Carnet de voyage

Oh fan de chichourle !

Dernière étape postée il y a 1562 jours
 avec 
S
sa tente et son couteau
Parce que rien de tel qu'une expression bien de chez nous pour s'extasier devant les merveilles du monde.
Avril 2019
500 jours
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13
mars

After a few days at the coast, the forecast is clear, 4 days of rain. In that case, the best option is the jungle, where any day anyway feels like a rainy, hot and humid day. I thus head to lake Yojoa, in the centre of the country.

Good thing with jungle hikes is they're always birdwatching hikes.

Bad thing with jungle hikes is they're terrible for the shoes. There's no strong enough glue in the world for the combination of mud, heat and tree roots. Fortunately it's Honduras here; in the filthy village of Los Naranjos, I find a second hand shoes shop and buy the cheapest pair of running shoes of my life: 2.5€...

The national park Cerro Azul Meámbar, close to lake Yojoa, is a beautiful place for plants, flowers and birds; for the viewpoints I cannot be really tell.


Once again I have the whole park for myself

On my way to the border with El Salvador is the city of Gracias, with the highest peak of the country, Cerro Las Minas. And once again I find a hotel with large gardens and pools, so I go and ask if I can pitch my tent. The owner is okay but it's still a bit pricey. At the reception, I notice a collection of bank notes, mainly from Central and South America. Since I still have a few bank notes from Africa, I ask the owner if he's interested. Didn't expect her to be so happy to add notes from Tanzania and Botswana to her collection. So happy that she eventually offers me the next two nights.

The hike to Cerro Las Minas is nothing particularly wonderful. Just a big curiosity: I was not expecting a pine forest here, in the middle of so many rainforests. But it nicely reminds me South of France. On the way back, there's no bus anymore, I have a dozen kilometres to run downhill on the asphalt to my campsite, so when I hear cars passing by, I raise my thumb. I quickly hear a car decelerating, which normally makes me think "yes!" but this time, when I see it, it's more "oh shit!"

No need to worry, even if they're over-armed, the four cops nicely welcome me on their pickup. Safest hitch-hike of the trip!

Back at the campsite, the news are pretty bad: Trump has just closed his borders. The president of El Salvador is thinking of doing the same, for Guatemala there's nothing clear. The continuation of my trip seems more and more unlikely. Still, at that moment no one talks of a possible quarantine, so I just think I'd better be stuck in another country so I can at least visit it.

Since the borders with El Salvador and Guatemala are very close, I go the next morning and check if it's possible to enter El Salvador, but indeed it's clearly a no. Guatemala is the only option. After a medical checkup, I need to insist on the fact that I haven't been back to Europe in the last year. Fortunately the customs officer, from Honduras, is super friendly, and when she asks me with a smile what was my favourite country so far, I know what to reply to increase my chances of getting the stamp on my passport!

11
mars
11
mars
Publié le 2 mai 2020

J'ai choisi d'écrire mes carnets de voyage en privilégiant de raconter mes rencontres, expériences et ressentis, en laissant de côté ce qui me paraît bien moins intéressant, comme le nom des bons restaurants, le trajet et le prix des bus, ou le degré de confort des hostels et campings. En gros, peu de conseils pratiques pour les voyageurs qui me lisent (enfin faut pas se leurrer, y'en a pas des millions non plus).

Mais au fur et à mesure de mon avancée, je me suis rendu compte que si y'avait bien une chose sur laquelle je m'étais pas planté, et qui faisait des envieux parmi les voyageurs rencontrés, c'était bien ce que j'avais dans mon sac à dos. Alors je me suis dit qu'un article qui liste le matos que je me suis trimballé pourrait servir à ceux qui planifient un voyage, pas forcément aussi long que le mien.


-Filtre à eau

Je commence avec le plus important, une merveille tombée du ciel à mes yeux, quasi le Graal, à mon grand étonnement méconnu de la plupart des voyageurs. Il existe des dizaines de filtres bien compliqués et chers, qui marchent avec une pompe, par gravité ou par chimie, donc j'étais pas bien sûr de moi au moment d'opter pour le plus minimaliste, le Care Plus de la marque américaine Sawyer. Un tube de 65g à 35€ avec des pores de 0.1 microns pour filtrer les bactéries, qui peut se nettoyer et fonctionne donc quasi indéfiniment. J'ai décidé de servir d'auto-cobaye, au risque de passer suffisamment de temps dans les toilettes d'Afrique australe pour pouvoir en écrire un bouquin. Mais au final aucun problème, l'eau de tous les robinets et toutes les rivières du monde devient potable. Miraculeux. En plus de ça, le filtre a un pas de vis pour se connecter directement ou goulot des bouteilles en plastique standard. Sont forts ces ricains ! J'en ai eu besoin dans tous les pays à part le Chili et l'Argentine, où l'eau courante est potable. Tout ça m'a clairement économisé un bon paquet de plastique dans l'océan en n'utilisant que 3 ou 4 bouteilles pendant mon voyage, en plus d'un bon budget.

Chez une mamie dans un village perdu de Colombie, je suis tombé sur le Lonely Planet Pérou de 1991. L'auteur expliquait que pendant ses nombreux voyages dans le pays, il utilisait des cristaux d'iode pour purifier son eau, ce qui lui obligeait de balader un dispositif de chimiste pour casser les cristaux, les peser et les dissoudre. Et mieux valait pas se planter dans le calcul de concentration. On vit quand même une bien belle époque !

J'ai vu quelques voyageurs avec une bonne alternative aux filtres: une lampe à UV qui se recharge par USB. Tu la touilles 45 secondes dans ta gourde, et les bactéries bronzent tellement qu'elles crament. Avantage : le débit ; Inconvénients : pas de filtration des particules, et 3 fois plus cher (110€).

Rien de plus simple à utiliser que le filtre. Le réchaud, c'est plus joueur, surtout le 1er jour des treks, loi de Murphy oblige

-Réchaud multi-fuel

Peut-être moins vital que le filtre, mais pour quelqu'un comme moi qui a besoin de quantités de bouffe pas franchement raisonnables, j'étais bien content de pouvoir me cuisiner un demi-kilo de pâtes de temps en temps. Dans les pays comme le Malawi, Mozambique, Bolivie, Pérou ou Colombie, on trouve facilement un gros repas pour 2-3 euros, mais varier un peu de l'habituel riz-frites-viande avec la spécialité du chef (les pâtes), c'est un petit bonheur. Le gros avantage d'un multi-fuel, comme son nom l'indique, c'est qu'il fonctionne avec tous types de carburants, essence, diesel, gaz, et même kérosène (on sait jamais, en cas de survie après un crash d'avion). Parfait dans les pays où une bouteille de gaz est introuvable, ce qui a été le cas pour la plupart de ceux sur mon chemin. Inévitable pour pouvoir manger chaud sur les treks de plusieurs jours, évidemment, et des fois c'est pas du luxe.


-Tente

Ma Taurus ultralight 2 places de Vaude (marque allemande) est une pure merveille. Une 3 saisons, hyper costaude contre le vent et la pluie, montée en 2 minutes, démontée en une. Le tout en moins de 2 kilos, le bon compromis de poids à mon avis : j'ai vu des voyageurs avec des tentes de 700g, mais ils faisaient pas les fiers quand les gros nuages du soir arrivaient. Et puis surtout, l'avantage non négligeable, c'est qu'elle est vert-marron, le top pour se faire discret pour une nuit dans un spot de camping à moitié officiel voire complètement interdit.

J'ai pu la comparer plusieurs fois avec la Sierra Trek 2, alias la tente-lampion, et y'a pas photo, elle remporte le duel haut la main. La Deutsche Qualität, c'est pas de trop quand il s'agit de choisir sa maison pour un an. Et encore, je l'ai depuis bien avant mon voyage. Mis à part un arceau un peu tordu par le passage pas très délicat d'un éléphant (j'étais pas dedans!), et une réparation de la toile à cause d'une morsure de chien, elle est encore en pleine forme.

Sac à appareil photo certifié water-resistant et tente certifiée quasi-elephant-resistant

-Duvet et drap de soie

Le poids et le volume de mon duvet de montagne m'ont bien inquiété au moment de faire mon sac. Clairement impossible de l'embarquer. Après quelques recherches j'ai fini par tomber sur la marque Wilsa, qui vend les duvets les plus légers et compacts du marché. J'ai choisi celui de 600g avec température confort +6°C. Je regrette pas. Pour les nuits froides, je rajoute un drap de soie SeaToSummit qui en plus de me faire gagner 2 ou 3 degrés, est plus doux qu'une couette. Même les 3-4 nuits patagones où j'ai du activer le plan grand froid, c'est à dire ajout d'une polaire thermique et d'une doudoune, une double paire de chaussettes, un collant et les jambes à l'intérieur du sac à dos (l'astuce qui fait la diff), j'ai finalement pas passé de nuit à grelotter.


- Sac étanche pour appareil photo

Pour amener mon appareil photo sur et dans l'eau, en kayak et en snorkeling, j'ai utilisé un sac souple et étanche de la marque Dicapac. Même si c'est pas très rassurant d'aller nager avec un appareil photo, j'ai finalement eu aucun souci d'étanchéité, et même si j'ai fait moins de snorkeling que ce que je pensais en Amérique Centrale, ça m'a permis de prendre quelques poissons et baleines en photo.


-Ceinture cache-billet

Pour ceux qui, comme moi, sont doués pour laisser leur porte-monnaie traîner dans le bus, mieux vaut ne pas garder tous ses billets au même endroit. Heureusement, je suis toujours tombé sur des gens assez sympas pour me courir après et me ramener mes sous. Mais en cas de perte ou de vol de mes affaires, c'est plutôt rassurant de garder quelques dollars sur moi, planqués dans ma ceinture. 10 € à Décathlon.

La ceinture anti-grosse galère et le InReach anti-très grosse galère

-Émetteur-recepteur satellite

Côté sécu, j'ai investi avant de partir dans un InReach de la marque Garmin. Deux objectifs : d'abord pouvoir rassurer les proches en envoyant et recevant des messages dans les coins sans réseau téléphonique ou internet, loins d'être rares surtout en Afrique. Ensuite, pouvoir me mettre en contact avec le centre de recherche Garmin, basé en Suisse, pour organiser des secours locaux en cas d'urgence. Dans des treks reculés en solo, une entorse de la cheville toute bête peut coûter cher. L'InReach est pas cadeau non plus (forfait de 25€ par mois en plus des 320 de l'appareil) mais en cas de pépin, il aurait bien été mon seul ami, et ça, ça n'a pas de prix.


-Boîte magique

J'avais jamais utilisé de smartphone avant ce voyage, mais je dois bien avouer que l'investissement, en plus de m'aider à faire mon entrée dans le XXIème siècle, m'a bien servi. À 50 euros sur Le bon coin, pas de quoi faire atterrir une fusée sur Mars, mais une batterie solide m'a largement suffi. Rien que le nombre de sentiers de rando et de treks qui sont sur l'application maps.me, même dans les coins les plus perdus, c'est un trésor que j'avais dans la boîte. Ça m'a permis de souvent partir sans guide, mais serein: impossible de me perdre avec mon point GPS sur une carte. Pour trouver campings, hostels et spots de camping sauvage, l'appli iOverlander m'a aussi bien servi: une carte mise à jour par les voyageurs, qui m'a permis de trouver un paquet de bons plans.


Savon multi-usages

C'est pas parce qu'on part une année jouer au hippie avec 3 caleçons et une tente qu'on laisse son hygiène à la maison. Et là-dessus, j'ai trouvé un deuxième Graal : le savon du Docteur Bronner. Annoncé pour 18 utilisations en un savon de 140 grammes. Au début, on doute un peu. Savon, shampooing, lessive, je veux bien, mais déo ? Liquide vaisselle ? Hein, mousse à raser ? Mais what, dentifrice ?! Au final, impec, aucun souci, je valide tout. Et ça économise encore bien des déchets.

18 utilisations sans compter machine à café-carte postale-jumelles-éthylotest, entre autres. Et tout ça c'est bio, bien sûr !

Au final, le choix d'amener tout ce qu'il faut pour dormir et cuisinier, en plus de tout le matos photo, ça m'a fait un sac pas particulièrement léger, mais c'est un choix, surtout dicté par mon envie de treks. L'opposé, c'est à dire partir ultra-léger, c'est aussi tentant parce que c'est une sacrée liberté. Mais ça oblige à grossir un peu le budget pour dormir, manger, et louer du matériel si besoin.


Pour n'importe quelle info qui touche de près ou de loin au voyage, si jamais on pourra re-voyager un jour, le site tourdumondiste.com est juste une bible. Et pas uniquement pour le voyage au long cours. Le matos, les préparatifs, les stats, la santé, la paperasse, l'hébergement, les transports, la liste des treks, les préoccupations écolos, y'a tout, et en détail, c'est presque trop facile !

8
mars
8
mars

Entering Honduras feels a bit special. I quickly understand that safety here has a different meaning than in the previous countries I have visited. All banks, shops, restaurants have at least one guard with a shotgun. Every person who enters a bus is carefully frisked and checked with a metal detector, even when coming back into the bus after a short stop. The country has a very bad reputation for crime and violence. And it's not for nothing: San Pedro Sula, second city of the country, has recently often been awarded the highest crime rate in the world.

Tegucigalpa, the capital city, is not far behind, but I'll have to stop there to catch a bus to the Caribbean coast and the island of Utila. I don't want to arrive in the capital at night so I get out of the bus a few kilometres before the city, and eat something at a restaurant. Nobody there, I'm the only customer, and the owner is so nice she kindly accepts my request to pitch my tent in the garden. I later meet her son, so friendly that after a nice chat he insists to plan my whole trip in the country. In the morning I'm not allowed to leave if I don't take an offered breakfast. I didn't need more to get an idea about the hospitality of Hondurans.


Utila is a heaven for divers: it's a swim in the second largest coral reef in the world, behind the Australian one.

Surprisingly, the history of the Utila island has always been completely disconnected from the rest of the country. For that reason, English, slightly mixed with a local dialect, is more spoken than Spanish. There's a Caribbean vibe. And there's no insecurity. Sadly, it's full of North American divers-tourists who don't want to hear about any other part of Honduras. It's quite impressive to see how an island so close to the mainland can be such a different planet, mostly when tourism only plays a role in one of the two sides.

But snorkeling is not as breathtaking as I imagined, and once again the mountains are calling.

The thing is, when lying on the beach, I have a great view on the peaks (2800 m a.s.l.) facing the Caribbean on the mainland: Pico Bonito national park.

When I make it to the national park, I realize the problem; these peaks being under dense vegetation, it would be too expensive to maintain the tracks. So there's only one or two groups attempting the tough multi-days hike to the summit of these green peaks.

Before the rains heavy arrive, I thus go for a short visit of the valle del cangrejal, a part of the national park.

In between another bus full of armed militaries and another "you shouldn't walk alone here, come on my bike, I'll bring you out", no doubt, I'm back to real Honduras. But in the end it has always been more or less the same, a lot of scary warnings, but finally only a lot of nice contacts with the locals.

3
mars

*** ...Mais pas pour longtemps. Après une année sur les routes, mon voyage a pris un sérieux coup de frein à cause de la crise sanitaire du coronavirus. J'ai été rapatrié en France le 30 mars depuis la ville d'Antigua au Guatemala. Mais les grands espaces nord-américains me font bien trop rêver pour que je les laisse définitivement de côté. J'irai bien finir cette traversée du continent américain un jour, peut-être dans quelques mois ou dans quelques années. D'ici là, il me reste deux ou trois trucs à raconter entre le Nicaragua et Antigua. ***


*** After one year on the road, my trip somehow got knocked out by the coronavirus sanitary crisis. I was repatriated to France on March 30 from the Guatemalan city of Antigua. However North American outdoors are such a dream to me that I cannot definitively leave them aside. I'll finish this American traverse, either in a few months or a few years, but I'll finish it. Until then, I still have a few stories to tell, between Nicaragua and Antigua. ***





Malheureusement pour la belle diversité naturelle de son pays, le gouvernement nicaraguayen a l'air d'être aussi doué en green-washing que le voisin costa-ricain. Il se vante de viser 90% d'énergies renouvelables avant fin 2020, et d'être le seul pays au monde à avoir mis en place des brigades militaires dédiées à la protection de l'environnement. À côté de ça, il fait partie des 5 pays au monde à ne pas avoir voulu signer les accords de Paris de la COP21, et les projets de construction d'un canal pour concurrencer celui du Panama, évidemment financé par la Chine, sont plus proches que jamais de se concrétiser. Il y aurait alors des cargos qui passeraient par la rivière San Juan, un des noyaux de biodiversité du pays, et par le lac Nicaragua et son île aux deux volcans... Dur à imaginer. Le président Ortega s'est dit "pas inquiet" au sujet des dégâts écologiques sur le lac, puisque celui-ci est "déjà contaminé" ! Il mise surtout sur ce canal pour booster l'économie d'un des pays les plus pauvres du continent.


Le Nicaragua compte la majorité des volcans qui forment l'arc volcanique d'Amérique Centrale

Depuis que les troupes américaines, qui contrôlaient le pays, ont été mises dehors par le général Sandino en 1933, les conflits sanglants entre guérillas n'ont jamais permis au Nicaragua de sortir de la misère. Aujourd'hui, 80% de la population gagne moins de 2$ US par jour. Le tourisme grandissant et le canal représentent alors des espoirs que le gouvernement ne compte pas laisser passer, et ça se comprend.

Le motmot, symbole du pays, avec son fard à paupières et sa queue en forme de raquette, encore une belle rencontre.

La pauvreté n'empêche pas les nicaraguayens d'être plus qu'accueillants, toujours contents de voir un visiteur se pointer avec son gros sac à dos. Au point qu'il soit pas rare qu'on me propose une louche de frijoles, la base de tous les plats d'Amérique Centrale, rien de moins qu'une purée de haricots secs. Je peux pas refuser, mais je dois avouer que j'ai déjà atteint la saturation de frijoles depuis un moment. La gastronomie a jamais été une grosse surprise dans toutes les régions où je suis passé depuis le début de ce voyage, mais là, au Nicaragua, on a clairement atteint le fond du trou. Bref, c'est pas ce que je retiendrai du pays.

Le sommet: fromage (ou plastique...) sur sa banane plantain et son coulis de mayo-ketchup, sans oublier le céleri. Bon app'

Après deux premières déceptions en Amérique Centrale avec le Panama et le Costa-Rica, le Nicaragua a été une bien belle surprise. Des paysages encore plus beaux, une biodiversité toute aussi impressionnante, des gens tout aussi gentils, et le tourisme haut de gamme en moins. Malheureusement, ça risque de pas durer. Le Nicaragua, c'est cool, et ça commence à se faire savoir. Ça paraît pas impossible que le pays suive l'exemple de ses voisins du Sud, faut donc se dépêcher d'y aller avant qu'il soit trop tard.

27
fév
27
fév

Central America is a small region of the world. The area of its seven countries combined is actually smaller than the one of France. In addition, the Caribbean side is mainly covered with rainforest (nothing else than the continuation of the Amazon rainforest), making it an inhospitable place to live, and difficult to venture. The population is thus generally concentrated in a small part of these small countries.

This is the case with Nicaragua, which, despite being the largest country in Central America, is almost only inhabited close to its Pacific coast. That's also where the volcanoes are, so no need to move too far away from this coast.

The hike to volcano Telica is hot, sandy and without any water, but the reward is really pleasant.

From the city of Granada, the original plan was to visit volcano Masaya, among the only places on Earth where you can get extremely close to molten lava. By night, it offers an incredible show, from what I heard. But there's an American guy who found it funny enough to close the entrance of the volcano for three weeks in order to prepare a traverse of the crater rim on a tightrope. The guy just privatised a volcano! What the hell!!

And it's not even a slackline, not even solo, he has a pole in the hands for balance, and he's attached to a cable. No risk to watch him burn in the lava in case he falls. Well...

So plan B is volcano Telica, with a sunset and a camping night close to the crater. At night it's also possible to see some lava, or let's say some red stuff far down at the bottom of the crater. First time I see molten lava. But probably nothing to compare with Masaya...


Last volcano, but not least, Cosiguina. Same again, sunset, and camping up there

Volcano Cosiguina is located on a peninsula at the extreme northwest of Nicaragua. A bit more erosion and it will "soon" become another beautiful island. Except if it erupts again, like it did with quite some noise in 1835: the ashes reached as far as Colombia, Mexico and Jamaica and caused a global cooling of 0.75°C. This is one of the biggest known volcanic eruption in history. So big that that the volcano, which altitude reached around 2300 m above the sea level, lost two thirds of its height during the eruption. It is now 872 m high. Quite impressive to imagine it when you sit on the rim!

Few visitors make it to this remote part of the country. In Potosí, there's only one hotel, held by a couple of grandparents. Electricity is scarce and water is not drinkable, even with my filter, it is full of heavy metals. So tourists only come for 2 reasons: climbing up the volcano or crossing by ship to El Salvador, across the beautiful bay of Fonseca.

When coming down from the volcano, I meet a very nice couple of Germans who are here for the second reason, they want to go surfing in El Salvador. Since the terrestrial border to Honduras is a serious detour from here, I decide to join them in El Salvador. But once at the small port, we hear there's no boat leaving, it's too windy and wavy. Next boat is in 3 days. This reminds me of Puerto Obaldia and my border crossing to Panama: Nooo! I'll go for the large detour to Honduras...

This detour offers me an opportunity for a very last visit in Nicaragua: the Somoto canyon.

The canyon is believed to have formed 5 to 13 million years ago but, as incredible as it may seem, it was only discovered by a team of Czech scientists in 2004. The hike and swim it offers is nice, but nothing too impressive. The most impressive is that among all the people who live in the neighbouring villages, no one ever had the idea to enter the gorge to check what's there!

22
fév

S'il y a bien une chose que ma vie de voyageur m'apprend tous les jours, c'est à faire confiance aux gens, m'ouvrir en partant toujours d'un a priori positif. L'immense majorité de mes contacts avec les locaux sont basés sur de belles intentions, la curiosité, l'envie d'aider, ou le plaisir d'apprendre. Le voyage semble aussi m'apprendre à repérer de plus en plus vite les mauvaises intentions, qui bien que rares et bénignes, peuvent arriver. Je ressens de plus en plus rapidement quand on m'accoste plus pour mon porte-monnaie que pour m'aider.

Mais une chose est sûre, les mauvaises intentions sont ultra-majoritairement masculines. Plus généralement, les attitudes négatives sont quasi uniquement masculines. Je vois jamais de femmes rouler beaucoup trop vite en pleine ville avec la musique à fond, se balader complètement saôules à 14h et emmerder tout le monde, ou siffler un homme qui a eu le malheur de s'habiller un peu trop léger. Les femmes sont statistiquement vachement moins débiles que les hommes, et j'ai l'impression qu'on le dit pas assez.

À mon arrivée à Managua, je cherche un terminal depuis lequel un bus pourra m'amener à León. Je sens rapidement qu'à l'endroit où le bus précédent m'a déposé, avec ma pancarte «touriste» collée sur le front et mon gros sac à dos, c'est pas le meilleur endroit du monde pour sortir mon téléphone et regarder mon GPS, ou aller me perdre au pif dans des ruelles. Dans ce genre de situations, j'ai remarqué qu'intuitivement, je demandais systématiquement mon chemin à une femme. Mais cette fois-ci, et c'est loin d'être la première, une parfaite inconnue qui a vite remarqué que j'étais paumé vient me demander où je vais et me dit simplement «Suis-moi». Quinze minutes plus tard, je suis dans mon bus. Je sais pas comment la remercier; c'était pas du tout son chemin. La première fois que ça m'était arrivé, c'était à Dar es Salaam en Tanzanie, pas non plus le coin le plus chill du monde, un des tout premiers jours de mon voyage. Et déjà j'avais eu envie de remettre un prix Nobel de la paix à cette femme, mais déjà j'avais rien trouvé de mieux qu'un «merci, vraiment, merci». Dans la même situation, si un homme venait me proposer son aide, j'y réfléchirais à deux fois. Mais ça, ça m'est jamais arrivé.

Avant d'aller m'attaquer à un autre volcan (c'est pas ce qui manque dans le coin), je décide de faire un détour par la plage de las Peñitas: en sevrage de ski, de parapente et de canyon, je commence à bien accrocher au surf. Rien à voir avec les stations balnéaires habituelles bondées, leurs passages de scooters et de tuk-tuks incessants, leurs restos aux prix de touristes et leurs bars qui pourrissent le bord de mer en crachant du reggaeton dégueulasse. Ici, vraiment pas grand monde, une ambiance village attachante, un seul magasin, deux loueurs de surfs, et un camping/backpacker's bizarrement presque plus peuplé que le village. Je rencontre rapidement une équipe bien sympa, une hollandaise qui voyage à durée indéterminée, un israélien qui fait pareil mais à vélo (encore un qui fait le trajet inverse du mien !), et deux françaises en vacances en solo pour quelques mois dans la région.

Après une belle journée ensemble dans les vagues, on se raconte nos anecdotes de voyage. Les trois filles me font me rendre compte d'une chose que j'avais pas vraiment réalisée : voyager en solo au féminin n'est pas tout le temps une partie de plaisir, surtout en Amérique latine où le machisme est un problème bien connu. Pas dix minutes sans se faire siffler quand elles marchent en ville, des bruits d'animaux, des demandes insistantes, parfois beaucoup trop. Et elles sont sûres d'une chose, être blonde n'aide certes pas beaucoup, mais les femmes du pays ont le droit au même traitement. C'est quand même terrible. Elles sont celles qui ne posent quasiment jamais de problèmes, qui apportent le calme, le respect et la bienveillance dont on aurait pourtant bien besoin, et elles se font pourrir non-stop absolument sans raison. Sans compter qu'en 2020, elles meurent toujours fréquemment sous les coups de leurs bœufs de conjoint, et qu'elles gagnent toujours un salaire inférieur pour un travail équivalent. Et malgré tout ça, elles montrent quasiment jamais la pointe d'une tentative de révolte. Tout ça est quand même dur à croire.

En tout cas, elles rendent clairement mon voyage bien plus facile, ça je m'en rends compte tous les jours. Nous (les hommes) ferions bien de nous inspirer un peu d'elles, à mon avis, ça ferait de mal à personne.

19
fév

Entering Nicaragua finally feels like entering Central America. Street sellers, labyrinth markets and chaotic traffic are the usual signs that I've come back to a poor country. Feels much livelier than in Panama and Costa Rica, though. The novelty concerns transport: not the usual minivans, but the old yellow US school buses that are living their second life here. I find it quite funny to think we're maybe sitting where Bill Gates or Barack Obama were sitting a few decades ago. The only problem is that the seats were obviously made for kids, so my femurs barely fit.

I quickly head to the unique Ometepe island on lake Nicaragua and its two volcanoes, Concepción and Maderas.

My program on the island is quite straightforward: two volcanoes, two hikes. Concepción is supposedly the toughest one, reaching 1610 m and making Ometepe the highest lake island in the world. I won't see much from the top, once again within clouds, but it's clear I'm on an active volcano, the ground is hot, it smells like sulfur and the smoke from the fumaroles add up to the fog.

Nicaragua starts in a nice way.

For once the hostel/campsite is not full of frenchies, I meet more and more Canadians who escape the -30°C they have in their country. Always super nice and never last when it comes to party.

The hike to the top of volcano Maderas is not really as nice; even though I'm getting used to rainforests, the combination of heat, moisture, mud and dense vegetation makes things more complicated than on Concepción. But the goal here is to reach the lake at the top: I need to check one bullet point in my life goals list: swimming in a lake in a volcano in a lake!

Of course in fog again, very muddy, the lake is not too appealing. But I cannot miss that swim.

On the way down, I realize I chose a special day for climbing the volcano. The Fuego y Agua, an ultra-trail organized once a year, is currently run. The race has 3 distances, 25, 50 and 100 km. The longest one is two ascents of both volcanoes... Tough! I'll finish my hike with the very last group running the 50 km, only fighting against the time barrier. Exhausted, full of cramps, but still happy to be here. We'll finish with a big storm to make their calvary even worse.

The colonial city of Granada, very Andalusian-looking

Granada, founded in 1524, was fighting against León to become the capital of the country, same as the competition between Geneva, Bale and Zurich in Switzerland. And the same decision was taken: the capital, in the end, is none of them, but it is in the geographical middle, Bern in Switzerland, Managua in Nicaragua. But Managua doesn't have the colours, architecture and level of safety Granada has, so there's no need for a stop.

After a very disappointing start in Central America with Panama and Costa Rica, Nicaragua finally makes things much better!

14
fév

Le Costa-Rica faisait partie des pays qui me faisaient rêver avant de quitter la maison, au final c'est clairement le pays que j'ai le moins apprécié de mon voyage jusqu'ici. Tellement pas fan que j'y suis resté qu'une semaine.

Mon premier arrêt au Costa-Rica s'est fait à Puerto Viejo, réputé pour être le meilleur spot de snorkeling du pays. Le coin me plaît tout de même bien mieux que les îles Bocas del Toro au Panama, où la chaleur et l'humidité étaient tellement écrasantes qu'elles semblaient tout ternir, de la couleur des maisons au moral des locaux.

Pas de chance, le vent a décidé de souffler, la mer est agitée, et la visibilité sous l'eau quasi nulle.

Pour échapper à la chaleur qui fait de ma tente un sauna où j'ai bien du mal à dormir, je vais chercher l'air frais en altitude. Et qui dit altitude, ici, dit volcans. Il y en a trois près de la capitale, San José. C'est en cherchant des infos pour savoir lequel je vais visiter que je comprends que je suis dans un pays où rien n'est fait pour les randonneurs, ni pour les voyageurs-sac à dos. Les trois volcans ont une route qui arrive presque jusqu'au bord du cratère, mais aucun transport en commun ne permet de s'y rendre. Je choisis le volcan Barva, car c'est celui qui a le plus long sentier de rando: 5 km, pas plus... Mais 8 km de goudron pour me rendre à l'entrée du parc national, et 15$ l'entrée. Sympa. Pour la peine, je contourne la cabane de vente des tickets. Je regretterai pas: à part du brouillard, j'ai rien vu.

Même topo au volcan suivant : l'Arenal, connu pour son éruption meurtrière en 1968. Le volcan est encore trop dangereux pour être grimpé, du coup je vise le cratère d'en face, qui est sensé donner une belle vue sur l'Arenal, mais niet. Brouillard, et pluie en bonus. La rando est officiellement fermée par le gouvernement, mais un gérant de resto au pied du volcan en a profité pour faire payer la rando 10$. Même topo, je contourne.

Et puis quand je redescends en bartassant de l'autre côté du volcan, je tombe sur ce panneau. Bienvenue au Costa Rica !

Après avoir pris un orage sur la tronche, galéré deux heures dans la boue jusqu'aux genoux, passé la clôture qui menace de prison, j'arrive en plein milieu de l'Arenal observatory lodge, un hôtel grand luxe. Cette fois-ci, je me les caille. Je demande si peux prendre une douche chaude pour être présentable pour pouvoir rentrer en stop. Et puis quand je comprends qu'on m'a en fait amené dans les douches du jaccuzi de l'hôtel, je me dis que quitte à frauder, autant le faire jusqu'au bout.

En sortant du parking de l'hôtel, le vigile m'arrête, il a pas mon nom sur la liste des clients, et veut savoir comment j'ai pu arriver ici. Oups. Je prie pour qu'il ait pas l'idée de regarder les vidéos de surveillance du jaccuzi. Je finis par m'en sortir quand je comprends qu'il est originaire du Pérou. Il sera satisfait de mes déclarations d'amour pour les montagnes de son pays.

Troisième et dernier parc national. Cette fois il fait beau, mais quand même pas question de payer 20$ pour 2 cascades !

La nature costaricaine est loin d'être aussi belle que ce que j'avais imaginé. Les oiseaux, magnifiques et omniprésents, sont la seule consolation. J'aurais bien fait une ou deux balades guidées dans une des nombreuses forêts primaires du pays pour aller voir un peu plus de faune, mais j'ai vite été calmé par les prix, juste ahurissants.

Dans un camping, je rencontre un jeune couple franco-canadien qui voyage en camping-car. Ils font exactement le même trajet que moi, en sens inverse, du Canada à la Patagonie. Ils me rassurent : le Costa Rica est le pire pays de leur voyage à eux aussi, mais d'après eux, l'Amérique Centrale a quelques merveilles qui m'attendent. Ouf, je commençais à m'inquiéter !

Le Costa-Rica est connu pour ne pas avoir d'armée. Pour une fois, le pays que je visite a connu une histoire plutôt calme, presque sans violences. Le gouvernement s'en vante pour se positionner en pays sûr, éco-responsable, où grâce à la proportion certes impressionnante de surface protégée par les parcs nationaux, la nature a tous les droits. J'ai un peu de mal à y croire. J'ai surtout l'impression que le gouvernement vise clairement à attirer les gros américains et leurs gros billets verts, qui veulent avoir la vue directement sur le cratère du volcan depuis leur gros 4x4. Un choix d'orientation touristique qui m'a rappelé celui du Botswana.

Le plaisir de voyager au Costa Rica n'est donc pas venu de sa nature, mais il est heureusement venu de ses habitants, les "ticos" comme ils s'appellent eux-mêmes, qui ont toujours été super sympas, ouverts et serviables avec moi. Le stop a marché du tonnerre. Leur "pura vida", expression qu'ils sortent à toutes les sauces ("pure vie" en traduction littérale), n'est, elle, pas exagérée.

8
fév
8
fév

When one thinks "Panama", he generally thinks Panama papers and Panama canal. I thought of the visit of the latter as the highlight of the country, but apparently, if you're not an engineer specialized in canals, there's nothing too exciting to see. The view over the bridge from the bus will be enough.

Alex and I decide to reach the village of El Valle de Anton for a couple of hikes. The whole village is located in the crater of an old volcano, which is quite impressive.

Nothing too crazy but we're happy to get a decent dose of nature after our border crossing from Colombia.

In El Valle de Anton, we have the address of Connie, an American woman who lives there with her husband and kids and who kindly welcomes travellers. We pitch the tent in her garden. While Alex shows me how to cook home-made pesto in her kitchen, the three of us start chatting about travel, and the situation of our respective countries. "In this period I really don't want to go back to the US", she says. So without thinking too much, I suggest "Oh yeah, Trump..." and of course she replies "No no, I'm a big fan of Trump!". Oops.

A nice second hike, but the big highlight clearly was these mandarins, the tastiest ever. We'll spend our day eating some.

The big city of Ciudad Panamá was somehow strange, this small village is even more. People rather speak English than Spanish, because there are more foreigners than Panameans, all the shops are held by Chinese people, and once again there's only big SUVs in the streets.

Alex has to hurry up, he's got a plane to take from Honduras back home in 10 days. I haven't really fallen in love with Panama but before I leave the country, I want to visit Boquete, the best hiking spot of the country.

Experiencing new adventures and encounters everyday without careful planning brings me to some quite highly intense reflexion about luck and bad luck. Boquete itself is nothing special, but it is surrounded by a few forest/jungle trails, some of them leading to waterfalls. I start with the quetzal trail, where spotting the famous bird (the quetzal) is most likely, but nothing. I later reach the entrance of the Lost waterfalls trail, the most famous one, and learn that the entrance fee is an insane 8$. No way I pay that for 3 waterfalls, even if they are the most beautiful of the country. I thus make friend with the guy at the entrance, we discuss why this country is so expensive, why the president is so bad, and after 10 minutes I enter for 2.30$. Sounds like a good lucky start for the hike.

Flowers, waterfalls, and a very big stone...

Once again the hike is far from being breathtaking, and the waterfalls not really lost nor incredible. I quickly start the way back to the entrance, when I suddenly hear a huge noise behind me. I think of a big animal coming from the woods, but when I turn my head I quickly realise there's a huge stone coming full speed straight to me. And it's too late for me to move. The stone passes right next to me, and touches one of my legs. I'll have a painful calf for 2 days, which will prevent me from climbing up the volcano Barú that I had planned, but, if I had passed one second later, I would have been exactly in the trajectory of this stone, and I'm not sure how my legs would look like today.

After the scorpio in Colombia, that's another big yellow card. During my trip I often went hiking alone one some remote and sometimes sketchy places, but the two close calls I've had so far happened at a campsite, and on the most touristic trail of a country...

To recover physically and emotionally, I take a break from hikes and stones on the island of Bocas del Toro. But except for a nice reggae concert, there's nothing I really enjoy in this filthy, incredibly hot and way too humid place.

I was not expecting much from Panama, and Indeed it all seemed way too fake and US-influenced for me to enjoy my visit. It didn't happen very often during my trip, but I'm happy to quickly move to another country!

3
fév
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Ma sortie d'Amérique du Sud et mon entrée en Amérique Centrale avaient bien failli être faciles, gratuites et sûrement passionnantes, les aléas du stop en ont décidé autrement : a priori je pars plutôt sur l'option galère, chère et sans grand intérêt. Mais bon, y'aura bien du positif quelque part.

Depuis Carthagène jusqu'à la ville de Panama, le plan c'est bus-bus-bateau-bateau-bateau-4x4. Rien que ça. Tout commence plutôt gentiment, après les deux bus de (demi)-nuit, une gérante d'hôtel qui me laisse finir ma nuit sur un canapé, et deux trajets assez courts en bateau, il est midi et j'ai déjà le tampon du Panama sur mon passeport. Je fais un tour du petit village de Puerto Obaldia, le premier après la frontière. Rien d'accueillant, quasiment que des militaires et leurs familles y habitent. Un restaurant, deux magasins, une boulangerie. Et une quantité de déchets tellement effarante qu'on voit plus la plage. Le seul avantage de ce trou, c'est que c'est tellement coupé du monde qu'il y a pas de voitures.

Encore une fois, le moyen le plus courant de rejoindre Ciudad Panamá, c'est un petit avion, qui décolle 3 fois par semaine. Mais il y a aussi une lancha, un speed-boat 12 places, ou une coquille de noix c'est selon, qui part de temps en temps. Coup de chance, on m'annonce qu'il y en a une qui part le lendemain au même prix que l'avion, 120 euros. Ce sera pas le passage de frontière le plus cadeau du voyage... Plus cher que les visas africains.

Les Kunas, qui peuplent quelques îles et côtes du coin, avaient choisi une emblème sympa pour leur drapeau, et puis ça a merdé.

J'ai donc l'après-midi midi pour attaquer mon bouquin. Quand je vois un voyageur s'approcher de moi avec son sac à dos, j'ai du mal à croire que je suis pas le seul à être assez couillon pour me retrouver ici. Alex, un bolivien, est parti de chez lui il y a quelques mois et compte balader jusqu'au Salvador. Il vient d'arriver ici et est bien embêté : À Puerto Obaldia, il y a que deux hôtels, un raisonnable à 30 euros la nuit (!), l'autre à 10 avec option cafards et murs moisis. J'offre alors sans hésitation une place à Alex dans mon hôtel amovible, qui trône fièrement au milieu du terrain de foot (ou plutôt du terrain vague) de Puerto Obaldia, option zéro frais.

On s'entend vite super bien. Alex pensait prendre l'avion d'ici, il décide finalement de me rejoindre sur la lancha le lendemain matin. Excellent. Sauf que le lendemain matin, mauvaise nouvelle, le moteur est cassé, il faudra la journée pour le réparer. Dur. La baignade n'étant pas recommandée pour cause de requins (et de déchets), on déplace la tente et on s'attaque à la seule activité pour passer le temps ici, les parties de foot avec les enfants et les jeunes du village. On sympathise avec deux d'entre eux et on écoute avec étonnement comment l'adolescence se déroule dans un village isolé du monde. Ils nous proposent gentiment d'utiliser la douche de chez eux (ou plutôt le tuyau et la bassine), en échange de quoi on partage avec eux les pâtes-sauce tomate bi-quotidiennes cuisinées sur mon réchaud.

Tout ça est bien sympa, mais le lendemain matin, Alex et moi sommes bien déterminés à monter dans cette lancha. L'heure tourne, on doute, et ça tombe : toujours pas de moteur en état. "Mais demain promis, 100%, y'a un départ". On commence à plus faire confiance à grand monde. En tout cas, on est bon pour rattaquer une nouvelle journée foot-lecture-pâtes. La troisième, mine de rien.

