Carnet de voyage

Amérique Du Sud

47 étapes
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"Si nous avons le courage de les poursuivre, les rêves deviennent réalités" (Walt Disney)
Du 27 septembre 2017 au 25 mai 2018
241 jours
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A l’instar de Rome, ce projet ne s’est pas construit en un jour. Il nous a fallu passer par bien des étapes pour en arriver là. Remontons 8 mois en arrière… Guilhem rentre de son stage international aux USA avec une proposition d’embauche. Cette annonce fait l’effet d’une bombe. Non seulement une entreprise américaine est décidée à faire partir mon homme à l’autre bout du monde mais surtout, elle met vraiment les moyens pour l’attirer dans ses filets. Les heures de réflexions sont longues. Suis-je prête à le suivre, tenter le coup et essayer moi-même de trouver un emploi là bas ? Nous savons que notre choix devra être fait rapidement, les demandes de Visa sont des procédures longues et compliquées. Dans tous les cas, nous ne pourrons en faire la demande qu’en mai prochain… Enfin non, pas nous ! Lui seulement… La demande ne se fait que par celui qui a une entreprise prête à le « chapeauter ». De mon côté, je devrais attendre qu’il l’obtienne pour ensuite avoir le mien… Par un lien marital ! Petit détail auquel nous n’avions pas forcément pensé au départ. Si nous décidons de partir, il nous faudra donc être mariés.

Au cours d’un week-end en amoureux à Venise, mon esprit est de plus en plus clair. Je ne pourrais vivre sans lui et je ne pourrais accepter qu’il sacrifie un tel projet pour moi. Ma décision est prise, nous allons vivre cette incroyable aventure ! Je lui fais donc ma demande en mariage… Qu’il accepte bien entendu ! Nous nous lançons pour de bon dans cette aventure. Les mois passent, nous préparons notre départ ainsi que notre mariage. Nos familles sont avec nous, tout le monde est enjoué par nos projets. En février 2017, il est temps de construire le dossier de demande de Visa. Les avocats de la société américaine qui engage Guilhem s’en occupent, nous leur faisons confiance. Mais quelques jours plus tard, grosse déception. Après avoir étudié le dossier, un détail bloque la possible candidature de Guilhem au Visa… Nous avons beau retourner le problème dans tous les sens, rien n’y fait. Nous ne pourrons demander le Visa en 2017…

C’est mal nous connaître que de croire que nous nous laisserions abattre par cette nouvelle. Des projets, nous en avons des milliers en tête. Des rêves à n’en plus finir. Nous avions déjà établi des plans secondaires dans le cas où nous n’aurions pas ce fameux sésame. L’option la moins plaisante était de partir travailler pour la filiale allemande de l’entreprise qui recrute Guilhem, en attendant un an de plus pour une nouvelle demande de Visa. L’autre plan de secours, qui nous plaisait bien plus était de partir, une fois nos diplômes obtenus, faire un road trip en Amérique Latine. Guilhem avait abordé le sujet avec son futur chef américain qui s’était immédiatement montré enthousiasmé par ce plan. Je crois que notre décision était prise, si nous n’obtenions pas le Visa, nous partirions voyager.

Alors ça y est, c’est décidé ! Nous partons faire le tour de l’Amérique Latine. Nous allons avoir dans notre vie huit mois de « vide » à combler. Nous avons un plan sécuritaire pour retomber sur nos pattes à la fin du voyage. Nous avons de l’argent de côté pour subvenir à nos besoins durant cette période. Et surtout nous avons viscéralement envie de partager quelque chose d’extraordinaire tous les deux. Les projets du mariage ne sont pas tombés à l’eau pour autant. Nous nous marierons comme prévu le 13 juillet 2017. C’est aussi un projet qui nous demande du temps et de l’organisation. Mais cela n’est rien à côté de notre voyage. Il y aura tellement de choses à faire et à voir là bas. Et avant cela, il y a tellement de chose à prévoir !

Notre première étape est en marche, il nous faut un toit roulant pour nous accompagner au cours de ces huit mois de voyage. Un camion robuste qui tienne la route, mais aussi confortable qu’un nid douillet pour toutes ces nuits en montagne, en bord de mer ou dans la forêt amazonienne… Rien que d’y penser je trépigne d’impatience ! Plusieurs options s’offrent à nous, partir sans véhicule et en trouver un là bas, ou encore acheter un camion ici et le faire envoyer par bateau sur l’autre continent. Les frais seraient peut-être réduits en achetant un van là bas, mais ce serait faire face à des procédures bien compliquées. Tous les pays n’acceptent pas de délivrer des cartes grises à des étrangers, certains ne délivrent pas de cartes grises permettant de quitter leur territoire… et surtout, nous ne parlons pas espagnol… Le risque d’acheter un véhicule avec des vices cachés serait trop grand ! Nous décidons donc d’acheter un van en France, avec la chance de pouvoir l’aménager à notre convenance avant le départ. Prévoir donc un budget de 1500€ en plus pour le transport en container, une bonne assurance au cas où, et un envoi de notre petite maison roulante deux/trois semaines avant notre départ.

Nous entreprenons nos recherches de fourgons et autres vans aménagés pour trouver la perle rare. Très vite, nous tombons sur un joli petit Vito de 1997, 260 000km au compteur, aucun système électronique à l’intérieur, un aménagement parfaitement pensé, et vendu par un gentil couple de mayennais qui attendent un enfant et doivent s’en séparer à contrecœur. Je leur adresse donc un long mail présentant notre projet et la seconde vie qui s’offre à leur camion, avec une proposition de visite prochaine par mon super papa qui se cache toujours dans les bons plans ! Très enjoués par mon mail, le couple est d’accord pour nous mettre le Vito de côté le temps que papa puisse se rendre disponible pour une visite en Mayenne. Au risque que madame n’accouche le jour de la visite ! Rendez-vous pris au 1er avril, non ce n’est pas une blague… Croisons les doigts pour qu’il soit aussi parfait que sur l’annonce !!

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Il l’était ! Aussi parfait que nous l’espérions. Papa m’a appelée après de longues minutes de questions, d’observations, de tests… Pour nous garantir la perfection de ce Vito. Il serait parfait pour le voyage que nous prévoyions de faire. Robuste, au vu des dix ans et quelques 260 000 km qu’il a sous le capot. Pratique, grâce aux aménagements effectués par les propriétaires actuels. Ce camion était fait pour nous ! Compte à rebours, nous n’avons que quelques minutes pour nous décider. D’autres couples sont sur le coup, mais c’est pour un projet comme le notre que les propriétaires préfèreraient vendre leur petite maison roulante. Holala… Nous nous regardons dans les yeux et apercevons chez l’autre la même lueur d’excitation. Il semblerait que notre choix soit fait, nous le voulons ! Nous avons tous les deux le sentiment que ce camion doit partir avec nous, il sera notre compagnon de voyage. Allez fonce papa !!! Dis leur qu’on le prend !

Alors ça y est ! Nous avons notre maison à moteur. Encore quelques jours à patienter avant d’aller le chercher et de le voir en vrai. Je profiterai du week-end de Pâques pour remonter dans ma région et enfin prendre possession de notre nouvel ami. En attendant, nous commençons nos recherches pour savoir comment et vers où le transporter. Pas simple… Notre plan de départ était la Guyane Française. Mon oncle vivant à Cayenne, c’était une première étape sécuritaire. Pas de problème de compréhension de la langue à l’arrivée du container au port et un pied à terre pour les premiers jours. Mais sur les conseils de mon oncle nous avons vite déchanté… La Guyane est coincée au nord de l’Amérique Latine entre des pays peut fréquentables et surtout difficilement accessibles du fait du peu de routes. D’autres solutions s’offrent à nous pour éviter le Suriname, le Venezuela et les régions du nord du Brésil. A l’ouest nous pourrions arriver à Carthagène en Colombie, la mer des Caraïbes, le soleil… Ça fait plutôt rêver ! A l’est nous avons toute la côte Brésilienne. Nous envoyons plusieurs demandes de devis auprès de compagnies maritimes françaises mais les résultats sont peu concluants, trop cher, trop compliqué… Nous tentons notre chance chez des compagnies internationales et sommes enfin rassurés sur la faisabilité de notre projet. Avec un départ de Barcelone, nous pouvons atteindre ces deux destinations à « moindres » coûts. Reste à choisir dans quel sens organiser notre périple, du Brésil au Cap Horn pour ensuite remonter la côte ouest ou plutôt l’inverse ? A force de chercher sur internet, nous réalisons que finalement la Colombie n’est pas un pays si sûr que ça, malgré l’image qu’ils voudraient en donner aujourd’hui. Les frontières sont compliquées à franchir et certaines zones reculées sont à éviter absolument. Ces informations risquent de peser dans la balance. Mais aujourd’hui rien n’est encore décidé.

Cette incertitude ne nous aide pas à créer notre parcours. Pour le moment nous en sommes au stade du tableau Excel dans lequel nous notons pays par pays les différents lieux que nous souhaitons voir. Un vrai travail de fourmis ! Nous recherchons à n’en plus finir, des lieux touristiques, secrets, perdus, insolites, des restaurants, des bars, des musées… Cette liste risque de devenir gigantesque ! Et c’est mon cher et tendre qui se chargera alors d’entrer toutes les coordonnées GPS de ces lieux dans un système de navigation créé par ses soins. En quelques mots, il télécharge des cartes de tous les pays d’Amérique latine pour créer une grande carte générale et l’insérer dans un système GPS. Ainsi nous aurons cette carte en permanence avec nous et utilisable hors connexion internet. Sur cette carte il entrera les coordonnées GPS de tous les lieux que nous voulons voir et Tadam !… Nous n’aurons plus qu’à y aller. Malin non les baroudeurs ?! L’idée n’est pas vraiment de nous, mais le résultat sera encore mieux que celui que nous copions, normal il sera créé par mon Eyraud !

Dernier point sur notre avancée dans le projet, les vaccins. Nous avons rendez-vous mercredi au centre de vaccination de Lyon pour définir les nécessités de vaccins en Amérique du Sud. C’est un centre spécialisé et le rendez-vous dure 40 minutes pour nous deux. Je suppose qu’ils auront des informations sanitaires à nous communiquer, des conseils à nous donner… Nous verrons bien, mais j’ai hâte de cette nouvelle étape. Et puis sinon, le week-end de Pâques c’est demain !!!! Je trépigne d’impatience ! Comme un enfant à la veille de Noël, je veux ouvrir les yeux et voir mon ÉNORME cadeau. Dire que nous allons parcourir des milliers de kilomètre avec lui, que nous allons traverser un continent, vivre dedans pendant sept mois. Ce Vito va devenir une partie de nous… Il faut lui trouver un nom !!

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Guilhi 

Nous l’avons notre petit joujou !! Enfin pas si petit que ça : 4,66m de long, 1,87m de large et 1,89m de haut, nous voilà désormais avec 4,8m3 de maison roulante. Un nid douillet avec un gros moteur !

Quel périple pour aller le chercher en revanche ! Week-end de pâques, des trains surbookés et hors de prix… Me voilà donc partie seule de Lyon à 7h30 du matin pour 2h30 dans les escaliers du TGV, suivis d’un changement de gare à Paris et enfin 1h de TGV au wagon bar d’un train pour Le Mans. Quel plaisir de ne pas avoir de place attribuée ! Mais finalement j’arrive à bon port, chaleureusement accueillie par mon gentil papi et son Alfa Romeo toute rouge, prête à nous conduire jusqu’à notre Vito !! Nous prenons donc la route de Laval, très connue pour… non pas très connue en fait. La Mayenne n’est pas une destination très prisée des touristes. Nous nous arrêtons une petite heure plus tard pour un bon repas dans un restaurant sur la route, nous nous régalons et repartons avec notre bouteille de vin entamée (détail qui a toute son importance dans cette journée ! Le vin était excellent). Encore une bonne heure de route jusqu’à notre destination finale… Je trépigne d’impatience dans la voiture.

Enfin nous y sommes ! Je l’aperçois du bout de la rue… et c’est le coup de foudre ! Notre camion, enfin ! Je sonne chez les anciens propriétaires, et quelle ne fût pas ma surprise de voir une voie d’escalade installée dans l’entrée !! La maison est magnifique, pleine d’originalité et ressemble trait pour trait à la maison de mes rêves. En discutant avec ce charmant couple de baroudeurs, un peu bobo, vivant dans une ambiance zen et cosy, j’ai l’espace d’un instant visualisé notre vie dans dix ans… Et cela m’a beaucoup plu ! Mais avant de voir défiler ces dix prochaines année, je n’avais qu’une hâte : découvrir notre Vito ! Point par point Benjamin m’a expliqué le fonctionnement de tous les éléments du camion. Il a été aménagé par ses soins et extrêmement bien pensé. Le petit coin cuisine est parfait, un petit frigo (avec un freezer pour les glaçons du Mojito), deux plaques de cuissons à gaz, un évier avec pompe à eau au pied et de nombreux rangements. Tout semble fait de briques et de broques mais c’est génial ! Nous allons être si bien dans ce cocon.

Le moment de prendre la route arrive, nous avions décidé de ne prendre une assurance que pour la journée. C’est une très bonne solution que je recommande vivement. Il suffit de téléphoner à la compagnie d’assurance le matin-même pour les informer de notre besoin. Ensuite nous leur envoyons par SMS une copie du permis de conduire et la carte grise rayée. Dans les minutes suivantes, ils nous rappellent pour procéder au paiement. Pour 43€ le camion était assuré pour 24h, cela nous a été plus économique que de prendre une assurance mensuelle dès maintenant alors qu’il ne roulera pas pendant plusieurs mois. Assurance ou pas, je ne faisais pas la fière de devoir prendre le volant d’un si gros véhicule… Les passages de vitesses, distances de freinage, angles morts… Pas si facile ! Au moment du départ, les yeux rougis des propriétaires me fendent le cœur. Et puis ce sont mes propres larmes qui me montent aux yeux. Je réalise que mon plus grand rêve prend vraiment vie ! Nous allons faire ce voyage, pour de bon !! La route du retour se passe très bien, c’est un plaisir à conduire un Vito en fait.

Première nuit en tant que propriétaires de notre chez nous, c’est grisant comme sensation. Papa, Isa et Antoine viennent visiter notre demeure et nous commençons notre réflexion sur les éventuelles rénovations à apporter. Chaque placard, chaque étagère et chaque coussin sont mesurés. Quelques couches de peintures seront les bienvenues par endroit. Isa propose gentiment de nous coudre sur mesure toues les pièces de tissus du camion, les rideaux, les housses des coussins du lit… Cela va vraiment donner un coup de jeune à la décoration. Papa se propose d’améliorer le fonctionnement de la table intérieure pour plus d’ergonomie. Et un ami mécanicien de Papi viendra checker le bon fonctionnement du moteur et de toute la mécanique. Nous serions également preneurs d’un petit cours à l’occasion ! Cela pourra nous être bénéfique une foi perdus au milieu du désert de sel !

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Quelques mois ce sont écoulés mais notre projet n’est pas resté au point mort ! Loin de là !!

Guilhem est venu voir le camion et se réaction a été aussi enthousiaste que je l’espérais. Nous avons passé un week-end à peindre, bricoler et réaménager notre petite maison, afin de nous y sentir encore mieux que dans un cocon. Guilhem a passé de longues heures à comprendre le fonctionnement du système électrique, des deux batteries, de l’alternateur… Il reste encore quelques améliorations à apporter pour qu’il soit pleinement apte à nous conduire sur les routes d’Amérique Latine. Papa va nous installer des barres de toit afin d’y mettre nos vélos. Nous voulons encore changer les housses du lit pour passer de belles et longues nuits face aux océans. Finalement, afin d’intégrer pleinement notre Vito à notre vie, nous l’avons baptisé Guilhi.

Au boulot!

Dans la suite de nos préparatifs, nous avons établi un plan de route global de notre périple. Nous avons quelques idées assez précises d’endroits que nous voulons voir et de choses que nous voulons faire. Mais surtout, nous sommes d’accord sur notre envie de prendre notre temps. L’idée de ce voyage est de profiter de chaque instant, sans contrainte de timing. Nous voulons apprendre l’espagnol, apprendre à surfer, rencontrer des locaux, faire de longues séances d’escalade en montagne, dormir au milieu de nulle part… A un mois d’envoyer notre Guilhi par container, l’impatience nous gagne !

En effet, dans un mois jour pour jour, il prendra le large. Nous avons rencontré bien des difficultés à trouver une solution sûre pour transporter le camion. Il est important de savoir que nous ne pouvons nous tourner directement vers un port ou une compagnie maritime pour envoyer un véhicule par container. Il faut passer par un transitaire qui se chargera des multiples démarches. Seulement, l’Amérique du Sud est un continent qui effraie les transitaires Français… Aucun n’a accepté de « prendre le risque » d’envoyer notre Guilhi, convaincus que le véhicule ne serait jamais autorisé à quitter le port une fois arrivé sur place. Cela ne nous a pour autant pas découragés. Nous avons contacté des transitaires Belges et avons été enthousiasmés par une offre. Cependant, la prestation proposée n’incluait que le chargement et le transport du container. Il restait donc à notre charge de sortir le camion du container puis du port de Montevideo, notre point de départ en Uruguay… Or, notre espagnol étant des plus approximatifs, nous étions convaincus de nous faire escroquer par les douaniers, si tant est qu’ils acceptent de nous rendre notre Guilhi ! Gardant cette « option » en tête, je continuais mes recherches et sur de nombreux forum je constatais qu’un transitaire Uruguayen ne recevait que des avis positifs. Nous avons pris contact et avons été immédiatement convaincus par leur réactivité, leur professionnalisme et les tarifs proposés. :

- Un partage de container avec une autre famille pour diminuer les frais (Attention à l’ascenseur émotionnel… le fait de dépendre de la décision d’autres gens pour pouvoir signer une date de départ demande patience et self contrôle !) ;

- Un service tout compris, du chargement dans le container à la remise des clés du camion à la sortie du port ;

- Un contact francophone qui se trouve en Uruguay et sera donc présent à notre arrivée ;

- Un autre avantage de ce prestataire est qu’ils sont aussi assureurs auto pour tous les pays du Mercosur.

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Ce post n'a rien à voir avec notre voyage... Quoique comme l'a dit mon beau père Coco lors de notre cérémonie de mariage: "Il existe toutes sortes de voyages dans la vie [...]". Celui ci sera peut-être notre plus beau voyage! Nous étions entourés de tous ceux que nous chérissons. Nous nous sommes laissés porter par la bienveillance qui émanait de chacun pour vivre ces instants de pur bonheur. Nous avions égoïstement souhaité un mariage en petit comité, pour savourer chaque seconde avec nos convives.

Notre union aura été à notre image, simple et pleine d'amour. Merci à tous d'avoir noué votre corde à la notre, dans ce maillon que nous souhaitons infaillible au delà des océans.

Unis pour la vie 
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Cette dernière semaine aura été pleine de rebondissements pour nos préparatifs, mais les choses se sont considérablement débloquées! C'était pourtant mal parti... Nous avons reçu il y a quelques jours un mail de notre transitaire. Il nous informait que le couple qui partagera le container rencontre des problèmes techniques sur son véhicule et qu'il ne sera pas prêt à partir à la date convenue. Nouvelle date fixée au 12 septembre, ce qui fait une arrivée prévue le 5 octobre (c'est long à traverser un océan!!). Déception de notre côté, nous avions établi un calendrier approximatif du voyage et ces deux semaines nous forcerons à grignoter quelques étapes... Après réflexion, nous changeons nos plans. Guilhi en mer, rien ne nous empêche de commencer le périple en mode Backpackers! (Voyageurs en sac à dos pour les non initiés au jargon tourdumondistes 😉 ) Nous avons tous les deux très envie de découvrir les chutes d'Iguazu à la tri-frontière Argentine, Paraguay, Brésil. Or ce détour de quelques milliers de kilomètres nous aurait demandé beaucoup de temps en camion, nous allons donc l'effectuer en bus en attendant l'arrivée de Guilhi à Montevideo!

Décision prise de partir quelques jours avant l'arrivée du container. Ce sera finalement une solution plutôt économique et pratique! Nous trouvons un vol pour Sao Paulo beaucoup moins cher et plus rapide que tous les vols existants pour Montevideo. Le bon plan pour les pays sud américains est de prendre un billet depuis le Portugal ou l'Espagne, nettement moins cher! Ensuite prendre un billet séparé pour la ville de départ. Depuis Paris nous avons payé 30€ chacun pour nous rendre à Madrid, plus 20€ chacun pour un bagage en soute avec Transavia, mais il existe de nombreuses compagnies low-coast qui proposent ces trajets. Le vol de Madrid à Sao Paulo est direct, c'est parfait!

Afin de ne pas nous faire bloquer à la douane nous avons étudié toutes les astuces proposées par les voyageurs qui, comme nous, voyagent sans billet de retour. Le Brésil est un pays apparemment très rigoureux sur ce point, sans Visa nous ne pouvons rester que 90 jours dans le pays. Mais si nous ne présentons pas de justificatif comme quoi nous resterons moins de trois mois, ils ne nous laisseront pas entrer... Pas simple cette histoire! Entre les faux billets d'avion, la location de vrais billets d'avion, ou encore l'achat d'un billet avec des conditions d'annulation souples, nous n'avons pas trouvé notre solution miracle. Cependant en se renseignant d'avantage, nous comprenons que n'importe quel type de justificatif fonctionne. Je réserve donc nos billets de bus Sao Paulo (Brésil) - Puerto Iguazu (Argentine), ainsi qu'un petit hôtel à Puerto Iguazu. Et nous voici parés de deux justificatifs de sortie du territoire brésilien! Ouf, on peut y aller 😀

Premières dates de notre séjour:

Mardi 26 septembre > Départ de Paris pour Madrid puis direction Sao Paulo

Mercredi 27 septembre > Arrivée à Sao Paulo

Vendredi 29 septembre > Bus de nuit pour Puerto Iguazu

Samedi 30 septembre > Chutes d'Iguazu!

Arrivée prévue à Montevideo le 3 octobre...

Les deadlines se rapprochent de plus en plus, il est temps pour nous de préparer notre départ. Vider l'appartement, trier nos papiers, nos vêtements... Mission "leboncoin" pour tous les objets, accessoires, gadgets, que nous accumulons depuis des années! Nous nous créons une petite cagnotte avec nos ventes qui se remplie doucement mais surement. Nous avons décidé de partir très légers, de ce fait notre dressing devra être revu à la baisse... Trois tas se créent: Les vêtements pour le voyage (trois fois rien...), les vêtements que nous emmènerons aux USA dans un an (pas grand chose non plus...) et les vêtements dont nous nous séparons (presque TOUS mes habits!).

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Nous entrons dans notre dernier mois en France! Le temps passe trop vite et nous devons nous activer pour que tout soit prêt au moment du départ.

Lundi 28 août - 4h50

Le réveil sonne... Quelle horreur! C'est un supplice de sortir du lit après ces quatre petites heures de sommeil et une soirée de fin de saison à la piscine un peu trop arrosée. Mais nous savons que c'est pour retrouver notre Guilhi et cette seule motivation prend le dessus sur tout le reste! Direction la gare de la Part Dieu... Chargés comme des mulets: une immense valise de 35kg, une plus petite valise de 10kg, un sac de randonnée de 15kg, un autre sac de rando de 15kg, un dernier sac plus petit de 5kg, une housse de vélo de 13kg et enfin une housse de vélo (attention grand luxe, celle-ci est sur roulettes!) de 15kg... Disons que nous avions presque l'équivalent de notre poids à transporter, easy!! ><' Les 300m qui nous séparent de l'arrêt de tram ne nous aurons jamais semblé aussi longs!! Étonnement je n'ai pas de photo de notre chargement... Arrivés à la gare nous sommes au bout du rouleau de découvrir que notre train a 30 minutes de retard...puis 40...puis 45...puis 1 heure... Pour finalement partir avec plus d'1h15 de retard. La SNCF a décidé de mettre notre patience à rude épreuve!

Nous arrivons finalement à bon port et pouvons enfin retrouver notre super Guilhi. Que de belles surprises réalisées en notre absence. Merci merci merci à Papa et Isa qui ont travaillé dur pour nous aider dans les améliorations du camion. Isa pour les super rideaux qui assureront la tranquillité de nos nuits et grasses matinées, papa pour les barres de toit qui vont nous permettre d'emmener nos vélos, la stratégique table amovible et les réparations mécaniques. On en a de la chance d'avoir des parents aux petits soins pour nous! Mais maintenant il va falloir nous laisser partir, et essayer de nous faire confiance sur nos capacités à survivre à ce voyage!! (Même si je crois que finalement c'est Guilhi que mon petit papa va avoir le plus de mal à laisser partir! )

C'est donc l'heure des derniers aménagements: petites boites hermétiques dans les coffres sous le lit, corbeilles en tissus pour nos vêtements dans le placard, bassine dans l'évier, rangement de la vaisselle, du matériel d'escalade, de camping... Bref nous organisons le plus stratégiquement possible chaque élément de notre future vie de baroudeurs. Chaque cm² est optimisé pour que nous y soyons bien. Et nous ne voulons déjà plus le quitter! C'est devant la maison de papa à Sargé que nous passons notre première nuit dans Guilhi. Enfin!

Antoine nous prépare le barbecue - Gage n°1 du mariage

Mardi 29 aout

Nouvelle étape de notre "adaptation". Nous partons faire une petite virée en bord de mer pour tester Guilhi en conditions réelles. Prise en main du véhicule sur l'autoroute, sur petites routes, en ville, en campagne. Nous nous y accommodons tous les deux très bien. C'est un plaisir de le conduire. Il est robuste et puissant, il tient la route sans soucis, nous nous y sentons en sécurité. Notre petit périple nous conduit à Pornichet, dans le Parc de la Brière, les marais salants de Guérande et au Pouliguen où nous trouvons un petit camping municipal parfait pour planter la tente d'Antoine. Pas de camping sauvage pour cette fois, nous sommes en vadrouille avec mon petit frère. Le camping est donc l'occasion de tester le système électrique, notre matériel de cuisine et la tente qui nous servira en cas de trop grosses chaleurs dans le camion. Nous sommes déjà très bien acclimatés à ce rythme de vie, c'est comme de jouer à la dinette mais pour de vrai. J'adore!

Première soirée de camping 

Mercredi 30 aout

Deuxième nuit dans notre maison, nous avons dormi comme des rois! Après un petit déjeuner gargantuesque de crêpes et de galettes sur le port du Pouliguen, nous prenons la route sous la pluie direction la Mayenne. Nous empruntons les petites départementales et traversons les villages bretons. Conduire un véhicule de cette taille dans ces conditions n'est finalement pas si simple... Chaussée glissante, distances de sécurité légèrement trop courtes et poids du véhicule nettement supérieur à ma petite Yaris habituelle... Il a suffi qu'une voiture pile devant nous pour que je nous fasse vraiment peur en tapant leur pare-choque... La catastrophe a été évitée, leur voiture n'a rien, Guilhi n'a rien, personne n'est blessé. Cela nous servira de leçon, il ne s'agit pas d'une petite citadine mais d'un véhicule utilitaire, qui demande une réelle adaptation de sa conduite. Espérons que le petit Antoine en conduite accompagnée en retienne également la leçon. La seule chose réellement endommagée dans l'histoire est ma confiance en moi, je ne me sens plus vraiment apte à conduire de nouveau...

Petite halte chez mon grand-père en Mayenne pour un dernier bisou avant de quitter la France et retour au Mans. Cette escapade nous a convaincu de l'incroyable expérience qui nous attend. Guilhi est un élément essentiel de notre voyage et nous nous y sentons extrêmement bien. Cela va être bien compliqué de le laisser dans un container à Anvers la semaine prochaine et de devoir attendre trois semaines pour le retrouver.

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Vogue, vogue, mon petit Guilhi! Dans quelques semaines nous nous retrouverons de l'autre côté de l'océan pour vivre notre grande aventure 😊

Avant le départ de notre maison roulante ce 13 septembre, nous avons tout de même vécu quelques belles péripéties. Notre dernière semaine lyonnaise aura été l'occasion de dire au revoir à nos proches, nos emplois, nos petites habitudes. Pas si simple finalement de tourner le dos à ces dernières années qui ont fait de nous les aventuriers que nous sommes à présent. C'est le cœur serré que je fermais la porte de notre appartement, premier témoin de notre histoire (...elle est bien loin l'époque où nous étions colocataires 😉). Sans hésitation je laissais la clé dans la boîte à lettres, signe que cette page était bien tournée et que nous allons en écrire une nouvelle.

Ce dernier départ n'aura pas été sans quelques suées lui aussi! Chargés de deux valises et quatre sacs à dos tous plus lourds les uns que les autres... Finalement il nous en reste un peu du bazar!

Dernier départ de Lyon!

La dernière soirée mancelle de Guilhi aura été bien occupée à ranger, aménager, préparer... Départ le lendemain matin à 6h, direction le port d'Anvers. Six heures de route sous la pluie, chargées d'un peu de stress et d'appréhension. Nous arrivons dans une zone industrielle en banlieue d'Anvers. Des poids lourds sont garés partout sur le bord de la route et entre les entrepôts. Au bout de quelques minutes, je trouve le guichet d'accueil de la société maritime et on m'explique dans un anglais plus qu'approximatif que nous devons laisser le camion dans un garage un peu plus loin... Fort heureusement le responsable logistique du fameux garage se montre rassurant et vraiment sympathique. Nous acceptons donc (sans trop en avoir le choix de toute façon) de lui laisser notre Guilhi et ses clés! ... Et puis c'est tout... Dix minutes se sont écoulées depuis notre arrivée à Anvers et nous nous retrouvons sous la pluie, sac sur le dos, sur le trottoir d'une zone industrielle belge, sans domicile ni véhicule. Petit moment de solitude, il faut l'avouer !

À plus 😢
Guilhi avait quand même plein de copains avec lui!

Nous rejoignons la route principale pour attendre Clément, notre sauveur lillois, au sec dans un petit café. C'est un super weekend lillois que nous passons chez Clément et Lucie. Entre séances de sport et bons repas, nous profitons du soleil du Nord pour ces premiers jours de nos "vacances".

Défis n°2 du mariage: Brunch au mois de septembre avec Clément et Lucie

Derniers jours d'attente avant le grand départ. Peu de temps après avoir laissé Guilhi à Anvers, Rachida nous informe que l'empotage s'est bien passé et que le bateau est prêt à partir. Tout est rodé, prêt pour notre grand départ...

Il est là dedans!

