Carnet de voyage

Guigui au Chili

23 étapes
52 commentaires
Une année à vadrouiller dans tout le Chili à pied, en bus, en auto-stop ou même pourquoi pas en bateau ? Et bien suivez-moi, c'est parti !!!!
Du 25 mars 2019 au 2 juin 2020
435 jours
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Après une attente qui semblait ne plus finir, ma demande de visa a ENFIN été acceptée ! A moi le Chili !!

Bienvenue sur mon blog de voyage qui vous permettra de me suivre tout au long de mon aventure à travers le Chili !

Aux prémices de ce voyage... : depuis quelques années me trottait dans la tête l’idée d’un « grand voyage » (et oui ! qui n’a pas de petits (ou grands) projets qui attendent sagement que l’on se bouge les fesses pour les accomplir ?!) et c’est ainsi qu’en octobre dernier j'ai décidé de partir à l'étranger pendant environ 1 an.

Honnêtement, je pense que le plus dur a été de PRENDRE LA DÉCISION et de commencer les démarches, le reste vient tout seul lorsque l'on est motivé. Quitter sa vie, son travail, sa famille, son confort pour une terre inconnue dont on ne parle même pas la langue… cela est difficile, c’est certain, mais c’est un sentiment qui ne m’est pas resté une fois le projet lancé (même si je vous avoue que là, à quelques jours du départ, le stress commence à pointer le bout de son nez haha!). Alors n’hésitez pas vous aussi à vous lancer dans un projet qui vous tient à cœur, car si la volonté est là, le reste suivra j’en suis persuadée 😀 et puis on n’a qu’une vie !!

Pourquoi le Chili ? Il est vrai que mes origines m’ont toujours poussée du côté de l’Asie mais le Chili a été un réel coup de cœur et comme une sorte de révélation en fait. Donc pas de raison particulière si ce n'est que je voulais choisir un pays dans tous les cas et pas forcément faire 3 mois au Chili, 3 mois en Argentine etc..., le but étant de m'imprégner au maximum d'une culture et le meilleur moyen étant de la côtoyer assez longtemps. Mais si l'occasion et le temps me le permettent, pourquoi pas aller faire un saut dans les pays voisins 😀

Parce que je pars donc au Chili pour y découvrir sa culture et ses habitants, j’ai décidé de rythmer mon voyage par des missions de bénévolat/woofing à travers tout le pays (du nord au sud), prévoyant de rester 2-3 semaines à chaque endroit. Très bon moyen pour être au contact direct des gens et d'apprendre de leurs expériences, et en échange je donne volontiers de mon temps.

Les préparatifs ont commencé en novembre dernier. Bonjour les check-listes, les mémos par-ci par-là, et les tonnes de détails auxquels il faut penser. De toute façon, ça va être le branle-bas de combat jusqu’au moment où je mettrai le pied dans l’avion et que je me dirai enfin : ca y’est, c’est parti ! Alors faire son sac à dos sachant que l’on part pour un an de vie nomade est une bonne façon de faire une introspection… : de quoi ai-je vraiment besoin ?

La demande de visa PVT n’était pas compliquée, j’ai pu l’obtenir sous 4 semaines environ. Pour ceux qui ne connaissent pas ce type de visa, il s’agit d’un visa voyage/travail qui permet aux jeunes de 18-30 ans de rester sur un territoire pendant 12 mois et de pouvoir y travailler et voyager en toute légalité, génial non ?!

J’espère pouvoir partager avec vous mes aventures et mes rencontres au maximum, sous forme de petits récits avec photos.

Alors voilà c’est parti, dans 5 jours, je m’envole pour Santiago….

Que l’aventure commence !!! 😀

Après 17h de voyage, j'arrive mardi à l'aéroport de Santiago à 9h, puis je saute dans un bus et quitte le soleil éclatant qui réveille la capitale pour me rendre à Valparaiso. Malgré la fatigue, je ne peux m'empêcher de garder les yeux grands ouverts pendant le trajet et d'observer ce nouvel environnement autour de moi. Mes sens s'imprègnent doucement de toute cette nouveauté et je sais que ça prendra quelques jours avant de me sentir totalement à l'aise.

Arrivée à Valpo (Valparaiso), je m'attendais à une différente première impression de cette ville chaotique plongée dans le brouillard. Heureusement la fin de journée ensoleillée a révélé le charme de ce paradis multicolore où je passerai les 3 prochaines semaines.

Première chose à faire au programme : finaliser les papiers pour mon visa. C'est allé très vite, les gens de l'administration chilienne ayant été dans l'ensemble très gentils et compréhensifs lorsqu'ils voyaient que j'avais beaucoup de mal à les comprendre.. 😀 Le 23 avril prochain, je recevrai ma fameuse "carte d'identité" chilienne !

Fernando, mon hôte d'Airbnb super gentil m'a emmenée le premier jour pour un petit tour de son quartier. Ici, on n'en finit plus de lever la tête pour admirer les magnifiques fresques murales toutes aussi impressionnantes les unes que les autres.

Je suis tentée d'entrer dans chaque petite boutique ici et là mais ce n'est que le début de mon voyage, il ne faut pas que je commence à charger mon sac!

Vendredi matin je participe à une visite guidée de la ville (merci Miguel de Free Tour Valpo!!), et je rencontre Henry, un australien en vacances pour un mois ici avec qui je passerai la fin de la semaine mais également avec Noémie une française en PVT comme moi.

Un completo, sorte de hot-dog chilien avec tomate, avocat et mayo. Un des plats nationaux!

Valparaiso, située au bord de l'océan pacifique, est un merveilleux chaos. Elle est constituée de petites collines (cerros) accessibles soit en prenant les Ascensores (anciens funiculaires) ou bien tout simplement à pied par les escaleras (escaliers) et les maisons ont toutes une couleur différente! Beaucoup d'auberges de jeunesse et d'hôtels ont vu le jour ces dernières années et la ville est devenue très touristique.

Pour la petite info : N'oubliez pas qu'ici le changement d'heure est différent! Jusqu'au 12 mai nous avons 5h de décalage puis le Chili change à son tour donc il y aura 6h de décalage jusqu'au mois d'août... et ensuite ça repasse à 5h puis à 4h, enfin bref, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? :-)

Demain mes cours d'espagnol commencent (1er avril), passage obligatoire pour enfin apprendre les bases de cette langue!

Quelques morceaux d'ici... 

C'est parfois étrange pour moi d'imaginer que ma vie française est maintenant à des milliers de kilomètres, suivant un fuseau horaire différent dans le "futur". C'est comme si j'avais changé de fréquence en quelques sortes, tout en sachant qu'à un moment donné il faudra que je retourne à ma fréquence initiale. J'aime me dire que je suis dans une parenthèse d'un autre monde 😀

Pour résumer un peu, ces 3 premières semaines ont été très riches en pleins de choses! Tout d'abord mon arrivée dans ce nouveau pays et le temps de s'y habituer, prendre mes marques petit à petit et surtout l'apprentissage de la langue. La vitesse à laquelle les chiliens parlent est tout juste incroyable. J'ai toutefois réussi, après 1 semaine de cours, à avoir un semblant de conversation avec la grand-mère de mon hôte Airbnb. Ça fait plaisir de voir les progrès en direct !

Mes cours de langue avec July, une chilienne d'origine americano-italienne débordante d'énergie m'ont permis, en plus d'apprendre l'espagnol, de découvrir pas mal d'aspects de la culture chilienne au quotidien. Grâce à elle, j'ai fait la connaissance de Monserrat, une jeune étudiante chilienne qui justement cherchait des personnes pour pouvoir pratiquer l'anglais. J'ai passé beaucoup de temps avec elle à arpenter les rues de Valparaiso, à découvrir les secrets de la ville et les coutumes d'ici. Si tous les chiliens sont aussi adorables qu'elle, je n'ai aucun soucis à me faire 😀

Merci Montse ! 

Apprendre l'espagnol n'est pas si difficile, mais après avoir baigné dans l'anglais et l'allemand pendant toutes ces années, j'ai du mal à revenir à une langue latine pourtant très proche du français, mais ça viendra 🙂


A gauche July, et Tanja d'Allemagne en voyage avec sa famille à travers l'Amérique du Sud pendant 8 mois 

La nourriture est beaucoup à base de fruits de mer, viande, pomme de terre et riz. Ils adorent les sandwichs en général mais surtout les empanadas...!!! En même temps je les comprends, c'est tellement bon ! (ok il va falloir que je prévois beaucoup de randos... 😀)

Le pisco sour est la boisson nationale : un apéritif à base de jus de citron et de pisco. Ils en servent partout et beaucoup de bars proposent pas mal de bières artisanales de la région. Un des plats typiques en accompagnement est la Chorrillana, une énorme assiette de frites avec viandes, oignons frits, fromages fondus, œufs.

Chose curieuse mais dont on m'avait déjà parlée, les sodas ici coûtent moins chers que l'eau. Est-ce parce que l'eau au Chili est principalement gérée, non pas par les services publics, mais par des sociétés étrangères ? (je vous laisse deviner la nationalité de l'une d'entres elles...).

Pour me déplacer, je me débrouille pour faire pratiquement tout à pieds mais j'avoue que je me suis laissée tenter en sautant parfois dans l'un des nombreux micros, petit bus de ville. Les arrêts ne sont pas toujours bien définis et pour savoir où va le bus, il suffit de regarder la multitude de panneaux accrochés sur le pare-brise. Un peu déconcertant au début mais on s'y fait !!

Oui oui, même les chiens prennent le passage piétons 

Il y a une ligne de métro à Valparaiso mais celle-ci longe le bord de mer et est plutôt utilisée pour se rendre dans les villes voisines. D'ailleurs j'ai fait un saut à Viña del Mar, juste à côté et qui est complètement l'opposée de Valpo! C'est une ville plutôt résidentielle et beaucoup plus "organisée" que sa voisine. C'était un peu brumeux le jour où j'y étais mais je vous mets quelques photos quand même!

Viña del Mar 

Lors d'un week-end où je me rendais à Isla Negra, petite ville côtière au sud de Valpo, je me suis finalement retrouvée à passer la journée au bord d'une plage avec des chiliens (Carlos et Javier) pro de la high-line rencontrés dans le bus le matin même. Le cadre était tout simplement magnifique et pas du tout fréquenté en cette période de l'année. Ça faisait du bien de sortir un peu de la ville, surtout qu'ensuite j'enchaîne direct avec Santiago...

Comme quoi, les rencontres que l'ont fait au hasard peuvent parfois nous emmener dans des endroits inattendus!!

Las Cruces et playa Mirasol près d'Algarrobo 

Donc voilà, je laisse Valparaiso et son street art à couper le souffle pour partir à la découverte de la capitale... Il me reste encore deux semaines de cours puis direction La Serena pour mon premier volontariat !

Vamos chiquillos !!

Au total j'aurai passé 17 jours à Santiago, ce qui fut assez long mais nécessaire pour bien prendre conscience de l'ampleur de la ville et pour découvrir son identité. Je suis venue ici pour la nature certes, mais aussi pour découvrir les moindres détails de cette culture, alors passer du temps à Santiago était une étape inévitable et grandement enrichissante!

Beaucoup de gens ici, dont des chiliens, m'ont dit que Santiago n'est pas représentatif du Chili. La vraie vie chilienne se trouve une fois sortit du tourbillon de la capitale. Or culturellement, c'est hyper riche! On y compte plus d'une quinzaine de musées, de parcs, et les quartiers possèdent chacun leur histoire et leur style. Je ne pense pas être quelqu'un de très critique et selon moi, chaque grosse ville, que ce soit une capitale ou non, a toujours ses richesses et ses mauvais côtés, il suffit d'y aller l'esprit grand ouvert.

Dans l'ensemble, je m'y suis sentie bien malgré la pollution. Et oui, un point négatif est cette pollution très dense. Les Andes, pourtant juste à côté, étaient parfois difficile à percevoir et on sent vraiment parfois que l'air n'est pas propre. La ville est entourée à la fois de la Cordillère des Andes (dont le point culminant est l'Aconcagua à 6962 m en Argentine) et de la Cordillera de la Costa. Comme Grenoble, les particules restent souvent coincées et seule une bonne pluie permet de voir clairement les sommets andins. Mais puisqu'il ne pleut pas souvent... je vous laisse voir le smog par vous même!

Vue depuis la Vierge située au sommet du Cerro San Cristobal, au cœur de la ville. 

Encore une fois je me suis déplacée pratiquement toujours à pied, levant la tête à chaque nouvelle rue pour tenter de déceler les murales (peintures murales) toutefois moins nombreuses qu'à Valparaiso et tous les détails qui font l'architecture de cette ville. Certains bâtiments sont très européens mais l'influence américaine se fait ressentir à travers les larges avenues, les grosses voitures et les grattes-ciel qui poussent comme des champignons (dont le Gran Torre de Santiago, le plus haut d'Amérique du Sud).

Quelques morceaux de Santiago 

A mon arrivée à Santiago j'ai participé à un Free Walking Tour qui m'a fait voir notemment le Mercado Central (célèbre marché aux poissons), le Vega central, marché de produits frais et le Cementerio (et oui, ça vaut le coup d'y faire un tour croyez-moi!).

Walking Tour à Santiago 

L'auberge Hostel Forestal où je logeais était tout juste parfaite! Située dans le quartier central de Bellas Artes, j'y ai rencontré une multitude de personnes venant des 4 coins du monde.

L'ambiance est très relaxe et beaucoup d'activités sont proposées aux voyageurs qui souhaitent découvrir la ville et ses alentours. J'ai donc fait une excursion organisée d'un jour au Cajon de Maipo, une vallée au sud-est de Santiago, aux portes des Andes. Par chance, j'ai pu voir mon premier condor, l'animal emblématique du Chili et le rapace le plus grand du monde! Le surplus de touristes ce jour là à cause du week-end de Pâques a quelque peu dénaturé le paysage et l'ambiance, mais j'étais contente d'avoir eu un avant-goût des paysages à venir...

Excursion au Cajon de Maipo 

Je garde un très bon souvenir des chicos qui travaillent à l'auberge, tous super sympas et toujours motivés pour faire des trucs. J'étais un peu triste de les quitter mais je sais que je reviendrai !! Avec Benjamin j'ai fait ma première rando (ascension du Cerro Manquehue accessible en transport en commun depuis Santiago!) durant laquelle on a pu observer 5 condors, c'était assez exceptionnel !!

Il était une fois à l'Hostel Forestal... 

Et puis j'ai fait la connaissance de Jeff un américain euh... pardon français, partenaire de grimpe et de visite de musées pour quelques jours et Agathe, aventurière très sympathique. Tout deux ont rendu mon séjour encore plus agréable. Des rencontres éphémères certes, mais qui donnent le sourire 😉

Des français à Santiago... 

Noémie est venue sur Santiago deux fois, le temps de se faire resto et salon de thé et de discuter longuement de tout et de rien avant de repartir chacune dans notre épopée chilienne. Mais je sais qu'on se reverra, tôt ou tard.

Un bon ptit resto Thaï ça fait toujours la différence !! 

Mes cours d'espagnol avec Mussy m'ont permis d'atteindre un bon niveau à l'oral mais la compréhension de l'espagnol chilien est encore un obstacle. Je me rappelle cette vidéo TEDx qui expliquait que le contexte et la manière d'apprendre une langue font toute la différence. Retenir des mots par cœur pendant des heures n'est pas, selon moi, aussi bénéfique que d'apprendre les mots en les "pratiquant". Je veux dire par là qu'il faut savoir être curieux, et ne pas avoir peur d'aller demander à quelqu'un la traduction d'un mot lorsqu'on ne comprend pas, car c'est le meilleur moyen de le retenir !

Con Mussy  😀

Pour finir, j'ai eu l'occasion de rencontrer Brice, le beau-frère de Céline une ancienne collègue, et son ami Jorge. Je n'ai pas de mot pour décrire la gentillesse dont ils ont fait preuve à mon égard... J'ai vraiment hâte de les revoir ! Merci mille fois pour tout !!!

PS: Céline, on vous attend l'année prochaine !!

Me voilà maintenant partie pour La Serena, où je commence mon premier volontariat dans une auberge...

C'est dans le froid et l'humidité que commencent mes deux semaines et demie de volontariat à l'Open Hostel de La Serena. Le soir de mon arrivée, Rodriguo le propriétaire, m'emmène dîner dans un bar/resto à l'ambiance métal/rock où la nourriture laisse à désirer mais nous n'avons pas trop le choix, peu d'endroits sont encore ouverts (le lendemain étant le 1er mai, beaucoup de restaurants ont fermé tôt la veille). De retour à l'hostel, je fais la connaissance de Daniel, un vénézuélien qui travaille ici depuis quelques mois et Pablo, ami de longue date de Rodriguo qui loue une des chambres depuis quelques mois.

