Nous quittons Yogyakarta au petit matin pour rejoindre Malang plus au sud. Lever à 5h. Nous mettons 8h pour rejoindre Malang en train. Un train relativement confortable mais qui ne mérite certainement pas le qualificatif de "Express Mélioboro". Parcourir 400 kilomètres en 8h s'apparente un peu à une course d'escargots. Mais peu importe, le service à bord est impeccable et on a le temps d'admirer le paysage! Un paysage au demeurant uniforme sur toute la longueur du parcours c'est à dire sans aucun relief et avec des rizières à perte de vue! Le riz à cette époque est encore vert et ressemble à nos cultures de blé.
Pourquoi choisir Malang, une ville sans réputation ? En ce qui nous concerne, ce choix résulte de plusieurs facteurs. Tout d'abord nous avons choisi de voyager en train car c'est un mode de transport qui nous fait côtoyer des gens. Comme il n'y a pas pléthore de lignes de chemin de fer et que nous désirons rejoindre ensuite Bali, Malang est sur le trajet. Autre raison, nous voulons nous rapprocher du volcan Bromo pour aller lui faire un petit coucou. Enfin, nous mêmes ne savons pas trop pourquoi nous avons décidé d'y passer quelques jours alors que la plupart des voyageurs ne s'arrêtent qu'une nuit avant d'aller au Mont Bromo ! Il faut des "zozos" comme nous pour avoir de telles idées!!! La question à cent boules serait: mais qu'allez vous faire dans une ville pareille??Tout d'abord, c'est une grande ville très vivante et même trépidante. Ensuite, comme nous avons besoin de faire le point sur plusieurs choses: régler les problèmes d'hébergement, de banque, de réservation de visites, de billets de train, de matériel informatique il faut bien quelques jours pour se créer un mini réseau qui nous viendra en aide. Et ne rigolez pas, quand on éclate ses superbes sandales Colombia qui ont déjà fait plusieurs voyages, il faut bien trouver chaussures à son pied!!! Pas facile, et même introuvable mon cher Watson, le 44/45 n'existe pratiquement pas ici. Je vais donc jouer au mini Mac Gyver avec le tube de colle qui nous suit toujours dans les voyages!!! Pour l'informatique et le téléphone, nous avons fait connaissance d'un jeune qui tient un petit stand où il répare avec un professionnalisme et une dextérité remarquables tout ce qui est matériel informatique et téléphone. Diaz, c'est son nom répare mon netbook tombé en panne en trois coups de cuillère à pot (pardon pour l'expression!) ou plutôt de tournevis. Sans mon petit ordinateur, je n'aurais pas pu continuer à alimenter Myatlas. Pour régler nos problèmes de téléphone, il nous a aussi vendu un Androïd d'occasion (60€) toutes applications installées, carte sim, forfait téléphonique haut débit 4G pour un mois compris. Le forfait téléphonique nous coûte l'équivalent de 2,50 euros pour un mois!!! Salut l'ami, chapeau l'artiste et un vrai grand merci pour tout!!! Nous pensons qu'il s'est pris d'amitié pour nous car le jour de notre départ, il nous a réserve un taxi et vient nous accompagner à la gare.
A Malang, si la quasi totalité des habitants est de confession musulmane, on ne sent pas d'animosité entre les différentes confessions. Place Alun-Alun (un grand jardin public) trois grands édifices religieux se côtoient en proximité directe: la mosquée, une église catholique et un temple protestant qui témoigne du passage colonial des Hollandais. Si nous étions malicieux nous avancerions l'hypothèse que les différents cultes ont voulu montrer leurs forces à travers l'importance des bâtiments...mais c'est juste une mauvaise langue qui le dit!!!
Côté hébergement, notre arrivée à Malang est un peu chaotique. Erreur de ma part, j'avais réservé un hôtel pas cher (pas toujours terrible d'avoir un porte monnaie en peau de hérisson, ça joue des tours!!!). Nous partons de la gare dans un taxi (???) vraiment pourri jusqu'à notre guest house située à...six kilomètres du centre! Une maison correcte où la jeune fille à la réception découvre que nous avions réservé! Une toute jeune fille, qui se gratte la tête, pousse des"oooh", pouffe de rire en se demandant comme elle va résoudre le problème se présentant à elle. En plus, elle ne comprend pas un moindre mot d'anglais. La chambre est correcte et propre. La décision est déjà prise dans le quart d'heure qui suit notre arrivée. Nous l'informons que ne resterons qu'une nuit sur les deux prévues. Le soir même, nous retenons un hôtel bien situé et confortable près du centre ce qui nous permettra de visiter la ville à pied (Dewarna hotel pour 13 € la nuit petit déjeuner compris).