Le lendemain matin, miracle, on est dans la barque. Enfin ! Notre joie est grande, mais brève. À peine sortis de la baie, la houle est forte. Le copain pilote envoie les vagues à pleine balle. Le bateau prend des vols monstres, et retombe en s'écrasant sur le plat, comme si on chutait sur le cul de deux mètres de haut, et toutes les cinq secondes. Rapidement mon dos ramasse, je dois mettre mon poids sur mes jambes, donc faire la chaise, pour amortir les chocs. Au bout d'une heure, je suis au bout de ma vie, je regrette presque Puerto Obaldia. -Euh, on est partis pour combien de temps déjà ? -Cinq heures -Ah. Mierda. De temps en temps le chauffeur se loupe, oublie de couper les gaz avant une vague, et on prend un tel plomb que l'assemblée pousse un "rooooh" commun. Alex, lui, ça le fait marrer : "J'ai toujours eu envie d'essayer un roller coaster!". Et puis il me demande: -Si t'avais su que c'était ça, t'aurais pris l'avion ? -Je te dirai dans 4 heures.

On finit par arriver à la surprenante ville de Panama, ses gratte-ciel et son bol d'air, sa vieille ville.

Le lendemain matin, j'ai l'impression d'avoir enchaîné un double marathon et une soirée bien trop arrosée. La visite de la ville de Panama va être tranquille. Alex s'est mis en tête d'acheter des fringues ici, paraît que le pays est connu pour ça. J'aurais jamais cru faire deux heures de shopping pendant ce voyage, mais là, j'ai rien contre.

Le centre de Ciudad Panama est bien étrange. Des gratte-ciel, des gros SUV pleins les rues, très peu de piétons. C'est propre, ultra-goudronné, calme, on entend que le bruit des voitures. Un autre monde par rapport à la Colombie. J'ai l'impression que la lancha a shunté l'Amérique centrale et m'a emmené direct à Miami. Les prix locaux le confirmeraient presque.

Ce passage de frontière aura pas été que du bonheur, heureusement je l'ai pas passé tout seul, mais avec Alex, qui l'a rendu bien plus drôle que prévu. On prévoit de continuer à balader quelques jours ensemble au Panama. J'ai perdu mon dos, mais bon, j'ai gagné un pote.

31
janv
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Publié le 20 février 2020

After 5 months backpacking Southern Africa, I have now spent another 5 months in South America. Of course I cannot say I have visited the whole continent - I have seen nothing of Uruguay, Paraguay, the Guyanes, Suriname, Venezuela and Brazil - but I now have a much clearer idea about what the Andes looks like. To put it in one word, I loved it. But it's not just one big mountain range that all looks the same; the diversity of culture and landscapes along these mountains is just impressive.

Mostly from South of Patagonia to North of Peru, it felt like everytime I got off my tent and hiked was a new wonderful surprise

Somehow it seemed like the six south american countries I've seen work in 3 pairs, each pair consisting of two "twin" countries, resembling each other in terms of culture, nature and way of life, but all three pairs are totally different planets:

- Argentina/Chile, the first two countries I visited, are the most western-styled, but still keep beautiful traditions and a low-stress lifestyle compared to Europe. People are extremely friendly and open-minded there. Food is good. And nature is absolutely amazing. What do you need more.

- I thought after such an amount of natural wonders, it would start calming down in Bolivia/Peru. It didn't. Everytime I ventured somewhere, landscapes were fantastic. Culture, traditions and history are strongly anchored, which is very pleasant, unfortunately the contacts with locals were more difficult.

- Much more economically developed than Bolivia/Peru but not as westernised as Argentina/Chile, Equador/Colombia seem to be moving quickly after a difficult period in the early 2000s. Very welcoming and helpful people. Nature is everywhere but clearly not as surprising and wild as in the other two pairs of countries.

I would have loved to put Venezuela on my route. Sounds incredible too. Unfortunately not the best period. Next time, hopefully.

In the last 5 months I've seen absolutely all types of climatic conditions; heavy rain, crazy wind, hail, snow, very cold to very hot temperatures, and intense sun radiation because of the ozone layer hole. It is quite ironic that in general I've been very lucky with the weather when I was traveling in the "bad" season (too close to winter in Patagonia and during the rainy season in Bolivia/Peru) and very unlucky when traveling during the "good", dry season in Equador/Colombia. I'll remember to always target the worst season for my future trips. Also because besides luck, it's pretty nice to visit a country when tourism is at the lowest.

But most of all, I have seen an unbelievable diversity of landscapes; glaciers, deserts, waterfalls, jungles, volcanoes, beaches, an ice cap, canyons, high snow-capped peaks, mangroves, salars and paramo... That is the beauty of the Andes: it's a whole world in one mountain.

The big advantage of backpacking South America compared to Southern Africa is that hitch-hiking is way easier, except in Bolivia/Peru where it is just replaced by an "organized car share". I loved traveling this way across the continent. You basically enter the life of a local for a moment, understand his life, hobbies, goals, fears, problems; which are also the ones of the country. Your plans can change considerably, which is so enjoyable, mostly when you had no plan. And you learn a language on the road. Spanish is quite easy to learn for a french-speaking person, so with a high motivation I could learn super fast. I love this language and I enjoyed spotting the differences in pronunciation and expressions in between the countries.

Lots of great moments engraved in my mind after these 5 months here. Clearly there's a lot I'm not gonna forget.

Another striking difference compared to Southern Africa is the number of backpackers I've met. Probably a difference of a factor 100. Both situations have their advantages and drawbacks. Here I've met some incredibly inspiring travellers, sometimes with a very different vision of travel than mine, which was always a lesson to learn with great pleasure.

The past of South America can be seen everywhere throughout the continent; it's fascinating to see, and even more to imagine. And it has left vibrant cultural values, in which lots of South Americans are strongly attached.

The current political and economic situation is complex in many South American countries, and people know how to get their voice heard. The middle class, mostly, can't stand watching inequalities growing anymore. There have been strong protests in all the countries I've gone through within the last year. The continent is changing fast, and it will keep changing.

I will for sure come back to South America. Now the Andes are not just a large unknown mountain range far from home, they're so many hidden treasures that I'd probably never have enough.

29
janv
29
janv
Publié le 16 février 2020

Jusqu'à il y a quelques années, l'histoire de la Colombie a été ni plus ni moins qu'une suite de bains de sangs. Le ton avait bien été donné par ce bon vieux Christophe Colomb qui, malgré les massacres, l'évangélisation forcée et la traite négrière, entre d'autres, a eu aucun mal à laisser son nom au pays. Ironiquement, ces atrocités ont laissé au pays ce qu'il a de plus attachant aujourd'hui : sa diversité ethnique. La moitié de la population colombienne est métisse, un tiers et d'origine européenne, un dixième africaine. Les autochtones, qui comme toujours ramassent le plus, ne sont plus qu'un petit pourcentage de la population aujourd'hui.

La violence de l'histoire plus récente liée au trafic de drogue et le taux de criminalité toujours élevé font toujours de la Colombie un pays «qui fait peur». Une peur pas totalement injustifiée ; il a quand même beaucoup de coins qu'il vaut mieux éviter. Après l'Équateur où absolument tout le monde semble digne de confiance, les colombiens m'ont paru plutôt 50-50, moit-moit dans chaque extrême : d'un côté des gens ultra-chaleureux et débordants de gentillesse, de l'autre des gens qui semblent clairement pas avoir de bonnes intentions. La Colombie oblige à rester sur ses gardes.


Côté paysages, pas autant de waouh qu'au sud du continent, mais y'a quand même de bien beaux coins

Pendant mon séjour en Colombie, la météo m'aura pas franchement laissé admirer les hauteurs. J'ai pris du brouillard à chaque fois que j'ai voulu grimper au-dessus de la forêt. J'ai alors dû me contenter des altitudes plus basses. Ça m'a largement suffi pour me rendre compte que la diversité n'est pas seulement dans la population en Colombie, mais dans les paysages aussi; entre vallées et canyons, plages, déserts et jungles.

Il faut avouer que la nature, la rando et la montagne ne sont pas vraiment des passions pour les colombiens. Le farniente, la cuisine et les fêtes aux rythmes de la cumbia et de la salsa sont bien plus populaires. Dans un pays qui est en train de renaître de ses cendres, ils auraient bien tord de s'en priver.

27
janv

500 years ago, the city of Santa Marta was synonym of a beginning: it was the first South American city founded by the Spaniards. For me it is synonym of an end: my South American trip will not go more north, and from here I need to find a way to reach Central America.

Indeed, crossing the border from Colombia to Panama is more difficult than it seems. The Pan-American Highway, a road that links Patagonia to Alaska, is cut on a portion of 87 km at this border. The place is called the Darién gap, a dense rainforest where guerillas and drug-traffickers still have all the power, there is no police or military control in the area. In addition to the number of deadly animals who live there, trying to cross the border by foot is basically suicidal.

The option n°1 is to fly straight to Panama City, though not an option for me, as I want to cross the Americas without any flight. n°2 is a tour on a sailing boat from Cartagena, 5 days with a detour by the postcard-landscapes of the San Blas islands. Around half a thousand dollars too pricey for being a real option. n°3 is to use lanchas, small boats run by locals that go all the (long) way to Carti, the first road leading to Panama City.


Before the weekend brings the crowd from Santa Marta, I profit from the calm and cool air of Minca for a nice birdwatching day.

But I have an informal option n°4 in mind: hitch-hiking a sailing boat. After I failed with the plane, this sounds like a very slightly more doable one. I don't want to spend two weeks waiting at the port of Cartagena though, just one or two days to check if, by chance...

The village of Minca has nothing too attractive but one just has to raise the eyes.

I thus sneak into the dock of Cartagena and start asking the captains where they plan to go. They all send me to the Blue Sailing, the boat for the organized 5-days tour. The captain is a nice young Argentinian guy, but of course he has a business to run, there's no possible discount.

One hour later I see a couple in their forties entering their sailing boat, which has a German flag. I go and ask Jan, the husband and captain. Bingo. They go to the San Blas in 10 days, after a few repairs of the boat and a quick visit of the region, and they're okay to bring me. Yihaaa! Can't believe how lucky I got to find a hitch in just a few hours, and despite my small (not to say zero) experience of the sea!

These 10 days leave me more than enough time for a visit of the Tayrona national park, (too) famous for its beaches

The Tayrona national park is probably the n°1 recommendation of all Colombia guidebooks and Colombians themselves. That's the the kind of park that I could have skipped, but since I have time... Following local advice, I choose the secondary Calabazo entrance and its 9km hike to the first beach, which drastically reduces the number of tourists. I indeed meet few but extremely friendly hikers, a couple of retired Colombians, a young guy from Medellín visiting his country and a girl from Grenoble who started her trip through South America a few days ago. We quickly form a group and reach Playa Brava. The pace is slow but that's fine - the vibe is great.

Since I quickly have enough of postcard beaches, the best of the park is below sea surface for me.

Playa Brava indeed looks like a lost paradise, with its white sand, pelicans flights, coconut trees, hammocks and huts on stilts. Paradise is also in the water; I'm impatiently waiting for the snorkeling sessions of Central America, here I get a good trailer.

After a very international (French/Colombian/Finn/Swedish/Dutch Portuguese!) beach-soccer game, the day perfectly ends with a ukelele concert given by a Swiss guy traveling the world with his girlfriend.

The next day brings us closer to the main entrance of the national park, and also brings us down from our paradise. No more remote silent beach, but an over-touristy noisy sea shore. We don't see any better way to escape the crowd than another meeting with marine life.

It's also very crowded in the sea, but here I appreciate it much more. What an encounter!

I haven't spent a huge amount of time snorkeling in my life, so I'm probably quickly impressed by what I see, but this sardine shoal was incredible. Millions of silver glitter moving together, compact as one single reshapable body.

I later check my phone and have a message from Jan, the captain of the boat. "After discussing with my wife, we decided not to take you with us to Panama because we want to stay flexible blabla..." Aaaargh! I was already imagining myself at the helm of the boat, with nothing but blue sea and blue sky around, accompanied by playful dolphins, heading to an uninhabited sandy island with one single coconut tree. That's tough. My exit from South America might look less like a dream than what I expected.

23
janv
23
janv

L'Équateur avait une exception par rapport à tous les pays que j'ai vu jusqu'ici : le foot ne semblait pas y être le sport national. Ou du moins, le sport de fin de journée entre amis. À la place, des parties de volley, à trois contre trois (mais quand même avec un ballon de foot...) Et on rigole pas avec le volley en Équateur, ça jouait sérieux ! En passant en Colombie, j'ai retrouvé les traditionnelles parties de foot; et mon passage à San Gil dans la région de Santander commence par le tournoi hebdomadaire de la ville. Rien de tel pour se faire quelques potes du coin.

Mais je suis quand même pas venu pour jouer au foot. La région de Santander compte les plus beaux villages du pays.

Les treks colombiens étant malheureusement fermés ou hors-budget, je décide de changer de stratégie en m'organisant mon propre trek. Un coup d'œil à la carte et je me prévois pour le lendemain une balade qui passe par les principaux points d'intérêt de la région : les petits villages coloniaux de Barichara et Guane jusqu'au canyon de Chicamocha, un des plus grands d'Amérique du Sud.

J'avais entendu parler des bus colorés d'Amérique centrale, j'en ai déjà un petit aperçu ici

Les villages et le canyon sont reliés par le Camino Real, un chemin pavé construit à l'époque par les indigènes Guane.

Les villages sont tout ce qu'il y a de plus mignons, mais la surprise du jour survient une fois arrivé au bord du canyon de Chicamocha.

De belles falaises, un bel encaissement, de beaux cumulonimbus, et même, incroyable, du beau temps !!

Une fois descendu dans le canyon jusqu'au village de Jordan, j'avais prévu de remonter en bus ou mieux si possible, en stop jusqu'à San Gil. J'ai déjà 35 km dans les pattes, alors j'ai rien contre la possibilité de m'éviter les 20 de plus sur une route en pleine cagne. Mais ce que ma carte m'avait pas dit, c'est que Jordan est un village quasi-fantôme. La seul véhicule qui en sort part à 6h du matin. Tant pis, je l'attendrai !

Rien de bien grave. Puisque j'ai enfin réussi à trouver un coin où il y a à la fois des beaux paysages et du beau temps, je suis content de rester un jour de plus pour aller voir un autre canyon de la région, celui de Santander. Toujours aussi beau.

Petit coup au moral tout de même quand je grimpe un petit sommet-360° et que je tombe sur un déco de parapente avec ce décor !

L'auto-stop fonctionne très moyennement par ici, mais je suis pas triste à l'idée de patienter un moment au bord de la route plutôt que de prendre un bus sur ces routes de montagne, simplement parce que les chauffeurs de bus colombiens sont juste des fous furieux. Ils doublent sans visibilité, voient rarement les feux rouges et les dos d'âne (si ils voient quelque chose ??), et gueulent sur tout monde. Je me souviens pas avoir eu autant de frayeurs dans un bus depuis le Mozambique !

18
janv
18
janv

The cost of living in Colombia is really cheap, just a bit higher than in Bolivia or Peru but much lower than in Argentina and Chile. I generally find a place to pitch my tent for 3-4 euros, same for a meal. I very often find nice people to discuss with or to share a meal. So if only it could have nice treks to go get lost in some beautiful mountains, that would be a tremendous country to visit for me.

But that's where the problem is: I won't do the two 5-days treks that seemed really tempting to me. The first one, in the Cocuy national park, is closed because of tensions between the the park authority and the local indigenous people. Only 3 small day hikes are open, so it doesn't seem worth the detour. The second one is the Lost City trek, which reaches the archeological site of the Ciudad Perdida close to the Caribbean coast. For this one, hiring a guide is mandatory, with food and tent, a 15 persons group, and the whole thing costs 250$. Ok, don't count me in.

The free substitute is the Cocora valley. And it all started with blue sky...

I don't lose hope and try to find consolation prizes on my way, and I quickly find some, but unfortunately my weather karma hasn't decided to change. The Cocora valley is famous for its improbable wax palms that can reach 60 m in height in the middle of green hills. The valley can easily be reached from the small village of Salento, very beautiful but incredibly touristy. I plan a very early start to the Cocora valley, first because I want to avoid the crowds, second because right behind the valley starts Los Nevados national park with its snow-capped volcanoes. A long day out should permit the visit of both.

Now I started to get used to paramo, the typical high-altitude vegetation of Northern Andes, and its constant fog and wind.

But as soon as I reach 3500 m altitude, same as always, volcanoes are within dense fog. I join some hikers on their way down from a multi-day hike to the top of the volcano Tolima, desperate by the conditions they had up there.

The next day, I retry my luck and rent a bike to visit the near Carbonera valley. Looks like Auvergne around here.

For the first time since I'm in South America, I'm visiting a country during the local holidays. Many Colombian families whose members live in different places of the country thus meet somewhere to spend some time together. The drawback for me is that it's not the best period of the year to get low prices and bargain easily; the advantage is that those families are generally overly nice to me, inviting me to their barbecues and teaching me about Colombian culture.

Next stop: Medellín, sadly famous for Pablo Escobar's traffic and homicides, but also for Botero's fat sculptures.

Travellers I met on my way warned me that the three big cities of Colombia, Bogota, Medellín and Cali, are not particularly attractive, and not the safest places on Earth. But Medellín is on my way, so in between two nights buses I profit from its museums to try to understand how violence could have become so ordinary in the history of the country.

Medellín has some nice places to visit but the level of inequalities is much higher than in any Southern American city I've seen so far. The number of people sleeping in the street and those injecting drugs in their veins in the middle of the day is quite impressive, somehow reminding me of South African cities. Doesn't sound like a chill place to go grab a beer at night. And it's quite a contrast compared to the very welcoming families I met earlier. So I'll try my luck again and hope to finally succeed the tough challenge of seeing what mountain peaks look like in this country !

13
janv
13
janv

Mon karma météorologique étant dans une phase bien négative, je décide de laisser couler un peu de temps avant viser le prochain sommet. Le Sud de la Colombie a de bons remplaçants: un site archéologique puis un désert ; peu de chance que le brouillard vienne encore m'y gâcher la vue.

Le site de Tierradentro, caché dans les montagnes verdoyantes de la belle région de Cauca, contient pas loin d'une centaine d'hypogées, des tombes creusées dans le tuf entre 600 et 900 après JC.

Non, ce tombeau sera pas mon tombeau

On en sait pas grand chose sur les sociétés agricoles qui ont creusé ces tombes jusqu'à 6 mètres de profondeur et 10-12 mètres de largeur. Parfois joliment décorées. Comme les incas au Pérou, les tribus qui peuplaient l'actuelle Colombie aimaient se rendre la vie difficile : les tombes n'ont pas été creusées dans la vallée mais à une ou deux heures de marche sur les crêtes montagneuses. On repose quand même plus tranquille plus près des cieux.

Paraît que ça fait un siècle et demi que les kichwas colombiens ont pas perdu un championnat du monde de scrabble. Vxlxilxtxi !!

La vie est plutôt calme et paisible dans les petits villages de la Cauca, depuis que les guérillas ont été chassées de la zone. Mon départ m'a pourtant offert une bien belle frayeur. En sortant de ma tente pour commencer un stop matinal vers la lointaine ville de Neiva, je sens quelque chose au fond d'une de mes chaussures au moment de l'enfiler. Encore à moitié endormi, je pense à un caillou, mais en tapant ma chassure, je vois sortir un monstre scorpion qui me fait monter le palpitant de 50 à 500 pulse minute. Le trajet jusqu'à Neiva a bien failli être plus compliqué que prévu.

Le "labyrinthe de Cuzco" me rappelle bien les quebradas argentines

La région de Tatacoa, qui est en fait plus une forêt tropicale sèche qu'un désert, est une anomalie dans le paysage typique colombien. Voir cette petite zone de 330 km carrés aux belles formes d'érosion colorées, ça surprend au milieu des habituelles collines verdoyantes. Ici au moins, pas de brouillard, pas de vent, mais à l'inverse une chaleur infernale qui oblige à chercher l'ombre aux heures les plus chaudes de la journée.

Ça tombe bien, c'est le soleil rasant du petit matin qui fait le mieux ressortir les couleurs du labyrinthe.
9
janv

Colombia is the last country I'll visit in South America. Ten or fifteen years ago, traveling here would have been a very risky, basically unreasonable adventure. Violence and chaos have always had their place in the history of the countries I have seen, but concerning Colombia, it is part of very recent history.

Right after the border, the beautiful cathedral of Lajas. I thought it was lost in a hidden valley, but nah, it's disneyland....

But today, even though when we think Colombia, we still think cocaine, FARC and Pablo Escobar, the situation has greatly improved, and visiting the country has nothing to do with a daredevil experience anymore.

In the bus from Ipiales, at the border, to Popayán, the "white city", I meet Marie, a French student in urbanism who has just spent a semester close to Medellin. She'll confirm what I had already felt: Equatorians were very nice but it now seems they were almost shy compared to Colombians, way more extraverted.

Popayán has been rebuilt after 4/5th of its buildings were destroyed by an earthquake in 1983, causing 250 deaths.

After some time at the ocean and in the jungle in Equador, a border crossing and long bus rides, I already miss the thin air of high altitudes. Close to Popayan, Puracé national park has a chain of volcanoes offering hikes to their summit. An early minibus full of gringos brings me to the entrance of the park where I get the bad news: hiking without a guide is prohibited. Today we are 11 hikers targeting the summit, and there's only one guide available. Well, sounds like we're going for a summer camp walk.

The track is not that steep but goes from 3400 to 4660 a.s.l., quite a challenge for those not acclimated enough

So the group has to stick together, no trail running for me this time. Fortunately the group is very nice, 4 Dutch who have just visited Guatemala, one Brit, one Argentinian, 2 Colombians, and 2 frenchies living in Colombia. I thus have plenty of time to get plenty of information about future visits.

But soon the conditions are not gonna help to make this hike a happy summer camp walk. As we gain altitude, once again, we get into dense fog, visibility is getting close to zero, and the wind is going crazy.

Riders on the storm

On a normal day I would probably have given up before reaching the crater rim: for sure there is no viewpoint for the 3 of us stupid enough to continue to the top, the wind is so strong we can barely stand, and we constantly get slapped by gravel flying to our face. But it's not everyday I find someone more motivated than me to face bad conditions even knowing we won't be rewarded by a nice view, so I cannot say no.

And even crazier, we're not the only one here; two Colombian friends with their guide and their dog, confirming once again that Colombians are funny guys: they're hiking with motorbike helmets!

Ils peuvent aller se rhabiller chez Petzl avec leur Sirocco à 170 grammes. Rien de tel qu'un bon casque de moto...
6
janv
6
janv

Pendant encore 8 ans après son indépendance vis-à-vis de l'Espagne, l'Équateur a fait partie de la Grande Colombie, pays qui regroupait également les actuelles Colombie et Vénézuéla. Le pays n'est donc indépendant que depuis 1830. S'en sont suivies 150 années de guerres avec les deux voisins péruvien et colombien, puis comme dans la plupart des pays d'Amérique du Sud, des dictatures militaires à la fin du XXème siècle. Par chance ces dictatures n'ont pas été aussi sanglantes que celles du Chili, d'Argentine ou de Bolivie. Toujours est-il que l'Équateur a commencé le XXIème siècle dans une grosse instabilité politique, une pauvreté omniprésente et une forte criminalité.

Mais tout commence à s'arranger à partir de 2005, l'économie décolle, sûrement en bonne partie grâce à la nationalisation de l'extraction de pétrole dans l'Amazonie. Le taux pauvreté diminue alors fortement, la criminalité chute, la corruption aussi, et le tourisme explose. Comme au Botswana et ses diamants, quelques coups de pelle et paf, le pays se développe.

Mais comme d'hab, quand un pays se développe, y'en a toujours qui ramassent

Sans compter les impacts écologiques au niveau global de l'extraction de pétrole, les conséquences au niveau local ont été terribles. Peut-être tout simplement le pire désastre écologique de l'histoire. Entre les années 60 et 90, c'est pas les équatoriens qui ont profité de"leur" pétrole, c'est les ricains. Et le respect des normes écologiques était pas vraiment à la mode. Le géant américain du pétrole Texaco, plus tard devenu Chevron, a avoué avoir déversé 60 millions de litres de pétrole brut et 70 millions de litres de produits toxiques dans la jungle avant de partir. 70 millions de litres, c'est 2800 piscines olympiques toxiques parties dans la nature.

Les efforts sans relâche des locaux pour obtenir réparation ont finalement été récompensés en 2011, quand la firme a été condamnée à payer 9 milliards de dollars. À l'heure actuelle, pas un centime n'a été payé, et l'Oriente équatorien, où les indigènes vivaient en symbiose avec leur environnement depuis des millénaires, est devenue la zone au plus fort taux de cancer de toute l'Amérique latine. On vit dans un triste monde.

L'écosystème de la Sierra n'a pas autant souffert, mais l'expansion des villes le met aussi en danger

Après avoir vu 3 des "4 mondes de l'Équateur" comme le vante son slogan touristique (les montagnes et volcans de la Sierra, la jungle amazonienne, le logiciel littoral Pacifique, mais pas les Galapagos ; ce sera peut-être pour une autre fois...), c'est bien la jungle qui m'a le plus emballé. Les montagnes du pays ne m'ont pas laissé la même impression que celles des pays précédents, loin de là, et la mer... c'est la mer. Mais dans l'Amazonie, les cultures locales, fortement attachées à leur racines et à la nature, combinées avec le monde incroyable de la jungle, en font un univers passionnant. Un univers qui aura sûrement disparu d'ici quelques décennies en laissant bien peu de traces derrière lui, malgré sa richesse et sa diversité.

Je retiendrai la gentillesse et l'accueil des Équatioriens, toujours prêt à rendre service; le calme et la propreté et la quiétude impressionnantes des villes de la Sierra, ce qui est malheureusement moins le cas de celles de l'Amazonie, et le plaisir de pouvoir re-voyager de façons que j'avais plus expérimentées depuis un moment: en stop, et depuis bien plus longtemps : "en famille" !

Je retiendrai aussi qu'après 10 mois dans l'hémisphère sud, et après une remontée depuis 55° sud, j'ai franchi la mythique ligne du milieu du monde pour (déjà !) commencer à me rapprocher de latitudes plus familières.

4
janv

Crossing South America without getting a feeling of the Amazon rainforest would be like crossing Switzerland without having a fondue. I missed it in Bolivia (had to escape the country) and in Peru (had enough of Peru after one month), and I know that reaching the jungle is very tricky in Colombia, whereas in Equador the access is relatively easy. So I absolutely want to spend a few days in the Oriente, the eastern part of Equador, before I leave the country.

Better run through the jungle, whoa don't look back to see!

But running through the jungle is not the same story, for me, as running a trek at high altitude. I consider that I have enough experience in the mountains to go hiking alone, but I would not be able to recognize the dangers of the jungle. And among these dangers are anacondas and tarantulas, that's not nothing. I thus need a guide, and I face once again the perpetual problem of full-board tours. I don't want to spend the budget of two weeks just for three meals a day and boat transport, and most of all I want my Amazonian experience to have its decent dose of unexpected.

Eyes of Amazonia

The biodiversity of the Equatorian rainforest is among the most important on Earth. Equador is among the 17 megadiverse countries on Earth, i.e. the countries that gather the majority of species on Earth, thus having the highest biological diversity. But among these 17 countries, Equador is the smallest in area, more or less meaning that the number of species per square metre is number one in the world here.

But the Equatorian Amazonia is not only famous for its impressive biodiversity, it is also known for being home to several indigenous communities, among which the Shuar, the Huaorani or the Shiwar, who try as much as possible to conserve their traditions of living not just within but as part of the jungle. So here's my plan to visit the jungle without passing through a tour: I'll go straight into the communities and ask if someone can guide me for a visit of his garden.

And there's quite some funny guys living in their gardens

The goal is not to find indigenous tribes who live out of the civilized world, wear tree leaves and spend their days hunting anacondas; and try to communicate with them using signs. Not that I would not be interested, but these people have unfortunately suffered a lot from rich western tourists in search for "real" encounters and authentic stories to tell their friends. I learnt that some tribes, who are now using modern clothes and technology, quickly change them to their traditional clothes and force themselves to dances they had abandoned decades ago when they hear the tourist Jeeps coming. If some people decided to live out of the civilized world, that's for a reason. And it makes sense they're not gonna be happy to have the visit of a tourist, coming from the world they reject.

So before I enter the land of a community, I always ask the locals if visitors are welcome.

Close to the village of Taracoa, a tour of the lake in a canoe gives me an overview of the amount of wildlife here. It abounds.

The Taracoa lake looks like a normal body of water surrounded by very dense vegetation, but it quickly happens to be teeming with life, it is full of jumping monkeys that seem to have make up on the face, jumping piranhas, turtles and different colorful bird species, among which kingfishers, owls, macaws, vultures...

We then sink into the mangrove using small natural canals, and after a moment we leave the boat and start progressing with machetes. The song contest between birds and monkeys is unreal.

My guide of the day is not very talkative but I loved his garden. I'll thus search for another community for more explanations

In the small town of El Dorado de Cascales, I have the address of Marisol, the owner of a camping who can put me in contact with the Shayari community. She and her daughter are really nice and helpful, they call the community to announce my visit.

The next morning, I leave early because I don't have much information about how to reach the Shayari. A suspended bridge 3 km after the town, and then around 20 km more or less straight, where I'll have to ask my way to the locals. Fortunately a young guy with his motorbike (here you often see almost-teens riding them...) offers me a hitch and is happy to show me the lagoon close to his place: it seems to be taken out from an Indiana Jones movie, with the birds flying around the lianas that fall into the water.

But my arrival in the community is not really what I expected...

The Shayari is a group of 12 families who decided to become a community in the 80's to face the new problems that became theirs, all more or less related to the more and more strict restrictions of their land. Huge amounts of petroleum have been found below the jungle, and the number of extraction sites I could see so close to pristine nature is upsetting. The addition of minerals extraction and deforestation haven't facilitated the lives of local communities.

So the Shayari are now stuck in between two worlds: the one of their ancestors (not very far, just their fathers and grandfathers) who really lived in the jungle, and the one that is coming closer and closer to their home. I have seen the best exemple of this at my arrival, when all the kids of the village were gathered in front of the two recently installed computers. Although it wasn't hard for me to convince all of them to change the activity for a big soccer game, the situation is complex for the community members: the kids don't want to learn kichwa anymore, but Spanish, and they're more interested by YouTube videos than traditional hunting techniques.

Guillermo is much more talkative about his garden, his ancestors, his community and its recent issues.

This new hike in the jungle is even more enjoyable, because the guide makes it all. Without Guillermo, I would have seen nothing here, and would have learned not much, but he has an incredible eye and truly interesting information and stories to tell. In Africa I was already impressed by what guides can spot, kilometres away, in the environment where they were born. Same applies here.

Guillermo learned everything from his father and grandfather. He explains me how his ancestors used all kinds of plants as medecines, clothes, cooking gear, decorations... How they communicated on long distances with a code by hitting stones on the impressively large roots of the trees; how they hunted with blowguns and traps, how they called birds. Because yes, he can call birds. Didn't believe it in the first place, but putting his hand on his mouth, he manages to imitate the sound of a bird that gets attacked by another animal. And suddenly, dozens of birds of this species approach us to check what's happening. Crazy.

No idea how he could spot this frog, for example. Here he's explaining me how this trap works for catching small mammals.

One way of facing the problems of the community has been to open it to visitors (other locals, schools, tourists...) and start intensive conservation efforts. The traps are now here just as in a museum, but they don't serve anymore. Probably the most worrying thing Guillermo told me: as a visitor I get the feeling that wildlife is absolutely everytwhere in this place, but this is just ridiculous compared to what he could see when he was a kid. When walking with his pa' and grandpa', they had to take care of tigers, right here, where we are walking now!

No tigers anymore, but the animals I find the most fascinating are not the biggest or the most colorful, they're the opposite.

Quite often while walking through the jungle, we have to go over a green stripe, constantly in motion: the ants are incredible. They climb up huge trees, cut a piece of a leaf, climb down and bring it over insane distances to make the anthill more comfy to better welcome future babies. Some other ants dig a piece of earth at the bottom of the anthill and carry it outside to enlarge home. And they work day and night: some anthills we saw are more than 10 m in diameter...

These days in the Amazon rainforest were great, but for sure it's a tough environment when you're not used to it. Insane heat, terrible humidity. I loved the soccer game but when we stopped, the kids were making fun of me: seemed like I had jumped into a river. And my legs were full of mosquito bites.

When I look at the the journey I made compared to the size of the Amazonian basin, that's just scary. The very few I've seen seemed so huge and so full, but it's nothing compared to the Equatorian part of Amazonia, which itself is just 1.5% of the whole Amazonia!

All this made me forget a quite important symbol for me, since I'm crossing the Americas: while traveling between the two communities, I have crossed the equator line!

30
déc

Mon premier passage dans la ville de Cuenca avait été rapide, mais surtout terriblement pluvieux. Cette fois-ci, on passe une journée à balader dans les ruelles de cette ville coloniale avec un grand soleil et un grand plaisir : Cuenca est le genre de ville que j'aimerais avoir plus souvent sur mon chemin. Les gens sont agréables, les marchés toujours aussi colorés, les cathédrales à chaque coin de rue et les boulangeries bien chargées.

La prochaine soirée déguisée de Lucile est déjà toute faite

Le souvenir de vacances inratable à Cuenca, c'est le panama, chapeau en fibres végétales originaire d'Équateur, malgré ce que son nom indique. C'est en fait pendant la construction du canal de Panama que les ouvriers équatoriens, travaillant en plein soleil, ont fait connaître leur chapeau au monde entier. Le surnom de notre capitale, "Paname", viendrait du fait que les parisiens en ont rapidement fait leur accessoire de mode.

Le parc national de Cajas et son paramo, végétation typique nord-andine, est à une petite heure de bus.

Le test d'acclimatation du Quilotoa ayant été passé les doigts dans le nez, on peut s'attaquer sereinement à 13 bornes de balade dans le parc de Cajas, encore une fois quasi à 4000 m d'altitude. Les petites lagunas, les gros nuages, le paramo et les forêts de polylepis, arbres tordus aux écorces fines qui nous rappellent les arbres-papiers du Botswana, donnent finalement au lieu une ambiance écossaise bien mystique.

On aura beau rallonger le trajet retour, rien à faire, pas l'ombre d'un lama en bonus dans le coin.

L'objectif est d'attraper un bus pour aller dormir dans la ville de Guayaquil. Mais laisser passer les voitures en attendant le bus, je peux pas, ça me démange, j'ai besoin de lever le pouce. Et comme souvent, c'est là que la magie opère : on part pour deux heures de route avec Oscar, qui est assez bavard pour discuter pendant les deux heures de route jusqu'à Guayaquil. Il répond avec plaisir à nos multiples questions sur son pays, et accepte notre invitation dans son restaurant préféré. Magie du pays aussi, l'après-midi on marchait à 4000 m, deux heures plus tard on passe devant d'interminables champs de bananiers et on attaque des risottos locaux accompagnés de kilos de viande, à deux pas de l'océan.

Las Peñas, beau quartier coloré de Guayaquil, et ses iguanes. Pas besoin d'aller dépenser des fortunes aux Galapagos !!

L'objectif est d'aller passer le nouvel an dans le village de Montañita, connu pour ses plages du Pacifique, ses vagues parfaites, mais surtout pour sa vie nocturne. Évidemment, malins comme on est avec Lucile, on s'est dit qu'y trouver trois lits pas trop chers dans un hostel le 31 Décembre, ça devrait poser aucun souci. Nouvel an ou pas nouvel an, on va pas commencer à parler d'organisation à l'avance.

Heureusement on dégote un bon plan chez deux potes surfeurs-hippies super sympas qui louent l'étage de leur maison, éloignée des hauts-parleurs de la ville. Ils veulent absolument qu'on s'y sente comme leurs amis. Ils nous invitent à un barbecue du 31, et nous prêtent une planche pour la journée. Excellent; c'est pas tous les ans qu'on pourra surfer au dernier coucher de soleil de l'année.

La tradition ici, en Équateur, veut que chaque habitant fabrique un bonhomme ou une figurine en papier (parfois des trucs immenses qu'ils trimballent sur leur pick-up) et le crame le 31 à minuit, pour symboliser toutes les mauvaises choses à laisser en 2019. La plage devient alors un grand brasier, et quelques motivés se mettent à l'eau pour surfer la toute première vague de l'année.

La fête des premières heures de 2020 s'annonce mal embarquée; comme dans tous le pays, le reggaeton a fait bien du mal à la musique locale, aussi bien traditionnelle que récente. Lucile et moi avons bien du mal à trouver autre chose que les 4 morceaux qui tournent en boucle dans toute la ville. On finira, par pur hasard, par trouver une équipe comme rarement on en trouve : un espagnol, deux argentins et une équatorienne en grande forme qui nous feront passer une soirée qu'on risque pas d'oublier.

Le lendemain, la fête est finie, et malheureusement les vacances aussi, l'avion attend à Quito après dix belles journées équatoriennes passées bien trop vite.

26
déc

For the first time in my life I'll spend Christmas away from home. Not that I'm overly attached to this celebration day, but it sounds strange. The great news is I'll spend it with my closest ones: Lucile and my mom arrive on the evening of the 24th.

But Quito, the capital city of Ecuador, is not the top place for us to celebrate. First, it is 2800m above the sea level, which doesn't really help in terms of headache and jet lag tiredness. Second, the city is incredibly empty on that night, since all the Ecuadorians celebrate at home or profit from the holidays to escape to the sea shore.

So we take it easy on the first day with a visit of Quito, its relaxing parks, its markets with billion fruits, its gothic cathedral and its cool atmosphere.

But second day, enough chilling, hike at 4000 m altitude! Bim!

The Quilotoa is an active volcano with a 3km-wide caldera in which sits a beautiful greenish lake. 600 years ago, the eruption which formed this caldera caused lava flows that reached the Pacific ocean...

Fearing another foggy or rainy hike, we take a super early bus to start walking on the crater rim, but this time, as incredible as it may seem, we have clear weather! The girls have brought the sun! And they don't even feel a small headache despite the uphills at almost 4000m altitude.

Even better: they accepted to travel without renting a car (I didn't force them, I promise); so after lunch we jump in a bus an head to our next destination: Baños.


Baños has beautiful places to visit, but it's a bit too touristic for us. And the clouds and rain had not left for too long.

There are two ways to visit la ruta de las cascadas, the waterfalls road, close to Baños: by mountain-bike, or by bus equipped with loudspeakers shouting heavy club music the whole way (some even have a dance pole!), pretty special for visiting a natural environment. So, no rest for the legs, et tous à bicyclette.

The good thing is, even though we're in the touristic place, the Ecuadorians we meet are always very helpful and nice to us, giving us a sincere welcome.

After a hike and a bike tour, finally time for rest. But hey, we only have 10 days, so not yet time to chill, we'll sleep in the bus!

20
déc

Après deux beaux échecs sur les sentiers équatoriens, il est temps de reprendre les bonnes habitudes péruviennes pour tenter de faire revenir la chance. Rien de tel qu'un petit trek à la journée enchaîné avec la visite du plus grand site inca d'Équateur : Ingapirca.

Mais quand ça veut pas, ça veut pas. Le triptyque vent-pluie-boue est au rendez-vous. Et les paysages pas fabuleux.

Le trek d'Achupallas à Ingapirca me fait marcher sur le chemin de l'Inca, le même que j'avais emprunté à Choquequirao au Pérou. Il reliait à l'époque le Sud de la Colombie au Chili. Les incas devaient pas trop faire confiance aux pigeons, ou aux condors, pour faire passer des messages, ils préféraient un bon ultra-traileur au top de sa forme. Grâce à un système de relai, les Chasquis, coursiers à pied, permettaient de transmettre les messages à une vitesse étonnante au sein de l'empire.

Les restes de ce chemin sont encore bien présents le long du trek, et me confirment que les incas faisaient rien à moitié. Les restes de ponts sont costauds et la route encore pavée fait parfois une vingtaine de mètres de large.

Comme la Isla del Sol sur le lac Titicaca, Ingapirca était dédié au dieu soleil.

