Le réveil sonne, on enfile nos couches de vêtements, qui vont être bien utiles quand on glandera en attendant le soleil (je me souviens que c'était compliqué même à la Réunion, alors ici...). L'ascension se fait trèèès doucement. Il y a beaucoup de monde, les gens font des pauses au milieu du chemin. Bref le ciel s'éclaire et on est toujours pas en haut. J'active le mode cabri, me glisse entre les bâtons de randonnée et me faufile tant bien que mal vers le sommet.
On arrive finalement encore assez tôt pour voir le soleil effectuer sa progression sur les reliefs.
Pour être honnête, voilà quand même Poon Hill et sa population au lever du soleil. On est loin du coucher de soleil paisible 2 jours auparavant.
Une fois le spectacle capturé par nos rétines et nos appareils photos, nous redescendons tranquillement pour manger un bout avant de se lancer dans la suite de nos aventures.
Pancakes, oeufs, pains tibétains, patates. Tout ça ingurgité et nos sacs organisés, nous sommes prêts à cambrioler la loge.
Finalement nous les épargnons et partons simplement pour notre randonnée. Au programme du jour : franchir le Deurali Pass (Deurali veut dire col en Népalais donc c'est un peu un pléonasme mais passons) à 3090m, passer par Ban Thanti à 3180m, puis faire escale à Tadapani à 2630m. De là, nous partirons chacun de notre côté.
Le col est atteint et avalé en une bouchée, non sans quelques regrets de la part d'Arnaud pour la cigarette du matin. La vue est magnifique, peut-être même mieux que depuis Poon Hill pour moi.
Nous continuons notre chemin qui commence finalement à descendre. Ce n'est pas pour autant le plus simple, car le début est enneigé et mes chaussures n'agrippent pas grand chose pour ne pas dire rien.
La suite du chemin se passe tranquillement, à une montée finale prêt qu'on avait pas imaginée dans nos rêves les plus fous. Quand on croit être arrivé et qu'on doit monter 200m de marches raides, ça fait mal aux cannes, surtout quand on a décidé de fumer une cigarette 5 minutes plus tôt (petite pensée pour Arnaud).
J'arrive enfin à Tadapani et savoure la vue pendant qu'Arnaud en finit avec la montée. J'en profite pour commander du pain perdu, qui sera le bienvenu pour le reste de la journée de marche qui m'attend.
Après un au revoir avec Arnaud rempli d'émotion et de masculinité, il est temps pour moi d'attaquer la suite du trajet. Je pars de Tadapani à 2680m pour Sinuwa à 2340m. Mathématiquement ça semble simple, il va falloir descendre un peu. En réalité je vais devoir descendre plus de 1000 mètres et en remonter 800, que du bonheur en vue. Quand la journée sera finie j'aurai avalé 22km et 1400m de dénivelé positif, et je serai sûrement gratifié d'une belle nuit de sommeil.
Comme prévu, je descends pendant longtemps le relief des montagnes pour m'engouffrer dans la vallée. Je maudis chaque pas qui est presque autant que je vais remonter plus loin. Heureusement le spectacle fait oublier un peu l'effort et la fatigue grandissante. Je picore mes fruits secs et me ravitaille en eau quand c'est possible.
Je finis par arriver à Chomrong, point de départ du sanctuaire de l'Annapurna! C'est ici que je fais tamponner mon permis, et indique mon itinéraire au checkpoint : une nuit à Sinuwa, puis à Deurali, puis au MBC (Machapuchare Base Camp), puis ascension au ABC (Annapurna Base Camp) avant de redescendre la montagne. La garde m'indique juste de suivre un guide ou un porteur au delà de Deurali, par sécurité.
A Tadapani j'avais demandé sans trop de conviction au patron du restaurant si je pouvais trouver un bâton de marche dans le village. Il m'en avait filé un depuis un tas de débris. Il a très vite trouvé une place dans ma famille et a été baptisé Gaston le bâton. En arrivant au checkpoint, une deuxième canne a rejoint la troupe : Marie-Lou le bambou. Je n'ai jamais marché seul, et mes jambes m'en remercient grandement. Je ne pense pas que j'aurai pu tenir les grosses journées sans ces deux compagnons.
J'arrive finalement à Sinuwa, à bout de force, et suis bien content d'y trouver une douche chaude et une belle vue à apprécier depuis mon lit. Je fais une sieste, dîne, et me couche tôt car une autre grosse journée m'attend le lendemain.
Avant de me coucher je discute toutefois avec les autres résidents du jour. Une famille redescend de la montagne, où ils m'indiquent qu'ils ont dû faire demi-tour car les conditions étaient dangereuses. Ils ont eu du mal à redescendre car le relief était glissant au bord de ravins. Je discute ensuite avec un guide qui m'indique qu'il y a eu une avalanche sur le chemin à emprunter la veille. Il m'énumère tous les dangers potentiels plus haut, m'apprend comment sortir de la neige si tout mon corps tombe dedans, que si je me retrouve dans une avalanche il ne me reste plus qu'à courir et prier. La discussion dure et ma motivation pâtit un peu plus à chaque seconde. Je décide finalement de monter le lendemain, et de m'arrêter si je ne le sens pas.