Ces trois personnages rythmeront mon quotidien pendant ces 3 semaines, et quel rythme ! Je ne dirai pas que ce fut une mauvaise expérience car j'ai eu la chance de rencontrer et de discuter longuement avec des personnes de tout horizon mais l'ambiance en elle-même n'était pas vraiment celle que je m'étais imaginée, mais c'est pas grave 😉 Le travail en lui-même était simple : ménage et maintien de l'ordre au sein de l'hostel, assurer la réception des voyageurs, autant vous dire qu'il y avait du gros apprentissage de l'espagnol à la clé. Alors certes, il manquait un certain lien d'harmonie avec Rodriguo, quasi absent et tête en l'air, et Daniel ayant du mal à déléguer les tâches à accomplir, mais dans l'ensemble cela m'a permis de prendre du temps pour moi, de lire, de bien connaître la ville et surtout d'organiser la suite de mon voyage. En prenant du recul maintenant, je suis contente de ce premier volontariat 😀

Un matin, je suis partie avec Pablo sur un terrain qu'il a acheté quelques années plus tôt en bordure de mer à quelques kms de la Serena. Nous y avons retrouvé Claudia, représentante du Ministère de l'environnement pour la région de Coquimbo. En effet, le terrain de Pablo abrite une espèce végétale en danger, le lucumillo, et endémique de la région de Coquimbo. Cette visite servira principalement à essayer de trouver des solutions pour préserver cette plante car le but initial de Pablo est de diviser ce terrain en parcelles pour ensuite les vendre à des particuliers pour construire des habitations. Techniquement, il pourrait tout à fait vendre sans se soucier de quoique ce soit, mais j'espère que cet ingénieur agronome saura trouver un compromis.

Visite du terrain de Pablo 

J'en ai également appris plus sur les cactus, la plante incontournable d'Amérique du Sud (et bien sûr en grande quantité sur le terrain de Pablo!). Il existe environ 90 genres répertoriant plus de 2500 espèces !

D'ailleurs, savez-vous pourquoi les cactus ont des épines ?! Il s'agit en fait de leurs "feuilles" qui ont adopté une telle morphologie en fonction du climat aride. Elles servent à la fois à protéger la plante pour éviter que les animaux viennent croquer leur succulente chaire (miam!) mais également à condenser l'humidité de l'air pour hydrater le cactus.

Qui s'y frotte s'y pique ! 

Un après-midi, j'ai réussi à convaincre Rodriguo de faire une petite rando avec moi sur les hauteurs de la ville, nous offrant une vue superbe sur le Pacifique d'un côté et le début de la vallée d'Elqui de l'autre.

La Serena est la deuxième plus ancienne ville du Chili avec plus de 250.000 habitants. C'est LA destination des chiliens qui veulent profiter de la mer et du soleil pendant l'été. Le reste de l'année c'est assez calme et peu de choses s'y passent. Le centre ville regorge d'églises, et El Faro reste le monument historique de la ville. L'Avenida del Mar, qui longe la plage, offre une belle petite balade en cette période tranquille de l'année (autant vous dire que je ne reviendrai pas en été 😀).

Les choses à voir autour de la ville sont tout d'abord Coquimbo, ville voisine portuaire et perchée sur des petites collines en bord de mer rappelant le désordre de Valparaiso. J'irais presque à dire que je l'ai préférée à La Serena... mais la mise en garde de l'office du tourisme de La Serena sur les quartiers un peu chaud de la ville ne m'a pas vraiment convaincue d'aller me balader dans les ruelles colorées comme je le souhaitais. Du coup je me suis rabattue sur une visite guidée en bateau de la baie de Coquimbo. Pas tout compris de ce que disait le guide, mais j'ai pu admirer les lions de mer se prélasser au soleil sur leur petite île privative 😀

En 2015, la région a connu un tremblement de terre d'une magnitude de 8,3 suivi d'un tsunami endommageant partiellement le port.

Coquimbo 

A voir également, il y l'Isla Damas et l'Isla Choros, au nord de La Serena. C'est là que ce trouve la fameuse Réserve Nationale Pingüino de Humboldt, où l'on peut apercevoir des pingouins, des lions de mer, des petites loutres (nous en avons vu 3, ce qui est très rare !!) et des oiseaux. Une promenade d'une heure est autorisée sur l'Isla Damas tandis que l'Isla Choros est interdite d'accès afin de préserver la faune et la flore. Nous n'avons malheureusement pas eu la chance ce jour-là d'apercevoir dauphins et baleines.. Tant pis, ça sera peut-être pour une prochaine fois et dans un autre endroit ?

Sur le trajet en bus en revanche, nous avons traversé d'immenses plaines arides coincées entre sommets pré-andins, et les guanacos, renards et ânes sauvages ne se sont pas fait prier. Je suis ébahie devant mon premier guanaco qui se tient là, à deux mètres de la route seulement au beau milieu de ce paysage incroyable. J'ai fait cette excursion avec Richard, un américano-brésilien d'une soixantaine d'années très sympathique et en séjour à mon hostel.

Isla Choros et Isla de Damas

Le Rio Choros est à sec suite à un tremblement de terre. Il coule toujours mais en sous terrain. On peut voir de l'eau seulement lors des périodes vraiment pluvieuses.

Rio Choros 

Une autre chose à voir en étant à La Serena est bien sûr cette fameuse vallée d'Elqui. Mais puisque j'y passerai beaucoup de temps lors d'un volontariat le mois prochain, j'ai décidé de ne pas m'y aventurer tout de suite et de faire durer le suspens... 😉

L'hiver approche petit à petit, le soleil et donc les températures chutent de plus en plus tôt. Le froid est un réel problème pour moi, surtout sur la côte où il fait assez humide, mais je sens que mon corps s'habitue tranquillement (et oui, pas de radiateur ici...) et je remercie gracieusement mes tee-shirts et pulls en laine de contribuer à ma survie !! 😀

Mon prochain volontariat se passera à San Juan, en Argentine, juste de l'autre côté de la cordillère des Andes. Je fais ce petit détour un peu par hasard, par envie d'un peu plus d'aventure (et de chaleur je l'espère !) mais aussi car il n'est pas si facile de trouver des missions de volontariat en ce moment en saison basse. Et puis j'ai envie de retrouver les montagnes, pas assez visibles à mon goût depuis La Serena 😉

Allez hop, c'est reparti. C'est avec mon sac à dos de nouveau bien rempli que je m'en vais demain pour 16h de bus en direction de l'Argentine !!

Chili, attends-moi, je reviens vite !!!

Alors voilà, je vous écris un nouvel article depuis le refuge San Bernardo à Vallecito, pas loin de Mendoza. Je viens d'y arriver, après avoir passé 3 seamines à San Juan et c'est donc de cette étape que je vais vous parler. Ce qui est agréable lorsque l'on voyage, c'est qu'il est facile d'adapter son itinéraire comme on le souhaite et surtout à la dernière minute, c'est pourquoi j'ai rallongé mon séjour à l'hostel Trotamundos de San Juan d'une petite semaine. Et bien oui, quand on se plaît à un endroit, entourée de gens formidables et de paysages magnifiques, c'est dur de partir ! Mais toutefois l'appel de l'aventure est là quelque part dans ma tête, attendant sagement d'être stimulé. Je m'embarque dans chaque nouvelle direction avec hâte et excitation de savoir ce que je vais y trouver. Et au fur et à mesure, je m'enrichis de ce que je viens de vivre.

Depuis La Serena en bus, nous sommes passés par le Paso de Los Libertadores, à plus de 3500m d'altitude au milieu de la cordillère. Ayant passé la frontière de nuit, je n'ai pas eu la chance d'admirer le paysage. Après un bref contrôle à la douane, j'arrive le lundi 19 mai à 7h à l'hostel. Comme les fois précédentes, je m'imprègne tranquillement de cette nouvelle ambiance. L'auberge est très tranquille. Dans le jardin immense, il y a un oranger, un laurier, un pamplemoussier, un citronnier, et tous sont pleins à craquer en cette saison! Quel bonheur! Et surtout la météo semble être plus clémente qu'à La Serena, ouf !

Bienvenido al Hostel Trotamundos ! 

Makan, une argentine également en volontariat est la première personne que je rencontre. Elle parle avec un accent de dingue, voyage avec son chien Che Cabron et arbore un style très grunge. Elle m'explique rapidement comment ça marche ici, sourit et répète doucement quand elle voit mes yeux perplexes qui crient : je comprends rien à ce que tu me dis !!! Elle partira quelques jours après mon arrivée pour le Chili mais nous avons eu le temps de partager repas, films et séance d'écriture de poème ! Un placer conocerte Makan !

Maka y le Che  

Je fais ensuite la connaissance de Jero et Pilar, les managers de l'hostel et de toute l'équipe qui se relaie à la réception (Gabi et Gemma) et le soir, c'est 5 chicos du Paraguay que je rencontre. Ils habitent à l'hostel de façon permanente car ils travaillent sur le chantier de l'aéroport. J'en apprends donc un peu plus sur la culture paraguayenne, surtout la gastronomie : chaque soir, ils cuisinent pendant des heures tout en discutant en Guarani, deuxième langue officielle de leur pays. On rigole bien avec eux, ils mettent une bonne ambiance, surtout quand ils s'essayent à prononcer quelques mots de français ! 😉

San Juan, c'est une assez grosse ville de 450.000 habitants, au nord de Mendoza et à une centaine de kilomètres de la cordillère des Andes.

Peu touristique comparée à Mendoza, il y a pourtant de magnifiques choses à voir dans/et à l'extérieur de la ville. Comme au Chili, on retrouve ce quadrillage des rues à l'américaine, toutes bordées d'immenses arbres mais la vie suit des horaires différents puisqu'ici tout est fermé entre 13h et 16h/17h, siesta oblige en été avec la chaleur insupportable!

J'ai visité le musée des sciences naturelles, axé sur la période du Trias, l'époque du règne des dinosaures. En effet, dans la Vallée de la Luna à 200 kms de la ville, d'importantes découvertes datant de cette époque ont été faites. Sont exposés au musée certains fossiles et on peut y voir de nombreuses reproductions de dinosaures à taille réelle.

Si vous voulez avoir un aperçu des maisons argentines des années 1850, je conseille la visite gratuite de la maison de Sarmiento, ancien président argentin qui a beaucoup bougé l'éducation dans les années 1870 et a poussé à la modernisation du pays.

Quelques morceaux de San Juan

Superbe également est le musée à ciel ouvert de murales qui entoure le cimetière. Très joli jeu d'ombre ce jour-là en prenant les photos. L'Amérique du Sud ne cesse de régaler mes pupilles!

Le 25 mai est une fête nationale en Argentine. En me promenant en ville ce jour-là, je suis tombée sur une sorte de défilé commémorant la Révolution de mai 1810 qui a abouti à l'indépendance du pays un peu plus tard. Devant ce que je pense être le maire de la ville et ses élus, des danseurs performent la fameuse cueca, une danse folklorique typique de la région de San Juan.

Défilé du 25 mai 

Le boulot était très tranquille, j'ai surtout bossé de nuit car j'étais sur place, mais cela consistait juste à tenir la réception et préparer le ptit dej'. J'ai pris mes premiers coups de fil en espagnol ! Bon, y'a encore du progrès à faire mais ça avance!! Ce qui m'a le plus frappée en arrivant ici, c'est l'amabilité des argentins. C'est incroyable comme les gens sont gentils, compréhensifs, curieux et toujours prêts à aider. Je ne me suis jamais sentie en difficulté.

Un grand merci à Jero qui s'est improvisé guide touristique personnel durant ces 3 semaines! Il m'a montré les magnifiques environs de San Juan à travers randos, visite de bodega, excursion au Parque Nacional Leoncito et à la Vallée Encantada qui offre un paysage lunaire surréaliste.

Lors d'un road trip à Barreal, petit village au pied des Andes, j'y ai rencontré Élodie, une française agronome installée en Argentine depuis 8 ans. Puisqu'il est assez difficile de trouver un emploi en raison de la situation économique actuelle, elle et son compagnon ont suivi une formation de guide de montagne et organisent des excursions toute l'année. Cette rencontre m'a donné envie de passer plus de temps à explorer cette région tellement c'est magnifique. Alors c'est décidé, je reviendrai! 😀

Barreal, Parque Leoncito, les Andes...

Et bien sûr, qui dit Argentine dit asado!! J'ai eu la chance de découvrir l'asado argentin et ce plus d'une fois ! Il s'agit en fait d'un barbecue préparé avec soin, sur lequel on fait griller lamelles de pomme de terre, gousses d'ail, oignons, poivrons et bien sûr de la viande, le tout accompagné d'un petit air de guitare ! Les argentins font généralement les asados le weekend, le plus souvent pour partager un moment de convivialité entre amis et famille. Ici, une maison sans parrillero (l'endroit où faire l'asado) n'est pas une vraie maison... 😜

Alors certes, il s'agit d'un point phare de la culture argentine, mais la consommation de viande est comment dire... excessive !

Comment bien faire un asado... 

À San Juan se trouve l'auditorium Juan Victoria, l'une des salles les plus prestigieuses d'Amérique du Sud qui offre une acoustique magnifique! J'ai eu la chance d'assister à un concert de tango et par la même occasion faire le tour d'une petite exposition artistique très jolie installée dans l'entrée du bâtiment.

En tout cas je ne regrette pas d'être venue en Argentine, il y a tellement de choses à voir ici que ça m'a donné envie d'y revenir et d'y passer plus de temps!

Mais ne t'inquiète pas mon cher Chili, je ne t'oublie pas et vais bientôt être de retour. Juste un dernier arrêt avant de te revoir !

Bon il s'avère que ce dernier petit arrêt avant de retourner au Chili dure un peu plus longtemps que prévu, et pour cause, le Paso de Los Libertadores est fermé depuis plus de deux semaines. Les conditions climatiques ajoutées à la route là-haut, qui zigzague à tout bout de champs (et surtout pas hyper large du tout!!) interdisent tout transit entre les deux pays.

Alors mes plans se retrouvent un peu chamboulés en effet, moi qui devait commencer mon volontariat à Vicuña au Chili le 22 juin, ce dernier a été annulé malheureusement. La personne recherchait de l'aide sur le moment à cause de l'afflux de touristes pour l'éclipse et ne me voyant pas venir, elle s'est trouvée contrainte d'embaucher un autre volontaire, ce que je comprends tout à fait. Mon prochain volontariat se trouve dans le nord du Chili, vers Iquique, alors je suis en train de réfléchir à trouver un passage de frontière plus au nord en Argentine et peut-être moins haut en altitude.

Alors voilà, après avoir passé deux semaines à Mendoza, je suis retournée à San Juan en attendant de savoir quoi faire et surtout le temps de bien soigner ce mal de gorge qui traîne depuis quelques semaines.. (je vous en parle plus bas). J'ai donc repris mon petit boulot de volontaire à l'hostel Trotamundos 😉

Un petit air de déjà vu... 

Parlons un peu de ma semaine à Vallecito, au refuge San Bernardo à 2800m d'altitude tenu par Sandra et son frère Luis! J'ai retrouvé Sandra le samedi 9 juin à Mendoza et nous sommes montées jusqu'au refuge en 4x4. Sur le chemin, nous faisons connaissance. Elle est argentine mais parle très bien le français puisque son mari, malheureusement décédé il y a deux ans, était un haut-savoyard. Ils se sont rencontrés dans les années 90 au refuge San Bernardo qui était alors dans un sale état. Quelques temps plus tard, ils se lancent dans le projet de l'acheter et de le rénover. Cela durera une quinzaine d'années, alternant une vie entre France et Argentine. Aujourd'hui encore, et c'est en partie pour cela que j'ai atterri là-bas, elle continue d'améliorer la structure avec l'aide de volontaires tout en offrant un service digne d'un vrai refuge de montagne !

Bienvenido al Refugio San Bernardo 😀

Cela m'a fait du bien de passer ces 9 jours là-haut et de retrouver les sensations de la montagne et de la vie en refuge. Le premier soir, avec Sandra, nous préparons le repas pour les quelques clients présents. Le deuxième jour, j'en profite pour aller me promener un peu au dessus du refuge et de voir comment mon corps gère l'altitude. On est vite à plus de 3000m, même lorsqu'on part faire une "petite balade"! Je marche lentement, avec une respiration lente, et cherche surtout à éviter de transpirer. C'est qu'il fait froid là-haut !! Le lundi suivant, Sandra est redescendue à Mendoza car elle suit en ce moment une formation pour être guide touristique. Je fais alors la connaissance de son frère Luis, ancien cuisto dans un resto français au Chili et qui s'occupe du refuge la semaine. Le courant passe super bien, on passera de longues soirées à discuter auprès du feu de l'Argentine et de la France, pays qu'il connaît bien.