Initialement un site appartenant au groupe ethnique Cañari, Ingapirca a fortement intéressé les incas lors de l'expansion de leur empire vers le Nord. Ces derniers pensaient mettre deux-trois mandales aux locaux et récupérer leur site, comme d'hab, mais malheureusement ils sont tombés sur des teigneux : les Cañaris avaient pas du tout l'intention de se laisser faire. Et là, à deux doigts du bain de sang, se produisit l'incroyable: y'en a un qui a lancé "et si on partageait le terrain et qu'on vivait ici ensemble, en paix ?". Et ils l'ont fait, les bougres !

Bon, tant de bons sentiments, de câlins et d'amour pouvaient quand même pas durer bien longtemps ; à peine une génération plus tard, Pizzaro et quelques-uns de ses potes conquistadors espagnols mettaient tout le monde d'accord à grands coups de poudre à canon.

L'observatoire astronomique créé ici par les incas est impressionnant. Ils en connaissaient un rayon sur le sujet.

Je fais la visite guidée du site avec Djamila, une Allemande de 20 ans qui parle espagnol comme si elle était née là. Je prends toujours des claques de témérité par les voyageurs les plus jeunes, tellement ils ont peur de rien. Elle a commencé au Mexique il y a 7 mois et se dirige vers la Patagonie. -"Le Honduras, le Salvador, toute seule ??" -"C'est ce que j'ai préféré !"... Un auto-stop ensemble où on en profite pour s'échanger des bons plans dans les pays que l'un s'apprête à visiter et que l'autre connaît déjà, et on reprend chacun notre direction, opposée.

Je continue le stop direction Quito, où de belles retrouvailles m'attendent. J'en apprends plein sur le pays. Bixente, 70 ans et raciste bien comme il faut, revient du Pérou et me fait monter dans son camion. J'ai beau avoir rencontré un bon paquet de vénézuéliens incroyablement attachants qui fuient l'horreur de leur pays, je le ferai pas changer d'avis sur leur supposée délinquance.

Chaque heure, on doit s'arrêter dix minutes pour laisser le moteur refroidir, et puis vient la panne totale. Je tente de rester pour l'aider, mais vu mes connaissances en mécanique, je suis aussi utile pour lui qu'une borne kilomètrique. Il m'ordonne alors de reprendre le stop et de laisser là, "je trouverai bien une solution !". Bon, si tu le dis...

Nouvelle rando vers le sommet du volcan Rumiñahui, nouvel échec, j'arrive en plein brouillard.

Mes camarades de route suivants me rassurent par le respect poussé qu'ils montrent pour les communités indigènes de leur pays. Le centre de l'Équateur est connu pour son avenue des volcans, dont le plus iconique est le Cotopaxi, un cône enneigé Fuji-esque, à 5897m. Son ascension avec une agence locale coûte un bras et demi, je vise alors le Rumiñahui, qui lui fait face, 1000 m plus bas mais accessible sans matos, avec le mince espoir d'une vue dégagée sur le monstre. Mais quand ça veut pas...

Heureusement, les condors m'offrent une nouvelle rencontre nez-à-nez pour me faire oublier que j'ai absolument rien vu du Cotopaxi. On va bien finir par se réconcilier, l'Equateur et moi.

15
déc

I haven't been in a country smaller than France since Eswatini, in July. It is now the case again with Ecuador. And the least I can say is I noticed I had passed a border. No more trash everywhere, no more honky town x1000, no more fear of dying everytime I cross the street. Here it's all calm, quiet, peaceful.

After 24 hours in Ecuador, I hitch-hiked 200 km with 2 trucks and a car, and a very nice family invited me to pitch the tent in their garden at my first night in the country. Wow, definitely, I'm not in Peru anymore.

And there's another positive point: all the national parks of the country (except Galapagos, but that's another way-too-expensive story) are free to enter! Nature to be explored for free, isn't it amazing!!?

Direction : the very "expat-y" but super pleasant village of Vilcabamba.

Ecuador is a country that is basically divided in 3 stripes: the lowlands and the Pacific coast in the West, the Sierra, i.e. the Andes and their high altitudes in the centre, and the Oriente, the Amazon rainforest in the East. Guess what, I'll start with the Sierra.

In the truck that brings me from the coast to the city of Loja, in the Sierra, I feel like I've gone back to the very beginning of my trip, in Tanzania: it's full of very green hills.

The first hike feels the same: I was not really missing the swims in lush vegetation. Never made it to the Palto waterfall...

Same as in Tanzania again at the campsite: I have the full ground for myself. Last but not least in the list of similarities, the weather: it's not green for nothing...

But all these similarities are here for a reason: I am basically at the same latitude as Tanzania. So from now on, I am going more North than ever since I started this trip, but still in the southern hemisphere (not for too long though, as the name of the country suggests).

The next day, I start a hike in the Podocarpus national park in order to reach the compadre lakes. I thought I had had my dose of tough conditions in Patagonia; Ecuador gave me a nice reminder. Insane wind, dense fog, rain, mud up to the knees. Never made it to the lakes. Ecuador starts with a 2/2 fails. Argh, that was not the case in Argentina/Chile, but since then it seems like between great hikes and great people, I have to make a choice!

12
déc
12
déc

Le Pérou est le troisième plus grand d'Amérique du Sud, après le Brésil et l'Argentine. Comme en Bolivie, ce qui marque au Pérou, c'est la forte identité indigène, l'attachement aux racines, qui impliquent un vrai choc culturel. 45% des péruviens sont des descendants d'incas. Après le Chili et l'Argentine, où je me sentais parfois presque en Europe, ici c'est l'Amérique du Sud des cholitas en tenue traditionnelle, des enfants aux joues bien rouges et aux cheveux bien noirs, et des arrieros qui arpentent les montagnes à cheval.

l'Amérique du Sud des alpagas aussi, évidemment

Au Pérou, l'Histoire est partout. Aux quatres coins du pays, les ruines et les musées permettent de se donner une idée de la grandeur des empires qui s'y sont succédés, côtoyés ou combattus. Tous fascinants, il faut bien le dire. Entre les développements technologiques, scientifiques, agricoles et sociaux qui s'y sont déroulés, sans compter les rites et croyances, les conversations avec l'au-delà grâce à des quantités de bière et de stupéfiants délirantes, et le respect sans limite de la pachamama, la terre sacrée, faut avouer qu'il y a de quoi être fasciné.

Dans l'empilement de pierres, les égyptiens c'étaient peut-être les maîtres, mais ici ils étaient quand même pas ridicules.

En Afrique, j'avais clairement observé une relation inverse entre le niveau de vie et la joie de vivre des gens de chaque pays, que je m'étais efforcé d'expliquer sans vraiment y arriver. L'Amérique du Sud me pousse à croire que c'était simplement une coïncidence. Il faut bien l'avouer, les contacts avec les péruviens n'ont pas été les plus amicaux ni les plus joyeux que j'ai eus depuis le début de ce voyage. Au Chili et en Argentine, c'était tout autre chose. Mais l'altitude aidant, j'ai finalement fait de bien belles rencontres dans les villages de montagne, loin du stress et du bruit constants des villes. C'est là que j'ai trouvé le Pérou qui m'a plu. Des paysages affolants dans des terrains de jeu immenses, avec de belles maisonnettes en pierres habitées par des gens accueillants; j'avais plus de raisons de quitter les hauteurs.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai poncé du sentier péruvien. C'était un régal à chaque fois.

Ce qui m'aura le plus marqué au Pérou, c'est sans contestation ses cordillères dans la cordillère : la Vilcanota, la Huayhuash, puis la Blanche, qui s'élèvent au-dessus des Andes. Des coins d'une beauté ahurissante. Pas de doute pour moi, le Pérou, plus c'est haut, plus c'est beau.

9
déc
9
déc
Publié le 21 décembre 2019

Huaraz is kind of the capital city of hiking in Peru. It is very close to another cordillera in the national park Huascaran, the white cordillera. After the Huayhuash trek, I would have been happy with a rest day and something like a museum, but there's not much to do expect hiking here.

I thus head to the laguna Churup for an easy morning hike. A very nice taxi driver gives me a bus price. But after 1.5 hours hiking, it's so foggy I cannot even see a lake.

Only interesting thing I've seen on that morning.

On the way down back to Huaraz, I decide to walk through small villages to say hello. The locals seem super happy to see a gringo here. One of them goes back to Huaraz with his motorbike; didn't expect I would have my first moto-stop of this trip in Peru...

One great advantage of Peruvian cities is the quantity-price ratio of food: one can easily find a big meal for 1.5€, and it's always rather tasty. Same for bakeries. After all these treks, I've changed my habits to 5 meals a day, so I basically spend my days eating.


But then Peru has a very last trek to offer. I cannot say no...

After Colca canyon version fast, Ausangate accelerated, Choquequirao express and Huayhuash speedy, I think Peru has now officially made me a trail runner. So it's no time to stop. I go for the Santa Cruz ultra-rapido. It's normally a 4-days trek, I plan to run it one. 45 km, 1300 m positive elevation up to 4750 m, it's just a long day out for a big marathon in the mountains.

Once again the transport to Vaqueria, the starting point of the trek, is already part of the adventure. 4 hours in this van that are more painful to the legs, the stomach and the head than any marathon. Peru is definitely not a country for those who easily get motion sickness. The next morning, at 4 a.m., I'm already running.

By fear of not finishing this trek in decent conditions, I didn't take my heavy camera. So it's shitty phone-quality pictures.

And the trek starts pretty bad. After half an hour I slip while crossing a river and have a freezing bath. 20 minutes later I kick a rock, my toe gets more and more painful and when I check, my sock is full of blood. Half an hour later one strap of my backpack breaks. I've had better mornings. Fortunately I took bandage for blisters and tape, I start a toe and bag repair.

Still very cloudy at the pass, but I'm never disappointed by the cordilleras. Always incredibly beautiful.

But the most important, the legs, are fine; at 13:30 I'm done. Sub 10! Still, my host in Vaqueria told me the unofficial "record" is 3 hours 45 minutes. I still have to train...

I quickly find a transport to the small town of Caraz and 3 hours later I'm in a night bus to Trujillo, at the coast. I somehow felt guilty that my trip in Peru was a monomaniac mountain trip (I haven't left high altitudes since North of Chile...), so a few days at the coast will be enough to auto-persuade myself that I've seen another facet of the country.

The main reason of my stay in Trujillo is a visit remains of the Moche civilization, the "huacas" and their incredible decorations

The Moche (for the french speakers, pronounce "motché", they were not particularly ugly) occupied Peru way before the Incas, between 100 and 700 AD. The specificity of this people is that they created a state, i.e. a hierarchical social, political and economic organisation, without the main innovations that usually led to the emergence of states: wheel, writing, currency, market economy...

During the whole existence of the city of Moche, now close to Trujillo, the inhabitants kept building two huacas, huge multi-use pyramid-shape buildings with detailed and colourful decorations that surprisingly resisted the effect of time and the lootings by the conquistadors.

Approximately every 100 years, a new floor of the huacas was built, so here 600 years, 6 floors.

The Moche also had quite a strange hobby for human sacrifice, and no mercy for women or even kids. Their main god, Ai apaec, was the creator, but also the "headsman", decapitator...

Huge floods due to bad El niño events and a tragic series of earthquakes are the most probable cause of the extinction of the Moche.


I decide to spend my last weekend in Peru at the seaside town of Mancora, known for its beautiful beaches and its cool atmosphere. But no, not that cool, just made for tourism, as dirty and noisy as other cities, and still not so friendly people. That acute beach sickness. Definitely, I shouldn't have felt bad about staying in the mountains.

3
déc
3
déc

La cordillère Huayhuash, pour moi, c'est la montagne ultime. Une crête enneigée de seulement 25 km de long, mais 7 sommets à plus de 6000 qui sortent des monts verdoyants des alentours. Un rappel de Patagonie entre la jungle et le désert péruviens, avec de faux airs himalayens. La Huayhuash, c'est la voile blanche d'un voilier qui sort d'une mer verte déchaînée. La Huayhuash, c'est tellement beau que ça me rend poète.

Les voyants sont pourtant bien orange foncé pour se lancer dans le trek autour de la cordillère. On est en pleine saison des pluies, faut s'attendre à de grosses douches tous les jours, des sentiers boueux et certains ruisseaux peuvent devenir infranchissables. Et le trek fait 10 jours. J'ai un duvet pour +6°C et c'est plutôt un -6°C qui est recommandé. Y'a des cols à plus de 5000 qui peuvent se retrouver sous la neige. Paraît que le trek coûte plus de 60€, ce qui me semble injouable pour aller marcher sous la pluie. Bref, va falloir improviser. La Huayhuash, elle se mérite.

Mais bon, j'ai le temps de réfléchir à tout ça, parce que depuis Cusco, c'est pas la porte à côté.

Passage par la ville d'Ayacucho, en plein préparatifs d'une fête locale.

Le Pérou est bien moins allongé que l'Argentine ou le Chili, mais j'ai l'impression que c'est 3 fois plus grand. À cause des routes montagneuses, pleines de virages et de nids de poule, les temps de transports paraissent interminables. J'enchaîne les bus de nuit, mais j'avance pas un cachon.

Dégourdissage de guiboles dans les collines qui surplombent Huancavelica. Tempête de grêle. Ok, je suis prévenu.

J'arrive dans la ville de Huancayo, qui me donne encore plus envie que les autres d'aller me perdre en montagne. Tellement surpeuplée que c'est bouché, autant sur les trottoirs que sur la route, aussi propre qu'une déchetterie, pleine de chiens enragés, et il se passe pas plus d'un tiers de seconde sans qu'un klaxon me fasse perdre un tympan. Fuyez, pauvres fous !

Huánuco est un poil plus avenante, je tombe même sur un jeune taxi qui, au lieu d'essayer de me dépouiller, m'amène à l'entreprise qui propose un transport par jour vers Baños, près du point de départ du trek. Il prend même mon numéro, intéressé pour recevoir des photos de la montagne à côté de chez lui. On me demandait souvent des photos de mes randos en montagne en Afrique, ici c'est la première fois.

Parti pour 5 heures. Quand un trek commence comme ça, tu sais pas comment ça va finir mais tu sais qu'il va y avoir de l'aventure.

On s'entasse à 7 pour une demi-journée dans une poubelle roulante ultra-surchargée, sur des pistes complètement défoncées. Cette fois je revis vraiment l'Afrique. Le massage africain était pas bien plus plaisant que le péruvien, mais la musique africaine était un bonheur qui me manque franchement dans ce genre de situations. Au début des trajets, je trouve la musique péruvienne légèrement répétitive, après 5 heures de route, c'est à se taper la tête contre le pare-brise.

Heureusement je partage la voiture avec une famille bien sympa (grand-parents, parents et enfant) et le père connait bien la cordillère, il me passe quelques infos que je note avec grand soin.

Parti. Comme prévu, ça attaque avec des lacs bien bleus et un ciel bien gris.

Je deviens difficile dans le choix des treks et des randos. Les balades en aller-retour me motivent que moyennement. Je préfère largement les boucles, comme c'était le cas au canyon de Colca, ou les traversées comme la Choquequirao- Machu Picchu. Mais le top du top, c'est les treks en traversée qui me permettent d'avancer dans mon voyage. Le trek de Huayhuash est normalement une boucle autour de la cordillère, que j'attaque par le nord-est. Je prévois alors de contourner la cordillère par l'est, le sud et l'ouest, en shuntant la partie nord. En doublant toutes les étapes, ça me permettra de limiter les nuits en tente dans mon duvet trop léger (je pars pour 4 jours/3 nuits dont une en dur côté sud), puis de continuer mon voyage vers le nord-ouest en direction de l'Équateur.

14h, fin du Jour 1. Pluie oblige. Je tombe sur un couple de belges (à leur Jour 4), partis avec 9 jours de bouffe. Motivés...

Je sais qu'à mon point de départ, il y a un checkpoint de 40 soles, plus de 10 euros. J'ai alors traduit la question du garde de parc "à quelle heure tu pars, demain matin ?" par "à quelle heure tu paies, demain matin ?". Je réponds 8, je pars à 5, et je passe à travers les mailles du filet. 2h de marche, premier lac, un paysan vient me voir. -Comment ça va ? -Super et vous ? -Bien. C'est 30 soles ici -Non mais je dors pas ici, je fais que passer !! -Même tarif, c'est 30 soles aussi pour la vue sur le lac.

D'habitude j'adore aller à la rencontre des gens qui vivent en montagne, c'est de loin les plus sympas; ici j'ai l'impression que ça va être un peu tendu. 30 soles, c'est 3 nuits en hostel, je risque pas de payer ça pour une vue sur un lac. Je m'en sors avec une petite blagounette et une excuse boiteuse.

Une heure plus tard. -ça va et vous ? -ça va, c'est 30 soles ici. -Mais c'est pas vrai ! C'est un trek ou c'est un casino ??!

Cette fois-ci, papi Javier est bien décidé à me faire payer. Il me barre le chemin. "Si no pagas, no hay paso". Ça me rappelle des souvenirs. Je lui explique que si il avait un petit resto ou une échoppe, je lui achèterai à manger avec plaisir, mais je vais pas me faire racketter pour la seule raison que le sentier passe devant sa cabane. Commencent à me taper sur les nerfs, les copains !

Il sort alors alors un objet dont la technologie se situe quelque part entre le silex et le téléphone, et fait mine d'appeler les autorités. Pour lui montrer que je suis pas stressé ni pressé, j'attaque le casse-dalle. Sauf que je suis un peu pressé, je sais qu'à 14h, comme tous les jours, il pleut jusqu'au soir. Et monsieur a l'air têtu. Mon sitting et notre débat durera une demi-heure, avant que je plie. Je propose alors un deal: je veux bien soutenir votre communauté, mais vu que je vais devoir repayer ce soir au camping, ça fait (en théorie...) une journée à plus de 100 soles. C'est n'importe quoi, c'est presque le prix d'entrée du Machu Picchu. Je montre ma carte d'étudiant (périmée depuis longtemps, mais bon, elle me sert souvent), et je tente: -10 soles pour le prix étudiant, ça joue ? -Donne moi 20 ! -Non 10, pas un de plus !

Lendemain matin, départ aux aurores avec mes nouveaux camarades, et, ouf, on échappe aux rapaces.

Silke et Arjen sont deux flamands qui ont quitté leur job pour venir passer des jours pluvieux mais heureux sur les sentiers péruviens et sud-américains. Géniaux. On parle de nos itinéraires respectifs sur le trek, et motivés par l'idée d'une journée en moins et d'une ration en plus, ils décident de venir avec moi.

J'ai un programme alléchant, mais il fait pas rire les mouettes: 1200 D+, 23km, 2 cols à 5000. Malgré tout, ça déconne toujours !

La régularité de la météo du coin m'impressionne. À 5h, grand beau, à 9h30 ça commence à se bâcher, à 14h au revoir tout le monde. Ça se répète chaque jour, précis comme une horloge suisse.

Après le deuxième col, déjà dans les nuages, Silke et Arjen plantent la tente, encore à plus de 4300 m. Il me reste encore 13 bornes pour rejoindre des altitudes plus clémentes, mais surtout un bonne plâtrée de pâtes et un lit au chaud !

Fin du J2, évidemment nuageux, et début du J3: pour le plaisir, ça remonte à 5000 !

Quand on a le nez dedans, les paysages sont finalement assez alpins. Mais dès qu'on prend un peu de recul, on retrouve la forme allongée et les crêtes acérées de la cordillère, et on se rappelle alors qu'on est bien loin de la maison.

En tout cas, c'est physique. Diego, l'utra-traileur du Choquequirao m'avait prévenu: le Huayhuash, c'est le trek le plus dur du Pérou. Sur mes 4 jours, 85 km, 2 cols à 4800 et 2 à 5000, du déniv jusqu'à plus faim ; j'avoue si y'avait encore plus dur, je commencerais à pas faire le malin.

Au dernier col de ce trek, je me dis que la Huayhuash m'a gardé le meilleur pour la fin. Un chemin descend par une crête jusqu'au lac du dernier camp, et j'ai une bonne partie de la cordillère face à moi. Malgré le plafond nuageux assez bas qui me cache les sommets, j'ai rarement été face à une vue aussi somptueuse. Je suis tout seul au milieu d'une nature gigantesque, par la taille et par la beauté.

J'aime tellement les nuages que j'en ai fait mon sujet d'études. Mais là, ce jour-là, j'avoue que j'aurais préféré pas les voir.

Note pour le futur : Ghislain, si tu retournes au Pérou, débrouille-toi pour te trouver un duvet -15°C, 8 kilos de pâtes et 5 pots de pesto, va planter la tente au point de coordonnées 10.246023S, 76.976378W à 5000 m d'altitude prés du col Yaucha, et attends le ciel bleu. Je pense que je pourrai mourir serein après ça.

Le dernier jour est censé être un retour sans grand intérêt jusqu'au village de Llamac, où un bus m'attend à 11 heures pour m'amener jusqu'à la ville de Huaraz. Mais les montagnes péruviennes m'ont habitué aux cerises...

Le fameux condor des Andes, depuis le temps que je le voyais me faire de l'œil, il s'est enfin décidé à venir se présenter.

En montant vers un petit promontoire rocheux, je vois un couple de condors enrouler les thermiques du matin, ils sont là, à une vingtaine de mètres, immenses, magnifiques, j'entends le bruit de l'air qui passe sous leurs plumes. Ce genre de rapaces là, je les veux bien avec moi tous les jours.

Et puis quelques minutes plus tard, incroyable, une fois arrivé au promontoire, un autre condor qui m'était caché par un rocher me sort sous le nez, à pas plus de 4-5 m, je vois les détails de sa tête et de son plumage, j'en ai le souffle coupé. Lui non plus ne devait pas s'attendre à voir un bipède de si prés, je le vois tourner la tête pour me regarder, d'un air de dire "qu'est-ce tu fais là toi ?" (ou peut-être "c'est 30 soles !") avant de continuer son chemin !

Encore une fois, je ressors des montagnes péruviennes avec des rêves plein la tête. La Huayhuash, je suis pas prêt de l'oublier.
27
nov

To Machu Picchu or not to Machu Picchu, that's been the question since I've arrived in Peru. Here is the deal: I'm 70 km away from one of the 7 new wonders of the world, so I have to go. I will be squeezed between thousands of tourists using selfie sticks, which for me is the definition of hell, will spend a pretty insane amount of money compared to my usual visits, while I'm not especially a big fan of old stones and collapsed civilizations. Should I go?

I thus decide to read more about this Machu Picchu to get a clearer idea. And it's quickly gonna become clear. In 2017 the site received 1.4 million visitors, twice the recommendation of UNESCO. In 2018, 1.7 million. This is slowly causing irreversible damages to the site. So much that in early 2019, UNESCO threatened the Peruvian government to remove the site from its list if they didn't take action. They thus decided to limit visits to half a day, with fixed entrance times. If you have a ticket for 8 a.m, you enter at 8 a.m., not one minute earlier, and at noon you have to leave your place to another tourist. Crazy. But there's way crazier. At the moment, for flying foreign tourists, the Machu Picchu is only reachable by a plane to Lima, and a long bus ride to Aguas Calientes. But now the Peruvian government has just started building an international airport in Chinchero, at 3800 m altitude in the middle of the Sacred Valley of the Incas, in order to be able to welcome more than 5 million visitors per year. In a few years you'll be able to wake up in Miami in the morning and visit the Machu Picchu in the afternoon. Who will care about the thousands locals with their potato fields and their houses made of earth, they will have to move because hotels will be built. About the insane level of noise and pollution caused by large planes in such a remote and mountainous area. About the vibrations caused by the turbines which, scientists agree on it, would damage even more the ruins.

So it suddenly became crystal clear: I won't give one single penny to visit and participate to the destruction of a wonder of the world.

Je soutiens donc les ZADistes locaux. Pas de Machu Pitchoune, pas de vallée sacrée-ment chère. Un remplaçant ? Choquequirao !

I thus search for a substitute and quickly find one: the ruins of Choquequirao, the"little sister" of Machu Picchu. It's a 2-days hike to reach it, no road, so there's not 5 million tourists a year, but 5 a day. Sounds much better. But there's even better: one can start an 8 days hike passing by Choquequirao and finishing at the Machu Picchu, so that on the last hiking day you get a viewpoint on Machu Picchu from a mountain facing it. Great!

The two most impressive features of Choquequirao, in my opinion: the irrigation system, and the endless terraces.

I read a bit more about this trek, and it sounds like a challenge: some big uphills with some big inca stairs, with the heavy backpack, + a very hot and humid climate (it's the entrance of the jungle here), which means tons of mosquitoes. No way that I spend 8 days in there: I saw there are small villages with basic accomodation/restaurants on the way, so I'll go with a very light backpack, double the hiking days, and sleep at the locals. Light and fast!

The day before I start the trek, I make it to the filthy town of Curahuasi, where once again I don't feel very welcome. I avoid a few scams from taxi drivers and once in Ramal de Cachora, I still have 15 km to reach the village of Cachora, where the trek starts, but the road is blocked until night because of public works. Ok, seems like my trek is gonna be 15 km longer than expected...

I share a room with Yohan, a French guy who works in marketing/business in Calgary, Canada. Very cool. Funny coincidence, he also decided to go light and fast: one day to Choquequirao, one day visit of the site, one day back. So we'll start together. Second funny coincidence, after a moment we realize our parents live 10 km away from each other...

Only 30-40% of the site has been cleared, the rest is still under abundant vegetation. It will be wonderful once all cleared.

In the evening we don't find much to eat in the village, the only restaurant is out of meat. The next morning, the breakfast is also very light, we have to leave early because we're doing two days in one: 10 km flat, 1500 m elevation down to the river and the same back up to Marampata, close to the ruins. At 9 we start the uphill, which is going to be a long suffering for me: it's extremely hot, and after 300 m up only, I'm dead. I have stomachache, my head is burning, I need to take a nap, eat my last cereal bars, and we go again. Yohan is nice and wait for me. Goes slightly better but I'll need more than 4 hours to reach Marampata. After one day, the incas have already killed me. At this moment I'm thinking, no way I can hike the whole trek so fast, I'll die in the middle. I also realize I've hiked the Colca canyon, the Ausangate and the Choquequirao within the same week, which was probably a bit too much.

And another slight issue is that the next walking day, to the village of Yanama, is super tough: 2700 D+, 22 km, a pass at 4150 m. No hostel before. Ouch.

Still, going back to Cachora doesn't sound like an option.

Marampata is a village completely cut from the rest of the world, it is only reachable by a track. The electricity comes from solar panels. Everything is basic but charming. Still, it seems someone decided to build a pretty cosy hotel there, with beautiful chalet huts for 20 euros a night. Yohan tries a negotiation, which sounds useless to me. But he's a businessman. He gets a chalet for 5 euros. I thought after that much time traveling I had become not bad at negotiating, but I'm still learning...

In the evening we find a woman cooking huge amounts of pasta with eggs, which magically recharge my batteries, but still, the next day, I take it easy and stay with Yohan for a visit of the ruins. Not so relaxing in the end; that weird passion for stairways...

At the end of the day, we see two super fit guys arriving at Choquequirao, wearing a complete Adidas trail-running outfit. We start chatting, and I understand they have exactly the same plan as me, i.e. reaching Machu Picchu in 3 days from here. But they have a slightly different logistics: one cook and one mule driver who follow them everyday, with the mules carrying tents and bags, plus a horse to carry them in case they get injured. Wow, shit.

Diego and Jonas, respectively Peruvian and German professional runners, later invite us for an apero at their tent, and we understand we are facing real machines: they are both in the top 100 of the 2019 world ultra-trail ranking. The Choquequirao trek is just their training for the Peruvian Marathon des Sables the next weekend.

At the same time I'm scared by such a level and organisation, but somehow it also motivates me to go for it...

Five years ago, Diego was an overweight guy with an office job he didn't like, and at the death of his mother, he decided he would go running the mountain and become a professional athlete (he calls himself @TheRunningCuy, a cuy here is guinea pig and a fine dish, because "I have the face of a cuy", he says!). He's now competing on all the biggest races on Earth and is dreaming of discovering a new Inca city. You sometimes meet amazing people.

Before going to bed I have decided I'll take two portions of these EPO-pasta and go to Yanama the next day. This time I have a plan B in case I feel as bad as the day before: I have discussed with the mule driver of the two guys: if he finds me dead on the track, he'll put me on his horse and bring me to Yanama.

Alarm at 3:30. I want to increase my chances... And I see a notification on my phone: LAC seminar has just started. In this situation I find it pretty funny.

It's not every weekend that after 3h of hike/run, I am at an altitude starting with 1, and I target an altitude starting with 4...

In the end I feel much better than 2 days before, every hour I take my dose of EPO-pasta, and after 4 hours in the uphill I'm almost at the pass. No doubt that the triad 'lack of food-tireness-heat and sun' destroyed me 2 days ago.

I haven't seen the two machines passing me (I'll learn later that the German guy had a down moment and his injury was painful), but 100 m elevation before the pass, I see the mule driver passing me, using shortcuts, and literally running uphill. Impressive. We discuss at the pass. He is 43 years old, and it took him one hour less than me for the continuous 2300 m uphill from the river to the pass. Congrats...

"Choqui", as I nicknamed her, more pregnant than ever, followed me two days, also much easier than me in the uphill. Congrats...

Yanama is not as remote as Marampata but I spend the evening with a lovely family living in a tiny hut, learning some words of quechua and helping for the homeworks of the daughter, while dozen cuys constantly run in between our legs... They have no cage!

The next day is not really easier: 35 km with a pass at 4660 m. Ten kilometres before the end, under heavy rain, I start to badly experience the aftermath of the day before, when I see two (adidas) rockets passing me.

Finally, last day hiking and I'm buying the stairway to Machu Picchu('s viewpoint...)

Life in the "pre-jungle" (I cannot imagine it in the real jungle) is not really my thing. Too hot, too wet (nothing dries here, never!?), too rainy, too many mosquitoes.

After the last uphill on this 5th day, I finally make it to the viewpoint on Machu Picchu... in the clouds. I start thinking that Tupac or another of these Inca emperors has something against me. I've hiked/run 130 km and all he can offer me is a cloudy view. I wait. 2 hours later, the clouds finally rise and it's here, facing me. I have to confess tourists generally don't clump in the worst places. It's magnificent.

What an idea these guys had to build a city in here, on a ridge, surrounded by high peaks...

This trek was an adventure. Glad that my Machu Picchu experience was one of a slow pilgrim and not of a wallet forced to hurry up. I felt like a young inca who, after he decided he would go for a beer with his friends in Choquequirao 500 years ago, went back home to Machu Picchu. I'd be curious to know how fast he did it...

Diego says ultra-trail is about living a whole life in one day. I haven't been that extreme yet, but I for sure agree we've lived quite some stuff in these 5 days. His next objective is a <24 hours at Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB) 2020. I'll follow his result closely.


Back to Cusco, good news: Ayoub, Carla and Alicia are arriving, so we'll reform the team we had in El Chaltén, Argentina, 2 months ago! On a Friday night we test some local inca plants and find, by chance, the perfect rock concert in a bar: 4 great musicians going more than wild playing some Red Hot, Clapton, U2, and even The Doors! Magic...

Now let's Break on through to the other side of Peru!

22
nov

Comme en Bolivie, l'auto-stop n'existe pas au Pérou. C'était déjà le cas dans la plupart des pays d'Afrique australe. Dur à croire, mais le stop, finalement, c'est un truc de riches.

Depuis le canyon de Colca, je prends un bus en direction d'Arequipa, et je demande à sortir au croisement vers Cusco. Au premier pick-up qui passe, je lève la main, je monte, et on discute le prix. C'est un peu du covoiturage improvisé. Avant de rejoindre la capitale des incas, j'ai envie d'aller voir un coin dont j'ai entendu parler : la cordillère Vilcanota, et son mont Ausangate. Paraît que c'est beau, j'en sais pas beaucoup plus.

En effet, ça commence pas mal. J'apprendrai plus tard que la "rainbow mountain" est un des tours phares depuis Cusco.

Mon covoitureur est claqué, et au bout d'une heure, il me passe le volant et s'endort profondément, la musique toujours à fond. Bonheur de conduire tout seul dans ces beaux paysages. Pour me remercier du bout de route, il me paie le resto dans la bourgade d'Espinar. On prend trois autres covoitureurs à la volée, et on repart. En passant par le village qui m'a l'air le plus près de l'Ausangate, je me fais déposer sous une pluie battante et je cours jusqu'au premier hôtel. La chambre la moins chère est bien trop chère. Et puis le gérant me montre un lit dans son arrière-salle, pour un tiers du prix d'une chambre. Ça a pas encore commencé, mais ça commence déjà à bien se goupiller, cet Ausangate.


La voilà la cordillère et son sommet à 6372. The mountains are calling and I must go!

Au petit matin, Il me reste tout de même 30 bornes de pistes pour rejoindre le premier sentier de rando. Je demande bêtement si des bus y montent. Non, seulement les tours et les taxis, c'est à dire seulement mon budget de 3 semaines. Alors tant pis, je tente le stop, sous les yeux étonnés des locaux. 10 min plus tard, je monte dans la benne de 4 mecs qui vont bosser sur un chantier. Ils me font faire la moitié du chemin. En attendant qu'une voiture passe pour finir la route, je mets mon buff (un bonnet léger) sur un caillou en guise d'oreiller et j'attaque une sieste au bord de la route, de celles où on sent la Terre nous pousser dans le dos, comme dirait Nicolas Bouvier.

Les premières heures de balade sont un régal, et, je le sais pas encore à ce moment-là, mais ça va montrer crescendo.

Une heure plus tard, après que trois locaux m'aient dit qu'à cette heure là, je trouverai rien (les tours montent vers 6-7h du mat'), un taxi passe. Je me jette sur la route. Le mec me fait signe de monter. Je demande le prix. Grosse hésitation. Puis exactement au moment où je me lance sur un "10 soles ?" (3 euros), il m'en demande 5. Ok, ok, 5 !! Après 10 min de route, je me rends compte que dans la précipitation, j'ai oublié mon buff sur le caillou. Je m'en veux terriblement. Ça paraît bête comme ça, mais quand on a toute sa maison dans un sac à dos, perdre un buff, une serviette ou un de ses trois caleçons, c'est une erreur qui fait mal au moral.

Y'en a qui ont choisi une vie loin des klaxons des villes, entre élevage d'alpagas et jardinage au milieu de nulle part.

Quelques mamies habillées en tenue traditionnelle vendent des chips, des bananes et des beignets au parking du début de la rando. Les hommes s'occupent des chevaux qui sont là pour porter les touristes les plus fainéants. À 14h, la pluie commence à tomber, j'apprends que c'est comme ça tous les jours ici en saison des pluies (Oct->Mai), beau le matin, pluie l'après-midi jusqu'à la nuit. Et puis ça caille, on est quand même à 4600 m d'altitude. Avant de planter la tente, je m'en vais demander à une mamie si elle connait pas un petit coin abrité. La pauvre est entrain de monter une bouteille de gaz de 50 kilos jusqu'à sa petite hutte. Je l'aide, mais j'ai bien du mal à cette altitude. Elle me donne deux beignets: "dans les petites maisonnettes là-bas, y'a des matelas et des couvertures, demande-leur, ils t'y feront dormir gratuitement". Là cette fois, je commence à bien pousser la chance.

Je m'entends pas beaucoup mieux avec les alpagas du Pérou qu'avec les vigognes de Bolivie ou les guanacos de Patagonie

Levé 4h30 pour attaquer la montagne des 7 couleurs, ou la rainbow mountain, avant les tours organisés, et continuer sur un objectif que je me suis fixé complètement au pif en regardant la carte : le lac Ausangatecocha, avant un retour vers une éventuelle civilisation à l'autre bout de la cordillère. La première grimpette à 5000 m fait mal aux poumons, mais après trois bonnes semaines sur l'Altiplano, je suis déjà plus acclimaté qu'un alpaga.

J'ai un petit doute : la fermière, elle est entrain de gueuler (en quechua) sur ses bêtes, ou sur moi qui la prend en photo ??

La suite de la rando en direction du lac n'est que pur bonheur. À chaque kilomètre je tombe sur des décors de films, des fermiers et leurs petites maisonnettes en pierres sans ciment, des alpagas qui broutent des prairies verdoyantes, des montagnes multicolores, et en fond, les sommets enneigés de la cordillère.

L'arrivée au lac sera le plus gros waouh de la journée. Je m'attendais pas à un tel glacier.

Je finis par croiser la route d'un randonneur, un français qui s'est lancé sur le trek de l'Ausangate, dont j'avais pas connaissance, 5 jours autour de la cordillère. Avec cette météo, chapeau. Ça me donne quand même envie : "4 jours que je prends mon pied", qu'il me dit. Tu m'étonnes.

Il manquait plus que la petite rivière et ses méandres resserrés. J'en prends plein les yeux.

En descendant la vallée, j'ai la banane, j'en reviens pas de la chance que j'ai eu d'avoir décidé complètement au pif de venir balader dans ce coin de paradis. Et puis au détour d'un virage, un tissu rouge par terre, je regarde : un buff tout beau tout propre, rouge vif avec des petits symboles incas dessus !! Ça en devient improbable, généralement je suis assez chanceux, mais là on est sur de l'alignement de planètes franchement délirant.

3000ème photo de la journée. Euh bon, va falloir partir maintenant, monsieur...

Et pourtant, c'en est pas terminé avec la chance. 20 minutes plus tard, je récupère une piste que j'appercevais depuis un moment, sans y voir aucun passage. En me rapprochant des premiers villages, un 4x4 passe. Trois amis qui sont venus randonner avec leur guide, et qui rentrent à Cusco. Ils m'y amènent pour 4 euros.

Après une journée comme ça, j'ai qu'une envie, c'est de repartir me perdre dans les petits villages au fin fond de la jungle inca !

18
nov
18
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Publié le 3 décembre 2019

The first two cities we visit in Peru, Puno and Juliaca, are not what I would call an ideal welcome into a country. Incredibly dirty, noisy and ugly, and in addition, the contact with Peruvian people is somewhat difficult, rarely friendly. Well, maybe Bolivia was not too bad in the end...

Let's take it easy and visit a few ruins. After all we're in Peru, right?

The Qollas, members of the Aymara people, built these chullpas, tower-shaped graves. Rare enough to be noticed, the Qollas were not conquered by the Europeans but by the Incas themselves!

Carla, Alicia and Chi-Chi decide to reach the more appealing city of Arequipa (or Arequiiparequiparequiparequiiipaaaaa as the bus tickets sellers like to say) for the weekend. For me that's too much, after four days blocked in La Paz, a lake as flat as a lake, and two ugly cities, I need mountains, peaks, loneliness, nature, I need canyons!!

Ohoh! Here's one! That was lucky...

The Colca canyon was previously thought to be the deepest on earth (3400 m from the river to the highest peak, that's something), before satellites showed his neighbour, the Cotahuasi canyon, is just a few metres deeper.

That's an arid landscape. In my opinion it's mostly the size of the edifice that makes its beauty

In the bus to Cabanaconde, the starting point of the hike, I meet two frenchies who came to pick up a friend coming back from the canyon. He doesn't need his 5 days ticket anymore so he nicely decides to give it to me. A trek always starts better when it starts for free.

I plan to go down into the canyon to Llahuar and hike back up from San Juan de Cuccho the next day, so that I can see the whole canyon. The campsite of Llahuar is full of hikers, but I'm the only one stupid enough to pitch a tent and cook my food. Dinners and cabanas are fairly cheap, and I could have skipped my 20 kilos backpack for the big uphill. Well, now I can say I've done it in full autonomy...

The canyon is also home to some massive condors, those flight masters. Still haven't seen one beating wings.

In the small villages back up on the shoulders of the canyon, I find the opposite of Puno and Juliaca. I'm invited by super friendly people who have dinner all together in tiny restaurants where you don't even chose the menu, there's only one. Until night I am made aware of all the more or less interesting stories of the village. Lovely. I've already changed my mind about Peru.

15
nov
15
nov

Dans ma tête, Copacabana, c'était plage/cocktail/bikini au Brésil. Il y a aussi un Copacabana en Bolivie, au bord du lac Titicaca et ses 3812 m d'altitude.

Grimpette sur un caillou pour une vue sur le village, sa baie et son coucher de soleil nuageux

Après les évènements mouvementés de la Paz et des alentours, une journée de visite tranquille du village s'impose avec mes collègues d'échappée : Alicia, Carla et Chi-Chi. On retrouve quelques uns de leurs potes, belges et français rencontrés en Argentine et on se lance dans un bon repas chino-bolivien orchestré par Chi-Chi. Entre dumplings et empanadas, finalement, y'a pas grande différence, les deux sont fabuleux.

Le lendemain, on se lance dans une balade en bateau jusqu'à l'île du soleil, la isla del sol, lieu capital dans la mythologie inca.

Nous sommes du soleil, comme disait ce bon vieux Jon.

Sur l'île, un temple accueillait des vierges dédiées à Inti, dieu soleil. Mais l'île était habitée bien avant les incas (dont l'empire a pris naissance au XIIIème siècle), ça fait plus de 5000 ans que les tomates y poussent paisiblement au soleil.

Partie de cache-cache improvisée à 4000 m d'altitude

Malgré le calme apparent de la vie sur l'île, la passion des Boliviens pour les blocages finit toujours par prendre le dessus. Les habitants du Sud de l'île sont en conflits avec ceux du Nord, ils les accusent d'avoir utilisé l'argent du tourisme (ici c'est beau mais tout se monnaie) pour construire de nouveaux hostels au lieu de l'utiliser pour la vie locale. Du coup, ça fait 3 ans que papi Juan et ses potes passent leurs journées sur le sentier au milieu de l'île pour couper les vivres (c't'à dire l'arrivée de touristes) au Nord de l'île. Malin.

Un bolivien nous dira plus tard que cette embrouille cache une trouvaille d'or côté Nord. On poussera pas l'enquête plus loin...

Mon séjour en Bolivie aura finalement duré bien moins longtemps que prévu. J'aurais bien aimé en voir bien plus, mais j'ai déjà plus qu'apprécié ce que j'ai vu. Et les moments que j'ai passés à la Paz au beau milieu d'une page d'histoire suffisent à eux seuls à justifier mon passage pas tout le temps simple à travers le pays. Au final, la Bolivie, ça a été un peu comme si j'avais commencé à regarder un film, qu'après la scène d'intro je m'étais dit "oula ça, ça sent encore la grosse merveille", mais qu'à ce moment-là, l'écran est devenu tout noir, et le ciné a fermé à durée indéterminée.

Arf, tant pis, ça me donnera l'occasion de revenir voir mon pote, son chapeau et son soleil. Ce sera avec plaisir.
12
nov

In the first towns I visit in Bolivia, by many aspects it feels like I've come back to Africa. Street vendors shouting, huge markets, chaotic traffic without asphalt, and obvious poverty. From Uyuni, I want to reach the city of Potosí, but I quickly understand it's completely blocked. That was not a joke.

I spend the night in Oruro, the kind of town where you would not spend 3 weeks. In the morning I thus take the first bus to Patacamaya in order to reach my plan B, the remote national park Sajama and its high peaks. After half an hour and half the way, the bus stops, and all the passengers get down to start walking. I ask what's happening. "No hay paso". At this time I still don't know, but that's the sentence I'm gonna hear the most frequently during my stay in Bolivia.

And that's how we all start a 15 km hike on the highway. Good thing is I have time to discuss with the locals.

The situation is really sad. There are kids, and grandmas walking with heavier loads than mine to the next blocks.

The reason why the whole country is blocked is the elections which occurred the week before I arrived. There is a law in Bolivia which states that if one candidate obtains more than 40% of the votes and more than 10 points ahead of the second, he gets elected. 24 hours before the official results, it was tight between Carlos Mesa and Evo Morales, president since 2006 and first president who declares himself a native: both around 42%. But suddenly, the organism in charge of the counting showed a black screen, and 24 hours later, Morales had 47.08% and Mesa 36.51%. Bam! Magic!!

The possibility of new blocks and the terrible weather forecast in Sajama kill my plan B and I pass to plan C, straight to La Paz. In the morning I meet 6 frenchies who've just finished their physio studies. They're desperately trying to reach La Paz. They have spent an awful 24 hours trip from Uyuni to Oruro. I understand this road has been blocked just a few hours after I passed, so luckily I had no problem. But they were stopped by drunk and violent blockers.

We find a taxi willing to try to bring us to La Paz. New blocks after 10min. We'll take the small (but beautiful) roads.

In the front seat of the taxi, I'm starting a job which is gonna mine for the week to come: taxi copilot. Thanks to the app maps.me, I have an offline map with all the small roads and the taxi drivers are happy that I can give them the best, or the least worst way. Side tasks of the job are removing the fogging from the front glass, and asking the inhabitants of the village if "hay paso o no". Drawback of the job is there is no salary, I even have to pay for it.

Fortunately our taxi driver is super nice and motivated and in 6 hours instead of 2, we make it to La Paz.

La Paz is a capital city like no other. 3640 m a.s.l. There are cable cars instead of a metro, like in some ski resort villages.

I didn't know La Paz was a big city touching another one: El Alto. In the morning of that Sunday, I take the cable car for a visit of the huge market of El Alto. Another thing that reminds me of Africa is that life starts early here; in Argentina and Chile there was no hope to find a bakery or a shop open before 8:30.

In the afternoon I plan to go for a wrestling show of cholitas, bolivian mamas who fight (!) wearing traditional clothes. During the day the atmosphere gets tensed, some road blocks between La Paz and El Alto are degenerating, with huge fires and explosions. Inhabitants of El Alto are known for being mostly pro-Morales, La Paz is rather against the government. When I arrive at the hall where the wrestling should take place, I read on the door that it's been moved to La Paz for safety reasons. I thus go down to La Paz using the huge stairway, and then stop for a chicken with rice when I see Evo Morales giving a speech on the TV of the restaurant. Suddenly I hear a common "Ooooh!" from all the customers of the restaurant and I can read the news banner saying that Evo Morales gives up. After the police, the army and many of his ministers left him alone, forcing him to take this decision.

Feels good to see a people taking out flags because they overthrew a dictatorship, and not because they won a soccer competition

The scene is surrealistic, the whole city suddenly gathers in restaurants to watch the end of the speech. Elderlies are attached to their small radio. Bolivian people, who until then had not really surprised me by their level of happiness and welcoming, suddenly hug each other, smile, dance, and get the flags out. After an hour, the streets are full of yellow, green, red, music and firecrackers. The policemen are thanked each time they cross the street. These scenes of joy continue until night. Wow! I'm just happy that I've been here at this time.

For the first time in this trip I have the feeling that I've seen a page of the history of a country being written under my eyes.

The problem is the renouncement of Morales obviously didn't really please the pro-Morales... Later in the night, the beginning of a few panic movements with "los del Alto están bajando" ("those from El Alto are coming down") and of a heavy rain will be sufficient for me to go back to the hostel. I'm totally fine with no wrestling show for today.

Plan A is now fleeing to lake Titicaca where there are no blocks, but the next two days, I'll be stuck in the hostel with a bunch of frenchies, killing time playing cards and watching movies. Among them, Carla and Alicia, who I had already met in El Chaltén, Argentina. Since I have time, I go for a haircut, which is gonna be the craziest of my life: after 5 minutes, the hairdresser repeatedly checks her phone before she tells me "I'm sorry I have to leave, those from El Alto are coming down again, the whole city is gonna get blocked". "Huu yeah ok but..."

The next morning we give a try to escape the country to the border of Peru at lake Titicaca, but we have to pass through El Alto, which looks like a war scene. Every street have rocks and barbed wires. No bolivian flags here, only the native flag, a multicoloured checkerboard, to show support to Morales. We even have to buy one of these flags from a grandma in the street and attach it to the car to increase the chance of passing the blocks. But no, no hay paso, the taxi driver leaves us at the airport, which looks like a refugee camp for travellers. With a dose of curiosity, we decide to go shopping for food in El Alto, which gives us the opportunity to hear the point of view of the pro-Morales, and even play soccer with some locals in the middle of the blocks. Playing soccer at 4000 m altitude is somehow tough! But so nice to have a big city without cars...

Most travellers have booked flights to escape the country but for me it is not even an option, I have decided I'll cross the Americas by land, or by sea if necessary, but no way to pass by the airs. Same for Carla and Alicia. Chichi, a chinese girl, is also in to search for an early taxi the next morning. We leave at 5 a.m. Blocks. Copilot. Fogging. Small roads. Hours and hours. And... yes! We did it!

9
nov

La porte d'entrée vers la Bolivie s'annonce à double tranchant. De l'autre côté de la frontière, c'est la province du Lipez, puis le salar d'Uyuni. Encore des noms qui réveillent des rêves qui roupillaient depuis un moment.


Et oué, pas si plano que ça l'Altiplano

Le côté moins drôle, c'est que la Bolivie est en pleine crise après les résultats légèrement étonnants voire clairement frauduleux des récentes élections. Des voyageurs qui en viennent l'ont fuit, ils m'annoncent que beaucoup de routes et de transports sont bloqués, avec quelques barrages humains un peu craignos. Je suis prévenu. Mais après tout, j'ai baladé en Argentine pendant une des pires inflations de son histoire, j'ai traversé le Chili pendant sa pire crise sociale depuis Pinochet, c'est pas trois couillons de gilets jaunes locaux qui vont me décourager. Je visiterai la Bolivie, et pis c'est tout.

Les trois seuls gilets roses de cette première journée bolivienne

Par contre, on m'avait pas prévenu d'un deuxième léger souci. Pour aller visiter le Lipez et le salar d'Uyuni, y'a pas de stop, pas de bus, parce qu'y a juste pas de routes. Même les overlanders, qui voyagent en 4x4, s'y aventurent pas. Sans savoir par où passer, ils risqueraient de se retrouver tanqués dans le sable ou dans le sel sans âme qui vive à 200 bornes à la ronde. Une solution pourrait être de le faire à vélo, mais faudrait que je m'en veuille sérieusement pour me lancer dans une telle entreprise, je dois avouer que j'ai pas le courage. Mon égo de voyageur libre et indépendant en prend alors un sacré coup, mais je dois m'y résigner, je vais booker pour la première fois un tour organisé, 3 jours en 4x4.

On en est à peine la moitié du 1er jour du tour. Faut quand même le dire, c'est pas dégueu.

Je passe alors une après-midi entière dans les rues de San Pedro de Atacama à négocier le meilleur prix possible dans toutes les agences de la ville. Et y'en a un paquet, des agences. À 20h, je finis par comprendre que j'aurai pas mieux que mon 25% de réduc, parce que plus bas que ça, l'agence perdrait de l'argent à m'amener. Le lendemain à 6h, un bus passe me récupérer au camping, et c'est parti, au revoir le Chili.

Nan vraiment, je commence à trouver ça franchement pas pire ce tour.

Le bus monte dru dans le pentu vers l'Altiplano. En une petite demi-heure, on est passés des 2400 m de San Pedro aux 4600 m du poste de tamponnage de passeport. Le long du trajet, je m'amuse à visualiser les sommets auxquels on met des tartes: la croix de Belledonne, le Vélan, le Dôme des Écrins, sa barre, le Grand Combin, le Cervin, puis la pointe Dufour. Dans l'aprem on couchera même le Mont Blanc, les fesses posées dans le 4x4.

Manquait encore l'ambiance islandaise

Une fois la douane passée, les bus font demi-tour, et la horde de touristes monte six par six dans une impressionnante rangée de 4x4 prête à tracer le sable du Sud Lipez. Les effets de l'altitude commencent à se faire ressentir dans la foule, mal de tête par ci, vomi par là. Moi aussi je me sens super mal, mais je suis persuadé que l'altitude y est pas pour grand chose. Pas de doute, je suis atteint de plein fouet d'un violent MAT, ce fameux mal aigu des touristes.

On n'a eu "droit" qu'à 30 min à laguna colorada. J'y serai resté des heures tellement l'endroit est hypnotisant.

Je fais connaissance avec mon équipe, c'est à dire mes covoitureurs et colocataires pour les 3 jours qui arrivent. Deux belges en tour du monde qui viennent de finir leurs études de kiné et psycho, et trois brésiliens en vacances dont un couple. Tout le monde a l'air bien sympa, ça rigole, mon MAT commence à s'estomper.

Chaque fois je me dis "bon cette fois, j'en ai vu des trucs classes, ça va bien finir par se calmer" Et là, paf, nouvelle claque.

À chaque sortie du 4x4, je tombe sur un paysage qui me laisse sur le cul. Le Sud Lipez est sûrement une des plus belles régions que j'ai été amené à voir. Ça me fait plus qu'oublier mon mal de tête. Et puis je dois bien avouer qu'après 7 mois d'organisation au jour le jour, avec un degré de certitude parfois (souvent) proche de zéro, me laisser porter pendant trois jours sans avoir à chercher où balader, où dormir, quoi manger, ça fait du bien. Ouh merde, je suis entrain de devenir un vrai touriste.

Là on est en plein dans le jardin d'Eden

Et puis y'a la bouffe. Après un mois de pâtes-sauce tomate (le pesto c'est plus qu'un vieux rêve) en Patagonie et au Chili, chaque repas ici, c'est la grosse fiesta. Et ça bouffe rien, un brésilien. Du coup je mange comme 4. Putain mais je l'adore ce tour ! En tout cas les brésiliens ont pas bien compris ce qui se passait, je pense qu'ils se rappelleront de moi un moment.

Et quand y'a plus de flamands, y'en a encore

Au final ça se confirme, le groupe est super cool, le guide aussi, c'est bien bonne ambiance. Et au niveau des paysages ça s'arrête plus !

Le canyon de l'Anaconda,. On y reste 10 min et c'est reparti. Y'aurait de quoi y balader 3 jours, non ??!

Et puis finalement, on arrive au clou du spectacle, la plus grande croûte de sel du monde, issue de l'évaporation d'un lac préhistorique. Grande comme les deux Savoies, mine de rien. J'ai beau l'avoir vu en photo partout, c'est un paysage juste fou. Des polygones blancs à perte de vue.

Le salar est aussi un enjeu économique important. La moitié du lithium mondial est extraite ici. À part ça, une petite anecdote qui me plaît bien : en 2015, le rallye Dakar a fait passer la course en plein milieu de cette merveille naturelle. L'expérience a pas été reconduite l'année suivante, parce que le sel avait bouffé toute l'électronique des bagnoles et des motos. Pour une fois que la nature l'emporte sur la connerie humaine, ça fait quand même plaisir. Bien ouéj le salar.

Les îles de cactus au milieu de cette mer blanche donnent de sacrées vues à 360°

Au final, c'est une évidence, je me suis éclaté pendant trois jours avec mes compagnons de route. C'était loin d'être un piège à touristes. Mais bon, calmos, bien loin de moi l'envie de prendre l'habitude des tours organisés, faut quand même pas déconner.

7
nov
7
nov
Publié le 21 novembre 2019

Just because of its geography, Chile is by definition a special country. This strip of land, stuck between the Pacific ocean and the Andes, extends from 17 to 55 degrees South. Moved to our hemisphere, 17° to 55° North would mean a strip from the southern border of the Sahara up to Copenhagen.

When looking at stats, Chile is kind of the Norway of South America. The most economically developed country of the continent, the most democratic, the least corrupted, with the longest life expectancy. But there's a catch: it's also in the top 15 of the most inegalitarian countries in the world.

I met Chile at a very strange time of its life

I arrived in this special country during a special period. The first day I visited Santiago, I saw around 500 persons demonstrating in the city centre. Three weeks later they were one million in Plaza Italia. Chileans want some change, they're fighting for it, and it seems like they'll have it. President Piñera announced important modifications of the constitution. And for good reason; several parts of it have been written by the dictatorial regime of Pinochet and haven't moved since then.

Chileans often wished me "suerte", or good luck, when they saw me hitch-hiking in the middle of nowhere, I wish them suerte for getting the changes they want.

This month I spent in Patagonia was not the easiest but probably the wowest of this trip

I have to confess chileans were not always as welcoming and extraverted as argentinians but I met lots of great people willing to help me as much as they could. They and the astonishing beauty of their country made my trip in Chile a tremendous experience. If I had to name one highlight of Chile, that would be without any hesitation the national park Torres del Paine. This place is basically the Patagonia I imagined, the big one, the tough one, the one I was dreaming of since I was a kid. It blew my mind even more than I expected. I can't believe how lucky I got to be there almost alone with great weather.

I'm now leaving the Southern Cone and its strong European influence, heading towards the Altiplano. ¡Vamos!
4
nov

Mises à part quelques vallées paumées d'Antarctique, le désert d'Atacama est la région qui voit le moins de précipitations sur Terre. Et depuis longtemps : il y a 5000 ans, le Sahara était vert; la région d'Atacama est hyper aride depuis une bonne dizaine de millions d'années. C'est aussi l'endroit le plus inhospitalier de la planète, on y a mesuré la plus faible activité organique.

Tout de même un coin vert entre deux décors lunaires. On m'a parlé d'une oasis à 10 bornes du village. Oum Lâalag, JJ !

Les deux jours passés dans des camions sur les rares routes qui traversent le désert m'ont laissé une impression bien triste: les mines de lithium, de cuivre ou d'argent sont partout, et elles sont bien les seules qui cassent la monotonie du paysage. Ces mines polluent la région de manière folle. À cause des quantités de métaux lourds rejetés dans les cours d'eau, dont l'arsenic, la ville d'Antafagosta est tristement célèbre pour son taux de cancer largement supérieur au reste du pays.

Mais l'arrivée à San Pedro de Atacama est un soulagement, le village cache son lot de merveilles dans un rayon de 50 km.

Certains paysages me rappellent la région de Salta, au Nord de l'Argentine. On en est pas bien loin.

San Pedro est une base parfaite pour aller explorer, en stop ou à vélo, des volcans, des vallées d'une autre planète, des geysers, mais aussi un salar. J'avais pas idée qu'il y en avait un en plein milieu du désert.

Je crois que c'est la première fois que je vois un salar. Un lézard qui saute pour attraper des mouches en plein vol, aussi.

Chaque journée de balade autour de San Pedro m'amène dans des paysages irréels. J'y reste plus longtemps que prévu. Mais y'a bien un hic: San Pedro est sûrement le village le plus cher où je passe depuis le début de mon voyage. Une boutique sur deux est une agence de voyage ou un attrape-touriste qui vend des souvenirs.

C'est la science qui me fera économiser des sous. La visite de l'ALMA me tente bien, et c'est en plus la seule activité gratuite que je trouve. Faut dire que le projet a coûté un milliard et demi de dollars... L'ALMA, ou l'Atacama Large Millimeter/ submillimeter Array, est le plus grand radiotélescope du monde. Ses 66 antennes sont situées sur l'Altiplano, à 5100 m d'altitude. Ils sont pas là pour rien, l'altitude et la sécheresse du site permettent de minimiser la couche de vapeur d'eau que les rayons lumineux des astres lointains ont à traverser pour arriver dans les détecteurs. Il est évidemment interdit de visiter ce site, mais on peut aller voir le labo où 250 scientifiques bossent, et vivent, à 2500 m.

Coup de chance, deux antennes sont en maintenance, on a la chance de les voir de près. Super intéressant.

Tous les samedi et dimanche matin, l'ALMA organise des visites gratuites. Une heure de trajet jusqu'aux labos et 3heures de visite. Évidemment, il fallait s'inscrire sur leur site des mois à l'avance. Mais j'ai une technique imparable : il reste encore quelques places libres pour les enfants, alors j'ai marqué sur le site que je suis né en 2014. Le matin, j'arrive devant le bus avec ma voix la plus aiguë possible et un grand sourire. La scientifique qui mène la visite a beau être française, ça marche pas.

Mais coup de chance encore, énormément de touristes ont annulé leurs vacances au Chili à cause des manifs et des violences actuelles dans le pays. Je prends volontiers leur place dans le bus.

Je pédale le sourire aux lèvres dans les méandres du désert. Je pouvais pas rêver d'un plus bel au revoir au Chili
1
nov
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nov
Publié le 15 novembre 2019

The next stop on my way to Atacama desert is the ugly city of La Serena, attached to the beautiful Elqui valley oriented West-East towards Argentina.

The Valle del Elqui is renowned for three main things: clear skies at night, Gabriela Mistral, and pisco.

The more I enter into the valley, the more charming the villages become. The pisco fields and vineyards surrounded by arid mountains make amazing landscapes. Life seems easy in the valle del Elqui.

It's also one of the top spots on Earth for stargazing, since light pollution is minimal. The mountains hide two international observatories. The campsite I chose is held by a very nice couple of grandparents who own a telescope. Passionate about stars, they hire students in astronomy for sky observation tours at night. Super nice, I spend a few hours watching Saturn rings and star clusters, and learning about the southern hemisphere constellations.

The next morning I leave this green oasis to enter the driest place on Earth, the Atacama desert. One last park to visit at its southern border, the Pan de Azucar.

I heard a lot about National park Pan de Azucar. Nice, but nothing too crazy in the end.

Hitch-hiking has never been as easy as in Northern Chile. The roads are full of trucks who cross the whole country. I basically spend three full days with truck drivers, entering the desperate landscapes of the enormous desert. They're all very nice to me, but the spanish lessons they give are the hardest I've ever had: I knew that chilean spanish was the most difficult to understand in South America, but when it's spoken by truck drivers, it's another story.

And we're right in the definition of "slow travel", sometimes not faster than 50 kph. Still, sharing the tough life and thoughts of these men for a few days is an interesting experience.

Here in Northern Chile, you're buried in the desert with a beer facing you. And a Heineken, please... Never understood why.
28
oct
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Depuis Valparaiso, je continue ma route vers le Nord du Chili avec le désert d'Atacama dans le viseur. Mais c'est pas à côté; rejoindre San Pedro de Atacama depuis Valparaiso ça équivaut à traverser à peu près une fois et demi la France...

En regardant la carte, je tombe sur la réserve de Puquén. Allez, je vais voir: Mais pourquoi personne m'en avait parlé !??

Je plante la tente sur la plage du village de los Molles pour aller voir la réserve le lendemain matin. En plein plat de pâtes, le ciel chilien m'offre le plus beau coucher soleil depuis le début de ce voyage.

Jamais vu autant de rouge dans le ciel et dans l'océan en même temps

À cette époque de l'année, Los Molles est un village fantôme. Personne dans les rues, des maisons vides, et des portes de la réserve closes. Je tombe enfin sur un local à qui je demande ce qui se passe. Il m'explique qu'hors saison, personne ne vit ici, et la réserve est fermée. Et puis il m'amène deux rues plus loin, me montre un muret et me dit "Demain matin tu grimpes ça, tu marches deux bornes, et t'auras le parc gratuit pour toi tout seul". Merci copain, elle me plaît bien ton idée.

J'ai de la chance avec les oiseaux. Cette fois-ci, je monte sur un caillou et les urubus à tête rouge me passent à quelques mètres

Cette réserve est toute petite mais c'est une merveille. En plus des urubus, j'ai droit à des vols de canards en V et de pélicans, des lions de mer qui gueulent par dizaines, des cactus et des fleurs aux couleurs improbables. Ça aurait été bien dommage de pas voir ce petit carré vert sur la carte.

26
oct

The current situation in Chile is impressive. The country is economically powerful, far from poor: it has the second per capita income of South America after Uruguay. But inequalities have strongly increased recently. In some regions, the minimum salary is equivalent to 300 euros per month, and the cost of life is not much lower than in France. Plus, there's no healthcare system, education is ridiculously expensive, and pension funds are extremely low. Most chileans cannot cope with the situation anymore. A recent increase of the price of the metro ticket in Santiago has been the step too much.

"We are the river recovering its course". President Piñera declared the country in a state of war. Chileans didn't find it funny.

Valparaiso, second city of Chile, is known as the intellectual and artistic centre of the country. It gathers 4 universities, and the city itself is a piece of art. It is full of colours and drawings on the walls. Normally it is also full of street animations, concerts, shows, etc, but at the moment the activities are more about demonstrating, burning shops, and disrespecting the curfew.

The city is not really alive, fortunately all the graffitis reveal its real soul. There's a Marseille feeling in here.

One striking specificity of Chile compared to Argentina is the patriotism of its inhabitants. Flags are everywhere in the country, people always preach about the beauty of their country and the sympathy of its people (compared to these weird argentinians...). And it's probably even accentuated by the current situation. In Africa, that was exactly the same with Botswana, way more patriotic than any other country.

The majority of inhabitants of Valparaiso live in "cerros", hills facing the ocean around the city centre. I learnt that some people here are so attached to their cerro that they only know some other cerros by name, but there's no way they can visit them. When they are outside of Valparaiso, they even refer to their cerro before naming their city.

I'm generally not a big fan of cities. But if they could all be open-air museums like here, I'd spend much more time visiting them

President Piñera reacted by asking all his ministers to resign. I thought that was quite a reaction, but I understood from some inhabitants of "Valpo" that it was just a trick: all the ministers got another position in another ministry, so it's basically the musical chairs, without removing any chair...

After three weeks the protest does not falter. No idea where this will lead, but there's one thing all chileans always repeat to me: there's no doubt that things will change, because they have to. No other option.

24
oct
24
oct
Publié le 8 novembre 2019

Pour les 3 derniers jours de vacances de Benoît, on décide d'optimiser le temps et on loue une voiture pour aller visiter la région des volcans au centre du Chili. Dû à sa position aux frontières des plaques de Nazca, Sud-américaine et Antarctique, le pays compte plus de 2000 volcans dont 500 actifs, y'a que l'embarras du choix. On embarque Tom, 21 ans, pisteur dans le 04, toujours la pêche. Parti pour un mois en Amérique du Sud, il y balade finalement depuis sept.

Tom participe à la révolte anti-gouvernement actuelle à sa façon. Sacré Tomy, toujours le mot pour rire.

Quelques centaines de mètres gagnés pour rejoindre la frontière, et on se retrouve les pieds dans la neige. Passés du côté chilien, on retrouve vite les grandes prairies verdoyantes de la Carretera austral, les cascades et, nouveauté, les volcans. On monte au plus vite les lacets du volcan Osorno pour un maté au coucher de soleil face au lac. Tom est dans son élément, le volcan a sa petite station de ski avec deux télésièges.

Invitation à la méditation

Les volcans ici sont des cônes parfaits au sommets enneigés, comme le mont Fuji au Japon. Faut bien avouer qu'ils rendent n'importe quel paysage magique. Leur ascension, particulièrement celle du Villarica, est la grande activité touristique de la région, mais les prix font pas franchement rire. Je patienterai un peu, y'en aura bien d'autres sur ma route.

On prend un but au parc de Huehuerque: trop de neige pour aller en haut. On se contentera de la vue sur le volcan Villarica.

La région a une végétation assez étonnante ; des palmiers en ville, on passe à la forêt bien alpine au bord des lacs de montagne, à la forêt luxuriante au pied des volcans.

Le calme et la beauté des lieux nous donnerait bien envie de rester un peu plus longtemps, mais les tensions que connaît le pays nous obligent à assurer le retour à Santiago pour pas louper l'avion. On profite tous les trois d'un beau dernier barbecue au bord du lac, sous les étoiles, avant de repartir, chacun sur son chemin.

Festival de lenticulaires au parc national de Lanín, encore un coin somptueux.
21
oct

Traveling through Argentina has been a constant pleasure. I cannot say I have seen it all, it's the world's eighth largest country, but all the parts have seen were just mind-blowing. With insane nature, lovely people, great food, great beer, and endearing traditions like mate, tango and gauchos, it makes sense that travellers love it.

Just in one country. That's some diversity

That's been a big change from Africa to South America: travellers. I met maybe 4 or 5 long-term travellers in 5 months in Africa, but here it's basically every day. And incredible amounts of frenchies; in Patagonia you can say "bonjour" when you enter a hostel, no need to speak Spanish. I still can't explain why. No link with origins: two thirds of argentinians have Italian origins, but no Italians arouy, just frenchies.

Alone in nature or within the crowd, there are incredible spots for everyone here

But tourism is a necessity for a country that is facing hard times. Argentina is still playing an important role in the global economic scene, but very far from where it was a century ago, on the top 8 of the wealthiest countries. The country is hardly recovering from the military government and the abuse that went with. Its currency is still extremely unstable. Today, one argentinian out of 3 lives in poverty. During the mandate of president Macri, inflation has raised by 237%. He largely lost the elections on 27 October last week, but most argentinians I've discussed with are still not very optimistic about the future of their country.

17
oct
17
oct

Les zigzags entre Chili et Argentine continuent, mais le passage dans la région des grands lacs sera ma dernière étape argentine. La sortie de la Carretera austral nous mène à El Bolson, ancien paradis des hippies.

Benoît ayant laissé ses genoux à la vuelta al huemul, je me lance en solo dans un trek-trail-marathon à la journée.

Aujourd'hui, la ville a plus grand chose à voir avec la culture hippie. C'est devenu un coin touristique, mais l'ambiance est restée plutôt détente.

Les paysages sont bien differents de ceux du grand Sud, les glaçons ont fondu, les grands pins ont remplacé les steppes et les forêts d'arbres morts, les impressionnants pics de granite ont laissé place à des montagnes bien plus banales. Les randos sont sympas, l'eau est turquoise à souhait, mais rien d'exceptionnel. Forcément, après les Torres del Paine et El Chaltén, je deviens difficile...

"Restent 2 km; Il reste pas grand chose, on t'attend en haut avec des matés"; ou comment motiver un argentin !

Une particularité qui a pas bougé d'un poil dans toutes les régions de l'Argentine que j'ai visitées, c'est la passion, ou l'obsession, ou peut-être même l'addiction pour le maté. C'est, en gros, le thé local, mais bien plus fort. Et au lieu de faire infuser les herbes de maté dans un sachet, on les fait directement tremper dans l'eau chaude, et on boit ça avec une paille qui sert de filtre. Comme tous les trucs addictifs, au début on déteste, trois jours plus tard on lâche pas notre maté de la journée. Les argentins peuvent pas s'en passer, ils conduisent avec, ils font leurs courses avec... Paraît que c'est encore pire au Paraguay, là-bas ils sont quasi sous perfusion. Heureusement que c'est bon pour la santé.

Étape suivante : Lucerne. Euh non pardon, Bariloche...

Si jamais ma bonne vieille Suisse adoptive était venue à me manquer un peu, rien de tel qu'un passage par Bariloche pour me rappeler la maison. Des grands lacs bien bleus, des sommets enneigés, et même des chalets en bois. Manquent plus que les drapeaux helvétiques et la chanteuse de yoddle. Et je suis pas le premier à m'être fait la remarque, un village du coin s'appelle carrément "colonia suiza", la colonie suisse.

En repartant vers la frontière chilienne, on passe par Villa Angostura, et là, plus aucun doute, on est dans une station de ski suisse, bourge comme c'est pas permis, on pourrait presque y retrouver le café à 5 euros. Argh, allez, on s'en va !

Le départ de Bariloche marque aussi la fin de la Patagonie. Un coin dont je rêvais. Je rêve déjà d'y retourner.
13
oct
13
oct

Every region of the word has a word to name the emptiness. Deserted landscapes which are not deserts because they're not dry, but there's just nothing. In Africa, they use the word "bush"; here in South America it's "la pampa". Argentina has incredible amounts of pampa. Between El Chaltén and Bariloche, we skip the pampa by the chilean side, using a road that is famous for its beauty: la carretera austral.

The carretera austral sometimes looks like Canada or the French Pyrenees. Fjords, glaciers, forests, it's stunning all the way.

"9/11" here in Chile does not refer to the attack of the twin towers in 2001, but to the putsch of the dictator Augusto Pinochet against the government of Salvador Allende in 1973. The period of dictatorship, marked by the repression of opponents using fear, imprisonment and torture, is one of the most difficult pages of South American history. In his willingness to recreate a strong sense of national union, the dictator decided the construction of the Carretera austral Presidente Pinochet, linking the isolated South with the rest of the country. More than 10'000 soldiers worked on the most expensive infrastructure project until then. Later, the name of the dictator was logically removed from the one of the road.

The Capillas de marmol, caves digged by the cold lake water in the calcium carbonate, are worth a stop.

Local transport is very scarce in this isolated region; we thus hitch-hike through the beautiful landscapes of the carretera austral, sometimes with quite some difficulty... In the small village of la Junta, in the middle of nowhere, we even end up accepting a "taxi" lift proposed by a policeman, desperate. The good thing is there's only one road here, so if we get into a car, we know we're on the right way. Another good thing is chileans love good old rock!

7
oct

Le champ de glace Sud de Patagonie est la troisième plus grande calotte glaciaire du monde, après l'Antarctique et le Groenland. Le glacier gris aux Torres del Paine était une de ses langues, le Perito Moreno en est une autre. Je récupère enfin Benoît à l'aéroport et on va voir ça de plus près.

On a beau attendre que les glaçons tombent, rien à faire, ça veut pas.

Le Perito Moreno est un monstre pour deux raisons : la hauteur de sa ligne de front, jusqu'à 70 m de glace face à notre nez, et sa vitesse d'écoulement, 2 mètres par jour en son centre. Tout ça crée un vêlage continu et impressionnant, mais encore faut-il être là au bon moment pour voir un pan de mur tomber dans le lac et entendre la détonation qui va avec.

Tout ça est bien beau, mais un peu trop touristique. Retour à El Chaltén pour une balade un peu plus sauvage: la vuelta al Huemul, le tour du mont Huemul.


Benoît se présente. Ici, plus de passerelles touristiques, même plus de ponts, on traverse les rivières en tyrolienne.

Le huemul est un cervidé qui vit uniquement en Patagonie. Il a donné son nom à la montagne du coin, et au trek de 4 jours qui en fait le tour. Les populations de huemul ont été décimées, il en reste bien peu, et on aura malheureusement pas la chance d'en observer. Mais y'a bien d'autres choses à voir : au programme, pour changer : glaçons à volonté.

Montée splendide au paso del viento, le col du vent. Un col sur deux s'appelle comme ça ici, et c'est pas pour rien.

Avant d'arriver au col, je pensais avoir déjà avoir eu ma dose de glaçons de grande ampleur, mais le glacier Viedma, le plus grand d'Argentine et toujours sur le même champ de glace, nous met une nouvelle claque.

Des claques, on en prend en grosses rafales, mais on en prendrait tous les matins, des comme ça.

On n'est qu'à 1400 m au-dessus du niveau de la mer, mais on est bien contents de trouver une cabane pour passer la nuit. La météo annonçait une nuit compliquée, et en effet, au matin, on reprend la marche avec 5 cm de neige, 5 degrés de moins, et un vent de l'enfer.

À midi, on redescend vers la baie des icebergs, pour se réchauffer !

Le passage du col du huemul restera dans notre mémoire un bon moment. On est incapables de suivre le sentier qui monte en zigzag; le vent est tellement fort qu'il attrape notre sac sur le côté et nous déséquilibre. Obligés de monter dru dans le pentu. Mais en tendant les bras, on a largement assez de prise au vent pour avoir un télésiège naturel, sans effort jusqu'au col. Du jamais vu.

La fin de journée est bien plus calme, au bord du lac Viedma

Le trek est bien sauvage, comme on aime, le sentier est loin d'être évident et on croise que deux randonneurs en trois jours. Arrivés au dernier camp à midi, ça caille encore sévère. On a alors le choix entre passer l'après-midi dans le duvet ou enchaîner la quatrième étape. L'appel du ventre nous fera plier les 37 km juste à la tombée de la nuit, pas déçus de trouver des burgers et un matelas au chaud.

2
oct
2
oct
Publié le 13 octobre 2019

After a big hiking highlight in Chile with Torres del Paine, the Mecca of trekking in Argentina is called El Chaltén. This small village was founded in 1985 only, to insure the domination of Argentina over Chile in this region. When you arrive in the village, you wonder why they waited so long to start developing such a spot.

Seems like I'm gonna have enough fun for a few days around here.

El Chaltén is home of the impressive mount Fitz Roy, named after the British explorer. The mountain range is a top-of-the-list dream for high-level alpinists, and a world-class destination for hikers.

In the village, I meet Ayoub, a morrocan guy who just started his trip over South America. Super funny and super motivated for hiking, I found my hiking partner. His story reminds me how easy it is to travel when you're European... On the way to the Mirador of the Fitz Roy, we join Alicia a Carla, two friends from Spain and France who are also crossing South America. We'll go for the Lago de los très together, the best viewpoint of the Fitz Roy.

Once again the landscapes are unreal. And the team of the day is awesome.

In the evening, Ayoub, Alicia and Carla reach the road for a late hitch-hike to El Chaltén, and I pitch my tent for a cold night. In the next morning, we meet again at the Lago Torre, another insane viewpoint.

Same again: sharp peaks, big glaciers and frozen lakes. But it always seems more and more impressive.

It's quite impressive how easy it is to reach the viewpoints to those massive peaks here. But I quickly get the info that a four days trek can be done starting from El Chaltén. And a pretty wild one. Yihaaa!

25
sept

La Patagonie a une réputation bien connue pour sa météo, parmi les plus hostiles de la planète. Le vent est ici l'ennemi numéro 1. En passant par Punta Arenas, côté chilien, j'apprends qu'en cas de prévisions de forts vents, les autorités installent des cordes entre tous les lampadaires de la ville, simplement pour aider les gens à ne pas s'envoler.

Deuxième danger auquel j'avais pas pensé : le soleil austral. On est en plein sous le trou de la couche d'ozone. Je tombe régulièrement sur des panneaux qui indiquent le risque d'exposition aux UV.

Si j'ai basculé du côté chilien, c'est parce que l'Argentine est "coupée en deux", la Terre de Feu étant séparée du reste du pays par un bout de Chili. Signe des tensions passées entre les deux pays, parfois encore bien présentes dans le discours des gens. Mais si je décide de rester un peu au Chili, c'est pour une raison bien précise: le parc des Torres del Paine, que j'avais dans le viseur depuis un moment.

Premier jour de rando, et elles sont là, les tours. Ça s'annonce sympa, cette Patagonie.

J'ai repéré une fenêtre météo de 3 jours avec soleil et vent faible, je m'y jette dessus pour un trek dans le parc, le trek W. Son nom vient de sa forme vue sur une carte, trois branches, avec chacune sa merveille: les fameuses tours à l'est, la vallée du français au centre, et le glacier gris à l'ouest. Comme je sais que j'ai 3 jours de beau, je prévois un jour dans chaque branche.

Et même entre les branches, c'est beau. Ici les "cuernos", les cornes bicolores du Paine.

Le W est un des treks les plus fréquentés d'Amérique du Sud. Certains récits que je lis sur les forums font bien peur, les sentiers deviennent des autoroutes en été, il y a même des files d'attente au points de vue. Je suis bien content d'être là aux premiers jours du printemps, même si les soirées et les nuits sont bien fraîches.

Tempête de beau temps dans la magnifique vallée du français. Avec visite d'ovnis et monstres avalanches en cadeau.

Je croise pas un chat, ou plutôt pas un puma sur les sentiers. Quand même quelques mordus: David, un français, vient de traverser le salar d'Uyuni en Bolivie, 450 km à pied en 15 jours avec son chariot. Un couple d'anglais, qui fait tout en courant, s'est lancé dans le "O", une boucle de 9 jours, mais bouclée en 4. Costauds.

Dernière branche : le glacier gris. Non vraiment, c'est un joli coin...

La diversité des paysages de ce trek en fait largement le plus beau que j'ai pu parcourir jusqu'ici. Marcher en nature dans des paysages comme ça, c'est quand même le bonheur total.

Seule ombre au tableau : qui dit trek ultra-connu dit trek ultra-cher. Les campings sont à des prix d'hôtels. À la fin du trek, le retour à l'arrêt de bus se fait normalement en catamaran sur le lac, mais à 35 euros la demi-heure de bateau, et 15 euros le bus. Non merci ! Parti pour 20 bornes de plus et une heure de stop. Juste à temps pour un gros repas bien calorique et je me remets déjà à rêver en regardant ce que la Patagonie me garde encore sous le coude.

20
sept
20
sept
Publié le 5 octobre 2019

After three weeks in the north of Argentina, I fly to Ushuaia, the "end of the world" to meet Benoit. I'm a bit late to go by bus, because distances here are not like in Europe: it's 3'500 km from Iguazú to Ushuaia (the same country, though!), basically the same distance from Geneva to the border of Iran... Unfortunately, I get the news that Benoit just had his passport stolen, so I'll have more time than expected to discover "the end of the world" before he gets a new one.


That's quite a different landscape.... Pretty cold for a place called Tierra del Fuego !

