’Ecosse en empruntant le Rocky Trail.

Sur la route 

Nous longeons ainsi la côte tandis que point la Golden Hour.

Si les routes n’ont jamais été aussi minuscules, les rives sont splendides.

A l’oreille, nous repérons une grande rivière dans la forêt avant que la nuit ne se couche.

Un bercement mélodieux pour des MacBidoux fatigués. Fin du jour 34.


Jour 35 – Dimanche 10 Novembre 2019 :La parade écossaise

Ce matin, les MacBidoux sont de nouveau d’attaque.

La journée s’annonce classique mais chargée.

Nous commençons par le Ardvreck Castle, fief des MacLeod.

Au milieu du lac, il se tient seul dans le glen.

Les éléments ont eu raison de sa vigueur.

Un peu plus loin sur la route, nous découvrons Loch Assynt, aux reflets parfaits.

Dans les montagnes, nous mettons le cap sur les Wailing Widow Falls.

Sur place, tous les points d’eaux ont cédé au gel. Tous ? Non !

Au fond d’un gouffre de calcaire, une petite cascade résiste encore et toujours à l’envahisseur.

Nous profitons de la vue, ramassons quelques pierres et détalons.

Unapool's bridge 

A l’extrême nord-ouest de l’Ecosse, nous roulons pour rejoindre Sandwood Bay.

Dans cette baie, nous partons à la recherche d’une des plus belles plages du Royaume-Uni.

Pour cela, nous déambulons pendant 1h30 dans des paysages familiers.

De chaque côté, c’est marécages de tourbe et lochs qui se succèdent.

Poney des Shetlands et tourbières 

Dans une grisaille sombre, nous atteignons l’immense plage de Sandwood.

Celle-ci n’a rien en commun avec les plages immaculées et ordonnées de Lewis.

Partout où se pose l’œil, c’est un monde de relief et de tourmentes.

Les dunes se dressent en désordre face aux grandes vagues puissantes qui s’écrasent les unes sur les autres.

De chaque côté, d’immenses falaises déchiquetées se dressent.

Une vision de fin du monde, qui n’enlève rien à sa beauté.

Comme souvent, nous dégustons une pomme sur un gros rocher en regardant un chien dubitatif lutter avec les vagues.

Le soleil décline rapidement et il est temps de repartir pour 1h30 de marche.

Dans la golden hour, les paysages sont sublimes.

Sur le parking, Scott nous attend, ballotté par un vent virulent.

Ce soir, nous dormons à l’abri du vent, sur le versant d’une montagne. Fin du jour 35.


Jour 36 – Lundi 11 Novembre 2019 :Sombre journée, sombre humour

Après leur rituel matinal, Scott et les MacBidoux sont sur la route.

De bon matin, nous arrivons sur la plage de Balknabeil Bay.

Au dehors, c’est un chaos de vent, de pluie et de sable.

Déjà sur la plage, les vaches prennent position.

Leurs meuglements vindicatifs suffisent à dissuader des MacBidoux, affligés de frilosité.

La balade est écourtée et nous reprenons la route vers le nord-est de l’Ecosse.

Sur la route, nous tombons par hasard sur les Smoo Caves.

Indiquée par des panneaux, nous nous aventurons dans ses gorges désertes sans aucune attente.

Au fond, nous découvrons une immense caverne creusée par les eaux. Si ces usages ont pu varier au cours des siècles, elle aurait abrité plusieurs générations de navigateurs.

A l’intérieur, les cavernes résonnent d’un grondement. A sa source, nous découvrons une cascade qui plonge dans un sombre lac. Si notre imagination la peuple d’étranges créatures, elles sont de loin dépassées en morbidité par les on-dit locaux. Entre lac infesté d’anguilles et tombeau insondable, ce lac aurait été utilisé à maintes reprises pour faire disparaître des victimes.

Si les histoires sont lugubres, nous sommes tout de même agréablement surpris de découvrir un tel site.

La pluie tombe toujours dru lorsque nous reprenons la route.

Pour rallier le nord écossais, nous traversons ce qui nous semble être les plus grands plateaux de tourbe d’Ecosse.

Dans ces immensités brumeuses, le temps semble suspendu.

Au bout de la tourbe et de la pluie, nous faisons une pause sur le Kyle of Tongue, loch de mer à l’embouchure de la ville de Tongue.

En mangeant nos sandwichs, nous guettons les nombreux mammifères marins promis par de nombreux panneaux explicatifs.

Malgré une furtivité de caméléon et un œil de lynx, les MacBidoux ne verront rien.

Sur notre droite se dressent la plus haute montagne des Highlands, le Ben Loyal.

Aujourd’hui, ses sommets enneigés se perdent dans les nuages et nous n’en voyons que la base.

Comme le mauvais temps revient, nous décidons de nous réfugier dans un café local.

Nous trouvons le seul petit salon ouvert à des kilomètres, hanté par quelques locaux.

La présence de touristes en cette période les interpelle, et nous ne tardons pas à échanger quelques paroles. Nous apprenons que le tourisme est une des principales sources de revenu de la région et qu’en basse saison, la plupart des jeunes partent travailler dans les « grandes » villes, telles Thurso ou Inverness.

Paisibles et réchauffés, nous observons les allées et venues des locaux pendant quelques heures puis il est l’heure de partir.

Mais sur le parking, nous sommes observés.

C’est un curieux cheminement qui anime les MacBidoux, entre doute, stupeur puis amusement. Si nous repartons hilares, nous espérons silencieusement ne pas faire la même rencontre deux fois.

Déjà, le jour tombe.

Dans le petit village de Strathy, nous trouvons un renflement au creux des falaises, près de la mer, pour y passer la nuit.

Nous arrivons juste à temps. Sur le bord des falaises, la pluie tombe, le vent se lève et les vagues rugissent. Fin du jour 36.


Jour 37 – Mardi 12 Novembre 2019 : Un jour de faune

La matinée n’est qu’un prolongement de la nuit pour les MacBidoux qui ne connaîtront pas le repos. Dans la nuit, le vent virulent s’est mué en tempête sinistre. Malgré toute la bonne volonté du monde et la conviction intérieure que Scott ne flanchera pas, le doute subsiste.

Ballottés dans nos lits, nous écoutons le vent hurler sur Scott l’innocent. Allongés, nous n’échangeons mot, craignant de donner de la substance à nos inquiétudes.

Quand l’obscurité laisse place à la grisaille, le vent souffle toujours et nous sortons du lit.

Prudemment, nous dirigeons Scott hors de ce traquenard nocturne.

Il fait moche, très moche, et nous décidons donc de mettre le temps à profit pour faire une lessive à Thurso.

Plus tard, le temps s’est à peine amélioré mais la découverte de l’Ecosse ne peut attendre.

Nous mettons le cap sur Duncansby Head.

Nous sommes accueillis par de nombreux panneaux explicatifs sur la vie animale sur ces côtes.

Par dépit, nous ne les lisons pas. Malgré l’apparente profusion de vie animale en Ecosse, les MacBidoux n’en ont pour l’instant pas aperçu trace et la fatigue ne nous pousse pas à l’optimisme.

Dans le vent hurlant, nous partons à l’assaut des falaises, décidés à venir à bout de cette marche quotidienne, qu’elle soit agréable ou non.

Heureusement car partout, ce ne sont que flaques et traquenards boueux. La pluie achève quelque optimisme subsistant et les MacBidoux vont, moroses.

Du sommet des falaises, on aperçoit en pleine mer d’immenses rochers qui bravent les éléments, seuls. Au pied des rochers, de puissantes vagues tentent d’arracher la pierre à son socle.

Dans le vent, nous plissons les yeux, interpellés.

Dans le creux des vagues, des formes noires semblent apparaître de manière irrégulière.

Après quelques minutes de spéculation, le doute n’est plus permis.

Des animaux jouent dans les vagues en contrebas.

Soudain, une vague s’écrase sur les rochers… et un phoque apparaît sur la berge.

La belle bête remonte la plage en se trémoussant entre les rochers colorés… qui trémoussent eux aussi !

Bouche bée, nous observons la grande colonie de phoques qui s’étend sur la plage pendant de longues minutes.

Soudain, la colonie semble s’agiter. En effet, plusieurs phoques semblent conscients de notre présence. Un groupe de phoque en particulier semble nous observer avec insistance. C’est que proche d’eux, des petits phoques encore drapés de leur duvet blanc se prélassent au soleil !

Avec un sourire de bêta aux lèvres et force de gloussements, nous décampons.

Sous tous ses visages, l’Ecosse sait se montrer bienveillante.

Pour l’après-midi, nous partons visiter le Castle Sinclair Girnigoe.

Dehors, la tempête règne toujours, impétueuse.

Fatigués, nous nous forçons à mettre un pied dehors pour cette dernière étape du jour.

Nous marchons dans la pluie, le vent et la boue pour atteindre ce beau château à fleur de falaise.

Le long des falaises, nous apprécions la vue de cette œuvre ambitieuse.

Cette dernière quête accomplie, nous prenons le sentier du retour dans le soleil couchant.

Dans un ciel rougeoyant, des milliers d’oiseaux se présentent soudain.

Fatiguée peut-être, la troupe se bouscule sur les lignes électriques.

Puis décidés, les pelotons se lancent dans des danses dont chaque unité semble avoir le secret.

Ils strient le ciel de symboles étranges.

Au départ étonné, nous regardons d’un œil fatigué ce bal étrange.

Au-dessus de nous, des formes ineffables et spectrales stagnent le temps d’une rafale de vent avant de se défaire.

D’abord transi de froid, nous nous réchauffons pourtant immobiles à la vue de cette représentation peu ordinaire.

Sur la route, les MacBidoux sont songeurs. Autour de nous, l’Ecosse semble raisonner de l’émotion d’une séparation prochaine.

Le soir, le vent est tombé et les vagues brillent sous la lune près de Helmsdale. Fin du jour 37.

Jour 38 – Mercredi 13 Novembre 2019 : En Affric profonde

Aujourd’hui, nous entamons la grande descente qui nous mènera au terme de notre périple écossais.

Nous empruntons ainsi la grande route côtière qui relie le grand nord à Inverness.

En milieu de matinée, nous retrouvons les routes du Great Glen et du Loch Ness.

Arrivés à la ville de Drumadrochit, ce ne sont qu’attractions et centres à l’effigie de Nessie.

Les MacBidoux n’y font donc pas de vieux os et poursuivent leur route entre les montagnes. Nous nous enfonçons alors dans le Glen Urquhart.

Si nous effectuons la traversée en territoire familier, les paysages n’en sont pas moins altérés par le passage du temps.

Autour de nous, les couleurs rougeoyantes de l’automne se sont ternies.

Le dégarnissement des arbres et le gel des cours d’eaux semblent indiquer le début d’un règne nouveau, sous le joug de la régisseuse hivernale.

Sur les rives du Loch Meiklie, un soleil radieux, un vent inexistant, une eau plate et une plaine enneigée s’accordent pour nous couper le souffle.

C’est incrédules que nous nous enfonçons dans Glen Affric.

L’eau court tout le long de cette profonde vallée, tantôt rivière, tantôt lac.

En milieu d’après-midi, nous atteignons les Dog Falls, premier arrêt du Glen Affric.

Pendant une heure et demie, nous arpentons les sentiers de cette promenade.

Ainsi les MacBidoux sont aperçus tantôt aux sommets de collines par les pins, tantôt au fond d’une ravine par des eaux gelées.

La journée est sur le point de se terminer et nous poursuivons notre route jusqu’au deuxième arrêt du glen.

Malheureusement, les branches sont bien trop basses et Scott bien trop gros.

Nous continuons à nous enfoncer dans le glen dans une pénombre grandissante.

A la tombée de la nuit, nous trouvons une large clairière dégagée.

C’est un sentiment étrange que de savoir que l’on passe la nuit seul dans un endroit aussi isolé.

La certitude procurée par le fait de savoir que la vallée n’est couverte par aucun réseau rajoute à la solitude.

Le gaz tiendra-t-il la nuit ? La route sera-t-elle enneigée demain ? Scott résistera-t-il au gel nocturne ?

C’est avec tous ces questionnements, partagés entre l’euphorie et l’incertitude au fond du Glen Affric, que se couchent les MacBidoux. Fin du jour 38.


Jour 39 – Jeudi 14 Novembre 2019 : L’Affric, c’est chic

Ce matin, les MacBidoux se réveillent dans la solitude la plus totale.

Ni bruit, ni notification n’auront perturbé leur sommeil ce soir-là.

Au dehors, le monde est immobile dans le gel matinal.

Avec les premières lueurs, nous décidons de poursuivre davantage dans Glen Affric.

C’est qu’au bout de la route du glen, lorsque la voiture n’est plus d’aucun secours, une superbe randonnée attend les MacBidoux.

Sur place, la route et le parking sont enneigés et nous parvenons à garer Scott avec force de vigilance.

Les sandwichs sont prêts, les chaussures lacées, et nous partons pour 5 heures de randonnée autour du Loch Affric.

Avant de partir, nous passons en revue nos ambitions.

Si venir à bout de cette promenade est une évidence, y parvenir en un temps moindre, avec des chaussures sèches, serait un plus.

Au début de la balade, nous découvrons un petit loch, celui de l’Affric Lodge.

Niché dans un petit coin de paradis, cette propriété privée est à la fois superbe et bien délimitée.

Ainsi nous empruntons une longue route boueuse le long d’une clôture à barbelés.

Optimistes, nous persévérons en espérant que les routes et paysages suivants soient plus agréables.

Nos vœux sont à moitié exaucés, et c’est bien suffisant.

Tout au long de la balade, les sentiers seront accidentés, boueux ou enneigés.

Lorsque les 3 conditions sont réunies, on entend les MacBidoux pester énergiquement.

Malgré tout, la balade est agréable, les paysages étant superbes.

Entre loch, forêts et sommets enneigés, nous faisons le plein de sensations pour ce qui s’annonce comme notre dernière grande randonnée en Ecosse.

Au bout du Loch, nous célébrons une admirable performance de 2h pour faire l’aller.

Il ne reste plus que le retour.

Nous changeons de rives et les paysages sont moins exaltants.

La lassitude s’immisce progressivement, et le retour paraît bien long.

Pourtant à notre arrivée, le chronomètre raconte une histoire différente.

Nous aurons également mis 2h à revenir.

Familles nombreuses et autres galopins retardataires n’ont qu’à bien se tenir !

L’après-midi est bien avancée, et nous trop peu.

Il nous faut sortir du glen et reprendre la route jusqu’à Fort William.

Nous faisons nos derniers adieux au Loch Ness malheureux, qui doit se séparer d’une partie désormais presque intégrante d’elle-même.

En effet, au cours du dernier mois, il se sera habitué à voir ses rives peuplées de fiers spécimens.

Sur toute la route, ce ne sont qu’adieux et larmes versées par l’Ecosse.

A moins qu’il n'y pleuve souvent.

A l’entrée de Glencoe, nous trouvons une forêt dans laquelle reposer nos corps et esprits éprouvés. Fin du jour 39.


Jour 40 - Vendredi 15 Novembre 2019 : Au bout de l’aventure

La fin approchante, les MacBidoux se réveillent de plus en plus las.

C’est qu’après avoir vu tant de merveilles au cours des derniers jours, de quoi pourrions-nous nous sustenter ?

Sur ce sursaut d’immodestie, nous partons chercher des réponses au Glencoe Visitor Centre.

C’est un premier retour officiel à la civilisation, et tout service ou information comporte un prix.

Boudeurs, nous décidons de nous débrouiller pour trouver le chemin d’une promenade de la vallée sans s’encombrer de quelque guide.

Cette promenade, nous la désignerons comme terne.

Autour du Visitor Centre, les paysages se sont décolorés en ce début d’hiver.

Seul point intéressant de la journée, nous découvrons dans la vallée des vestiges du clan MacDonald.

