Kon Tum, petite ville des hauts plateaux du Vietnam qui ne figure pas sur les itinéraires touristiques. A priori on n’avait pas vraiment d’intérêt à y aller. Et pourtant on a eu vent qu’il y avait là-bas des orphelinats où il serait peut-être possible de donner un coup de main. C’était plus compliqué et plus cher d’y aller plutôt que de suivre l’itinéraire de la côte vers le sud. Il a donc fallu faire vraiment le choix de sortir des sentiers battus pour tenter l’expérience et n’avoir aucun regret.
Après une demi-nuit de bus c’est donc à 4h du matin qu’on se retrouve dans la rue de Kon Tum. A l’ouverture des cafés on arrive à se connecter à internet pour indiquer notre position à Tanh, notre hôte couchsurfer. Il vient nous chercher en scooter et nous amène à son Coffee Shop. On fait connaissance avec lui et ses amis et il nous indique un hôtel tout proche pour nous loger. Il sera notre guide pour cette fin de journée et nous fera découvrir quelques coins sympas dans les environs. Il nous explique aussi des choses sur les ethnies locales, les dialectes, …
Le lendemain on loue un scooter pour aller explorer les environs. Un peu à tâtons, on suit les routes et chemins jusqu’à un grand lac. Nous voilà au milieu des plantations d’hévéas (dont le caoutchouc coule des troncs), des arbres à café et des bananiers. On voit que la population n’a pas vraiment l’habitude de voir des touristes mais comme partout au Vietnam, tout se fait à coup de grands sourires et c’est toujours sympa même si on n’a pas des grandes conversations.
On finit la journée en passant 2 villages très préservés qui sont vraiment très beaux du fait de leur simplicité et du mode de vie des gens très rural. Les maisons communales, avec cette architecture exceptionnelle nous laissent admiratifs. Ces grandes bâtissent servent de lieux de réunions, de prières et de décisions pour chaque village. Elles ont une architecture bien particulière et atteignent des hauteurs de plus de 15 mètres.
Quelques photos de nos balades:
Au bout du troisième jour, on comprend que notre hôte n’a pas vraiment de contact aux orphelinats de la ville et on décide donc d’y aller par nous-mêmes. Après plusieurs allers-retours dans la ville on s’adresse directement à un des orphelinats derrière la fameuse église en bois. La région est très catholique du fait de missionnaires français au début de la colonisation.
Une sœur nous conseille de revenir plus tard dans l’après-midi afin de jouer avec les enfants et rencontrer Philippe un belge. C’est ce que nous faisons. En fin d’après-midi nous rencontrons sœur Marta qui nous explique un peu le fonctionnement de l’orphelinat. On essaie de lui proposer ou demander si notre aide pourrait être utile. Elle nous invite à aller jouer avec les enfants mais on a un peu de mal à se projeter et savoir comment se rendre vraiment utile pour une période d’une semaine que nous nous sommes fixés. Nous passons tout de même un bon moment avec les petits de 2 ou 3 ans. Quand nous arrivons dans la pièce ils sont tous autour d’une enfant plus âgée qui leur donne à tour de rôle une cuillère de riz. Ils se contentent de manger en nous regardant du coin de l’œil. Une fois terminé, il ne leur faudra pas beaucoup de temps avant de se jeter sur nous parfois même à plusieurs tout en rigolant. Pour nous c’est notre premier contact et c’est fort en émotion. On voit qu’ils demandent beaucoup de tendresse et on y mettra toute notre énergie pour jouer avec eux.
On a vu régulièrement des touristes faire des dons. On avait aussi l'habitude d'apporter des fruits et parfois des jeux Enfin nous rencontrons Philippe, un enseignant qui vient 6 mois par an depuis 14 ans et qui s’occupe des activités pour les enfants. Il nous en apprend aussi beaucoup sur l’orphelinat. Toutefois après une très longue discussion on a toujours un peu de mal à voir comment aider. Pourtant il n’y a que 2 sœurs pour 200 enfants. On nous parle de jardin, de lessive, de cuisine… mais curieusement c’est comme si on n’avait pas besoin de nous. En plus, les enfants sont à l’école toute la journée et le dimanche est réservé à la prière et au catéchisme ce qui signifie que les enfants ont peu de temps libre aux loisirs.
En repartant le soir, on est quasiment décidés à boucler notre sac, un peu frustrés de ne pas savoir comment apporter notre aide. C’est alors qu’on rencontre Yan dans une gargote en mangeant. Comme un signe du destin il nous explique qu’il vient chaque année à l’orphelinat 5 et nous invite à le rejoindre le lendemain midi car il cuisine pour les enfants. Génial !!
Le lendemain midi nous arrivons donc à l’orphelinat Vinh Son 5 (VS5). Nous rencontrons aussi Yves et Justyna, des voyageurs de notre âge qui sont ici depuis quelques semaines. On peut tout de suite échanger, apprendre « sur le tas » et mettre la main à la pâte. On rencontre aussi les enfants qui courent de partout et qui n’attendent qu’une chose : qu’on joue avec eux !