After the desert of the northwest, the jungle of the northeast, Argentina offers me a new type of landscape in its southernmost part. It's still winter, and most of the visitors I meet came for skiing. My equipment is not really adapted to the conditions, but still, I try to go for a few hikes before heading north.

Like in every single hike I've done in Argentina so far, a few dogs decide to join me and become my guides.

Ushuaia is famous for (almost) being the southernmost city in the world, but there's not much to see here. The city is ugly, expensive, and the landscapes are for sure not the most exciting Patagonia has to offer. A few lakes and glaciers could be interesting but it's not really the right season for that.

New bullet points in the long list of massacred tribes: the Selknam, the Haush, the Yámana...

The Yámana were the first inhabitants of the Tierra del Fuego, they arrived around 6000 years ago. They were mostly using boats, made of bark of wood, to move and fish, seal fur to build shelters and animal fat to protect against cold.

When the sailor Robert FitzRoy arrived for his second voyage in 1831, he thought his buddy, the young naturalist Charles Darwin, could be interested to meet the Yámana. Not yet clear about evolution, Darwin thought he had found the missing link between apes and men. Fortunately he got much brighter ideas later... FitzRoy didn't care much about evolution, but he found the Yámana not Christian enough. He thus decided to take 4 of them to the UK, make them both "civilised" and perfect Christians, before bringing them back 3 years later so that they could disseminate their new religion to their tribe. Even smarter than the Jesuits!

"Hey Charles, I'll take this one, what do you think??"

Unfortunately, when FitzRoy came back again to check how Christian the Yámana had become, he quickly realised they had not changed anything to their own beliefs and habits. The 4 former captives had even removed their European clothes, telling their former captor they had no wish to whatsoever change their way of life!

In 1865, FitzRoy committed suicide. He had had time to bring enough diseases and gunshots to the Yámana to kill them all.


Leaving the Island of Tierra del Fuego has to be done by boat, and for free thanks to the nice driver of this truck.

In the morning of the third day in Ushuaia, I wake up in a city covered with 5 cm of snow. Time to leave. I reach the only road that exits the city, where I meet two hitch-hikers. On their cardboard sign: Laguna Esméralda, 10 km. On mine: Canada, 10'000 km!

Joel, you can put the pizzas in the oven, I'm coming.

16
sept

Certains devaient bien se douter de ma prochaine étape en voyant où menait mon trajet : les fameuses chutes d'Iguazú, "Grandes eaux" en guarani, à la frontière entre l'Argentine et le Brésil. Après les chutes Victoria en Zambie/Zimbabwe, qui m'avaient déjà parues énormes, je suis impatient de voir à quoi ressemblent les plus belles chutes de la planète, d'après ce qu'on en dit.

Fallait s'y attendre, ça chute dans tous les sens. Et encore, on peut pas voir le mur d'eau en entier...

Le parc national des Cataratas d'Iguazú a la particularité d'être situé en pleine jungle, ce qui donne tout autant d'intérêt à ses chutes qu'à sa faune, qui offre un spectacle ininterrompu.

En s'éloignant un peu de la foule, si on reste immobile quelques minutes, c'est le festival des papillons, et de leurs beaux yeux

Plus j'avance dans ce voyage, plus je suis fasciné par les volants, principalement oiseaux et papillons. Les formes, les couleurs et les bruits qu'ils montrent toujours avec grande discrétion me semblent les plus incroyables du règne animal. Entre les wydahs, les flamands, les vautours, les turacos, les condors, les autruches, les cormorans... sacrée variété.

Certes, j'ai fait des bornes, mais j'y ai passé qu'une seule journée dans ce parc !

À 11 heures, la foule commence à se faire envahissante, alors je fuis sur un sentier de 7 km qui mène à une petite cascade. Quasiment plus personne. En chemin, je tombe sur un photographe en action, tout fou, il semble heureux comme un gosse et me fait signe d'approcher en faisant le moins de bruit possible.

On passe là tous les trois, le photographe, le toucan et moi, un moment incroyable. Cet oiseau nous offre un cadeau inimaginable.

Moi qui pensais avoir eu ma dose d'animaux en Afrique, l'émerveillement est en fait sans fin. Mais revenons en aux chutes, on les oublierait presque. La force qu'elles dégagent nous rappelle vite pourquoi on est venu.

Aussi incroyable que ça puisse paraître, les chutes d'Iguazú peuvent s'assécher presque complètement en cas de grosse sécheresse sur le continent. C'était le cas en 1978: la chute principale ressemblait à un filet d'eau qui pouvait se descendre en rappel. À l'inverse, en 2014, le débit est passé de 1'700 à 39'000 m3/s. Il a fallu dire au revoir aux passerelles touristiques...

Le débit, bien plus gros qu'aux chutes Victoria, est tout de même plutôt bas à la période de ma visite.

Visiter un site ultra-touristique comme celui-là me laisse des sentiments partagés, entre émerveillement total et déprime : autant j'ai la certitude d'avoir vu un des plus beaux endroits du monde, autant j'en ressors avec bien peu d'espoir quant au sort de l'humanité. Entre les bousculades et les cris pour pouvoir faire sa photo au meilleur endroit, le festival de perches à selfie en jetant à peine un coup d'œil au paysage, les gens qui donnent des biscuits aux animaux comme si c'était des hamsters dans le salon, ceux qui jettent un caillou à côté d'un crocodile pour le faire bouger... La différence entre le calme et la beauté des espèces qu'on observe et la stupidité de la nôtre est criante.

Face à la force ahurissante des chutes, je me dis que pour une fois, on doit pas pouvoir leur faire beaucoup de mal. Et ben si, perdu. La cascade des sept chutes, qui était toute aussi grandiose que les chutes d'Iguazú, n'existe plus depuis 1982 et la construction de l'immense barrage d'Itaipu, côté paraguayen. Et Iguazú souffre aussi : à cause de la déforestation sans limites, surtout au Brésil, des pans de terre qui autrefois s'accrochaient aux racines sont aujourd'hui emportés par la rivière, ce qui opacifie l'eau. Les chutes, aujourd'hui couleur ocre, étaient translucides comme une cascade des Alpes il y a 40 ans. Évidemment, les poissons n'y voient plus rien, ne peuvent plus chasser, et meurent. Les oiseaux qui s'en nourrissaient meurent aussi. En fait, tout l'écosystème meurt. J'ai l'impression de radoter avec les destructions, les invasions, les génocides, mais à chaque fois que je visite un nouveau coin, j'ai droit à un nouvel exemple de la facilité avec laquelle on a tout bousillé.

Et puis, en fin de journée, le bouquet final, la cerise, la Gargantua del diablo, la gorge du diable. Ouch !

J'attends la toute dernière heure d'ouverture du parc pour aller au point de vue le plus connu, et de loin le plus impressionnant : la gorge du diable. Des passerelles ont été construites sur un bon kilomètre pour pouvoir être au plus près de ce monstre, une cuvette, un U, dans lequel se jette une quantité d'eau phénoménale. Quelques cailloux dépassent difficilement, mais l'eau prend le dessus partout. J'en ai des frissons dans le dos, même aux chutes Victoria j'étais pas tombé sur un truc comme ça. Je m'efforce à en prendre une photographie mentale, mais c'est bien difficile. Faire demi-tour et partir l'est encore plus.

12
sept
12
sept
Publié le 25 septembre 2019

One thing that hasn't changed from Southern Africa to South America is the two big topics, the two hobbies, the two life goals: religion and soccer. These two topics have come in at least half of the conversations I've had since I started traveling. Unluckily, I'm pretty bad with both of them. If you don't believe in God and you don't particularly like football, you're a kind of alien sent from another galaxy. But I still enjoy entering endless and absolutely useless debates on these topics

Felipe insists for a detour to show me the basilica of his village, before joining his 12 sisters and brothers (!) for a dinner.

One big advantage of visiting a country where road safety does exist is I can take night buses. Gaining 700 km while sleeping and saving a camping night is helpful. In the bus on the way to the Jesuit missions of the Guaranis, I get another example of how seriously religion is taken here. In the middle of the night, our bus has to slow down because hundreds of pilgrims are walking to Salta, 250 km away, for a celebration which takes place in 5 days. And they're of course carrying huge crosses, behind a truck with loudspeakers that repeatedly shout how great our lord is. Impressive.

The problem with ruins is they're generally pretty ruined. Here, nature largely took over.

A night sleeping in a bus an when I wake up, it's a new climate: +15°C, +50% humidity. I passed from desert to jungle.

The Jesuits arrived in Brazil, Paraguay and Argentina in the 16th century, with the goal to evanvelize the Guarani people. They created communities where 2 priests would live together with families in several sites called missions, among which 15 were in Argentina. The Guaranis found in these missions a protection against the bandeirantes, slavers from Brazil. Even though they had to accept to learn Christianity, modify their culture and leave home, they were free in the missions. And this situation lasted 200 years. Depending on which version of history you want to believe, everyone was more or less happy with that deal. But the fact that several revolts occurred against the Jesuits gives some different indication than what the official of history tells.

The mission of San Ignacio Mini looks better conserved, but it's been renovated.

80'000 Guaranis still live in South America today, but to sum up quickly, it's far from paradise for them. A 2014 study has shown that the Guarani-kaiowá, one of their tribes in Brazil, has the highest suicide rate on Earth. This is because they were evicted from their lands turned into livestock farms and sugar cane plantations. Needless to say, the legitimation of hatred against natives by Jair Bolsonaro, himself a Christian, hasn't helped much.

8
sept
8
sept
Publié le 22 septembre 2019

J'ai toujours bêtement pensé qu'il existait une seule langue espagnole, exactement la même parlée en Espagne et en Amérique hispanophone. Évidemment non, chaque pays, et même chaque région, a ses spécificités. En Argentine, le son "y" devient "ch". Pour me présenter, "yo me llamo" devient donc "cho me chamo". Déjà pas simple, mais en plus, dans la région de La Rioja, sur ma route vers le nord, un "r" seul devient une sorte de "gi". "Hola Daniél, cho me chamo Giaúl", et ok, c'est bon, je commence à plus rien comprendre.

Encore une fois, je tombe sur des paysages affolants: les quebradas. J'ai du mal à y croire. On dirait une grotte à ciel ouvert.

Mon choix de partir visiter le nord de l'Argentine était en partie dû aux quebradas ("cassées", en traduction littérale). J'avais lu que ça valait le coup, mais j'en savais pas beaucoup plus. Je commence par les quebradas de las conchas, cassée des coquilles, me demandez pas l'explication. En tout cas, une fois arrêté sur la route qui serpente cette vallée, et après une grosse demi-heure de marche, c'est une évidence, j'ai bien fait de venir. Je suis tout seul aux milieux de paysages irréels.

10 km plus loin. Nouvelle rando, nouvelles merveilles.

L'avantage, c'est qu'ici, pas de dinosaures, donc pas de parc, donc pas de guide, pas de touristes. La balade en nature comme j'aime. À chaque point de vue, j'en prends plein les mirettes. J'ai l'impression que Tolkien, ou Peter Jackson, sont venus se balader ici pour trouver l'inspiration : les châteaux du Seigneur des anneaux sont là, y'avait qu'à les recopier.

Le lendemain, évidemment, j'en redemande, et je suis plus que servi, c'est même buffet à volonté de quebradas.

Après la quebrada de las señoritas, toute aussi délirante, je continue encore plus au Nord jusqu'à la province de Jujuy, à deux pas de la Bolivie. La quebrada de Humahuaca est la dernière sur la liste. Les petits villages le long de la vallée ont gardé leurs style traditionnel, les gens qui m'amènent voir ces merveilles sont tous plus sympas les uns que les autres, et leurs empanadas sont paraît-il les meilleures du pays, je veux bien le croire. Cette quebrada est sûrement la plus connue, car elle cache la montagne Hornocal, aussi appelée montagne des 14 couleurs. Le village d'Humahuaca est déjà à une altitude bien andine : 3000m; le point de vue sur sa montagne multicolore est encore 1300m au-dessus, mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'encore une fois, ça vaut le détour.

La variété d'environnements dans lesquels les sédiments se sont déposés explique la variaté de couleur des roches.

Le parc d'ischigualasto était un paradis des paléontologues, ici c'est un paradis des géologues, et des photographes...

En jetant un œil aux paysages des autres coins qui m'attendent dans ce pays, j'en salive à l'avance. Et pourtant je suis déjà plus que comblé ; l'Argentine, je connais à peine, mais je valide déjà !

4
sept

Argentina's economy has been unstable for decades, and the value of its money has largely fluctuated. This is the only country in the world where you cannot withdraw cash at ATMs without paying big taxes. Because it was not complicated enough, I arrived in the country right after a very important crisis, with a huge drop of the peso value. This causes the same scenes I saw in Zimbabwe (although the situation is way more difficult in Zim): people queuing for hours in front of ATMs that are often empty. For me, this is an advantage, my last US dollars have a super high changing rate, but also a drawback, I need to save cash as much as possible because the banks charge even more than before, they would easily take more than 10-15% of what I withdraw...

This gives one more reason for hitch-hiking, since the transports, which rarely accept credit cards in remote places, are way more expensive than in Africa. Strange thing is that the opposite applies to accomodation: you easily find a camping for 2-3€, whereas in Africa it was tough to pitch a tent for less than 8.

The northwestern part of Argentina is famous for its wine (mostly in Mendoza, San Juan, but winter is not the best season for that) and for its rock formations. I start with Ischigualasto national park, lost in the middle of the desert.

Yes, they happen to fall sometimes. Seems legit

Because it's in the middle of the desert, by definition, it's remote. Should have thought about it before trying to cross the valle fértil to reach it. I don't know what this valley is fertile for, but apparently not for hitch-hiking. Only 75km away from the park in San Agustin de valle fértil, after 2 hours waiting for a car to stop, I give up and decide to catch the bus, but too bad, there's none. Tourism agencies are way too expensive. Back to the side of the road. One hour later someone finally stops and bring me to Usno, 10 km further...

There's a small celebration for the inauguration of a new road in the village which I watch from far, I don't want to let a car pass. But nothing. I probably look so desperate that the locals invite me to the lunch they organise at the end of the celebration. These empanadas are delicious. And when luck strikes, it generally continues. One guy heard that the college of the village plans a tour in the national park before sunset. I go and ask: bingo, they can bring me (+ a second round of empanadas). In the bus I get thousands questions from the teenagers: why the hell do you carry this heavy bag for so long, why the hell did you beat us at the last world cup, and why the hell don't you have tattoos.

At the entrance of the park, I ask one teacher if I should pay something. And my chance continues "just say you are the French teacher", with a wink. Crazy. But no, that would too lucky, there's always someone to bring you back to reality. Another teacher, or probably the director, tells me I need to ask the park guide if I can go with the school. Of course, I can't. I am forced to wait for the next morning to join another group of tourists. That bastard.

Des dinosaures datant du Trias ont été découverts ici. Ça devait s'envoyer des sacrées parties de pétanque, pendant le Trias.

The national park gives a strong feeling of being on the moon. Among the most surprising formations, rock towers with unbelievable shapes, and round rocks which reminded me of the ones I saw in Spitzkoppe, Namibia. By the time they were formed, there was no Atlantic ocean and Namibia was just a few hundred kilometres away... Could be something.

Only (big) issue when visiting Ischigualasto is it can only be done by car, following a guide. And that's for a reason: the park is not particularly famous for tourists or geology lovers, but it is for paleontologists. Some of the oldest fossils of dinosaurs have been discovered here, around 230 million years old. This was just when dinosaurs had started dominating mammals (or proto-mammals, some kind of reptiles with mammal properties) and the old version of crocodiles. Erosion constantly brings new fossils to the surface, so it's basically Disneyland for paleontologists. So there's no way you can go for a hike by yourself in here.

I can imagine the feeling when your whole life is dedicated to dinosaurs, and you find this guy, one of the oldest ever found.
1
sept
1
sept
Publié le 18 septembre 2019

Une chose que j'ai pas mentionnée sur mes cinq mois en Afrique, c'est mon étonnement de voir à quel point tout s'est déroulé sans accroc. Pas une seule galère. Pas une seule agression, même verbale. Une seule tourista, et encore largement de ma faute, mais pas de maladie. Le pire truc qui me soit arrivé, c'est un p*t**n de chien qui a mis un coup de canine dans la toile de ma belle tente. Y'a quand même plus grave. Et encore, le gérant du camping était près à me la rembourser...

C'était presque trop facile. J'ai donc décidé de corser un peu la chose pour traverser l'Atlantique. Puisque j'avais le temps et la motivation, je me suis lancé le challenge de le faire en stop. Et pourquoi pas. Le plus "courant" chez les voyageurs au long cours, c'est le voilier-stop. En gros, aller au port, et demander aux propriétaires de voilier si on peut embarquer avec eux. Un océan à la voile, l'idée me tentait bien, mais un rapide coup d'œil à l'histogramme des tempêtes en Atlantique Sud m'a vite calmé: le pic est en Septembre, et l'immense majorité des marins attendant Décembre. Les cargos, c'est moins sympa, et surtout ultra sécurisé donc impossible en stop. Restait donc: l'avion-stop. Évidemment. Je suis pas le premier à y avoir pensé, certains ont réussi, clairement pas des centaines. Du coup je me lance, le jour du départ de Lucile, je reste à l'aéroport, je me renseigne sur le chemin qu'empruntent les (riches) propriétaires d'avions, et j'attends comme un pêcheur sur sa barque. Quand on me demande ce que je fais là, forcément, y'a des sourcils qui se lèvent, mais malgré ça beaucoup se mettent à m'aider. Et ça va vite, grâce au mec dont le collègue a un supérieur qui a un pote qui bosse dans la tour de contrôle de l'aéroport, en moins de 48h je suis au téléphone avec lui, et il m'assure qu'il me tiendra au courant de chaque avion privé qui passera, pour que j'aille gentiment demander si y'a pas une place libre pour moi. Le moral est au top, mais pas pour longtemps ; le lendemain, le chef de la tour vient me voir, j'en profite pour lui demander à quelle fréquence il voit des avions privés partir vers l'Amérique. Depuis un an qu'il bosse là, il en a vu qu'un seul, vers les USA. Dur. Il m'assure que j'aurais bien plus de chances depuis Johannesburg, mais pour avoir visité la ville, je préfère pas errer une semaine dans l'aéroport. Tant pis, on plie. J'ai perdu une bataille, certes, mais pas la guerre, je retenterai !

Direction donc, l'Amérique du Sud. Et on the (high) road again

J'avais prévu de partir directement vers la fameuse Patagonie, dont je rêve depuis un moment, mais j'attends Benoît qui m'y rejoindra à la fin du mois. C'est en fait bien mieux, on est encore en plein hiver, et attendre le début du printemps patagon semble être une idée raisonnable...

Depuis Santiago du Chili, je décide donc de partir visiter le nord de l'Argentine. J'ai le temps pour l'auto-stop, qui marche quand même bien mieux que l'avion-stop, faut l'avouer, et qui me permet de me mettre aux cours on ne peut plus intensifs d'espagnol, langue à laquelle j'ai plus touché depuis le bac.

L'arrivée à Santiago est un sacré changement : j'ai l'impression d'être rentré en Europe. Des décorations, des monuments, des sculptures, un métro, de la bonne bouffe, de la bonne bière (!), j'avais plus vu ça depuis un moment. Le passage de la frontière Argentine se fait à plus de 3500m d'altitude dans les Andes, a côté d'une petite station de ski. Et puis, dans les villages, je retrouve vite des points communs avec l'Afrique. "On a eu très peu de précipitations cet hiver, c'est de plus en plus sec, et l'eau des montagnes est inutilisable car trop polluée par les mines". Puis des voitures peut-être encore plus vieilles qu'en Afrique ("J'avais freiné pour te prendre en stop, mais comme il me faut 300m pour arrêter la voiture, tu m'as pas vu !"), et des campings tout aussi mal entretenus. Et encore une fois, des gens charmants, intéressés et intéressants.

Le pont de l'Inca et ses eaux pleines de soufre sont pas bien loin de l'Aconcagua, plus haut sommet hors chaîne Himalayenne

Lorsque j'avais choisi mon prénom d'emprunt en Afrique pour éviter de perdre 10 minutes de "whaaat?" à chaque conversation, j'avais pas réfléchi bien longtemps : le "J" de Jim est évidemment imprononçable pour un hispanophone. J'en choisis donc un nouveau : Daniél, celui de mon grand-père. Quand on a le luxe de pouvoir choisir son prénom, autant prendre celui de quelqu'un qu'on admire !

28
août
28
août
Publié le 15 septembre 2019

The day before I leave Africa, I meet Benedict, a PhD student from Germany, who is just starting his holidays in Namibia. He's fond of history, and that's what he's studying, so he wants to see all 4 museums of Windhoek. In the evening I ask him if he enjoyed, and he seems desperate: "one was ok, one had zero explanation, one was closed with no re-opening date, and the last one... was totally dark because they had not enough money to change the light bulbs". TIA, as people always say, for This Is Africa. Which means: a problem is never a problem, and there's no need to rush. Or "If you can fix it, fix it, if you can't, just live with it". Next time, Benedict will take his headlamp to visit museums...

This way of thinking, this lifestyle is completely different from what I was used to. Another planet compared to our forever-stressed western societies. To be honest, I'm not sure if I could live in a country where printing a paper in a shop takes 30 minutes. I'd probably go crazy at some point. But when traveling with all the time in the world, I just loved it. No matter if this or this didn't go as planned today, let's watch the bush TV, i.e. let's light a bush fire, chat a bit, and tomorrow will be better.

Some landscapes will stay in my mind for a while...

Another delightful point of the southern African culture (except for South Africa) is how people care for each other. There's probably much more solidarity when life is tough for everyone, it somehow makes sense. The ubiquitous "how are you?", unavoidable whether you start a conversation with a street vendor, a policeman or a diplomat, is the most obvious sign of this solidarity, and it's extremely pleasant. There's no way you can ask for something to a person before you're sure he's fine. That's unfortunately the main mistake made by tourists who are not aware of this custom.

The time I spent with kids always felt like a privilege. I spent hours playing with them during transports in minibuses.

The most impressive thing I whitnessed about southern african people is their faculty to endure difficulty and pain, both physical and psychological. Women descending mountains with insane weight on the head, people silently waiting for the minibus to start when the temperature is unbearable, or walking dozens of kilometres, even at night, to return to their village. Also, people living in terrible poverty but who still manage to be full of hope and bravery. This incredible resilience is a force but probably also a weakness, since it might partially explain why so many dictators could rule countries for so long.

The history of these countries is always super sad, and it's undeniable that Europeans have played the worst role. Of course African tribes were fighting before the arrival of the Europeans, like any other people on the planet, but it had nothing to compare with the genocides and the slavery that came with the settlers. Today, even if violence has stopped, it is incredibly sad to see how southern Africa is ruled by all but Africans. Talking of modern slavery is probably a bit exaggerated, but understandable. And even if 200 years of abuse were already enough, there's more annoyances to come: the African nations now have to face climate change, caused by Western countries. After I left Tanzania, there's not a single place I've been to where I haven't heard of "worst droughts", "hasn't rained since...", "another heat wave", "there was a river here but..." I'm not saying one should feel responsible today for what happened decades ago, but I think there's not much to be proud of concerning our European history and the treatments given by our ancestors to the rest of the world.

Africa doesn't have much art, or architecture, that's for sure. But its fauna has amazing substitutes.

Learning so much everyday makes traveling a fabulous experience. For sure there would be too much to say on too many topics. I never talked about nightlife, for example: African clubs are an experience... in case you doubted white people can't dance. Another example, languages. I discovered 'Englishi' in Tanzania/Malawi ("The elephanti, they need a lot of foodi" !), surprising afro-portuguese in Mozambique, the hilarious "eiiish" (or longer) in Zimbabwe/ Botswana/South Africa, which Lucile and I are now using regularly, and the unbelievable clicks in South Africa/Namibia (4 different noises made by slamming the tongue, right in the middle of sentences!).


Ça s'appelle serpenter l'Afrique australe... J'aurais voulu le faire exprès, j'aurai pas réussi.

In brief, Southern Africa was just awesome, I'm glad I decided to start my trip with this region (and I'm also glad I came here in winter!!). But now it's over, there's some more to discover...

24
août
24
août
Publié le 13 septembre 2019

L'activité minière et diamantaire est la principale activité économique de la Namibie, et pourtant, seuls 2% des namibiens bossent dans ce secteur. C'est une stat qui résume bien l'histoire et la situation actuelle du pays: ça a rarement été simple, et ça a rarement profité aux habitants. C'est un des pays africains qui s'en sort le mieux au niveau économique, et pourtant la plupart des habitants vit dans la pauvreté.

Certains problèmes que le voisin Botswanien semble être en voie de régler, comme les désastres dus aux MST, la difficulté d'accès à l'éducation, ou même le braconnage, sont encore largement d'actualité en Namibie. En plus de tout ça, les croyances et traditions d'un autre temps sont encore bien présentes, ce qui complique bien des situations, principalement pour les femmes et surtout les plus jeunes, qui n'ont que peu de choix pour leur avenir.

Dans un pays qui fait face à tant de soucis, la nature, pour le moins sauvage et omniprésente, offre une vraie bouffée d'oxygène

Heureusement, le tourisme est florissant et se développe d'année en année, mais à quel prix... Les nappes phréatiques ne suffiront pas longtemps à remplir les piscines des campings en plein désert. Et le tourisme ne semble pas vraiment profiter aux locaux: le pays est tellement vide et sec qu'il est quasiment impossible de le visiter sans un 4x4, et il n'y a pas énormément d'options pour les campings. Du coup tous les touristes font à peu près le même trajet, et les files de 4x4 qui passent devant des enfants qui mendient aux intersections d'immenses routes perdues au milieu de nulle part font bien mal au cœur.

Il faut bien avouer que quand on essaie de sortir des sentiers battus, la situation se complique de manière exponentielle. Le lendemain du départ des copains, Lucile et moi tentons d'aller voir les célébrations annuelles de la tribu Herero, an nord de la capitale, sur un long weekend avec lundi férié. On aura beau demander à une vingtaine de personnes la question a priori simple "c'est où et quand ?", on obtiendra pas deux fois la même réponse. "Oui c'est à Okahandja, et la grosse journée c'est lundi" "Ah non non, faut venir dimanche, lundi on range tout" "oui plutôt dimanche, mais à 100 km au nord d'Okahandja" "ah non, aujourd'hui c'est pas des célébrations, seulement un enterrement, y'a rien à voir" jusqu'à la cerise: "ah non c'était hier, mais deux sous-tribus en sont venues aux mains, valait mieux pas être là". Ok, on jette l'éponge. Heureusement les namibiens sont vraiment sympas, blagueurs, voire taquins, et l'incompréhension a au moins le mérite de se passer dans la bonne humeur...

Le majestueux oryx, plus qu'un emblème, c'est presque un drapeau à lui tout seul

Je retiendrai évidemment de la Namibie un sacré road trip entre potes, du lever de lune de Spitzkoppe à la descente express de dunes, en passant par le barbecue-chapati digne d'un resto 4 étoiles et l'inoubliable "oh putain" d'Alex qui se fait réveiller par la trompe d'un éléphant...

21
août
21
août

What a better plan than a last goodbye to the amazing animals of Africa before leaving the continent. Etosha is the best spot for that: with the Kruger in South Africa, it offers the largest concentration of wildlife in the world. Spotting springboks, zebras, kudus, oryx, giraffes and jacals at the same time doesn't even feel like an exception.

These guys are all insanely interesting and beautiful. After 3 days in a park you have enough, but I'll for sure miss them.

There are basically two options to try to spot animals: either you go for them, or you wait for them. In the car it can be a bit frustrating to drive without seeing much, but you can easily get the surprise of zigzagging through a herd of zebras, spot a few lions running or a giraffe who didn't wait for the green light to cross the road. For the other option, all campsites have a water hole on one side, and benches behind fences surrounding it. This gives rather funny scenes: at sunset, 100+ people silently wait for animals to come and drink. Feels like being in an open air cinema, but the movie never ends!

Make love, or war, or both. Or just make what you want

Big cats are the most difficult animals to spot. Etosha has the largest population of cheetahs in the world, but impossible to spot one. Leopards are nocturnal animals, so if you wanna have the chance to spot one, you have to become a nocturnal animal.

At 3 a.m., every moving branch is a leopard, at least in your mind. Good thing is you learn a lot about the psychology of rhinos.

The individuals of all species generally stick together, and they keep their (sometimes short) distances with other species. So each species has its turn to go drinking in the water hole. But it works differently for rhinos. When two adults meet, they enter a weird parade of confrontation, without really fighting, but trying to scare each other, even shouting insanely loud. Unfortunately, this can last for hours. And you're sitting there, hoping for them to finally fight or finally get away to potentially leave the spots to leopards. But no way, they're always more patient than you. At least we could watch the long version of rhinos' life drama movie.

17
août

Comme partout en Afrique australe, l'anglais est très largement répandu en Namibie. En comptant les langues et dialectes locaux propres à chaque tribu, la plupart des namibiens parlent au moins trois langues. Pour un voyageur maîtrisant l'anglais, la communication ne devrait pas être un problème. Sauf que si, c'est bien la galère.

Comme les Mulanje au Malawi, le Spitzkoppe est un inselberg; en clair, un gros caillou posé au milieu des plaines. Les tentes à peine plantées entre de beaux blocs rocheux, les grimpeurs parmi nous commencent à bouillir : ce beau granite offre des voies de partout, de niveau facile à écureuil-tête-en-bas.

Chacun son mur, chacun sa technique. Y'à qu'à s'inspirer de la nature...

Après avoir tous atteint le sommet de nos rêves, ou presque, on part à l'autre bout du massif (c'est pas bien grand) pour une balade du soir. Ici aussi, les portions de rocher protégées de la pluie cachent de vieilles peintures. Mais le plus impressionnant, c'est bien ces enormes blocs arrondis qui trônent là dans un bel équilibre.

L'action du vent, qui érode préférentiellement le bas du bloc, et celle de la pluie et des minéraux, qui en érodent le haut en le pelant par couches successives, comme un oignon, expliquent la formation de ces rochers équilibristes.

Face à l'est, on loupe le coucher du soleil, mais on se rattrape largement avec un lever de lune inoubliable.

Depuis notre campement, le sommet du Spitzkoppe a l'air bien inatteignable pour qui ne sait pas grimper 400m dans du 7. On part demander des infos sur la rando qui mène au sommet. Et comme souvent, c'est là que ça se complique. "Et ben, y'a un sentier, vous suivez les signes". Facile. Sauf que non, le lendemain matin, y'a quelques cairns, on bartasse un peu, on cherche, mais y'a rien qui mène au sommet. Échec.

Le soir, au petit resto du camp, je demande si on peut avoir 7 burgers-frites pour prendre des forces avant une deuxième tentative. "Euh, pour la clé, Jacob est allé chercher des gens qui ont pas payé le camping, vous pouvez attendre ici, mais c'est pas sûr". Grosse incompréhension. Lucile s'en sort mieux que moi, elle comprend que les pains des burgers sont dans le congélateur fermé à clé, et que tant que Jacob, qui a la clé, est pas revenu de sa chasse au fraudeur, on n'aura pas de burgers. À situation compliquée, communication compliquée. Paraît-il que les premières scènes de 2001: l'Odyssée de l'Espace ont été tournées ici. Ça se tient, on a autant de mal à converser avec les locaux que Dave avec HAL9000.

On se dit que si Jacob a la clé des burgers, il doit bien avoir des infos sur le sommet. "Vous partez de l'emplacement 10, et vous suivez jusqu'en haut, pas besoin de matériel".

On est d'accord, ça passe sans matériel, mais faut y aller mollo...

Au final, la grimpette (qui mène presque au sommet...) est bien sympa, mais tout de même pas simple à trouver et bien aérienne. Tout ce qu'il nous faut pour s'amuser, mais on a bien du mal à comprendre comment Jacob et son équipe y envoient les touristes comme si c'était une balade au bord du lac !

13
août
13
août
Publié le 30 août 2019

The Namibian winter climate is rather surprising. The inland is always very hot (even though temperatures drop at night) but the coastal regions are much colder. There's always a freezing wind coming from the ocean. Not very nice for us, but cold water and cold air are exactly what seals like.

I was not expecting to go canoeing in the middle of the seals in Africa... In fact they are incredibly numerous.

Walvis bay seems to be a big village but it's the second city of Namibia. Strange atmosphere: very few people, an American-style urbanisation, plenty of empty houses, and a thick fog every morning. A few minutes drive surrounded by flamingoes and we jump in a canoe. As soon as we get on the water, we zigzag between playful seals which become more and more friendly, they come and play with our paddles, and even with our hands.

Further North, we arrive at Cape Cross where we find the largest colony of seals in Namibia, which can reach 100'000 guys. There are 2.5 times more seals than inhabitants in the country...

Weird scenes at the beach: some kind of goat bleatings (super loud and continuous) and a terrible smell

Such a population is unfortunately a source of conflicts in the country. Dozens of thousands of seals are killed every year; this is encouraged by the government which justifies it by the insane number of fishes killed by the seals. But according to several associations, the seals don't have a negative impact on the fishing activity. Fur traffic could be the real reason why so many young seals never reach adulthood.

10
août

L'équipe s'est maintenant agrandie, on passe de 2 à 7. On serre tout ce beau monde dans un 4x4, et c'est parti pour l'aventure: on va pouvoir attaquer les pistes namibiennes, et ça commence droit vers le plus vieux désert du monde, le Namib.

La ville (ou plutôt le camping) de Sesriem est une des rares portes d'entrée du Namib. Et elle cache un étonnant canyon sec.

On a beau être en Namibie, un des pays les plus touristiques d'Afrique (1 million de visiteurs par an pour 2.6 millions d'habitants, tout de même), le style africain est toujours bien là. On prend un taxi pour aller chercher les copains à l'aéroport. À mi-chemin, le conducteur s'arrête, sort un rouleau de scotch et du carton et commence à bricoler. On lui demande ce qu'il fout. "On arrive à un contrôle routier. En tant que taxi de Windhoek, j'ai pas le droit d'aller jusqu'à l'aéroport, alors il faut que je cache les numéros du taxi" Au contrôle, on a du carton sur les portières, mais l'agent nous laisse passer avec un grand sourire.

Au retour, cette fois avec notre gros 4x4, on se fait arrêter au contrôle. Le policier sort une liasse de billets de sa poche, des Francs CFA, et nous demande si on utilise ça, chez nous. Pourquoi utiliser un bureau de change quand on a des touristes qui passent toute la journée sans connaître les taux de change ??

Depuis Sesriem, la piste qui part plein ouest, en plein désert, est de toute beauté. On est dans un corridor de quelques centaines de mètres de large, entouré par les dunes. Les jeux de lumière sur le sable ocre accentuent l'impression de perfection géométrique des arêtes. Après 70 km, c'est le cul de sac, les dunes nous bloquent le passage. Il reste pourtant plus de 50 bornes avant la mer !

L'ascension d'une dune offre un ratio de temps montée/descente encore plus grand qu'en ski de rando. 1h30 en haut, 30 sec en bas !

À cause d'un courant marin froid venant de l'Antarctique, le coin n'a quasiment pas vu une goutte de pluie depuis une bonne cinquantaine de millions d'années. Les rares espèces qui vivent ici réussissent à capter l'eau du brouillard. Et même des mammifères : les fameux oryx.

On est pas sur de la dune de rigolo ici, les plus grandes dépassent 350m. Notre dune du Pilat, avec ses 106m, paraît bien ridicule.

"Aucune œuvre d'art n'est inventée, puisque la nature a déjà tout écrit" disait l'architecte Gaudí. On est dans son musée.

La formation et la mobilité des dunes sont des phénomènes naturels passionnants. Mais ce qui se passe à leur pied est encore plus dur à croire. La présence ancienne de rivières et leurs crues ont créé des marais qui ont permis à des acacias d'y pousser. La formation des dunes a bloqué les rivières, faisant des marais des salières. Les acacias ont brûlé au soleil, mais la faible humidité de l'air a empêché leur décomposition.

900 ans qu'ils sèchent là. Clairement, y'aurait pas mieux pour le barbecue.
7
août

Lucile and I have a few days left before our friends from Grenoble join us for a road trip in the West and North of Namibia. We're not gonna visit megacities, the plan is to go for some remote land. So a few days in the capital city, learning about Namibian history and culture, seem to be a good option. The Namibians we've met are clearly less perturbed than the South Africans and way nicer than the Botswanans, despite the harsh history that is theirs.

In the beginning, it's always very poetic: bushmen telling stories and teaching their kids on rock walls.

The history of Namibia starts the same way as many other African nations: ancient peoples who have seen quite some "visitors" knocking at their door: the Portuguese first, the Dutch, the Germans, and even the Finnish. As always, or very often, the British finally got the land, but then, probably when they realised the infinity of sand, they left it for nothing to the Germans. These guys fully had the time for various kinds of horrible massacres and slavery, in addition to a strong "exportation" of their culture.

In a radius of 500 m, the sad truth of Namibian history: massacres, heroes, a German church, and a North Korean building.

But after they lost World War I, the Germans were forced to quit their colonies. Finally some good news for the Namibians, right? No, the South Africans took over and invaded the country. With some more violence. And the sharks always come when there's blood around: the worst dictators on Earth decided to "help" Namibia to fight for independence. But with their interests, of course. Mugabe from Zimbabwe, for business (and probably other reasons), and, as crazy as it may seem, Kim-Il Sung from North Korea for uranium... Independence finally arrived in 1990, led by the local Mandela, Sam Nujoma, and tribe chiefs who tried to unify all different ethnic groups. This explains why, today, a huge Asian-style building, used as a museum, stands in the middle of Windhoek, close to the German-style Lutheran church. At the foot of the building, Nujoma is proudly standing in a bronze North Korean statue, showing his Constitution. And guess the name they chose for such an important avenue.

The statue of the saviour, the father of the nation, is in Robert Mugabe avenue, but where's the problem??

Long-term traveling across different countries is a great opportunity to better understand geopolitics. But here in Africa, it's always terribly sad. Seems hard to believe, but today the Namibians have decided to forgive everything; they chose not to forget what their ancestors had to face but they look towards their future. "The past is the past", as they say. Regarding what their past is made of, that's an impressive lesson of forgiveness and will for peace.

4
août
4
août

Le passage de l'Afrique du Sud à la Namibie est un changement de planète. Les paysages deviennent lunaires. Immense, vide et sec. Pas de doute, on est en Namibie, le pays le moins densément peuplé (3 hab/km2 contre 120 en France) et le plus sec (285 mm/an contre 867 en France) d'Afrique subsaharienne. Mais que c'est beau, déjà !

On est en plein film., sur des centaines de kilomètres.

Aussi incroyable que ça puisse paraître, l'eau a coulé et érodé la roche depuis un milliard et demi d'années au milieu de ce décor improbable. Aujourd'hui le canyon de la rivière Poisson, ou le Fish River Canyon, est un des plus grands au monde. Ses méandres sont gigantesques. Plus que les couleurs, plutôt ternes, c'est la taille colossale de l'édifice qui laisse sans voix.

L'eau ne coule plus depuis bien longtemps. Elle y était pourtant abondante, et ça devait être encore plus beau.

Un trek de 5 jours descend dans le canyon et le longe jusqu'à sa sortie. Mais pour obtenir un permis, c'est une belle galère : il faut être au moins 3, avoir un certificat médical de moins de 40 jours, et avoir réservé suffisamment tôt pour prendre une des 30 places par jour. Bon... On est finalement pas trop déçus de louper ce trek, les points de vue depuis le plateau sont sûrement les plus beaux. Du moins, c'est ce qu'on se dit pour se rassurer.

On imagine facilement que fut un temps, tout était plat, et ça donne une idée du boulot d'érosion de l'eau

Notre route continue vers la côte et la ville de Luderitz, créée après la découverte de diamants dans la région. Comme dans beaucoup d'autres coins du pays, l'influence de la colonisation allemande y est impressionnante. Les mêmes églises et maisons qu'en Bavière, on s'y croirait. On est pourtant au pied d'un désert qui longe la côte jusqu'à Walvis bay, plus de 400 km an Nord. Les premières dunes sont là, alors que la température peine à dépasser les 15 degrés. L'eau de l'océan est d'ailleurs bien fraîche, et quelques otaries s'amusent dans les vagues.