J'ai principalement fait de la peinture, mon travail étant de rafraîchir l'une des chambres avec de nouvelles couleurs. Et puis les après-midi, si ma gorge me le permettait, j'allais faire des petits randos. Les paysages sont impressionnants. Le Cordón del Plata, la chaîne de montagnes dans laquelle nous nous trouvons, fait partie de la cordillère frontale andine. Le Cerro Plata est le plus haut, avec ses 5968m et est généralement accessible en 4-5 jours depuis le refuge. En général, les gens partent soit pour la journée et atteignent l'un des nombreux sommets à plus de 4000m facilement accessibles, soit sur plusieurs jours pour atteindre des sommets encore plus hauts. L'ambiance montagnarde est différente de celle des Alpes. Comme je le dis souvent, c'est d'une autre dimension ici, plus grande, plus sauvage, plus calme, et avec moins de monde. La passion pour la montagne n'est pas tellement présente parmi les argentins comme elle peut l'être chez nous en France et ceux qui viennent faire les grands sommets comme l'Aconcagua par exemple, sont souvent des étrangers.

Les derniers jours, nous les avons passés sous la neige, avec un froid mordant comme pas possible (-15 degrés le matin). Alors non, je ne suis pas du tout une grande amatrice du froid, mais alors pas du tout, mais je peux déjà vous dire que la beauté du paysage aidait grandement à affronter les températures !

Et puis j'ai rencontré un couple de Buenos Aires très sympathique, Vicky et Matthias, qui m'invitent les bras ouverts à venir leur rendre visite... elle est pas belle la vie ? 😀

D'une saison à l'autre en l'espace d'une nuit  

Lundi 17 juin, retour sur Mendoza où j'y passerai une semaine. Très belle ville de 2 millions d'habitants avec un parc immense et un bon réseau de pistes cyclables !! Incontournable bien sûr était la visite d'une bodega (et bien oui, il y en a quand même plus de 1200 rien que dans la région). Même si je ne suis pas une très grande amatrice de vin... c'était très intéressant d'en apprendre davantage sur la fabrication de la boisson nationale argentine. Le quartier où j'étais, Godoy Cruz, est plutôt résidentiel et possède sa petite place avec ses quelques boutiques.

Aux environs de Mendoza, il y a les termes de Cacheuta, endroit paisible au fond d'une vallée où les "mendoziens" vont se détendre dans des bains à 40 degrés. Et il ne faut surtout pas hésiter à pousser jusqu'au lac de Potrerillos, je vous laisse voir les photos et comprendre par vous-mêmes...

Mendoza et ses environs 

Pour les deux derniers jours je suis allée à San Rafael avec un amigo de l'hostel de San Juan venu à Mendoza pour faire refaire son passeport. A peine plus grande que San Juan, le tourisme y est fortement développé puisque se trouvent pas loin le fameux Canyon del Atuel, l'immense lac de Nihuil et bien d'autres endroits qui valent le détour.

Le mardi d'après je prends donc le chemin du retour pour San Juan, puisque le Paso est fermé. J'en ai profité pour bien me reposer et enfin traiter ce mal de gorge transformé en infection des amygdales...

Ici, il existe un système de santé public et privé, comme en France. Tout le monde a le droit d'accès aux services de santé publiques sans payer. Les personnes qui ont un travail bénéficient également d'une sécurité sociale "privée" et peuvent consulter des médecins et des hôpitaux payants. L'hôpital publique Guillermo Rawson de San Juan est assez récent et m'a offert un service irréprochable!

Le 2 juillet j'ai eu la chance d'assister à une éclipse solaire totale, phénomène de grande ampleur qui a rassemblé des gens du monde entier. Une expérience inoubliable que j'ai pu partagée avec mes petits san-juaninos. Pour l'occasion, nous sommes allés vers la ville de Mogna, près de la Vallée Encantado au nord de San Juan.

Éclipse solaire totale du 2 juillet 2019 

Voilà, mon séjour à San Juan touche bientôt à sa fin, le temps de faire quelques dernières petites randos et rencontres. Je vais partir pour le nord de l'Argentine, afin de passer au Chili par le Paso Jama, plus facilement ouvert que celui de Mendoza. Je me laisse environ une semaine pour pouvoir effectuer les plus de 2200 kms qui me séparent d'Iquique. Ça va être long mais cela me fait toujours grand plaisir de voir de nouveaux paysages 😀

Chers lecteurs !

Voilà un petit moment que je n'ai rien écrit sur mes aventures en Amérique du Sud...

Dans mon dernier article, je vous annonçais que j'allais bientôt partir pour le nord du Chili en passant par le nord de l'Argentine. Et bien figurez-vous que les choses ne se sont finalement pas passées comme prévues, comme on peut parfois s'y attendre dans tout voyage que l'on entreprend.

Pour vous situer un peu les événements dans le temps, je suis partie mi-août à Salta (nord-ouest argentin) avec pour intention de traverser la frontière pour rejoindre le nord du Chili. Le hasard a fait que c'est à ce moment-là que mes amygdales ont décidé une nouvelle fois de me jouer un tour... J'ai pris la décision de revenir à San Juan pour traiter cette 2ème infection et ainsi, sur les conseils des médecins, choisir de me les faire retirer (le 4 septembre dernier) afin d'éviter un autre épisode. Et oui, cela fait partie de l'aventure! Tout s'est très bien passé et j'ai dû mettre en pause mon voyage pendant environ un petit mois afin de bien me remettre de tout cela.

Le 7 octobre dernier je retraversais enfin la frontière pour me rendre au Chili après plus de 4 mois en Argentine. Cette fois-ci non plus en direction du nord mais du sud. Puisque le printemps est arrivé, et que mes tentatives pour me rendre au nord du Chili puis vers le Pérou et la Bolivie n'ont, d'une certaine manière, pas pu donner suite, je me suis dit que c'était peut-être un signe qu'il fallait que j'oriente désormais mon chemin vers l'un des objectifs primordiaux de ce voyage : aller découvrir la Patagonie en descendant petit à petit le Chili à partir de Santiago.

Je ne pourrai jamais remercier assez mes amis argentins de San Juan de s'être si bien occupés de moi et c'est avec le cœur rempli de merveilleux souvenirs que je les ai quittés. Si il y a bien certaines choses que j'ai apprises ici, c'est que les gens, toujours avec le sourire, donnent énormément sans jamais rien attendre en retour. Je ne regrette en rien d'avoir passé autant de temps en Argentine, puisque je me suis toujours dit que si je me sentais bien à un endroit, alors j'y resterais quelques temps. San Juan n'était au départ pas prévue sur mon itinéraire, cela montre bien qu'il faut parfois ne pas avoir peur d'aller vers l'inconnu et d'ouvrir la porte à l'imprévu.

La région de San Juan est tellement magnifique et vaut à 100% le détour. De la Vallée de la Luna au petit village de Barreal près des Andes, j'ai parcouru un bon nombre de sentiers et navigué en kayak plus d'une fois sur les lacs aux abords de la ville, m'amenant ainsi à découvrir les beautés et richesses en toute simplicité de cette région désertique. Avant l'opération des amygdales, j'ai pu bien profiter de la vie argentine et j'ai continué mon travail de volontaire à l'hostel Trotamundos, me permettant de rencontrer toujours plus de personnes toutes aussi intéressantes les unes que les autres. L'événement CicloReptiliano, un festival de musique, a eu lieu à l'hostel lors des 4 dimanches de septembre, et fut un excellent moyen de découvrir la musique et la bière locale.

Le visa touriste de 3 mois avec lequel je suis entrée en Argentine avait été dépassé et j'ai dû remplir quelques papiers et payer une petite amende avant de repasser la frontière. C'est avec un sentiment étrange que je suis retournée au Chili, mélange d'excitation et de déjà-vu. J'ai eu le plaisir de retrouver mes amis de l'Hostel Forestal à Santiago où je suis restée deux nuits avant de me diriger vers Talca (à 3h au sud de Santiago) pour rejoindre le refuge du Tricahue où je resterai jusqu'à mi octobre. Je vous parlerai de ce volontariat dans mon prochain article, mais en attendant en voici un petit aperçu 😉

Aux alentours du Refugio del Tricahue. La suite au prochain épisode... 

[du 7 au 28 oct]

C'est ainsi qu'après avoir passé plus de 4 mois dans la région désertique de San Juan, je retrouve enfin des paysages verts de la cordillère des Andes. Je suis restée 3 semaines au refuge du Tricahue, 3 semaines qui auraient pu se transformer en une période plus longue si je n'avais pas eu mon voyage à poursuivre. Et bien oui, des montagnes à perte de vue, des volcans, des cascades, des falaises immenses et des bains thermales naturels si chauds que l'on peut à peine y tremper les pieds... c'est comme si l'endroit me priait de rester et d'aller à sa rencontre plus profondément, au cœur de ses vallées parfois encore jamais ou peu foulées par l'homme. C'est certain, je reviendrai un jour dans cette région pour découvrir ses plus beaux trésors.

A mon arrivée à Talca, je prends un colectivo regional (petit bus) qui me déposera juste devant le refuge. Pendant le trajet, je suis assise à côté d'une petite grand mère allée faire des courses, et quand je l'aide à porter ses lourds sacs à sa descente, j'espère pour elle qu'elle n'aura pas à marcher beaucoup jusqu'à chez elle. Je lui souhaite bon courage avant de descendre à mon tour, quelques arrêts plus loin. Comme elle, beaucoup de gens se rendent "en ville" pour faire leurs achats, faisant parfois jusqu'à 1h30 de bus. Difficile de trouver beaucoup de choses une fois sorti des grandes villes...

Devant le refuge, je suis accueillie par deux chiennes magnifiques, les "grosses Doudounes". Elles appartiennent à Dimitri, le propriétaire, qui vient d'ailleurs à ma rencontre pour m'accueillir. D'une personnalité très calme, on s'entend tout de suite très bien et il me fait faire le tour de son petit royaume constitué de sa maison, d'un refuge et de 3 cabañas avec en prime une piscine et un sauna, le tout construit de ses propres mains et de façon écologique : douches solaires, toit végétalisé, potager bio. Sa petite touche personnelle et qui rend l'endroit encore plus magique : des chambres avec toit ouvert pour observer les étoiles la nuit 😉 !!

Originaire de Belgique et ingénieur agronome de formation, son chemin l'a amené à s'installer ici après un tour du monde à vélo il y a 15 ans. Il est à l'initiative de la création du parc Tricahue dont il a créé et balisé les sentiers avec l'aide d'un ami chilien. J'en ai appris énormément sur la faune et la flore locale grâce à lui mais aussi comment adopter un mode de construction plus autonome et écologique. Nous avons passé nos soirées à discuter de tout et de rien, lui me racontant ses aventures à vélo, sa vie ici au Chili et sa façon de voir les choses, simple et naturelle. L'an prochain, il souhaite repartir à nouveau sur les routes du monde, cette fois-ci à moto.

Refugio Del Tricahue 

En échange de son hospitalité, je l'ai aidé à vernir son refuge et ses cabanes et fait quelques travaux de peinture. Nous avons aussi coupé et brûlé deux arbres afin qu'il puisse aménager plus tard une partie de son terrain en "glamping", sorte de lieu mi camping mi cabane. Une fois par semaine, il part se ravitailler soit à Talca ou Linares. Je l'ai accompagné une fois et sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés dans le village de Rari, capitale mondiale de l'artisanat à base de crin de cheval (des bijoux notamment).

L'ambiance était très détendue et je remercie Dimitri de m'avoir si bien fait visiter sa région pendant notre temps libre. Nous sommes allés faire du kayak à deux reprises dont une sur le lac Melado magnifique et très peu fréquenté au bord duquel Dimitri possède un morceau de terrain. Nous avons également fait une journée à la Laguna Del Maule située pile entre le Chili et l'Argentine, puis d'autres petites balades aux alentours de son refuge, à pied, en vélo ou en moto. L'entrée du parc Tricahue est à 800m du refuge et la rivière Maule à 100m, parfait pour le grand amateur de pêche qu'est Dimitri et pour se rafraîchir en été.

Le Tricahue est en réalité le nom d'un perroquet sauvage vivant dans la région. Ils ont un plumage magnifique, mélange de vert, bleu, jaune et rouge et se déplacent en groupe. Cette région du Chili est par ailleurs très intéressante pour sa flore car c'est ici que l'on retrouve un écotone, rencontre de l'écosystème chilien du nord avec celui du sud et qui offre un mélange unique de végétation. L'avant dernier jour, nous sommes allés faire le sentier du Tata (grand-père en français) à l'entrée du parc, et alors qu'on s'enfonçait petit à petit dans la forêt, Dimitri me questionnait sur les noms des arbres pour voir si j'avais bien retenu ses enseignements (je n'ai pas été une très bonne élève hahaha...) !

J'ai eu la chance de rencontrer sa petite voisine, Ana Luisa, d'origine Mapuche, qui vient de Talca deux fois par semaine pour s'occuper de son jardin dans lequel elle y a planté une multitude d'arbres et de plantes. Elle est haute comme trois pommes et adore parler de sa famille.

C'est ici que j'ai aussi fait la connaissance d'un nouvel arachnide qui n'existe pas en France : la tarentule rose du Chili ! Après plusieurs tentatives, et non sans crainte, Dimitri a réussi à me convaincre de la prendre dans mes mains...

Je voulais aussi vous parler de façon brève des événements qui ont lieu en ce moment au Chili puisque vous étiez nombreux à me le demander. Je n'ai pas été au cœur des événements puisque le refuge du Tricahue, comme vous vous en doutez, n'est pas au centre ville, mais j'ai eu la possibilité de parler avec des chiliens et d'avoir leur point de vue. Tous sont en faveur des protestations qui, en gros, soulèvent une volonté :

  • de nationaliser et d'investir davantage dans les systèmes sociaux (santé, justice, etc.)
  • de se défaire de l'emprise des multinationales et du néolibéralisme
  • de faire disparaître la corruption politique
  • d'obtenir une vraie démocratie

Et plus encore...

Il est important de savoir que plus de 60% de la population est "pauvre", et ce sont eux en ce moment même qui descendent dans la rue et se battent pour leurs droits. J'espère que la situation ne va pas dégénérer au point de se transformer en guerre civile mais je souhaite dans tous les cas que ces événements arrivent à changer les choses.

Nous nous sommes nous aussi rendus, avec Dimitri, à une petite manifestation près d'Armerillo, la commune du refuge, qui soutenait cependant d'autres motifs. Une centaine de personnes s'étaient réunies pour protester contre deux entreprises internationales qui polluent la région et ne se soucient guère de ses habitants et de sa nature.

Pueblo escucha, únete a la lucha !  

Cela fait maintenant plus de 7 mois que je voyage sur ce continent, et je ne cesse de m'émerveiller par tout ce que je découvre et les personnes que je rencontre. Chacune de mes expériences est unique et me rappelle chaque jour pourquoi je suis là : apprivoiser des cultures différentes, y voir le bon et le mal sans jamais juger. Pour moi, il est important de rester toujours l'esprit le plus ouvert possible en ne faisant jamais de comparaison avec la France et en acceptant tout simplement que les choses sont différentes, ici, à l'autre bout du monde et qu'il suffit juste de s'adapter au mieux.

Mon prochain workaway est à Curanipe, sur la côte chilienne, chez Arnaud, français de 33 ans qui a construit la casa Atipika. Je vous en parle plus au prochain épisode 😀.

Bord de plage à Curanipe 

www.refugio-tricahue.cl

[du 28 au 3 nov]

Lundi 28 octobre, après trois bus différents et plus de 7h de voyage, je passe des montagnes andines à la côte chilienne que j'avais laissée il y a plus de 6 mois. Il n'y a pas beaucoup de kilomètres, mais les temps de trajet sont longs car le bus s'arrête souvent et lorsqu'on traverse le Chili horizontalement, il n'y a pas vraiment d'autoroute alors on emprunte les "nationales", comme on dirait chez nous en France !

Arrivée à Curanipe, mon chemin ne s'arrête pas là car la Casa Atipika se situe à 5 kms au sud environ. Seules alternatives pour s'y rendre : l'auto-stop ou alors prendre un colectivo (au Chili, sorte de taxi collectif emmenant plusieurs personnes). Arnaud m'avait parlé du colectivo alors je tente ma chance et en trouve un assez rapidement. Dans la voiture je retrouve un petit garçon qui se rend presque au même endroit que moi. En attendant que d'autres personnes viennent s'ajouter à nous, je lui demande d'où il vient, ce qu'il fait à l'école et pendant son temps libre. Il me répond d'une voix innocente : "je suis sur mon téléphone portable". Je lui souris gentiment en espérant fort au fond de moi qu'un jour, en grandissant, il lève les yeux et se rende compte de la nature et des paysages qui l'entourent.

Fin d'après-midi, j'arrive enfin à la Casa Atipika où je rencontre Arnaud, le proprio, et Simon, un autre volontaire lui aussi français. Moi qui pensais me replonger un peu dans l'espagnol, et bien c'est foutu !! Mais bon, ça va faire du bien à mon cerveau de continuer son repos puisqu'avec Dimitri je parlais aussi français.

Arnaud a construit la Casa Atipika il y a quelques années, après un tour d'Amérique du Sud en moto. Il est tombé amoureux de l'endroit et a voulu construire un lieu pour les voyageurs qui recherchent un endroit pour décompresser. La Casa Atipika est principalement faite de bois avec certains murs intérieurs fait de terre mélangée à de la paille. Le meilleur, la terrasse qui offre une vue magnifique sur l'océan !! Il a fait deux petites cabañas juste à côté, dont une toujours en cours de construction et aussi une autre plus grande, encore en chantier et qui sera sa future maison.

Avec Simon nous avons fait du stop une fois pour nous rendre à Curanipe histoire de faire quelques courses. C'est un tout petit village de pêcheurs peu fréquenté l'hiver mais qui explose de touristes l'été. Les quelques restos proposent tous le fameux pastel de jaiba (littéralement "gâteau de crabe") et si l'on continue sur la jetée du port, il est parfois possible d'observer certains surfeurs courageux.

Curanipe 

En terme de mission, j'ai touché un peu à tout : défrichage, s'occuper du potager, construire des meubles en bois, aménager par-ci par là sa future cuisine, préparer les ptits déj des clients, etc... Puisque je ne restais qu'une semaine, j'ai été le plus possible active pour aider Arnaud du mieux que je le pouvais.

Rangement de la future cuisine d'Arnaud ! 

L'ambiance était très détendue et deux jours après mon arrivée nous ont rejoints François (français) et Cynthia (équatorienne). Ce sont deux amis de Simon qui ont pour objectif d'atteindre Ushuaïa en vélo. Cynthia, elle, est partie de Loja, sa ville natale du sud de l'Équateur et François, depuis l'Argentine. Ils se sont rencontrés sur la route et ont décidé de faire un bout de chemin ensemble. Ils resteront en tout 12 jours dans la Casa Atipika et ont aussi aidé en tant que volontaire. Le hasard nous fait faire des rencontres merveilleuses, toutes plus improbables les unes que les autres : François était lui aussi affréteur international avant de quitter la France il y a plus d'un an pour voyager en Amérique du Sud. Cela fait tout drôle de parler "boulot" ici, en pleine campagne chilienne, très loin de notre vie d'avant.

En tout cas ils me font rêver tous les deux, et me donnent envie de partir moi aussi à deux roues sur les routes chiliennes, notamment sur la fameuse Carretera Austral. Et puis après avoir écouté Dimitri me raconter ses aventures de cycliste, je ne peux m'empêcher de penser réellement à me lancer moi aussi... Affaire à suivre 😉

Le jour avant mon départ, le samedi (je ne resterai que jusqu'au 3 novembre), nous partons les 5 faire du kayak puisque Arnaud a tout le matos. En effet, en plus de tenir une maison d'hôtes, il organise régulièrement l'été des excursions dans la région et loue des kayaks. Nous remontons sur quelques kilomètres le Rio Chovellen qui se jette dans le Pacifique. Le soir, ce sera gratin de pâtes puis crêpes à gogo avant de finir la soirée en tête à tête avec Cynthia que j'écoute passionnément me raconter son périple entamé il y a plus de 8 mois.

Le lendemain matin je pars tôt car la journée va être longue. Je prends 2 bus jusqu'à Parral, au milieu des terres, où je retrouve Dimitri qui descend justement vers Los Angeles, là où se trouve mon prochain volontariat. Nous faisons donc le trajet ensemble et je fais enfin la connaissance de ces deux merveilleuses filles venues passer le week-end au refuge.

[du 3 au 22 nov]

Coucou tout le monde !!

C'est donc à Los Angeles (au Chili et non pas aux Etats-Unis comme certains ont pu le penser!!), plus précisément dans un petit lieu-dit à 10 min au nord de la ville, que je viens de passer quasi 3 semaines (du 3 au 22 nov) reposantes mais intenses à la fois. Je vous explique pourquoi...

Pourquoi reposantes ?

C'est encore une fois par le biais du site internet Workaway que j'ai pu trouver ce volontariat. T, (elle m'a demandé de ne pas partager son nom) une jeune chinoise de 27 ans et maman d'une petite fille d'un an et demie, a posté une annonce de volontariat dont les missions s'apparentent plus ou moins à du travail de jeune fille au-pair. Je devais m'occuper parfois de la petite tout en lui parlant français, faire le ménage et la vaisselle, et aussi un peu de potager. T est arrivée au Chili il y a plus de 2 ans, elle aussi en tant que volontaire, et n'en est plus repartie ! Elle vit aujourd'hui avec son compagnon (chilien), leur petite fille et les beaux-parents dans une villa magnifique en pleine campagne.

Préparation de la terre 

J'ai choisi ce volontariat pour plusieurs raisons. La première est que je voulais faire l'expérience de vivre au sein d'une famille chilienne pendant quelques temps. Alors quand j'ai vu l'annonce de T, j'ai tout de suite sauté sur l'occasion. La deuxième raison était de découvrir également la culture chinoise et d'essayer de mettre en pratique mes 6 ans d'apprentissage de la langue! Finalement, je me suis dit que ce serait aussi une ambiance plus tranquille, différente de celle des auberges et refuges où j'ai effectué la plupart de mes volontariats jusqu'à présent. Et en effet, j'ai eu beaucoup de temps pour moi. Après 7 mois de voyage, j'avais besoin de me retrouver un peu moi-même, de prendre le temps de souffler un coup et de préparer la suite de mon voyage.

Ce que j'ai adoré le plus a été les échanges avec chacun des membres de la famille. T. travaillant depuis la maison (elle est prof d'anglais), j'ai passé énormément de temps avec elle. Nous discutions de tout, c'est une personne très ouverte et curieuse. Je lui apprenais parfois le français et elle le chinois. Elle cuisine extrêmement bien, et pendant 3 semaines, je n'ai jamais mangé une seule fois la même chose! J'ai profité de leur cuisine hyper équipée pour cuisiner moi aussi pas mal de choses!

Les beaux-parents sont adorables et m'ont accueillie à bras ouverts. Le grand-père est retraité et passe ses journées à bricoler tout un tas de choses dans la maison. La grand-mère, elle, travaille dans le département d'éducation de la municipalité de Los Angeles. Quant au compagnon de T., il est psychologue dans un collège.

Los Angeles est une petite ville de la région Biobío dont elle est la capitale et compte environ 200.000 habitants. Chaque vendredi a lieu la Feria Plaza Pinto, sorte de marché bio et local. T. y achète tous ces légumes. Dans l'ensemble, c'est une ville très tranquille et peu touristique. Il y a eu quelques manifestations dans le centre-ville, mais rien d'aussi perturbant qu'à Santiago.

Un dernier point avant d'aborder la partie moins reposante de mon séjour : T. et moi avons fêté notre anniversaire le même jour! En Chine, selon le calendrier lunaire, son anniversaire cette année tombait aussi le 11 novembre! Nous avons fêté cela avec des amis chiliens autour de bonnes crêpes à la française 😀

Pourquoi intenses ?

Lors de ces 8 mois ici, j'ai rencontré énormément de voyageurs, chacun vivant son expérience avec un état d'esprit différent. Certains n'étaient là que pour un mois, d'autres pour 6 mois, et parfois même il y en a qui n'avaient pas de date de retour, comme c'est mon cas. La plupart visitent plusieurs pays d'Amérique du Sud, d'autres ne font que l'Argentine, ou bien le Pérou, ou encore juste le Chili...

Mais par dessus tout, chacun se déplace sur cet immense continent à son rythme : à pied, en bus, en avion, en moto, en auto-stop, en bateau... et bien sûr, à vélo 🚲

C'est avec ce dernier moyen de transport que j'ai décidé de continuer ma route jusqu'en Patagonie. A la base, l'idée m'était venue, il y a quelques mois, de faire à deux roues la route des 7 lacs en Argentine (entre San Martin de Los Andes et Bariloche en louant un vélo), puis de continuer mon chemin en bus jusqu'à éventuellement Ushuaïa en alternant entre l'Argentine et le Chili. Et puis petit à petit, les rencontres que j'ai faites au fil du temps et mon envie de donner une nouvelle impulsion à mon voyage, m'ont finalement convaincue d'acheter tout l'équipement et de continuer à vélo !

J'ai profité de mon temps à Los Angeles pour m'équiper en courant à droite à gauche pour trouver tout le nécessaire. Je me suis rendue une journée à Concepcion afin d'y acheter le vélo et deux-trois accessoires, comme le porte-bagage arrière. Un grand merci à Gustavo, Marcelo, Jero, François, Cynthia et T. pour m'avoir soutenue et conseillée.

Je vous écris actuellement de Pucón, situé au nord de la région des lacs, où je suis arrivée il y a trois jours et qui sera mon point de départ de cette aventure aussi folle qu'extraordinaire! J'en profite pour vérifier une dernière fois mon vélo, m'entraîner chaque jour et préparer tranquillement ma première étape, qui sera de me rendre à Junín de Los Andes, de l'autre côté de la frontière, à 140 kms d'ici, où je retrouve Jero (de San Juan) pour faire ensemble la route des 7 lacs. Plus tard sur le chemin, j'espère retrouver Francois et Cynthia pour ensuite repasser du côté chilien pour entamer la fameuse Carretera Austral.

À Pucón j'ai fait la rencontre d'un jeune couple turc en voyage depuis plus d'un an en Amérique du Sud, Rana et Kagan et qui font un travail artistique de photos et vidéos INCROYABLE.

Voici leur site internet :

www.cokuzakcokyakin.com/


Pucón 

Je ne vous cache pas que le stress est là, bien présent, encore plus que lorsque j'ai quitté la France.. Il s'agit cette fois d'un défi d'une autre taille, et je sais que ça ne sera pas facile, mais ma motivation est tellement grande et je n'ai qu'une hâte..: commencer à pédaler 🙂

Alors... Vamo' chiquillos !!!!!

[28 nov au 5 déc]

C'est donc avec une très grande appréhension que j'ai débuté cette aventure à vélo qui commençait par 140 kms depuis Pucón jusqu'à Junín de Los Andes en Argentine.

Le matin du départ, la boule au ventre est encore bien présente et dehors, la pluie qui ne cesse de tomber me refroidit vite. Mais tant pis, il faut que je me lance. J'enfile mon poncho et hop, j'attaque à 9h30 les 55 kms qui me sépare de mon premier point de chute, un petit camping 25 kms avant la frontière. La pluie m'aura accompagnée toute la matinée mais je fais les 15 derniers kms sous un soleil timide. Arrivée au camping Indiamapu, je fais la connaissance de José et Natasha, les proprios. José, cycloturiste aguerri, me donne pleins de conseils. Je passe le reste de l'après-midi et la soirée à me préparer mentalement pour les 1500 m de dénivelé qui m'attendent le lendemain.

Je savais que j'allais être amenée à traverser les Andes plusieurs fois lors de mon aventure, mais de commencer par cela dès le deuxième jour, quel défi je me lance dis donc !! Mon corps n'est certainement pas préparé mais rien n'est impossible. Alors après un au revoir à mes deux hôtes, je me lance, encore sous la pluie, dans cette terrible montée. Après 3h30, j'arrive enfin à la frontière, au bord de l'épuisement. Mais la vue impressionnante sur le volcan Lanin, si proche, et le soleil qui refait surface me ressource pour les 70 kms qu'il me reste jusqu'à Junín. J'arriverai le soir à 18h, au camping, où je retrouverai Jero deux jours plus tard, ainsi que Joe et Susan, un couple de britanniques avec qui il voyageait depuis quelques jours. Nous sommes restés 5 jours à Junín pour nous reposer et surtout aller visiter le magnifique lac Huechulafquen, le premier d'une longue série...

J'ai adoré ce premier trajet en vélo, bien que difficile et j'ai vraiment hâte de continuer la route!

Joe et Susan continuent la route deux jours avant nous. Au moment où j'écris cet article (le 9 janvier 2020), nous n'avons pas encore eu la chance de les recroiser.

Une fois requinqués donc, nous nous lançons dans la deuxième étape (la 2ème pour moi puisque Jero, lui, était sur la route depuis déjà 3 semaines), qui ne fera que 45 kms, jusqu'à San Martin de Los Andes, point de départ (ou d'arrivée) de la fameuse Ruta de Los 7 Lagos. J'ai adoré ce petit village, coincé au fond d'une vallée. L'ambiance de Noël est partout dans les rues mais le soleil radieux et les 25 degrés en journée me semblent si étrange en cette période de l'année ! On profite de laisser le poids des affaires au camping pour aller parcourir à vélo les environs. Nous découvrons des endroits magiques comme La Islita, petit paradis pour les campeurs un peu plus sauvages.

Le 6 décembre 2019, nous nous lançons enfin sur la route des 7 lacs, reliant San Martin de Los Andes à Bariloche.

[6 déc au 13 déc]

Comme son nom l'indique, cette route passe par 7 lacs différents et relie San Martin de Los Andes à la fameuse ville de San Carlos de Bariloche. Elle est très fréquentée par les cyclotouristes qui généralement la parcourent du sud au nord, car soi-disant il y aurait moins de montées... et en effet, nous commençons les premiers 15 kms sur une montée sans coupure et décidons finalement de nous arrêter au sommet pour passer la nuit. Le propriétaire du petit camping Arroyo Partido nous raconte que souvent les cyclistes s'arrêtent chez lui après la montée pour se reposer.

Nous passerons le reste de l'après-midi à être tranquilles et à faire connaissance avec les 4 petits enfants du proprio. La plus grande, Luciana, nous pêchera 4 petites truites que nous mangerons le soir même, "à la parrilla" comme cela se dit en espagnol. Le lendemain matin nous en profitons pour monter à une petite cascade à 1h30 de marche au dessus du camping puis l'après-midi nous remballons tout pour continuer jusqu'au Lac Meliquina, une vingtaine de kms plus loin.

Camping Arroyo Partido 

A cause de la chaleur, nous commençons à pédaler vers les 17h et nous arrivons, épuisés, à 21h à un aire de camping gratuite située à quelques kms du lac. Le chemin en valait la peine ! La vue sur le lac avec la lumière du soleil couchant était tout simplement magique... En réalité le lac Meliquina ne fait pas partie des 7 lagos, mais nous ne regretterons en rien d'avoir fait ce léger détour tellement l'endroit nous a plu. Nous y resterons deux nuits.

Lago Meliquina 

Le 8 décembre nous repartons en direction du Lago Hermoso qui est lui aussi en dehors de la route des 7 lacs. Les campings y sont hors de prix et nous avons du mal à trouver un endroit pour camper facilement. Dans cette région il est difficile de faire du camping sauvage. Beaucoup de panneaux indiquent qu'il est interdit de poser la tente et les "guadaparques" contrôlent souvent. Par ailleurs, il faut faire très attention aux souris dont certaines sont porteuses d'une maladie. Certaines aires de camping sauvage ont été fermées à cause de cela et il est recommandé de ne pas boire l'eau des lacs ou bien alors de la filtrer. Nous décidons donc de continuer le soir jusqu'au lago Villarino où nous camperons sur une aire de camping sauvage accessible. Nous faisons toujours bien attention à suspendre la nourriture en hauteur la nuit, et jusqu'à présent, aucun problème !

Nous croisons beaucoup d'autres cyclotouristes, chacun voyageant à son rythme, avec plus ou moins de poids sur le vélo. Par exemple, nous faisons la connaissance de Martin, un tchèque, qui s'est donné deux mois et demi pour rejoindre Ushuaïa depuis Quito, la capitale de l'Equateur... il transporte peu de chose et parcourt jusqu'à 200 kms certains jours ! De notre côté, puisque nous avons un peu plus de temps, nous préférons, pour l'instant, parcourir des petites distances (35-50 kms), et profiter de chaque endroit où nous nous arrêtons.

Lago Villarino 

Le 9 décembre, alors que nous nous rendons à Villa La Angostura, dernier arrêt avant Bariloche, nous faisons la connaissance d'Alejandro qui nous propose de venir planter la tente dans son jardin. L'hospitalité en Argentine n'en finit pas de me surprendre ! Nous acceptons avec plaisir et arrivons chez lui avec de quoi préparer un asado pour le remercier de son accueil. Nous resterons 3 jours. Sur son terrain, il est en train de construire sa maison par lui-même. Un vrai Mac Gyver argentin! Sa compagne Poli, et leurs deux enfants, Lola et Paolo sont adorables. Ils sont venus s'installer ici il y a quelques années après un coup de cœur de la région et honnêtement, je les comprends !! Malgré qu'il pleuve souvent, c'est un endroit magnifique pour randonner et profiter du lac.

Villa La Angostura est un magnifique petit village au bord du lac Nahuel Huapi, et me rappelle sensiblement San Martin de Los Andes. A ne surtout pas rater, la rando de 12 kms au cœur du parc Los Arrayanes que nous avons faite à vélo ! Au bout du parc, on arrive dans une magnifique forêt remplie... d'arrayanes ! Un lieu magique !

Parque Los Arrayanes 

C'est enfin le 13 décembre, le jour où nous partons pour Dina Huapi (juste avant Bariloche) que survient notre premier jour "nuageux". Depuis Junín, nous avons eu la chance d'avoir pu échapper au mauvais temps. Nous quittons Villa La Angostura à 13h sous une petite pluie fine qui ne durera pas longtemps. 70 kms nous séparent de notre destination mais le vent sera dans notre dos (ouf !!) et nous arriverons le soir chez Axel, le père d'une amie de Jero qui nous hébergera pendant presque une semaine.

[du 14 au 31 décembre]

Voilà, nous arrivons sur la fin de la ruta de los 7 lagos après 6 jours de voyage. La dernière portion, de Villa La Angostura à Dina Huapi, longe pratiquement tout du long le lac Nahuel Huapi sur 70 kms, les 20 derniers traversant une sorte de steppe venteuse. Mon corps a encore du mal à tenir le rythme et je peine dans les montées, mais ça viendra 😀. Jero, toujours un temps d'avance sur moi, m'attend à l'entrée de Dina Huapi où nous retrouverons Axel le soir même. Comme tous les argentins que j'ai rencontrés jusqu'à présent, il fait preuve d'une hospitalité extraordinaire et nous fait sentir comme chez nous dès les premiers instants ! Il donne des cours d'histoire le soir à Bariloche et le reste du temps il travaille chez Jauja, fameux glacier de la région d'El Bolson.

En route pour Bariloche 

Dina Huapi n'a en soi rien de bien intéressant. C'est un petit village dont la rue principale est la ruta 40 et c'est un passage obligatoire avant d'arriver à Bariloche 18 kms plus loin. Nous entrons dès à présent dans la province de Río Negro et quittons celle de Neuquén.

Le lendemain de notre arrivée, nous nous levons très tôt pour rejoindre Bariloche d'où nous prendrons un bus qui nous emmènera à la station de ski Cerro Catedral, départ de la fameuse randonnée jusqu'au refugio Frey. Bariloche offre un choix incommensurable de randonnées, balades à vélo, en bateau dans ses environs et est surnommée "la petite Suisse" avec une architecture très ressemblante aux petits chalets de montagne suisses.

Le temps sera avec nous et le soleil nous accompagnera jusqu'en haut. Durs durs les derniers 700 m de montée intense, mais il faut faire travailler les cuisses 😉. La petite laguna au pied du Cerro Catedral est magnifique. Nous campons le soir avec un vent féroce mais la tente a tenu bon, ouf !

Randonnée jusqu'au refuge Frey 

Nous profitons d'avoir un pied-à-terre pour laisser les vélos et tout notre barda et visiter tranquillement Bariloche. En se promenant dans la ville, on sent l'approche de Noël à chaque coin de rue et dans les vitrines des magasins. Ce sera mon 2ème Noël loin de ma famille. Je pense souvent à eux et à tous mes amis, eux qui vivront un Noël différent du mien, au froid et... sûrement avec beaucoup de fromage !!! (Oui je l'admets, le fromage français me manque trop !!!! 😉). D'ailleurs, qu'allons-nous faire pour Noël ? Où serons-nous ?

J'adore ce rythme : Vélo, Rando, Repos. Je n'aurais pas pu imaginer mieux pour découvrir la Patagonie même si je sais que le vent et la pluie qui m'attendent sur la Carretera Austral et en Terre de Feu me donneront du fil à retordre..

Nous décidons de faire une deuxième petite rando avant de quitter la ville et de nous être bien reposés. Nous montons à un autre refuge, le Lopez, qui nous offre une vue incroyable sur les lacs qui entourent Bariloche. Je vous laisse admirer par vous-même cette vue de dingue !! En redescendant, nous passons par Colonia Suiza, petit village qui vend de l'artisanat.

Randonnée au refuge López  

Notre prochaine destination est El Bolson à 120 kms. Nous décidons de faire le trajet en 2 fois et de s'arrêter à Rio Villegas, petit village au fond d'une vallée, pour camper. Le 19 décembre 2019, nous l'atteindrons après une longue journée, trempés jusqu'au os. Ça y'est, la pluie commence à pointer le bout de son nez !!

Le proprio du camping est super sympa et nous demande si on a envie de faire du rafting. En plus y'a une reduc pour les cyclistes ! On se laisse tenter et c'est comme ça qu'on se retrouve à descendre le rio Manzo le lendemain matin sous un soleil éclatant ! Première expérience de rafting pour moi, niveau assez facile, et bien j'avoue que c'était plutôt tranquille...

Río villegas 

Nous restons une nuit de plus et remballons tout le 21 décembre pour partir en direction d'El Bolson où nous logerons chez les parents d'Ana, une de mes amies de Stuttgart rencontrée il y a 7 ans. Ils habitent une maison à 15 kms avant El Bolson. Leur propriété est immense et le jardin est magnifique avec une vue splendide sur les montagnes environnantes. Nous sommes accueillis on ne peut mieux par Teresita et Ricardo qui seront à nos petits soins. J'aime partager le quotidien de chacun de nos hôtes, et d'apprendre chaque fois un petit peu plus sur la culture argentine, des nouveaux mots, des nouvelles habitudes, des nouvelles recettes !

El Bolsón est un petit village très touristique et quasiment tous les jours de la semaine a lieu une Feria de Artesanías où l'on peut trouver des produits de la région, des cosmétiques naturels, et pleins de produits artisanaux. Je profiterai de ce marché pour acheter des petits cadeaux à ma famille pour Noël que j'enverrai par colis.

Les 24 et 25 décembre, nous les passerons avec d'autres cyclistes dans une maison que nous avons louée pour l'occasion. Nous y retrouverons François et Cynthia ainsi que Tal et Daniel rencontrés au camping à Rio Villegas. Il y aura également Margot, de France, Brenner, du Brésil, et Andres d'Argentine. Nous nous sommes tous croisés à un moment ou à un autre sur la route. Nous cuisinons tous quelques choses de notre pays et passerons deux jours à manger comme des ogres! Et oui, nous avons besoin de faire le plein en carburant !!

Noël international!! 

Avant de quitter El Bolsón, nous partons faire une petite rando non loin de la maison de Teresita et Ricardo. Nous marcherons 4h sous la pluie pour atteindre le Refugio Encanto Blanco au fond d'une vallée magnifique. Nous campons là-bas et le lendemain matin nous nous levons avec le soleil et une vue magique. Nous avons été chanceux et étions les seuls campeurs. Faut dire que la veille la pluie battait son plein... Dans le vallon voisin se trouve le Cajon del Azul, où vont généralement tous les touristes. Comme toujours, nous essayons de choisir des lieux un peu moins fréquentés et très tranquilles.

Rando Refugio Encanto Blanco

Nous disons au revoir aux parents d'Ana, et partons cette fois-ci pour Lago Puelo le 30 décembre. Il fait une de ces chaleurs ! Nous croisons Andres à la sortie d'El Bolsón. Lui ne sait pas trop quoi faire : rentrer chez lui ou bien continuer plus au sud ? Peut-être le reverrons-nous sur la route, qui sait...

Lago Puelo est à 15 kms d'El Bolson. Nous décidons d'y rester deux nuits et passons le nouvel an tranquillement dans le camping autour d'un succulent asado ! Il faut bien se faire plaisir de temps en temps 😉

Lago Puelo 

Voilà une année de plus qui se termine. Je crois que 2019 a changé ma vie et s'avère être le début d'un nouveau chapitre. Dans mon esprit de nouvelle idées, envies, projets ont vu le jour. Et puis ce voyage à vélo qui m'amène à repousser toutes mes limites... Je me sens pleine d'énergie pour continuer cette aventure, peu importe où elle m'emmènera !

Les rencontres ont été si nombreuses cette année et je peux vous assurer qu'elles ont toutes été aussi enrichissantes les unes que les autres.

L'Amérique du sud est un vaste continent et chaque jour je me rends de plus en plus compte qu'il me reste encore tellement à découvrir, que ce soit au Chili ou en Argentine et même bien plus au nord.

Souvent je me pose cette question : jusqu'où ce voyage m'emmènera-t-il ?

[du 1er au 12 janv]

Lorsque nous étions à El Bolson, nous voulions trouver avec Jero un endroit où se poser une ou deux semaines pour faire du volontariat. Et c'est finalement au Chili, précisément à 10 kms de Futaleufu, que nous trouverons un hôte par le biais du site Workaway. Ce dernier a besoin d'aide pour couper le gazon dans son complexe touristique. Pour rejoindre Futaleufu qui est juste de l'autre côté de la frontière, il faut continuer un peu plus au sud d'El Bolson sur la ruta 40, puis bifurquer sur la droite pour traverser le parc Los Alerces avant d'atterrir à Trevelin, dernier village à 45 kms avant la douane.

Nous fixons avec notre hôte une date de commencement au 10 janvier, ce qui nous laisse largement le temps de parcourir les 170 kms qui nous restent en prenant notre temps et d'apprécier pleinement le fameux parc Los Alerces.

Après le nouvel an, nous quittons Lago Puelo en direction de Epuyen. Nous voulons à tout prix nous rendre à Puerto Patriada au bord du lac Epuyen, cependant l'office de tourisme nous déconseille fortement d'y aller car c'est saturé de touristes... tant pis, nous continuons notre chemin du coup, et nous nous arrêtons au village "Lago Epuyen" de l'autre côté du lac dans un petit camping très joli. Nous y arrivons tard le soir et décidons le lendemain d'aller à une petite plage au bord du lac avant de reprendre notre route. Le lac Epuyen est magnifique et est entouré de splendides montagnes. Il y a pas mal de randonnées à faire d'ailleurs mais nous n'aurons pas le temps d'en profiter... c'est vrai qu'en voyageant à vélo, il faut faire des choix, on ne peut pas aller partout non plus ou bien alors si l'on décide de s'arrêter randonner, nous devons trouver un endroit pour laisser les vélos et ce n'est pas toujours évident.

Lago Epuyen 

Après une petite baignade brève mais rafraîchissante (il fait déjà une chaleur de plomb dès le matin), nous reprenons la route pour ne faire que 2 kms puisque Jero crève ses DEUX pneus lors d'une descente. Cela faisait quelques jours qu'il disait qu'il fallait qu'il regonfle un peu ses pneus sans jamais prendre le temps de le faire, et voila, en roulant un peu trop vite sur un gros caillou, le coup du "snake bite" (morsure du serpent) était inévitable ! Du coup nous passerons une heure à réparer les deux chambres à air et commencerons à pédaler pour de bon à 13h. Deux heures plus tard nous nous offrons une pizza dans un restau en bord de route et une petite sieste avant de repartir à 17h quand la chaleur se fait moins intense. Notre objectif du jour: nous rendre jusqu'au lac Juncal situé quelque peu après Cholila, une trentaine de kilomètres plus loin. Nous avons repéré sur l'appli IOverlander un spot de camping gratuit qui a l'air plutôt sympa.

Nous arrivons à 22h au spot après nous être battus contre le vent pendant 3h et là, surprise : le lac est en réalité une espèce de marais rempli de hautes herbes et en plus c'est bourré de moustiques !! Heureusement une rivière passe pas loin et on arrive toutefois à trouver un endroit correct où planter la tente. On prépare rapidement notre repas du soir et là je dis merci à mon anti-moustique de fonctionner aussi bien puisque ces satanées bestioles nous laisseront manger en paix !!

Cholila 

Le lendemain, direction le parc Los Alerces ! Mais 10 kms avant l'entrée, alors que nous nous arrêtons déjeuner à Villa Lago Rivadavia, nous faisons la rencontre de Rene et Cristina, un couple qui tient des maisons d'hôtes. Ils nous recommandent un joli coin tout près pour passer la nuit. Après réflexion, on décide d'y rester, même si nous n'avons fait que 20 kms! Le parc attendra le jour suivant, et puis nous sommes là pour prendre notre temps et profiter, non ? Rene et Cristina sont adorables. Ils m'expliquent qu'ils ont pour projet de créer un parador, un lieu fait pour accueillir les voyageurs, qu'ils soient à vélo ou à pied et cela gratuitement. Ils offriraient le gîte et le couvert pour une nuit. Merveilleux projet qui, je l'espère, aura le soutien de l'Etat afin de pouvoir être concrétisé. Alors que nous quittons Villa Lago Rivadavia, je ne peux m'empêcher de penser à toutes ces personnes que nous croisons sur notre chemin, chacune d'entre elles nous apportant un petit quelque chose, que ce soit un sourire, une belle discussion, un repas partagé.

Villa Lago Rivadavia 

Les 3 prochains jours nous les passons dans le parc qui possède pas mal d'endroits pour camper librement. Nous sommes ébahis devant ces montagnes qui se jettent dans les lacs et cet horizon de forêt qui s'étend à perte de vue.

NB : le parc a été créé afin de protéger le Cyprès de Patagonie ("alerce" en castillan ou "lahuán" en langage mapuche), qui est une espèce à longévité importante (jusqu'à plus de 3000 ans).

Parc Los Alerces 

Toutefois, le temps finit par se rafraîchir et nous sommes contents d'arriver à Trevelin pour prendre une bonne douche chaude. On retrouve au camping le soir même Margot et Brenner, qui étaient avec nous pour Noël. Ils traverseront le lendemain, le 5 janvier, au Chili, pour rejoindre la Carretera Austral.. Tal et Daniel sont également à Trevelin. Tal a besoin de repos, son dos lui fait très mal après les kilomètres de ripio dans le parc. On se repose donc 4-5 jours avec eux, à jouer aux cartes et faire des gâteaux au chocolat (nous sommes les gordociclistas 😋) avant de prendre à notre tour la direction du Chili. Le volontariat commence finalement le 12 janvier et nous laisse deux jours pour découvrir Futaleufú.

Je suis contente de retourner au Chili, de retrouver "mes habitudes" adoptées dans ce pays. Il faut se réadapter à la monnaie, aux gens, aux horaires, à la société en fait ! On a parfois tendance à imaginer l'Amérique du Sud comme étant une seule culture, peut-être parce qu'ils parlent tous espagnol ? En tout cas, en passant d'un pays à un autre en peu de temps on se rend bien compte des différences qui existent.

Nous faisons du camping sauvage au bord du magnifique Rio Espolón pour notre dernière nuit avant de retrouver Luciana le 12 janvier pour notre volontariat.

Rio Espolón  

[du 13 au 23 janv]

La Cordillère des Andes est une chaîne de montagnes qui s'étend sur plus de 7000 kilomètres, la plus longue au monde. Elle commence au nord du Venezuela et se termine en un petit chaînon d'îles au sud-est de la Grande Île de la Terre de Feu. Cette colonne vertébrale de l'Amérique du Sud est un univers riche en faune et flore et abrite de nombreux volcans. Ce sera donc la 2ème fois que je "traverserai" cette chaîne de montagnes à vélo et heureusement à cet endroit, pas de dénivelé intense nous attendait. En effet, la frontière par laquelle nous sommes passés se situe en fond de vallée, au bord du Rio Futaleufu, qui prend sa source en Argentine, dans la province de Chubut.

Notre volontariat se situe exactement au bord du lac Lonconao à 10 kms de Futaleufu. L'endroit s'appelle Puerto Lonconao. Nous n'avons aucune idée à quoi nous attendre puisque l'annonce sur Workaway ne montrait pas de photo.

Déjà en arrivant à hauteur du lac, le paysage est magnifique et nous avons hâte de découvrir l'endroit, notre hôte et le travail qui nous attend. C'est donc Luciana, en charge de la gestion du lieu, qui nous accueille. Il s'agit d'une immense propriété avec 4 maisons d'hôte et un accès privé au lac. Notre travail consiste à couper le gazon (il y en a tellement!), un peu de jardinage et de nettoyage des maisons et ce 3h/jour, 5 jours/semaine.

Puerto Lonconao 

Francisco le proprio, est un riche photographe argentin connu dans ce milieu et a l'air plutôt sympa. Nous commençons donc le lundi 13 janvier notre travail. Les après-midi nous les passons à randonner aux alentours ou tout simplement au bord du lac, à essayer de pêcher des truites. Et l'effort sera récompensé puisque Jero en attrapera deux, et vous savez quoi ? Il n'a même pas eu besoin de canne à pêche 😉

Dans cette région et aussi du côté argentin les gens fabriquent pour la plupart des cannes à pêche de fortune qui consistent tout simplement en une boîte de conserve et d'une ligne de pêche enroulée autour. Nous savourons avec plaisir ces deux truites tant attendues !