Plus que six dodos

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Nous voilà partis ! Tous ces mois d’attente, de préparatifs, de questionnements, se concrétisent enfin. Plus de marche arrière possible, nous sommes dedans. Dans notre rêve ! Avant de retrouver notre Guilhi, qui vogue sur l’océan depuis quelques semaines, nous avons décidé de voyager en mode « backpack ». C'est-à-dire, de ne prendre avec nous qu’un gros sac à dos et de nous déplacer par tous les moyens de transports existants. Ce qui commence le mardi 26 septembre par un peu de marche à pieds direction… la boulangerie ! Hé oui, pour notre dernier petit déjeuner français avant de longs mois, il nous fallait bien croissants et pains au chocolat 😀 Bus, tram, train, uber, avions… 24 heures et une longue nuit d’insomnie plus tard nous apercevons le sol brésilien à travers le hublot. Sao Paulo, nous y sommes ! Enfin nous remarquons surtout les grosses barres d’immeubles et le nuage de pollution… Nous regagnons notre petit appartement réservé sur Air b’n’b et sommes accueillis par un gardien d’immeuble 100% brésilien, c'est-à-dire ne parlant pas un mot d’anglais. Cette « conversation » sera la première d’une grande série de moments de solitude où nous réaliserons le manque de jugeote que nous avons eu en partant dans un pays dont nous ne connaissions absolument pas la langue…

Finalement outre la barrière de la langue, nous sommes parvenus à faire un maximum de choses en un minimum de jours à Sao Paulo. De nombreuses heures de marche à travers les rues de cette ville très… atypique… compliquée… un "non sens architectural total" selon moi, un énorme "what the fuck" selon Guilhem. De vieilles bâtisses magnifiquement rénovées côtoient des immeubles en bétons de style HLM, tandis que nous admirons des grattes ciel ultra luxurieux mitoyens à de vieux immeubles autrefois splendides mais qui tombent en ruines aujourd’hui. Outre cette grosse incompréhension, c’est le vacarme incessant du trafic dans les rues qui aura eu raison de notre engouement pour la mégalopole. Et le premier échappatoire que nous ayons trouvé a été… une séance d’escalade ! (Bon finalement même les salles d’escalade sont "what the fuck" au Brésil, grosse déception pour mon cher et tendre...) Il ne faudrait tout de même pas croire que nous n’avons pas aimé cette première étape. Les brésiliens sont super accueillants et nous avons eu l’occasion de découvrir des spécialités culinaires plus originales les unes que les autres. C’était une belle expérience pour ce début de voyage.

Sao Paulo 

Après trois jours dans ce capharnaüm urbain, nous sommes impatients de retrouver la nature, les paysages sauvages à perte de vue… Direction donc les chutes d’Iguazu. Mais elles se méritent ces chutes ! Nous embarquons à la gare routière de Sao Paul à 20h dans un bus ultra confort. Sièges inclinables, couverture polaire, petit oreiller… Grand luxe ! Fort heureusement pour nous car nous n’arriverons en Argentine qu’à 11h30 le lendemain matin.

Finalement la nuit n’aura pas été si confortable, la climatisation en pleine puissance et la position semi-assise du fauteuil auront eu raison de mon sommeil. Décidément, il me tarde de retrouver mon Guilhi pour de longues nuits au cœur de la nature. C’est avec deux bonnes heures de retard que nous passons un premier poste frontière pour tamponner notre passeport, nous sortons du territoire brésilien, puis un second poste frontière quelques kilomètres plus loin, cette fois pour tamponner notre arrivée en Argentine.

Deuxième étape donc, nous sommes en Argentine !!!

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Nous voilà arrivés pour une durée plus ou moins indéterminée à Puerto Iguazu, les quelques bases d'espagnol apprises les dernières semaines avant notre départ nous seront enfin utiles. Il y fait chaud et très humide et le beau temps est de la partie. Nous avons trouvé une super petite auberge de jeunesse dans le centre ville, avec piscine s'il vous plait! (L'eau était si trouble que nous n'avons finalement pas osé nous y baigner) Le confort y est très rudimentaire mais ce sera parfait pour rattraper la nuit en bus et découvrir les chutes dès demain. Nous consacrons l'après-midi à nous renseigner sur les différentes possibilités pour les visites et sur le trajet que nous allons devoir effectuer pour nous rendre à Montevideo en début de semaine.

Le côté argentin des chutes est le plus important, un immense parc verdoyant où la nature est reine. Afin de profiter au maximum de notre séjour, nous avons choisi l'option "Adventure"... Après quelques minutes de bus depuis le centre ville, nous arrivons à l'entrée du parc. Des rangers nous accueillent pour nous faire embarquer dans de gros 4x4 pickup qui nous font traverser la jungle pendant une vingtaine de minutes. Notre guide nous explique que de nombreuses espèces vivent dans ce parc et que les frais d'entrée permettent de subventionner à la fois les 68 000 hectares d'Iguazu, mais aussi les cinquante autres parcs naturels argentins. Nous avons alors presque l'impression d'avoir fait une bonne action! Dans cette immense forêt subtropicale vivent de nombreux rongeurs, mammifères (coatis, singes!), oiseaux, papillons (des dizaines d'espèces différentes!!) et même des jaguars et une vingtaine de pumas... que nous n'avons malheureusement/heureusement pas croisés. Le chemin de terre que nous empruntions se termine quelques mètres au dessus de la rivière. Après une dizaine de marches, nous trouvons un gros zodiac et un capitaine très enjoué à l'idée de nous faire prendre une douche... Équipés de gilets de sauvetage, nous protégeons nos sac à dos dans des poches hermétiques sans trop savoir à quoi nous attendre. Nous commençons alors à remonter la rivière jusqu'à apercevoir les premières cascades, c'est impressionnant de nous trouver sur une ligne de frontière naturelle entre le Brésil et l'Argentine. Le spectacle est déjà à couper le souffle. Et tout à coup, des chutes... de tous côtés. Nous ne savons pas où photographier tellement c'est grandiose! Notre téméraire capitaine s'aventure sous l'une d'elle, pas trop puissante heureusement, mais suffisamment pour que nous soyons tous trempés. Émoussés par la douche qu'ils viennent de prendre, les autres passagers du bateau réclament plus d'eau. Le capitaine ne se fait pas prier et nous emmène directement sous la plus grosse des chutes!! La pression qui nous tombe dessus est assommante, le vacarme assourdissant. Quelques secondes plus tard notre super capitaine nous extirpe de là et nous reconduit sur la terre ferme. Nous apprécions la chaleur et le soleil qui nous sèchent rapidement. Il est temps de continuer notre découverte des chutes par la partie terrestre. Les chemins sont bien aménagés et chaque point de vue sur ces immenses cascades nous cloue sur place. [Attention: Pour tous les gens qui, comme moi, ont un sérieux problème avec le fait de marcher sur des grilles d'aération, il va falloir prendre sur vous tout au long de la journée. Nous ne marchons que sur des grilles en acier, parfois au dessus de plusieurs mètres de vide... Je crois que j'en suis aujourd'hui désensibilisée.] Il faut vraiment compter toute une journée pour visiter ce parc et profiter de chaque instant.

Chutes d'Iguazu côté argentin 

Quelque peu épuisée par l'angine qui me suit depuis deux jours, nous rentrons en début de soirée à notre hôtel... Et je crois que nous avons eu le nez fin de rentrer un peu plus tôt que prévu! Le ciel s'assombrit d'un coup, le vent se lève et sans prévenir, une espèce de tempête se déferle sur Puerto Iguazu... Pendant que je prends ma douche! Coupure de courant générale sur la ville, tout s'envole autour de notre petite chambre d'hôtel... Jusqu'à ce qu'une citerne d'eau (vide heureusement!!) vienne s'échouer au milieu de la cour de l'hôtel. Es el fin del mondo acqui!!

La nuit passe et l'électricité ne revient pas à Puerto Iguazu. Nous prenons un bus pour aller du côté brésilien des chutes. Après un nouveau tampon sur notre passeport pour sortir d'Argentine, encore un autre pour entrer au Brésil, et quelques kilomètres de bus, nous arrivons au parc brésilien. Beaucoup plus petit que le côté Argentin, nous découvrons un autre aspect de cette merveille de la nature. Plus grandiose peut-être, ou juste différent, ce moment est lui aussi à couper le souffle. Nous en prenons à nouveau plein les yeux.

Iguazu au Brésil

Nous profitons un maximum de la nature avant de reprendre le bus pour Puerto Iguazu. Nouveau passage en douane brésilienne (tampon), puis en douane argentine (tampon) pour enfin regagner une ville "morte", car toujours privée de l'électricité. Nous apprenons que la tempête a été bien pire au sud de la région...

Ce sont à présent près de 1500km de bus qui nous attendent, une première étape de Puerto Iguazu à Concordia. Une ville frontalière qui est séparée de Salto en Uruguay par une rivière. La nuit est sans surprise... Glaciale (merci la clim) et inconfortable (merci les fauteuils). Nous patientons à la gare routière jusqu'à 11h15, qu'un autre bus nous conduise à Salto de l'autre côté de la rivière (nouveau coup de tampon pour sortir d'Argentine et pour entrer en Uruguay. Nos passeports ont encore quelques pages de libres...). Ensuite nous changeons de bus pour un dernier trajet de 7h jusqu'à Montevideo. C'est les fesses toutes ankylosées et complètement déboussolés que nous arrivons à Montevideo sur les coups de 19h. La gare routière étant relativement excentrée, nous décidons de prendre un Uber pour rejoindre l'hôtel. Malgré quelques difficultés à trouver du wifi pour le commander, c'est à moindre frais que nous pouvons enfin poser nos sacs et prendre une douche plus de 26 heures après notre départ d'Iguazu!

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Le drapeau uruguayen sur le palais présidentiel 

Nous voici donc à notre dernière étape de sans-abris. Le bateau doit arriver dans trois jours et nous avons rendez-vous avec Wave pour gérer quelques démarches administratives. Je suis pour ma part super enjouée à l’idée d’enfin rencontrer Rachida, qui nous a tant aidés (et qui a également souvent été messagère de mauvaises nouvelles) depuis le début de nos préparatifs. Et… une fois n’est pas coutume… c’est une mauvaise nouvelle qu’elle nous apporte ! Le bateau arrive bien vendredi au port mais tard dans la journée et les dockers n’auront pas le temps de sortir tous les containers. De plus, ce samedi étant une journée un peu spéciale en Uruguay (ce sont les journées du patrimoine, j’y reviendrai plus tard), personne ne travaillera au port pour le week-end. Nous n’aurons donc notre Guilhi que lundi… Plus que déçus, nous sommes également assez inquiets pour notre budget qui se voit imputer trois nuits d’auberge de jeunesse supplémentaires. Après de rudes négociations et bons nombres de regards dépités, Rachida accepte que Wave nous rembourse ces nuits supplémentaires. Encore heureux ! Première étape administrative donc, au service d’immigrations de la ville. Nous ne comprenons pas bien ce qu’il se passe mais après m’avoir fait signer deux ou trois documents et payer quelques pesos à la gentille dame, notre contact de chez Wave nous laisse repartir bredouilles et nous donne rendez-vous dans 6 jours…

Nous attendons notre Guilhi patiemment... 

Que diable allons-nous bien pouvoir faire dans cette petite ville de Montevideo pendant si longtemps !?!? Finalement nous avons bien trouvé de quoi nous occuper : balades sur la Rambla le long de la mer, découvertes des mets locaux, échanges culturels avec les autres jeunes de l’auberge de jeunesse... La semaine est passée super vite. Nous avons eu l’occasion de découvrir l’histoire de l’Uruguay et la mentalité des habitants grâce à une visite gratuite de la ville. Notre guide était un vrai Uruguayen, ce qui ne signifie absolument rien selon lui car tous les Uruguayens seraient des immigrés. Il nous a fait découvrir à travers son humour tous les clichés de ce pays qu’il chéri. Leur passion pour le maté et le plaisir de partager cette boisson avec leurs proches ; leur amour du football (deux fois champions du monde pour un pays qui ne compte que 3 millions d’habitants !) ; leurs gouts culinaires pour les barbecues (Parilla !), le Dulce de Leche (nouvel amour de Guilhem) et les empanadas. Bref nous avons passé une matinée extra qui nous permet aujourd’hui de nous sentir un peu moins touristes. C’est également grâce à l’auberge de jeunesse que nous avons commencé à nous sentir plus « locaux » que simples touristes. Nous commençons à ébaucher des phrases cohérentes et surtout nous comprenons beaucoup mieux l’espagnol.

Bien sur, nous avons trouvé un plan grimpe! 😀 Une salle encore en construction dans une usine désaffectée, au top! 

La semaine s’écoule tranquillement jusqu’à ce qu’arrive le fameux samedi des journées du patrimoine. On ne rigole pas avec le patrimoine en Uruguay ! Dans le centre historique bon nombre de rues sont fermées car devant chaque musée ou vieille bâtisse s’installe un food truck. Mais attention, ce n’est pas du tout le food truck qu’on peut voir en France. Il s’agit bien d’une camionnette qui propose bières et hamburgers, mais à l’arrière est accrochée une grosse remorque sur laquelle flambent d’énormes buches pour un barbecue géant au beau milieu de la rue. Nous en avions un en bas de l’auberge de jeunesse… L’odeur du feu de bois est restée omniprésente dans toute la ville pendant des jours… Tous les édifices sont ouverts pour l’occasion, des musées à la banque nationale en passant par le parlement/sénat et la tour de la communication. Outre les journées du patrimoine il semblerait que les uruguayens aient une vraie passion pour la culture et les traditions. Il ne s’est pas passé une journée à Montevideo sans que nous ne tombions au hasard d’une rue sur une cérémonie militaire, une démonstration de danses locales ou encore des défilés d’écoles ou de majorettes. Il y a de la vie partout, à toutes heures… Jusqu’à 18h, où tout s’arrête ! Les boutiques ferment, les restaurants aussi pour la plupart, seuls les «épiceries de quartiers» sont ouvertes jusque tard dans la soirée. Je fais un petit aparté sur ces épiceries qui sont tellement mieux achalandées qu’en France ! On y trouve de tout, les produits sont frais et livrés chaque jour, il y a un réchaud de pain et parfois même un vrai boucher, ils proposent des produits maison (confitures, dulce de leche…) et pour des prix vraiment abordables. Après dix jours sans se faire à manger, nous avons repris gout à cuisiner. D’autant plus que la cuisine de l’hôtel était la pièce de vie commune, c’était le meilleur endroit pour partager une bière ou un verre de vin uruguayen.

Montevideo en quelques photos 

Arrive enfin la journée fatidique (j’espère que vous avez du temps devant vous pour lire ce qui suit…). Lundi matin 10h30, rendez-vous chez Wave pour une journée marathon. Rachida nous a prévenu, cela nous prendra approximativement 4h pour tout gérer et enfin pouvoir partir avec Guilhi. Nous n’en sommes plus à 4h près cela va sans dire ! Sauf que quand nous arrivons dans leurs locaux, elle nous explique toute penaude que la file d’attente pour les camions à l’entrée du port est immense du fait que personne n’ait pu décharger ce week-end. Le camion qui doit récupérer notre container pour le livrer au dépôt se trouve à environ 1km de l’entrée… Rendez-vous donc dans une heure, le camion devrait avoir récupérer notre Guilhi et le temps que nous fassions les démarches il aura le temps de le décharger au dépôt. 11h30, bon ce n’est toujours pas pour maintenant… Le chauffeur du camion ne répond plus aux appels incessants de Rachida, elle ne sait donc pas où il en est. Chouette !

C’est l’occasion de faire connaissance avec nos co-containeristes dans la salle d’attente de Wave. Un couple de roumains qui s’apprêtent à faire un trip relativement similaire au notre, mais hors sentiers battus grâce à leur énorme 4x4. Nous discutons ainsi une bonne heure quand Rachida revient pour nous dire que le camion est dans le port mais que cela va lui prendre encore un moment, rendez-vous donné de nouveau dans une heure. Nous en profitons donc pour aller déjeuner. Retour aux bureaux, c’est bon le camion est parti avec le container !! Il se dirige vers le dépôt, nous pouvons donc aller à la douane pour faire entrer Guilhi sur le territoire en toute légalité. Le jeu des bureaux commence, Rachida a délégué la super tâche d’escorte et traducteur à un collègue à elle que ne sait visiblement pas trop vers qui se tourner. Nous parcourons les couloirs de cette espèce de ruine avant de trouver finalement la personne qui doit simplement préparer les papiers. Selon Martin, notre nouvel ami, cela devrait prendre une heure. Enfin une pause, ça commençait à devenir trop intense !…

Petit café en terrasse du port en attendant, et c’est reparti. Cette fois nous devons apporter les papiers à une autre administration, et leur payer une sorte de taxe d’entrée (pas nous, mais Wave). Avec le document qu’ils nous donnent, nous pouvons nous rendre à un troisième bâtiment pour un papier qui nous autorise à sortir Guilhi du dépôt, papier qu’il faut aller faire valider dans un autre bureau du premier bâtiment. Vous suivez toujours ? Heureusement pour nous le port n’est pas très grand, mais c’est vraiment au pas de course que nous parcourons chaque étape et c’est fatiguant ! Donc retour dans le premier bâtiment, ils nous valident l’autorisation de sortir Guilhi (mais pas encore de rouler avec en Uruguay et en Amérique du Sud). Il est 16h35 et l’entrepôt ferme à 17h… Tendu puisque le fameux endroit où nous attend Guilhi est à l’opposé du port. Nous prenons donc deux taxi (bah oui puisque nous sommes 5) et faisons la course avec le temps. 16h53, sept minutes d’avance… Il est là !!! Notre Guilhi est sagement garé devant nous, il nous attend. Sauf qu’il n’y a personne dans les bureaux… Ce n’est pas possible, nous n’avons pas pu faire tout ça pour devoir attendre encore une nuit !!! Non finalement un gentil monsieur arrive et nous donne les clés de notre maison roulante.

Mais ce n’est pas fini ! Martin monte avec nous pour une dernière étape, direction le deuxième, troisième ou…bref l’un des bâtiments déjà visités. Cela nous prend un peu plus de temps que prévu car le gentil monsieur rempli le précieux sésame autorisant Guilhi à circuler dans le pays avec une faute dans mon numéro de passeport… Et leur logiciel n’est pas prévu pour les fautes de frappes des gentils messieurs… Il trouve finalement comment corriger son erreur et me tend le document à ne surtout JAMAIS perdre sans quoi Guilhi ne pourrait pas quitter officiellement le territoire et donc entrer dans un nouveau pays. En effet, on aura besoin de ce papier encore quelques temps. Et c’est là que notre journée se termine.

Il est fier mon homme devant son Guilhi!! 

Se termine ? Ha non ! Maintenant que nous avons Guilhi, nous allons pouvoir sortir de la ville, dormir au bord de la mer, rouler, être libres !!! C’est sans compter sur les kilomètres d’embouteillages à la sortie de la ville… Mais rien ne nous arrête, nous voulons dormir au bord de la mer. C’est à la nuit tombée que nous pouvons enfin nous arrêter dans un petit terrain de camping. Premier repas, première nuit, c’est le kiffe total ! L’océan à perte de vue, le calme de la campagne, nous retrouvons une grande sérénité à l’idée de commencer cette partie du voyage dans les conditions que nous voulions.

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Défi du mois d'octobre pour Marie - Organiser un pic-nique (ou presque 😉 ) - - - Feliz cumpleanoz Guilhem!

Nous prenons le large quelques temps afin de fuir la pollution urbaine et les touristes. Le long de la côte uruguayenne, nous nous acclimatons enfin à notre vie de nomades. La cuisine en plein air, les pipis dans la nature, le brossage de dents face à l’océan… C’est encore mieux que ce que nous espérions! Bon petit bémol, l’espace de vie doit être sans arrêt rangé pour ne pas nous retrouver dans un gros capharnaüm… Disons que c’est un rythme à prendre. 😀 Nous réalisons également petit à petit tout les petits détails auxquels mon papa et Isa ont pensé en nous aidant dans l'aménagement de Guilhi, et nous les remercions mille fois pour cela!!

Message à mon petit papa: Ta table a désormais bien plus de fonctions que prévues

L’Uruguay est un pays que nous ne connaissons pas ou très peu en Europe, il n’a pas d’importance capitale que ce soit économiquement, politiquement ou culturellement. Mais pourtant ce petit territoire mérite le détour. C’est un pays en plein développement, avec tous les avantages… et tous les inconvénients ! L’état cherche à attirer de nouveaux citoyens par des aides attractives, tels que l’accès gratuit à tous les services de santé ou encore des financements pour la construction de sa propre maison. Avec quatre vaches par habitants, le pays manque encore cruellement de main d’œuvre… Afin de faire progresser l’économie, certaines mesures ont été mises en place, par exemple: la fixation d’un prix commun de l'essence pour toutes les stations services, ou encore une suppression de la TVA dans de nombreux magasins et dans les restaurants lorsque l’on paie par carte bancaire. Outre ces aspects plutôt attractifs, tout n’est pas au niveau des autres pays développés du continent sud américain. Les autoroutes sont plus que surprenantes. On pourrait, à la limite, les comparer à nos routes nationales… et encore ce serait plutôt de la départementale avec par endroits d’énormes nids de poules. Sur la route côtière, on se retrouve même parfois sur de simples chemins de terre ! On ne se fait pas assommer par les péages ceci dit, 85 pesos par "département" traversé, soit environ 2,40€ pour 200km.

En route dans notre Guilhicorne!!! 

Le cout de la vie est relativement proche des pays occidentaux. Certains produits tels que la viande sont vraiment bons marchés, tandis que les fruits et légumes ou encore les produits de longues conservation sont aux mêmes prix qu’en Europe… pour un salaire minimum de 600€. Difficile d’imaginer cela en France sans une révolte dans les rues.

8km de marche dans les dunes pour arriver dans un village perdu au bout du monde - Cabo Polonio

Le littoral tend à se rendre populaire. Mais en dehors des deux ou trois villes touristiques, nous ne rencontrons que de tous petits villages au bout de chemins pas tout à fait carrossables. Ceci dit, nous profitons un maximum de ce côté sauvage. L’océan et les vagues à perte de vue, Guilhi installé au milieu des dunes, pour nous c’est le paradis ! Nous reprenons au bout de quelques jours la route intérieure pour traverser le pays dans l’autre sens, en direction de l’Argentine. C'est alors un tout autre univers. Des prairies à perte de vue dans lesquelles vivent tranquillement des centaines de troupeaux. Vu l'espace qu'ont les vaches ici, nous comprenons mieux la qualité de la viande ! Tous les dix/vingt kilomètres se trouve l’entrée de la « ferme » (un énorme portail en pierres) qui semble délimiter la propriété des Gauchos, les cowboys locaux.

Nous vivons notre première grosse mésaventure lors de notre dernière journée en Uruguay. Au moment de retirer au DAB, ma carte s’est tout simplement faite avaler par le distributeur. Bien sur à une heure où la banque était fermée, donc aucun moyen de la récupérer. Après quelques heures de stress et d'attente, la banque a finalement ré-ouvert. Et nous apprenons que ce qui m’est arrivé n’est pas un cas isolé. C’est un problème technique qui survient aléatoirement. Sauf que la plaisanterie ne s’arrête pas là, du fait que ma carte n’est pas uruguayenne mais française, la « procédure de sécurité » veut que le distributeur détruise ma carte !!! C’est donc en quatre morceaux que la banquière me la rend… Nous nous retrouvons un instant interdits, puis c’est la résignation. Il faut faire opposition, commander une nouvelle carte et trouver un moyen de se la faire livrer dans les prochains jours. Cette mésaventure nous aura fait perdre une bonne demie journée… Et m'aura rendue phobique des DAB ! Nous allons désormais vivre d’amour et d’eau fraiche !...

Nous sommes finalement assez tristes de quitter l’Uruguay. Que ce soit pour les habitants ou le rythme de vie, nous avons créé un réel attachement à ce pays. Mais la route continue, l’Argentine nous attend. L’avantage désormais, c’est que nous ne changerons plus de langue d’un pays à l’autre ! Nous devrons juste adapter notre petite gymnastique de calcul mental à un nouveau taux de conversion de monnaie… Si toutefois nous parvenons à avoir de l’argent…

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L'Argentine est un état fédéral et la ville de Buenos Aires est une province à elle seule

Premier passage de frontière avec Guilhi. Nous appréhendions un peu de nous faire refouler, escroquer ou même arrêter ! Mais rien de tout cela n’est arrivé rassurez-vous 😀 Nous sommes tombés sur des gens très gentils qui nous ont expliqué calmement l’ordre des démarches à suivre. Cela ne nous aura finalement pris qu’une dizaine de minutes pour que Guilhi obtienne son permis de séjour provisoire sur le sol argentin, et que nous recevions un nouveau coup de tampon sur nos passeports. Nous voilà donc à quelques heures de Buenos Aires, notre prochaine grosse étape. Nous profitons du week-end et d’un super temps pour nous poser dans une petite « cité balnéaire » au bord d’une rivière.

Pause nature avant la ville 

C’est également l’occasion de planifier un peu notre séjour en ville, nous avons décidé de laisser Guilhi dans un garage gardienné et de prendre une auberge de jeunesse. Buenos Aires est une ville immense et cela aurait été compliqué et chronophage de rester dans un camping en périphérie. Notre Guilhi déposé au bout de la rue de notre hostel, nous découvrons avec plaisir le luxe des auberges de jeunesse ici ! Salle de bain privative, grand lit douillet et activités proposées tous les jours pour les résidents, America del Sur Hostel – Fortement recommandée !

Bienvenido!!!

Nous partons donc en quête de nouvelles aventures. Après Sao Paulo et Montevideo nous craignions de vite étouffer dans cette grande ville, mais l’architecture et l’ambiance qui règnent dans les rues nous ont vite donné tors. Imaginez des immeubles parisiens impeccablement entretenus, dans des rues et avenues assez larges pour que le ciel soit toujours visible, même en marchant à l’ombre des arbres qui bordent les trottoirs. C’est un peu cliché, je l’admets, mais cela représente bien une certaine partie du centre historique.

Aux Champs Elysées... 

Buenos Aires est une ville portuaire qui a eu son heure de gloire au début du 20ièm siècle. Alors que les guerres européennes faisaient fuir les espagnols, les italiens ou encore les anglais, l’Argentine s’était tranquillement construite après sa déclaration d'indépendance au début du 19ièm. Le commerce maritime était en plein développement et des navires du monde entier se retrouvaient au port de Buenos Aires. Au détour de quelques échanges commerciaux, la culture et le style européen, plus spécifiquement français, inspirèrent les architectes de la ville. Quand la première guerre mondiale éclata, c’est avec une grande fierté que cette plateforme commerciale de l’Amérique Latine s’apprêtait à accueillir les beaux, riches et cultivés Européens. Sauf que ce ne sont pas les cerveaux et leurs « jolies têtes blondes » (pour reprendre les mots de notre guide à la Bocca) qui quittèrent le vieux continent mais la main d’œuvre non qualifiée. Sans maîtriser l’espagnol (pour les italiens), difficile de trouver un emploi dans une ville qui n’en proposait déjà plus assez pour ses habitants. C’est donc un quartier de briques et de brocs qui se construisit aux abords du port. Cette partie de la ville est, aujourd’hui encore, bien différente des grandes avenues au style parisien.

Chaque quartier a son atmosphère, son rythme de vie

La ville a su s’enrichir des cette mixité, nul n’est plus « portino » que quelqu’un buvant un café (les cafés sont à tous les coins de rue, ils représentent la culture littéraire à la française…), avant d’aller manger une pizza en partageant un maté avec ses amis et de passer la soirée à danser le tango dans une milonga. Tout se mélange parfaitement et donne à la ville la saveur délicieuse d’un immense melting-pot interculturel.

 Pot-pourrit

Nous avons tenté de découvrir les richesses de Buenos Aires par toutes les portes d’accès, des plus touristiques aux plus atypiques. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés au premier rang d’un diner spectacle de tango après qu’un chauffeur nous ait récupérés à notre hôtel. Diner plus que succulent et spectacle à couper le souffle, de vrais touristes de base ! Le truc cool dans les grandes villes, c’est les « free walking tour ». Un point de rendez-vous est donné chaque jour à heure fixe et un guide propose une visite commentée de la ville. Libre à chacun de donner un pourboire en fin de parcours. Nous en sommes devenus de vrais adeptes ! Ce qui est vraiment cool avec ces tours, c’est que les guides sont des locaux qui nous donnent toujours une approche personnelle de leur culture et de leur pays. Nous en sommes toujours ressortis enrichis. C’est ainsi que nous avons appris que les portenos sont pires que les français en matière de grèves et de manifestations (nous en avons vu tous les jours de notre séjour!!), qu’ils vouent un amour inconditionnel à leur ex première dame Eva Perron et que la police a tendance à s’autoriser quelques entraves à loi (comme des enlèvements pendant les manifestations…)

Une vie de portenos 

Après quatre jours passés dans cette mégalopole qui compte plus d’habitants que tout l’Uruguay, nous voilà donc imprégnés d’une nouvelle culture. Le Brésil, Montevideo, l’Uruguay (attention deux cultures très distinctes) et maintenant Buenos Aires… Sans vraiment nous en apercevoir, nous quittons notre douillet cocon de petits français pour devenir citoyens du monde.

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La ville, les gens, l’auberge de jeunesse c’était bien beau mais notre Guilhi a fini par nous manquer et la route pour Ushuaia était encore bien longue. Nous avons alors retrouvé notre compagnon de voyage avec un immense plaisir pour reprendre notre épopée… Petit à petit, les kilomètres s’égrainèrent sur des routes plus surprenantes les unes que les autres ! Tantôt nous roulions à 140km/h sur une "deux fois deux voies" en parfait état, tantôt c’était un chemin semé d’embuches qui ne nous permettait pas de dépasser les 70km/h… et parfois ça devenait une piste le long de la plage… c’est là que c’est devenu un peu plus compliqué ! Paysages paradisiaques, eau bleue turquoise, et vents violents qui projettent de gros amas de sable sur la route. Bien que nous ayons développé des compétences de pilotes de rallye aguerris, notre Guilhi, lui, n’est pas un 4x4. Quand la « route » se transforme en dune, il refuse tout simplement d’avancer… Je ne sais pas trop par quel miracle un tractopelle se trouvait justement là (seul et unique que nous ayons croisé sur les quelques 200km de la piste), mais il nous aura sorti d’une belle galère ! Malgré tout, nous en aurons pris plein les yeux, et vécu de belles émotions sur ce passage. La surprise a été beaucoup moins sympa le soir en nous posant, quand nous avons constaté que les joins de Guilhi ne sont pas si étanches que ça… et que notre salon/cuisine/salle à manger/chambre était ensevelie sous la poussière ! xD

Les routes de l’extrême by Guilhi

Difficile avant chaque départ d’anticiper à quelle sauce nous allions être mangés, toutes les routes dans ce pays sont appelées « Routa Provinciale ». Après quelques belles surprises ,nous commençons à mieux appréhender les mauvaises blagues de notre GPS et prenons parfois l’initiative de ne plus le suivre. Comme dit précédemment, les routes en front de mer sont assez rares ou très mal équipées. Et les plus grosses routes permettant de descendre vers le sud sont très droites et entourées de champs très grands avec pour seul et unique paysage l’horizon terrestre. Autant dire que c’est assez soporifique à la longue. Pour nous changer les idées, nous avons décidé de rentrer un peu dans les terres et de rejoindre la seule chaine de montagne de la province de Buenos Aires, le Parque Provincial Tornquist. Quelques petites collines et trois beaux sommets dans les 1400 mètres d’altitude se regroupent dans un ensemble montagneux crée lors de la formation du continent américain. C’est au cours d’un trek vers l’un des sommets que notre guide Damian nous a expliqué qu’à l’origine la Patagonie n’était pas rattachée au continent. C’est la rencontre de la plaque tectonique qui portait la partie occidentale du continent (tout ce qui se trouve à l'ouest de l’actuelle cordillère des Andes et la Patagonie) et de celle qui portait le Brésil et le nord de l’Argentine qui aura crée ces montagnes. (Notre niveau d’espagnol est quand même plutôt pas mal pour avoir réussi à comprendre tout ça !!) Cette randonnée de près de six heures aura été aussi éprouvante physiquement que mentalement. Dans un groupe de vingt personnes ne parlant qu’espagnol, nos cerveaux ont dû en permanence s’adapter et c’est vraiment une gymnastique éreintante.