Otaries, cormorans, dauphins et... dunes de sable. Chacun choisit son climat

Une balade sur une plage nous offre une nouvelle belle surprise : quelques dauphins sont dans la baie et nous montrent leurs nageoires, avant de se lancer dans des sauts bien au dessus de la surface de l'eau. Décidément, après les baleines, il semblerait que les animaux marins nous aiment bien. Nous, on se lasse pas de leurs spectacles.

2
août
2
août
Publié le 13 août 2019

South Africa was for sure the most beautiful country I've visited during this trip. But it's for sure not the one I've enjoyed most. Nature can be astonishingly beautiful, but if you don't have good vibes with the people, and most of all, if you don't feel safe, then it's difficult to make it a country you really appreciate.

Few spots on the planet offer a view on two different oceans

But an interesting part of traveling is also to understand the reasons why things are going wrong, what or who led to a state of tension and anger. And in South Africa, it's a very complicated story. Since the first settlers arrived, in 1836, it's all been about war, hate, blood, discrimination and inequalities. The Dutch (Boers) and the English have fought for decades to get more land, and the natives (Zulu, Tswana, Swazi and many other tribes) were of course not given the gentle treatment. Until it reached the worst, the apartheid. Where every citizen had to be officially "classified" as a black, a white, an asian (mostly indians), a malay (muslims) or a coloured, i.e. basically, someone who did not fit in any of the other categories. Not a big surprise that, still today, all these "classes" terribly hate each other. And knowing that the peak of violence occed around the turnoff from apartheid to democracy in 1990-94, just 30 years ago, one has to be positive: it's almost a miracle to see the country in the state it is today. No more war, discrimination that is strongly fought, and deep efforts to empower the poorest, the inhabitants of the townships. A miracle built by a few men including, of course, Nelson Mandela, who dedicated their lives to stop the massacres. You cannot turn anger into love in just 30 years, so let's be satisfied with the tough steps that led to peace and hope it will keep going in the same direction.

How the hell can so much hate exist in such a beautiful place.

The eyes and the body language of south african people reflects the human drama that has occurred in their country in the last 200 years. It comes right to your face, scares you and forces you to find shelter. That's how it is and it is sad, but you can't erase history. The incredible beauty of this country gives enough force and hope to believe that it cannot reasonably be a place for hate and violence, and that happier days are to come.

30
juil
30
juil

La côte ouest de l'Afrique du Sud est une partie assez peu visitée du pays, bien moins façonnée pour le tourisme et quasiment pas documentée dans les guides de voyage. Les Cederberg, un massif d'une centaine de kilomètres de long orienté nord-sud, en sont le meilleur exemple. Peu d'infos, peu de possibilités d'hébergement, on y va, sans grande conviction, et on verra bien.

Vu en chemin. L'ouest est connu pour ses parcs fleuris en Août-Septembre. Sympa, mais on est pas vraiment fascinés

On pensait plier l'affaire en 2-3h de route, mais qui dit peu de tourisme dit peu d'infrastructures. À deux reprises la route arrive en travers d'une rivière, sans pont, et il nous vient même pas l'idée de tenter la traversée. Gros détour obligé, et au final, on mettra 7 heures. On commence à se demander si on a bien fait de venir. Encore plus quand on demande des infos sur une rando vers une arche naturelle; c'est le coup de massue : elle est fermée à cause d'un feu qui a eu lieu en 2016. Trois ans pour remettre un sentier en état dans un parc national, ça semble quand même honnête, mais bon, on reste calme. On n'aura le droit qu'à la première moitié de la rando jusqu'aux failles. Argh.

On encaisse la déception mais on va quand même voir les failles du Wolfberg. Le rocher est déjà bien sculpté.

Depuis notre voyage au Japon il y a déjà quelques années, j'avais la certitude que la fameuse magie du voyage, cette sensation d'euphorie constante, était grandement liée aux rencontres humaines. Les plus belles sont de grandes claques de bienveillance qui laissent un bonheur profond et des souvenirs gravés. Je pense pas que je me plantais complètement, mais je vois maintenant ça de manière légèrement différente : ce qui crée l'euphorie, c'est la surprise. Quand on sait qu'on va visiter un endroit magnifique, qu'on en entend parler plus que ce qu'il faut, au moment où on arrive devant, on est content d'être là, mais il manque une petite étincelle. Surtout si c'est blindé de touristes. Mais quand on se retrouve tout seuls dans un endroit fabuleux alors qu'on pensait s'enfoncer dans l'échec, c'est là que la magie opère. C'est ce qui s'est passé aux failles du Wolfberg. C'est aussi ce qui se passe quand tu penses aller voir des sardines avec ton masque et ton tuba et que tu te retrouves face à des baleines qui sautent dans tous les sens. Ou quand tu crois tomber dans un pays dangereux et sans grand intérêt et que tu découvres le Malawi ou le Zimbabwe. Aussi, et peut-être surtout, quand tu rencontres quelqu'un qui déborde de bonté; puisque par définition, une rencontre, tu t'y attends pas.

J'aurais bien eu besoin d'un Hugo: mes compétences photographiques ont des limites. Mais ça donne une idée de l'ambiance.

Quelques pas d'escalade, mains courantes et contorsions spéléologiques nous mènent dans la faille la plus étroite, qu'on remonte. Plus on avance, plus on s'extasie. Le rocher prend des formes et des couleurs incroyables, les arêtes sont des dentelles, et puis on arrive à une immense double arche, coincée en longueur à l'intérieur de la faille. Délirant. Niveau trésors de sculpture, les canyons suisses m'avaient déjà impressionné, mais là j'imaginais même pas que ça puisse exister. La suite de la faille devient de plus en plus étroite, un couloir avec des arches dans tous les sens, et de la grimpe qui se complique pour passer les blocs coincés. On débouche finalement sur le plateau, avec une vue à 360°, et derrière nous, c'est pas une faille, c'est un coup de hache dans la montagne !

On finit la journée avec une dégustation des vins du Cederberg. C'était peut-être juste à cause de ça l'euphorie, en fait.

Entre le ciel, bleu azur et très lumineux car sans nuage, et l'intérieur de la faille, ocre et sombre, j'ai bien du mal à prendre une photo qui rende justice à la beauté du lieu. C'est aussi sûrement pour cette raison que j'avais vu des photos et entendu parler de l'arche du Wolfberg, mais pas de ses failles. Finalement, comme en canyon, c'est peut-être un mal pour un bien. Il faudra venir pour les voir. La surprise et l'euphorie qui va avec sont garanties.

26
juil
26
juil
Publié le 2 août 2019

Our way between the Drakensberg and Cape Town basically follows the coast. Some places are made for mass-tourism, with huge buildings facing the ocean, but we also find good spots, like Coffee bay, with beautiful cliffs falling into the sea, a relaxed atmosphere and cheap surf lessons. After two days learning to catch the waves we we're ready for the world surf league in the famous spot of Jeffrey's bay, unfortunately we arrived a few days after the competition finished.

The more we drive to the West, the more beautiful it becomes. The landscapes mix hills, cliffs, canyons and finally... mountains!

Nice hike in the bizarre-shaped mountains of the city of Montagu, before a jump in its hot springs

Arriving in Long street in Cape Town after four months of travel in Africa is a big surprise. A busy, crowded but still beautiful and clean city centre, that's pleasant. And here we even whitness social interactions between black and white people, crazy! One could even feel safe, but no, it's just a dream, which you realize at nightfall. Cape Town has the highest crime rate in Africa. Shit.

So back to nature, and once again it has much to offer, half an hour away from the city. The cape of Good Hope is a pure treasure.

Strong winds, rough sea and a deep feeling of the end of the world, all I expected from such a place.

The Portuguese first called it "Cape of storms" after one of their navigator rounded it. 530 years later, you easily understand why. They then changed the name when they realised the opportunities offered by this route towards Asia.

We're more than tempted by the two-days hike that starts here and finishes in Cape Town, but there's very bad weather forecasted. For the same reason, we won't hike up to the famous Table mountain above Cape Town. I was not used to this kind of inconvenience anymore, last time I had rain was during my first days in Zimbabwe!

The consolation prize is Chapman's peak, just below the clouds, but windy like hell!

What an amazing new turning point in this trip: I started with 6° South, we're now (almost) at the southernmost point of Africa at 34° South. And from now on, if it all goes as planned, it's gonna be easy with the compass: North, and only North.

22
juil

Les montagnes africaines que j'ai arpentées jusqu'ici étaient toutes assez ressemblantes à nos montagnes françaises (en incluant la Réunion pour les jungles tanzaniennes...). C'est plus le cas avec le Drakensberg. Ces montagnes, qui longent le Lésotho, bourgeonnent d'escarpements de quartz dans du schiste érodé, des éperons, des plateaux et d'immenses falaises de basalte et de grès, un mélange que j'avais jamais eu l'occasion d'observer jusqu'ici.

Je pensais que ça existait que dans l'Utah. Et non ! En tout cas, c'est majeur.

L'Afrique du Sud, c'est grand. On va y passer un mois, et c'est pas assez. Je pourrais passer un mois dans le Drakensberg: c'est un paradis de la rando, il y a des treks dans tous les sens. Lucile est un poil moins motivée par l'idée, on est là en plein hiver, et ça meule drû. Ici, c'est pas rare de voir une couche de neige recouvrir les sommets et les plateaux.

Alors on privilégie le plus beau avant que la neige (annoncée) arrive: le fameux amphithéâtre, une cuvette de 5 km de long, haute de 1200 m, qui fait face aux plaines à perte de vue. D'après les bouquins, une des plus belles vues du monde. On veut bien le croire.

S'il pouvait y neiger un peu plus, ce serait un paradis du ski de rando. Des couloirs dans tous les sens.

En saison humide, les chutes de Tugela tombent de 948 m dans ce cirque. Ça doit être quelque chose. Seules les chutes du Salto Angel, au Vénézuela, sont plus hautes. Mais en hiver, on trouve seulement quelques vasques gelées dans le lit de la rivière. Faut dire qu'en plus de la fraîcheur de l'air, y'a un vent impressionnant, qui arrive parfois à nous pousser hors du sentier. Le Drakensberg, "montagnes du dragon" n'offre pas sa beauté si facilement !


Retour en plaine. On aurait bien planté la tente là-haut, mais ça risquait de se transformer en vol en parapente.

Une fois la rando terminée, le retour à la civilisation a rarement été si difficile. Ce qui est terrible en Afrique du Sud, c'est la contradiction évidente entre la beauté, l'harmonie de sa nature et le chaos, le mal-être de son peuple. Comme Graskop pour le Blyde River, le Nord du Drakensberg a sa ville-camp de base: Phuthaditjhaba. Et les scènes y sont désolantes. Des mendiants dans les rues, de la désolation dans les regards, de l'insécurité dans l'air. 99% de noirs, qui galèrent, et 1% de blancs, qui passent acheter leur sandwich le plus vite possible avant de partir randonner. l'Afrique du Sud nous donne des étoiles dans les yeux, mais aussi des noeuds dans l'estomac.

18
juil
18
juil
Publié le 24 juillet 2019

Before I started my trip, I thought "maybe I should start with South Africa as a warm up, before I get to other countries where it may get more tricky, and potentially less safe." That would have been a terrible idea. I have never felt unsafe during this trip until I entered South Africa. And it's not just the big cities. We haven't found any place so far where life seems to be calm and easy. Everywhere you feel an incredible tension in the air, in people's look and behaviour. It's not just that black people and white people don't live together, it's just that they clearly don't stand each other. Pretty big change for me, and a sad one: I spent the last 3 months living with African people, sharing their life, and now, in most places we need to check if it's safe to get out of the car. As beautiful as the country can be, it's hard to enjoy the visit.

Johannesburg was more or less okay because we knew our hostel was in a relatively safe part of the city. Durban, and the neighbouring towns on the coast, were terrible. To summarize quickly, it seems that most white people share one brain for the whole family, and most black people are under huge dose of drugs. And they seem to be constantly ready to kill each other.

Fortunately, nature is close. The peace brought by the ocean is more than welcome

Another striking difference between South Africa and all the countries I visited previously is the despair in poverty. I've seen very poor places, but most of the time people didn't ask for much more, they were happy with the very little they had. Here, because poverty and wealth coexist, the gap between them is obvious, and the poorest desparately ask for help.

Meeting travellers on our way, we knew that interactions with locals would be limited in South Africa, but we didn't think it would be that bad.

Still, the country has plenty to offer, so let's go for it. And once again, we can count on wildlife. But marine one, this time. The region of KwaZulu-Natal is famous for the "sardine run" that takes place every year in winter. An insane amount of fishes migrate from the southern waters to the warmer coast of Mozambique. Scientists are still debating whether this is the largest migration of biomass on the planet, the main competitors being the gnus. The sardines of course attract plenty of predators, and this results in the impressive scenes of dolphins, sharks, otters, whales and even birds going crazy together for the tasty sardines.

No sardine run for us, but what a show !

Since none of us can scuba dive, we go for a snorkeling session off Umkomaas, a city close to Durban. There's no sardine around, but our disappointment soon vanishes as there are plenty of big guys in the water. We have the chance to swim with an eagle-ray (raie-léopard) and a turtle, and can spot ragged-tooth (taureaux) and hammer (marteau) sharks. Quite impressive to have them around, even if you know they are inoffensive.

The best part comes once we are back on the boat. A big group of humpback whales decide to come and say hello. And they're in a playful mood. For both Lucile and I, that's clearly one of the most incredible things we've seen: they make insane jumps in the air just in front of us, which leaves us all the time to check how massive they are, before falling with a huge splash on their back. We totally agree with our skipper, Durban is much nicer here, no doubt about it.

15
juil

L'Est de l'Afrique du Sud offre la chance de se balader avec sa propre voiture, sans que ce soit nécessairement un 4x4, dans des parcs pleins à craquer d'animaux sauvages. Le plus grand, le plus connu, le plus fréquenté, c'est évidemment le Kruger. On opte pour une journée dans un parc encore plus accessible et où on sera plus tranquille : le Hluhluwe-iMfolozi. Et pourquoi pas, après tout.


Dix minutes qu'on roule. "Fais gaffe, y'a un gros animal là-bas, dans le virage". En effet.

Et ben voilà, on a bien fait de venir. Un lion fait sa promenade du matin en plein sur la route, et on est les seuls à le suivre. On n'y croit pas. Il finit par se coucher au bord de la route et prendre la pause. On est là, à 5 mètres, entrain de se demander quelle ouverture de fenêtre est vraiment raisonnable.

Mais le karma va pas tarder à nous rattraper. Une demi-heure plus tard, sur-motivés par notre rencontre du matin, on oublie qu'on conduit une citadine et on s'embarque dans les chemins les plus hasardeux à la recherche de toujours plus de wildlife. Faut dire que c'est grisant. On finit tanqués dans le sable. Pas de réseau. Pas d'autres voitures. Pas de wildlife, heureusement. Une équipe de ranger finit par passer par là, et c'est reparti. Ouf.

La journée continue et chaque espèce animale nous fait son petit spectacle, chacun son tour : nyalas, impalas, zèbres, buffles, puis girafes. On s'en lasse pas. Puis en milieu d'après-midi, le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau : les rhinos.


Probablement les plus intrigants : on les croirait tout droit sortis de la préhistoire.

On a beau en avoir vu dans les reportages animaliers depuis tout petit, la rencontre avec les rhinocéros nous marque particulièrement. Difficile à expliquer. C'est peut-être le contraste entre la force, évidente, les cornes, effrayantes, et le calme apparent.

De retour vers la sortie du parc, on tombe sur quelques voitures arrêtées en file indienne. On finira la journée avec un éléphant. Toujours les plus joueurs : celui-là a décidé de bloquer la route, et c'est lui qui décide. S'il veut faire reculer tout le monde, faut pas trop tarder à passer la marche arrière. Il faudra attendre l'intervention des gardes, qui viennent quasiment pousser le pachiderme hors de la route avec un camion qui semble bien être fait pour ça. On aurait jamais pensé pouvoir être aussi satisfaits de notre journée après l'avoir passée enfermés dans une voiture.

12
juil
12
juil
Publié le 18 juillet 2019

It's not everyday you have the opportunity to visit an absolute monarchy. We spent, a few days in Eswatini, previously called Swaziland. The king decided to change the name of his country in April 2018 for various reasons. First, because he's the king, so by definition he does what he wants. Second because there's no reason to keep a name given by invaders. Third, and more funny, because the Swazi people were tired of always being confused with the Swiss. There's a few galaxies of difference between the two countries, though.

As small as it is, the country has a large diversity of landscapes and climates. And it's full of well-maintained hiking trails

Eswatini owns a few records for which Switzerland stopped fighting a while ago. The longest reign of a monarch in history: 83 years. Boom. The highest HIV rate in the world: almost one adult out of three. Ouch.

Driving here can bring a fair dose of surprise. Not just when the cows decide to block the traffic, but mostly when a bunch of kids cross the highway on their way back from school. By some aspects it feels like I came back to Malawi, but within South Africa.

Nos amis les cornus. Eux sont plutôt minces, mais quand on réveille 2 élands du Cap en rando, ça fait bizarre. Sacrées bestioles

The nice thing with hiking in Eswatini is that it offers a good amount of wildlife, but not the kind of wildlife that could make it your last hike. The bad thing is that visibility is rather poor: for some reason, there's always a fire somewhere, even in the middle of natural reserves. The whole country seems to be constantly burning. Air pollution is probably not a top-of-the-list concern, but, in the end, it kind of makes sense.

Typical Eswatinan (??) view, with a visibility close to that of Beijing on a bad day.

Umhlanga, the traditional dance ceremony which takes place every year at the end of August, is probably worth a visit for tourists. It's also worth a visit for the king: that's when he chooses his new wife for the coming year. Tough life, huh? Every women in the country can participate and try to become the new first lady... For a year. And there's no limit of age (or maybe there is but I was too afraid to ask), they "just" need to be virgin. No, really, I'm not sure there was such a big risk of confusing Swaziland and Switzerland...

7
juil

Notre porte d'entrée pour l'Afrique du Sud s'appelle Johannesburg. Cette fois, c'est pas seulement les Botswaniens qui nous ont dit qu'il fallait faire gaffe, c'est absolument tout le monde, y compris les voyageurs déjà passés par l'Afrique du Sud. Ici, pas question de se retrouver au bord de la route pour attendre un transport. Le pays est grand, et les lignes de bus relient seulement les grandes villes entre elles. Du coup, on prend l'option location de voiture, étonnement peu cher: on va se balader un mois dans notre petite Renault kwid pour 12€ par jour.

Johannesburg est finalement une ville assez plaisante, les gens sont sympas, plutôt à la cool, ça fait du bien après le Botswana ! Étrange impression d'être revenu en Europe, mais avec une population africaine. Impossible de passer ici sans visiter l'impressionnant musée de l'apartheid, et c'est bon, on est direct dans le bain du pays.

Il nous manque une chose : les grands espaces. Paraît qu'il en manque pas. Cap vers l'Est, et le Blyde River Canyon. Ça fait un moment que j'en rêve : c'est tout juste le troisième plus grand canyon du monde, après le Grand Canyon aux États-Unis et le Fish River Canyon en Namibie. J'espère bien compléter la visite de ce beau podium un peu plus tard...


Première petite rando au Nord du parc. Après quelques minutes de marche, c'est bon, c'est réglé, on aime l'Afrique du Sud.

Le coin est plein de cascades et de points de vue au bord de la route, pas forcément tous beaux, mais tous payants. C'est plus le Malawi ici, le tourisme, c'est du biz. Pas vraiment les grands espaces qu'on attendait. On vise alors un trek de trois jours dans la partie Sud de la réserve du Blyde Canyon. Sans le savoir, on se lance dans un labyrinthe administratif totalement improbable. Des dizaines de coups de téléphone, des aller-retours en voiture pour trouver le boss du sous-chief du head officer, des rendez-vous dans des bureaux où on a l'impression d'avoir commis un crime, de la paperasse à volonté, des "ah non, mais il est fermé ce trek"; on a bien failli abandonner. Encore une fois, il faut se battre pour pouvoir aller transpirer tranquille au grand air ! Jusqu'ici, c'était "bonjour, z'auriez un trek à faire ici ?" "Oui, trois jours, tu veux partir demain ?" "Ah ben oué, ça joue !". Ça a un peu changé.


Le plus rageant dans tout ça, c'est que la petite rando de 3 heures au Nord est bien plus belle que le trek au Sud...

On comprend en fait pourquoi c'est si compliqué : c'est un trek grand luxe. Des employés du parc (avec qui il faut négocier pour les faire sortir de leur grève...) rejoignent les refuges depuis la route pour nous préparer le feu, nous amener des matelas, et transférer nos sacs jusqu'au prochain refuge. On a bien dit qu'on avait pas besoin de tout ça, mais rien à faire. Du coup on en profite, on part léger, et le trek devient un trail, les kilomètres passent bien plus vite en courant.

Ce serait un vrai bonheur si c'était encore un coin sauvage. Va falloir s'y faire.

On retiendra le plus important dans tout ça : c'est magnifique. Et même si le trek était moins beau que ce qu'on espérait, l'avantage d'une telle galère administrative, c'est que ça doit en décourager quelques uns : on n'a croisé ni randonneur, ni traileur.

3
juil
3
juil

Crossing the border to northeastern South Africa brought us back what we were missing in Botswana: smiling and welcoming people + hiking trails everywhere. Botswana was for sure the most particular country I've seen so far. The people you meet generally make your trip. That doesn't apply here.

Even in Gaborone, the capital city, we didn't feel good vibes with the locals. They often stared at us for insane durations, obviously intrigued, but not curious. At least never enough to ask questions. Probably seeing a Botswanan girl (they all thought Lucile was) with her big backpack, together with a white guy and his even bigger backpack was not something they were used to. And contrary to all the people I've seen before, Botswanan were not so happy to see someone visiting their country.

But there could be a reason for it. In Tanzania I learned that the tse-tse fly was a species worse than the mosquito; here I realized there could be even worse: the stupid tourist. The one who doesn't know that slavery has been abolished, who arrives with his big pickup, starts shouting and complaining for any stupid reason, and talks to locals as if they were servants. The country is full of them, which maybe explains why locals are not so happy to see foreigners.

"Bots" at its best

So, obviously, Botswana was not the best place to meet people and make friends. But still, it was worth the visit, just for the animals. Some Landscapes were extremely beautiful, but the animals were always here to make them captivating. The country is probably number one in the world for spotting big mammals and birds, and these encounters are incredible moments. That's the Botswana we'll remember.

1
juil
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Je me suis rendu compte que j'avais pas encore parlé bouffe une seule fois ici. C'est pour une raison simple : il n'y a absolument rien à dire.

Beaucoup de choses ont changé en passant la frontière du Botswana. Ici, on a vu un conducteur de bus verifier que tout le monde avait bien mis sa ceinture, un ratio de 30 entre le prix d'une nuit en chambre et en tente à la même lodge, des trottoirs aussi propres que ceux de Zurich. Jamais vu ça avant. Mais s'il y a bien une chose qui a pas changé depuis le début de mon voyage, c'est la bouffe. Poulet-frites ou bœuf-riz, c'est en général le seul choix auquel j'ai été confronté dans tous les restos et les fast-food. Et c'est tout le temps la même chose : 3 frites ou 4 grains de riz, mais des kilos de viande. C'est pourtant pas faute d'avoir demandé quel était le plat local, mais à chaque fois la même réponse, bien que le nom varie selon les pays : nsima. Une sorte de purée gluante, sans vraiment de goût, dont on fait des boulettes dans le creux de la main avant de les tremper dans la sauce de la viande. Pas franchement une grande découverte culinaire.

En dessert, évidemment, c'est beignets africains. Bien meilleurs, mais ça fait beaucoup de gras tout ça. Et malheureusement le Botswana, c'est pas le meilleur pays pour l'éliminer. Les randos ici sont plus que limitées. D'abord parce que c'est plat, ensuite parce que vu le nombre d'animaux sauvages dans le pays, aller randonner au pif dans le bush, c'est un peu comme jouer à la roulette russe. Et même quand tu veux te dépenser en pagayant sur ton canoé, on t'oblige à rester les bras croisés. Pas vraiment un pays pour les sportifs. On cherche quand même désespérément une rando quelque part, et on finit par trouver les Tswapong hills, qui permettront de couper en deux le trajet entre Francistown et Gaborone, les deux plus grandes (en fait les deux seules) villes du pays.


Rien de transcendant, on est d'accord, mais le coin est quand même sympa

Arrivés au camping, perdu au pied des collines, on nous parle de cinq cascades, et d'une rando qui va jusqu'à la troisième, la plus belle. Évidemment, on demande si on peut aller jusqu'à la cinquième. "Ah oui, mais c'est long, 6 heures de rando, et il faut réserver un guide à l'avance". Cool, on va enfin pouvoir faire une vraie rando. On réserve pour le lendemain.

Le guide est sympa, il donne plein d'infos, mais il s'arrête pour une pause toutes les dix minutes. Malgré ça, au bout de trente minutes, on est à la troisième cascade, et trente minutes plus tard à la cinquième. Le cadre est sympa mais on appellerait pas ça des cascades, plutôt un filet d'eau en pente. Pas franchement émerveillés ni transpirants, on commence à regretter d'avoir fait le détour. On demande alors à notre guide si on peut pas continuer un peu plus haut. "Ok, si vous voulez on peut aller jusqu'au nids de vautours". Ah ben oué, carrément, oué. En chemin, il nous fait grimper vers une faille en dévers dans une paroi, et nous montre des peintures qu'il attribue aux San. Il saura pas nous dire si elles sont là depuis 60 ou 20'000 ans, mais on est sur le cul. Un éléphant, un héron, un kudu. On s'y attendait pas à celle-là.


Notre guide comprend pas vraiment pourquoi on est bien plus impressionnés par les peintures que par les cascades.

On continue la rando avec la tête constamment en l'air: les vautours nous tournent autour par dizaines. Arrivés dans un large encaissement, on se retrouve juste en face des nids, on voit les oiseaux décoller à quelques mètres, enrouler un ou deux thermiques, puis revenir à leurs perchoirs en paroi. On veut plus partir.

Les majestueux vautours du Cap nous offrent un show aérien de toute beauté.

On nous avait vendu des cascades somptueuses, mais personne nous avait parlé de peintures rupestres ni de vautours. Si on avait pas poussé, on serait passé à côté de ces deux belles surprises. Quand je dis au guide qu'ils devraient plus en parler, parce que y'a clairement du monde qui serait intéressé, il a pas l'air convaincu. Sûrement pas envie de se taper la rando jusqu'en haut à chaque fois...

Finalement la rando est pliée en 3 heures, et on a passé plus de temps à faire des pauses qu'à marcher. C'est définitivement pas au Botswana qu'on va faire du sport. Vivement les sentiers sud-africains !

28
juin
28
juin
Publié le 30 juin 2019

The Kalahari desert covers between 68 and 85% of the Botswanan territory, depending on who you believe. It also extends over parts of South Africa, Namibia, Angola, Zimbabwe and Zambia, almost until DR Congo. That's a lot of rocks and sand, and a lot of flatlands. Sufficiently, however, to shape the history and the culture of Botswana. The first inhabitants, the San, thought the middle of the desert would be a great spot to pitch a tent, as far back as 30'000 years ago. According to some linguists, they invented language. But very unluckily for them, they had some of the most beautiful diamonds in the world just below their feet. In the 60's, nobody knew about these diamonds, Botswana was basically the poorest country in the world, and the San were the happiest dudes on Earth. But in the 70's, diamonds were found, two mines were open, the economy rocketed to grow faster than any other in the world until 2005. Of course, that's where the problems started for the San.

Today, Botswana is one of the richest countries in Africa, thanks to an almost fair redistribution of the diamond dollars into the economy (even if South African companies still control the excavation of diamonds) and to an almost reasonable amount of political corruption. The small number of inhabitants and the luxurious tourism also helped a bit.

Although it is commonly included in the Kalahari desert, the Eastern part of the Kalahari region gets some water in the rainy season and it has not always resembled a desert. A gigantic lake, the Makgadikgadi, once expanded over 12'000 sq km. It is now dry most of the year, but it has left the largest complex of salt pans in the world. Sounds good, I've always wanted to see an ocean of flamingoes in a salt pan. And we're lucky again with the timing, they arrive during the rainy season in March, and leave when the pans dry, in July/August.

Here they are. Greater (black and white) and lesser (pink) flamingoes. And not just a bunch of friends, 250'000 of them.

All the overlanders we've discussed with describe the Central Kalahari National Park as another planet. Hours and hours of driving on flatlands until you find a tree, an ancient island of a few boulders, or another car. We gave up on this park, impossible to reach without your own car, and way too pricy if you book a tour, because it's so far and remote it needs quite some fuel. The flamingoes are nice guys, they have chosen the Sua pan, close to the (dusty) city of Nata. The guided tour in the Nata bird sanctuary is thus fairly cheap.

Ils sont si nombreux, et c'est si plat, que le rose des flamands colore l'horizon. Fabuleux

The landscape here is absolutely fantastic. The lake takes the colour of the sky (or maybe the opposite), and only the pink spots, extending as far as the horizon, break this monochrome. We approach this paradise by foot, so that we don't scare the birds. Indeed, here also it feels like another planet.


Lucile in the sky without diamonds. (but with plenty of flamingo feathers!)

And flamingoes are not the only animals around here. Because the predators don't like the place too much (not enough bush and trees for a nap in the shadow), some weaker animals decide to migrate here to live a more peaceful life. That's the case of a few guys we had the chance to spot: gnus, ostriches, springboks and bat-eared foxes.

On se croyait au Roi Lion, on avait oublié les gnous !!
23
juin

Le Botswana, c'est la Suisse de l'Afrique, nous avait-on dit. On veut bien confirmer. J'ai presque l'impression d'avoir changé de continent. Tout ce à quoi je m'étais habitué est à revoir. Les transports, en premier. Il suffisait de se mettre au bord de la route et de lever la main. C'est fini, ici il passe très peu de voitures, encore moins de minibus. Faut dire qu'il y a que 2.6 millions d'habitants dans un pays plus grand que la France. Les routes sont maintenant d'immenses lignes droites, rythmées par les troupeaux de girafes, d'éléphants et de zèbres, et non plus par les petits villages. Encore bien peu de backpackers, mais des hordes d'overlanders avec leur 4x4-lit-cuisine-douche, tout en un. Les prix ne sont plus du tout négociables, ils sont fixés au Pula près. Quasiment plus de vendeurs de rues. Mais ce qui étonne bien plus que le reste, c'est les Botswaniens. Je me demande où sont passés les sourires, les rigolades, les "my friend", les serrages mains interminables. Comme bloqués à la frontière Zimbabwéenne. Ici, des mines tristes, des trajets de bus sans un mot, des discussions rares et pas franchement agréables. Incroyable de voir à quel point une frontière peut tout changer. Heureusement que Lucile a pu voir une partie du Zimbabwe et ses habitants, sinon elle m'aurait pas cru !

Tant pis, on va faire avec, et continuer à balader. Au nord-ouest du Botswana, le delta de l'Okavango est incontestablement une des merveilles de l'Afrique.

Nénuphars et oiseau-banane du delta

Le Botswana, c'est plat comme une crêpe. Principalement aride : l'immense désert du Kalahari. Du coup, quand la rivière Okavango, qui prend sa source dans les montagnes angolaises, arrive au Botswana, elle se perd dans les sables sans trouver son chemin vers l'océan, jusqu'à s'evaporer. Les nombreuses termitières forment les seuls pics, crêtes et arêtes de la région. Et c'est pas petit tout ça, le delta est aussi grand que la Drôme, l'Ardèche et l'Isère réunis.

Des eaux peu profondes et des savanes à perte de vue, c'est tout ce qu'il faut pour avoir, encore une fois, des animaux de partout

Évidemment, pour avoir une vue à peu près représentative d'une zone aussi grande et aussi plate, y'a pas 15 moyens, c'est par les airs. Mais pas vraiment dans notre budget. Alors on va y aller en canoé et à pied; même si on verra qu'un tout petit bout, on sera au plus près du delta et de ses habitants...


Pour avancer en bateau dans le delta, y'à qu'à suivre les canaux utilisés par les hippos et les éléphants !

On demande des renseignements dans quelques agences et camping, et on nous répond chaque fois la même chose : mokoro. C'est le moyen de déplacement traditionnel dans le delta. Un tronc d'arbre creusé (aujourd'hui un bateau en fibre) que le "poler" fait avancer en poussant le sol avec un grand bâton. À la vénitienne. Ça semble sympa, mais on va quand même pas se faire porter les bras croisés sans rien faire de nos journées ?! Déjà qu'il y a pas de rando possible dans le coin, on a envie de faire un peu de sport. Mais pas moyen de trouver un loueur de kayaks. À chaque fois qu'on pose la question, on nous regarde avec des grands yeux étonnés. Après des recherches intensives, on trouve finalement la seule agence qui propose des séjours en kayak sur plusieurs jours. Mais l'effort n'est pas récompensé ici, et pagayer, ça coûte un bras. Tant pis, on se fera dorer la pilule pendant que notre guide, le pauvre, poussera le bateau. Pas le choix.

Always useful to have a tall guy in the group. Here, he can spot the predators and give the alert.

La nuit passée dans le bush, sur une île du delta, est pas des plus rassurantes. Même si on sait que les éléphants ne piétinent pas les tentes, quand on en entend un casser du bois à quelques mètres à deux heures du matin, on peut pas dire qu'on dorme paisiblement.

Malgré tout, découvrir le delta en avançant tout doucement, sans un bruit, avec les oiseaux au-dessus de la tête, les hippos qui se baignent à côté, et les girafes qui viennent boire, c'est une bien belle expérience. Une expérience dont il faut pas trop tarder à profiter : le delta subit évidemment le global warming de plein fouet. Moins de pluie, plus d'évaporation. Cette année est encore une fois la plus sèche depuis bien longtemps, et la petite ville de Maun, depuis laquelle on montait dans le mokoro il y a quelques années, est maintenant à une heure et demi de voiture des premiers chants d'hippos.

21
juin

When you happen to see an elephant kicking a crocodile that is lying on his way, and two lions hugging before going down to the river for a drink, you start thinking that it's all fake, that there are employees disguised as animals to please the tourists. But no, it's just a normal wildlife day here.

The Chobe national park is right after the border when entering Botswana from the Victoria Falls. We've heard from plenty of people that it's a must. Botswana is different from the countries I've visited before: here it's only about wildlife. No hiking, no swimming in lakes, no waterfall, it's 100% watching animals in national parks. Luckily enough, a guided tour in the Chobe national park is surprisingly cheap; for 20€, you can spend 3 hours on a boat or a 4WD. We decide to go for the boat, from 15:00 until dark. Animals are generally easier to spot at sunrise or sunset. We're ready early so we can get a seat in the first row. In the beginning we're not convinced: ten boats full of tourists queuing to enter the park. But it's quickly gonna get obvious that we had a good idea to come here.


Hey Mr. Captain, did you realize you parked on the tail of a croc??

As soon as we cross the park boundary, we see 4 elephants close to the river. We get closer to them. The captain parks the boat in a zone of high grass and I tell Lucile "Shit would be bad to find a crocodile here". And of course we hear one of our neighbors, also in the front row "Oh there's a huge croc just here!". Indeed it's so close that Lucile runs away to the back of the boat, convinced that the captain had not seen this big guy!

Même les oiseaux, on dirait qu'ils ont été dressés pour poser devant les touristes.

The following 3 hours are an insane continuation of a National Geographic report on (live) TV. Every 50 metres, we move to a new woaw. And it won't stop for the next 3 hours.

Faces of the bush

Before Chobe, I thought it was not worth spending money on safaris, you see more than enough on the roads, or in the campings. But after Chobe I changed my mind. There's such a concentration of wildlife, all these guys who seem to be living peacefully together, that you feel like you've just entered into the Lion King movie.

On en est au 5ème décrochage de mâchoire en une heure.

I slowly got used to seeing new animals along my route, but for Lucile, it's an all-in-one. These 3 hours seem like 20 minutes. And the wildlife almost makes you forget the beauty of the landscapes.

Time to say goodbye to our friends of the day.

We get out of the boat with a big smile on our face and the feeling that we've just seen something we're not going to forget. So we decide we don't stop here, we go for another tour the next morning, by car, this time. The encounters are not as frequent as from the boat, but we're gonna have THE one.

Je crois que c'est le moment ou jamais : oh fan de chichourle !!

In the middle of the bush, the driver suddenly breaks, stop the engine and points his finger to the left. Two male lions, lying side to side, stand up as we arrive and start walking in our direction. We're on their way to the river, so they pass by, 3 metres away, and we have no door, no window. iiish! (local translation for oh f**k!) That's when you stop breathing. Lucile doesn't even want to look at them, in case they can smell the fear...


Thirsty big cats

After the Victoria Falls, that's a way to start a trip for Lucile... But now it's gonna be tough to continue on the same intensity!

17
juin

Des chutes, des cascades, des ressauts, j'en ai vu de toutes les hauteurs, toutes les formes, tous les débits, mais là, faut bien dire qu'on est un niveau au-dessus.

Arriver dans la région des chutes Victoria, ça fait un sacré choc. J'étais plus vraiment habitué au tourisme de masse. Ici, des bus de touristes partout, des trottoirs propres et pavés, des hélicos qui tournent en continu pour amener les touristes survoler les chutes, ça surprend. J'avais pas vu un backpacker (i.e. un voyageur au long cours non motorisé) depuis le Malawi. 1 mois !

Je pars visiter les fameuses Vic Falls côté zambien, et j'attends l'arrivée de Lucile pour aller les voir du côté zimbabwéen, où paraît-il, les vues sont encore plus belles.


À gauche : la faille! À droite : le Zambèze presque au plus large (1.7 km), puis au plus étroit, une vingtaine de mètres à peine.

Impressionnant, c'est le mot, mais c'est bien trop faible pour décrire le rideau d'eau qui tombe ici. Il mesure 1.7 km de large, environ 90 m de haut (108 au max) et ça tombe de manière quasi ininterrompue sur toute la largeur à gros gros débit. D'ailleurs le débit c'est le paramètre important pour décider de la période à laquelle vienir visiter : au printemps (austral), le débit est 50 fois plus faible qu'en automne, il est au maximum en Avril. A débit faible, c'est moins impressionnant, à débit fort, y'a tellement d'embruns qu'on voit plus rien. Nous on n'a pas choisi, mais on est plutôt chanceux, on est à l'entre-deux.

Difficile de croire que ça puisse être encore plus beau de l'autre côté...

Lucile arrive à l'aéroport un lundi, on va pouvoir faire la visite le mardi. Le mardi, c'est le jour sacré au Zimbabwe, parce qu'il y a 2 pizzas au prix d'une dans tous les Pizza Inn du pays. Trois semaines que j'essayais de passer dans une grande ville un mardi, et à chaque fois ça foirait, j'étais soit en montagne, soit dans un trou paumé. Cette fois je laisse pas passer mon tour.

Elle a pas choisi au pif, la Lucile, et elle est servie : en + des chutes, y'a des phacochères, des singes et des éléphants

En Islande déjà, les chutes d'eau c'était quelque chose. Detifoss, Godafoss, c'est pas des noms que t'oublies. Là, clairement, on est encore un monde au-dessus. Le genre de point de vue où je pourrais rester une journée entière sans m'ennuyer.


And You And I, Close To The Edge

Le bon vieux David, Dr. Livingstone, encore lui (un écossais et non un anglais, my mistake), est connu pour être le premier européen à avoir vu ces chutes. Il descendait le Zambèze, tranquille dans son canoé, et à m'en donné il s'est dit que ça valait peut-être le coup de s'arrêter pour savoir pourquoi ça faisait autant de bruit là-dessous. J'imagine le Oh my Lord qu'il a du sortir à ce moment-là. Tellement sur le cul qu'il a décidé de leur donner le nom de sa reine.

Si je les avais découvertes, je les aurai sûrement pas appelées les chutes Macron, mais bon, chacun son truc.

Les chutes Victoria sont un nouveau gros tournant dans mon voyage, qui est maintenant notre voyage jusqu'à que Lucile commence son école de sage-femme en Septembre. Fini la saison basse (et les prix bas !), la grande nature juste pour moi, on attaque l'Afrique touristique. Je quitte le territoire des Shona et des Tonga et on entre dans celui des San. Botswana, Afrique du Sud puis Namibie, ça s'annonce pas ridicule comme programme !