Nous décidons d'aller faire trempette dans la petite bourgade de Cangar nichée dans les collines où surgissent des sources d'eau chaude. De Malang, il faut compter 80 kilomètres aller-retour. A l'aller nous prenons d'abord un taxi pour aller jusqu'à la petite ville de Batu nichée au bas des pentes d'un ancien volcan le mont Arjuna (3331 m). Ensuite, nous louons les services de deux motards pour nous rendre aux sources d'eau chaude. Cela fait du bien de reprendre la moto même si...nos fessiers souffrent en dépit des précautions de nos deux pilotes!!! Oh, bien sûr, les sources de Cangar, cela n'a rien à voir avec la balnéo à Deauville ou ailleurs en France mais les gens y trouvent un grand plaisir dans un cadre plutôt exotique. Nous sommes les seuls étrangers mais notre présence ne gêne personne. On sent même une envie de communiquer avec nous. Trois jeunes s'approchent et amorcent la conversation en nous demandant si nous sommes catholiques puis d'où nous venons, ce que nous faisons là etc...Il s'agit de séminaristes catholiques dont un était déjà allé à Lisieux!!! Le retour se fait avec nos deux mêmes motards qui nous ont attendus 1h30 (prix total de la course 12€) puis en empruntant deux mini bus pour l'énorme somme de 2€!!!
Nous effectuons pédibus toutes nos visites ou démarches en ville ce qui représente pas mal de kilomètres par jour (et nous n'exagérons pas) en dépit des dizaines et des dizaines de sollicitations des cyclos pousses à pédales ou à moteur qui nous nous hèlent. Nadine a une méthode infaillible: elle imite le marcheur athlétique qui s'aide des bras tout cela accompagné d'un grand sourire. Pour ma part, je montre mon "très léger" embonpoint (mais si, mais si!!!) en faisant comprendre que marcher est bon pour ma santé...grand sourire à l'appui bien sûr. Ces personnes presque toutes démunies, il faut bien le dire, nous répondent par un grand sourire et en levant le pouce.Trouver une agence pour nous rendre au Mont Bromo nous demande pas mal d'énergie et de temps. En même temps ce n'est pas une perte de temps au niveau des échanges avec les gens. Nous n'aimons vraiment pas passer par les agences...Et puis, il y a de tels écarts de prix...Bref, il faut bien se résoudre à utiliser les services d'une agence si nous voulons voir le soleil se lever sur le Bromo. Il n'y a pratiquement pas de transports en commun et pour accéder au parc des volcans, il faut obligatoirement faire une partie de la montée en jeep. Ce transport est exclusivement assuré par des habitants du village. Trop compliqué pour organiser tout cela soi-même. Le tout, c'est d'essayer de ne pas se faire pigeonner!!! Nous partons de notre hôtel à 0h45 avec un chauffeur et un "guide" de l'agence "Sunrise Holiday". Il faut le dire, la proposition de prestations couchée sur le papier est respectée à la lettre (montant de la facture 114€). D'autres agences pratiquent des tarifs inférieurs autour de 80€) mais bon celle-ci nous a paru sérieuse...