On ne sait pas trop pourquoi mais l’ambiance nous met tout de suite plus à l’aise. On discute un peu avec les 2 sœurs qui nous invite à revenir autant qu’on le souhaite. L'après-midi on se balade un peu autour de l'orphelinat
Après cette journée bien remplie, c’est décidé : on va laisser nos sacs encore quelques temps dans cette ville. Pour se rapprocher de l’orphelinat, Justyna et Yves nous invitent généreusement à partager leur chambre dans un hôtel tout proche. Nous voilà en Couchsurfing d’hôtel ! C’est d’autant plus appréciable que la chambre est vraiment nickel, grande salle de bain et même petite terrasse devant la chambre. Ca nous change !
Pour le reste de la semaine le programme des jours est à peu près le suivant:
-réveil et préparation des étapes suivantes du voyage et courses
-on rejoint l'orphelinat vers 11h pour jouer avec les enfants qui sont déjà rentrés pour la pause du repas. Ils mangent avant midi puis c’est à notre tour. Nous mangeons avec Yves et Justyna ainsi que les sœurs.
-c’est ensuite le temps de faire la sieste tandis que certains repartent à l’école.
- A partir de 15h30 les enfants commencent à revenir et c’est vraiment la récréation (puzzle, coloriage, jeux de cartes, vélo, danse...) jusqu’à la douche et le repas vers 19h
- Aide aux devoirs d'anglais pour les ados.
-On mange à nouveau tous ensemble et on regagne notre hôtel. Les sœurs prennent bien soin de nous et nous préparent toujours de très bon plats. C’est aussi l’occasion de discuter de plein de choses et de beaucoup apprendre sur le lieux et les villages alentours.
Soeur Maria, Yves et Justyna A Kon Tum, ville de 500 000 habitants il y a 6 orphelinats soit environ 1000 enfants. Ils sont gérés par l'église et les enfants sont élevés par des sœurs. Les gens des campagnes sont assez pauvres et ces minorités ont toujours de grosses familles comparé au reste des vietnamiens. L'orphelinat où nous étions était dirigé par 2 sœurs pour environ 70 enfants de 2 à 18 ans. Pour aider à l'intendance (cuisine, surveillance des siestes, lessives...) des villageoises viennent donner un coup de main. L'orphelinat semble fonctionner principalement grâce à des donations locales. Il aide aussi les familles des alentours ayant peu en redistribuant parfois de la nourriture. Concernant les enfants, certains sont vraiment orphelins, d'autres ont perdu leur père ou leur mère et la famille ne peut plus les assumer, ou certains ont encore leurs parents mais ils n'ont pas les moyens de les élever. Dans certains cas, les parents savent que les enfants auront de meilleures conditions de vie et de scolarité en étant à l'orphelinat. Ils peuvent avoir à verser un genre de pension. Il y a parfois des adoptions.
A VS5 où nous sommes, nous avons envie de dire que les enfants " ne manquent de rien". Ils ont accès à l'hygiène de base, à manger, vont à l'école et vivent dans des locaux corrects. Il leur manque évidemment beaucoup d'attention et d'affection. Ils sont très facile à vivre, ici pas de place pour les caprices car cela ne sert à rien... On sait quand même que des dons financiers sont les bienvenus pour payer la scolarité, les médicaments, la nourriture...
La question qu’on se pose beaucoup dans ce genre d’expérience c’est « Qu’est-ce qu’on apporte ? » Il est vrai que d’un côté, nous ne sommes restés qu’une semaine avec ces enfants. C’est court dans une vie et apparemment il n’y a pas souvent d’étrangers qui viennent ici. Au début on se contente de répondre à toutes les sollicitations des enfants. Ils demandent beaucoup de tendresse et pas mal de contacts. Ils sont nombreux à tendre les bras et simplement vouloir rester assis sur nous ou dans nos bras. Et puis au fil des jours chacun s’apprivoise et prend ses habitudes. On peut alors proposer des jeux ensembles comme des jeux de cartes, des puzzles, des jeux éducatifs avec un peu d’anglais.
Ce qui est fou c’est qu’ils ne parlent pas anglais et que nous ne parlons pas le banar (dialecte local) ni vietnamien et pourtant on a eu l’impression de discuter avec eux toute la semaine. Avec la langue des signes le dialogue s’installe avec les enfants. On essaie aussi de veiller à ce qu’ils se lavent bien les mains avant de manger, qu’ils rangent leurs jouets après avoir fini et qu’ils évitent de monter à 3 grands sur un vélo de petit… tout n’est pas gagné !
Quoi qu’il en soit lorsque l’heure du départ approche nous avons le cœur lourd et on voit aussi que les enfants voudraient que l’on reste. Les au revoirs sont poignants. Après une messe et un dernier repas tous les enfants se réunissent dans la cour pour quelques chansons puis c’est un câlin général qu’on n’oubliera jamais.
Notre périple se construit aussi d'émotions...
On vous partage aussi quelques moments de cette semaine pour vous montrer toute la vie de cet endroit: