Mercredi 29 mars
Aujourd'hui, le temps est plus chaud, les températures plus clémentes sauf quand il y a du vent.
Ce matin après avoir fait plein et vides nous repartons vers la ville d'hier Vlorë. Cette fois-ci nous passons par le centre et donc la rue commerçante qui est déjà très animée, on a l'impression que ça grouille de partout.
Désormais c'est ici que nous quittons la Mer Adriatique, pour entreprendre la Côte Ionienne.
Nous devions aller sur une base militaire pour voir plusieurs sites, on se réjouissait d'avance, car l'histoire était rigolote, Gilbert se fera un plaisir de vous la raconter. Oui mais voilà, aujourd'hui c'était fermé... Pas de chance ! on ne peut pas gagner à tous les coups.
Je sens qu'il y en a une qui rit bien sous cape, connaissant les militaires...
Bref profitons de l'environnement, la mer, la neige, tout ceci au même endroit, et mangeons un peu.
Nous allons ensuite grimper presqu'en haut de la montagne enneigée, à plus de 1000m. Nous entrons dans les Monts Acrocérauniens ( yes, je l'ai casé !, après les Alpes Dinariques ...!) , très importants car ils servent de toile de fond à la côte Ionienne. Cette portion de route grimpe jusqu'au col de Llogara en traversant le parc national du même nom, très particulier de par les essences qui y poussent. Finie la végétation méditerranéenne de bord de mer, dans ce parc ne pousse que des pins noirs , des pins de Bosnie (blancs),des sapins bulgares, des chênes et des frênes. C'est le royaume des chamois, des chats sauvages, des loups et des aigles, (emblèmes du pays). Bon, nous n'avons pas vérifié ces dire par des randonnées, mais ...
Puis on entame la descente et papé va bien exagérer, car je n'ai même pas eu peur là.
Et puis tout à coup, on change de pays et nous voilà transportés dans les villages blancs du sud de l'Andalousie, bon excepté les églises orthodoxes...
ou bien dans les ocres méridionaux:
Nous nous arrêtons pour prendre des photos de la rivière annoncée et là, nous nous rendons bien compte que la quantité d'eau n'est pas au rendez-vous, en effet, des tuyaux, la prélèvent pour l'amener un peu partout.
Et c'est là qu'une voiture s'arrête et nous demande si l'on a besoin d'aide : c'était un canadien dont la mère habitait un village un peu plus haut, dont la famille vivait au Canada et lui travaillait au Burundi sur des centrales hydroélectriques. Drôle de rencontres !!! Il nous dit " vous êtes ici en Grèce " Nous : "????" , lui : "oui oui, ici tout le monde parle grec" , Nous" toujours ???? " et en fait on a compris que ce côté de la montagne, complètement tourné vers la Grèce et isolé du reste du pays, s'était coupé de l'Albanie. A vérifier .
" Faites triplement attention aux Albanais au volant, ils ne savent pas conduire !" ajoute-t-il en partant . Oh oui, on s'en était rendu compte...
Et arrivés au bord de la mer, commence une fin de journée épique, à classer dans les annales ... On avait décider d'aller au camping ce soir. Premier village un camping est ouvert, mais il est inacessible, même pour nous ! Une toute petite route en pente raide ... Non !
Village d'après, chouette , c'est au bord de la mer ! , oui, mais ... Bizarre ! La rembarde est dans le ruisseau pourtant à sec. Eh bien ! Un jour l'orage a du être violent !
Et arrivés au bout de la route, un monsieur nous stoppe, demi-tour, ils sont en train de buser tout, route coupée, camping inaccessible ! et de 2
On remonte la route et nous continuons optimistes, oh il est encore tôt, tout va bien!
On descend vers une nouvelle plage, contents, camping ouvert, nous dit internet, bord de mer . Tout droit puis à gauche et là, plus de route, un chemin plein de trous. "vous arrivez dans 350m.", nous dit le GPS. Bon on va faire l'effort.
"Vous êtes arrivés, votre destination est à votre gauche " Non mais il "déconne " le GPS à gauche on a ça:
On interroge un autochtone " camping, caput, finish, "et voilà comment se monte l'immobilier du bord de mer... Le pire c'est qu'internet nous le disait ouvert! ce n'était pas en temps réel ! Et là commence une véritable descente aux enfers ; au lieu de faire demi-tour, nous espérons retrouver la route qui mène à ces hôtels et ces immeubles, ces bars et restaurants que l'on voit là-bas au loin ! Et bien non, là-bas au loin c'est toujours que des nids de poule, et des mares, tout est défoncé et nous n'avons trouvé aucune route qui remonte sur la principale, c'est la déchéance absolue, comme si ce coin si déshérité était laissé à l'abandon. Pourtant il y a plein de gens qui y vivent, qui y viennent en été, mais tant que des camions travailleront en bord de mer ce sera comme ca. Au Montenegro, nous trouvions que les constructeurs commençaient d'abord par des routes somptueuses et puis construisaient les maisons. En Albanie c'est l'inverse...Pas d'accès, mais on construit. Gilbert a cru capituler, puis dans un dernier sursaut, il a fait demi-tour au bout d'un kilomètre de saloperies et maintenant nous sommes certes sur la même plage mais juste en face du début de la route goudronnée, par laquelle on est arrivés.
Là, on a touché le fond de ce que peuvent vivre les gens qui habitent dans ce genre d'endroit... L'Albanie ou le pays des extrêmes. Plages de luxe et plages de m..... , c'est aussi ça l'Albanie, toujours deux visages, comme l'aigle qui est sur le drapeau, 2 têtes, deux visages sauf que sur le drapeau c'est pour les différences religieuses : chrétiens et orthodoxes...
Le mot de Papé : donc la mer Ionienne se dévoile à nos yeux avec ses couleurs en palette de bleus. Encore un vrai régal, d'autant que le soleil, froid mais radieux en était chef d'orchestre. L'histoire de la base navale m'a bien fait rigoler. Le dictateur local, Hoxha, se tourne vers l'U.R.S.S. dès 1948 puisque Tito sort du pacte de Varsovie. Lune de miel avec Moscou. Hoxha offre même une base navale aux russes pour y loger des sous-marins. Las, en 1961, Khrouchtchev montre des signes de "libéralisme"(😀😀) en prônant la déstalinisation ! Horreur, malheur ! Ca ne lui plaît pas du tout à ce bon Enver ! Alors exit l'U.R.S.S. et vive la Chine, nouvelle amie pour toujours. Oui mais ; car il y a un mais. Des sous-marins étaient stationnés dans la fameuse base. Ni une ni deux, pour l'Albanie les submersibles russes ; la "blague" est d'envergure ! J'imagine Khrouchtchev tapant sur son bureau avec sa chaussure... Que sont devenus ces navires ? Appel au peuple... Pour revenir à cette journée, nous avons passé un col à 1 100m, quasi en falaise sur la mer. Je vous laisse imaginer les épingles, en montant dans la forêt, mais surtout en descendant vers les plages. Plus aucune végétation. J'en connais une qui n'avait plus un poil de sec. Ce n'est qu'anecdotique pour nous, mais ce col isole le sud maritime du reste du pays. De gigantesques travaux sont en cours pour pallier ce problème : percement d'un tunnel double tube de plusieurs kilomètres et nouveau tracé de la route sur 90%. Belle ouvrage en perspective. Ayez une pensée émue pour nous, qui dormons sur la plage, bercés que nous sommes par le doux clapotis des vaguelettes. Merci d'avance !