Notre pause montagnarde à Sierra de la Ventana

Après la faune urbaine de Buenos Aires, ces premiers jours sur les routes argentines nous auront apportés une connaissance plus approfondie de la faune animale du pays. Un territoire bordé de milliers de kilomètres de côtes océaniques accueille bon nombre de spécimen marins. Nous avons pu en rencontrer quelques uns à l’aquarium de Mar del Plata, et mieux comprendre les différences entre les Lions et les Éléphants de mer (une variété de phoques pour les uns et d’otaries pour les autres) ainsi qu’entre les pingouins et les manchots qui vivent sur le littoral. Nous allons avoir l’occasion d’en croiser des colonies entières à de nombreuses reprises au cours de notre descente.

Rencontres animalières

Nos étapes sont de plus en plus diverses et chaque journée se démarque de la précédente par de nouvelles expériences... Plus ou moins agréables... Notre entrée sur le territoire géographique de la Patagonie fera partie des souvenirs moins sympathiques du voyage. La Patagonie n'est pas un état d'Argentine mais bien un territoire, il regroupe en fait trois états du sud du pays (chacun plus ou moins de la taille de la France). Pas de poste de frontière pour y entrer à priori. Sauf que nous nous sommes faits arrêter à une barrière de police pour un contrôle sanitaire. Et ces charmants policiers nous ont interdit de passer avec la quasi totalité des fruits et légumes qui se trouvaient dans notre frigo! En nous remettant un prospectus, les agents nous expliquent qu'aucun produit alimentaire ne peut entrer sur le territoire. Va savoir pourquoi, ils nous ont laissé le poulet et les pommes... Petite crise de nerfs pour ma part lorsque je les vois directement jeter à la poubelle toutes ces denrées alimentaires!! Dans un espagnol-anglais plus qu’incompréhensible et avec la gorge nouée j'essaie de leur faire comprendre ma colère à l'idée que des gens meurent de faim quand leur métier est de jeter de la nourriture!... Tout en sachant qu'ils n'y sont pour rien ces pauvres agents... Nous reprenons la route et nos esprits, et lisons finalement les informations du prospectus qui nous a été remis. Il s'agirait d'une fièvre transmise par les mouches dans les produits animaux et végétaux, que le gouvernement tenterait de ne pas propager en Patagonie. Lobbying ou vraie action sanitaire?! Difficile à dire...

Camping sauvage au bord d'un lac pour nous remettre de nos émotions
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Mais pourquoi ce titre me demanderez-vous ?!

Laissez-moi-vous conter une petite histoire qui remonte au milieu du 19ièm siècle. Il était une fois, un peuple celtique installé au Pays de Galle. Il y subit depuis des années l’oppression britannique. Il est privé de sa culture, de sa religion, de sa liberté d’expression. C’est une communauté qui se sent mal. Suite à la visite d’un certain Fitz Roy (nous retrouverons l’histoire de cet explorateur dans quelques mois au début de notre remontée), venu présenter le continent sud américain aux anglo-saxons, quelques éclaireurs partirent pour Buenos Aires. A l’inverse des italiens et autres peuples émigrés, nos gallois ne furent pas attirés par les opportunités, ni par les gros inconvénients, qu’offrait la ville. Un ministre de l’époque, éponyme de mon amoureux Guillermo, leur proposa de s’installer en Patagonie. Satisfaits de pouvoir prendre possession si facilement de vastes territoires (on leur offrait tout de même 500 hectares par famille), ils invitèrent leurs familles et amis à les rejoindre. C’est ainsi qu’on retrouve aujourd’hui dans ce comté de quelques centaines de kilomètres carrés des dizaines de chapelles protestantes et des lieux dits aux noms plus bretons qu’espagnols. Nous voici donc à prendre le tea-time dans une Casa de Té de Gaiman ou encore à échanger sur l’histoire agricole des environs avec le petit fils d’un Gallois et d’une Irlandaise. Outre l’héritage culturel dû à l’immigration, nous avons souvent l’impression que l’appartenance régionale a ici beaucoup plus d’importance que le pays en lui-même. Cela vient sans doute du fait que l’Argentine est une fédération d’états. Ce qui veut dire que chaque « région » a son propre gouvernement, qui vote et fait régir les lois. Ici, dans le nord de la Patagonie, nous sommes dans le Chubut. Et tout est mis en place pour nous faire comprendre que nous sommes dans le Chubut avant d’être en Argentine. Nous avons longuement discuté avec le responsable du musée de Gaiman. Et nous avons ressenti que, selon lui, l’Argentine que les touristes connaissent c’est Buenos Aires. Alors qu’en vérité le reste du peuple n’a rien à voir avec les gens de la capitale. Si cela paraissait être une mauvaise chose à l'écouter, c'est selon moi une richesse qu’un pays soit aussi hétéroclite culturellement et humainement.

En pays gallois 

Nous ne rencontrons pas que des octogones au cours de notre voyage, mais aussi quelques SDF marins venus passer l’été sur le continent. Expérience inoubliable, aventure incroyable… Nous avons nagé avec les otaries !!! Emmitouflés dans une épaisse combinaison, équipés de nos palmes et tubas, nous avons plongé dans une eau à 13°C et nous nous sommes retrouvés entourés de ces énormes mammifères marins. Comme des chiens, ils étaient tout au début assez peureux et observateurs, puis doucement ils se sont approchés de nous jusqu’à venir quémander des caresses. Ils nous mordillaient les doigts et venaient jouer avec nous, c’était dingue !! Après cela nous avons rejoint la Peninsula Valdes, c’est une presqu’ile protégée qui accueille un nombre inimaginable d’espèces animales. Des phoques et des pingouins de Magellan ont élu domicile sur presque toutes les plages. A quelques mètres au large nous avons aperçu d’énormes baleines franches australes. Il est même parfois possible de voir des orques et des dauphins. La presqu’ile est immense et toute la partie terrestre est préservée. Pas d’habitations, un unique chemin de terre qui en fait le tour, c’est le paradis pour la faune et la flore locales. Nous y avons croisé des milliers de moutons, des troupeaux de lamas, des lièvres gros comme des chiens, des autruches sauvages et d’innombrables espèces d’oiseaux et de vautours. C’était comme un safari mais en mieux, car nous avons pu y dormir dans notre Guilhi ! Bien que le camping soit normalement interdit, nous avons débarqué à 19h à l’autre bout de la péninsule chez Roberto, le garde forestier. Équipés de nos grands yeux éplorés, nous avons demandé l’asile pour la nuit. Et il nous a gentiment proposé de rester sur le parking de sa maison. C’est donc seuls au monde (ou presque) que nous avons passé la nuit dans la nature. Le vrai bonheur !

Peninsula Valdes 

De retour sur le continent, nous avons cherché à nous cultiver un peu. L’écomusée et le musée des sciences naturelles et océanographiques de Puerto Madryn auront donc peaufiné nos connaissances sur les climats, les marées, les courants… Et nous ont ouvert un peu plus les yeux sur l’importance de préserver notre planète et les océans qui la recouvrent. La région est également un terrain de jeu particulièrement intéressant pour les paléontologues. C’est ici que le continent sud américain s’est formé. C’est donc une sorte de « pont » par lequel beaucoup d’espèces de dinosaures se sont croisées lorsque les plaques sont venues se rejoindre. (Vous vous souvenez des plaques qui se rencontrent, se chevauchent et paf ça a crée la cordillère des Andes ?) Du coup on retrouve dans le sol des fossiles et d'autres trucs bien sympas, que chaque ville aime présenter dans son musée archéologique. Afin de ne pas tous les visiter, nous avons fait celui de Trelew, réputé comme le plus complet. C’était vraiment instructif… mais moins vivant que les otaries !

L'homme et la mer 
Découvertes tiranausoresques 

Après tous ces kilomètres de chemins de terres, de sable et de gros cailloux nous avons craint que notre petit Guilhi ne soit plus très en forme. Mais une visite chez le docteur des Guilhi nous a complètement rassuré! Il est en pleine forme pour tracer la route 😀

La route continue 
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Coucher de soleil sur le détroit de Magellan

Notre vie de nomades continue, nous profitons de chaque étape. Toutes sont enrichissantes et nous apportent leurs lots de surprises. Désormais nous vivons dans Guilhi un quotidien presque routinier. Chaque chose a sa place dans l’espace de vie, on se prendrait presque pour des astronautes avec notre organisation millimétrée ! Mais cela est primordial pour garder notre cocon cosy et agréable. Et nous réussissons plutôt bien cette tâche je dois dire !! Même les soirées sous la couette avec un bon film et un lait chaud au dulce de leche (A ESSAYER ABSOLUMENT !) sont des petits instants de bonheur que nous enregistrons dans notre mémoire « voyage ».

Nos étapes 

Après une escale de quelques jours en terres dinausoresques (bosquets pétrifiés, parc paléontologique…) nous avons rejoint la côte pour un autre village au bout du monde. Après une centaine de kilomètres de pampa se trouve Puerto Deseado, port de pécheurs qui occupe l’embouchure de l’estuaire du Rio Deseado. Une grande randonnée dans les canions qui bordent le fleuve, une petite séance de sport et comme toujours de belles rencontres plus tard, nous reprenons notre chemin pour le sud. Muchas Gracias a Roxana de Darwin Expeditions para su magnifica bienvenida y hasta luego para la excursion a la Isla Pinguina! Nous avons finalement pu voir nos fameux pingouins dans leur habitat naturel à San Julian. Au cours de cette même excursion notre bateau a joué pendant près de vingt minutes avec des Tonino Overa, le plus petit dauphin du monde. Encore un moment incroyable ! Chaque étape nous rapproche un peu plus de notre but, les routes d’Argentines nous semblent de plus en plus longues et de plus en plus droites… Même si nous nous arrêtons à chaque fois dans de superbes endroits, comme cette colline Güer Aike d’où nous avons une vue imprenable sur l’embouchure du Rio Gallegos, il devient difficilement plaisant d’enchaîner 300 kilomètres de route bordée d’un paysage strictement identique sans croiser le moindre signe d’habitation.

Cap Vierge, embouchure du détroit de Magellan... Le bout du continent! 

Rio Gallegos, dernière ville Argentine (sur le continent Sud Américain). Nous nous offrons une petite étape nature. 130 kilomètres de chemin de terre pour rejoindre le cap le plus au sud du continent et ainsi pouvoir admirer l’embouchure du détroit de Magellan. En s’endormant seuls au bout du territoire ce soir là, nous avions vraiment le sentiment d’être privilégiés. La nature était d’ailleurs de notre côté car nous avons eu droit à un coucher de soleil incroyable. Au petit matin nous avons eu l’honneur de faire connaissance avec tous les animaux du coin, lapins, renards gris, guanacos (lamas sauvages) et bien sur des milliers de moutons. Notre prochaine étape de route sera le passage de la frontière argentine/chili… Une épreuve pour notre moral et notre patience ! Finalement, après trois heures et six guichets nous sommes entrés sur le territoire chilien. Non sans avoir au préalable du faire un déjeuner gargantuesque pour ne jeter aucun des œufs, fruits et légumes que ces chers policiers refusaient de laisser entrer dans leur pays (racistes !). Ne le dites à personne, mais nous avions caché des clémentines dans mes chaussettes et une butternut dans la corde d’escalade. Plus que quelques kilomètres avant de prendre le ferry pour enfin atteindre l’ile de Terre de Feu ! Ferry qui ne se paie qu’en cash… Chose super pratique quand nous ne sommes dans le pays que depuis une demi-heure et que nous n’avons pas croisé le moindre distributeur. Il faut noter que la compagnie de bateau a repéré là un bon filon et a créé un taux de conversion peso argentin/peso chilien qui lui est propre. Du coup au lieu de 9500$ chiliens (13€) nous avons eu le plaisir de débourser 500$ argentins (25€)… Une foi la pilule avalée, nous avons réussi à profiter des vingt minutes de traversé du détroit de Magellan !! Terre de feu, nous voilà !

Guilhi reprend la bateau! 

Cette journée aura été éprouvante pour nos nerfs et nous décidons de nous arrêter dans le seul village qui se trouve en chemin entre ce petit bout de Chili et la frontière argentine de la Terre de Feu. C’est un village construit uniquement pour les employés d’une compagnie pétrolière qui exploite le secteur. Nous nous installons sur le parking du gymnase et profitons de leurs douches chaudes et des installations pour une petite séance de sport. Après une nuit salvatrice c’est le moment de passer à nouveau la frontière. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer… On défait ce qu’on a fait hier et on recommence, nouveau permis de séjour pour Guilhi, nouveau coup de tampon sur nos passeports. Cette fois le passage est beaucoup plus rapide et nous reprenons vite la route pour Rio Grande, deuxième ville de la province de Terre de Feu. Ce ne sera qu’une étape pour la nuit car la ville ne présente pas de grand intérêt, et l’appel d’Ushuaia est trop fort !!! Les deux cent kilomètres qui nous séparent de notre destination sont absolument incroyables. Nous commençons à travers la pampa en bordure du littoral, pas un arbre à l’horizon, juste des bosquets. Plus nous allons vers le sud de l’ile plus la végétation est verdoyante. Et tout à coup, nous nous retrouvons entourés de forêts dignes de films d’horreurs. Les arbres sont très secs, les branches ne sont pas feuillues mais recouvertes d’une espèce de mousse/toile d’araignée très dense. C’est un paysage carrément flippant ! La route commence à emprunter des collines de plus en plus hautes, et d’un coup se trouvent face à nous des sommets enneigés. C’est incroyable ! Nous serpentons une vingtaine de minutes dans la montagne. Quand enfin, nous nous trouvons face à une ville coincée entre les monts recouverts de neige et le canal Beagle. Nous y sommes, nous avons atteint notre cap austral ! C’est Ushuaia devant nous.

Nos premiers pas en Terre de Feu 
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Tous les guides, gens, blogs que nous avons pu lire ou rencontrer nous avaient mis en garde... "Ne vous attendez pas à la petite ville pittoresque de pêcheurs du bout du monde ou vous allez être déçus!" Soit, nous ne nous sommes attendus à rien, et nous n'avons certainement pas été déçus!! La ville borde le canal Beagle, une brèche dans l'océan qui conduit d'un côté à l'océan Atlantique et (bien plus au sud) au cap Horn, et au Pacifique de l'autre côté. Le canal ne fait à Ushuaïa que quelques kilomètres de large, l'autre rive nous semble si proche avec ses monts enneigés... Et, oh mais que vois-je? Des maisons? Un port? Nous tromperait-on sur la réelle localisation de la ville la plus australe du monde?! L'ile qui fait face à la Terre de Feu est Chilienne, elle abrite Puerto Williams. Un port donc, et non pas une ville. D'un point de vue administratif seulement (lobbying?!), car sur l'ile vivent quand même quelques milliers de personnes. Donc pour revenir à Ushuaïa, nous sommes bien au bout du monde, mais pas tout à fait. En arrière plan, la ville est coincée par les montagnes. C'est ce confinement qui crée le sentiment d'être "au bout" de tout. A l'ouest, il y a le Parque del Tierra del Fuego. Des montagnes, des fjiords, des lacs, la fin de la route nationale 3. A l'est, il y a la pointe de l'ile qui débouche sur l'océan Atlantique. Les vents et courants qui se rencontrent ici créent un climat imprévisible, pas de saison à Ushuaïa. Il peut faire 20°c en plein hiver et, comme nous l'avons vécu, des températures négatives et des tempêtes de neige au printemps. Du jour pour le lendemain, il n'y a aucun moyen de savoir le temps qu'il fera. C'est ainsi que nous avons pu monter au glacier Martial sous le soleil (alors que la météo prédisait de la pluie), mais que nous avons du annuler nos plans de rando vers les sommets du parc national (beaucoup, beaucoup trop de neige!).

Une ville comme aucune autre ailleurs 

Faute de pouvoir profiter pleinement des grands espaces, nous nous sommes rabattus sur une activité d'intérieur... Le train del fin del mundo! Sur le papier ça sonne un peu promène cuculs (Maman et Lolotte reconnaîtrons la "petite" touche d'ironie). Mais en réalité, avec la neige qui tombait à gros flocons, la nature juste sous nos yeux et des musiques de Noël dans les écouteurs de notre téléphone... C'était magique! 😀

 Quand la neige est de la partie

Nous avons quand même passé un moment au parc national. La visibilité étant plus que limitée, nous n'avons pas pu profiter de la vue depuis les sommets, mais nous avons fait une belle randonnée le longs des fjiords et dans la forêt. Le chocolat chaud à l'arrivée aura été une grosse motivation tout au long du chemin pour mon Eyraud Roi du Disco!

Parque National de Tierra del Fuego 

Doucement mais surement, le froid aura eu raison de notre motivation... Nous avons profité une dernière journée de l'est de l'ile, beaucoup plus "dans son jus". Au travers d'un repas de poissons fraichement péchés dans le canal Beagle et de paysages beaucoup plus désertiques (rien ne résiste aux terribles vents qui s'engouffrent depuis l'océan). Nous avons ensuite repris la route vers le nord de l'ile pour rejoindre le détroit de Magellan. Cette fois, nous prendrons le bateau depuis Porvenire pour atteindre directement la ville de Punta Arenas. Porvenir étant au Chili, nouveau passage de frontière, nouveaux guichets, nouveaux tampons, nouveau repas de fruits et légumes (plus quelques uns cachés dans les placards)... Bref, on est rodés maintenant! Guilhi s'est fait de nouveaux amis allemands, très rassurants mais pas très chaleureux!! C'est le moment de retourner sur le continent. Nous resterons au Chili quelques temps avant de repasser la frontière Argentine plus au nord. Il nous tarde de découvrir les spécificités de ce nouveau pays!!

Après la neige, il est temps de reprendre la route et la mer

PS: 24/11/2017 C+C+N <3

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Si peu... 

Nous revoilà !! Avouez-le, vous croyiez que nous étions emprisonnés quelque part au fin fond du Chili pour trafic de butternut ou que nous nous trouvions dans l'estomac d'un puma! Mais que nenni ! Nous avons « juste » traversé les glaciers du sud de la Patagonie. Et ce n’était pas de tout repos… Quelques belles ampoules aux pieds et de nouvelles (més)aventures à vous compter ! Aux dernières nouvelles nous venions de traverser le détroit de Magellan pour regagner la terre ferme. Nous avons donc débarqué notre petit Guilhi à Punta Arenas, une ville de backpackers, plaque tournante des aventuriers au Chili. Au sud de la ville, c’est la Terre de Feu, au nord, les sommets andins et les glaciers. Les conditions climatiques des derniers jours à Ushuaia auront eu raison de nos grands principes de baroudeurs... Besoin irrépressible d’un peu de confort, d’une longue douche chaude et de pouvoir se glisser dans un lit douillet directement en en sortant (sans avoir à passer par la case « froid polaire » entre des sanitaires et le camion). Nous nous sommes donc offerts une nuit de "grand luxe" dans un hôtel tenu par un couple chilo-allemand. Un endroit chaleureux où nous avons pu récupérer, et parler allemand avec les clients, tous d’origine allemande ou autrichienne. Punta Arenas n’a pas de grand intérêt en soi, mais c’était un premier contact avec le Chili pour nous. Et rien de tel pour découvrir un pays que d’aller faire les courses au supermarché ! Premier point positif, les normes chiliennes sur la nutrition sont beaucoup plus proches de celles que nous avons en France. Mon nutritionniste personnel se réjouit d’enfin pouvoir connaitre la composition exacte de tout ce que nous mangeons ! En plus, ils ont du fromage blanc NATURE 0% ici !!!! Deux mois que nous désespérons en Argentine de ne trouver que des yaourts saveur fraise ou vanille… Cerise sur le pompon, ils ont un Dulce de Leche « pour les sportifs » ;) Plus de protéines, de fibres, moins de sucre et de matières grasses. C’est le paradis ce pays ! Bon… soyons tout à fait honnêtes, cela fait belle lurette que nous avons renoncé à un régime d’athlètes, nous mangeons absolument chaque chose que nous croisons sur notre chemin et que nous ne connaissons pas… Ils sont loin les abdos xD

Premiers pas au Chili 

Une fois les courses faites, nous reprenons la route pour Puerto Natales. Une toute petite ville faite de maisons en tôle, de magasins de camping et de matériel de trekking. La ville se trouve aux portes des glaciers et des monts enneigés. Nous tentons une sortie escalade mais le vent ultra violent nous en empêche. Ce sera donc caves préhistoriques avec les Milodons avant de nous rendre au parc national de Torres del Paine. Les avis divergent sur ce parc, tantôt un attrape-touristes mal organisé, d’autres fois le meilleur spot de trekking du Chili… Nous aurons le plaisir de tester les deux expériences. Les centaines de marcheurs qui se rendent dans le parc partent presque tous pour une rando de 4/5 jours sur le trek dit « W ». Seulement pour faire ce trek, il est obligatoire de réserver ses nuits en refuge ou en camping au préalable (sinon ils ne te laissent même pas entrer). Certains campings sur le chemin sont gratuits, mais complets plus de trois mois en avance… Les autres, payants donc, sont pris d’assaut deux semaines en avance. Ne reste plus, en solution de dernière minute, que les refuges qui eux sont hors de prix. De plus, le trek se fini en un point accessible uniquement par bateau et il faut ensuite rejoindre le point de départ par bus, tous deux étant payants, bien entendu ! Le calcul est vite fait, si nous décidons de faire le W, nous débourserons facilement 600€… A bien y réfléchir, cette rando ne nous inspire pas tant que ça. Nous décidons de faire les deux branches extérieures du W. L’une est accessible directement du parking d’où Guilhi pourra lui aussi admirer les fameuses Torres del Paine. L’autre est accessible en bateau, elle permet d’aller admirer de près le Glacier Grey. Cela représente déjà un petit budget entre l’entrée du parc national et le bateau… (29€ + 40€ chacun de bateau) L’ascension pour les Torres vaut vraiment le coup, les paysages sont incroyables et le sentiment d’être de minuscules petites choses aux pieds des Torres est grisant. Après 7 heures de marche, nous sommes finalement plutôt satisfaits de profiter du confort de notre Guilhi et d’un repas chaud plutôt qu’une nuit sous la tente ou dans un dortoir de refuge. C’était sans compter sur l'oignon entamé pas bien frais que nous stockions dans notre frigo (pas bien frais lui non plus puisque pas d’électricité en camping sauvage) et qui aura tourmenté ma nuit… (Je déconseille l'indigestion en camping sauvage, c'est vraiment pas pratique!) Nous reportons donc au surlendemain la seconde randonnée, au profit d’une journée de repos et de récupération. Un peu plus en forme donc, nous nous pointons à 9h tapantes au quai d’embarquement pour le "catamaran" qui traverse le lac et devrait nous conduire au point de départ de la randonnée. Nous testons alors une nouvelle fois la mauvaise gestion du parc… Le vent soufflant trop fort (sans déconner ! il y a du vent 359 jours par an ici et ils ne s'en aperçoivent qu'aujourd'hui?), ils ont décidé de ne pas sortir le « gros » catamaran mais de ne prendre que le zodiac 18 places pour « tester la traversé ». Grosso modo, si jamais le zodiac revient avec les mêmes passagers qu’il avait en partant, c’est qu'il n'a pas pu traverser, donc c'est mort. Si le zodiac revient avec de nouvelles personnes, c’est qu’il a pu traverser et revenir, se présentent alors plusieurs options = 1) Ils décident de ne pas ressortir car c'était trop dangereux, 2) Ils décident de prendre le gros catamaran pour la suite de la journée, 3) Ils continuent avec le zodiac… Sans assurance dans les deux derniers cas qu’en fin de journée un bateau pourra nous faire traverser à nouveau ! Vous me suivez toujours ? Parce que bon, nous ça nous a occupés un moment d’assimiler tout ça… Et de prendre la décision de lâcher l’affaire au bout de deux zodiacs et d’une heure et demie d’attente. Ce sera donc plusieurs petites randos à partir de là où nous nous trouvons et ensuite Ciao les Torres ! Je râle, je râle... c’est normal, c’est ma « french touch »… Mais en vrai tout est absolument magnifique dans ce parc ! Les lacs de glaciers aux eaux laiteuses d’un bleu indescriptible, les pics rocheux aux reflets orangés, les monts enneigés, les guanacos… Nous en avons pris pleins les yeux à chaque seconde !

Parque National del Torres del Paine

L’autre partie de la chaine des glaciers de la Patagonie se trouve côté Argentin. A partir d’El Calafate, nous pouvons rejoindre le Parque National de Los Glacieres d’où il est possible de s’approcher tout près du Perito Moreno et d’autres glaciers. El Calafate est une ville toute mignonne. Exclusivement faite pour les touristes, elle a toutefois beaucoup de charme avec son avenue commerçante arborée et ses maisons en bois. La visite du Glaciarium nous permet de mieux comprendre tout l'univers des glaciers. Ce sera aussi une piqure de rappel sur le réchauffement climatique, l’impact de l’Homme et du monde moderne et les dangers que nous faisons courir à nos futurs enfants… C’est assez ironique d'avoir un musée aussi alarmiste dans un pays qui ne se préoccupe pas le moins du monde des problèmes écologiques que nous connaissons tous… Nous profitons encore un peu du calme de la ville pour enfin faire notre première sortie escalade et gouter à un hamburger de GUANACO !!! Miammmm !

Les glaciers millénaires... Et nous... toutes petites choses.... 

Le glacier Perito Moreno de près c’était magique, les glaciers Upsala et Spegazzini de très près depuis le bateau c’était incroyable, mais alors de marcher sur le glacier Cagliero… c’était surréaliste ! Un peu après El Calafate se trouve le village El Chalten. Construit à la va-vite pour accueillir les montagnards avides d’aventure, c’est un "camp de base" paisible entouré de montagnes et surplombé par le fameux Cerro Fitz Roy. Paradis des randonneurs, c’est également une « salle » d’escalade à ciel ouvert. Toutes les falaises entourant la ville sont équipées ! C’est d’El Chalten que nous sommes partis pour une randonnée d’une heure et demie, suivie d’une Via Ferrata d’une heure… pour enfin fouler le sol d’un glacier ! Deux heures à ressentir sous nos pieds les 70m de glaces accumulés depuis de milliers d’années, à rencontrer des crevasses si profondes que nous n’en voyions pas le fond, à gouter l’eau pure mais déminéralisée de ce géant de glace… Une expérience inoubliable c’est certain. C'est plein les yeux, et aussi plein les pattes, que nous faisons le chemin retour pour le village. Nous profitons de ce petit coin perdu dans les glaciers quelques jours encore, bière artisanale, escalade, spa... (il faut bien trouver des solutions pour se laver !)… Et quittons la parc national argentin avec en ligne de mire le Chili.

Sur un glacier!
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Take a deap breath

Difficile de savoir si c’est un enchainement de mauvaises décisions, l’alignement des planètes ou notre karma qui aura provoqué cette période compliquée… Mais nous sommes contents d’en sortir ! Nous nous étions quittés à la sortie des glaciers argentins, des montagnes rocheuses pleins les mirettes et des courbatures aux gambettes. Il ne nous aura pas fallu plus de 400km de route 40 dans la pampa (paysage désertique à perte de vue), une bouteille de gaz vide et un jour férié imprévu pour commencer à nous saper le moral...

[Petit aparté sur une histoire de gaz : Notre Guilhi est équipé d’une kitchenette à gaz avec double feu, c’est merveilleux ! Mais afin d’éviter les mauvaises odeurs dans notre unique pièce de vie, nous avions fait l’investissement avant de partir d’un outil fort pratique qui se visse sur les petites bouteilles de gaz de camping et qui permet de cuisiner n’importe où. Sur le papier ça sonne top ! En pratique, il s’est cassé alors qu’on n'était encore qu'en Uruguay… Nous laissant sur les bras trois bouteilles de campingaz, marque inexistante sur ce continent et avec un système à vis spécifique… La bonne surprise étant que les seuls brûleurs de camping vendus par ici ne s’adaptent pas sur ce système. Que faire de ces bouteilles ?! Notre stratégie était de réussir à les échanger contre des bouteilles de gaz fonctionnant avec les petites cuisines portatives de camping. Solution plus rentable et pratique pour la suite du voyage. Après moult refus dans tous les magasins de matériels de camping que nous avons croisés (je dis bien TOUS !), nous avons finalement réussi cet échange à El Chalten (non sans une sérieuse prise de tête avec une commerçante mal aimable et mal honnête qui aurait souhaité qu’on lui baise les pieds pour son geste de grande générosité…). Bref, nous revoilà donc partis avec trois bouteilles mais pour le moment SANS la cuisinette de camping. A ce stade de l'histoire, la « grosse » bouteille de gaz du camion n’étant pas vide, ce n’est pas un sérieux problème.]

Revenons en à nos moutons, nous sommes épuisés par la route, nous nous trouvons dans un village lugubre, il fait froid, il y a du vent et nous n’avons pas de quoi manger correctement. Belle ambiance ! La nuit nous requinque un peu et nous décidons de passer au Chili pour emprunter la Caratera Austral, mythique route du sud qui coupe à travers les montagnes, plutôt que de rester sur la route 40 qui passe au milieu de… bah de rien, c’est la pampa ! Pour mieux visualiser où nous sommes à ce moment là, je vous suggère d’ouvrir un nouvel onglet de votre navigateur et de rechercher "Chile Chico" sur GoogleMaps. Nous croyons alors notre salut venu ! Premièrement, il existe un bateau qui traverse le lac et qui part le lendemain en début d’après-midi. Deuxièmement, nous trouvons, à moindres frais, la fameuse cuisinette de camping !! Fini les sandwichs et retour des plats chauds. [Il faut ici reprendre notre aparté pour une petite notification : La bouteille de gaz de 4kg que nous avons dans le camion n’est pas rechargeable si facilement… Il nous faudra quelques échecs avant de trouver une solution !]

La billetterie pour le ferry n’ouvre que deux heures avant l’embarquement, nous sommes sur le qui-vive, quasi en tête de file à l’ouverture des portes. Quand notre tour arrive, la petite dame nous sourit et nous dit gentiment : «Ha mais c’est complet pour aujourd’hui, si vous voulez je peux vous mettre sur la liste d’attente mais vous serez les sixièmes?». Bon bah… OK ! Finalement, après un café et une part de gâteau (Nota Bene: Il faut toujours accompagner le café d’une part de gâteau ici afin de ne pas passer par mégarde à côté d’une saveur de dingue !), nous décidons de faire le tour du lac en Guilhi. Les 300 km ne devraient pas nous prendre beaucoup plus de temps que la navigation, et de toute façon rien ne nous garanti de pouvoir prendre le ferry. Trois cent mètres après la sortie de Chile Chico… Ripio (une sorte de graviers/goudron-explosé/sable)…Trois kilomètres plus loin… Toujours du ripio, plus des virages serrés en bordure de falaise… Trente kilomètres plus loin : « On fait demi-tour ?»… Non, finalement les paysages sont incroyables et nous avons le temps. Ce sera donc sept heures et une nuit de secousses, de poussière, et de nature ! Pour arriver dans une petite ville Chilienne fort charmante mais qui ne donne accès à aucune route goudronnée. Après analyse de nos différentes options, nous décidons, à contrecœur, de retourner sur la route 40, donc de repasser en Argentine (on adore les douanes, n’oubliez pas !). Si cela vous dit, retournez voir sur l’onglet de Gmaps et recherchez "Coyhaique", dézoomez et tracez une ligne bien droite jusqu’à la route 40 à l’est. Voilà voilà… On n’a presque pas fait de détour…

Les routes de l'impossible... la suite

Notre petit Guilhi, lui, il n’a pas trop kiffé le ripio… Première mauvaise surprise : L’ouverture du coffre a cassé à l’intérieur, impossible de l’ouvrir de quelque manière que ce soit… Encore heureux que ce soit bloqué fermé et non ouvert ! Deuxième mauvaise surprise : nous constatons une fuite au niveau de l’amortisseur arrière gauche. Pour la petite histoire, au début nous croyions à un marquage de territoire d’un puma face auquel je me suis retrouvée au cours d’un pipi nocturne. Mais il n’en est rien, le puma en question a certainement eu aussi peur que moi lorsque j’ai hurlé au beau milieu de la forêt… Et Guilhi a bien une fuite… Il n’y a d’ailleurs pas que les amortisseurs de Guilhi qui trinquent sur cette route. Après plusieurs mois de douleurs lombaires passagères, il aura fallu attendre d’être au fin fond de l’Argentine pour que je me retrouve complètement coincée du dos. Petit passage par la case Urgences d’un hôpital de campagne. Accueillie, radiographiée, diagnostiquée et piquée en moins d’une heure, on nous laisse repartir sans débourser le moindre peso. Cela a beau être une belle surprise, le lumbago qui m’empêche le moindre mouvement n’en reste pas moins encombrant. Nous y allons donc mollo mollo pendant quelques jours, et compensons notre frustration sur des dégustations de tartes en tous genres. Nous roulons jusqu’à San Carlos de Bariloche, une station touristique prisée des Argentins en hiver pour ces nombreuses pistes de ski, mais aussi très agréable en été. Ce qui nous frappe en premier lieu sur la route qui nous y mène, c’est la sensation de mieux respirer. Il semblerait que la présence d’immenses sapins verdoyants aide notre organisme à recevoir un plus gros apport d’oxygène. Nous réalisons alors, que nous avions depuis quelques temps un léger mal être, presque imperceptible, dans la pampa et qu'il s’est totalement dissipé depuis que nous avons retrouvé des arbres.

San Carlos de Bariloche 

Après quelques jours à Bariloche et dans les environs nous décidons de notre prochaine destination, qui sera notre étape pour passer Noël. Nous partons donc pour l’ile de Chiloé au Chili. La route qui mène de l’autre côté de la frontière est magique, elle serpente entre les montagnes et les forêts, offrant de temps à autres des points de vue sur les lacs. Pour ne rien gâcher, elle est totalement goudronnée ! Ce poste de frontière est l’un des plus importants du sud du pays, chose que nous comprenons bien vite lorsque nous nous retrouvons dans un embouteillage à plus d’un kilomètre de la douane… Trois heures plus tard (et un kilo de carottes bien caché dans nos chaussettes !) nous sommes au Chili. Franchement, ce ne serait vraiment pas drôle de passer une frontière sans planquer des légumes et des fruits, on adore ce petit pic d'adrénaline quand ils fouillent le camion et qu'ils ne nous démasquent pas! Avant de prendre le bateau pour Chiloé, nous souhaitons faire réparer notre compagnon de route et recharger notre bouteille de gaz. Mais la fin des galères ne sera pas pour tout de suite… Le garage Mercedes chez qui nous nous présentons ne pourra s’occuper de nous qu’après Noël, et sans certitude d’avoir pu se procurer les amortisseurs (qui sont apparemment spécifiques à l’Europe et donc potentiellement introuvables en Amérique du Sud)… La suite donc au prochain épisode. En revanche, ON A DU GAZ! 😉

Vers des jours meilleurs 
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Las Conchas de sus Mares - Notre maison Chilote 

Nous voilà donc partis en pèlerinage dans l'archipel de Chiloé. Pourquoi un pèlerinage? Hé bien parce que ces petits bouts de terre sont envahis d'églises et de chapelles. C'est un endroit tout simplement fabuleux. Les habitations sont de toutes les couleurs des arc-en-ciel qui apparaissent dans le ciel quasi quotidiennement. Un petit air de Bretagne lorsque les vents du Pacifique chassent en quelques minutes les trombes d'eau qui nous tombent dessus, pour laisser place à un grand et chaleureux soleil. Un petit air de campagne lorsque les troupeaux de vaches traversent la route sans te prêter la moindre attention et que le chant du coq te réveille au petit matin. Un petit air de Chili lorsque le réveillon de Noël se déroule tout en espagnol autour d'une exquise cuisine traditionnelle.

Notre vie sur Chiloé 

Il n'y a que très peu de villages sur l'archipel, mais tous nous ont conquis par leur marché artisanal où les pêcheurs et les tricoteuses de pulls en laine se partagent les étals. Tout ici est construit en bois d'Alerces, une variété de cyprès. Les devantures sont ensuite recouvertes de tuiles placées en écailles de poisson, ce qui donne un style très particulier aux habitations chilotes. Les églises et chapelles sont elles aussi construites en bois. Elles sont toutes bâties sur le même modèle, crée spécifiquement par l'école de charpentiers de Chiloé. L'histoire de l'évangélisation de Chiloé est similaire à celle de toutes les régions d'Amérique du Sud. Les anglais et les espagnols avaient décidé que les natifs croiraient en Dieu, alors les natifs ont cru en Dieu....

Et voici les clichés de notre pèlerinage de Noël: (Honte à nous, nous ne sommes même pas allés à la messe de minuit!)

12 églises au patrimoine de l'UNESCO... Et une infinité d'autres!

Entre deux averses nous avons pu sortir des églises pour profiter des paysages incroyables! Première fois que nous voyions l'océan Pacifique, ce n'est tout de même pas anodin.

Les paysages de l'île 

Quand enfin, Noël est arrivé. Nous avions réservé un petit B&B au nord de l'île, avec l'espoir de partager la soirée avec nos hôtes. Ce réveillon aura été au delà de nos espérances. Las Conchas de sus Mares est un traditionnel Palafito de Chiloé, une maison de bord de mer toute peinte en bleu construite sur pilotis. Le café tenu par nos hôtes donnait directement accès à la plage. Notre chambres offrait une vue imprenable sur la mer et les bateaux de pêcheurs qui ont travaillé toute la nuit de 24 décembre! Paula et Renzo sont un couple de jeunes trentenaires originaires de Santiago. Diplômés de psychologie, ils ont décidé de tout plaquer pour travailler dans le tourisme en Colombie, puis finalement de s'installer dans cette petite maison à Quemchi. Ils nous ont accueillis à bras ouverts, nous ont ouverts leur maison et leur cuisine, ont partagé avec nous leurs traditions et leurs souvenirs. Le réveillon de Noël 2017 restera sans aucun doute gravé dans nos mémoires pour longtemps.

Feliz Navidad
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Après l'hydrospeed 

Réveil sous la pluie et petit déjeuner au lit face à la baie, le 25 décembre aura commencé tout tranquillement. Le père-noël ne nous a pas oubliés sur notre petite ile de Chiloé et nous ouvrons nos paquets cadeaux avec la même précipitation que des enfants. Il est alors temps de reprendre la route pour le continent, les réparations de notre Guilhi sont imminentes. C’est toujours sous la pluie que nous arrivons à la première "grosse" ville portuaire du coin. Puerto Montt n’a pas de grand intérêt touristique… D’autant plus que le 25 décembre est un jour mort au Chili. Absolument rien n’est ouvert… A part le Mc Donald !! Nos pensées s’envolent aussitôt vers Nicolas (mon beau frère) qui a du subir tant de repas de famille tout en rêvant à un simple et délicieux big mac… et nous instaurons une nouvelle tradition (ou pas) du Mac Flurry de Noël ! A notre grande surprise, la salle d’escalade est ouverte, une bonne occasion d’éliminer les excès de la veille. 😀

Le jour du rendez-vous médical de Guilhi arrive enfin. Nous sommes tous stressés de connaître le verdict… Monsieur Mercedes nous arrête bien vite dans nos espoirs. La pièce « officielle » doit être commandée d’Allemagne, parce que les Vitos chiliens n’ont pas le même châssis que notre Guilhi. Et cette petite prestation nous couterait plus de 400€ si nous ne changeons qu'un amortisseur, sauf que Monsieur Mercedes préconise de changer les deux bien sur! Aucune décision mécanique ne se prend sans avoir au préalable demandé conseil auprès de notre bonne marraine la fée Quentin. Un petit coup de téléphone nous rassure bien vite sur le fait que Mercedes... c'est une usine à fric... et que nous avons d'autres solutions! Ouf! Parce que bon, à ce train là, on écourtait le voyage de facilement un mois... Du coup, nous avons trouvé un garagiste libéral qui a très facilement trouvé une pièce de taille équivalente à ce dont nous avions besoin. Nous sommes même allés acheter la pièce avec lui chez le revendeur. Avec le montage, nous n'avons pas payé plus de 50€. Un beau cadeau de Noël pour Guilhi, et un grand soulagement en ce matin du 28 décembre... Mon anniversaire!!

Nous avons fêté mes 25 ans comme il se doit!!! Visite de la brasserie Kunstmann et dégustation de beaucoup, beaucoup trop de bières! Un quart de siècle et déjà tant de voyages, de découvertes, de rencontres, de bonheurs... C'est les pieds sur terre et la tête dans les étoiles que je réalise quelle chance j'ai de vivre tout ça!

Happy 25th birthday!

Pour nous remettre de nos émotions à Kunstmann... et dessouler un peu! Nous nous offrons une pause détente dans des sources d'eau chaude dans la montagne. De 36°c à 46°c, des dizaines de bassins se succèdent le long d'un ponton en bois et nous pouvons tranquillement nous y prélasser en admirant la nature verdoyante autour de nous. Une expérience unique et incroyable! Nous restons dans les montagnes et les volcans pour passer le nouvel an à Pucon. Une ville très touristique qui attire les amateurs de sensations fortes et autrefois les randonneurs. Malheureusement les dernières éruptions du volcan Villarica empêchent les treks jusqu'au cratère de celui-ci. Cela n'empêche en rien les activités aquatiques dans les torrents du coin... Et nous nous éclatons (littéralement!) dans une descente en hydrospeed!! Un truc de malades! Des rapides, des vagues, on se retourne, on surf... Et on meurt un peu de froid dans l'eau à 9°C. La différence est radicale avec les termes!

Pucon, entre montagnes et lacs 

Après tant d'aventures, il nous fallait un bon remontant et un bon diner de Révellan! C'est au traditionnel Pisco Sour (Un cocktail à base de liqueur de raisin et de jus de citron. Attention c'est extra fort!) que nous trinquons à la nouvelle année qui arrive. En bons Sud Américains que nous sommes devenus, nous savourons une parilla (1kg de viande chacun!) et un churros fourré au Dulce de Leche (la base!) en dessert. Je crois qu'on ne pouvait pas faire plus "local" pour ce réveillon! Mais une fois sur la plage pour admirer le feu d'artifice, nous constatons à regret que nous n'avons pas encore acquis toutes les subtilités de la culture chilienne... [Attention les mots qui vont suivre pourraient vexer les âmes les plus sensibles] La beaufitude, ou art de faire la fête en mode Patrick Sébastien du Chili, est quelque chose de tout à fait normal et plutôt bien vu ici. Il est donc bienvenu, pour être le roi de la soirée, de sortir coiffé d'une fausse perruque, d'un chapeau fluo ou encore de se munir d'un sabre laser hurlant la BO de la Reine des Neige. Soit... Nous avons fait l'impasse (à mon plus grand regret!).

Les eux écarquillés par un feu d'artifices aux multiples couleurs, nous nous souhaitons l'un à l'autre une merveilleuse année 2018. Nous pensons fort fort fort à nos familles et amis un peu partout en France et dans le monde. Et espérons que cette nouvelle année nous offrira de nouvelles aventures... Bien plus au nord sur ce continent!

Réveillon 2017 ~ Feliz Nuevo ano a todos! 
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Wine and Bike 

C'est avec Santiago en visée que nous quittons Pucon et ses volcans. Avant d'atteindre notre destination, de nombreuses découvertes chiliennes nous attendent. Plus nous avançons vers le nord, plus la végétation autour de nous se fait diversifiée. Au delà des exploitations agricoles de multiples fruits et légumes, nous avons toujours dans notre champs de vision la Cordillère des Andes, ses sommets et volcans enneigés. Une centaine de kilomètres plus loin, et notre portemonnaie vidé par les innombrables péages, nous arrivons dans la première vallée viticole du pays. Chose trop peu connue en France (chauvinisme du vin exige), le Chili est l'un des principaux producteurs et exportateurs de vin au monde. Nous sommes aujourd'hui bien placés [Hips] pour dire que les vins chiliens sont de forts concurrents aux productions de l'hexagone. Nous avons découvert sur ces terres des cépages ancestraux français, disparus à cause du phylloxéra, et redécouverts d'autres cépages dont le rendu est totalement différent de ce que nous avions pu gouter jusqu'à présent. Il faut bien rendre à César ce qui apparient à César, les Chiliens se sont beaucoup inspirés de la France dans le domaine viticole. Les vins sont vieillis en futs français, les cépages sont presque tous d'origine française, les méthodes de vinification sont françaises... La plupart des grandes familles sont elles même françaises! Là où toute la spécificité des vins chiliens se créée provient de la proximité avec l'océan Pacifique. On rencontre ici un climat océanique et un sol sédimentaire inédits dans le reste du monde.

Les vignes à vélo 

Le vin c'est bien, mais par 38°C ça donne chaud!! L'avantage du Chili c'est sa largeur, de la Cordillère à l'océan il n'y a que deux heures de route... et 10°C de différence! En route donc vers Pichilemu, les vagues, les surfeurs, le poisson et la fraicheur. C'est aussi l'occasion de quitter l’autoroute ($$$!) et de passer par la campagne, à la rencontre du vrai Chili. Notre nouvelle découverte culinaire est le Mote con Huesillos! Le Mote c'est du blé, présent ici sous forme de grains d'ébli (cuits), les Huesillos ce sont des pèches séchées (réhydratées par la boisson) et le Mote con Huesillos c'est le mélange de tout ça dans une eau caramélisée. C'est frai, c'est bon, c'est génial!

Le Chili par les petites routes 

Nous prenons notre temps par la campagne et le littoral avant de rejoindre la cohue de la capitale. Pour cette mégalopole nous avons prévu une fois de plus un hébergement en dur et un garage pour notre Guilhi. Il nous tarde de vous raconter nos aventures citadines!!

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Jungle urbaine 

Santiago, c'est une ville qui ne ressemble à aucune autre... ou peut-être à un peu toutes les autres finalement. Il n'existe aucune unité, les quartiers se multiplient et se démarquent les uns des autres par leur architecture, leur atmosphère ou leurs spécialités culinaires. Sans parvenir à être "charmante", Santiago réussi tout de même à prendre dans notre cœur la place d'une de ces villes où on passerait bien deux trois jours de plus. Chose que nous avons fait bien entendu!

Santiago, c'est la capitale d'un pays qui ne sait pas encore trop qui il est. Sorti d'une dictature il y a déjà un petit bout de temps, le Chili en garde quelques cicatrices. Le niveau de vie est faible et, même si l'économie du Chili se porte de mieux en mieux, un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Plus de 30% des habitants du pays vivent dans la capitale... Ce qui fait qu'une grande partie de la pauvreté du pays se trouve dans la ville.

Santiago, c'est la place centrale de l'économie du Chili. Économie fortement enrichie par une grosse activité maraichère. Nous avons appris, lors de notre incontournable "free walking tour" (pour la première fois fait en espagnol!), qu'une loi oblige les propriétaires à exploiter chaque m² de leurs terrains. Autrement dit, si plus d'un certain nombre de m² appartenant à une personne ne sont pas exploités, ils seront octroyés à un agriculteur pour son activité maraichère. C'est ainsi qu'on rencontre à Santiago des étales de marché interminables couverts de fruits et légumes à des prix imbattables. (1€ le kilo de raisins!!)

Découverte d'une ville qui se découvre 

Santiago, c'est un lieu d'expression. Sortis de la répression, les Chiliens ont besoin de sentir que leurs voix se font entendre. Non seulement politiquement, mais partout et pour tout! Les rues sont si bruyantes! Un permanent brouhaha de marchants à l'étalage, de vendeurs d'eau, de klaxons de voitures... Mais aussi de spectacles de rues chaque soir et à chaque coin de rues. Du quartet de musique classique aux chants traditionnels, impossible de les rater et de ne pas en profiter quelques minutes.

Santiago, c'est un plaisir pour les papilles et les pupilles. Comme toutes capitales, la ville accueille des immigrés de tous les pays. Des restaurants asiatiques aux currys indiens il n'y a qu'un pas à faire, ce sont les spécialités chiliennes qui se font plus secrètes. Entre chaque repas, les rues nous offrent un musée à ciel ouvert. La ville est étendue sur 27 kilomètres du nord au sud et 38 d'est en ouest, les heures de marche ne se comptent pas pour aller à la découverte de chaque recoin.

Musée à ciel ouvert 

Santiago, c'est l'occasion de se poser, de prendre notre temps. Courir les villes, les paysages incroyables, c'est parfois éreintant. Alors par 35°C et un temps de rêve, nous profitons de ces quelques jours pour reprendre des forces.

Profiter et prendre son temps 
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Valparaiso 

C'est une ville qui se passerait presque de mots, qui se découvre au fil des Cerro... ou de ces quelques photos.

Valparaiso offre de premier abord une image en demie-teinte. Lorsque nous arrivons au cœur de la ville, au niveau du port, ce sont la vétusté des bâtiments et la saleté des rues qui attrapent le regard. Sans doute la météo capricieuse qui nous accueillie en ville n'a-t-elle pas aidé à ce que nous soyons enchantés dès les premiers instants. Pour apprécier Valparaiso à sa juste valeur, il faut monter sur ses sommets et se perdre dans ses rues étroites. Depuis le sol, ce ne sont que les vestiges des tremblements de terre et des multiples incendies qu'a subi la ville qui se font remarquer. Tandis qu'au sommet de chaque funiculaire se cachent des trésors, de petites pépites toujours plus surprenantes.

Premier port d'Amérique du Sud jusqu'au début du 20èm siècle, la création du canal de Panama a fait perdre à Valparaiso son importance géographique et économique. Ce n'est qu'à la fin de la dictature de Pinochet que Valparaiso s'est fait connaître à nouveau. Des graffitis anti-gouvernementaux et autres messages de rébellions commençaient à couvrir les murs dans toutes les grandes villes du pays. Alors des artistes décidèrent de s'exprimer à leur manière, sur les murs des maisons de Valparaiso. Leurs tableaux générèrent un grand intérêt pour la ville. La renommé de certains artistes et l'appui du gouvernement chilien aidèrent Valparaiso à devenir patrimoine de l'Unesco. Malheureusement, être un "monument" classé présente de nombreux inconvénients. Chaque rénovation ou construction doit obtenir au préalable l'accord de l'Unesco, et répondre à de nombreuses normes pour que le paysage global de la ville reste toujours semblable. Le problème de Valparaiso est que sa topographie rend difficile l'intervention des pompiers en cas d'incendies, très fréquents malheureusement... Chaque feu qui se déclare est ravageur et la reconstruction des édifices est impossible.

Finalement Valparaiso ne se sera pas passé de mots... Espérons pour la suite que vous sachiez interpréter ce que nous souhaitions partager au travers de ces quelques photos.

La vie au niveau du port...
...Et celle dans les Cerro 
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Un concours de couchers de soleil 

Nous arrivons à l'une de nos dernières étapes chiliennes. Une étape à la découverte des traditions plus ou moins anciennes, du mode de vie plus ou moins plaisant et des spécialités culinaires plus ou moins succulentes des Chiliens.

Le sud du nord du Chili regorge de choses à découvrir afin de mieux comprendre ce pays. Du sous-sol jusqu'au ciel, dans ces quelques régions se regroupent la grande majorité des richesses du Chili. Avec plus de 300 nuits de clarté par an, c'est l'endroit de la planète le plus propice aux observations des étoiles. Près de 70% des télescopes mondiaux se trouvent au cœur du désert chilien. Les plus grands secrets de l'univers ont été mis à jour sur ces sommets de la pré-cordillère. Nous avons eu l'occasion de participer à deux soirées d'observation du ciel, des instants magiques à la découverte des merveilles qui nous entourent. Pour la petite anecdote, saviez-vous que le ciel vu depuis l'hémisphère sud n'est pas du tout le même que celui vu depuis l'hémisphère nord?! Sur cette partie du globe, l'étoile du berger n'existe pas! Impossible pour les marins de se repérer en mer la nuit? Bien sur que si, les astrophysiciens de l'antiquité avaient créé un autre point de repère, afin de toujours savoir où est...le sud! Et non pas le nord. Les constellations et croyances antiques c'est bien beau, mais nous avons eu envie d'en savoir un peu plus sur l'astronomie d'aujourd'hui. Par chance, nous avons pu visiter l'observatoire Paranal qui appartient à ESO "European Organisation for Astronomical Research in the Southern Hemisphere". En d'autres termes, une grosse entité qui réuni une dizaine de pays européens (et le Brésil) et ayant pour but de répondre aux questions "qui sommes-nous? d'où venons-nous?" en utilisant de très gros moyens. Paranal est à l'heure actuelle l'un des plus grands télescopes du monde et ESO est en train d'en construire un encore plus GIGANTESQUE. Expliquer le fonctionnement de toute la structure prendrait beaucoup trop de temps et ne serait pas des plus intéressant... mais pour résumer, imaginez que les quatre télescopes de Paranal font chacun 8,10m de diamètre. Il est possible de les "rassembler" en un gros télescope de 130m de diamètre qui, grâce à l'interféromètrie, crée une seule image à partir des quatre collectées. (Beaucoup de câbles, de miroirs, d'ordinateurs et d'ingénieurs) Celui qui sera construit prochainement fera à lui seul 40m de diamètre! Pour rester dans les chiffres, notez que le coup de fonctionnement de Paranal est estimé à 1€ la seconde... Tout ça payé bien sur par vos impôts! (Eh oui, la France est membre de l'ESO) Et il existe ici au Chili 3 stations d'observation appartenant à ESO.

Le ciel, les étoiles, l'immensité

Voici donc à quoi nous occupons nos nuits... du coup il faut bien se reposer la journée! Nous profitons de l'été chilien pour prendre des bains de soleil et de mer entre deux animations proposées par les municipalités. Les mois de janvier et février sont les grandes vacances de l'Amérique du Sud. C'est parfois une chance de tomber par hasard sur des cours de zumba, des concerts ou des festivals culinaires... ça l'est moins quand nous devons cohabiter avec les chiliens en vacances... Certaines nuits sont écourtées par des bandes de jeunes aussi avides que nous de petites criques en bord de mer. A la différence que de notre côté c'est pour dormir, tandis que du leur c'est plutôt pour écouter la musique très très fort et boire des litres de bière à 4h du matin...

Soleil, océan et sable fin 

Une des plus grandes richesses de ce pays, une qui ne coute et ne rapporte pourtant pas d'argent... Ce sont les couchers de soleil! Chaque soir il suffit de regarder l'océan pour profiter d'un spectacle incroyable. Impossible de s'en lasser, impossible d’élire un grand gagnant à ce concours quotidien.

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Un trio de choc 

Nous vivons nos derniers jours sur la côte pacifique en attendant l'arrivée de mon père. Antofagasta a beau être la seconde ville du pays, elle n'en égale en rien la richesse culturelle et architecturale de Santiago. Pourtant, cette ville possède une Histoire tumultueuse et pleine de rebondissements qui lui a donné toute son importance par le passé. L'unique port du désert d'Atacama, anciennement Bolivien, a longtemps fait la convoitise des chiliens, sans vraiment appartenir à un pays plutôt qu'un autre. En effet, c'était à l'époque la seule porte d'accès maritime aux richesses souterraines de ce territoire, exploitées par les chiliens mais appartenant aux boliviens.

Nos derniers jours sur la côte 

L'arrivée de papa marque le début de gros changements pour nous. Nous quittons l'océan pour plusieurs semaines, nous terminons notre séjour au Chili et passerons bientôt dans de "tous petits" pays (bien que Pérou et Bolivie fassent chacun deux à trois fois la taille de la France). Mais surtout, nous allons nous sédentariser dans la même ville pendant DIX JOURS, dormir dans un lit, avoir une douche quotidienne, une cuisine équipée... San Pedro de Atacama, ne nous déçoit pas!

La traversée du désert qui sépare la côte des hauts sommets de la cordillère dure trois bonnes heures, mais les paysages sont si changeant d'un kilomètre à l'autre que nous ne voyons pas le temps passer. L'arrivée à San Pedro est elle-même magique, la route serpente entre les dunes et roches rouges-orangées dans une descente vers la vallée où nous attend un oasis de verdure. Ce spectacle époustouflant donne le ton des prochains jours, nous allons être subjugués par les beautés du désert à chaque instant.

Petit bémol, qui n'en fut pas vraiment un finalement, Atacama subit au mois de février la colère de l'hiver altiplanique. L'humidité accumulée de l'autre côté de la chaine de volcans, donc en Bolivie, parvient à passer au Chili pour venir se déverser sur la région. Il ne pleut à San Pedro que dix jours par an, et cinq d'entre eux se sont passés juste avant notre arrivée. Nous apprenons rapidement que les orages ont provoqué de nombreux dégâts sur les sites touristiques alentours et que beaucoup ont dû être fermés. En aventuriers que nous sommes, nous ne cédons pas à la panique et savons que nous trouverons toujours de quoi émerveiller nos pupilles et combler notre curiosité. La ville elle même est un centre d’intérêt, point stratégique pour accéder aux dizaines de sites touristiques, elle rassemble des centaines de voyageurs de tous les pays du monde dans une ambiance détendue et sans chichis. Nous y prenons vite nos aises et nos habitudes avec pour mission d'y faire découvrir à papa toute les spécialités culinaires chiliennes. En contrepartie de quoi nous avons le bonheur de déguster chaque matin une VRAIE baguette française de la boulangerie Franchuteria, un nouveau lieu improbable que nous n'oublierons pas de sitôt! Nous vivons donc au rythme des Empanadas (de Lama!), des Pastel de Choclo, des Mote con Huesillos, des Mille Hojas de Dulce de Leche, des bières et du Pisco Sour... Et partons digérer tout cela dans les découvertes géographiques, géologiques et magiques!

Dix jours à passer à San Pedro, nous avions envie de connaître un peu mieux son histoire, ses coutumes, ses habitants… Avant d’accueillir des milliers de touristes, cette ville a été la source de nombreuses convoitises aux temps des conquistadors. Le sol de la région regorge de minerais, salpêtre, lithium... même de métaux précieux. Le peuple originaire de San Pedro, les Likan Antai, ont subi de nombreuses invasions, un certain ressentiment persiste encore à l’encontre des Chiliens et étrangers venant s’installer en ville. Nous autres touristes sommes cependant extrêmement bien accueillis, car source principale des revenus de la ville. Chaque site touristique est géré par une communauté de San Pedro (une sorte de circonscription) et les revenus générés par les droits d’entrée servent à faire vivre cette communauté, entretien des chaussées, des canaux d’irrigation… Ces communautés existent depuis des milliers d’années et font partie des coutumes ancestrales dont les Likan Antai ne se sont pas séparées. On retrouve un certain mélange pré/post conquistadors dans beaucoup de choses à San Pedro, les mythes et légendes récités en secret par les chamans n’ont jamais été oubliés malgré l’imposante et imposée évangélisation catholique. Il n’y a aujourd’hui plus de chaman à San Pedro et on ne parle plus, ou presque, la langue originelle (les colons ont coupé la langue de tous les rebelles refusant d’apprendre l'espagnol). Pourtant, la ville tout entière semble vivre dans l’aura mystique du volcan Likan Cabur qui, du haut de ses 5600m, s’impose dans notre regard où que l’on se trouve.

San Pedro de Atacama

À San Pedro se rassemblent des dizaines d'agences, proposant toutes les mêmes excursions, vers les mêmes sites et aux mêmes prix... Mais c'était sans compter sur l'esprit d'aventure de notre petit groupe. C'est donc à bord de notre Skoda Fabia d'un vert rutilant que nous partons à l'assaut des routes du désert.

Une dizaine de kilomètres seulement auront suffit pour nous plonger dans un décor de film. La vallée de la Lune est une vraie merveille de la nature. Nichée entre deux chaines de la cordillère des Andes, elle nous révèle le pouvoir de l'eau, du vent et des volcans sur notre environnement. Entre grottes creusées par les courants disparus depuis bien longtemps, les couches géologiques aux multiples couleurs et les dunes de sable, cette première sortie nous aura totalement éblouis.

Vallée de la Lune 

Un peu plus loin, un peu plus dingue. Nous partons pour le désert de sel d’Atacama et ses lacs salés dans lesquels plusieurs espèces de flamants roses ont élu domicile. A perte de vue des croutes de sel recouvrent le sol, la sensation sous nos pieds ressemble étrangement à celle vécue lorsque nous marchions sur le glacier. Nous sommes de part et d'autre entourés de volcans et de chaines de montagnes culminants à plus de 5000m. Au cœur de ce désert se trouve un lac d’une eau turquoise dans lequel les flamants roses se régalent de crevettes, planctons et autres algues. Encore une fois… Un contraste brutal avec ce que nous avons pu admirer la veille. L’orage a provoqué quelques légers débordements des rivières alentours, et les dizaines de minibus passés après nous sur la route ont bien creusé et labouré les zones immergées… Tant et si bien qu'au retour, notre super voiture verte, après avoir tenté un magnifique plongeon canard, a dû se faire tracter par un gentil minibus chilien… Elle fait vraiment tout pour se faire remarquer cette Skoda !

Laguna Chaxa et Désert d'Atacama

Il faut noter que San Pedro s'élève à plus de 2500m d'altitude et que toutes les excursions nous font prendre de la hauteur. Pour vous faire une idée, les stations de ski de France ne dépassent pas les 2000m, et notre top sommet le Mont Blanc est à 4810m. Nous avons de la chance d'avoir avec nous un super guide touristique, prévenant et préventif! Super papa a tout organisé pour que chaque jour, nous gagnons progressivement en altitude. Ainsi notre acclimatation devrait se passer sans soucis, nous serons à la fin du séjour de vrais alpinistes aptes à escalader un volcan de plus de 5000m!

Notre première sortie considérée comme en "très haute altitude" nous conduit aux lacs altiplaniques. Miscanti et Miniques se trouvent à plus de 4000m, et nous y ressentons bien vite les effets du manque d'oxygène et d'une pression atmosphérique plus basse. Premiers mots de tête et essoufflement au moindre mouvement ne se font pas attendre lorsque nous nous y trouvons. Les oreilles qui se bouchent et les tympans douloureux sont d'autres petits désagréments que nous vivons à la descente. Heureusement, une charmante petite cantine de village nous attend sur le chemin du retour. Un restaurant dans son jus: service chilien, cuisine chilienne, toilettes... très chiliennes!

Socaire & Lacs en haute altitude

Reprenons un peu de souffle à une altitude raisonnable. Et profitons des activités accessibles... de nombreux sites étant toujours fermés à cause des fortes pluies de la semaine passée. Nous partons au petit matin, selon Guilhem, pour une belle randonnée dans le désert et une ancienne forteresse Atacamène. Pour rendre l'expérience plus typique, nous avons eu le plaisir de partager la matinée entière avec deux des millions de chiens errants du pays. Nous avons donc le plaisir de vous présenter Georges et Maurice, nos compagnons d'un jour.

Pukara de Quintor 

Avec le soleil de ces derniers jours, les sites que nous souhaitions découvrir rouvrent petit à petit et nous saisissons l'occasion pour partir une journée entière à la découverte du Salar de Tara et des hauteurs altiplaniques. Petit groupe de huit, nous sommes pris en charge dès six heures du matin par notre guide aux petits soins. La pause petit déj est l'occasion d'admirer sous un nouvel angle notre Likan Cabur adoré. Nous faisons aussi connaissance avec les lamas, d'autres cousins du guanaco et de la vicuna. Lorsque nous quittons la route pour les pistes du désert, nous comprenons bien vite que notre petite Skoda n'aurait pas fait le poids dans un tel décor. Chaque fois que nous tournons le regard vers la fenêtre du van, nous découvrons de nouveaux paysages. La journée nous aura apporté à chaque instant son lot de surprises... Jusqu'aux derniers kilomètres où nous nous sommes même retrouvés dans une tempête de neige!

Salar de Tara 

Deuxième expédition irréalisable en Skoda mais attendue par nous trois comme le Messie... Les Geysers de Tatio! Après un léger moment de flottement pour sélectionner l'agence avec laquelle nous partirons (mauvaise expérience avec la stratégie de vente de Lokaventura, agence tenue par des Français qui a une excellente réputation...mais qui ne nous a pas vraiment branché), nous avons le plaisir de nous lever à 5h du matin pour nous rendre avant le lever du soleil sur le site des geysers. Aux premières lueurs du jour, après une heure trente de route cahotique et tortueuse, nous atteignons notre but. La magie de l'instant vaut largement le réveil difficile. Dans la fumée des geysers nous distinguons à peine les montagnes qui nous entourent. La terre fume, entre en ébullition... quel contraste avec le froid qu'il fait dehors!

Papa nous fait alors une magnifique démonstration d'espagnol lors de sa confrontation avec notre guide Tony, qui tente de nous presser pour enchaîner au plus vite. Mais même Tony ne réussira pas à entacher notre émerveillement face au spectacle du soleil qui pointe enfin le bout de son nez au dessus des monts enneigés. En bons élèves, nous sommes ensuite les premiers à remonter dans le bus à chaque arrêt. Tony aura même appris une nouvelle phrase de français au moment de se quitter "Sans rancunes" .

Geysers de Tatio 

Notre petite Skoda Verde a commencé à nous manquer... Nous sommes donc partis vers de nouvelles aventures avec elle. En route pour la vallée de l'Arcoiris (arc-en-ciel), nous nous arrêtons dans un ancien village Atacamène où des superbes pétroglyphes ont su être bien conservés. Les dessins de singes présents aux côtés des lamas ne sont absolument pas réalistes, il est clair qu'il n'y en a jamais eu dans le désert d'Atacama. Nous avons découvert quelques jours plus tard que ce sont les Incas, en arrivant du Pérou et de la Bolivie, qui ont appris aux Hommes du désert à dessiner ces animaux. Quelques kilomètres plus loin sur la route, nous constatons que l'eau du rio est toujours hors de son lit... Et que nous traverserons difficilement ce passage à gué. Ceci étant sans compter sur la témérité (ou l'obstination) de super Papa! Vaille que vaille, il tente le passage... Et réussi un superbe nouveau plongeon canard! Cette fois ci la seule puissance de nos bras musclés aura permis de sortir la Skoda Verde de sa baignade... Nous prenons alors la route pour un village perdu dans la montagne, au moins sur les hauteurs l'eau ne monte pas!

Pietroglyphs et routes de montagne 

Nous avions bien compris que Papa avait fortement envie de se baigner. C'est pourquoi nous lui avons proposé une alternative... qui garderait la Skoda Verde au sec. Les lacs de Tebenquiche sont perdus au cœur du Salar d'Atacama et leur eau, plus salée que n'importe quelle mer, permet de flotter comme si nous étions des astronautes dans l'espace. L'expérience est tellement surprenante! On se meut difficilement dans cette eau "lourde" et l'équilibration est très compliquée. Une fois les propriétés de cette eau comprises et maîtrisées il y a vraiment moyen de s'amuser... et de créer le plus impressionnant des galas de natation synchronisée! En revanche notre peau ne nous remercie pas vraiment de cette expérience, la douche est indispensable pour tenter de faire partir l'épaisse couche de sel qui recouvre chaque parcelle de notre corps.

Tebenquiche, les lacs salés! 

Pour notre dernier coucher de soleil sur le désert d'Atacama nous partons pour la Vallee de la Muerte. Voisine de la Vallée de la Lune, elle a été rebaptisée suite aux mauvaises prononciations des touristes. Son nom d'origine étant Vallee de Marte ou Vallée de Mars. C'est d'ailleurs dans ses dunes et sur ses roches qu'a été testé le robot de la NASA parti il y a quelques années sur la planète rouge. Durant la journée c'est un super spot pour s'essayer au sandboard, mais aux dernières lueurs du jour, les roches rouges et les dunes prennent des teintes incroyables.

Vallee de la muerte... ou de Marte 

Nous finissons notre séjour sur une note scientifique et culturelle. À quelques kilomètres de San Pedro se trouve le plus large radiotélescope du monde. Mais qu'est-ce que c'est ? Hé bien il s'agit d'un télescope qui capte des ondes de lumière invisibles à l’œil nu. Difficile de se représenter ce que cela signifie "en vrai". En simplifiant au maximum les explications, disons que ALMA permet d'observer des choses dans le ciel que nous ne pouvons voir avec les télescopes optiques. La beauté de ce projet se trouve selon moi dans le projet en lui-même. En effet, trois organismes mondiaux, l'Amérique du Nord, l'Europe et le Japon, on su regrouper leurs connaissances et compétences pour travailler d'un seul corps et créer cette chose gigantesque.

ALMA 

San Pedro a fini par toucher à sa fin... Papa est reparti la tête pleine de souvenirs et la valise pleine de Dulce de Leche! Nous avons surkiffé nos vacances dans les vacances. Notre hôtesse Carolina, qui passait ses journées à chanter; la femme de ménage de l'hôtel et sa petite fille toujours à gazouiller dans sa poussette (merci à elles deux pour l'achat de nos vélos); les maisons d'Adobe renforcées en bouteilles en verre; les tours for tips sous l'orage; les cours de sport gratuits au gymnase; et surtout... Oui surtout... Le majestueux Likan Cabur, présent à chaque instant de notre séjour.

Durs au-revoir à ce stade du voyage... À papa et au Chili... Le début d'une nouvelle étape ! À très vite en Bolivie!

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Dans le plus grand salar du monde

On nous avait dit beaucoup de choses sur la Bolivie… « C’est un retour cinquante ans en arrière », « Les gens sont ultra souriants et chaleureux », « Vous allez avoir des paysages incroyables »... Tant et si bien qu’il nous tardait de partir à la découverte de ce pays boudé par bon nombre de touristes. Une fois nos bagages pliés à San Pedro, et après un dernier ravitaillement en produits chiliens (Dulce de Leche !!), nous sommes partis sur les routes de montagne pour passer de l’autre côté des volcans. Quel plaisir de retrouver notre Guilhi ! Il nous avait manqué quand même… La route nous a bien vite annoncé la couleur, à peine le poste frontière passé, nous étions, certes sur du ripio mais surtout, entourés de paysages grandioses… Volcans, salars, lacs de haute montagne… Une magnificence à perte de vue. Premier cliché validé. La Bolivie, c’est sacrément beau ! En revanche, nous avons cassé l’un des plus gros clichés du pays dès les premières secondes. Contrairement à ce que nous appréhendions, le passage de la frontière ne nous aura rien couté. Pas de policier malveillant, pas de corruption.

Notre première destination bolivienne était Uyuni. Une ville vivant du tourisme et de l’exploitation du sel du célèbre salar du même nom. D’Uyuni partent des excursions de trois à quatre jours à la découverte des richesses du sud du pays. Notre petit Guilhi n’étant pas fait pour le désert altiplanique, nous avons décidé de le laisser en ville le temps de notre excursion. Décision prise avant de découvrir Uyuni… Quand tu imagines que tu te rends dans la ville la plus touristique d'un pays, qui accueille chaque jour des milliers de personnes du monde entier, tu t’attends à un minimum de « standing ». Dans cet espoir, nous avions patiemment parcouru les 300km de ripio et deux jours de route depuis le Chili… Sauf que… Je parviens difficilement à trouver les mots pour caractériser notre stupéfaction en arrivant à Uyuni. Les photos sauront certainement mieux que moi décrire cette espèce de capharnaüm humain et immobilier qui règne dans la ville. Les rues défoncées, les immeubles en construction depuis certainement la nuit des temps, les nœuds de fils électriques, les « flaques d’eau »… Bref rien d’accueillant ni de chaleureux de premier abord. Et... disons que le second abord n’aura pas été beaucoup plus chaleureux… Nous tentons un petit resto sur la place principale. Plusieurs tables sont occupées par des touristes, ce qui est toujours rassurant. Personne ne s’intéresse à nous, nous nous avançons vers le comptoir où se trouvent les menus et en prenons un avant de nous installer à une table. Finalement, au bout de cinq bonnes minutes, un serveur semble réaliser que nous sommes là et vient prendre notre commande… Qui nous sera servie au bas mot au bout d’une demi-heure. Bien entendu personne ne se presse à notre table pour nous proposer un dessert ou même l’addition, que nous allons payer de nous même au comptoir. Tout cela aurait pu ne pas être si désagréable si un sourire ou deux avaient été échangés durant le service… Deuxième essai, un café… Sans entrer dans les détails, l’expérience a été similaire à la précédente. Nous commençons à douter sérieusement des rumeurs sur les Boliviens…

Finalement nous nous réconcilions avec le pays et ses habitants au moment de choisir notre tour opérateur. Nous avons suivi les conseils de Trip Advisor et sommes allés voir Salty Desert Expeditions. A priori les plus fiables, avec des guides pro et des véhicules en bon état. La vendeuse est adorable, le tarif dans la moyenne et en bonus ils acceptent de mettre Guilhi dans un de leur parking en notre absence. Rendez-vous demain matin 10h pour trois jours de 4x4 dans le désert et les volcans.

Uyuni... What the f*** 

Petit moment de flottement à notre arrivée à l’agence le lendemain… Notre groupe de six est composé de cinq filles plus mon cher époux… Et mis à part Vivi, une anglaise, nous ne sommes que des français. Je sens mon chéri un peu tendu au moment du départ, mais une fois les présentations faites nous comprenons bien vite que l’ambiance « baroudeuses et backpackeuses » est bien loin de « maquillage et chignons ». On devrait bien s’entendre. Nous montons donc en voiture avec Grober, notre guide bolivien qui lui ne parle qu’espagnol... Et n'est pas très accueillant les premières minutes... Pour Vivi, nous essayons de parler en anglais entre nous, et en espagnol avec Grober bien sur. L’aventure commence !

Les premiers kilomètres nous surprennent, le 4x4 emprunte des petites rues annexes et longe la route principale par des chemins de terre. Au bout de quelques minutes, Grober s'arrête et semble enfin prêt à nous parler. Il nous explique qu'il y a une grosse grève aujourd'hui à Uyuni et que dans ce pays "grève" signifie "blocus". C'est à dire, que personne ne peut ni entrer ni sortir de la ville. Cela arrive régulièrement, parfois de manière localisée ou même étendue sur une région voir le pays entier. Il s'agit de protestations contre le gouvernement qui promet sans arrêt bon nombre de réformes et ne les réalise jamais... Il n'y a qu'à voir l'état des rues et du système électrique d'Uyuni pour comprendre la colère de ses habitants.

Nous reprenons la route en direction du Salar le plus grand du monde. En cette saison, il est entièrement recouvert d'eau de pluie, nous ne pourrons donc pas entrer à plus de dix kilomètres. Il parait que le Salar d'Uyuni est aussi beau et impressionnant en période sèche qu'en période de pluie... Il nous faudra donc revenir! Toujours est il que nous nous retrouvons bouches bées devant le spectacle qui nous attend. L'horizon ici n'existe plus, ciel et terre se confondent à l'infini. Le Salar est, de part et d'autre, entouré de montagnes qui se reflètent à la surface de l'eau. C'est comme un immense miroir, parfaitement lisse et net. Notre 4x4 file et perce l'eau vers une destination qui nous est inconnue. Comment se repérer sans point de repère? Finalement nous arrivons dans un petit oasis au cœur du désert, une maison faite de briques de sel. Grober nous débarque à quelques mètres de là afin que nous expérimentions de marcher dans un Salar en eaux. Il n'y a qu'une dizaine de centimètres d'eau et la progression à pieds est très aisée. La croute de sel au sol n'est cependant pas très agréable sous les pieds, mais par endroits les cristaux de sel se sont transformés en une sorte de sable très fin et tout doux. Quand nous rejoignons la zone sèche, nos jambes sont couvertes d'une pellicule blanche qui gratte et tire les poils. Après déjeuner nous participons de bon cœur à la très touristique séance photo, le cadre s'y prête si bien. Nous reprenons ensuite la route et la "déviation" de la ville pour rejoindre le "cimetière des trains". A l'époque de sa grandeur, la Bolivie utilisait les voies de chemin de fer pour acheminer ses richesses jusqu'au port d'Antofagasta. Mais les trains Boliviens se sont retrouvés peu à peu abandonnés dans ce lieu aux portes de la ville. Premièrement pour des raisons d'évolutions techniques (les locomotives à vapeur ont été remplacées par des moteurs diesel il y a bien longtemps), puis parce que le pays a perdu son accès à l'océan suite à la guerre du Pacifique (aujourd'hui seuls trois trains par semaine roulent d'Uyuni jusqu'au poste frontière de Ollague, d'où une locomotive Chilienne tire le chargement jusqu'à Antofagasta). Grober nous apprend qu'un traité devrait être signé prochainement pour que le Chili offre à la Bolivie un accès à l'océan. Il s'agirait d'une bande de quelques kilomètres qui permettrait aux marchandises et aux gens d'aller et venir librement vers la côte. Depuis notre retour du désert, nous avons en vain tenté de trouver plus d'informations sur ce sujet. Un unique article confirme l'hypothèse d'un futur accord, mais que le gouvernement Chilien ne semble pas tout à fait prêt à accepter...

Notre aventure dans les hauteurs bolivienne suit son court. Au rythme des arrêts mécaniques et touristiques nous nous émerveillons de tout. La nuit dans un hôtel de sel, le bain d'eau thermale au lever du soleil avec vue sur les sommets et lacs de montagne, le passage des 5000m, l'immensité du désert... Tant de souvenirs en si peu de jours. Notre petit groupe a su s'entendre à merveille et nous avons beaucoup aimé partager nos parcours, nos aventures et nos projets de baroudeurs. Grober nous aura autant fait rire que douter de son humour... ou de ses humeurs... Il n'aura finalement épousé aucune de ses quatre novias (petites amies), mais nous avons beaucoup aimé découvrir son point de vue sur la vie en Bolivie et ses attentes personnelles.

Excursion dans le Salar et le Sud Lipez

A notre retour nous sommes déjà un peu réconciliés avec la Bolivie et sommes prêts à prendre la route dans ce nouveau pays. Après deux matins à se lever à 5h30, nous tombons dans un profond sommeil à peine notre Guilhi retrouvé.

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?????

On vous gâte, on vous gâte avec tous ces articles en si peu de temps ! Il faut dire que Guilhi n’aime pas trop trop ce pays, alors on avance vite… Attendez de lire un peu ce qui suit 😉

Après Uyuni nous avons pris la route pour Potosi, une ville qui, à sa grande époque, faisait partie des plus riches et plus importantes du monde (LA plus grande même selon certains). Pourquoi cette cité perchée à 4300m d’altitude au cœur de la cordillère des Andes a-t-elle connu une renommée si importante ? Et pourquoi donc n’est-elle aujourd’hui plus rien aux yeux des pays riches ? Voilà donc la petite histoire de Potosi… Il y a fort fort longtemps, un paysan se promenait dans la montagne avec son lama. A la nuit tombée, il alluma un feu et s’endormit. A son réveil, le sol sous ses pieds avait commencé à fondre et un filet d’argent était apparu. Outre la légende, la découverte de ce filon d’argent attira les conquistadors sur le territoire. Ils l'exploitèrent pendant plus de 400 ans. Sur le Cerro Rico, des milliers d’esclaves, non seulement incas mais aussi africains, perdirent la vie à trimer pour l’extraction de cette richesse prisée dans le monde entier. La Casa de la Moneda de Potosi était à cette époque l’une des plus importantes du continent. Ici furent produites les pièces d’argent de tout le royaume d’Espagne ainsi que les premiers US dollars au moment de l’indépendance de l’Amérique. Aujourd’hui, il n’y a plus d’argent à extraire mais seulement de l’étain. Les dernières mines encore existantes devraient fermer dans les prochaines années. Les conditions de travail y sont encore extrêmes et très controversées.

Notre expérience personnelle de Potosi sera restée loin des mines. Bien que de nombreuses agences en ville en proposent des visites, nous n’avons pas souhaité prendre de risques avec notre santé, ni surtout jouer aux voyeurs. Nous en avons appris bien assez avec la visite de la Casa de la Moneda et nos recherches personnelles. En revanche, nous avons pris part à la vraie vie de Potosi. Celle d’une ville qui a connu la richesse et se trouve aujourd’hui en décrépitude. L’argent de la ville est placé dans les 25 églises, paroisses et couvents qui ont poussé à la grande époque de Potosi. Les anciennes maisons coloniales, autrefois si belles et si riches, ne sont elles plus rénovées et tombent parfois en ruines. Mais la vie suit son court, les gens gardent le sourire et nous avons enfin le sentiment d’être bienvenus en Bolivie. Nous nous amusons des gigantesques marchés qui proposent absolument tous les produits imaginables, nous partageons notre table avec les gens du coin dans une petite cantine du centre ville, nous tentons une séance de badminton et zumba en haute altitude. Enfin, nous avons le sentiment de nous « acclimater » à la Bolivie.

Potosi, à cheval entre un riche passé et un futur incertain

La suite de notre découverte de la Bolivie se fera par Sucre, capitale constitutionnelle du pays; Cochabamba, une ville imposante mais sans grande importance pour le pays; et enfin La Paz, capitale administrative. Mais surtout, en allant de ville en ville, nous traversons la campagne, les montagnes… Des paysages impressionnants à une telle altitude. Étonnamment, on pourrait par endroit se croire dans nos campagnes françaises, mais il suffit d’un petit coup d’œil au GPS pour réaliser que nous nous trouvons à 3800/4000m. Et puis les cactus et les lamas se font assez rares sur le territoire français. J’aurais souhaité avoir plus de photos à montrer de ces paysages incroyables auxquels nous avons eu droit sur la route ! Des vallées et forêts à perte de vue, des canyons, des roches rouges, vertes, violettes ! Difficile de s’arrêter prendre une photo sur ces routes étroites et tortueuses, mais les images resterons gravées dans nos esprits. Le routard nous avait prévenus que tout, absolument tout, pouvait traverser la route à tout moment et qu’une grande vigilance était de rigueur… Sans mentir, nous avons croisés au cours de ces kilomètres pas moins de 500 chiens (bon ça c’est normal…), 15 enfants, 50 cochons, 60 poules, 15 ânes, 250 moutons, 100 lamas… et j’en oublie certainement ! Une chose est sure, c’est que même si les kilomètres sont longs, on ne s’ennuie jamais sur les routes boliviennes.

Notre première halte à Sucre aura achevé de nous réconcilier avec le pays. La ville est magnifique, les bâtiments de style colonial sont bien entretenus et, s'il n'y avaient pas ces milliers de nœuds de fils électriques, nous pourrions flâner nez en l'air à admirer chacun d'eux. Nous avons également renoué avec notre petite France en dînant dans un bistrot très... simpliste! Difficile de décrire en un seul adjectif cet établissement tenu par un français émigré et sa femme bolivienne, qui servent dans un cadre "comme à la maison" (genre le salon/salle à manger d'un vieux gars un peu alcoolique, bouteille de pastis et clope au bec de surcroit) une cuisine "comme chez mamie" (genre tomates farcies et tartiflette). Une fois requinqués par ce repas, retour en Amérique du Sud pour un cours de sala/bachata endiablé, suivi d'une longue soirée à danser! Première grosse fiesta pour nous autres baroudeurs, on avait un peu perdu le rythme et sommes épuisés à 23h30. Quelle surprise de plus, de tomber nez à nez avec Clem et Vivi, nos coéquipières d'Uyuni!

Notre petite vie et nos péripéties

Il est temps maintenant de vous expliquer pourquoi Guilhi, lui, n'est toujours pas pote avec la Bolivie. Au départ, c'est la Bolivie qui n'est pas vraiment copine avec Guilhi... les stations services du pays étant un peu racistes. Dès qu'ils voient une plaque étrangère arriver, les pompistes refusent de nous servir ou alors nous imposent un tarif au double du prix local. C'est pas cool quand même... Plusieurs magouilles sont possibles pour s'en tirer à moindres frais, leur proposer un paiement en liquide et sans facture nous aura permis une première fois de payer 5 BOL le litre (au lieu de 8 BOL), se garer à quelques mètres de la station et s'y rendre muni d'un jerrican de 20L permet aussi de bénéficier du tarif local (sauf que cela ne permet d'avoir que 20L de diesel). Bref Guilhi et la Bolivie ne sont pas tout à fait partis du bon pied...

Au moment de quitter Sucre, un orage ultra violent s'est abattu sur la ville... Et Guilhi s'est fait foudroyé! ... Non, pas du tout! Mais nous avons commencé à entendre un bruit familier de "blocage" au niveau d'une roue. Le souvenir de notre amortisseur arrière nous revint immédiatement en mémoires et nous savons qu'il va y avoir réparations. Nous nous arrêtons dans un garage en sortie de la ville, malheureusement Jhon ne peut pas s'occuper de nous ce soir mais nous propose de venir à la première heure demain. Après de difficiles négociations à base d’œillades et de grands sourires, il accepte de nous laisser dormir à l'arrière du garage. La contrepartie étant que nous lui offrions le petit déjeuner, que nous surveillions bien le garage cette nuit (les chiens l'auront fait pour nous, leurs aboiements ayant bien pourri notre sommeil) et que nous ne sortions pas trop du camion au risque de déclencher l'alarme (je vous dis pas le stress au moment de faire pipi!). Donc nous sommes bien gentils et lui préparons un café chaud accompagné de toasts de pain de mie (un peu rassit, faut pas lui dire...) à son arrivée au garage. Nous sommes en revanche bien déçus de constater qu'un amortisseur avant ce n'est pas la même blague qu'à l'arrière... Il faut non seulement trouver une pièce qui correspondrait à notre Guilhi, mais aussi faire je ne sais quel bricolage dessus. Cela aura pris toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi, ainsi qu'une partie de notre budget... Mais nous avons passé un super moment avec Jhon et avons bien rigolé, de quoi nous faire oublier ce petit coup de stress. Sauf que ce n'est pas tout... Guilhi roule droit avec de bons amortis, certes, de plus, il a même de l'huile toute neuve. Mais... Il refuse désormais de préchauffer au moment de démarrer. Première surprise le lendemain matin, plus de voyant de préchauffage et le moteur qui crache pendant presque une minute avant de se lancer enfin. Ok... Deuxième surprise un peu plus tard... Il faut s'y prendre à plusieurs fois pour qu'enfin Guilhi démarre... Mouais pas rassurant... Troisième surprise, après une nuit au milieu de NUL PART, ça démarre plus du tout... Tels des boys scouts aguerris nous tentons par tous les moyens de chauffer notre moteur, on fait bouillir de l'eau sous le capot, on verse l'eau bouillante sur le moteur, on lui fait un gros câlin... non pas de gros câlin, faut pas abuser quand même! En désespoir de cause, je pars à l'aventure sur cette route de montagne, des fois qu'un miracle ait fait pousser un garage durant la nuit. Hé bien désormais, je crois aux miracles! A quelques mètres de là, un monsieur (déguisé en garagiste) est en train de changer la roue d'un autre monsieur, auquel je demande si le premier est bien garagiste et qui me répond qu'en effet il l'est. Super! Le monsieur garagiste accepte gentiment de venir voir Guilhi. Il lui met un petit coup d’éther et direct Guilhi cesse son caprice et démarre (drogué!)... Selon lui nous devons changer le filtre moteur qui serait lié au système de préchauffage qui ne fonctionne plus correctement, tout cela étant potentiellement du à l'altitude. Bref tant d’hypothèses restées sans réponse... Monsieur garagiste ayant d'autres chats à fouetter il nous suggère d'aller trouver un collègue à La Paz.

Bon allons y alors!

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On voudrait aller toujours plus loin...

Finalement nous n'avons pas souhaité nous replonger directement dans nos problèmes de moteur. Nous avons trouvé un hôtel en centre ville avec un garage fermé pour Guilhi. Nous avons préféré procrastiner... Bonne idée ou pas, nous avons au moins pu profiter de ces quelques jours dans la capitale Bolivienne, d'un lit (sommairement confortable) et d'une douche bien chaude chaque jour.

La Paz est impressionnante dès les premiers instants. Le cœur de la ville étant au creux de la vallée, toutes les routes qui y mènent arrivent des hauteurs. Tel le lichen sur les cailloux de la forêt, les quartiers de La Paz se sont développés de toutes parts sur les montagnes andines. La ville passe en quelques kilomètres de 3600 à plus de 4000m d'altitude, d'où les lignes de téléphériques construites pour relier chaque quartier des hauteurs au centre ville. C'est bien là que se concentrent toute l'animation et l'agitation de la vie des pacenos. C'est une capitale sans grand intérêt architectural, pas vraiment plus au niveau culturel, et pourtant on y reste avec plaisir pour quelques jours.

Pour ne pas changer nos traditions, nous avons pris part à un walking tour. Rien de tel pour apprendre les potins politiques et culturels d'un pays! Ainsi nous avons découvert en plein centre ville, une prison dans laquelle les prisonniers sont libres de vivre avec leur famille, de se déplacer, de travailler... Les matons ne se trouvent qu'à la porte principale pour contrôler les entrées et sorties, mais n'interviennent en rien dans la vie carcérale! Les solutions pour gagner de l'argent y sont nombreuses et parfois illégales... Du trafic de drogue (rentable dans le plus grand pays producteur de Coca) aux visites touristiques de la prison! Ces "walking tours" ont été interdit après que des touristes se soient retrouvés escroqués ou même emprisonnés par des gardes corrompus. Il faut dire que les touristes n'ont pas toujours la vie facile à La Paz! Nous avons appris que toute maison ou immeuble doit être sacrée selon les traditions ancestrales. Ainsi un chaman vient bénir les chantiers avec des offrandes pour que le lieu soit "protégé". Sous les fondations on retrouve donc des feuilles de coca, de la nourriture, des confetti, et un fœtus de lama séché... Beurk! Rassurez-vous, pour que le processus "fonctionne" il faut que le fœtus soit mort naturellement, donc pas de risque d'extinction du lama en Bolivie. Toutes ces offrandes sont ensuite brûlées au son des incantations du chaman, et le tour est joué, votre maison est bénie! Sauf que si c'est un immeuble que vous souhaitez construire, le fœtus de lama ne fera pas l'affaire... c'est bien trop petit. Les chamans demandent un sacrifice humain pour recevoir la bénédiction "d'emprunter" autant d'espace à la Pacha Mama. C'est ainsi que disparaissent de nombreux touristes à La Paz... Nous avons bien retenu la mise en garde: ne pas boire n'importe quoi, surtout si cette boisson est offerte par un très vieux monsieur habillé très bizarrement. La petite touche sympa à toute cette histoire est que, pour que la cérémonie fonctionne, l'offrande humaine doit être vivante... avant d'incendier le tout.

La culture bolivienne est pour le moins... surprenante. Nous en découvrons une nouvelle facette au moment de parler politique. Les boliviens ont une drôle de façon de traiter leurs présidents, un de ceux qui offrit au pays sa plus belle période économique et sociale s'est retrouvé pendu à un lampadaire sur la place publique... tandis qu'un autre, très mauvais président, américain et inconnu de tous de surcroit, après s'être échappé du pays avec des millions de dollars volés aux banques, s'est fait réélire dix ans plus tard! Rien de bien surprenant donc, à ce que le président actuel Evo ait réussi à tromper tout son petit monde en changeant le nom du pays... officiellement pour des raisons sociales et culturelles, officieusement pour contourner la constitution et ainsi s’octroyer la possibilité de se présenter une troisième fois aux élections. Élections auxquelles il a été élu avec plus de 60% des suffrages! Dans la continuité de ses petites embrouilles, Evo a souhaité demander l'avis de ses électeurs pour un quatrième mandat. Référendum auquel les boliviens ont répondu que NON, ils ne souhaitaient quand même pas le voir à nouveau président en 2019. Finalement, il n'en a rien eu à cirer de l'avis des électeurs et a dernièrement officiellement annoncé sa candidature aux prochaines élections (desquelles il sortira certainement vainqueur...)

Tohubohus pacenien 

Finalement après trois nuits sur notre matelas tout pourri (il ne fallait pas trop espérer d'une chambre d'hôtel à 8€ la nuit), nous avons dû prendre notre courage à deux mains et retourner voir notre Guilhi. Dans son garage en sous sol de l'hôtel, il nous attendait gentiment. L'air de dire: "si je ne démarre pas, ne m'en voulez pas trop...". Après moult tentatives, moult injections d'éther et un enfumage complet du garage... Le moteur est parti! Oui oui oui! Direction un garagiste à la sortie de la ville... mauvaise idée, la circulation à La Paz est un calvaire, nous mettons plus d'une heure à parcourir les quinze kilomètres qui nous séparent du garage. Mais nous arrivons à bon port, et sommes accueillis à bras ouverts par un mécano plus que désireux de nous aider. Les tests n'auront pas pris longtemps pour comprendre que deux de nos bougies de préchauffage sont mortes et qu'il faut les changer. Ne disposant pas des pièces sur place, il nous propose d'aller les chercher chez un revendeur... de l'autre côté de La Paz... Guilhem et lui partent donc en quête des bougies, et reviennent avec les pièces après plus de quatre heures d'embouteillages et de galères. Notre gentil garagiste nous propose de dormir sur place et de changer les pièces à la première heure demain matin. Nous avons donc électricité, douche et WC à disposition, grand luxe! A notre réveil le mécanicien qui s'occupait de notre Guilhi a finalement dû retourner là où les bougies avaient été achetées pour les faire "retailler" sur mesure pour notre moteur. Fort heureusement pour nous, il est en moto et ne prendra que deux heures à faire l'aller-retour... Il installe les bougies neuves, Guilhi démarre au taquet... et le voyant de préchauffage s'allume au bout de deux minutes... Mauvais signe, c'était justement ce qui nous avait mis la puce à l'oreille sur un éventuel problème de préchauffage. On coupe le moteur, on teste les bougies... Les deux neuves sont mortes... Il semblerait que notre Guilhi ait tué les deux intruses. Le garagiste nous explique que c'est certainement dû à la spécificité du temps de chauffe des moteurs Mercedes, et qu'il nous faut acheter des bougies exactement similaires aux initiales. Hé bien, nous n'avions rien contre l'idée, pourquoi ne pas l'avoir fait dès le départ? ... Parce que ces pièces n'existent pas en Bolivie, mais nous devrions les trouver sans soucis au Pérou! Notre solution immédiate est donc de prendre la route, de faire d'un seul trait les cinq-cent kilomètres qui nous séparent de la première ville péruvienne, et de croiser les doigts pour qu'un garagiste ait les pièces.