Le mercredi nous retrouvons Joe et Susie, (rappelez-vous, nos amis anglais qui étaient avec nous à Junín de Los Andes début décembre). Ils ont passé Noël avec leur fils à Valdivia au Chili et puis se sont lancés dans un bout de la Carretera Austral, jusqu'à Coyhaique (qui se situe plus ou moins au milieu). Sur leur chemin du retour à Valdivia, ils ont voulu faire un petit détour pour venir nous voir puisque Futa n'est qu'à 75 kms de la Carretera Austral. Ils sont adorables, vraiment. Et c'est incroyable de les voir avec tant d'énergie à leur âge! Ils nous invitent au restaurant et nous rejoignent le lendemain pour une balade autour du lac Lonconao avant de reprendre leur route.

Notre semaine se termine en douceur, quoique... Francisco nous annonce le samedi suivant que nous devons partir car il aurait soi-disant reçu l'info de sa comptable qu'il n'est pas légal de prendre des volontaires... Il ne nous paye pas alors où est l'illégalité là-dedans ? Nous soupçonnons qu'il n'apprécierait pas le fait que nous ne travaillons que 5j par semaine... Enfin bref, nous sommes un peu désarçonnés car nous nous retrouvons deux jours plus tard à devoir faire nos valises et à trouver un endroit où camper. Jero souhaitant terminer son voyage et retourner à San Jan, nous décidons donc de passer quelques jours au bord du Lac Espolón à une dizaine de kms de là avant de repartir chacun sur sa route : lui de nouveau vers l'Argentine et moi en direction de la Carretera Austral.

Je ne peux m'empêcher d'être un peu anxieuse à l'idée de me retrouver seule à voyager en vélo... et puis, c'est étrange mais à la base, cette idée de voyager à vélo n'était pour faire seulement que la route des 7 lacs, et puis me voilà, à la veille du départ de Futaleufu, à me demander quel est réellement le but de cette aventure. Pourquoi dis-je à tout le monde que je veux aller à Ushuaïa alors que ça n'a jamais été une priorité ni une considération très importante dans mon voyage ? Cette petite remise en question ne durera que quelques minutes au final et m'apportera le nécessaire pour me remotiver une bonne fois pour toute. Je suis là pour profiter et apprendre à profiter de chaque instant que je vis, que ce soit en pleine souffrance physique dans une montée accompagnée d'autres cyclistes ou bien en pleine nature, à camper seule entourée de tranquillité. Et puis que j'aille à Ushuaïa ou non, il n'y a pas d'importance au final, ce qui compte c'est ce que je vis tout au long du chemin.

Si je repense à tout ce que j'ai fait depuis que je suis arrivée en Amérique du Sud, rien ne s'est passé vraiment comme je l'avais prévu. Je décide donc ce jour-là de continuer mon aventure le plus loin possible et si j'arrive à Ushuaïa tant mieux, sinon ce n'est pas bien grave. La destination m'importe peu !

[23 jan au 29 janv]

Le jeudi 23 janvier commence alors une aventure qui, je ne le sais pas encore, mais m'emmènera plus loin que ce que j'aurais pu espérer!

Après avoir dit au revoir à Jero, je décide ce jour-là de me rendre jusqu'au Lac Yelcho, qui est un peu avant Villa Santa Lucía, premier point de chute sur la Carretera Austral. Grâce à l'application iOverlander, je sais que je trouverai facilement un endroit pour camper là-bas.

Après environ 60 kms de ripio, j'arrive à ma destination, déjà occupée par de nombreux touristes. Pas étonnant, le lieu est magnifique. C'est comme si les montagnes immenses se jetaient dans le lac avec une verticalité impressionnante. Je décide d'inspecter premièrement mon vélo car un bruit bizarre est apparu lors de la dernière demie heure... et là, mauvaise surprise, je vois que mon porte-bagage arrière s'est rompu. Les emmerdes arrivent ! Par chance, la partie cassée peut encore maintenir plus ou moins le poids mais je sais qu'il me sera impossible de continuer ainsi sur du ripio. Les vibrations et les chocs finiront pour sûr de rompre l'ensemble de la structure.

Je prends quelques instants pour réfléchir à une solution et surtout garder mon sang-froid : je fais face à mon premier problème technique depuis mon départ et je suis au milieu de la pampa. Les grandes villes les plus proches sont Puerto Montt au nord à 400 kms et Coyhaique au sud à plus de 350 kms, et oui il ne faut pas que j'oublie que je suis en Patagonie ! Que faire ? Pour continuer, je vais devoir être obligée de changer le porte-bagage. Le réparer n'avancerait à rien compte tenu de la distance que j'ai prévue de faire sur du ripio, il me faut quelque chose de plus résistant.

Lago Yelcho 

Mes voisins de camping Marlène et David, qui s'avèrent être un couple de français, me proposent de m'emmener le lendemain matin avec leur 4x4 à Villa Santa Lucía qui ne se trouve plus qu'à 20 kms. De là, je pourrai plus facilement me rendre dans une de ces deux grandes villes et aviser sur la solution à opter. Nous passerons une agréable soirée à discuter de tout et de rien et leur bonne humeur m'apportera beaucoup de réconfort pour cette première soirée en tant que cyclo-solitaire. Ils me racontent qu'ils ont acheté leur véhicule en France il y a plus d'un an et l'ont entièrement aménagé en vue de voyager avec en Amérique du Sud pendant 9 mois.

Marlène et David, mille fois merci !! 

Le lendemain matin, une fois à Villa Santa Lucía, j'opte pour me rendre à La Junta, à 70 kms au sud. C'est un petit village un peu plus grand que Santa Lucía et j'ai l'espoir de pouvoir y trouver un autre porte-bagage. Ces 70 kms étant goudronnés, je décide quand même de les faire à vélo (le porte-bagage tient à peu près grâce à un petit rafistolage) et puis de toute façon il n'y a pas de bus !! Le temps est gris ce jour-là, je ne vois pas grand chose mais c'est comme un sentiment de joie et de motivation qui m'envahit à l'idée de pédaler enfin sur cette route mythique !!

Je fais la rencontre de Matias, cycliste argentin, avec qui je discute longuement tout en pédalant et nous nous rendons ensemble à un petit camping une fois arrivés à la Junta. On se raconte nos aventures à vélo, les rencontres faites, les projets pour la suite. Il m'aide à trouver une solution pour mon vélo, mais j'ai bien peur que la seule qui se présente à moi est de me rendre en bus à Coyhaique. Ici, pas de boutique de vélo. Nous partageons une truite offerte par un ami du proprio du camping et jouons aux cartes. Dehors, la pluie n'arrête pas. Deux jours plus tard, je lui dis au revoir en espérant le revoir plus tard sur le chemin. Est-ce que la vie met sur mon chemin les bonnes personnes au bon moment ? Je le remercie de m'avoir montré qu'il ne sert à rien de stresser : tout problème a sa solution.

Deux jours à La Junta 

Une fois à bord du bus qui m'emmène à Coyhaique, je me rends compte de l'importance du vélo dans ma vie ces deux derniers mois et de son intensité. En effet sur mon vélo, je suis confrontée à moi-même, mes muscles sont mon moteur et ma tête est sans cesse stimulée, me poussant à continuer, à dépasser mes limites. De me laisser transporter par le bus, entourée d'autres personnes, c'était comme replonger dans le rythme d'avant, un rythme connu, plus las.

C'est incroyable ce que cette aventure à vélo m'a apporté jusque-là. C'est une sensation unique que je n'ai jamais ressentie.

Une fois à Coyhaique, je me rends chez Eliana, qui m'accueille les bras ouverts chez elle. J'ai trouvé son contact grâce à iOverlander. Je campe gratuitement dans son jardin et en échange nous passons du temps ensemble, je lui prépare des petits plats, nous discutons beaucoup. En parallèle, je passe une grande partie de mes journées à résoudre mon problème de porte-bagage! Après m'être rendue dans quasiment tous les ateliers de vélo de la ville (guidée par 4 petits jeunes curieux à vélo), la meilleure option qui s'offre à moi sera d'acheter un porte-bagage d'occasion mais de bonne qualité.

Coyhaique 

Coyhaique est l'une des plus grandes villes de la Carretera Austral avec ses 60.000 habitants et est la capitale de la région Aysén. La prochaine grande ville au sud, côté chilien, est Puerto Natales, à plus de 1000 kms....

Ce n'est pas une ville qui m'a beaucoup attiré mais il est certain que ses environs regorgent d'endroits magnifiques à connaître. Je n'ai pas eu l'occasion de rester assez longtemps pour m'y aventurer plus en détail mais il est certain que le cœur de la Patagonie me rappellera à lui un de ces jours.

Heureuse d'avoir pu solutionner mon problème, je quitte Coyhaique le 29 janvier avec tant d'entrain que je ferai ce jour-là 100 kms... Je vous raconte la suite au prochain épisode. 😉

[29 jan au 3 fév]

La construction de la Carretera Austral a débuté dans les années 70 et a été réalisée sous le régime Pinochet. L'idée était de pouvoir relier les nombreux villages reculés de la région d'Aisen. Longue de 1240 kms, elle commence au nord avec la ville de Puerto Montt et se termine au sud avec le village de Villa O'Higgins. La moitié nord de la route est pratiquement toute goudronnée tandis que la partie sud l'est partiellement. Cette route est très connue pour ses paysages à couper le souffle, et est surtout mythique pour les cyclotouristes : elle n'est pas réputée pour être une partie de plaisir ! Le vent, la pluie, le peu de civilisation (donc peu de ravitaillement), les routes non goudronnées, un relief digne de montagnes russes sont ses aspects caractéristiques.

Donc ça y'est, me voilà partie de Coyhaique le 29 janvier, en direction de Villa Cerró Castillo, mon prochain arrêt ! Il s'agit là des 100 derniers kilomètres de goudron, c'est pourquoi je me décide à les faire en une fois histoire d'avancer un peu. Grâce à l'application Komoot, je peux savoir à l'avance le type de dénivelé de chaque trajet. Ce jour-là, je sais qu'une grande montée m'attend..

En quittant Coyhaique 

Les 40 premiers kilomètres se passent bien, j'ai la patate comme on dit !! Je m'arrête souvent pour admirer le paysage et prendre des photos, après tout, je ne suis pas pressée 😉. Je fais la rencontre d'un cycliste français, Stéphane, qui va aussi à Villa Cerro Castillo. On discute quelques minutes puis on continue chacun à notre rythme. On se retrouvera un peu plus tard dans la montée et on déjeunera ensemble au bord du rio Blanco. Il nous faudra 2h45 pour venir à bout des 30 derniers kms à cause d'un vent terrible en pleine face. Le lendemain, lors d'une magnifique rando qui nous emmène à la Laguna Cerro Castillo, nous apercevons le chemin qui nous attend le jour suivant..

Pour la petite info, la laguna Cerró Castillo se situe au sein du parc national Cerro Castillo. Au Chili, tous les parcs nationaux sont payants, parfois à des prix exorbitants. Plus de 15€ pour monter jusqu'à la Laguna...Il est clair que la gestion du patrimoine environnemental est différente de chez nous. J'espère toutefois que les réels bénéfices qu'apporte la nature à l'homme ne se sont pas évanouis dans l'esprit des gens.

Laguna Cerró Castillo  

Les deux prochains jours seront sans doute les deux plus difficiles que j'aurai passés sur la Carretera Austral. Entre le vent si puissant qu'il me fait tomber de vélo et la pluie qui n'en finit plus de tomber, j'arrive épuisée à Puerto Rio Tranquilo le 1er février. C'est drôle quand même, justement avec Stéphane la veille, on s'imaginait tout en rigolant le pire scénario pour un cycliste : être dans une montée, sur un chemin de cailloux, avec la pluie qui tombe et le vent en pleine face! En sortant de Villa Cerro Castillo, il m'aura fallu 6 heures pour réaliser à peine 40 kms. Le moral est là, heureusement, et quand je repense aujourd'hui à ces deux jours, je me rends compte à quel point j'étais heureuse. Malgré tous ces facteurs climatiques et géographiques clairement pas en ma faveur, le paysage, lui, ne cessait d'être magnifique. Je sais que je me répète souvent à dire que c'est magnifique, à couper le souffle, incroyable et j'en passe... mais c'est parce que c'est tellement beau qu'une description avec des simples mots ne suffit pas à représenter la réalité alors j'insiste bien là-dessus !!

Sur la route en direction de Puerto Rio Tranquilo 

Je perds Stéphane sur le chemin, et je ne le retrouverai que 8 jours plus tard. Entre-temps, à Puerto Rio Tranquilo, je fais la connaissance de 3 motards, Luis et Maria, argentins, et Cristian un chilien. Ces 3 personnages me feront tellement rigoler en si peu de temps que je remercie cette aventure de les avoir mis sur mon chemin. On ira ensemble visiter les cathédrales de marbre, une formation géologique unique au monde sur les rives du lac Général Carrera, le deuxième plus grand d'Amérique du Sud après le lac Titicaca.

Puerto Río Tranquilo et ses capillas de marmol

Au camping où je suis, je fais également la rencontre de beaucoup de cyclotouristes, dont justement deux qui remontent la Carretera Austral. Bien évidemment je leur demande comment est la route plus au sud, s'ils ont des conseils à me donner. En effet, c'est ici que je dois me décider sur le chemin à prendre pour pouvoir atteindre la Terre de Feu, car trois "routes" possibles s'offrent à moi. Les deux premières sont les plus compliquées. L'une d'elle te fait passer par Chile Chico en longeant le bord sud du Lac Général Carrera puis te fait rejoindre la ruta 40 en Argentine. De là, il "n'y a plus qu'à" descendre environ 850 kms en affrontant les vents terribles des grands plateaux désertiques du sud argentin (encore connu sous le nom de "meseta").

La deuxième route compliquée est celle qui part de Villa O'Higgins (point d'arrivée de la Carretera Austral) et rejoint El Chalten en Argentine par les montagnes en passant par le Lago O'Higgins et le Lago Desierto. Il s'agit d'une route inaccessible en voiture. Elle implique deux traversées en bateau, de la rando-vélo sur plus de 5 kms où il faut pousser le vélo sur un sentier rempli d'obstacles. C'est un passage très difficile physiquement qui se fait en deux jours généralement, sans compter qu'il reste ensuite plus de 350 kms à travers la meseta. Les deux cyclistes ont opté pour cette solution là et confirment mes craintes quand au niveau de difficulté..

Je me déciderai donc pour la 3ème option, la plus "facile" mais qui est la seule à offrir l'un des paysages les plus spectaculaires que j'aurai vu dans ma vie : continuer jusqu'à Caleta Tortel, un peu avant Villa O'Higgins et de là, prendre un ferry qui traverse tous les fjords chiliens sur plus de 800 kms pour arriver à Puerto Natales, avant-dernière étape avant la Terre de Feu. En effet, il n'existe aucune route du côté chilien pour le moment qui permet de rallier Villa O'Higgins à Puerto Natales, c'est pourquoi cette ligne de ferry a été mise en place il y a quelques années.

Je quitte donc Puerto Rio Tranquilo l'esprit plus serein et me fixe comme objectif d'arriver à Caleta Tortel le 8 février, à temps pour le départ du ferry le 9 : cinq jours pour 238 kms de ripio, ça devrait le faire, vamos !!

[du 3 au 9 fevrier]

Je vais faire court pour cette étape de 5 jours qui retrace mes derniers kilomètres passés sur la Carretera Austral et vais plutôt vous remplir l'esprit de belles photos 🙂

La sortie de Puerto Rio Tranquilo se fait sur les chapeaux de roue. La pluie bat son plein le matin du départ ce qui me fait partir à 12h au lieu de 9h! Ici, il faut savoir s'adapter, et accepter d'être dépendant de la météo si on ne veut pas passer de mauvais moments. Malgré tout, il arrive quand même d'être pris de court et de devoir continuer malgré les intempéries.

Je longe le lac Général Carrera pendant plus de deux heures, m'offrant ainsi des paysages grandioses. De l'autre côté, il y a l'Argentine, que je retrouverai plus tard.

Lago General Carrera 

Le soir, j'arrive au camping Cerro Color qui affiche de très bonnes recommandations sur iOverlander. J'y fais la rencontre de 4 allemands et un canadien ! Les proprios sont un couple de personnes âgées très aimables, et toujours heureux de recevoir des gens du monde entier.