D'emblée, notre jeune guide prénommé Yoga, qui doit avoir une vingtaine d'année mais en parait 17 ou 18, prend grand soin de nous. Il nous donne un tas d'informations en anglais. Informations qu'il lit sur son smartphone, c'est dire la profonde connaissance qu'il a du sujet ! Peu importe, il est sympa et comme nous avons pris pas mal d'informations sur notre bouquin de voyage...Nous qui avons envie de dormir, nous aimerions bien qu'il cesse de parler ! Au bout de trois heures de route, nous arrivons au point de départ des Jeeps qui emmènent les gens au sommet du Mont Penanjakan (2770 m) d'où l'on domine toute la caldeira et tous les volcans. A l'arrivée, nous sommes sollicités par des locaux qui vendent bonnets de laine, gants et autres babioles mais aussi thé, chocolat chaud et beignets à la banane. Pas un luxe par ce froid de canard surprenant ! On peut aussi trouver à louer des vêtements chauds passablement usés qui font ressembler dans la pénombre ceux qui les portent à des manants! Bon soyons justes, il fait très froid là haut et il vaut mieux ne pas être élégant et se protéger du froid. Dans le récit précédent si nous disions que les sarangs étaient superflus, autant pour aller voir le Bromo, les vêtements chauds sont de rigueur...de l'hiver (mauvais jeu de mots mais j'avais envie de le faire!!!). Au loin dans la nuit, on peut apercevoir les coulées de lave s'échapper du Semaru en irruption. Enfin vers 5h15, le ciel se met à rougeoyer, les volcans à se colorer de différentes nuances de rouge-orange puis la boule de feu s'élève au-dessus de tous les cônes...superbe!!! Vers 6h15, nous redescendons dans la caldeira, un vaste désert de 6 kilomètres sur 8 constitué d'une sorte de sable poussiéreux craché par l'ensemble des volcans. Notre jeune guide, à l'inverse de Nadine et moi qui avons prévu vêtements chauds, gants et chaussures adaptées, commence à peiner dans ce sable mou. Son petit blouson en toile légère est une mince protection contre le froid. Du parking où est stationnée la jeep au pied du mont Bromo, il faut parcourir un bon kilomètre en marchant ou à cheval pour les moins courageux ou encore à moto pour les mous du mollet!!! Bon peu importe on n'est pas là pour juger du choix des gens.
Arrivés au pied du Bromo, nous montons une longue volée de marches pratiquement recouvertes de sable et...enfin, on peut aperçoit le fond du cratère qui crache des fumées pleines de gaz sulfurique...ça sent l'oeuf pourri!!! Nous effectuons le retour par le même chemin et après 40 minutes de jeep, nous rejoignons notre véhicule. Le petit déjeuner est le bienvenu car depuis minuit que nous sommes levés (il est maintenant 8h), l'appétit est bien là !!! Nous rentrons à Malang à 12h45. Une longue et belle journée...sans regret! Quand vous restez plusieurs jours dans une ville, un quartier, les habitants vous repèrent. On se sent vite intégrés. Intégrés le mot est un peu fort, mais en tous les cas, on se sent un peu chez soi. Les gens nous reconnaissent dans le quartier, nous font des petits gestes amicaux. Dans le jardin public de Alu Alun assis sur un banc nous observons les enfants qui lisent autour de la bibliothèques mobile. Une journaliste vient vers nous pour discuter de divers sujets, nous faire visiter le véhicule et bien sûr faire des photos! Au restaurant, plusieurs fois des couples nous ont invités à leur table. D'autres sollicitent notre avis sur ce que nous mangeons. Ils semblent heureux de voir des étrangers manger dans les mêmes lieux qu'eux. Il faut le dire, nous nous sentons bien, à l'aise !!!
Au rayon des visites, une a particulièrement retenu notre attention. A l'origine ce quartier défavorisé pour tout dire un bidonville, implanté sur le bord d'une rivière était voué à la démolition. Huit étudiants dans le cadre d'un projet universitaire ont décidé de transformer le quartier tant sur le plan visuel, culturel, économique que social. Ils ont laissé aux habitants le choix des couleurs. Les chemins, toits, murs se sont teintés de couleurs vives et bariolées. Petit à petit la vie a repris, les petits commerces ont ouvert, de la production artisanale s'est développée. Le quartier Jodipan est aujourd'hui une attraction touristique de la ville. En revanche, nous qui aimons visiter les marchés qui sont souvent les poumons des villes, nous avons eu beaucoup de mal à passer du temps dans celui de Pasar Besar. C'est le plus grand marché de la ville mais les odeurs aux abords sont à la limite du supportable à tel point que nous ne sommes pas entrés à l'intérieur.
Tout près de la prestigieuse place Tugu, nous nous rendons au marché aux oiseaux qui, comme le marché aux fleurs est ouvert tous les jours. On y trouve toutes les espèces d'oiseaux et même toutes sortes d'animaux en cage (serpents, reptiles, singes, chiens, etc...). Cela nous dérange un peu, beaucoup même... Par contre nous apprécions le marché aux fleurs où l'on trouve aussi des arbustes et des plantes. On sent bien une attirance certaine des Indonésiens pour les fleurs et les oiseaux...
Notre séjour ici se termine. Il nous faut refaire nos bagages...que nous n'avons que partiellement déballés. Nous sommes restés ici du 14 au 21 septembre et nous sommes riches de souvenirs de ces belles rencontres que nous espérons bien aussi trouver dans les autres lieux où nous irons. Ciao...