C’est en effet ici que le fameux massacre de Glencoe a été perpétré et des panneaux content les légendes de quelques rescapés.

Nous n’avons pas le cœur de poursuivre quelque autre promenade.

Pour notre dernière après-midi et nuit avec Scott, nous décidons de rejoindre le camping de Callander qui nous rapprochera de la capitale.

Dans cette aire peuplée de caravanes aux grosses antennes satellites, nous sommes frappés par l’ambiance de désœuvrement qui règne.

Après l’aventure, le retour à la civilisation semble bien amer. Fin du jour 40.


Jour 41 - Samedi 16 Novembre 2O19 : Farewell Scott

En ce dernier jour, le réveil est matinal.

Car au terme de cette glorieuse épopée, il est temps pour Scott de rejoindre son écurie.

Un grand nettoyage plus tard, les MacBidoux sont prêts à partir.

Sans joie ni hâte, nous mettons le cap sur Edinburgh.

Sur la route, nous repassons devant Doune Castle.

A la demande de MacBidouce, nous y faisons un arrêt express.

Lors de notre précédent passage, elle y avait repéré un pins.

A ce moment-là, le miaulement d’un chat aux yeux vairons résonnant avec le bruissement d’une feuille sur l’eau plate avait convaincu Noémie que le moment de l’acheter n’était pas encore venu.

Non, il avait fallu attendre aujourd’hui, alors que les MacBidoux devaient rendre un Scott apprêté dans l’heure, pour s’engager dans un minuscule chemin aux branches basses.

Il avait fallu attendre aujourd’hui, alors que nous n’avions plus d’entrée libre au château et que la boutique se trouvait à l’intérieur de la partie payante.

Tous les signes convergeaient, et la prophétie n’était point discutable.

A l’appréhension d’une telle nouvelle, MacBidou se contenta de hausser les épaules.

Après tout, au nom de quel sens pratique aurait-il pu mettre en doute de tels arguments prophétiques ?

Nous arrivons donc quelques minutes avant l’ouverture du site.

Sur place, les touristes commencent à arriver. Au loin, nous les voyons converser vivement avec les guides.

Curieux, nous nous rapprochons pour en apprendre plus.

« I’m sorry, a part of the main gate fell down, the site will be closed today. »

Manea soupire. Mais pourquoi diable fallait-il attendre aujourd’hui ?

Pris au dépourvu, les MacBidoux ne perdent pas espoir.

Nous expliquons à Fiona, notre interlocutrice, qu’il s’agit de notre dernière chance d’obtenir le précieux pins avant de quitter l’Ecosse.

De cet objet, nous lui en dépeignons une description si précise et poignante que la guide ne peut se résoudre à nous laisser partir sans.

A coup de talkie-walkie, elle explique à Karen et Catherine, à l’intérieur de la forteresse, l’objet de notre quête.

La tension monte au sein des équipes tandis que fusent les ordres.

Après une dizaine de minutes, la relique est transportée par un guide dans son précieux pochon cartonné.

Noémie, prophète de son état, se le voit remettre devant une foule de touristes curieux de la raison d’une telle agitation.

Devant un tel cortège, Manea secoue la tête. Mais qui était-il donc pour remettre en question les visions prophétiques de sa géniale compagne ?

La mission cruciale accomplie, nous repartons.

De retour à la capitale, nous faisons nos adieux à Scott.

Un bus, un train et un autre bus plus tard, nous sommes dans un froid glacial à Glasgow.

Plusieurs coups de téléphone et plusieurs sonnettes plus tard, Turaga nous ouvre les portes de son antre.

Un sas de décompression plus que bienvenu avant de partir vers de nouvelles aventures. Fin du jour 41


Jour 42 - Dimanche 17 Novembre 2019 : Lounge Turaga

Après un mois avec Scott, le sommeil n’a jamais été aussi paisible.

Profitant de la dissolution de leurs responsabilités, les MacBidoux perdent toute dignité et passent leur journée dans l’écriture, le glandage et le repos au rythme d’intermèdes musicaux menées par leur maestro.

Fin du jour 42.