La route le lendemain jusqu'à Cochrane sera assez difficile. Je retrouverai à l'arrivée deux des quatre allemands ( Toby et Andy) et le canadien, Emile (ils voyagent les trois ensemble). On s'offre un petit resto le soir, bien mérité mais aussi pour remonter le moral à Emile qui a cassé son pédalier.

Je suis fascinée par les rencontres que je fais, toutes brèves et pourtant si intenses ! Chaque personne sur mon chemin m'apporte quelque chose, que ce soit une discussion sympathique sur parfois ne serait-ce que la pluie et le beau temps, un peu d'eau et de nourriture, un repas partagé autour d'un feu ou encore même un conseil mécanique pour le vélo.

C'est certain, voyager à vélo est de loin ma façon de voyager préférée !

En sortant de Cochrane, je rencontre un couple de français en tandem! Comme quoi, on voit vraiment de tout sur cette route haha 😉! Ils me racontent leur péripéties, ils sont tombés lors d'une descente la semaine d'avant alors ils y vont molo.. Le soir, après une journée difficile mais riche en paysage de dingue, je campe au bord du Rio Barrancos et partagerai mon dîner avec un couple de cyclotouristes chiliens super sympas, Consu et Meme !

Deux jours plus tard, j'arrive donc à Caleta Tortel, contente d'en finir avec le ripio qui a fini par beaucoup endommager mon porte-bagage avant. Mon vélo lui, par contre, niquel, même pas une crevaison !

Bienvenidos a Caleta Tortel ! 

Je fais ce voyage pour le plaisir et non pour un quelconque défi physique. La decision de prendre le ferry m'est donc venue assez naturellement et honnêtement ? Aucun regret! Caleta Tortel est un village qui en vaut vraiment le détour (il se situe un peu en dehors de l'axe de la Carretera Austral, à l'embouchure du Rio Baker). Sa particularité ? Ici, pas de route, ni de chemin! Puisque le terrain est très marécageux, on se déplace uniquement sur des passerelles qui relient les maisons les unes aux autres. Je dormirai pour la première fois en plus de 15 jours dans un lit ! Même si le camping est plutôt attirant (on plante les sardines sur des plateformes en bois à l'aide de clous et d'un marteau), je me décide toutefois pour une nuit en maison d'hôte.

Tortel, un vraie merveille  

Le lendemain, je pars pour une petite randonnée avec Toby et Andy avant d'embarquer le soir pour plus de 42h de ferry..

Randonnée au dessus de Tortel 

[du 11 au 18 février]

Le 11 février, après 2 jours de voyage et des heures à admirer des paysages à couper le souffle, nous arrivons à Puerto Natales. Sur le ferry, je me suis par hasard retrouvée avec Gustavo, un chilien dont François m'avait passé le contact en octobre dernier pour avoir des conseils sur le cyclotourisme. Lui a troqué son vélo cette année pour le sac à dos et explore la Patagonie pendant deux semaines avec sa copine Daniela.

A travers les fjords chiliens... 

Puerto Natales est une petite ville de 20.000 habitants, très vivante en été grâce au tourisme. En effet, non loin se trouve le fameux parc Torres Del Paine. Je reste deux jours au petit camping très rustique d'Oscar. Et là, incroyable, je tombe sur un couple de brésiliens croisé presque deux mois plus tôt à des centaines de kms d'ici, sur la route des 7 lacs ! On se raconte nos péripéties et les routes que nous avons empruntées. C'est ça aussi, de voyager à vélo : on a comme l'impression de faire partie d'une grande "communauté". Surtout ici où la plupart des cyclistes ont pour projet de se rendre à Ushuaïa. Chacun avance à son rythme et on se croise et recroise au fil du chemin 🙂. Alors à tous ceux qui me demandent si c'est pas trop dur d'être toute seule, je leur réponds que pas un seul jour je ne le suis!

Puerto Natales 

Je fais la connaissance de Miguel, un colombien en vacances avec un ami. Il est lui aussi un adepte du voyage à vélo, mais d'une autre façon. Avec 3 amis, il a fondé l'association Bicionarios. Ils se déplacent les 4 depuis un an dans toute l'Amérique du Sud, avec leur vélo et leur caméra à la rencontre de personnes, de familles, de communautés. Leur but ? Partir à la recherche de projets extraordinaires basés sur un développement socio-culturel durable et sain afin de les documenter pour les partager au monde entier.

https://bicionarios.com

Bicionarios  

Je visite le musée Museo Histórico qui explique vraiment bien l'histoire du peuple indigène (les Kawesqars ou Alacalufes) qui vivait initialement dans la région, avant l'arrivée des colons européens vers le 16ème siècle. On estime qu'à la fin du 18ème siècle, les Kawesqars ont été entièrement décimés.

Museo Histórico  

Je décide de ne pas visiter le parc Torres del Paine pendant que je suis là. Il y a énormément de touristes et puis je préfère terminer mon aventure à vélo et y revenir ensuite pour bien prendre le temps de le découvrir.

Le matin du départ, Rafael, un vénézuélien qui habite à l'hostel/camping depuis 8 mois m'offre de partager son petit-déjeuner. Comme beaucoup d'autres vénézuéliens, il est venu ici au Chili à cause de la situation instable de son pays. Il a dû laisser derrière lui sa famille, dont trois enfants. Là-bas, il travaillait comme pompier et me raconte qu'en 2016, il a dû intervenir lors de l'explosion d'une raffinerie dont il en sortira le seul vivant, brûlé à plus de 40%. L'état voulant étouffer l'affaire, il ne lui viendra pas en aide pour les soins dont il aura besoin et le laissera se débrouiller seul, avec des séquelles à vie. Il me pose la question : porqué viajas ? que buscas ? (pourquoi voyages-tu? que recherches-tu?). Je lui réponds, non sans gêne, que je suis ici car je veux découvrir et apprendre une autre culture, parler une autre langue, connaître les paysages mythiques de la Patagonie. Ma réponse me met mal à l'aise quand je pense à tous ces gens qui sont forcés, comme lui, de quitter leur famille, leur pays à la recherche d'un avenir meilleur. Avant de partir, alors qu'il m'accompagne pour voir mon vélo et m'ouvrir le portail de l'hostel, je lui avoue que je suis aussi ici car j'en ai la possibilité, "la chance" comme beaucoup me disent, et que je l'admire lui d'avoir ce courage de quitter son pays pour se battre pour sa famille..

Je continue donc ma route en direction de Punta Arenas, dernière étape avant la Terre de Feu !! 250 kms pour y arriver, je prévois de le faire en 3 jours. La première portion se passe extrêmement bien, en effet j'ai le vent dans le dos! Je rattrape à un moment donné trois cyclotouristes, des Français tiens ! Et en plus, je les avais déjà croisés à Futaleufu 3 semaines avant. On fait quelques kilomètres ensemble. Le soir, je campe dans un "hôtel à cyclotouristes". Il s'agit en fait d'une vieille maison abandonnée sur le bord de la route et qui sert de refuge non-officiel pour les cyclos. L'intérieur est super propre, il y a même une petit table et des toilettes sèches à l'extérieur. On ne peut pas demander mieux! Nous serons 4 cyclistes à passer la nuit ici. Un argentin et un espagnol et puis Eric, un américain en voyage depuis quelques mois avec qui je discuterai beaucoup. Il parle très bien l'espagnol et est super cool. Il me montre son petit réchaud improvisé fabriqué à partir d'une canette de bière 😉. Il partira tôt le lendemain matin pour Punta Arenas. Moi de mon côté, je me fais inviter à prendre le petit déjeuner par la Police dont la station est à une centaine de mètres de là! Ils ont l'habitude de voir des cyclistes passer mais ils m'avouent avoir hésité à venir vérifier que tout allait bien lorsqu'ils ont vu que j'étais seule avec 3 hommes. Je souris timidement en leur disant qu'il n'y a eu aucun problème. Le Chili est un pays où le machisme est encore assez présent. Pour beaucoup de personnes, il est encore impensable qu'une femme parte seule voyager et encore moins à vélo...

Le soir, je dormirai à l'estancia Aurélia del Carmen (une estancia est une ferme d'élevage d'animaux, en l'occurrence ici le mouton). C'est grâce à l'application iOverlander que je décide d'aller demander l'hospitalité. Un vieux monsieur m'accueille sans attendre et m'offre un thé avec du pain et de la confiture maison. Il est très calme et discret. Il me raconte qu'il ne monte plus à cheval (pour s'occuper des moutons) depuis quelques années suite à une opération de la hanche. Nous restons dans la cuisine de longues minutes, sans dire un mot mais sans que cela ne soit gênant. Il a l'habitude de recevoir des cyclistes. Puis arrive José, son collègue. Il revient justement des champs. Il m'emmène voir ses deux chevaux. Nous partagerons le soir un succulent ragoût d'agneau préparé par le vieux monsieur (j'ai oublié son nom). Je partirai le matin suivant tôt, afin d'échapper au vent violent qui généralement sévit à l'entrée de Punta Arenas, une cinquantaine de kms plus loin. Le froid me prend au visage alors que je commence à pédaler. La température s'est beaucoup refroidie à mesure que je pédale vers l'extrémité sud du continent.

Je ne me sens pas très à l'aise à l'idée d'arriver dans une grosse ville (Punta Arenas compte environ 150.000 habitants). Il va y avoir beaucoup de voitures, de bruit... J'essaye de prendre des petites routes pour rejoindre le centre-ville. Eric m'avait conseillé l'hostel Independancia. D'ailleurs, on se croise lorsque j'arrive ! Lui continue son chemin pour la Terre de Feu ce jour-là.

Je resterai 5 jours dans cette ville. Qui dit hostel, dit forcément beaucoup de rencontres. Je sympathise avec Cécile, une française arrivée au Chili il y a peu. Elle est partie pour 6 mois à travers l'Amérique du Sud. Elle ne le sait pas encore, mais ces plans vont devoir vite changer... Il y a aussi Maël, un autre français en voyage depuis 8 ans, avec qui je passe du temps. Il est en vélo également et pédale vers Ushuaïa. On étudie ensemble la carte de la Terre de Feu pour savoir quel est le meilleur itinéraire. Il partira deux jours avant moi et nous ne nous retrouverons pas sur le chemin, dommage. Il y a beaucoup de français dans cet hostel! Et encore plus fou, je retrouve un couple âgé de cyclistes français croisé vers le lac Correntoso en Argentine (route des 7 lacs), plus de deux mois auparavant ! Ils ont dû abandonner leurs vélos, l'effort physique étant devenu trop pour eux et ont continué leur voyage en bus.

Punta Arenas rend hommage à Magellan, le célèbre explorateur qui donnera son nom au détroit qui borde la ville. Un monument est érigé en sa faveur et il est possible de visiter un musée retraçant sa vie et exposant des objets ayant appartenu à son époque.

Punta Arenas 

L'avant dernier jour, je pars faire une randonnée en bord de mer, à 70 kms au sud de la ville. L'objectif, me rendre jusqu'au phare San Isidro, le dernier plus grand phare du continent sud-américain. Je fais du stop pour me rendre au début du chemin. Le sentier longe le bord de mer. Il y a beaucoup de monde ! J'ai de la chance d'avoir du beau temps ce jour-là. C'est MA-GNI-FI-QUE!!

Randonnée au phare San Isidro 

La nuit avant mon départ, le vent souffle fort. Le matin je me rends à l'embarcadère pour prendre le ferry qui m'emmènera à Porvenir en Terre de Feu. C'est alors avec un vent terrible mais plutôt en ma faveur que je donne mes premiers coups de pédales sur cette terre tant mythique, dernière ligne droite avant le bout du monde...

[du 18 au 24 février]

La Terre de Feu. Avant de quitter la France, je connaissais à peine ce territoire que je n'aurais certainement pas su placer sur une carte. D'ailleurs, pour moi la pointe de l'Amérique du Sud appartenait au Chili, les territoires argentins s'arrêtant bien plus haut. C'est lorsque je suis arrivée sur ce continent que j'ai réellement commencé à m'intéresser de plus près à cette "pointe" du bout du monde avec l'envie un jour d'y mettre les pieds.

Voici une carte qui résume la division du territoire entre les deux pays.

La Terre de Feu est connue pour être une terre mythique de par ses distances et ses paysages uniques mais également un endroit hostile et reculé, difficilement accessible. Le froid et les grands vents n'en font certainement pas une terre cultivable. Toutefois c'est une région qui a depuis longtemps été occupée, étant l'ultime frontière du continent et la limite entre deux océans. Du côté argentin, sa capitale est Ushuaia, l'objectif de mon aventure à vélo. Je vous partage ici une vidéo super bien faite et qui explique bien mieux que moi l'histoire de la Terre de Feu 😉.

Le 19 février me voilà donc à Porvenir, Terre de Feu chilienne, après une traversée en ferry de deux heures. Le vent souffle fort mais le soleil est haut dans le ciel et me réchauffe le dos. Sur iOverlander, je vois qu'à 70 kms environ se trouve un Refugio. Je fonce sur l'unique route qui existe. Elle longe le bord de mer. J'en prends plein les yeux, les couleurs sont incroyables et l'immensité des paysages qui s'offrent à moi m'impressionne. Je ne croise pas grand monde sur cette route, à part quelques voitures et un cycliste courageux qui va dans l'autre sens (et donc avec le vent en pleine face). La géographie et la météorologie de cette endroit font que le vent va toujours dans la même direction à cet endroit-ci du continent (de l'ouest vers l'est). Heureusement je pédale dans la bonne!! Eric qui a fait cette étape quelques jours avant moi m'a raconté qu'il n'avait presque pas eu à pédaler. Bon, je n'en suis pas encore là, mais c'est vrai que les côtes et le ripio sont plus faciles à digérer que sur la Carretera Austral 😉. Le Refugio est hyper classe. Quasiment neuf et tout confort, je passerai la nuit à l'abri du vent que j'entendrai gronder toute la nuit. J'apprends un peu plus tard qu'il s'agit de la municipalité de Porvenir qui a fait construire plusieurs refuges comme celui-ci en Terre de Feu chilienne. En effet, beaucoup de cyclistes empruntent cette route pendant l'été et il existe peu voire pas du tout d'endroit pour passer la nuit. De plus, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessus, le vent et les grandes plaines ne donnent pas très envie de monter la tente..

Le lendemain, le vent me portera littéralement sur plus de 40 kms, jusqu'au croisement de route "Onaisin". C'est ici que je veux tourner à droite pour ainsi me lancer dans la "Pampa Guanaco", une route de ripio qui traverse toute la Terre de feu chilienne. En plus, en passant par cette route, j'aurai aussi la possibilité d'aller voir la colonie de manchots royaux ! J'arrive donc au croisement, les pieds en l'air et là, impossible de tourner à droite pour suivre le chemin prévu. Le vent est d'une telle puissance qu'il m'empêche de m'assoir sur mon vélo... Que faire ? Je tente de faire du stop pendant près de 30 minutes, (oui j'ai vraiment envie de les voir ces maudits pingouins !!) et finalement abandonne...

Je continue donc tout droit jusqu'à la frontière argentine, 50 kms plus loin, où je passerai la nuit avec 5 autres voyageurs. Je discute longuement avec Martin un backpackeur chilien et il me donne le contact d'une famille qui pourrait m'héberger à Rio Grande, dernière grande ville avant Ushuaïa. J'entre alors en contact avec Nestor et lui annonce mon arrivée pour le lendemain.

J'ai déjà fait l'expérience de l'hospitalité argentine auparavant mais là, je suis vraiment reçue comme une princesse. Néstor et Rosalia et leur fils Santiago m'accueillent dans leur maison les bras grands ouverts. Ils me proposent la chambre de leur fils aîné qui a quitté la maison. Rosalia me fait une visite guidée très minutieuse de la maison et me dit "Surtout tu fais comme chez toi, et à ton propre rythme!". Je la serre dans mes bras tellement je suis touchée par sa gentillesse. Néstor est quelqu'un de très ouvert, nous parlons vraiment de tout et de rien. Il est venu s'installer avec sa famille ici en Terre de feu il y a plus de 20 ans pour le travail. Le gouvernement argentin voulant peupler ce territoire reculé afin qu'il ne tombe pas dans les mains du Chili, il a fait ouvrir de nombreuses usines notamment dans l'industrie de l'électroménager. Je reste deux nuits chez eux et continue ma route en empruntant un chemin alternatif à la ruta nacional 3 qui elle va directement à Ushuaïa.