15
juin
15
juin
Publié le 16 juin 2019

Visiter l'Afrique australe et arriver dans la province de la Zambie du Sud, c'est un peu comme visiter la France et se retrouver dans la Creuse, ou comme visiter la Suisse et tomber sur le canton d'Argovie : c'est sympa, ça se passe bien, mais c'est pas vraiment ce qu'on était venu chercher, et, faut bien le dire, on s'ennuie ferme.

Les chutes Victoria et le Zambèze inférieur appartiennent autant à la Zambie qu'au Zimbabwe, mais on va dire qu'elles sont quand même plus du côté zambien, pour rééquilibrer la balance. En résumé, sans son fleuve, magnifique faut bien l'avouer, le Sud de la Zambie ça se résume à du bush, un village ou une ville qui donne pas envie d'y passer la nuit, et du bush.

On m'avait pourtant prévenu, y'a pas masse à faire en Zambie. J'ai voulu vérifier. Mais jusqu'ici, quand j'arrivais dans un coin sans avoir la moindre idée de ce qu'on peut y faire, on me trouvait toujours un petit sommet, une petite réserve naturelle, au moins un beau point de vue. En Zambie, j'ai eu beau demander aux quelques voyageurs rencontrés, aux gérants de campings, aux locaux, mais non, rien. Voyager sans jamais rien planifier à plus de 2-3 jours à l'avance, ça offre une sensation de liberté incroyable, jouissive, et même addictive. Mais ça a forcément ses inconvénients...

See ya Zambia!.

Et comme si ça allait de paire, j'ai trouvé les zambiens moins chaleureux et accueillants que les populations des autres pays que j'ai visités. Je retiendrai quand même de la Zambie son Zambèze, tout aussi mythique que je l'imaginais. Et ce qui arrive à la frontière Zimbabwéenne, à côté de la ville de Livingstone, a de grandes chances de conforter cette impression.

13
juin
13
juin

After a few days in Zambia, I haven't seen much that attracted my interest, except for the Zambezi River. I thus arrive in Livingstone, the city of the Victoria Falls, earlier than expected and I have a few days before Lucile arrives. I look for something to see more in the West and find the Ngonye Falls, also on the Zambezi but further upstream. Seems like a long and challenging trip but let's give Zambia a last chance.

The early hitch I get is a super lucky one: two very cool and funny Namibian guys and a Zambian girl, riding their huge truck to Windhoek, Namibia. Great vibe, great music, let's go for 300 km. We quickly arrive to Kazungula, a place know for its border between 4 countries (Zambia-Zimbabwe-Botswana-Namibia), but they don't cross the border here, they wait for Sesheke, where I'll continue North. The GPS says 1h20 to Sesheke, sounds good, I'll arrive early. But the driver looks at me with a big smile and tells me: "welcome to real Zambia now!" This 1h20 will be 5 hours of the most painful "African massage" I have had so far. The road is full of potholes. "Every year the President says he will repair this road, but it's Zambia you know, he prefers going on holiday with the money".


Mr. Lonely Planet disait "almost as majestic as the Vic Falls". Bon, Il a quand même dû recevoir un bon chèque pour écrire ça.

The site consists of 7 falls, for a total of 1 km length, around 10 metres high. Very scenic. And for sure not touristic: I'm the only visitor of the day. I've read that the most powerful, and thus the most impressive of the 7 falls, can hardly be seen from the land, but you can access a great view with a short canoe trip. I ask. "Well, we do it normally, but this year we have a hole in our canoe, so we don't do it anymore".

Indeed this one looks impressive, but we won't get closer, there's a hole in the canoe...

Typical African problem. How many stunning natural reserves, lovely campsites and restaurants, beautiful streets have I seen that could be so enjoyable if someone would care just a bit, but no, they're completely run down. The Ngonye Falls would be a major attraction in any country, but it's not because the road is run down, the visitor centre is run down, and the boat itself is run down. When nature is incredibly beautiful around every corner, you don't mind these issues too much, you almost don't see them. Somehow the beauty of nature helps to see things on their bright side. But when you've spent 5 hours on a terribly bumpy road in the middle of the bush, or when you've spent two weeks in Zambia with not much to see, problems appear much clearer and they can be a bit annoying, but mostly they're always very sad.

Sad that for the fifth time in five days, there's a power shortage half of the day, and that it completely cripples the economy. Sad to see that as always, this campsite is run by a Dutch guy, this shop by an Indian guy, and this construction work by Chinese guys, but the bad jobs are always for the locals. Sad that once again there's a man completely drunk entering the minibus at 2 p.m. and that alcoholism is hard to be fought when it is used to forget poverty. Sad to hear that yesterday a pastor told the believers of his New Apostolic United Faith Abundant Life Church to drink diesel and they did, and as many people (a majority?), they have no trust in medicine, since the pastor said it is evil. Sad to see for the tenth time of the day a guy throwing his plastic bottle by the window, when it seems that the whole continent is covered with plastic waste. African problems. They seem to be unsolvable. But then comes another demonstration of the beauty of nature, or of the kindness of people, and you forget them again.


Alors comment ça va-t-il ce matin ? On a la fo-forme on n'a plus chaud-chaud au front-front ?
9
juin
9
juin
Publié le 13 juin 2019

Le seul nom de Zambèze évoque pour moi un mythe. C'est pourtant pas un des plus grands fleuves du monde ; en Afrique, le fleuve Congo, le Nil et le Niger sont plus grands. Mais il fait partie des vieux rêves qui ont germé dans ma tête ces longues après-midi d'enfance passées à feuilleter des atlas du monde.

La meilleure façon de découvrir un fleuve, évidemment, c'est sur l'eau. Les quelques infos que j'ai eues sur une balade en canoé m'ont fait saliver, mais les ordres de prix m'ont fait transpirer. Je change rien à ma technique habituelle : le mieux pour négocier, c'est d'être sur place. Et comme d'hab, quand j'explique mon voyage au gérant et qu'il me voit arriver à pied avec mon sac à dos, me faire à manger avec mon réchaud et planter ma tente, j'ai pas besoin de beaucoup négocier pour obtenir un prix d'ami.

C'est parti ! On commence par 6 km sur la rivière Kafue avant de rejoindre l'immense confluence avec le Zambèze

Je pars avec Peter, guide local, pour deux jours de canoé, avec une nuit sur une île entre les deux rives du fleuve et un retour par le même chemin en bateau à moteur. Le débit impressionnant du Zambèze, qui coule à environ 5 km/h, nous aide bien à boucler les 35 km du premier jour. Mais depuis Beira sur la côte Mozambicaine, j'avais oublié qu'il pouvait y avoir du vent en Afrique : le fleuve crée ses propres vents, aidé par la vallée du Grand Escarpement. Ça souffle, de face, et pas qu'un peu !


Le voilà, le Grand Escarpement !

Mais ce qui fait le mythe du Zambèze, à part ses chutes, c'est évidemment sa faune. Notre descente est plus ou moins un slalom entre les hippopotames. Quand ils sont à distance, ça pose pas trop de souci, le risque, c'est de passer au-dessus d'un d'eux sans qu'il nous voit et de le surprendre. C'est déjà arrivé une fois à Peter, alors qu'il était avec une touriste, et d'après ce qu'il en dit, ça lui avait pas trop plu. Je la comprends, on se sent léger dans notre canoé à côté d'eux. Pour éviter ça, Peter tape régulièrement avec sa pagaie sur le bord du canoé, ce qui est censé faire sortir la tête des hippos de l'eau pour qu'ils voient d'où vient ce bruit. Bon...

À notre passage, les hippos se jettent dans l'eau, ils s'y sentent plus en sécurité. Les éléphants, eux, on les gêne pas trop.

L'île sur laquelle on plante la tente est habitée par des éléphants, des hippos et des crocos; je commence presque à m'y faire. Mais d'après Peter, on y voit souvent des lions et des hyènes se balader sur la rive côté Zimbabwe (le fleuve est la frontière). Au matin, il me demande si j'ai entendu les rugissements, autour de minuit. Heureusement, non, je dormais comme une souche.

Ces trois-là viennent tranquillement prendre leur petit déj sous notre nez.

Ce coin est juste incroyable, la nature on ne peut plus sauvage. J'y aurais bien fait 5 jours de canoé jusqu'au parc national du Zambèze inférieur, et à la confluence avec la Luangwa. J'y reviendrai quand je serai vieux et riche. Ceci dit, on a bien failli y passer 5 jours, sur notre île : pas moyen de faire démarrer le moteur du bateau. Peter appelle un pote qui s'y connait en mécanique, le mec bidouille un peu et il arrive à le faire démarrer, mais dès qu'il relâche les plein gaz, le moteur se coupe. Du coup pas le choix, on remonte la rivière pleine balle, interdiction de freiner. Cette fois-ci, pas vraiment le temps d'admirer le paysage mais ça ressemble vraiment à du slalom entre les hippopotames !

6
juin
6
juin
Publié le 13 juin 2019

Even if I exit Zimbabwe to enter Zambia, it's not the last day I'll spend in "Zim", as the locals call it: I'll re-enter in a few days to visit the "Vic" Falls with Lucile, before heading to Botswana. But for sure, the region of the Falls (which are also a border with Zambia) is a different Zimbabwe, where everything works perfectly fine. The place is so touristic that it has its own local economy together with the regions of the neighbouring countries. I heard from absolutely everyone that visiting the Falls is an experience that cannot be missed. But even before seeing them, I already love Zimbabwe.

And how could I not love it, it concentrates beautiful mountains, an amazing lake, a pleasant capital city, an impressive historical site, and an incredible wildlife. Everything's there! But most of all, once again, it has Zimbabweans. They are probably the most friendly and happy people I've met so far. I thought it would be hard to be nicer than the Malawians, than the Tanzanians, but yes, they are! And even more impressive is that, by contrast, their country is absolutely down. It's insane to see how the madness of one single person can affect so many lives. And even if Mugabe is not at the head of the country anymore, "we have a new driver but the bus is still the same", I heard. Most people I've discussed with have seen their salary divided by 2 or 3 since the beginning of the crisis, down to sometimes less than 100 US dollars. When a liter of diesel has reached more than one, and same for a kilo of sugar. I met absolutely lovely people but heartbreaking people who struggle to keep feeding their kids, and start to be desperate. Because they can't see any hope nor solution on the horizon. And I cannot do anything else than telling them they don't deserve that and I hope the situation will improve.

Another friendly guy, but you're happy with not being a too close friend.

There's probably a link between the difficulties the Zimbabweans are facing and their extreme degree of friendship. History showed that in the most difficult moments, wars or hazards, people do not become selfish and violent, as Hollywood usually depicts, but tend to tighten their links.

Overall I'm more surprised than ever by the clear inverse relation between wealth and happiness/social interactions, at the scale of a country. I've seen some at the very top of the list in terms of wealth: Switzerland of course, Iceland, Finland, Japan. No need to talk about fraternity and joie de vivre in these countries. There are probably a few exceptions though: Denmark? Canada from what I heard? But still. Here I had never seen so many smiles. But now obviously comes a bit of philosophy: which is the happiest kid, and which will have the happiest life: the Zimbabwean or the Finnish? Is it even comparable? You have 4 hours!

When I'll have saved enough I'll come visit Europe, they all tell me. I'll host you, I reply. If only they knew how a barbecue in lake Zurich looks like, where everyone cooks his own sausages because come on, we're not gonna share, and where Franz is (almost) thinking of calling the police because you've stolen a part of his square on the grill!

4
juin
4
juin

From Harare, there are two ways to reach the Victoria Falls: either you pass by Bulawayo and Hwange, which is a long way South, or you go around lake Kariba, through Zambia. That's another pricy visa to pay, but I have time, I'm happy to visit a part of Zambia, and most of all I'm running out of US dollars because there's no way to withdraw cash here. So I choose option 2.

Another motivation for choosing this option is the region of the Northern Zambezi Escarpment, where the lower Zambezi River escapes lake Kariba. This region is known for its impressive density of wildlife. At the junction of the main road with the gravel road that leads to the warthogs bushcamp, I get a lucky hitch with two ecologists who study the distribution of population of leopards of the region. They tell me that the next day, they go for a long hike to search for leopards. I am the most motivated volunteer ever, but they need the agreement from their boss. I spend the afternoon praying for a happy phone call, but nothing. Scheisse.

But the karma police is always around the corner, and I won't have to wait long for it to work. While I'm pitching my tent in the afternoon, I hear loud and deep noises coming from the lake. I ask.

-That's the hippos, down there. You'll see them better at the sunset, they get out of the lake and come closer to the camp.

-Oh really, the stones just here, 200 m away in the lake are not stones?! And I'm gonna sleep here in my tent?? (the camp has no fence, nothing)

-Yeah, no worries, they respect the objects you know, they go around the tents. We never had any problem. Just keep your food at the bar.

-...!!

While I'm getting ready to go see them closer, Keith, a Zimbabwean guy from Harare, invites me to join him, his girlfriend and their 4 friends, same age as me, for a beer. They all work at different places in Zimbabwe and meet once a month at the warthogs. Super friendly. So friendly that when they decide to go for a boat tour on the lake at the sunset, they count me in. One of them is a captain and owns a small boat, a few kilometres away at the port. I run to my tent to get my camera, search for it at the bottom of my bag, when I hear: "Hey Jim, mind the elephant". Whe whu whaaat??! I turn my head. Dafuq the hell godness me. It's just here, and it's massive.

Ma tente ultralight paraît bien ridicule, faut bien le dire. Pensée à maman Steph, je t'en ramène un si je peux !

Keith doesn't leave me much time to play with my new friend the elephant, the sun is going down and we need to buy fuel for the boat on the way. Which means queuing 30 minutes. After a few more beers in the car, one or two more on the boat, it's pretty clear that nobody is sober anymore on board. Mister captain is going crazy fast, the boat is jumping, not really relaxing but we're having fun. Regarding the number of hippos, and crocodiles, it's not the best place to flip and swim, though.

That would have been more than enough to call it a day, but it's not over: on the way back to the camp, we get stopped by a few buffaloes which are slowly crossing the road.


La ville de Kariba est connue pour une raison autre que sa faune: son barrage.Construit entre 1955 et 1959 pour fournir en électricité la Rhodésie du Sud (maintenant le Zimbabwe) et du Nord (la Zambie), c'était, à l'époque, le plus grand barrage du monde. Il est à l'origine du lac Kariba, aussi l'un des plus grands lacs artificiels au monde, qui s'étend sur 280 km, presque jusqu'au chutes Victoria. Si le barrage venait à céder, la vague qui déferlerait ferait 180 milliards de tonnes. J'aurais pas aimé être l'architecte en chef du projet.

Le lendemain, je traverserai le barrage à pied : c'est aussi la frontière entre le Zimbabwe et la Zambie.

Je me garde l'après-midi pour aller faire la bise aux hippos du camping. Je me pose sur un caillou au bord du lac, avec une sérénité relative (je regarde régulièrement ce qui se passe derrière moi, faut éviter de s'assoupir dans le coin...), et le spectacle commence : ça grogne, ça se bat à grand coups de mâchoires ouvertes à 180 degrés, ça s'accouple, même ! C'est de sacrées bestioles, je pourrais passer des heures à les regarder.


Ça vaut définitivement pas le coup de dépenser des fortunes en safaris. Pour 5$ de camping, je passerai l'après-midi avec eux.

Et c'est pas les seules bestioles dans le coin. Ça bouge dans tous les sens. Les oiseaux qui me passent au dessus de la tête sont magnifiques. Pas besoin d'être un grand photographe pour faire un reportage animalier ici, ça défile en continu.

Des vols élégants (en bas), des plongeons de pêcheur (à gauche), ou des poses colorées sur nos écrans d'ordi, y'a le choix..

Au bout d'un moment (de bonheur) passé à observer tout ce petit monde, je remarque une forme allongée qui m'étonne au bord de l'eau à une cinquantaine de mètres. On dirait presque un... Non, quand même...

Et ben si, c'en est un. J'admire la sérénité de l'oiseau qui se fait sécher les ailes à côté tranquilou, comme si de rien n'était.

Cet endroit, c'est du délire puissance dix mille, ininterrompu. Et c'est pas fini. Je décide d'aller prendre une douche pour me remettre de mes émotions. C'est une douche de bushcamp, deux murs en béton, les deux autres en tôle, pas de plafond. Et les Africains sont plus petits que moi: j'ai la tête qui dépasse. J'ai pas pensé au fait que la veille, c'est exactement à cette heure-là que j'ai rencontré mon pote l'éléphant. Et comme c'est un éléphant sociable, aujourd'hui il est venu avec deux potes à lui. La scène est surréaliste : l'un d'eux passe à quelques mètres de la douche, derrière la tôle, je sais pas si il m'a vu. Et surtout, je sais pas comment il réagirait si il voyait que je suis aussi près de lui. J'ai l'impression d'être dans la scène de la cuisine de Jurassic Park. Celle qui m'a fait flipper toute mon enfance. Se retrouver à poil à 3 mètres d'un éléphant, je suis pas près d'oublier. Je l'observe à travers un trou dans la tôle, mon cœur bat à 300 pulse minute, il est là, je le regarde droit dans l'œil, je l'entends respirer !

Au loin, j'entends le staff du camp qui essaie de les faire partir en criant et en leur jetant des pierres. Je m'habille rapidement et quand ils s'éloignent un peu, j'en profite pour sortir. On se rapproche d'eux, mais dès qu'on s'approche un peu trop, ils nous font comprendre leur mécontentement en nous chargeant sur 3 ou 4 pas. Ça fait marrer les mecs du camp, apparemment ici, c'est un jeu assez habituel. Mais la montée d'adrénaline que tu prends quand tu vois un éléphant, tête baissée, courir vers toi, c'est quelque chose. Je pourrais battre mon record au 400 haies de la belle époque sans soucis. Si on m'avait dit que je passerais une soirée à m'amuser à me faire charger par des éléphants...


p.s.: grand merci à Ber pour l'objectif gros zoom qui me permet de prendre des photos dans l'intimité des bêtes sans leur servir de goûter !

2
juin
2
juin
Publié le 4 juin 2019

After a few disappointments, I had decided to stay away from the big cities. First because there is generally not much to see. Second, because it's always a complete chaos, way too many cars, too much noise, too many people. Third, because the most remote, the nicer the people. This applies everywhere on Earth, I guess. But Harare, capital of Zimbabwe, was on my way, and I arrived the day before an art festival, so I decided to stay for the weekend. In the end, Harare reconciled me to the big African cities.

Y'a la Bastille à Grenoble, Uetliberg à Zurich, et les city view gardens, à Harare.

The art festival was horrible. Not the art, the paintings and sculptures were incredibly beautiful. But the festival: it's basically the white (old) wealthy people of Harare meeting there to buy paintings mostly made by white people (but they do paint black people, no worries), at a price more or less equivalent to 10 times the median salary in the country. A few streets away, people are struggling to buy basic stuff which are sold at insane prices, like sugar or oil, but here, the crisis does not seem to be such an issue.

After I escape this place on a hitch with 3 British grandma living in Harare, telling how nice their black servants are, the visit of the city is really pleasant. Lots of green parks where families and friends meet for lunch, some beautiful buildings and extremely nice people, happy to stop and chat. Twice I'm asked for a picture; I don't know where the white people live but they probably don't often pass by the city centre.


These cars are not parked, they are queuing at a gas station. Better not have an important meeting.

What strikes me once again, but more than anywhere else, is the irremovable good mood of people. You can't avoid seeing people smiling, laughing, joking, and it's always, everywhere. You enter a minibus, there's always someone ready to throw a joke and make everyone laugh. I don't speak Shona, but people often use English here, which helps me to get it.

There's something I don't understand: they have to wait 5 hours to get a few bank notes or a few liters of diesel, but they seem to be the happiest people I've met. No doubt what I reply when I'm asked what's the difference between their country and mine.

31
mai

Le site des ruines du Great Zimbabwe est le seul grand vestige pré-colonial d'Afrique sub-saharienne. C'est pas le pays qui a donné son nom au site, c'est l'inverse. Les premiers habitants y sont arrivés au 4ème siècle, mais les constructions ont commencé au 11ème, et le site est devenu un centre important du commerce d'or, de cuivre et d'ivoire, entre autres, en partance vers le monde entier. Victime de son succès, le site a été abandonné 4 siècles plus tard, alors que les ressources naturelles commençaient à manquer.

Perdu en plein milieu du vaste bush aride, on y trouve trois grand sites de ruines : le Valley complex, le Hill complex et le Great Enclosure. Le dernier est celui qui a conservé l'architecture la plus impressionnante : un mur de pierres de 250m de long qui atteint 11m de haut, en forme de cercle. En son centre, une tour conique dont l'architecture est ultra sophistiquée pour l'époque. Aucun ciment ni mortier n'a été utilisé, les blocs de granite étaient mis sur le feu avant d'être plongés dans l'eau froide, ce qui les casse en faces plates.

L'entrée de la Great Enclosure et ses babouins qui sont encore plus doués que les oiseaux pour voler de la bouffe.

Le Valley complex est celui qui m'a le plus surpris : situé sur une petite colline granitique, les murs de pierre jouent avec les rochers, forment des passages étroits, des belvédères et des labyrinthes. Au soleil couchant, les babouins qui chahutent en équilibre sur les murs donnent au lieu une ambiance particulière.

Le site de Great Zimbabwe est aussi connu pour les huit sculptures d'Oiseaux du Zimbabwe qui y ont été retrouvées. Elles représentent des aigles (sûrement des bateleurs des savanes) perchés sur leurs monolithes. Toutes n'ont pas la même finesse du détail, la plus connue et détaillée porte la sculpture d'un crocodile qui semble monter vers l'oiseau. Ces sculptures sont devenues un emblème national, et figurent même sur le drapeau national. Fin bref, toute façon depuis les randos de Chimanimani, les oiseaux, c'est plus trop mon truc. Je suis bien content si ils peuvent se faire bouffer par des crocodiles, ces salopiauds.

Le Hill complex, et ses murs incurvés, on a vite fait de s'y paumer !

Le camping est situé à l'intérieur du site, à quelques mètres des ruines. Frank, le premier voyageur que je rencontre dans le pays, m'invite à boire une bière. Faut dire qu'il est allemand. Mais bon, forcément, au milieu du Zimbabwe en pleine crise économique, on rencontre des voyageurs pas vraiment comme les autres. Quand je lui demande depuis combien de temps il baroude avec son énorme 4x4 suréquipé, il me répond : "Oh, c'est que le début, ça fait un an et demi !". Ancien chef d'entreprise à la retraite, il a vendu sa boîte et a décidé partir faire le tour du monde. En 15 ans. L'avantage pour moi, c'est qu'il vient de passer 3 mois en Afrique du Sud : c'est un Lonely planet parlant !

28
mai

Après Nyanga et les Eastern Highlands côté Nord, Chimanimani et les Eastern Highlands côté Sud, évidemment. On m'a beaucoup vanté la beauté du coin, mais personne n'était vraiment sûr que j'y trouve des transports sur une route ouverte, un camping ouvert et un parc national ouvert. Et pour cause, en plus de la crise qui a vidé la région de ses touristes, le cyclone Idai est passé par là, et il a fait des dégâts impressionnants. Ça fait beaucoup de malchance. Plus de 200 morts dans le village, et on préfère ne pas parler du nombre de disparus.

Je mettrai au final une journée entière pour faire un trajet de deux heures, mais j'y arriverai. La heaven lodge est ouverte, autant dire que les tentes se bousculent pas vraiment dans le jardin. Un couple de rastas, Jenna et Sam, tient l'auberge. Ultra cool et accueillant. On sent bien que l'endroit était super sympa et animé à une époque, aujourd'hui c'est plus vraiment le paradis. Un glissement de terrain a emporté la moitié de l'auberge, la douche et les toilettes. Jenna et Sam ont passé une nuit entière assis sur deux tables empilées en espérant que l'eau commence à descendre et ne les emporte pas. Ça faisait déjà beaucoup (trop), mais la semaine dernière Jenna a été mordue par le chien du voisin, qu'ils suspectent d'avoir la rage. Terrible avalanche de malbeurs. Des fois faut vraiment le vouloir pour croire en Dieu. Mon arrivée leur donne un peu d'espoir, un backpacker qui arrive ici, ils voient ça comme un signe que ça va peut-être reprendre. Je leur assure que je ferai de mon mieux pour faire connaître leur coin, et que rien que la vue depuis la terrasse, ou ce qu'il en reste, devrait suffire. J'aimerais y croire...

17 bornes depuis le village pour rejoindre les montagnes, heureusement ici l'entraide, et donc le stop, sont devenus une évidence.

Le lendemain je rejoins l'entrée du parc. Sur le chemin la vue est déjà incroyable, je suis impatient d'aller voir en haut. Comme à chaque parc, je remplis une ligne sur un carnet qui répertorie les noms et nationalité des visiteurs. Du coup à chaque parc, tu vois les mêmes noms avant le tien, on se suit, à 3 semaines d'intervalle... Je rejoins ensuite le seul refuge de ces montagnes où à mon grand étonnement, je suis pas seul: l'armée zimbabwéenne est venue s'entraîner. Cette fois j'ai pris plein de bouffe, après le trek de Nyanga, j'ai faim en continu. Mais comme d'hab en refuge, les souris rôdent, alors je cache ma bouffe à l'extérieur. Au matin, grand beau, je pars pour le mont Binga, plus haut sommet... du Mozambique. C'est comme le Mont Blanc, le sommet est sur la frontière.


On m'avait pas menti, c'est splendide. Je croise quelques chercheurs d'or mozambicains qui croisent illégalement la frontière.

La montagne aussi a subi la force du cyclone Idai, il y a partout d'immenses balafres, qui coupent parfois les sentiers. Ça rend quelques passages un peu scabreux. Mais ça n'enlève en rien à la beauté du lieu: entre plateaux et plaines herbeuses, blocs de granite en équilibre, cascades dans tous les sens, c'est juste le top.


After Chimanimani, I'll head West. No more mountains. Argh. But more numerous and big animals

De retour au refuge, gros coup au moral : les choucas locaux, qui ressemblent plus à de gros corbeaux, ont trouvé mon sac de bouffe et ont rien laissé. C'est pas demain que je vais grossir.

24
mai
24
mai
Publié le 31 mai 2019

I have my ritual every time I enter a country and find a WiFi: I search for the name of the national parks and mountains of the country, in addition to the word "trek". Most of the time I find nothing or a vague comment in a 10 years old conversation of a forum. This time, in Zimbabwe, I found more information than I needed on a trek in the Nyanga national park, close to where I entered the country. En route!

The Nyanga national park is part of the so-called Eastern Highlands of Zimbabwe. These mountains are famous for their Scottish-looking verdant hills and their Scottish-looking weather with frequent misty conditions. Not really the typical African landscapes you see in the books and movies. Bernie created the company Far and Wide there, he decided to make the park attractive: he settled a camp with cottages, proposes rafting trips, built a bridge and the world's highest zip line above the almost 800 m high Mutarazi Falls, and made a 65 km trail across the park, the Turaco trail. Great, I'll go for the last one.


Exactly what I needed after Mozambique

The trail here is made to self-guided: you download an app and a map on the phone, and you just have to make sure that your GPS position follows the trail on the map. There are 4 very basic camps on the way, you also have their position, so you go, and good luck. I like the style. The morning before I start hiking, Bernie tells me: "I've made and organised this trail so that you should not meet anyone in the next 5 days." Ah, I have nothing against meeting people, but thanks anyway, Bernie.

And indeed, I haven't seen any biped from the start until the end. This makes it a very "primitive" experience which is quite enjoyable, I have to confess. Some type of lonely survival into the wild, just a mini Christopher McCandless experience. Every day has its small routine: 7 hours hiking, tent pitching and fire lighting, before some rest with a book on a hot sunny rock in the middle of a river. There's time for deep interior thinking!

l'Écosse, je vous dis !

All of this is a cool experience when you have sun, and thus fire and food. But it's Scotland here. Half of the time I had fog, rain and cold winds, which makes it a bit (a lot) less funny. Keeping the inside of the tent dry becomes the number one goal. And since it's impossible to make a fire, there's no pasta. I always have my multi-fuel stove with me (even when I'm not trekking), which is super useful: I go to any gas station, ask for half a liter of gasoline (unleaded, if possible) and I can cook. So easy, I can cook even if it rains, right? No. Because it's not Scotland here, it's Zimbabwe.

The current situation in Zimbabwe is impressive. The country is facing a terrible economic crisis, the level of inflation is insane. It is impossible to withdraw any money at an ATM in the whole country. People start queuing at 5 in the morning in front of the banks to hopefully get the equivalent of a 20 $ bill at the end of the day. The price of a liter of diesel has doubled in a few weeks (y'a quelques gilets jaunes qui devraient venir faire un tour...), and unleaded gasoline is not available anymore. For me, it's a small issue: my stove works way better with gasoline than Diesel, which is why I used my very last drops of gasoline during the trek. For Zimbabwean people, it's an everyday struggle.

In 2007-2008, the country had already suffered such a crisis, maybe even worse, and the situation could somehow be improved by inputting US dollars into the economy. In late 2016, the government decided to restart its own currency, the Zimbabwean dollar bond. At the time they stated that 1 USD = 1 bond. But they kept the possibility to change this rate as they wish. This makes the situation completely crazy: everyday the new rate is given in the media. Before I started my trek, the rate was 1 USD = 4 bonds, at the end it was almost 7 bonds!! The bond bills in my wallet lost almost half their value just by walking 5 days in a national park. For that reason and probably others, there are absolutely no tourists in Zimbabwe (excluding the Victoria Falls region, which has its own economy with the neighbouring countries). And it's not because of low season anymore. The Eastern Highlands were a backpacker hub in the 90's. It's over. Despite the cottages, the rafting and the zip line, I have the whole national park for myself.

Highest point, the clouds are coming. Seems like there's not gonna be any fire again tonight...

Funny thing about this trek: the final point is the Aberfoyle lodge, a top-end accomodation with swimming-pool, golf and ultra-comfy spacious rooms (150 $ for a night!). After 5 days walking in the mud, hoping for your fire to finally start, and desperately trying to dry your sleeping bag with the unique minute of sunshine of the day, you arrive there like an under-developed extraterrestrial on a clean and shiny planet. Fortunately, they let me pitch my wet tent somewhere hidden behind the lodge, for 15 times cheaper than a room. I can even have a swim in the pool for that price!

The Turaco trail was not the most beautiful trek I've hiked, but for some reasons that I cannot explain, eating a sandwich on the highest rock of a country after 3 days of hike, knowing that you're the only buddy in the 472 square kilometres around is incredibly rewarding and peaceful. But there's one thing I've realized: it took me way less time than him, but I got to the same conclusion than this good old Christopher: being alone for a while is amusing and inspiring, being alone longer is less fun, being alone very long is probably not fun at all. I have to confess that the return to civilization is quite pleasant. And luckily enough, I have my favourite biped joining me at the other side of the country in a few days.

18
mai
18
mai
Publié le 30 mai 2019

I didn't stay long in Mozambique after I left Beira. Nature here didn't really blow my mind. It seems that the beauty of Mozambican nature got replaced by the beauty of its women: the streets are a constant top model show. To the single guys here, you know where to go...

However a few places were worth the detour: Zalala beach in Quelimane with its millions tiny crabs running away from the tide; Caía with its 2.5 km bridge over one of the largest arms of the mythical Zambezi River (impressive, I'll see this river soon again, hopefully!), the Catapú forest reserve where you disturb a different animal every 10 min (blue duikers, impalas, warthogs, and mostly birds), and the Miksa camp where you can chase giraffes in the woods.

I have seen only a small part of Mozambique; the South is probably more exciting. The North has terrorism issues these days...

What made Mozambique so particular is the vibe, the culture, completely different from the typical African style I've seen in Tanzania, Malawi and now Zimbabwe. It seems like a latin language always goes with a latin vibe. In between 2 conversations full of loud laughs (which I was used to), people often argue, complain, fight for any stupid reason, but it's all forgotten 5 minutes later. Here, when the minibus driver takes too long to start, he's got stronger and stronger complaints. First time I see it! Anyway, in the end people were as nice to me here as anywhere else. Was tough to communicate, but a bit of Spanish with a "ch" at the end of the words did the job. And one non-negligible advantage from a latin country : they have bakeries (often almost empty, though), I even found baguettes!!

Tudo bom, mi amigoch!
21
mai

Faut croire que depuis la période où on côtoyait l'homme de Néandertal, ou peut-être même avant, on a un nœud qui s'est créé dans le cerveau, qui fait que l'autre, là-bas, qui vit de l'autre côté de la rivière, il est tout pas beau, il est très méchant, et il nous veut beaucoup de mal. Aujourd'hui, la rivière est toujours là, y'a juste un bureau de douane de chaque côté, mais on pense toujours la même chose de celui qui est en face. Quelle bande de cons.

Alors certes, avant de partir, j'ai entendu des centaines de fois que j'allais finir, au mieux, dans le coffre d'une voiture, à poil, pieds et mains liés, au pire dans la marmite d'une tribu de zoulous qui s'engueulent sur la sauce qui irait le mieux avec mes mollets. Pour être honnête ça m'a assez peu inquiété, parce que je savais que les gens qui me prévoyaient ce bel avenir était tout autant dans l'ignorance que moi, voire pire. Ce qui m'a inquiété, c'est qu'avant chaque passage de frontière, les locaux m'ont dit presque la même chose du pays dans lequel je m'apprêtais à rentrer. Et de pire en pire. Le Malawi, fais gaffe, ils sont ultra pauvres, c'est pas des gens civilisés comme ici en Tanzanie. Les mozambicains, c'est pas des rigolos comme nous au Malawi, ils vont te voir arriver, toi le privilégié, et tu vas être un porte-monnaie facile à voler. Au Zimbabwe, la crise est telle que les gens sont désespérés, ils vont te dépouiller, soit par l'arnaque soit par la force, il te restera même pas une paire de chaussettes. Mais quelle bande de cons !

Le pire, c'est que c'est pas l'idiot du village qui me disait ça, c'est des gens dont j'avais confiance, saints d'esprit et visiblement intelligents. À cause d'eux, j'ai passé chaque frontière avec une petite angoisse au fond de la gorge, ce genre de stress constant qui te voit répéter ces phrases dans ta tête. Après chaque frontière, au bout de quelques heures, j'ai eu des sourires, des bienvenus, des questions pleines de curiosité sur mon voyage, des thés offerts, des accolades, des "mercis de venir visiter mon pays". Des perles. Au bout de quelques heures, l'angoisse redevenait de l'envie de découvrir. Quelle bande de cons, vraiment.

Alors je dis pas que l'homme est bon, partout, tout le temps. J'irais pas visiter Halep avec mes tongs et mon appareil photo. Il faut juste savoir fixer la limite au bon endroit, ce qui est pas super facile, mais pas non plus hyper compliqué, et ma petite expérience m'a montré que la plupart des gens se plantent royalement à ce petit jeu-là. Tout simplement parce que ça coûte bien moins d'effort de se faire une idée rapide, basée souvent sur un fait divers, sur un truc qui traîne au fond de la mémoire, que d'aller chercher où sont les informations fiables, basées sur du concret, sur des statistiques. Un cyclone à Beira, 5 morts du choléra ? Olala, le Mozambique ça a tout l'air du gros piège. Des émeutes de la faim à Harare ? Jamais je mettrai les pieds au Zimbabwe. Ce qui est juste incroyable, c'est qu'on a la chance d'avoir des gens dont le boulot est de regrouper le plus d'infos possible sur la situation géopolitique, la criminalité, les maladies, les accidents, etc., dans chaque pays, (et ça doit être des bibliothèques de stats), d'en faire des cartes de couleur, et de les mettre sur le site du gouvernement, tenues à jours toutes les semaines !! Les mecs nous mâchent le travail, mais non, nous on continue à s'entêter sur un fait divers ou un vague truc que nous avait dit mamie Huguette! Mais quelle bande de cons !!

Au passage, c'est à peu près pour la même raison qu'on a des maladies bien Moyen-Âgeuses qui reviennent en Europe, faute de vaccins.

Alors évidemment, c'est risqué pour moi d'écrire un article comme ça, si dans 5 jours je tombe sur un abruti qui décide de me dépouiller, je vais passer pour un brave blaireau. Et ce sera compliqué d'expliquer que c'est un coup de malchance, entre une myriade de rencontres magnifiques. Mais honnêtement, si je m'étais baladé 2 mois dans Paris, avec mon gros sac à dos et sans parler la langue, je suis quasi certain qu'il me serait déjà arrivé une merde. L'année dernière, deux americains, qui avaient décidé de faire le tour du monde à vélo pour montrer que l'immense majorité des gens étaient géniaux, ont fini sous les roues d'un djihadiste, pourtant dans une zone marquée comme sûre sur la carte. Des milliers de personnes, dont beaucoup de républicains, les ont pourri d'utopistes débiles, à titre posthume. Sacrée bande de cons.

15
mai
15
mai
Publié le 20 mai 2019

My plans have slightly changed. Zambia will wait a bit, I went straight to Mozambique. From there, I plan to reach Zimbabwe at Mutare and will cross the country until the Victoria Falls, where Lucile will join me. That's the plan, at least.

The reason of my visit in Mozambique is not really tourism. Central Mozambique doesn't look fascinating, although I'm curious to see what an African Portuguese-speaking country looks like. The reason of my visit is that two months ago, the country was hit by the cyclone Idai, causing more than thousand victims, thousands more missing, and huge damages on the infrastructures. The city of Beira, on the coast, was the most affected. You probably saw these terrible videos of people on the roof of their house trying to escape rising water. Beira is now fighting a growing epidemy of cholera. I want to know how the emergency help is organised after this kind of natural disaster, I want to understand how the NGOs work, how they operate on the field. And if my help is needed, I'd be happy to spend a few weeks there and volunteer. So, on the (destroyed) road again, direction Beira.

I find a French woman on Couchsurfing who can host me for a few days. Flore and her daughter Cailin have been living in Beira for 11 years. Their story of the night of the cyclone is terrifying. Mostly because they happened to pass by the eye of the cyclone, when they thought it was over, but things got even worse afterwards. Falling trees, flying roofs, rising water.


Oué, en effet ça a pas dû être drôle, la nuit du cyclone.

Flore is the founder of the company Terra Nova, specialized in composting. In brief, the locals companies sell their waste to Terra Nova, which then selects organic and inorganic waste. Organic waste is transformed to compost and sold to local farmers, inorganic waste is sold to Chinese companies for recycling. Smart. I knocked at the right door: because of her job, Flore has tight links with NGOs in Beira, mostly since the cyclone. She gives me the address of the office of most of the NGOs deployed here: Care, Humanity & Inclusion (new name of Handicap International) Action against hunger (Action contre la faim), the Red Cross...

Au QG de Terra Nova. Ça fait un peu moins rêver que le Malawi, mais l'idée est belle.

I spend two days meeting very nice people, discussing very interesting topics. But they all have similar answers to my request: insurance issues, already organised teams, and no real need for helping arms. The emergency state is now coming to an end, and the situation is coming back to normal. Well, ok, I'll continue my trip, then.

The next morning, Flore gets the information that Care will start a distribution of hygiene bags around midday, and I can come to see and participate. Cool. I go with Marta, her Mozambican assistant, to the place of the distribution by scooter. After half an hour, we enter a slum, the level of poverty is impressive. Had never seen something like that before. After searching a few minutes, we find two big tents with the logo of Care. We get closer, but there's no one from the NGO. And suddenly, a huge crowd starts surrounding us, maybe 300 people. They all seem super happy to see us, but it's pretty scary. We try to escape as soon as possible, but it's hard to find a way. When we're finally out of there, Marta gives a few phone calls and we understand: the distribution started an hour before we arrived and it went wrong: some guys tried to steal the bags, and the NGO decided to stop the distribution for safety reasons. They didn't inform Flore about that. The reason why these people were so happy is they thought we were coming back to check before restarting the distribution.

I wanted to get an idea how the help is organised on the field, I couldn't get it but I clearly understood it rarely goes as planned.

12
mai
12
mai
Publié le 20 mai 2019

Au début de mon séjour au Malawi, dans la benne du camion qui m'a fait monter les lacets serrés de Livingstonia, j'ai lu, par dessus l'épaule d'un passager, le gros titre de son journal : "Malawi ranked fourth poorest".