A contrecœur nous acceptons l'idée de zapper les quelques étapes boliviennes que nous avions en tête. Guilhi accepte lui de démarrer à l'éther une fois encore. Et nous prenons la route pour Puno. C'est dans un brouillard d'anxiété que nous quittons la Bolivie, nous passons la frontière sans vraiment réaliser que nous mettons les pieds pour la première fois au Pérou. La nuit tombante à 18h nous rappelle que nous avons perdu une heure en changeant de pays, nous parcourons les derniers kilomètres quelque peu crispés par la pénombre, une route semée de trous et des conducteurs péruviens imprudents. Mais nous gagnons enfin Puno, où nous passons une nuit agitée par le stress de ne pas trouver de solution pour notre Guilhi. Au matin, notre maison roulante a dû elle aussi passer une mauvaise nuit... Rien n'y fait pour que le moteur se lance... La mort dans l'âme nous le laissons dans son parking et décidons de partir nous même en quête des pièces, avant de trouver un garagiste prêt à venir les installer. Deux, trois, dix revendeurs plus tard, nous trouvons un spécialiste "Bosch". La chance nous sourirait-elle enfin?? Il nous propose de commander les pièces à Lima, la capitale, il les aura demain à midi. N'y croyant qu'à moitié, nous n'avons d'autre choix que de lui faire confiance. Le lendemain nous sommes très en avance, trépignants d'impatience de savoir notre Guilhi enfin guéri. Les pièces arrivent... et ce ne sont pas les bonnes... Pas la bonne marque, pas la bonne taille, nous ne savons pas pourquoi il a commandé celles ci! Quelques recherches sur internet plus tard, nous comprenons enfin que chaque voiture possède ses spécificités de préchauffage et que notre Vito ne peut accepter que certains modèles de bougies. Nous commençons à comprendre un peu mieux toute cette histoire de bougies... et tentons de l'expliquer à notre revendeur de pièces. Nous lui établissons une liste de tous les modèles compatibles avec Guilhi et croisons les doigts pour qu'il en ait au moins un. Faux espoirs?... lui continue d'y croire, il envoie notre liste à toutes ses connaissances. La machine est lancée, de Lima à Cuzco en passant par toutes les villes du Pérou, les pièces tant espérées sont l'ennemi public numéro un! Qui les trouvera en premier remportera une grosse récompense!! Seulement c'est samedi, il est 17h... Tout le monde a envie de rentrer chez soi. Nous devrons donc attendre deux jours pour savoir si les investigations de notre nouvel ami ont porté leurs fruits...

Nous réalisons alors que nous sommes au bord du lac Titicaca, le plus grand lac de haute montagne au monde, et que nous ne l'avons même pas encore vu... Nous ne passerons pas ces deux prochains jours à ruminer, il est temps de nous changer les idées. Nous partons donc à la rencontre des peuples originaires des iles du lac.

A la rencontre des gens du lac 
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El lago Titicaca... le rocher du puma 

De nouvelles aventures nous attendent sur ce lac mythique, il nous tarde de naviguer sur les eaux encore très légèrement salées de ce petit bout d'océan préhistorique, de rencontrer ses habitants et de profiter de la quiétude de la nature. À bord de notre navire, nous faisons la connaissance de notre guide Leo et de l'équipage venu du monde entier. Notre petit groupe s'élance alors à l'assaut des îles flottantes Uros. Pourquoi flottantes? Parce qu'elles sont construites en roseaux et ne doivent leur flottaison qu'à la légèreté de la mousse/terre sur laquelle les branches sont simplement posées au sol (et depuis quelques années à l'aide de milliers de bouteilles en plastique). Les petits blocs de terre sont accrochés les uns aux autres par des pics de bois et des cordages. Avec le temps, les racines de roseaux poussent d'un bloc à l'autre pour resserrer leurs liens.

Iles de roseaux 

C'est incroyable qu'aujourd'hui l'archipel compte 40 îles, toutes habitées par des familles originaires du peuple Uros. Les Uros étaient autrefois sédentaires, des pécheurs établis sur les rives du lac. Mais au moment de l'invasion du peuple Inca, ils ont fui l'esclavagisme en partant au large. Leurs embarcations de l'époque étaient déjà faites de roseaux, ils les ont alors fixées les unes aux autres. C'est ainsi que virent le jour les premières îles flottantes. Leur position sur le lac a changé à de multiples reprises avant de se fixer il y a une quinzaine d'années à seulement quelques kilomètres de la côte. Ceci leur a permit de développer le tourisme et de s'assurer des revenus réguliers, en plus de la pèche. Cette proximité avec le Pérou et le développement du commerce avec le continent ne fait pourtant pas que tous parlent espagnol couramment. La langue native des Uros est le Aymara. Je trouve ça beau que des peuples très anciens gardent encore leur langue d'origine.

Nous en apprenons beaucoup sur le lac, notamment sur l'origine de son nom qui a perdu tout son sens en étant "espagnolisé". En effet, "titi" en aymara signifie puma et "karh'ka" roc ou rocher. Ce nom a d'abord été donné à la Isla del Sol, située en Bolivie à quelques kilomètre de Copacabana. Plus tard, il a été attribué au lac entier, mais l'invasion espagnole aura quelque peu remodelé la prononciation des mots aymara et quetchua. Ainsi Titi Karh'ka s'est transformé au fil des ans en Titicaca, "titi" signifiant toujours puma en espagnol... mais"caca" ayant la même signification qu'en français...

Islas Uros

Notre seconde étape sur le lac sera l'île Amantani, une île ferme et solide cette fois ci. Les habitants sont également originaires des peuples pré-incas et ne sont pas natifs hispaniques. Nous allons pourtant passer presque 24h dans une famille insulaire. Sur Amantani se trouvent dix tribus, qui se répartissent les touristes de manière équitable sur un système de roulement. Nos mamas du jour nous accueillent au port dans leurs tenues traditionnelles. Leo attribue des petits groupes de quatre touristes à chacune d'elle. Nous voyons petit à petit tout le monde partir jusqu'à nous retrouver seuls, entourés d'une jeune allemande, une japonaise et de la plus chicita de toutes les mamas, Majta. L'aventure commence! Par chance, Majta maîtrise quelques notions d'espagnol. Elle nous emmène dans sa maison, nous prépare un délicieux déjeuner et nous lui offrons les quelques cadeaux que nous avions pensé à apporter. Amantani se trouve à plus de trois heures de bateau de la terre ferme, les habitants ne vivent que de leurs productions agricoles et des maigres revenus du tourisme. Il ne leur est guère possible d'accéder aux "richesses" qui nous semblent si normales à nous européens. C'est avec une émotion non feinte que j'observe le bonheur de Majta quand elle découvre les quelques médicaments, pansements, produits de beauté et de toilette que je lui offre.

L'après-midi nous retrouvons notre groupe pour une épique ascension au temple du soleil. La légende veut que nous y montions en portant une pierre représentant nos pêchers, que nous fassions trois tours du temple avec cette pierre avant de la poser dans le mur d'enceinte. Alors seulement nos pêchers seront pardonnés et nous pourrons formuler un vœux au Dieu Soleil. Nous nous exécutons sans plus attendre, vous pouvez vous faire une petite idée des vœux qui nous trottent dans la tête. En redescendant au village, Majda nous attend pour le dîner. Léger et rapide car une incroyable soirée nous attend! Nous avons la chance de participer à une feria traditionnelle Amantani. Pour l'occasion, Majta et son papa nous prêtent leurs tenues. Une fois habillés, nous partons pour la salle communale où la fête bat son plein. Les musiciens mettent une sacrée ambiance et les mamas nous invitent à danser sur les musiques traditionnelles.

C'est le cœur serré que nous disons au-revoir à notre mama au petit matin. Ces quelques heures sur Amantani resteront parmi les plus beaux souvenirs de notre voyage.

La isla Amantani 

La dernière étape de notre séjour lacustre se fait sur Taquille. Pourtant à seulement quelques kilomètres d'Amantani, nous craignons de ne jamais y arriver au vue des conditions climatiques! Un lac d'une telle superficie ressemble à s'y méprendre à une mer, les vagues et le vent compris... Finalement nous gagnons plutôt rapidement notre dernière île. Nous avons la chance d'arriver sur la place publique dans la matinée du lundi. C'est à ce moment que les comptables de la communauté répartissent les revenus des ventes de produits artisanaux de la semaine passée. Nous pouvons observer les habitants de Taquille dans leur vie quotidienne. Après quelques kilomètres sur le sentier qui parcourt l'île, nous déjeunons d'un traditionnel repas péruvien: soupe de quinoa et truite du lac à la plancha. Simple, efficace et délicieux! Le trajet du retour est plus paisible, le temps s'est éclairci et la "mer" est calme.

Isla Taquille

Retour sur la terre ferme après deux jours hors du temps. Retour à la réalité après la magie du lac Titicaca. Vous souhaitez savoir où nous en sommes avec notre Guilhi? La réponse ne devrait pas tarder... Patience!

Au pire nous avons trouvé d'autres moyens de transport!
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Les premiers jours de notre Guilhi 

Vous l'aurez compris dans ce titre, il s'est passé quelque chose qui nous aura conduit à nous séparer de Guilhi. Dans quel état? Pourquoi? Remontons le temps au moment de notre retour des îles...

Nous sommes allés directement dans un café pour obtenir du wifi et appeler notre ami des repuestos. Comme je le craignais un peu, il ne s'était pas vraiment préoccupé de notre problème depuis le samedi après-midi. Il nous demande une heure de patience pour relancer la machine auprès de ses espions péruviens. Nous gardons espoir, il va trouver un modèle compatible! Une heure plus tard, il nous rappelle enfin. Nous sommes fébriles... En seulement quelques secondes tous nos espoirs sont détruits. Selon lui, il est impossible de trouver ce type de bougies au Pérou. La boule au ventre revient, la migraine me gagne... Nous évaluons les chances pour qu'il n'ait pas pu avoir les infos de tous les revendeurs du pays, et décidons d'y croire encore et de tenter la prochaine grosse ville. Si Guilhi veut bien démarrer... Le moteur gronde, souffle...et s’essouffle... Les essais de la dernière fois ajoutés à ceux d'aujourd'hui auront eu raison de la batterie. Alertés par le vacarme que nous faisons, des voisins de l'immeuble d'à côté viennent à notre secours. En quelques minutes la batterie est connectée à une autre voiture et nous retentons notre chance. Par miracle Guilhi fini par démarrer, mais au premier coup d'accélérateur il se coupe... le moteur est encore vraiment trop froid! Nous retentons notre chance et laissons le moteur tourner pour qu'il chauffe. Afin de faire face à une prochaine situation de batterie hors service, je demande à nos anges gardiens où nous pourrions acheter des câbles dans le coin. Jaime, l'un des voisins, propose de m'accompagner. Outre une négociation efficace avec le vendeur, notre ballade dans la ville m'aura permis d'ouvrir les yeux sur plusieurs points. Selon Jaime, nous ne trouverons jamais ces pièces au Pérou; la ville où nous voulons passer la nuit est dangereuse; Guilhi se vendrait sans soucis à Cusco; nous devrions pouvoir envoyer par colis et pour pas trop cher les choses importantes que nous souhaitons retourner en France. Petit à petit l'idée fait son chemin, et de retour au camion je crois que Guilhem a commencé à murir la même idée. Jaime, toujours cet ange gardien, m'accompagne à la poste juste avant la fermeture pour connaître les tarifs et délais de livraison. Il nous conseille à nouveau de dormir ici et de prendre la route pour Cusco demain matin. La nuit est tombée et nous sommes sur les nerfs, c'est en effet plus prudent de rester une nuit de plus à Puno. Le moteur tourne depuis deux heures (désolée pour la pollution!), il est bien chaud... mais tant pis, nous prenons le risque de le couper.

Il est temps désormais de discuter entre nous et de prendre des décisions. C'est autour d'une Piña Colada que nous admettons tous les deux être épuisés de ces soucis mécaniques. Guilhi est devenu d'avantage une source d'ennuis que de plaisir... Il nous reste environ deux mois de voyage, deux mois que nous pourrions vivre d'une toute nouvelle façon. L'idée de séjourner en auberge de jeunesse, de voyager en bus et de faire de nouvelles rencontres nous attire plutôt. Ce type de voyage nous permettrait également de faire des bonds plus grands dans l'espace et de peut-être atteindre notre objectif, Carthagène en Colombie. Nous mettons quelques heures à l'énoncer à voie haute, mais depuis un moment notre décision est prise, nous allons vendre Guilhi à Cusco... enfin nous allons essayer de le vendre.

Au petit matin, Jaime est là, prêt à nous aider! Guilhi est plutôt sympa, il démarre en peu de temps. Pendant que le moteur chauffe, je mets de côté les quelques affaires qui nous sont chères et qui seraient trop encombrantes en voyage backpack. Jaime, toujours aux petits soins, m'accompagne à nouveau à la poste. Nous préparons le colis (5kg max), remplissons les multiples documents (je dois apposer mon empreinte digitale sur pas moins de cinq feuilles!), et enfin le colis est prêt à partir. Il devrait arriver en France sous 25 jours, maman tiens toi prête. Finalement arrive l'heure du départ. Nous échangeons nos coordonnées avec Jaime et espérons pouvoir un jour lui rendre la pareille. 400 kilomètre et six heures plus tard nous apercevons Cusco. Guilhi a été au top, il est en parfait état de route...

Les hostilités commencent, il faut trouver quelqu'un, un garagiste serait pas mal, prêt à acheter un véhicule dont les pièces sont inutiles au Pérou et surtout illégalement puisque sans carte grise. Que je vous explique, Guilhi dispose comme nous d'un permis de séjour dans les pays que nous visitons, 90 jours par pays. Importer un véhicule dans un pays d'Amérique du Sud coute extrêmement cher, et nous n'étions même pas sûrs de pouvoir le faire vu l'âge de notre Guilhi. Le premier garage que nous faisons est clair, c'est inintéressant d'acheter ce véhicule car il ne pourra pas circuler librement ici et l'acheter pour pièces ne servirait à rien car aucun véhicule du Pérou ne pourrait les recevoir. Bon... Deuxième garage plus prometteur, plusieurs hommes présents semblent intéressés et ils nous demandent de revenir le lendemain à la première heure. Nous passons ce que nous espérons être notre dernière nuit dans Guilhi. Au matin, il semble avoir compris l'enjeu et démarre après seulement deux essais. Nous nous rendons au garage et l'un des hommes prêts à l'acheter nous propose d'aller voir son notaire pour effectuer une session de véhicule car celui ci est "hors d'usage". C'est selon lui la solution pour qu'il puisse par la suite faire un changement de plaque d'immatriculation. Nous sommes plutôt d'accord, sauf que le notaire ne sera disponible que le lendemain... Nous lui laissons un espoir mais ne lui garantissons rien, nous avons toute la journée pour trouver un acheteur.

Troisième garage, plusieurs hommes semblent également intéressés, ils prennent des photos, passent des appels. Ils nous demandent quelques heures de patience. Nous leurs laissons trois heures, durant lesquelles nous continuons nos investigations. Finalement nous ne trouvons que des portes fermées dans les prochains garages que nous visitons. C'est donc pleins d'espoirs que nous retournons à notre lieu de rendez-vous. Un homme veut nous le prendre tout de suite pour le prix demandé, mais il ne veut pas nous acheter tout le matériel de camping et autres bricoles qui se trouvent dedans... Guilhem part en ville avec lui pour signer les papiers chez le notaire tandis que je mets en place une brocante improvisée. L'après-midi avance, je range tout notre bazar pendant que Guilhem galère chez des notaires qui lui expliquent qu'aucune solution légale n'est envisageable. Finalement je trouve une acheteuse qui me prend TOUTES nos affaires pour un bon prix, et Guilhem parvient à convaincre l'acheteur de prendre Guilhi sans papiers. Nous nous retrouvons enfin, quatre heures plus tard, sans véhicule, sans toit, avec quatre sacs à dos... C'est donc fait?! Nous avons vendus Guilhi?

Nos derniers instants avec Guilhi

Difficile de réaliser après cinq mois de vie commune que nous ne le reverrons plus, que nous ne roulerons plus avec, que nous ne dormirons plus dedans. Finis les petits déj, les films sous la couette, les maladresses dues à l’exiguïté... Mais c'est fait, nous commençons aujourd'hui un nouveau voyage dans notre voyage. Et je vous promets une bonne dose d'aventures et de mésaventures à chaque étape!

Bon vent <3 
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Mystérieux Machu Picchu

C’est l’esprit apaisé et le cœur léger que nous entamons notre découverte de Cuzco et ses environs. La ville est magnifique, il y a bien longtemps qu’il ne nous avait pas été donné d’admirer une telle unité de style et tant de charme dans un cadre urbain. Les fondations Incas ont été sublimées par des bâtiments de styles coloniaux, tout cet ensemble étant protégé par l’UNESCO. Construite à flanc de montagne, Cuzco offre aux mollets un bon entrainement pour le Machu Picchu qui se trouve à seulement quelques heures de là. C’est donc ici que se retrouvent les milliers de touristes curieux de découvrir la mystérieuse cité perdue des Incas. Nous avions réservé notre billet d’entrée au Machu bien en avance et avions donc quelques jours devant nous pour visiter Cuzco et les multiples sites Inca et pré-Incas aux alentours.

Après en avoir appris un peu plus sur le Pérou, de l’époque précoloniale à nos jours, nous comprenons mieux les problèmes présidentiels que rencontre le pays… Cela ne daterait pas d’hier que les dirigeants péruviens mettent à mauvais profit leur pouvoir. Des crises fratricides Incas, qui ont beaucoup aidé les espagnols dans leurs conquêtes du pays, aux corruptions et détournements d’argent, qui ont conduit les cinq derniers présidents en prison, il semblerait que les péruviens ne sachent que très mal choisir leur gouvernement. Il faut dire qu’économiquement, le pays est particulièrement à la merci du reste du monde. En effet, les richesses du Pérou se trouvent dans son sous-sol. Ainsi, le PIB du pays dépend principalement des cours de l’or, de l’argent et autres ressources minières. Difficile d'assurer la prospérité de son pays sur des bases si instables...

Notre petite vie de cusquenos 

Le Pérou n’est pas seulement un pays instable politiquement, fort heureusement ! C’est un pays à l’Histoire riche et tumultueuse, qui a vécu de multiples rebondissements et en sort aujourd’hui grandit. On sent une certaine fierté, tout à fait modeste, chez les péruviens. Ils sont fiers de leurs origines, de leur culture et de leurs savoirs-faires. C’est un pays géographiquement idéalement situé, le climat tropical permet la production de tous les fruits et légumes dont on pourrait rêver. La pomme de terre, par exemple, est originaire du Pérou ! Il en existe ici plus de 4000 variétés ! Et, mis à part les frites servies dans chaque assiette, on peut dire qu’avec toute cette richesse agricole, la cuisine péruvienne a su faire des miracles. Nous n’avions pas mangé aussi bien depuis longtemps, les plats sont variés et savoureux, et comble du luxe, les prix sont dérisoires. Nous mangeons pour moins de 10€ à nous deux à chaque repas, difficile de rivaliser en faisant la cuisine nous même à l’auberge de jeunesse…

Culture et traditions 

J'ai cru comprendre que Marie et papa aimaient bien les portraits de gens et d'enfants.

Petit test en noir et blanc 😀

Série test 

Le principal intérêt du coin ceci-dit reste dans les gros cailloux, plus ou moins en bon état, dont on comprend plus ou moins l'utilité initiale... Trêve d'ironie, il faut reconnaître que toutes ces forteresses Incas sont impressionnantes de grandeur et d'ingéniosité. Des blocs de plusieurs tonnes montés depuis la vallée, taillés à la perfection et assemblés les uns sur les autres... C'est un peu dommage qu'ils n'aient pas su échanger avec les espagnols pour que nous sachions vraiment à quoi servait chaque chose à l'époque. Il faut aussi rendre à César ce qui appartient à César, beaucoup de constructions de la région de Cuzco remontent à la période pré-Incas. Les Quechuas, avant de se faire exploités ou expulsés, avaient eux aussi inventés de belles choses. Nous avons par exemple visité une sorte de ferme expérimentale, qui servait à tester différentes semences et à "stocker" des plantations rares en toutes saisons. Un peu plus loin nous sommes aussi passés par des marais salants accrochés à la montagne. Encore en fonctionnement, ils exploitent une source salée originaire du temps où la région n'était qu'un petit bout d'océan.

La vallée sacrée des Incas

Bon et puis est venu le moment de L’EXPÉDITION! La vraie! Celle qui nous aura conduits au fin fond de la jungle tropicale, dans la forêt amazonienne, au bord des précipices les plus dangereux du monde... Nous sommes partis pour le Machu Picchu!!!

Il existe de multiples moyens d’accéder au Machu Picchu, sauf que soit on est riche soit on ne l’est pas ! Nous on ne l’est qu’à moitié, du coup on fait les choses… à fond ! On a choisi l’option low coast pour l’aller et l'option friqués pour le retour, histoire de tout voir et tout tester. C'est donc en bus pour Santa Teresa, suivi d’un van pour Hidroelectrica que nous sommes partis. Suivis d’une rando de dix kilomètres jusqu’au pied du Machu, d’une acensions sur 2km et 500m de dénivelés consistant à plusieurs milliers de marches Incas... et enfin le Graal, le Machu Picchu ! Nous avons entrecoupé notre périple de quelques activités sympas. Tout d’abord le bus, 6h à rouler à flanc de montagne, à éviter les éboulis, à se tenir à son voisin à chaque virage, à faire un bond à chaque bosse de la route… Sans trop savoir par quel miracle, nous sommes arrivés à destination ! Pour nous remettre de nos émotions, nous avons profité de piscines thermales de la toute petite ville où nous passions la nuit.

Au petit matin, la vraie aventure commence. Nous trouvons un van pour nous conduire à quelques kilomètres de là, au point de départ du sentier de randonnée. A peine mettons nous pieds à terre que la pluie nous rejoint, étonnamment cela se prête plutôt bien avec le lieu. Nous avons perdu plus de 1000m de hauteur depuis Cuzco et la nature a radicalement changé. A présent, nous sommes dans la jungle, la végétation est luxuriante et les moustiques sont biens présents pour nous rappeler l’humidité ambiante. Le long des rails de chemin de fer, nous évoluons sous des trombes d’eau. La randonnée consiste à contourner la montagne sur laquelle est posée le Machu. Même si on le sait juste au dessus de nos têtes, impossible de lever les yeux pour le voir sous peine de se retrouver aveuglés par la douche qui nous arrose… Mais nous allons d’un bon pas et nous nous retrouvons aux pieds des escaliers en un peu plus d’une heure et demie, ça motive la pluie ! Nouvelle étape de notre mission, les escaliers Incas. La pluie se calme et nous essayons de garder une cadence régulière tout au long de l’ascension. Nous devons avoir une bonne allure car nous dépassons de nombreux grimpeurs. Arrivés en haut, coup d’œil au chrono : 45min ! Nous avons fait en 2h30 ce qui normalement se fait en 4h, pas peut fiers les Eyrauds !! Bon là il fait très froid, on est détrempés, on a faim… Et il reste le Machu Picchu à faire en fait… Pause casse-croute, changement de vêtements (merci Decathlon d’avoir inventé les sur-sac-à-dos étanches !) et on repart. Le brouillard qui recouvre les montagnes et les ruines du Machu donne un air encore plu mystique au lieu, c’est à la fois terrifiant et magnifique. Nous profitons du calme du lieu dû à la mauvaise météo et au fait d’avoir choisi le tour de l’après-midi (beaucoup moins de monde que le matin). Aussi hermétique que je puisse être aux ruines et aux gros cailloux… je dois bien le reconnaître, ce lieu à une âme sacrée.

La redescente est tout aussi épique que la montée. Après presque deux heures à crapahuter dans le Machu, nous voici donc partis pour les escalier et les deux petits kilomètres supplémentaires qui nous séparent de la ville d'Aguas Calientes. Aouch les genoux, aouch les chevilles... Mais nous sommes impatients de trouver notre hôtel et une douche chaude! Aguas Calientes s'est construite uniquement pour le tourisme, un amas d'immeubles mélangeants hôtels et restaurants. Elle n'est accessible que par le train (ou à pieds comme nous l'avons fait) ce qui lui donne un petit air de "ville du bout du monde". Après une bonne demie-heure à essayer d'avoir de l'eau chaude et un changement de chambre, nous trouvons enfin le repos des guerriers dans une douche et une sieste sous une couette bien douillette. Affamés par notre expédition, nous nous offrons un diner de rois dans le meilleur restaurant de la ville. Digne d'un gastro en France, nous nous ruinons avec un menu à 20€. Et quel délice!

Au matin, il est temps de renouer avec la vraie vie. Nos affaires trempées sous le bras, nous partons pour la gare où nous attend notre "option de luxe". Afin de voir tous les aspects et toutes les possibilités d'expéditions au Machu Picchu, nous avons opté pour un retour en train. A travers la montagne et la forêt tropicale, notre locomotive nous conduit jusqu'à Ollantaytambo, autre cité Inca. Un dernier petit tour de ruines et de cailloux plus tard, nous rejoignons Cuzco dans un taxi collectif.

Cela sonne comme la fin de notre expérience d'explorateurs à la recherche des temples perdus. Mais je crois que notre prochaine mission devrait vous plaire... Où allons-nous? Surprise!

Machu Picchu

Petite pause détente, instant Lamas & Alpaguas!

Lamas & Alpaguas 
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Expédition dans la jungle

Nous avons souhaité profiter de la proximité (toute relative) de Cuzco avec la jungle tropicale. Pas si accessible finalement ce territoire gigantesque et encore totalement sauvage. De l'autre côté de la Cordillère des Andes, à partir du tropique du Capricorne et jusqu'à la partie la plus au nord du continent sud américain, se trouve une forêt incroyable qui regorge de richesses naturelles. Dans la végétation la plus luxuriante au monde, entourés d'une faune sauvage et dangereuse, vivent encore des tribus de la forêt amazonienne qui ne connaissent rien de notre civilisation moderne. Nous avons voulu mettre un pied dans ce monde si peu adapté à nos petites vies d'européens.

Le monde sauvage porte tellement bien son nom. Il faut redoubler d'efforts et de motivation pour y parvenir. Mais nous avons su en faire preuve et le jeu en valait bien la chandelle. Après un lever à l'aube, nous sommes partis en bus de Cuzco à 6h du matin. Nous avons la chance d'être en basse saison, c'est donc à deux couples que nous nous aventurons dans la jungle aux côtés de notre guide Juan-Carlos, de notre chauffeur et de notre cuisinier. C'est un peu la classe cette aventure quand-même! Nous voilà donc partis pour au minimum 8h de route. A flanc de montagne nous quittons la Sierra (les hauts plateaux de la cordillère) pour atteindre les sommets avant d'entamer notre descente de l'autre côté des Andes. Les paysages sont époustouflants! Ils deviennent encore plus saisissants quand la jungle, la vraie, apparait.

Nous profitons d'une petite pause dans un village, étonnamment très développé économiquement grâce à sa situation géographique, pour en apprendre un peu plus sur les peuples natifs et leur évolution. Bien qu'il existe encore quelques tribus au cœur de la forêt, beaucoup de villages se sont modernisés et vivent aujourd'hui des productions agricoles. La ville où nous sommes sert justement de point stratégique dans les échanges de viandes et patates venant de la région de Cuzco avec les fruits tropicaux produits aux portes de la jungle. C'est un drôle de spectacle auquel nous assistons avant de reprendre notre route.

Sauf que nous sommes en saison des pluies et qu'il y a beaucoup beaucoup d'eau dans la jungle... Nous nous trouvons bloqués une première fois suite à des éboulis sur la route, qui sont écartés en moins de deux par des travailleurs péruviens ultra réactifs. La seconde zone d'éboulis est bien plus impressionnantes et les tractopelles mettront plus de deux heures à libérer un passage... Patience mes enfants, la jungle se mérite! Finalement nous arrivons à notre première "albergue" sur les coups de 21h, une longue journée nous attend demain, nous filons donc nous coucher après un diner léger.

Le lendemain, il nous aura fallu débourber notre bus, une chaude et humide randonnée, un tour en bateau sur une rivière aux courants impressionnants et la traversée à pieds de marécages, pour atteindre la vraie jungle. Notre seconde albergue (refuge) se trouve vraiment au cœur de la forêt, à des kilomètres d'un moindre village. Même si nous sommes très loin des vrais indiens natifs, nous nous y croyons presque, dans notre expérience sauvage.

Un pied dans le monde sauvage 

Finalement nous avons pu nous retrouver nez à nez avec ce que nous espérions, les animaux des tropiques! Des perroquets et singes apprivoisés dans nos albergues, aux animaux rescapés dans un refuge, nous avons eu la chance d'en côtoyer de très près. D'autres moins agréables sont heureusement restés à bonne distance, comme les "bullet ant" (fourmis dont la morsure serait extrêmement douloureuse), les araignées ou encore les chenilles... les moustiques, quand à eux auront eu droit au plus fameux de tous les festins en s'attaquant voracement à mon sang...

Le summum aura été en fin de séjour, quand au cours d'une épique randonnée vers un sommet, nous sommes tombés sur une famille de singes. Aussi surpris les uns que les autres, nous sommes restés de longues minutes à nous observés les uns les autres... avant de retourner à nos petites vies respectives.

Zoologie 

Mais le retour vers le monde moderne aura été aussi épique et mouvementé que l'aller. Départ de notre albergue un peu avant 3h du matin, les grenouilles chantent encore leur symphonie nocturne, même les coqs ne sont pas réveillés à cette heure... Par miracle notre bus parvient sans peine à remonter l'allée boueuse dans laquelle il s'était embourbé quelques jours plus tôt. Nous empruntons la route sinueuse et cahoteuse qui doit nous mener à nouveau vers les sommets andins. Petit à petit le groupe se rendort (sauf notre chauffeur heureusement!), quand le bus s'arrête brusquement... A la lueur des phares, nous distinguons un amas végétal au milieu du passage. Un énorme bambou s'est échoué là durant la nuit à cause des pluies torrentielles, c'est bien notre veine... Mais à notre grande surprise Juan-Carlos sort de sous son siège une machette et part couper les branches et tente de dégager le chemin. Solidaires et décidés à venir à bout de ce trajet, nous descendons tous du bus. Nous voici donc à 5h du matin, sous la pluie, équipés de nos lampes frontales, en train d'arracher des branches de bambous et de les jeter dans le ravin. Notre équipe est efficace, il est à peine 5h30 lorsque le bus parvient enfin à passer l'obstacle! Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines... A peine rendormis, une petite demie-heure plus tard... Nouvel arrêt, un camion coupe la circulation, son arrière-train étant suspendu dans le vide. Aucune solution n'est envisageable dans l'immédiat, les fossés ici ne ressemblent pas à ceux de nos campagnes françaises... Ce seraient plusieurs centaines de mètres de vide qui nous attendraient si nous tentions de tirer le camion et qu'il nous entraînait finalement dans sa chute... Encore une fois, nous devons notre salut et la suite de notre parcours à l'efficacité des services publics péruviens. En peu de temps, une machine est là pour le sortir de ce pétrin et libérer le passage. C'est un vrai soulagement, et un pur bonheur de regarder le soleil se lever sur les montagnes andines. Finalement la jungle nous aura réservé de bien belles surprises, d'avantage encore que ce que nous imaginions.

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Zen soyons zen

Nous voilà partis de Cusco chargés comme des mulets direction Nazca. C’est amusant parce que c’est un endroit dont tout le monde a forcément déjà entendu parler, sans pour autant savoir vraiment de quoi il s’agit ni où cela se trouve. Donc Nazca se trouve à une nuit de bus de Cusco… Un peu au sud de Lima, au cœur du désert péruvien. Après de longues heures à chercher une position "confortable" pour trouver le sommeil (les nuits en bus ne nous avaient pas manqué depuis le Brésil), nous sommes finalement arrivés à bon port. Choc climatique radical après Cusco et la jungle, ici il fait 35°c de sècheresse sous un soleil de plomb. Nous avons perdu 3000m d’altitude et pensions être en pleine forme physique, prêts à courir un marathon… que nenni, ce sont plutôt sieste et ventilateurs qui nous attendent. Nous farnientons dans la ville en attendant avec impatience notre vol de demain. Notre vol ? Mais pourquoi ?

Petit rappel des cours d’histoire de nos années collège… Il se trouve que dans ce désert, il y a 2000 ans, les Nazcas ont dessiné au sol d’immenses formes géométriques et animales. Aucune explication du pourquoi du comment n’a aujourd’hui été scientifiquement prouvée ou invalidée. Plus de 800 formes, parfois parfaitement rectilignes, ont été mises au jour, mais nul ne sait ce qui a poussé plusieurs générations du peuple Nazca à entreprendre un tel projet. Les théories archéologiques les plus probables parlent de sites rituels, de calendrier astronomique… mais d’autres théories plus alambiquées n’ont pu être scientifiquement réfutées. Et si les lignes étaient des pistes d’atterrissage pour les extra-terrestres ? C’est d’ailleurs une idée que nos colocs sud-africains de l’auberge de jeunesse ont tenté d’explorer. Nous les avons rencontrés au lendemain de l’expérience la plus paranormale de leur vie. La veille, dans une salle secrète d’un hôtel hors de la ville, ils ont eu la chance de voir (et de sentir) deux spécimens extraterrestres momifiés. Leurs descriptions, leur récit et leur conviction nous auraient presque fait croire à l’existence de ces martiens… Mais nous sommes encore un peu trop cartésiens je crois…

Toujours est-il que ces fameuses lignes et dessins, nous étions impatients de les voir en vrai. Arrivés à l’aérodrome je fais un peu moins la maligne à la vue des minuscules coucous dans lesquels embarquent les touristes. Dans le notre, nous serons six : Pilote, co-pilote, un couple de chiliens et nous. L’appareil semble si fragile, comme si le moindre coup de vent pouvait le retourner ou arracher une aile… Chaque mouvement se ressent dans de grosses secousses, le bruit est assourdissant, et le décollage pas du tout rassurant. Mais nous sommes finalement dans les airs, ouf ! Sauf que la première figure arrive et que le pilote effectue un virage très serré du côté où je me trouve. Sans trop comprendre pourquoi, je sens des larmes couler sur mes joues… Bien que la beauté du paysage et les motifs que nous distinguons au sol captent mon attention, je me crispe à mon siège et à la jambe de Guilhem. "Respires, tout va bien, ça va aller"... Pour quelques minutes seulement… Je ne peux m’empêcher de pleurer à chaque virage que nous prenons, jusqu’à ce que la panique me gagne complètement. Mes muscles se crispent les uns après les autres avec une telle force que ma mâchoire ne s’ouvre plus, m’empêchant ainsi de respirer normalement… ce qui ne fait qu’accentuer la crise de panique. Mes mains et pieds aussi se contractent, c’est si douloureux que je ne sais plus quoi faire pour que cela s’arrête. Impossible de parler, de respirer, de penser… S’en est trop, je sens que je perds contact avec le monde. Le pilote a su réagir rapidement, il nous ramène à l’aérodrome où une secouriste m’attend avec une compresse d’alcool qu’elle me met sous le nez. Petit à petit, je sens mon corps m’appartenir à nouveau. Elle me masse les mains pour les aider à s’ouvrir à nouveau, ma mâchoire aussi se relâche et je peux enfin expliquer à mon pauvre mari encore plus paniqué que moi ce qui m’est arrivé… Après de longues minutes et mes esprits pleinement retrouvés, je suis toute penaude d’avoir gâché le vol des chiliens et de Guilhem… Mais nous avons pu tout de même voir quelques figures et faire de belles photos…

Les lignes de Nazca 

Toutes ces émotions nous ont bien secoués l’un et l’autre, il est temps d’aller prendre un peu de bon temps ! Direction Huacachina, une oasis au milieu des dunes de sable. Nous avons déniché le parfait hôtel pour se la couler douce quelques jours. Bar, piscine, hamacs… Et le soleil au rendez-vous ! De nombreuses activités sont proposées dans les dunes et nous avons opté pour une sortie quad au coucher du soleil, on peut vraiment dire qu’on ne se refuse rien pendant les vacances! Bon, il faut avouer que nous avons bien vite compris qu'ici, rien ne se paie plein tarif, nous sommes donc devenus de durs négociateurs ! De plus, quand l'activité proposée n'est pas tout à fait celle qui nous avait été vendu... notre côté "français" ressort et nous savons râler comme il le faut... C'est en ne payant une sortie quad qu'un cinquième du prix initialement annoncé que nous avons compris que notre espagnol commence à être efficace (ou alors que nous sommes vraiment de gros casses-pieds...)

Huacachina se trouve également à quelques kilomètres de la région viticole du Pérou. Précisons bien viTicole et non viNicole, car bien qu’ils se disent producteurs de vins… après y avoir gouté, nous réfutons cette autoproclamassions. Ils savent certes produire du Pisco (liqueur de vin), mais leurs « vins » n’ont aucun rapport avec le noble produit dont nous sommes si fiers, nous petits français !

Reprenons nos esprits 
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Pour le week-end de Pâques, nous avions envie de connaître les traditions d'un pays à plus de 90% catholique. Nous avions appris que la semaine sainte est célébrée dans toutes les grandes villes du Pérou, mais surtout à Ayacucho. C'est une ville perdue dans la montagne à près de 3000m d'altitude. Sa situation stratégique sur la route de Cusco à Lima et ses quelques réserves souterraines lui auront valu de susciter l’intérêt des conquistadors espagnols. Ainsi, 33 églises ont été construites dans cette petite cité qui a su en tirer profit en réalisant chaque année la plus grande célébration nationale de la résurrection du Christ. On peut dire que notre petite chasse à l’œuf et le gigot d'agneau sont bien tristounets à côté de ce qui se passe à Ayacucho!

Au delà de ces récentes traditions pascales, la région est aussi celle qui a vu l'indépendance du Pérou officiellement proclamée. Nous avons donc profité de notre séjour pour prendre quelques leçons d'histoire pré-Inca et post-conquistadors. D'un ancien sanctuaire Huari à un village artisanal de poterie en passant par la "Pampa de Ayacucho", lieu de la dernière bataille contre les espagnols, voici un aperçu des richesses culturelles du coin :

Découvertes de la région 

Ce n'est cependant pas tout à fait pour l'histoire du Pérou que nous sommes venus à Ayachuco mais bien pour son célèbre week-end pascal. Au cœur des fanfares et lâchers de taureaux, la foule venue du pays tout entier envahie les rues pendant deux jours. C'est à la foi une cacophonie sans queue ni tête et un vrai moment traditionnel durant lequel les différents quartiers de la ville défilent dans leurs plus beaux habits. Cela reste également une fête religieuse chère aux péruviens, les messes s'enchaînent toute la journée dans la cathédrale et sont diffusées sur la place d'armes par des hauts parleurs grésillants qui tentent de se faire entendre malgré le bruit des tambours et trompettes.

Le samedi matin a lieu, de manière plus ou moins légale, un lâcher de taureaux dans les rues de la ville. Des milliers de personnes, toutes vêtues en rouge et blanc, trépignent d'impatience dans l'espoir d'approcher les taureaux au plus près sans se prendre de coup de corne. Quand les taureaux sont enfin lâchés, chacun leur tour, les gens courent, hurlent, sautent dans tous les sens. Nous avons nous même commencé à prendre peur, jusqu'à constater que les taureaux étaient attachés à une corde tirée par un cheval... Le plus gros danger à ce moment là étant la foule, surexcitée et déjà bien alcoolisée à seulement 11h du matin, nous avons difficilement quitté la cohue pour regagner les festivités religieuses de la cathédrale. En lisant le journal le lundi matin, nous avons tout de même appris que des gens avaient été sérieusement blessés et que seulement quatre taureaux avaient finalement été lâchés!

L'événement qui marque la fin de la semaine sainte, et la résurrection de Jésus, est une procession du Christ le dernier dimanche du carême. Sur un promontoire de plusieurs mètres de haut et de plusieurs centaines de kilos, trône Jésus sur sa croix, entouré de cierges blancs. La messe ce jour là est donnée à 4h du matin... et la procession a lieu sur les coups de 5h... honte à nous, il nous a été impossible de sortir un pied du lit si tôt (la faute aux bus de nuit qui nous épuisent). Cependant, nous avons pu constater que bon nombre de péruviens se préparaient à participer à cet événement religieux d'une manière plutôt... originale! Le samedi soir, la place d'armes s'est retrouvée envahie des fanfares de tous les quartiers de la ville. La bière coulant à flot depuis le matin, les toréadors amateurs étaient à 18h dans un bel état et les jolies mamas dans leurs robes colorées se sont joyeusement mêlées à la foule en délire. Le plus improbable dans tout cela étaient la messe et les chants religieux toujours diffusés en direct depuis la cathédrale alors qu'une orgie se déroulait juste là. C'est donc au milieu de canettes de bières, de vomis et autres résidus de cette longue nuit, que 50 courageuses belles âmes charitable, ont porté Jésus Christ et ses cierges pendant près d'une heure au levé du soleil... Sous les yeux du nouveau président intérimaire du pays. Tous comptes faits, je crois que je préfère les chasses aux œufs et l'agneau de sept heures!

Week-end de Pâques 
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Courant de pensées

Nous voici de retour au bord de l'océan! Après les déserts, les montagnes, la jungle et les villes, nous sommes ravis de poser nos sacs à dos pour quelques jours à Huanchaco. Ce sera pour nous l'occasion de réaliser un de nos grands rêves de ce voyage... Essayer le surf!

Notre première journée a eu pour but de nous remettre des 23h de bus que nous avons effectuées, du stress de la correspondance à Lima (capitale du Pérou que nous avec sciemment décidé de ne pas visiter) et des émotions du week-end de Pâques. Nous avons flâné sur le littoral, profité des glaces, des crêpes et du soleil... Nous avions le bonheur d'être hébergés dans un petit hôtel tenu par Edu et sa femme malheureusement absente. Dès les premières minutes, nous avons ressenti les ondes positives qui régnaient dans cette maison. J'ai tant aimé aider Edu chaque matin à préparer le petit déjeuner (mangue, bananes, yaourt et muesli maisons!) tout en entretenant de longues conversations philosophiques sur la vie, les gens, le monde... Il m'a poussée à réfléchir, à revoir ma manière de penser certaines choses, c'est une personne que je n'oublierai pas. Tout ici était propice aux échanges et à une bonne entente. Nous avons profité des soirées autour de la guitare et des chants d'Edu pour faire connaissance avec un couple d'allemands et un autre couple de tchèques. Nous nous sommes si bien entendus que nous avons pratiqué nos premiers cours de surf tous ensemble.

Et que d'émotions durant ces deux matinées de surf! Après un rapide briefing en salle de classe, nous voilà en combinaisons, une planche sous le bras, prêts à prendre les vagues. Huanchaco est un spot idéal pour les débutants. La grande plage étant bien abritée, les vagues y sont à la fois tranquilles et suffisamment fortes pour que nous ayons de bonnes sensations. Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous parvenons à tenir debout sur la planche et à surfer quelques secondes dès les premiers essais! C'est totalement grisant!! Le premier cours nous coupe les bras, mais nous n'avons qu'une idée en tête: recommencer. La mer s'est un peu levée et les vagues sont plus fortes pour cette seconde matinée, mais nous persévérons et c'est à nouveau un plaisir de découvrir les joies de la glisse.

Le dernier jour sur la côte arrive trop vite, le temps nous rattrape et nous souhaitons en avoir suffisamment pour profiter de l’Équateur et de la Colombie... Je profite de notre dernière matinée pour faire un cours de Zumba sur la plage avec ma nouvelle amie Tchèque. C'est toute pleine de coups de soleil que nous nous rendons au terminal de bus pour un nouveau très long trajet vers l'Équateur. Le cœur lourd nous quittons Edu et Huanchaco... Nous étions pourtant à deux doigts de tout plaquer pour rester dans cet endroit où nous nous sentions si bien. Un hôtel à vendre sur le front de mer nous a fait de l’œil pendant tout notre séjour. Nous sommes allés jusqu'à en demander le prix... Nous avons bien tenté une levée de fonds, mais peu d'investisseurs ont répondu à l'appel 😉

Un coin de paradis 
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Nous voici en Équateur, avant-dernier pays de notre périple. Un mois jour pour jour après notre entrée au Pérou, nous quittons ce pays qui aura marqué un grand virage dans notre aventure de baroudeurs. Des tonnes de souvenirs, de si belles rencontres... nous ne regrettons en rien notre décision même si la vente de Guilhi nous aura valu quelques moments de stress, notamment au passage de la frontière. Pour ne pas poser de problèmes à l'acheteur de notre Guilhi, nous avions décidé de ne pas le déclarer volé. Nous avions consciemment du risque que la douane péruvienne vérifie dans ses fichiers informatiques si nous avions déclaré quoique ce soit à notre entrée dans le pays. Je ne vous cache pas la boule au ventre quand, après une nuit dans le bus, le douanier me demande mon passeport et consulte son ordinateur... Les secondes me semblent interminables!! Mais il me tamponne le précieux sésame de sortie du pays et m'invite à passer au guichet voisin pour valider mon entrée en Équateur. Nous nous regardons soulagés et sautons vite dans le premier taxi qui nous emmène sur les routes équatoriennes.

Le changement de pays, de climat et de paysages est radical! Fini les déserts, la chaleur et la sècheresse, nous voici dans une sorte de jungle bien humide. Sur les bords des routes nous découvrons des centaines d'hectares de plantations de bananes. Notre première destination sera Cuenca, une ville dans les montagnes qui a conservé le charme des vieilles bâtisses coloniales. C'est en effet une ville charmante, cela faisait longtemps que nous n'avions pas pris plaisir à flâner dans les rues juste pour admirer les maisons, les édifices, les parcs... De musées en églises nous découvrons petit à petit la mentalité et le rythme de vie équatorien.

Que linda Cuenca! 

De retour dans la montagne, nous avons souhaité prendre un grand bol d'air pur et de nature. Le parc national El Cajas est situé à quelques kilomètres de la ville, c'est l'occasion de faire une belle randonnée. Entre lacs et forêts nous profitons à fond de ces grands espaces. Les 4000m d'altitude nous rappellent malheureusement trop vite qu'il n'est pas si facile de faire des efforts physiques avec si peu d'oxygène... C'est malgré tout une belle journée que nous passons, nous ajoutons même une nouvelle belle rencontre à notre liste. Pour retourner à Cuenca nous avons fait de l'autostop et c'est un bus qui s'est arrêté, nous avons passé le trajet dans la cabine à discuter avec le chauffeur qui s'est avéré être wedding planner à ses heures perdues! Les hasards de la vie n'auront pas fini de nous surprendre. Après cette dure journée nous avons trouvé le plus beau des moyens de nous ressourcer. Une bonne bière artisanale... et une fondue savoyarde!!! Quel régal de retrouver un petit gout de chez nous 😀

Randonnée en haute altitude 
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Playa de Montañita

Avant de rejoindre Quito la capitale, nous souhaitions passer quelques jours sur la cote. Au fil de nos recherches, nous avons appris que Montañita est une ville un peu baba cool qui accueille des surfeurs de tous niveaux. Cette destination était pour nous ! Désireux de sauver quelques euros et dans l’espoir de nous échapper un peu de l’agitation du centre ville, nous avions pris un hôtel relativement éloigné. Grand mal nous a pris !! Loin du centre, il n’y a en effet pas de boite de nuit, pas de restaurants… mais il y a toujours des clients… qui ne sont pas forcément très respectueux… Après trois nuits réveillés à 2h du matin par de la musique, à 3h par des gens un peu trop alcoolisés et à 4h par des coqs… nous avons renoncé, la mort dans l’âme, à notre spot de surf préféré. Pourtant Montañita avait tout d’un petit coin de paradis, plage de sable blanc, belles vagues, cours de surf pour rien du tout, bar à cocktails sur la plage et empanadas pour 1$. Entre une session de surf le matin et une autre au coucher du soleil nous nous prélassions avec bonheur dans les hamacs... jusqu’à ce qu’arrive le soir et l’appréhension de la nuit à venir…

Montañita, surf & paradise 

Désireux de longues et calmes nuits, nous sommes partis pour Puerto Lopez. Une destination beaucoup plus familiale, moins prisée des jeunes junkies et autres musiciens déjantés. Pour le coup, l’hôtel était vraiment très calme, nous étions presque les seuls clients. Mais à la campagne, ce ne sont pas le gens qui font du bruit… ce sont les animaux ! Merci aux chiens et aux coqs d’avoir de nouveaux écourté nos nuits de quelques heures. Décidément nous devrions peut-être nous faire à l’idée de ne plus avoir notre compte de sommeil jusqu’à notre retour en France... A Puerto Lopez, pas de vagues, mais toujours une grande et belle plage avec bars à cocktails et hamacs. C’est aussi de ce petit port de pêche que partent les excursions pour la Isla de la Plata. Considérée comme les Galapagos des pauvres, elle accueille une faune aviaire impressionnante, des poissons de toutes les couleurs et les paysages y sont à couper le souffle.

Puerto Lopez & La Isla de la Plata 

Notre prochaine étape sera Quito, la situation sur la cote nord de l’Équateur étant actuellement très compliquée nous n'irons pas dans ce coin. Les équatoriens sont inquiets et en colère de réaliser que les problèmes avec les farcs colombiens ne sont pas terminés, plus de 10 ans après les derniers affrontements. Les sujets politiques sont sur toutes les bouches. Nous gardons également un œil sur les informations, peut-être nos plans devront-ils changer selon l'évolution de la situation.

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Capitale de l’Équateur, centre du monde 

Nous voici de nouveau au cœur des montagnes, des volcans et de cette immense Cordillère des Andes. Décidément nous ne nous lassons pas de ces paysages majestueux. L'altitude n'est plus un problème à surmonter, juste une petite ré-acclimatation à chaque fois et nous voilà prêts à gravir des sommets. La nuit de bus n'aura, cette fois encore, pas été très reposante. Les routes de montagnes et la vitesse à laquelle le chauffeur roulait auront considérablement limité notre sommeil. C'est à 4h30 du matin, avec une heure et demie d'avance, que nous arrivons à Quito, merci à notre chauffeur un peu trop pressé... Les transports en commun ne circulant pas encore à cette heure, c'est en taxi que nous rejoignons le centre historique où nous avons réservé un hôtel pour les prochains jours. Quito est une ville très étendue au cœur d'une vallée, près de 50km de long pour seulement 15km de large. Elle est desservie en bus depuis tout le pays, mais les deux terminaux se trouvent aux extrémités nord et sud de la ville, la course de taxi nous aura donc un peu refroidis. Nous arrivons très tôt à l'hôtel et, un peu gênés de réveiller notre hôte, nous sonnons à l'entrée. Nous tombons une fois de plus sur quelqu'un d'une extrême gentillesse qui, tombé du lit, prend le temps de nous installer dans la chambre qui était prévue pour nous plusieurs heures plus tard. Finalement vers 5h30 nous nous couchons dans un lit bien confortable et profitons de quelques heures de répit. Quelques heures seulement pour moi qui ne m'adapte toujours pas au manque de volets dans les chambres ici... Les rideaux étant souvent très peu occultants, mes nuits s'arrêtent pour la plupart à 7h du matin quand le soleil frappe aux carreaux.

Malgré cette récupération, notre première journée à Quito n'est pas bien glorieuse... Nous participons à un désormais traditionnel free walking tour mais la motivation n'est pas là. Le centre historique saura tout de même attirer notre attention le temps de cette visite, les bâtiments coloniaux y sont d'une architecture remarquable. Nous retenons tout de même deux ou trois informations que notre guide quitenienne nous transmet. Par exemple saviez-vous que l’Équateur est l'un des plus grands exportateurs de fleurs et surtout de roses au monde? Du fait de sa proximité avec l'équateur (la longitude), la région est propice à ce que les fleurs poussent bien droites car attirées par le soleil et plus vite car le soleil y est plus fort. Nous avons également compris pourquoi le dollar est, depuis l'an 2000, la monnaie officielle du pays (crises économiques à répétition et dévaluation catastrophique et brutale du Sucre, l'ancienne monnaie). Ce fût pour le pays un changement radical, avec ses avantages et ses inconvénients. L'économie est certes remontée et se porte de mieux en mieux, mais elle est totalement dépendante du dollar et des États-Unis... De plus, l'utilisation du dollar n'est pas un cadeau fait par les USA, le pays paie pour ce droit. Les termes de l'accord passé ne sont pas ouvertement exprimés mais nous savons que l’Équateur échange avec les USA de l'or et du pétrole. C'est une des plus grandes richesses du pays, au grand damne des ONG écologistes car les réserves se trouvent sous la forêt amazonienne... En plus de cette contrepartie "en nature", le pays n'a pas l'autorisation de produire de billets de dollar, il doit donc les acheter aux banques américaines pour la modique somme de 20cent par billet! Les pièces, en revanche, sont produites sur place, voici pourquoi il existe en Équateur des pièces de 1$, alors qu'aux USA ce sont des billets.

Les nuits suivantes à Quito seront pour nous plus clémentes et d'un grand salut. Notre forme retrouvée, nous explorons en long, et non en large, cette immense ville. Des quartiers modernes aux jardins publics, de restaurants plus ou moins typiques en évènements culturels, notre séjour à Quito aura été une petite pause urbaine très agréable. Et même que nous avons vu le président!

Une grande ville aux multiples facettes 

Quito ne tient pas son importance qu'à sa position politique de capitale de l’Équateur. Elle se trouve à seulement quelques kilomètres de la ligne de l'équateur (la longitude). Ce fût une grande surprise d'apprendre que les explorations misent en œuvre pour déterminer l'exacte forme de la Terre avaient été organisées par des français. Au 18ème siècle, les esprits scientifiques sont penchés sur notre planète et sur le système solaire. L'académie des sciences de Paris est l'une des plus importantes au monde et, sous les ordres du roi Louis XV et avec l'accord du roi d'Espagne, une mission géodésique française est envoyée en Équateur en 1736. C'est donc grâce aux calculs et travaux d'ingénieurs, d'astronomes, de mathématiciens et de quelques autres scientifiques français, que nous avons profité d'une journée au centre du monde! Qui au final se trouve être à quelques centaines de mètres de là... Les outils de l'époque manquant un peu de précision...

Au centre du monde! 

Le pays est aujourd'hui dans une situation très tendue. J'ai trouvé cela un peu gênant de me trouver là en ces temps compliqués, c'est un peu comme de se trouver au centre d'une dispute de couple... Nous avons beau savoir que les choses sont graves et inquiétantes pour les équatoriens, il est difficile de nous mettre à leur place et de les comprendre tout à fait. Les trois journalistes enlevés il y a quelques semaines ont été tués, nous avons appris que cela a eu lieu suite à l'emprisonnement d'un ancien chef des farcs. Les manifestations et marches blanches pour la paix se sont enchainées dans la capitale chaque jour que nous y avons passé. Durant notre séjour à Quito, un couple de civils équatoriens a également été enlevé dans la région frontalière, nous n'avons à ce jour pas de nouvelles à leur sujet. Les informations que nous recevons des ambassades de France sont alarmistes et ne traduisent pas la situation réelle. Des dires des locaux, nous ne courrons aucun risque à passer la frontière, du moment que nous ne nous aventurons pas dans les campagnes. Il faut savoir que cette zone de tensions à la frontière a toujours existé et que la vigilance y a été renforcée. Nous avons donc pris la décision d'aller au bout de notre idée et de suivre la route que nous avions commencé à tracer. Pas d'inquiétude les amis, nous irons bien!

Ecuador es un pais de paz
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"Sont ils inconscients? Sont ils fous?""Ce sont ils faits enlever? Ou pire... "

Rien de tout cela rassurez-vous! Depuis tous ces mois nous avons bien compris que "les voyages forment la jeunesse" et qu'il faut savoir prendre nos propres décisions tout en mesurant les risques. De plus, tout un chacun le sait, les informations journalistiques ne forment, elles, personne... elles ont plutôt tendance à déformer la réalité. Sur ces entrefaites, nous avons pris nos clics et nos claques pour poursuivre notre chemin.

Notre dernière étape équatorienne étant Otavalo. Perchée dans les sommets andins, elle est célèbre pour son grand marché d'artisanats et sont marché aux animaux du samedi. Malheureusement, nous y sommes arrivés en début de semaine... Nous avons cependant trouvé de quoi nous ressourcer un peu après une semaine dans la cohue de Quito. Outre les moustiques affamés de sang, nous avons profité d'une jolie randonnée dans la forêt, les cascades et les grottes mystiques.

Otavalo 

Bon, il a bien fallut qu'arrive le moment fatidique... Les forums sur lesquels nous échangeons avec d'autres voyageurs nous avaient bien rassurés sur le fait que la frontière de Rumichaca était la seule vraiment sécure entre les deux pays. Ce qui en fait également le passage le plus prisé, dans un premier temps parce que c'est vraiment le seul conseillé d'emprunter, et plus spécialement ces derniers mois du fait des évènements au Vénézuéla. Les autres backpackers nous avaient tous conseillés de nous y présenter très tôt le matin (vers 4/5h). Les derniers à être passés à ces horaires n'avaient mis "que" 4h. D'autres y étaient allés vers 10h et étaient ressortis du côté colombien à 16h...

Pour le coup, nous avons été très joueurs! Nous sommes partis du principe que tout le monde utiliserait la stratégie d'y aller à l'aube et que du coup il y aurait moins de monde l'après-midi (un peu comme pendant les soldes!). Après un petit déjeuner tranquille à Otavalo, nous sommes montés dans un bus pour la ville de Tulcan, puis un taxi pour la frontière et sommes arrivés à la douane équatorienne un peu après 14h. Reconnaissons que nous ne faisions pas les fiers en voyant la foule de gens devant ce petit bâtiment. Finalement nous avons vite compris que l'effet de masse venait de tous les bagages laissés "en plan" par les gens, car la police interdisait l'entrée dans le bâtiment avec valises ou sacs à dos... Nous avons faits les idiots quelques temps pour ne pas laisser nos sacs seuls au milieu de tout ça, mais quand est arrivé notre tour d'entrer dans la douane il a bien fallu faire confiance. La file d'attente était à l'intérieur aussi importante qu'à l'extérieur et nous savions que nous n'avions qu'à prier pour que tout le monde soit honnête et que personne n'embarque les affaires des autres. Deux trois questions des douaniers, coup de tampon sur le passeport, nous voici officiellement sortis de l’Équateur. Nos sacs sont toujours là, il ne nous reste qu'un pont à traverser à pieds pour atteindre la Colombie. Pour le moment, pas de signe des farcs, de quelconques ravisseurs, pas de prise d'otages... Nous nous en tirons plutôt bien!

Devant la douane Colombienne c'est la même foule qui nous attend. Lorsqu'un monsieur nous interpelle pour nous demander si nous possédons un passeport. Un peu étonnés, nous répondons par l'affirmative, il nous suggère alors de changer de file pour accéder directement aux bureaux. En effet, à quelques pas de là, des policiers laissent passer les rares personnes munies de passeports. En dix minutes nous sommes heureux propriétaires d'une autorisation de séjour de 90 jours en Colombie. Il est à peine 15h45 quand nous montons dans le taxi pour Ipiales! Nous qui nous voyions rester à ce poste frontière pour au moins 5 bonnes heures...

Frontière Équateur/Colombie 

Cet imprévu considérable nous aura permis de visiter la seule attraction touristique du coin. Le sanctuaire de Las Lajas est une surprise totale. D'une beauté et d'une grandeur à couper le souffle, il se trouve perdu au creux de la vallée, loin de tout. Pensant que nous arriverions tard en ville, nous avions pris un petit hôtel avant de repartir en bus le lendemain matin et de quitter la "zone dangereuse frontalière". La soirée à Ipiales sera l'occasion de nous acclimater à une nouvelle monnaie, après le $ américain en Équateur nous voici donc à utiliser des pesos à 1€ pour 3400... C'est aussi la réalisation que nous entrons dans nos "derniers" tout... Dernier pays, dernière monnaie, dernier mois... Pfiou c'est pas super sympa tout ça...

Sanctuaire de Las Lajas

Notre prochaine ville devait elle aussi être une simple étape. Finalement nous y avons découvert des choses inattendues et sommes ravis de notre passage prolongé à Popayan. Si la Colombie nous réserve chaque fois tant de surprises, nous allons avoir beaucoup de mal à la quitter! Popayan est appelée la ville blanche par la couleur des magnifiques édifices coloniaux du centre historique. C'est une ville qui a vu naitre de nombreux hommes politiques, artistes et intellectuels du pays et qui autrefois a eu son importance. Du temps de la Grande Colombie, qui réunissait la Colombie, le Vénézuéla et l’Équateur, Popayan était la capitale du sud. Aujourd'hui, elle tient sa renommée à sa semaine sainte, qui bat le record d'années successives de réalisation face à celle de Séville (malgré les tremblements de terre et les guerres civiles!), ainsi qu'à sa gastronomie très diversifiée. Voici en quelques photos comment notre petite escale d'une soirée et une matinée nous aura charmés.

Popayan 
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Vue sur San Agustin depuis notre hôtel

De Popayan, nous avons remonté le temps pour un voyage en Colombie pré-Colombienne, haha le mot prend enfin tout sens ici! San Agustin est un petit village perdu entre deux des bras de la Cordillère des Andes. En fait, la très fameuse chaine de montagnes et volcans que nous remontons depuis des mois se divise en trois parties sur le territoire Colombien. Après 5h de torture dans un van en très piteux état et sur un chemin certainement difficilement praticable à pieds, nos dos, nos hanches, nos organes internes et nos patiences, nous ont remercié de nous poser dans cette jolie bourgade. Il règne à San Agustin une atmosphère paisible et sereine qui nous a tout de suite beaucoup plut. Cependant, ce type de ville un peu "spirituelle" est aussi un repère de hippies, et nous avions choisi l'hôtel qui leur sert de camp de base... Non que nous ne tolérions pas leurs croyances et traditions, nous avons été quelque peu surpris de constater que ceux qui prônent respect et amour de l'autre ont beaucoup de mal à s'adapter au rythme de vie de leurs congénères... Musiques et Marie Juana à toute heure et en tous lieux, hygiène et nettoyage des espaces communs très limités... Disons que cette expérience nous aura fait réaliser comme notre petit cocon douillet qu'était notre Guilhi nous manque, et comme nous serons heureux d'avoir notre propre appartement prochainement.

Au delà de ça, nous avons adoré ces quelques jours dans la presque jungle et la presque montagne! De paysages grandioses en parcs archéologiques, nous avons été enchantés par San Agustin et la région de Huila. Le "parcours traditionnel" se décompose sur trois jours:

- Une belle randonnée pour admirer des statues et "cimetières" pré-colombiens, ainsi qu'un musée qui nous aura éclairé d'avantage sur l'histoire de la région,

- Une journée en 4x4 au travers de la vallée du Rio Magdalena, des cascades, et d'autres sites pré-Colombiens,

- Une balade de 4h à dos de cheval pour voir encore et toujours des sites archéologiques et d'autres paysages grandioses. [Pour la petite histoire, je souffre d'une hantise des canassons depuis ma plus tendre enfance, quand, lorsque j'accompagnais ma sœur au club équestre, ceux-ci confondaient mes cheveux à leur aliment préféré, le foin... De ce fait, j'ai pris mon courage à deux mains pour monter à cheval pour la seconde fois de ma vie. Expérience finalement plus traumatisante pour la bête que pour moi!...]

Les paysages de la vallée de Huila

Nous vous avons concocté un joli pot-pourri de nos nouveaux amis!

Pour la petite histoire, ils ont été découverts par des expéditions allemandes et espagnoles. Seules des suppositions tentent de déterminer leur réelle utilité car aucun texte n'existe. Il s'agirait de protecteurs ou de gardiens des tombes de personnes importantes. Nul ne sait si ils représentent des animaux, des être hybrides, des monstres ou des extraterrestres... Nul ne sait grand chose en fait! Mais nous les avons trouvé forts sympathiques 😀

Ne sont ils pas mignons?!

Flash info pour terminer cet article: Nous avons vécu notre premier tremblement de terre!!! Tout petit et relativement bref, mais quand même ça fait tout drôle! De toute façon, je ne serais pas partie du continent des tremblements de terre sans en avoir vécu un...

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Le ciel de Cali la nuit

Nous voici de retour dans une grande ville. Cali a la réputation de représenter au mieux la Colombie et les Colombiens, de part son atmosphère décontractée la journée et son ambiance survoltée à la nuit tombée, ses multiples restaurants aussi délicieux que bons marchés, son centre presqu'historique où survivent des maisons coloniales et des églises espagnoles au cœur des buildings construits à la hâte après les terribles tremblements de terres qu'a connu le pays.

Vie de Calenos 

Cali est également connue par les touristes comme la ville de la salsa, c'était une aubaine pour les deux amateurs que nous sommes! A notre grande surprise, la salsa colombienne est très différente de la portoricaine que nous balbutiions jusqu'alors. Les cours collectifs gratuits proposés par notre hôtel nous ayant chaque fois laissés un sentiment d'inachevé, nous avons décidé de prendre deux vraies séances seuls avec une professionnelle. C'est incroyable comme en quatre heures de cours, nous avons réussi à vraiment danser et improviser différentes passes de salsa. Nous ne sommes pas peu fiers et espérons avoir l'occasion de recommencer vite dans d'autres villes colombiennes!

En pleins cours de danse

Le dérèglement climatique faisant ici aussi son sale boulot, nous nous trouvons en ce moment dans une sorte d'arrière-saison des pluies. Une ou plusieurs fois par jour, le ciel se voile d'une couverture sombre pour laisser éclater un violent orage qui détrempe tout sur son passage avant de laisser revenir la chaleur et le soleil. Nous avions choisi un hôtel trop mimi trop cosy dans lequel nous avons pu cocooner un peu durant ces périodes de fortes pluies.

Trop chouette hôtel au cœur de Cali
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Les voyages sont comme des histoires d'amour, chaque étape est un nouveau rendez-vous galant. Nous avons appris à connaître chaque pays, l'un après l'autre. Certains ont été des coups de cœur plus grands que d’autres. La Colombie, elle, est au dessus de tout. Plus nous apprenons à la connaître, plus nous tombons sous son charme.

La région cafetière et la ville toute colorée de Salento n'auront fait qu'accentuer notre amour naissant pour le dernier pays de notre périple. Le plaisir de flâner dans les rues du village pour admirer les milles et une façades n'aura jamais été atténué par les multiples averses, bonnes excuses pour savourer un délicieux café. Notre hôtel surplombant la ville et quelques hamacs auront suffi à nous ressourcer pleinement.

Salento, petit coin de paradis 

C'est la production de café qui a fait de ce petit village au charme fou un lieu si touristique. Il est mondialement reconnu que la Colombie produit le meilleur café de la planète. En troisième position derrière le Brésil et le Vietnam en tant que producteur, c'est pour ses plantations de pur arabica, son sol fertile et son climat favorable à plusieurs récoltes annuelles, que le pays a su se faire reconnaître face à ses concurrents.

Petits curieux et amateurs de ce savoureux breuvage, nous sommes partis en quête d'informations. Plusieurs finca (des fermes) ouvrent leurs portes pour des visites commentées. Ainsi nous avons découvert un havre de paix au cœur de la montagne, vivant quasiment en auto-suffisance et produisant le meilleur café du monde pour les pays riches. Parce que figurez-vous que les meilleurs grains de café sont sélectionnés et triés pour être exportés, il ne reste à la consommation des colombiens que les rebus, les moins bons grains, ceux qui ont été traités ou intoxiqués par des parasites... Sympa n'est ce pas? Les grosses multinationales achètent le café lavé et séché mais non torréfié, libre à chaque entreprise de torréfier les grains comme elle le souhaite, d'où la différence de qualité entre deux cafés de même origine.

Finca Las Acacias 

D'un autre côté, plus loin et plus haut dans la montagne, se trouve la vallée de Cocora. Un endroit paradisiaque où les palmiers géants côtoient les vaches dans des prés plus verdoyants qu'on ne pourrait en trouver en Bretagne. Il faut dire qu'avec la pluie de ces derniers jours, l'herbe pousse plutôt bien!! Les chemins sont transformés en cours d'eau et nous les contournons aussi bien que faire se peut. Après cinq heures de marche dans la boue, les marécages et les bouses de vaches, nos chaussures sont presque bonnes à jeter. Mais l'expérience en valait sacrément la peine!

Vallée de Cocora 
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Si la Colombie était un phœnix, Medellin en serait le cœur. C'est ici que le feu a pris, c'est ici que les gens ont le plus souffert, mais c'est aussi ici que l'espoir et l'envie d'avancer se font le plus ressentir. L'histoire de la Colombie est très récente, les jeunes de notre âge ont connu le pire. La guerre civile n'a cessé qu'au début du 21ème siècle et elle laisse aujourd'hui encore des séquelles profondément ancrées dans les esprits.

Revenons quelques années en arrière, Medellin est au cœur de la région agricole du pays. Le café, les fruits, les légumes, tout pousse à foison dans ce coin de la Colombie. C'est alors qu'en Europe et partout dans le monde, nous découvrons le café, ce délicieux breuvage. Nous l'avons expérimenté, la région est faite de multiples vallées et montagne, les routes sont sinueuses et il faut des heures pour parcourir quelques tous petits kilomètres. Le gouvernement décide alors de construire une voie ferrée qui relie Medellin à la côte. La ville devient attractive pour tout le monde. De gros investisseurs et leurs entreprises s'installent en ville, tandis que les paysans quittent leurs montagnes, dans l'espoir de meilleurs revenus grâce à l'industrialisation.

Dans un même temps, d'autres entrepreneurs découvrent une source de revenue inattendue. Si tout pousse dans la région, pourquoi ne pas essayer la feuille de coca. Le monde commence à s'intéresser à des substances plus "puissantes" que l'alcool et la consommation de drogue grimpe en flèche. Medellin voit donc naitre en quelques années les premiers cartels de la drogue et le tristement célèbre Pablo Escobar. Le gouvernement colombien est faible, il l'a toujours été et le sera peut-être encore longtemps... Dans ce pays quatre fois plus grand que la France, le pouvoir est divisé en cinq groupes: Les troupes paramilitaires d’extrême droite, les guérilleros (FARCS, M19...) à l'extrême gauche, les narco trafiquants, l'armée, et le gouvernement. C'est ainsi que la Colombie a vécu la deuxième moitié du 20èm siècle, sous les bombes des uns, les fusillades des autres, dans l'espoir que chaque président saurait faire basculer la situation. Il en fallait pourtant du courage pour se présenter à la présidence de ce pays en guerre. En 1990, trois candidats aux élections ont été assassinés. Mais le gouvernement, comme tout le reste, a toujours été corrompu. Comment justifier la disparition de milliers de jeunes colombiens aux quatre coins du pays? Comment savoir si ils avaient réellement un lien avec les attentats revendiqués par les cartels de la drogue?

En l'an 2000 sera lancé le Plan Colombia, peut-être un président a-t-il enfin trouvé la solution pour aider son pays. Malheureusement les choses ne se font jamais parfaitement dans un pays où aucun ordre ne règne. Les militaires ayant pour ordre de résoudre les conflits par la force des armes tuent des civils dans les campagnes et les habillent de vêtements de guérilleros pour faire croire au peuple que la paix est proche... En parallèle de ces mauvaises notes, le Plan Colombia avance malgré tout sur une bonne voie. La constitution du pays est totalement réécrite et des accords de paix sont signés, certains toujours en cours de validation, avec les paramilitaires et les narco trafiquants en présence de l'ONU.

Dans un pays en guerre, ce sont les civils qui souffrent le plus. Trop de gens ont vu leurs proches mourir, trop de gens vivent encore dans des conditions catastrophiques... Et pourtant les Colombiens sont aujourd'hui les gens les plus heureux qu'il nous ait été donné de rencontrer au cours de ce voyage. Ils survivent grâce à une mémoire sélective qui leur permet de ne se rappeler que des victoires, des belles choses que leur pays a vécu. Ils chantent, ils dansent, ils rient, ils vivent. C'est une sacrée leçon d'apprendre cette histoire de leur propre bouche et de les voir si sereins, en paix avec la vie. Medellin est un exemple frappant de la reconstruction d'un pays encore boitillant. L'architecture et la culture sont les piliers de cette nouvelle vie. Grâce au métro et aux téléphériques dans les quartiers pauvres, aux parcs aux quatre coins de la ville, aux projets d'urbanisme, aux bibliothèques et centres culturels ultramodernes, gratuits et ouverts à tous.

Tout n'est pas fini, tout n'est pas réglé, mais nous sentons dans cette ville un vent d'espoir si fort que nous ne pouvons qu'y croire et espérer avec eux. Nous petits français, ayant grandit dans des conditions royales, nous ne pouvons à notre niveau que faire passer le mot: La Colombie n'est en rien un pays dont il faut avoir peur, au contraire, c'est un pays qu'il faut voir, connaître, comprendre et admirer.

Souviens toi et avances

Le bonheur à Medellin c'est de pouvoir s'échapper de la cohue et de la pollution en un claquement de doigts. Le plus impressionnant des parcs est situé loin, très loin dans les montagnes, et pourtant il est accessible en téléphérique à moins d'une heure du centre. Le parc Arvi est un havre de paix, les colombiens viennent ici pour se détendre et passer un moment en famille. Mais le but du parc est plus important, c'est un centre de reproduction et de sauvegarde de nombreuses fleurs en voie d'extinction. Nous nous sommes un peu perdus dans cette étrange forêt mélangeant pins, fougères et plantes exotiques.

La création de ces lignes de téléphériques aura ouvert les quartiers suburbains au reste de la ville. De nombreux projets sociaux tendent à créer plus d'échanges et de rencontres entre les gens des différentes "strates" de la ville. Les strates sont des niveaux de développement des quartiers, établies selon les infrastructures et les revenus des habitants. Le niveau de strate d'un quartier défini les aides gouvernementales qu'il reçoit. Grâce à cela, de nombreux jeunes issus des strates inférieures ont accès à des études supérieures dans de bonnes universités. Dans un pays où 90% de la population ne paie pas ses impôts sur le revenu, c'est un miracle qu'un tel système fonctionne.

Bol d'air pur aux portes de la ville 

Il faut avouer que toutes ces informations ont commencé à peser lourd sur nos petites épaules de touristes. Nous avons eu besoin d'un peu de légèreté et d'espace pour assimiler tout cela. Ainsi, nous sommes partis pour le village de Guatapé et son incroyable rocher "El Penon". Sur quelques kilomètres carrés s'étend un immense lac fait de fjords, de presqu'iles et de forêts. C'est un paysage splendide qui s'admire du haut d'un étonnant rocher dont l’ascension ne compte pas moins de 657 marches! En bonus, nous avons eu la chance de bénéficier d'une improbable entrée gratuite... Petit conseil de touristes fauchés: retrouvez-vous par mégarde au beau milieu d'un groupe en voyage organisé, suivez le mouvement et tendez la main quand la guide distribue les tickets, dites lui merci pour faire bonne figure et entrez sans passer par la case "caisses". Très honnêtement nous n'en avons pas fait exprès! Nous avons pensé que ce lundi étant un jour férié, les entrées étaient gratuites d'où la distribution de billets...

Nos mirettes émerveillées par la vue et notre portemonnaie heureux de ces dix euros d'économies, nous nous sommes mis en marche pour Guatapé en quête d'un bon repas. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir un village multicolore, où chacun peint et décore la façade de sa maison à sa guise. On se serait cru dans un conte pour enfants tellement tout était si mignon! Il n'y a pas deux maisons semblables, je crois que j'aurais pu passer des heures à flâner dans les ruelles de la ville. Mais nos estomacs criant famine, nous avons trouvé refuge dans une petite crêperie bien française et vraiment délicieuse. C'est incroyable comme tous les restaurateurs français que nous avons croisés sur notre route cartonnent avec leurs concepts ultra franchis.

Entre nature et couleurs, Guatapé le bonheur 

Notre étape urbaine s'arrête ici, nous sommes définitivement énamourés de la Colombie et impressionnés de la force et de la volonté des colombiens. Pour notre dernière semaine, nous partons profiter de la côte et nous l'espérons du soleil. Afin de nous économiser 12 heures de bus, nous avons pris l'option aérienne très économique ici, un avant gout du retour...

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Notre expérience d'apprentis aventuriers dans le parc de Tayrona vaut un article à elle toute seule. Koh Lanta, The Island, Robinson Crusoé... Pffff nous les surpassons de loin question survie en terres hostiles!

Ou pas...

Nous vous avions quitté à Medellin, en mode citadins, culture et histoire. Un petit tour en avion plus tard et nous voici dans la fournaise des Caraïbes! Santa Marta est une petite ville grouillante d'animation où règnent 7j/7, 24h/24 un taux d'humidité avoisinant les 95% et une température autour des 30°C. Notre première image de la ville aura été la mer turquoise des Caraïbes s'étendant sous nous yeux au moment de l'atterrissage, nous n'avions donc qu'une idée en tête, nous y baigner. Première journée entre plage, cocotiers et poissons multicolores, le bonheur! C'est un drôle de poisson bien coloré que je ramène à l'hôtel ce soir là 😉 Biafine et Aloé Vera au menu et gros dodo car demain nous partons à l'aventure!

Bien grillé à la plancha, un régal le Guilhem Eyraud

Santa Marta se trouve aux portes du parc national de Tayrona, il fait la gloire de la Colombie pour sa beauté et ses plages de sable fin. Nous avions compris qu'il se découvre sur plusieurs jours avec nuits en camping, tente ou hamac, et quelques belles randonnées. Nous avions aussi compris que comme tout site touristique, c'est une machine à fric... Tout se paie, et au prix fort! Partis pour trois jours et deux nuits, nous avions pensé passer une journée "repos" sur la plage entre les deux grosses rando. Nous avions donc prévu le coup. 6 boites de salades de thon, 6 barres de céréales, 6 pommes, 6 litres d'eau, deux paquets de pains... Nous estimions être proches de la vérité en terme de besoins alimentaires, et au pire nous ferions une entorse au budget pour nous offrir un repas ou deux dans les campings du parc. C'est donc équipés de nos maillots de bain, appareil photo et chaussures de marches que nous allions guillerets vers l'inconnu.

Premier coup de massue à l'entrée du parc. Au moment de réserver les nuits nous constatons que c'est vraiment très cher! Pour faire simple, voici les prix minimums: Première nuit en hamacs à 25 000/pers (soit 7€30 chacun), seconde nuit en tente pour 80 000 (soit 23€50)! Ha oui quand même... Petit calcul vite fait: Entrée au parc 48 500/pers + 50 000 + 80 000 + 14 000 pour le bus du retour... Ah bah il nous reste 18 000 pour "au cas où on n'ait pas assez à manger ou à boire"! Laaaaaarge!

Du coup on zappe le minibus à 3000/pers qui pourrait nous faire gagner 5km et on marche le long de la route. Mais rien ne viendra ternir la motivation ses apprentis aventuriers que nous sommes! La première heure de marche n'est pas des plus agréable mais dès que nous arrivons sur le vrai chemin les soucis de rationnement sont vites oubliés. La jungle est luxuriante, il y a tant d'arbres et d'énormes rochers tombés de nulle part! Après quelques minutes, il nous est déjà donnée l'opportunité de voir des singes!! Une petite heure et 15L de sueur plus tard (hé oui n'oubliez pas, 95% d'humidité), notre chemin débouche sur la mer. C'est grandiose! Après encore une heure entre mer et jungle nous atteignons notre premier camping. Au milieu des bananiers, cocotiers, manguiers... se trouvent quelques tentes et une sorte d'abris à hamacs. Notre seule protection contre les animaux sauvages sera donc une moustiquaire! Heummmmm, pas sûre que je vais jouer à l'aventurière bien longtemps... Histoire de nous réhydrater sans pomper dans nos maigres réserves d'eau, nous partons à la plage et profitons du reste de l'après-midi. La vie d'aventurier n'a finalement rien de bien palpitante! Pas de wifi, pas de télé, pas de café... mais que diable allons bien pouvoir faire?! On bouquine un peu, on "dine" de bonne heure (léger pour garder du stock) et on rebouquine avant d'aller nous coucher... à 20h 😉 Mais là, horreur!!! Une affreuse mygale, tarentule ou je ne sais quelle araignée toute velue a élu domicile sous mon hamac!!! Impossible de trouver la paix tant que je la saurais ici. Fort heureusement pour moi, mon vaillant chevalier trouve le courage de la mettre à la "porte" de notre "château" et une douce nuit peut enfin commencer... Enfin presque... Loin de moi l'idée de vouloir briser un mythe, mais sachez que le hamac est une invention démoniaque. Alors certes, pour la sieste du dimanche, un petit moment lecture ou un câlin, c'est le top du plaisir. Mais pour une nuit complète, c'est le summum de la torture! Sans mentionner les flatulences des voisins, les bruits effrayants de la nature, et mon imagination débordante sur tout ce qui pourrait arriver en pleine nuit au cœur de la jungle...

1er jour de Koh Lanta 

Fort heureusement, nous avions prévu une journée un peu plus tranquille le lendemain. Seulement une heure de marche nous séparait du prochain campement. Nous nous arrêtons donc sur une première plage pour quelques bains de soleil, quelques bains de mers et quelques heures de lecture avant de rejoindre notre nouvelle étape. Comble du luxe, nous dormirons en tente ce soir! Et avec vue sur le lagon s'il vous plait! Il faut bien ça pour accepter l'idée que nous n'avons même pas les moyens de nous payer un repas... et les boites de thon commencent à nous peser sur l'estomac... Nous décidons de la jouer fins stratèges, nous gardons notre argent pour prendre un vrai petit déjeuner demain matin, ainsi nous serons pleins d'énergie pour la grosse randonnée qui nous attend, nous marcherons plus vite et serons rentrés à Santa Marta pas trop tard afin de nous offrir un repas GARGANTUESQUE! 😀 Il faut le reconnaître, la bouffe est peut être le sujet sensible pour les deux gourmets que nous sommes... Mais contre toute attente, nous faisons face main dans la main dans cette dure épreuve! Ha ils sont beaux les aventuriers!! La plage du camping ne manque pas de charme et nous en profitons une partie de l'après-midi. C'est pleine d'espoir que je perds quelques instants à tenter une vaine chasse aux caïmans... Nous nous rabattons donc sur nos boites de thons et barres de céréales comme dîner (à 18h30 je tiens à préciser) avant de rejoindre la douce humidité de notre tente pour une bonne nuit de sommeil. Qui fût étonnamment vraiment bonne, bercés par le bruits des vagues.

Jour 2, acclimatation

Jour 3, la fin de la torture, de l'aventure, de la nature, approche! Petit dej aux premières heures, il vaut mieux partir tant qu'il fait encore frais. Nous sommes ragaillardis par tant de mets! Et nous avons eu le nez bien fin de prendre des forces. Ce sont 3 kilomètres de rochers à escalader qui nous attendent, nous ne pensions pas que ce chemin serait si difficile! Arrivés au bout de cette épreuve, nous tombons sur un village fantôme. Nos espoirs d'acheter une petite bouteille tombent à l'eau. C'est dégoulinants de transpiration que nous nous remettons en route, encore quelques kilomètres de grimpette sur un vrai chemin de terre cette fois et finalement la longue descente jusqu'à la route principale. Nous avons marché d'un bon pas et arrivons en fin de matinée à l'entrée du parc. Un bus passe quasi instantanément, l'attrait d'un vrai repas nous fait sauter dedans aussi vite qu'il est arrivé. Hahaha pas très futés les aventuriers, le bus va bien à Santa Marta, mais au terminal... A cinq kilomètres du centre ville! Et il ne nous reste même pas de quoi payer un ticket pour prendre un bus de la ville... Une fois de plus, nous constatons l'incroyable bonté des Sud Américains, une petite mamie nous tend 4000 pesos pour payer notre trajet jusqu'au centre. Quelques minutes plus tard nous rejoignons enfin notre hôtel, sautons dans une douche salvatrice et filons nous régaler!!

Jour 3, libération 

Bilan de cette expérience de l’extrême: Nous sommes prêts à être aventuriers à plein temps!... Tant que nous avons un lit et de vrais repas!!

Plus que quelques jours de voyage... La nostalgie arrive déjà sur le trajet vers Carthagène, notre dernière étape. Il faut se rendre à l'évidence, un tel rêve ne peut durer toute la vie! Retour à la réalité, J-4...

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Dernier déménagement, dernier trajet en bus, dernière étape pour notre périple aux quatre coins de cet immense continent. Ce dernier pays que nous avons découvert aura su nous charmer tant par sa beauté que par ses habitants. Cependant, nous ne voulons pas véhiculer une image fausse de la Colombie. Le pays remonte une pente très raide et n'en est encore qu'aux premiers mètres. Sur ce dernier trajet, nous avons une fois de plus été frappés par les conditions dans lesquelles vivent de trop nombreux colombiens. Des habitations faites de briques et de brocs construites au bord de mares de déchets dans les pires conditions d'insalubrités. Une phrase exprimée par notre guide à Medellin a de nouveau pris tout son sens: "Il y a de nombreuses très belles choses mises en place en Colombie, mais ici, derrière tout beau projet se cache quelque chose de négatif"... C'est le problème d'un pays corrompu, qui a longtemps vécu sans hiérarchie ni règles.

Avant notre départ, nous disions à qui voulait l'entendre que nous irions jusqu'à Carthagène. Nous ne savions pas vraiment où la ville se trouvait, ni ce qu'il pouvait bien y avoir à faire. Mais c'était notre Cap Nord! Et nous avons toujours suivi ce cap (bien que géographiquement parlant, notre cap nord aura été Tayrona la semaine dernière). Aujourd'hui, à la veille de notre retour en France, nous y sommes! Nous avons passé quelques jours fabuleux entre les murs de cette cité fortifiée. Carthagène des Indes est une autre ville modèle de la Colombie. Une cité où de nombreuses scènes de l'histoire du pays se sont jouées.

Sa situation stratégique dans la calme mer des Caraïbes et aux portes du continent Sud Américain lui aura valu d'attirer les premiers conquistadors espagnols. C'est par ici, et Santa Marta, qu'ils sont arrivés pour ensuite descendre toujours plus au sud et envahir le continent tout entier. C'est également d'ici que transitaient les richesses du continent pour rejoindre l'Europe et la couronne d'Espagne. C'est par Carthagène que les esclaves africains arrivaient pour être vendus. C'est donc Carthagène qui attisa la convoitise des royaumes de France et d'Angleterre. Maintes fois la ville s'est trouvée prise d'assauts par des navires pirates, maintes fois elle fût saccagée et dévalisée. Pour cette raison, une muraille a été érigée tout autour de la cité, elle permis d'éviter de nombreuses pertes à la couronne d'Espagne malgré les sièges qui suivirent son édification.

L'Histoire de la ville ne s'arrête pas là! C'est de Carthagène qu'est parti le souffle de libération de la Colombie. Quelques mois avant la déclaration d'indépendance du pays tout entier, la ville s'était battue et avait obtenue que les Espagnols s'en aillent. Aujourd'hui, les écoliers sont heureux chanceux de deux jours fériés pour célébrer l'indépendance face à la couronne d'Espagne! Non seulement fière d'être la seconde plus ancienne ville du pays (après Santa Marta), elle revendique également la gloire d'avoir été quelques années capitale, d'être le port le plus actif, d'avoir les plus belles femmes, et d'être la meilleure ville... de la Colombie! Ce n'est pas pour rien que l'aéroport porte le nom du président fondateur de la constitution du pays et compositeur de l'hymne nationale et que Shakira y possède un hôtel!!

Bref en quelques mots nous avons été convaincus de l'importance de cette ville, ne restait plus qu'à nous laisser convaincre par son charme... Et nous ne fument pas déçus du voyage. Le centre historique est tout simplement adorable, des petites maisons colorées aux balcons en bois, des doudous vendant fruits exotiques et photos en tenues traditionnelles, des petits cafés climatisés pour des pauses bien méritées, des calèches pour sillonner les rues, des couchers de soleil depuis la muraille... Nous avons adorer flâner et découvrir chaque jour de nouvelles ruelles.

Cartagena de las Indias 

De tous côtés, Carthagène est entourée d'eau, que ce soit la mer, des fleuves ou des marais. Cette vulnérabilité lui sert aussi de force et son économie repose beaucoup dessus. Du tourisme à la pèche en passant par le transport maritime, Carthagène des Indes est aujourd'hui encore une porte d'accès au continent sud américain.

Une ville costière 

Comme c'est la fin, comme on est fatigués, comme il fait chaud... Nous avons choisi le luxe d'un AirBnB avec piscine. Nous profitons donc de ces derniers jours pour les achats compulsifs de souvenir (mais oui vous aurez un cadeau!), les siestes au bord de l'eau (les plages de Carthagène ne sont pas très accueillantes), le bus touristique à étage (que nous avons rêvé de faire dans chaque ville depuis le début!), et les sorties bateau au coucher de soleil (pour dépenser les derniers € du budget et une touche de romantisme à la veille du départ).

Voilà, c'est fini

Il n'y aura jamais de superlatif assez fort pour décrire nos émotions en cet instant. Le dernier article, le dernier dodo, la dernière fois que nous remplissons nos gros sacs à dos. Ce voyage était un rêve depuis mon adolescence, peut-être que de l'avoir réaliser marque le début de notre vie d'adulte?

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When the song is over, we go home 

Voilà huit mois que nous sommes partis, huit mois ça passe si vite... C'est long et court à la fois. C'est quand même incroyable de voyager pendant huit mois! Nous avons pris le large afin de vivre nos rêves et de nous en créer de nouveaux. En vivant au jour le jour, en apprenant le monde, les gens, en nous apprenant nous mêmes.

Un jour dans ce voyage, on m'a demandé si j'étais heureuse de vivre en Europe. Drôle de question, il m'a fallu un peu de réflexion pour y répondre. Je suis indéniablement reconnaissante à la vie de m'avoir fait naître française. C'est une chance qui nous a permis, entre autres, d'avoir ce rêve et de le réaliser. Mais ce que j'ai surtout eu envie de répondre à cette personne, c'est que si je suis avec les bonnes personnes, aux bons moments, peut m'importe l'endroit où je vis. Ces derniers mois, c'était l'un de l'autre dont nous avions besoin et de nous enrichir de toutes ces nouvelles rencontres. Désormais nous sommes vraiment heureux de retourner auprès de nos familles, de nos amis! Bien que nous sachions que le monde nous appellera à lui de nouveau.

Ceux qui nous aiment fort étaient inquiets de notre bonheur. Certains craignaient que cette vie en vase clos, 24h/24 l'un avec l'autre, serait difficile à gérer. C'était un risque en effet, et ça n'a pas toujours été facile il faut le reconnaître. Mais nous remercions toutes ces personnes, car leurs paroles nous ont aidé à réfléchir et à faire grandir notre amour de jour en jour. Nous rentrons de ce voyage plus soudés que jamais.

Nos articles vous ont parfois fait rire, parfois fait pleurer peut être... Et nous sommes fiers d'avoir réussi notre paris, celui de vous avoir ne serait-ce qu'un petit peu emmené avec nous dans ce voyage au bout du monde. Nous espérons vous avoir fait vivre nos coups de cœurs, nos coups de gueule, nos fous-rires et même nos moments de désarrois. Maintenant c'est à vous de nous aider à retrouver une vie "normale", il nous tarde de vous revoir!!

L'heure du bilan sonne! Bilan touristique, monétaire, humain... Sans tri ni chichi, on vous dit tout 😉

2 amoureux, jeunes mariés

1 Guilhi

1 Groot, notre licorne adorée

1 nouvelle langue à peut près maîtrisée (sauf le "R")

8 pays visités

29615km dont 20485km avec Guilhi

6 voyages en avion

22 voyages en bus (dont 10 de nuit...)

24 machines à laver

150 douches (non ça en vrai on n'en sait rien)

Une quinzaine de salles d'escalades testées et autant de salles de sport et de cours de Zumba

3 gros coups de soleil

Une cinquantaine de piqures de moustiques

2 tempêtes de neige

Des dizaines de rencontres

Une carte postale de nos proches chaque semaine (merci Lolotte pour ton idée trop géniale!!)

Une bonne vingtaine d'appels vidéo sur WhatsApp

Quelques grosses disputes (on ne vous dira pas combien), et autant de réconciliations!

Et maintenant?

Plus que jamais, nous sommes aujourd'hui tournés vers l'avenir, avec la conviction que ce voyage jouera un grand rôle dans nos vies. Il est certain que les souvenirs de ces derniers mois compteront comme les plus beaux et les plus importants. Il n'y aurait pas de boite à souvenirs, ou de disque dur (NB: Mon mari est ingénieur en informatique), assez grands pour les y faire tous entrer. Mais au delà de l'imaginable, nous saurons tous les conserver intacts pour transmettre ce qui a forgé les adultes que nous sommes devenus.