Nestor, Rosalia et Santiago  

Mon détour me fera passer par le Lago Yehuin et je camperai dans un endroit magique. Puis tranquillement, je rejoins Tolhuin, dernier village avant Ushuaïa. Il y a dans ce petit village une casa ciclista très renommée parmi les cyclistes car il s'agit du boulanger, tout simplement, qui offre un bout de son garage pour y passer la nuit ! En plus, sa boulangerie est très connue dans le coin. Et là encore une fois incroyable, je retrouve un couple de français (avec leurs deux petits), que j'avais rencontré au camping de Junín de Los Andes, au tout début de mon voyage à vélo !! Ils sont partis du Pérou et ont mis 6 mois pour rejoindre le bout du monde. Je les admire, vraiment, ils ont une motivation d'enfer pour voyager à vélo avec deux enfants en bas-âge. Nous rencontrerons aussi Florine et Mathias dans cette casa de ciclista. Eux ont décidé de commencer leur périple depuis Ushuaïa et de remonter le plus au nord possible, quitte à atteindre l'Alaska...

Voilà, il ne me reste plus qu'une centaine de kilomètres avant d'atteindre "le bout du monde". C'est avec excitation que j'entame la dernière étape!

[du 25 février au 9 mars]

C'est en deux fois que je ferai la dernière portion jusqu'à Ushuaia. Florine et Mathias m'ont parlé d'un refuge de chiens de traîneau où ils ont passé la première nuit de leur périple. Bien évidemment je leur demande où il se situe avec la ferme intention de m'y arrêter moi aussi 😉 (pour ceux qui ne le savent pas encore, oui je suis une très grande amatrice de huskys!!). Les 50 premiers kms à la sortie de Tolhuin, je retrouve la pluie, que je n'avais pas vue depuis la Carretera Austral. Je ressors mon poncho et tente de mettre les bouchées doubles pour ne pas terminer la journée trop tard. Komoot m'annonce une grande montée de 11 kms. Il s'agit du col Garibaldi, à 45 kms de Tolhuin. C'est à cet endroit que l'on quitte les grands plateaux fuégiens et que l'on pénètre dans la naissance de la cordillère des Andes : les premières montagnes d'une très longue chaîne...

La montée au col se passe plutôt bien. La pente n'est pas trop raide et longe le Lago Escondido. En à peine une heure j'arrive au mirador et y fais ma pause déjeuner. Qui dit montée dit bien sûr grande descente et j'avale rapidement les 25 kms qui me séparent du refuge de chiens de traîneau.

Je suis toute excitée lorsque j'y arrive et Hugo le proprio vient à ma rencontre. Je lui explique que je cherche un endroit où poser la tente et lui demande si c'est possible sur son terrain. Un peu étonné (il n'a pas l'habitude que des cyclistes viennent lui demander ça), il me répond avec un grand sourire qu'il n'y a aucun souci. Je comprends en fait que je ne me suis pas arrêtée dans le refuge que m'avaient indiqué Florine et Mathias mais dans un autre! Ce n'est pas bien grave, au contraire ! La nuit, je serai "bercée" par les hurlements de 120 toutous et me réveillerai avec la pluie. Hugo m'invite à prendre le petit déjeuner avec son équipe et me raconte son histoire. Il est de San Juan tiens !

Siberianos del Fuego 

Le matin du 26 février, il me reste alors seulement 25 kms pour arriver à l'entrée d'Ushuaïa... Je prends mon temps, admire les montagnes avec leurs glaciers. Je suis vraiment au cœur d'une nature extraordinaire. Tout paraît très sauvage et il y a très peu d'habitations. Les argentins préfèrent s'entasser à Ushuaïa! Aux alentours de midi, au détour d'un virage, je vois les deux grandes tours en bois qui marquent l'entrée de la ville. CA Y'EST ! Je terminerai ce voyage en vélo comme il a commencé : sous la pluie !!

Je m'arrête aux tours une bonne demie heure et justement arrivent peu après moi deux autres cyclistes. Il s'agit de Jelle, un hollandais accompagné de son papa. Il a quitté l'Alaska il y a plus de 2 ans et a traversé tout le continent américain pour rejoindre son objectif, Ushuaïa... Je peux apercevoir son émotion dans son regard. Son papa l'a rejoint 6 mois avant au niveau de Santiago du Chili. On discute un quart d'heure, puis je les quitte pour me rendre à la maison d'Aixa, mon hôte Airbnb.

 L'arrivée

Ushuaïa n'est pas une ville exceptionnelle en soi, c'est surtout sa situation géographique qui en fait un lieu prisé et très touristique. Mes amis israéliens Tal et Daniel, qui ont du abandonné leur vélo vers El Bolson pour raison de santé, me retrouveront le 29 février. Leur parents doivent les rejoindre à Ushuaïa le 4 mars. Je suis très heureuse de les retrouver, je m'entends vraiment bien avec eux. Au programme, visite de la ville, gâteau au chocolat, jeux de cartes et bien sûr randonnée ! Entre autre nous nous rendrons à la magnifique Laguna de los 5 Hermanos, qui offre une vue imprenable sur Ushuaïa. Nous irons aussi manger une pizza chez Emiliano, le fils d'un monsieur que j'avais connu à Villa La Angostura (chez Alejandro, rappelez-vous!). J'étais entrée en contact avec lui sur recommandation de son papa.

Lorsque les parents de Tal et Daniel arrivent, ils me proposent de venir avec eux dans l'appartement qu'ils ont loué pour la fin de semaine. Je passerai 4 jours formidables en compagnie de toute cette troupe israélienne. Ma curiosité bien sûr l'emporte et j'essaye d'apprendre quelques mots d'hébreu 😉 . On ira faire quelques randonnées, visiter des musées et déjà vient le moment de se séparer...

"Toda!"  (Merci en hébreu)

Eux reprennent l'avion pour se rendre à El Calafate, et moi de mon côté, j'ai trouvé un volontariat dans un refuge de chien de traîneau à 17 kms d'Ushuaïa. Je prévois d'y rester 2 semaines, puis de reprendre la direction de Puerto Natales au Chili (en mettant le vélo dans le bus cette fois-ci) pour aller visiter une bonne fois pour toute le parc Torres Del Paine.

Ben quoi, vous pensiez que j'allais déjà rentrer en France ?? Et non, l'aventure continue !!

[du 9 mars au 01 juin]

Je remonte sur mon vélo après une dizaine de jours. Même si ce n'est pour faire que 17 kms, je suis contente de pédaler à nouveau. Ca passe vite, et je connais déjà la route. Ici au sud de la Terre de Feu, il n'y a que la ruta nacional 3 pour se rendre à Ushuaïa et en sortir.

C'est au centre hivernal LLANOS DEL CASTOR que je vais faire mon volontariat. Je ne sais pas encore quelles missions me seront attribuées, mais d'après ce que Daniela, la responsable du site, m'a dit par whatsapp, je l'aiderai au restaurant.

Llanos del Castor est un centre constitué d'un restaurant, d'une partie activités hivernales, et de gîtes à louer. La partie hivernale regroupe les sorties avec chiens de traîneau, balade en raquettes et en moto-neige.

Je fais la connaissance de toute l'équipe : Juan et Andres, les cuistos, Cris et Cris, qui s'occupent des chiens et de l'entretien du site, Tato, le musher, Marcelo et Karina, les propriétaires du centre, et Martin, celui qui manage l'ensemble. Daniela est sa cousine et s'occupe du resto et de sa comptabilité. Pendant une semaine, j'apprendrai le métier de serveuse.

Puis est arrivé le corona... Au centre, nous n'avons pas eu de problème, mais la situation s'est rapidement transformée en l'espace de 2-3 jours dans tout le pays, à l'instar des pays européens : restaurants et hôtels fermés, agences touristiques et parcs nationaux également, les écoles et universités suspendues, puis le pays s'est retrouvé en quarantaine le 20 mars. Je ne vais pas revenir sur la crise du Covid-19 puisqu'on en a déjà bien entendu parler, mais il faut savoir qu'en Argentine, les autorités sont très strictes quant aux déplacements de personnes et le masque est obligatoire partout, même dans la rue...

C'est ainsi que je me suis retrouvée "atrapada" (attrapée) au bout du monde pendant 2 mois. Ne pouvant sortir de la Terre de Feu par voie terrestre ni aérienne, Llanos del Castor m'a proposé de rallonger ma période de volontariat. Je dois dire que cette quarantaine n'en a pas vraiment été une pour nous, étant un site isolé dans la nature nous pouvions sortir à notre guise et partir nous balader dans la montagne. Bien évidemment le restaurant a aussi fermé ses portes et nous en avons profité pour y faire un grand ménage, faire l'inventaire, repeindre les tables et améliorer l'aménagement l'intérieur. Puis nous nous sommes attaqués à l'entretien extérieur.

Yorek 

Au fil du temps, je me suis vraiment liée d'amitié avec les employés qui sont aujourd'hui devenus des amis. Le confinement nous a vraiment fait nous sentir comme une petite communauté vivant à part, avec son propre rythme.

Chaque jour Daniela et moi partions nous promener dans les bois, discutant de tout et de rien. Elle rêve de venir en France voir les châteaux. D'ailleurs, pendant ces deux mois, je lui ai enseigné le français, chose que j'ai adoré faire ! Eugénia, la compagne de Martin a également assisté à "mes cours improvisés".

Et puis quand on a le temps, et bien on se met à faire pleins de choses... Couper du bois, faire des expérimentations culinaires (j'ai bien du faire une dizaine de pains, tous différents), apprendre à faire des empanadas, construire un mur en palettes, repeindre le chalet dans lequel nous vivions.. et j'en passe ! Je me demande encore pourquoi je suis partie de cet endroit, tellement je m'y sentais bien.

En effet, j'ai pris la décision de rejoindre Buenos Aires le 13 mai. Mon objectif à la base étant de continuer à voyager un peu, je savais que je ne pouvais rester éternellement en Terre de Feu. J'ai donc saisi l'opportunité d'en sortir par voie aérienne, pensant qu'il n'y aurait plus de vol ensuite (Aerolineas Argentina avait mis courant mai des vols de rapatriement pour les gens bloqués à Ushuaïa, celui du 13 étant le dernier).

Quitter Llanos fut difficile. Mais comme je l'ai souvent répété à Dani qui me suppliait de ne pas partir, c'est d'y mettre une fin qui rend une expérience encore plus mémorable. Toute mon année a été ponctuée de rencontres et d'au revoir, et ma tête s'est remplie d'extraordinaires souvenirs.

C'est donc le cœur lourd mais les souvenirs gonflés à bloc que je quitte Ushuaïa le 13 mai. Je retrouve Cynthia, mon amie équatorienne rencontrée à Curanipe (et qui m'avait donné l'inspiration pour me lancer à vélo !) à l'hostel Le Viajeros. Elle attend un vol retour pour Quito après avoir elle aussi passé deux mois coincée à Ushuaïa.

Malheureusement, la situation s'aggravant en Amérique du Sud, je prendrai la décision d'être rapatriée par l'ambassade de France. Il est très compliqué de se déplacer en Argentine et encore plus entre les pays, et ce pour un temps indéterminé. Je n'ai pas tellement envie de rester à Buenos Aires sans pouvoir rien faire, toute seule. Alors c'est avec la perspective d'un été chaud et beau en France que je prendrai l'avion le 01 juin à destination de Paris.. Ça aide à digérer ce retour un peu précipité. Mais bon, toute cette année n'a été qu'imprévus et aventure, alors je m'adapte, comme toujours 😉

Et puis je suis heureuse de retrouver mes amis et ma famille !

Voila, c'est ainsi que se termine mon aventure sud-américaine. Je pense que ce blog retrace à 85% toutes mes aventures. Bien sûr il y a énormément de détails que j'ai du laissés de côté, mais le gros y est. Ce fut une sacrée année, et je ne demande qu'une chose, c'est de repartir... à vélo !!

Alors à tous ceux qui veulent partir comme moi mais qui hésitent, surtout il ne faut pas, foncez ! Que ce soit seul, à deux, en vélo, avec son sac à dos, pour un an, un mois, vous ne le regretterez pas...

Guigui au Chili... ou ailleurs  

Top 5 des phrases les plus entendues pendant mon année :

  • No te gusta la palta ??? (tu n'aimes pas l'avocat ??)
  • Viajas sola ? (tu voyages toute seule ?)
  • Que piense tu papa de tu viaje ? (que pense ton papa de ton voyage ?)
  • Tomas tu té sin azucar en serio ?? (tu prends vraiment ton thé sans sucre ??)
  • Que pienses de Argentina/Chili ? (tu penses quoi de l'Argentine/Chili ?)


Toutes les personnes que j'ai rencontrées :

Valparaiso : Fernando, Montserrat, Tanja (allemande), July, Paulina, Charles (américain), Henry (australien), Noemie (française), Sarah (allemande), Carlos y Javier (slackline), Etienne (allemand)

Santiago : Brice y Jorge, Juan y Benjamin y Kass (de l'hostel), Jenifer (américaine), Travis (australien), Jeff (français), Agathe (française), Steve (australien), Sven (allemand), Mussy (ma prof)

La Serena : Rodriguo, Pablo (hostel), Danny (hostel), Tom y Victoria (couple franco-chilien), Kathy y Jeremy (australiens), Louise (étudiante française), Richard (américain brésilien)

San Juan : Jero y Pilar, German, Makan, Gabi,Gema, Carlos / Lautaro (ami de Jero), Anne y Jonathan (française et canadien), Walter, Yor et les Paraguayens, Jean-Jacques (pêcheur sud-africain), Maiten (de Bariloche), Élodie (française de Barreal), Julie (amie de Pilar), Chico chileno (hostel), Juan (psychologue), Gregoire (français travaille chez Airbus), Louise (étudiante de Bretagne), Morgan (savoyard skyman), Lucas (argentin, prof de sport et de grimpe), Tangi (breton, voyageur), Colo / Dani (hostel), Eve (hostel), Omar (parapentiste), couple français de Metz, Wanda, Claudine (française de Haute-Savoie), groupe de 4 français étudiants

Mendoza : Sandra y Luis (refuge San Bernado), Violeta y Guada, Mathias y Vicky, Triny (hostel Casa Pueblo), Julian (hostel Casa Pueblo), Gerardo y Celeste (Airbnb), Ciro (auto stop), Pedro (auto stop), Poli

Salta : Justin et Clara (couple français rencontré à l'hostel), Bastian (hostel Salta)

Tricahue : Dimitri et ses filles, Ana Luisa, Walter et Alejandra, Lila, Romina et Eli

Curanipe : Arnaud (Casa Atipika), Simon, Cynthia y François (à vélo), Valentina

Los Ángeles : Telen y Pedro y Anli, German y Erika, Jessica, Leo y Andrea y María Paz,Mar celo de Temuco

Pucon : Rana et son ami (turcs), Jose y Natasha de Indiamapu

Junín de Los Andes : Joe y Susan (Royaume-Uni)

Arroyo Partido : Luciana, Guada

Lago Falkner : Guillermo

Villa la Angostura : Alejandro y Poli, Fernando

Dinahuapi : Axel, Joaquim, Brenner (brésilien), Margot (française)

El Bolson : Tal y Daniel (Israel), Teresita y Ricardo, Andrés (alias Jesus), Haydon y Kurtis (australiens)

Villa Lago Rivadavia : Luis y Cristina

Futaleufú : Luciana, Gonzalo, Felipe, Francisco

Lago Yelcho : Marlene et David (couple français)

La Junta : Matias (cycliste argentin)

Coyhaique : Eliana et son fils

Villa Cerro Castillo : Stéphane (français), Diego (Colombie)

Puerto Río Tranquilo : couple de français à moto (Glanaé et Nico), Victor (chilien), Pancho

Cerro color camping : Tobías y Andi y Emile (allemand et canadien)

Tortel : Consu y Meme (chilien) , couple de français en tandem, Edwige (française)

Puerto Natales : Rafael (vénézuelien), Miguel (colombien, de Bicionarios), couple de brésiliens rencontrés sur la ruta de los 7 lagos !!, Oscar

Morro Chico : Eric (américain), carabineros

La Estancia Aurelia de Carmen : Jose y Juan

Punta Arenas : Cécile et Maël (français), Yoann (suisse), Antonio (auto stop), Cristian (présentateur télé), Eduardo (hostel), couple de français de Barcelonnette rencontré sur la ruta de los 7 lagos !!

San Sebastian : Martin (chilien, voyageur), Elien et Jonas (belges), Felipe (chilien)

Rio Grande : Nestor y su familia, Jose de la bicicleteria

Tolhuin : Mélanie et Benoit avec Malou et Eli, Florine et Mathias (français et belge)

Ushuaïa : Hugo y Liliana (Siberianos del Fuego), Oscar Paire (Cordoba), Aixa (Airbnb), Lucas (italien, randonnée Laguna Esmeralda), famille de Tal et Daniel, Emiliano et sa famille

Llanos del Castor : Daniela, Juan, Cristian y Cristian, Martin y Euge y las niñas, Andres, Carina y Marcelo, Tato, Laëtitia et son mari (couple français venu manger), Lucas

Buenos Aires : Alexis (français), Santiago (français), Kriss et Juan Manuel (vénézuéliens), Mariano


Muchas gracias a todos 😀