La Tanzanie, c'était la pauvreté digne, ici, c'est la misère impuissante. Ça n'empêche pas la majorité des gens d'avoir un sourire constant, la majorité des conversations d'être principalement faites de grands rires. J'avais entendu parler de l'Afrique comme du "triste continent heureux", je comprends mieux.

Il a été plus difficile d'échanger avec les gens ici qu'en Tanzanie, d'abord à cause de la soumission des femmes, ensuite parce bien souvent, la discussion file rapidement vers une demande d'aide ou d'argent. Ça se comprend. Ça n'empêche pas que l'ambiance générale est toujours agréable, du moins dans les campagnes et les petites villes (j'évite en général les grandes villes si c'est possible). Les gens sont toujours agréables et joyeux, jamais insistants, toujours accueillants. Aucune trace d'insécurité.

Ce qui m'a fait adorer le Malawi, c'est aussi sa nature. La concentration de sites magnifiques est impressionnante. Tous les 50 km, il y a un truc à voir. Si vous aimez la rando, le trek, la nature, avec des pauses repos pépouse au bord du lac, je recommande vraiment la visite. Il y a en plus deux parcs nationaux avec le fameux "Big Five": éléphant-rhino-buffle-lion-hippo (que j'ai pas fait parce que j'aurai le temps d'en faire). Par exemple pour deux semaines de vacances, le Sud du Malawi, c'est un sacré bon plan à mon avis. Vous dépenserez quasi rien, surtout si ça vous gêne pas de mettre un peu votre confort de côté, mais le Malawi en a bien besoin.

J'y retourne quand vous voulez, moi, dans le 4ème pays le plus pauvre du monde

Il fallait bien une sortie étonnante d'un pays aussi étonnant. À la douane, on me demande :

-Est-ce que vous avez votre certificat de vaccination ?

-Non désolé, je l'ai oublié en France. Mais j'ai une photo.

-Pour moi ça pose pas de souci, mais de l'autre côté, à la douane Mozambicaine, ils te laisseront pas passer sans ton certificat.

-Ah ben mince alors.

-Sinon t'as 20 dollars ?

Et paf, le mec me sort un certificat, le même que j'ai oublié a la maiz', avec marque du vaccin, numéro de lot, et tampon officiel de la World Health Organization. Il le remplit à mon nom.

-Tu diras que tu t'es fait vacciner le 22 Avril, à ton entrée au Malawi.

Comme d'hab, ici un problème n'en est jamais un. Évidemment, côté Mozambicain, personne m'a demandé mon certificat de vaccination.

8
mai

The closer I get to the Mulanje mountains, the more intimidating they get. This massif is the result of a volcanic hotspot, which projected huge amounts of lava in the flatlands of what is now Southern Malawi, 130 million years ago. This monadnock, i.e. a very isolated range, with around 15 peaks, up to 3002 m, thus looks massive in the middle of the plains. That's the reason why the locals called it "Mulanje", the island in the sky.

The evening before starting the trek, I get confirmation of my impressions after more than 2 weeks in Malawi. I get a hitch-hike with George, who works at the ministry of education, and I have dinner with Anna and Steve, two members of the European commission on the field. George's job basically consists in trying to convince the parents that they should send their kids to school. That getting married should not be the first goal of their 12 years old daughter. That going to university is a much better option than selling donuts in the street. Anna and Steve form one of the 14 teams dispersed over Malawi whose goal is to ensure that the elections, on May 21, will be as fair as possible. George, Anna and Steve have three things in common: they are extremely nice, brave, and fatalistic. Things are not gonna get better soon. They are doing their best but they know there is very little hope.

I plan to cross the Mulanje from Likhubula to Fort Lister, following the 26 km long West-East alignment of the massif. I'll decide on the way if I go for a peak or two. Should take 3 days, probably 3 nights if I want to be back from the sky in the morning.

There are 8 beautiful huts like this one on the mountain, each kept by a watchman. But since I anyway have to carry my tent...

On the way up I meet Silvia and Clement, a German couple (she is a doc and he an ingeneer, the unavoidable combination) and Katherine and Marie, two Danish medicine students who travel a bit after one month in a hospital in Zambia. John, guide of the two girls, warns me that the ascent of the Sapitwa peak, the highest one, is risky and the way is not easy to find. That's what all the guides, and all the random guys who suddenly decided they were guides (and there are lots of them here) always keep telling me. But John seems to be a trustworthy, and concerned guy. He proposes to discuss a price for an ascent the next morning, if the girls accept.

Là-bas, au fond, l'impressionnant Chambe Peak. Sa face ouest est le plus grand big wall d'Afrique. Alors, des motivés ??

The 5 of us spend a very bad night at the Chisepo hut. They, inside, have too thin sleeping bags. I, in my tent, feel perfectly warm but my stomach is more than unhappy. Shouldn't have recooked these samossas that I bought 2 days ago. At 3 a.m. I have thrown up enough, I can finally sleep. Until 6.

While hiking up I feel better and better, which is fortunate because John was not lying, it's super steep, we often need to use the hands to climb up. "In Chi-chewa, Sapitwa means Do not go there, you guys understand why ?!" Seems worth the effort, though: we are far above the clouds and the view, once again, is insane.


Summit!

After a quick lunch, my 4 friends of the day and their guides head to Chambe hut, for me it will be Tuchila hut. I'm happy to hear from John that the eastern side of the mountain range is by far less frequented, so I'll probably be alone in the evening and will have a huge sleep to compensate my very short night. But after 2.5 hours, when I make it to Tuchila, surprise!! 40 kids.

Crossing a bridge here is way more scary than climbing any peak.

Every year, the international school of Blantyre, second largest city in Malawi, organizes a two days trip to the mountain. Surprised to see that half of them are white, some Asians, but all of them are Malawians and speak a perfect English, I ask why. A teacher tells me that they are kids or grandkids of Europeans who settled there, or who escaped Mugabe in Zimbabwe. "Privileged kids", he says. Tonight is their last night on the mountain, and they're on fire. Great.

While they go watch the sunset a few hundred metres away, the calm comes back and James, 76, comes to me, walking with clear difficulty. I quickly understand he is the kind of guy worth listening to. Born and raised in the UK, this doctor spent 20 years fighting malaria in Malawi. "After my retirement, I decided to become a painter, and what better source of inspiration could I find than this mountain I've always loved." The conversation goes on and he confesses having Parkinson's disease. Close to tears, he goes: "on the way up today, I understood it was probably the last time I could climb this mountain. And soon I won't be able to paint it anymore." Sad words of a wise man.


And it's here, lost in the middle of Malawi at 2000 m altitude, that I find a picture of my office! Crazy swiss guys!!

The good thing with having so many kids here is that they of course brought too much food. And not my daily rice with eggs. These pasta bolognese with cheese (with cheese!!!) look like the survival meal for them, for me it's a gift from God himself. After dinner, I'm dead, and I expect bed time to come for everybody, when a teacher shouts: "The 2019 Mulanje Mountains Show starts in five minutes!!". Whaaat?

And then starts a series of sketches, songs, jokes, magic tricks, with the teachers acting as the jury deciding for the best show. These kids are incredibly funny and talented. "Climbing Mulanje, expectations versus reality" is the show that gets the highest grades before one girl gives an impressive solo song. What a voice. When she's done, they all chant her name. It's far in my memory, but I don't remember we were that nice and gifted when my friends and I were that age. But they kept the best one last. Joey, small fatty guy, learnt to imitate all the different English accents. He's not scared of making fun of his Scottish teacher, acts the Indian guy who loves spices, and the Dutch who is way to tall. Hilarious. I cannot leave without asking. "Oh yeah Joey, please do the French guy for our guest!" And this kid, 11 years old, starts repeating ridiculous romantic drama with a broken English... Unforgettable night.

6
mai
6
mai

En chemin vers le gros objectif du Malawi, les monts Mulanje, se trouve le plateau de Zomba, dont beaucoup de voyageurs m'ont dit beaucoup de bien. Je saute dans un minibus.

Les transports sont pour moi un régal tout autant que les balades. C'est pas sur les sentiers que je vis avec les gens, c'est là, dans les minibus, les bennes des camions, au bord des routes. L'avantage ici, c'est que la plupart des malawiens parlent bien anglais. L'inconvénient, c'est que seule la moitié de la population semble autorisée à me parler : les hommes. Assez peu d'échanges entre femmes et hommes. Et parlons pas de flirt. Les droits des femmes ici sont réduits à très peu, la soumission est impressionnante. C'est pourtant elles, la plupart du temps, que je vois marcher sur les sentiers avec des dizaines de kilos de bois sur la tête !

Dans le minibus pour Zomba, le passager assis à côté de moi est un témoin de Jéhovah, super sympa, qui me pose la question qui revient le plus souvent : quelles sont les différences entre ici et chez toi, en France ? Bizarrement, c'est pas si simple d'en trouver.

Voyager au Malawi, c'est prendre un sacré cours de relativité générale du tonton Albert: la dilatation du temps, ici, on comprend vite ce que ça veut dire. C'est bien connu que le temps africain est plus lent que le temps européen; ici les gens s'amusent à dire que le temps malawien est 10 fois plus lent que le temps africain... Autant les temps de rando, je les divise par 2, mais les temps de transport, je les multiplie par 3. Quand t'as attendu 1h30 que le minibus se remplisse, on part, tu te dis c'est bon, on y va enfin ! Hé beh nooon ! C'était une feinte ! Le mec fait demi-tour pour repasser dans tout le village en klaxonant et en gueulant pour sur-remplir son minibus, et une fois que c'est bon, il va faire le plein, le bougre. 30 min de plus. Une fois vraiment parti, y'a de grandes chances qu'un barrage de police te fasse perdre 5 minutes tous les 20 km. Et comme y'a pas d'arrêt de bus ni même de ligne de bus, on s'arrête à chaque fois que quelqu'un fait un signe pour monter, ou descendre. Bref, y'a le temps de discuter.

Ce qui est génial, c'est que tout le monde prend tout ça avec le sourire, coincé entre deux poulets vivants, des sacs de patates, et un enfant (pas forcément le sien !) sur les genoux. Les poissons, eux, sont au frais, pendus à l'essuie-glace avant. Frigo local. Faut voir les trésors d'ingéniosité que les mecs utilisent pour entasser tout ça. Faut dire qu'y 'a pas une seule porte qui ferme. Une fois, le conducteur referme la porte coulissante un peu fort, elle lui reste dans les bras. Tout le monde est mort de rire ! Quand je dis à mon pote témoin de Jéhovah qu'en France, chacun a sa place dans le bus, il me lance "Aaaah, safety first!! Here it's also safety first, but first from the end!"

Autre chose qui résume assez bien l'ambiance du pays: la ventilation, le levier de vitesse, les aiguilles de vitesse et d'essence, le pare-brise, les portes sont tous pétés, mais l'auto-radio, lui, fonctionne tout le temps. Pas question de faire un trajet sans musique. En Tanzanie, la musique était tout le temps excellente, ce qui participait à rendre les trajets vraiment sympas, malgré l'inconfort. Au Malawi, c'est pas la même qualité, mais c'est mieux que rien, on va quand même pas se plaindre !

Montée au plateau de Zomba, 2h de rando depuis la ville et on est de retour dans la beauté et la tranquillité de la nature.

A l'auberge de backpackers de Zomba, je fais le plein d'info sur le plateau et sur les Mulanje. Encore une fois, c'est un coin d'Occident au milieu de l'Afrique. Tenu par une norvégienne, on est entre allemands, ricains, canadiens, hollandais... Les seuls Malawiens sont les serveurs. Super bonne ambiance mais j'arrive pas à m'empêcher de penser que ça a quelque chose de malsain.

Bonne nouvelle, il y a un petit camp, rudimentaire, au milieu du plateau, je vais pouvoir balader léger en étoile depuis là. En effet, le camp de la "ferme au truites" est rudimentaire, pas d'électricité, des chauves-souris plein la douche, et... pas de truites. Je planifie le Chwinge's hole, sans savoir ce que c'est, puis le sommet du plateau et une redescente par la crête en bord de plateau.

Oh fan mais il est incroyable ce pays !! Il se passe pas 2 jours sans que je pose les yeux sur une merveille !!!

Le Chwinge's hole est en fait, comme son nom l'indique, un immense trou en bord du plateau, dont sortent quelques arbres. On m'explique que malgré plusieurs tentatives, personne n'a encore amené assez de corde pour trouver le fond. Ça ferait rêver quelques spéléos. Mais ce qui me met sur le cul depuis le Chwinge's hole, c'est la vue. La vallée qui tombe jusqu'aux immenses plaines est magnifiquement découpée, on se croirait à Mafate. En prime, avec les rayons du soleil qui traversent les cumulus, la vue est irréelle. Incroyable Malawi.

Le retour par la crête, au couchant, se fait face à l'impressionnante et intimidante masse des monts Mulanje. J'arrive !

Le lendemain, je pars sur une autre boucle côté est du plateau, vers les plus fréquentés Emperor's view et Queen's view. Sympa, mais incomparable par rapport à la veille. Je descends jusqu'au barrage, je le traverse. Arrivé de l'autre côté, on me sort une taxe, pour avoir marché sur le barrage : 200 kwachas, soit 0,24€. Je commence à être rodé aux taxes improbables, et j'ai trouvé la parade : je sors le plus gros billet possible, 5000 kwachas, et je dis que j'ai rien d'autre. Évidemment les mecs ont jamais le change, et ils sont bien obligés de me rendre mon billet !

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Publié le 13 mai 2019

Alexandre and Sonia Poussin are a French couple who decided, in the early 2000s, to cross Africa by foot (yes by foot, and by foot only), from Cape Town to Jerusalem. Took them more than 3 years, sleeping, eating, living with locals. Tough. They wrote two books out of their journey, Africa Trek I and II. The part I describes their route and adventures in South Africa, Lesotho, Zimbabwe, Mozambique, Malawi and Tanzania until the summit of the Kilimanjaro. I of course killed this book in no time. Much more to learn than in any Lonely planet or Routard.

In Malawi, they had the visit of Sonia's parents and took a break (of hiking) for kayaking on lake Malawi, from Cape MacClear to the small Mumbo island, 10 km away. And the book says "Forget everything I told you before, heaven is here, on Mumbo island". Since I generally trust people who decide to get off their sofa and walk 14'000 km, I had also made it one of my plans.

When in Cape MacClear, I head straight to KayakAfrica, which they recommend in the book to go to Mumbo. I meet the owner, who tells me that a day trip is not possible, and spending the night there costs 220$. Sounds like a broken dream. Tough but rich, the hikers? Was probably cheaper in 2001, though.

Two different jobs are possible here: tourist harasser or fisherman. And the same applies to kids

With quite some disappointment, I take a walk along the beach looking for the cheapest camping. The last camping I find, called fat monkeys, is not the cheapest but I see a parked kayak. I go and ask. Bingo, they rent it for 20$, half a day. Heaven is for tomorrow! In a cheaper camping I meet Davi, lying in his hammock. He's a Brazilian guy, also doing a long-term trip, he started from Russia and and is heading down to South Africa. Super nice guy. Without thinking too much, I propose him to join me on Mumbo island. He's a bit scared of the 20 km of kayak in half a day but he finally accepts.

We spend the evening together, great guy but he cannot quit his phone more than 10 seconds. I ask him why, and he explains that his Instagram account has grown up way faster than he expected, so fast that he starts earning money and he's thinking of making a living out of it during his trip. Wow. First time I see a post-modern traveller in action. We get a beer: story. I boil my eggs: story. I tell him he can put his phone into a condom to make it waterproof on the kayak: best story ever!! "Too bad you don't have insta man, my 37'000 followers already love you!". Ah, thanks Davi.

I go to sleep with a big doubt, not sure that proposing him to join was a great idea. My doubt is confirmed the next morning, after 20 min, he's dead, and half of the time I have to paddle alone. I try to motivate him and we finally make it. We need to land on a relatively hidden place: the island is part of the Cape MacClear national park (UNESCO Heritage site) and we should have paid a 10$ fee to access it. Indeed, it looks like a pristine paradise island with its huge boulders partially immerged into the lake. As soon as we land, surprises start: 3 Nile varans, huge lizards of around 1 to 1.5 meters, welcome us. Crazy!

Surprising fauna in heaven

Snorkeling there is also pretty nice. Lake Malawi was a real snorkeling destination a few years ago, but overfishing unfortunately emptied it from its incredible biodiversity. The lake is famous for its cychlid fishes, small blue and yellow fishes. They are common in aquariums. Funny ones, they are rather slow but sometimes accelerate for an unknown reason.

Too soon, we have to go back to Cape MacClear, we go around the island and see the cottages of KayakAfrica. Beautiful wooden houses on top of small cliffs. Not this time, sorry! For a goodbye, we get close to a nest of the impressive African fish eagle (Haliaeetus vocifer). Wonderful birds. The typical tourist activity is throwing dead fishes at the lake surface to watch them fishing. But we didn't take dead fishes with us, and it seems like they don't want our biscuits.

Heureusement, c'est quand même un mec à la cool, le Davi

We take it easy on the way back, and discuss of our respective trips. Once on the beach, I hurry up because I want to reach my next destination, Zomba, in the evening. "You're crazy man, I'll need two more days of hammock after that!"

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2
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Après un jour et demi de plage à Nkhata Bay et avant un jour et demi de plage à Cape MacClear, j'ai besoin d'une dose de montagne. C'est ça l'avantage au Malawi, y'a le choix, et c'est jamais loin. je vois sur la carte les monts Dedza, plus ou moins sur ma route, aucune info dans les guides de voyage, personne ne connaît, mais ils m'ont l'air bien isolés, donc potentiellement une belle vue.

Quand on sort des circuits classiques, les transports et l'hébergement se compliquent forcément. Ici pas de campings, je trouve seulement un centre de conférences pour politiques, dont les chambres sont bien trop chères pour moi, mais dont le gérant accepté que je plante la tente dans le jardin, sympa. C'est même moi qui choisis le prix !



On est pas encore en haut, et c'est déjà beau

Au fur et à mesure de la montée, je me félicite d'avoir décidé de venir : c'est magnifique. Après quelques sentiers de sanglier, c'est la cerise, le sommet est sur un petit pic rocheux, j'aurai donc bien ma vue de là-haut.


Et quelle vue ! A 360 degrés, le lac Malawi d'un côté, le. Mozambique de l'autre.

De retour à mon camping de conférences, le gérant a eu pitié de moi, il m'offre une chambre au prix de la tente... Ces gens sont des perles.

30
avr
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Avant d'aller d'attaquer les montagnes du Sud du pays, il y a un stop obligatoire par Nkhata Bay, au bord du Lac Malawi. Ambiance étonnante, on se croirait en plein milieu des Caraïbes. Mais qui dit plage et coin connu dit pièges à touristes, je vais pas rester des plombes.

C'est aussi une terre d'archéologie. Ce monstre a été déterré pas loin d'ici

Je compte juste aller balader le long de la côte en kayak, le camping en prête gratuitement. Et même des kayaks fermés. Cool, me dis-je, y'a des vagues, je serai mieux que sur un sit-on-top. Mais évidemment, la juppe est trouée et à chaque vague, je prends la flotte. Au bout de 20 min, je finis par être à deux doigts de couler et je galère à rejoindre la plage. Retour case départ, je me contenterai de la balade touristes sur un bateau à moteur.


Easy life here, in the fishermen villages

La vie est calme, paisible, les gens sont cools, un coin de bord de lac tranquille. Mais il est difficile ne pas penser au terrible passé de ce coin de paradis: au 19ème siècle, Nkhata Bay et son voisin Nkhotakota concentraient les plus grands marchés d'esclaves d'Afrique australe. Des millions d'hommes ont été vendus ici, et il ne reste plus aucune trace de ces horreurs. Tout est effacé.

Ironie du sort, les esclaves vendus ici devaient effectuer l'exact trajet inverse du mien, jusqu'à Zanzibar, où le peu de survivants à ce périple partaient par bateau vers la péninsule Arabique, l'Inde, l'Europe ou l'Amérique. Mais eux n'y allaient pas en bus et en train, ils y allaient la tête coincée entre deux planches de bois, et mourraient de soif, de faim, de maladies, d'attaques de lions ou sous les coups de leurs bourreaux. Terrible.

Difficile alors de considérer ce coin comme un paradis. Heureusement, la tendresse et le sourire des pêcheurs, qui passent des heures à tirer leurs filets depuis la plage pour récupérer quelques pauvres poissons, redonne le moral.


Giulia, Veronika, you know what to reply to Urs this week! Go girls, it's not so hard, you'll see 😉
26
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Publié le 7 mai 2019

I heard and read a lot of very positive stuff from independent travellers about Malawi. My first impressions are indeed positive: even more laughs and smiles than in Tanzania. After my first meeting with the great lake Malawi, I quickly head up to the mountains, one hour of bumpy road on a shared pick-up to Livingstonia.

This funny Mr. Livingston, famous British explorer and Christian missionary, tried twice to settle his base close to lake Malawi, but since everyone kept dying of Malaria, he thought getting a bit of altitude could be a reasonable option.

The camping itself is a balcony, just on top of a huge cliff, stunning view. For the first time I'm not alone (!), it's full of Europeans, some live in Malawi and come here for holidays, some travel.

Ouh pitin, je sens que ça va me plaire ce pays

I had not checked what was possible to do from Livingstonia, but I quickly find a poster with the list of hikes organized by the camp. The longest is 4 to 6 hours, translation 2 to 3 hours. I ask for something a bit more demanding.

-Yes we have a 9 hours hike to the Niakova peak.

I start to like it.

-Or do you have your own tent and stove?

I love that question. I'll go by foot to the Nyika plateau, home of zebras, antelopes, leopards and elephants, and I'll cross the plateau by foot! Happy like a kid when I realize it, I hear:

-We've just finished this hike with my wife, it's just beautiful but I'm so dead I can barely walk now. And we did it the opposite way, from the plateau down to here.

This could sound even better, but when it comes from a young Swiss guy (from Stadelholfen!), it's a bit scary. I know what swiss genes give you in terms of hiking ability.

The ranger wants to meet me and discuss the day before we go. Sounds like a reasonable ranger, for once. Henry, ranger here since 1997, one year from retirement, is the kind of ranger I would keep with me until Canada. Silent but interesting, calm but efficient.

I just have time for a quick visit of the Chombe plateau.

Strange traditions and superstition are still very present in Malawi. When arriving on the Chombe plateau, I'm quickly told by the locals that it's strictly forbidden to go to the other "holy" side of the plateau, which gives best view to lake Malawi. Shit, that was my plan...


On the first of the three days of hiking, from Livingstonia to Chelinda, my guide Henry and I head straight to Chakaka, the last village. Pretty easy day, we have time to stop and talk to people on the way. But conversations are hard, even if most people can speak basic English, they generally end up by asking me for money, or even kids asking for a plastic bottle. This is not Tanzania anymore.


The second day is the tough one. The one that killed the swiss guys on the way down! 1200 m up with quite some distance, and the heavy bags. But on top we can quickly see the summit which signs the border of the Nyika national park, the oldest in Malawi. Tough ascent but I've got huge motivation and a permanent smile on my face: I know there's an incredible view on the plateau from there, and we're going to walk in the middle of hordes of zebra and antelopes!!



Behind this peak (right pic), we're into the wild!!

Indeed, the view is incredible. Kilometers of grassland, a complete change of vegetation from the lushy forest we were walking through just before. Somehow it looks like Peak District national park in Manchester, but 10 times bigger, and with different animals... Walking here on this plateau reminds me of desert walks in the Sahara in Morocco. We have an azimuth, and we go for it.



Here we are, straight to Chelinda. But where are the zebras??

After a few hours on the plateau, we only see two reedbuks. I get the explanation from Henry: the big animals have adapted to poaching, they know they are easy preys in the middle of the park, and they are much safer close to the Chelinda camp where patrollers often go around.


On est finalement assez rapides et on passe le deuxième camp, pour un camp "non officiel" quelques kilomètres plus loin. Pour pouvoir faire du feu, on va camper au bord d'une des rares petites forêts sur le chemin. Mais le feu est pas la seule raison. A la nuit tombée le ciel est juste incroyable, la voie lactée comme si on y était. Je sors du bois pour pouvoir mieux observer le ciel. Et là, Henry me dit: "n'allume pas ta frontale hors de la forêt, faudrait pas se faire repérer par les braconniers". Ah, ok Henry...

La discussion au coin du feu est pleine d'enseignements. Henry me demande quel boulot je fais.

-J'essaie de comprendre comment fonctionne le climat de la Terre, et pourquoi il y a un réchauffement climatique.

-Aaah, l'astronomie, j'ai plein de questions pour toi !

-Euh...

Ça tombe bien, j'ai plein de questions pour lui. Sur son pays. Et voilà qu'on passe la soirée à discuter étoiles qui passent vite (étoiles filantes, donc météorites), étoiles qui passent lentement (avions ou satellites), éducation et (ir)respect de la femme au Malawi, orages, grêle et espoirs de meilleur futur avec les élections à la fin du mois. Mine de rien, après une vie passée à vivre dehors, il a une sacrée connaissance observationnelle, le Henry. Je me rends compte à quel point la mienne n'est que théorique. On forme une belle équipe ! Encore un souvenir du désert, c'est le Ali Pilim du coin.

Camp improvisé, à l'abri... des braconniers. C'est pas les animaux, le danger. Triste.

Le troisième jour, les animaux sauvages commencent à apparaître au fur et à mesure qu'on s'approche du camp. Antilopes, gazelles, phacochères, puis zèbres. Le soir, après avoir planté la tente, je décide d'aller les embêter un peu, et à ma grande surprise, ils sont pas si effrayés que ça. Je finis par m'approcher à une dizaine de mètres des zèbres. Rencontre magique, juste eux et moi.

Furieuse beauté

Le retour à la civilisation est dur, dans deux sens du terme: on a envie de rester dans ce paradis au milieu des bêtes, et il y a très peu de voitures qui retournent vers Rumphi. La grande majorité des visiteurs viennent ici avec leur propre voiture, ou directement par avion... Le lendemain, un camion pick-up vient emmener des briques au camp et repart vers la ville. Je saute sur l'occasion, et c'est parti pour du stop dans la benne. Au bout de 5 minutes, je suis pas loin de regretter. Le mec roule comme un fou sur une piste défoncée. Scary ride. Debout, les deux mains solidement accrochées à une barre de métal, je serre les dents, mais l'avantage c'est que j'ai la meilleure vue possible sur le Sud du parc, juste splendide. La dizaine de covoitureurs à mes côtés a pas l'air plus effrayée que ça. Et puis l'incroyable arrive. En sortie d'un virage, on tombe sur un immense éléphant, à 5 mètres de la route. On arrive tellement vite qu'il a pas le temps de nous voir, et c'est seulement quand on passe juste à côté de lui qu'il part dans un demi-tour express dans un barissement phénoménal. Faut voir le bordel que ça fait, un éléphant effrayé !

Évidemment, je risque pas de lâcher une main pour prendre une photo. Peu de temps après, je change de pick-up, grand soulagement, et je finis mon trajet en passant par les petits villages, assis sur des sacs de tabac, jusqu'au (magnifique) coucher du soleil. C'est pour quand le prochain trek !!??

24
avr
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Publié le 4 mai 2019

I couldn't dream of a better country than Tanzania to start this trip. Of course I only saw part of it, I left the Kilimanjaro aside, as well as Mount Meru and the Ngorongoro crater which sound incredible. Still, I loved it.

I already talked a lot about nature, so much fauna and flora, lot of it endemic, that I discovered. But the people!

Tanzanians are extremely nice people. I got helped hundred times, got nice chats thousand times, got smiles million times. Absolutely no one tried to cheat me on a money deal, I was even told twice that I dropped something from my pocket, and once it was money...

We all have this friend who is so nice and shy that he says yes even if he wants to say no, who smiles even if he's unhappy with a situation. It seems like most of the Tanzanians I met were like this. The only problem is that when they don't get my point, they smile and they say yes...

The most striking evidence of Tanzanian kindness is this incredible tradition of greetings, which is also endemic, it seems (at least to the Swahili people). In brief, if you need a direction, there's just no way you would go with "hello, would you know the direction to.. ?". Instead, it's always (really 100% of the time) like:

-Hello, how are you?

-Good my friend, and you?

-Great, thanks.

-Welcome to Tanzania.

-Thank you so much.

-Everything ok for you?

-Yes, I would just need to know the direction to...

This may seem like losing time, but it's an exchange of smiles, of handshakes that makes the rest of the conversation so pleasant.

Bye bye Tanzania

For sure, Tanzania is poor. It is ranked 164 out of 193 in the list of countries richness per inhabitant. But I felt an impressive positive energy and hope for a better future in this country.

Tanzania had the rare chance to be led by a great guy, and not by a dictator, after decolonisation: Julius Nyerere. Ok, he won 5 times the elections, but then he decided it was enough and left his place. And he publically declared that he had made mistakes during his time as a president, for which he apologized. The current president is following his footsteps, focusing on 2 points: putting an end to corruption and making education free for everyone. Most of the people I met here, from students to farmers, struggle for satisfying basic needs but trust their government. They live a tough life, but refuse to lose dignity and hope. I was very often proposed to pay for food, transport or hotel but almost never asked for money. They work hard to improve their fate and the one of their family, not forgetting to help their neighbours if needed. Respect.

And the two main religions, Christianity and Islam, coexist in peace in every city, which is pretty impressive.

Tanzanians taught me that there can be poverty without misery; I wish they'll get the better future they are fighting for.

20
avr

Sont sympas ces Tanzaniens à partir en montagne en tongs/T-shirt en pleine saison des pluies, mais je me disais bien que ça allait finir par merder un jour. Ça a pas loupé.


La veille du Ngozi, je pars pour le volcan Rungwe, point culminant des Southern Highlands tanzaniennes, ça titille les 3000. J'ai ni carte ni trace GPS, je répète pas la connerie du Mbeya, je prends un guidos.


J'ai toujours cru que les moustiques étaient la pire espèce de l'univers. C'était sans connaître les mouches tsé-tsé. Ces petites enflures volantes sont toutes droit sorties de l'enfer. Quand elles te repèrent, elles te lâchent plus. Tu sais que tu resteras leur cible jusqu'à qu'un des deux, elle ou toi, finisse par mourir dans d'atroces souffrances. Leur morsure est juste horrible, t'as l'impression qu'on te plante une punaise dans la peau en te mettant une grande baffe par-dessus. Et t'as beau mettre un T-shirt et un pantalon longs, ça les fait juste marrer, ces disciples de Satan. Le pire dans tout ça, c'est que si elles sont infectées par leur virus de l'enfer, tu sais trois jours plus tard, alors que tu craches du sang par tous les trous, que ces saletés sans merci t'ont refilé la maladie du sommeil, mortelle en absence de traitement, et qui a causé des ravages en Afrique subsaharienne.

La forêt-jungle au début de la rando est infestée de tsé-tsé. Elles nous suivent par dizaines. Obligé de mettre la gore-tex. On y est, en enfer !

Heureusement, au-dessus de 2200m, on est tranquilles, elles aiment pas l'air frais. On grimpe bien et à midi, on est au sommet. Parait que la vue est incroyable, mais on est dans les nuages. On décide alors d'attaquer une petite sieste, le temps que ça se dégage.

La caldeira, au moment où on a cru que ça allait se dégager. Ha les cons !

Un quart d'heure plus tard, on est réveillés par les gouttes. On lève le camp. Plus on descend plus ça flotte, jusqu'au déluge. Le sentier devient un ruisseau, on pourrait sortir les kayaks. C'est alors qu'on tombe sur deux étudiants du coin, en galère. Faut dire qu'elle est pieds nus, et qu'il est en T-shirt. On les aide comme on peut à descendre, mais vu qu'on avance pas, ça commence à cailler sévère. Une petite heure plus tard, on tombe sur 5 de leurs potes, partis devant pour trouver un abri. Les filles au moins ont un pull, les mecs sont en T-shirt. L'un d'eux claque des dents, je lui file ma doudoune. Ils ont une voiture 3 km plus bas, on se met d'accord pour qu'ils nous fassent la navette jusqu'au village. Puis je me perds dans mes pensées, le regard perdu dans la pluie, quand mon guide me tape sur l'épaule :

-Euh.. Je vais avoir besoin de ton aide.

Je fais le tour d'un bout de tôle, et je vois le mec qui aidait sa pote à descendre recroquevillé, en pleurs, le regard vide. Le temps que je comprenne ce qui se passe, ses jambes le tiennent plus, il est incapable de parler. Belle petite hypothermie. Ses potes ont pas bien l'air de réaliser, ils se marrent. Je suis bien moins serein, y'a pas le PGHM ici.

Heureusement pour lui, j'ai compris depuis un moment qu'en cas de pépin, fallait pas que je compte sur mon guide pour m'aider, j'ai tout ce qu'il faut avec moi. Je le mets torse nu, je le sèche, je reprends la doudoune de l'autre collègue, et avec ça je lui mets gants, cagoule et couverture de survie par-dessus le tout. Quand je lui donne des biscuits, on me dit qu'il a pas mangé de la journée (c'est pas une question d'argent, quand on est étudiant ici, on a de quoi se payer à manger, des chaussures et des vêtements). Heureusement pour lui aussi, la pluie s'arrête et on reprend quelques degrés. Rapidement, il se réchauffe, reparle 20 min plus tard, puis remarche 20 autres minutes plus tard. Ouf.

Le retour à la voiture est laborieux, mais il retrouve vite la pêche. Une fois arrivé, on me laisse la place de devant; derrière, ça fait toujours les cons. Dans le rétro, je vois le pote qui était en PLS deux heures plus tôt entrain de danser, toujours avec ma doudoune sur le dos. C'en est trop, je leur mets une brasse. Mais c'est seulement quand je leur dis que si la pluie s'était pas arrêtée et si j'étais pas passé par là, leur pote aurait sûrement plus trop eu l'occasion de danser, que ça a l'air de les interpeler.

J'ai pas mis de brasse à mon guide pour lui dire que c'était lui qui devait avoir ça dans son sac, mais j'aurais pu. "T'as bien fait, je crois qu'ils ont compris", qu'il me dit !!

21
avr
21
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Publié le 28 avril 2019

Ma dernière nuit en Tanzanie est pleine de symboles.

Je pars pour un camping sauvage sur le cratère Ngozi, qui contient le 2ème plus grand lac volcanique d'Afrique. Magnifique vue que ces pentes de dense végétation qui se jettent dans le lac bleu-vert. À part un court passage de touristes chinois qui crient, fument, crachent et font des Facetime avec perche à selfie, je l'ai rien que pour moi !


Le plafond est bas, mais la vue est belle

Cette nuit marque le premier gros tournant de mon voyage, d'abord parce que je vais passer ma première frontière à pieds. Je passe de la région de l'Afrique de l'Est à la tant attendue Afrique australe. Aussi parce que je passe de la saison des pluies Tanzanienne à la saison sèche Malawienne. Ensuite parce que la chaîne des Poroto, dont font partie les volcans Ngozi et Rungwe, est le carrefour du rift occidental, qui part vers le Burundi et l'Ouganda, et du Rift oriental, qui traverse la Tanzanie et le Kenya, pour ne faire qu'un vers le Sud, en passant par le fossé d'effondrement du lac Malawi. Enfin, parce que cette chaîne volcanique est une ligne de séparation des eaux: une goutte de pluie qui tombe sur le versant Sud du volcan rejoint le lac Malawi, le Zambèze et enfin l'océan Indien. Si elle tombe sur le versant Nord, elle rejoint le fleuve Congo jusqu'à l'Atlantique.

Le regard pris par ce magnifique lac et par ma platrée de pâtes, je passe la soirée à méditer cette frontière géopolitique, géomorphologique, climatique et hydrologique; rien que ça !




The next morning, the way back to civilization is also a return to real life. A truck transporting potatoes to a village got stuck in the mud while making a U-turn. I'm not in a hurry, I decide to stop and give a hand to empty the truck and push it back to the road. A Mzungu helping locals here is probably not so common, and I quickly realize it causes a number of big eyes and surprised laughs.

The bags of potatoes are extremely heavy, we need to be 2 to drag them on the ground and 3 to lift them up. I wonder how we're gonna bring them to the village up the hill. But women power strikes again: as I help to lift the first bag, I have no idea why or where we're bringing it, but one woman suddenly passes her head below the bag. She's small and skinny, and the bag is at least 60 kilos. I cannot believe my eyes. She's climbing up the hill like nothing.

I just cannot do that. I try, of course, but it's so ridiculous that the whole crowd is hilarious.

At the check-in at the airport of Milan, I got scared when I saw that my backpack was 16 kilos, without water and food. It's way too much I thought, I won't be able to carry it for so long.

My backpack is the top-end class, all made for being ultra comfortable. And I'm carrying it for my own fun, not because I need to.

Now that I've realised what a pussy I am, my bag feels surprisingly light. Don't think I'll complain again...

19
avr
19
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Publié le 28 avril 2019

Already in the train when arriving on Mbeya, I saw this nice isolated peak just northwest of the city: Mbeya peak, as simple as that. It's like the Grosse Mythen when you arrive in Schwyz, you cannot miss it.


Début de la rando. Ça a quand même l'air d'être à l'autre bout du monde cette histoire.

You cannot miss it, that's what I thought when I decided a guide was not necessary. Generally in these situations you always think you made the right choice before and after, but not during.

Of course the path was more complicated than just heading straight to the peak, and I found myself fighting against 2 meters high lushy vegetation. Fortunately there are no deadly animals around. Fortunately also I happened to meet extremely nice farmers, mostly women, who helped me finding my way, even though I was destroying their field by walking on it.

I'm used to dividing the hiking durations by 2, but this time it took me 6 hours instead of 4 to reach the summit...


Et oui, je vais pas tarder à le prendre sur la tronche celui-là

2820 m a.s.l., impressive view from the top. After getting lost a second time on the way down and swimming in the vegetation again, I feel dead, but when I see the same women I met in the morning, still carrying impressive loads while going down bare feet in steep terrain, I'm not so dead in the end...


Everyday I'm impressed by Tanzanian women. I met one with at least 50 kg on the head, a baby in the back, another one in the belly

The next morning I head to a visit of the MUST: Mbeya University of Science and Technology. I want to known what a campus and a lecture hall look like here. But it's only when I find an almost empty campus that I remember it's Easter holidays... Smart. Still, a few students are here and I meet Japhet, student in civil engineering who is happy to guide me for a tour.

18
avr
18
avr
Publié le 21 avril 2019

Kids are for sure the highlight of my trip so far. They are just adorable.

"Mzungu" is the Swahili word for "foreigner", so basically, the white guy. Every minute or so when I take a walk in a village, I am being offered what I call the mzungu dance: jumping as high as possible with both hands in the air, while repeatedly shouting "Mzungu, mzungu!!"



Three of the best mzungu dancers I've met so far

Most of the time I just say "jambooo", i.e. hello for kids, but sometimes I decide to go and give them a high five. In the "frequented" villages they just jump in my arms, but in the remote villages, where they for sure don't see a white guy every year, their reaction is priceless: it's a mix between great happiness, uncontrollable excitement and deep fear.


The nice thing is that, not on purpose, they give me a warm welcome and it's then way easier to start chatting (or trying to, if they don't speak English) with the adults.

17
avr
17
avr
Publié le 21 avril 2019

Comme prévu, j'ai traversé une bonne partie du pays (de Mang'ula à Mbeya) à bord du Tazara. Un seul train par semaine fait le trajet entre Dar es Salaam et le centre de la Zambie, en 45 heures. Vitesse moyenne : 30 à l'heure, juste ce qu'il me faut...


Presque étonné de voir que le train n'a que 2 heures de retard (faut croire que je deviens doucement africain), j'embarque à 23h sans trop savoir à quoi m'attendre pour dormir; des voyageurs rencontrés à Zanzibar m'avaient assuré que la 1ère classe n'était pas du tout un luxe, que ça valait largement le coup. Mais c'est contre ma religion.


Let's go to the Far West

Au final, une petite chambre à 6 couchettes, largement assez de confort. Juste génial, j'ai vu sur l'extérieur depuis ma couchette et c'est nuit de pleine lune. Sacrée histoire qui m'est racontée avant de m'endormir, les paysages défilent dans une belle lumière bleutée, avec les crêtes des montagnes comme horizon. Magique.



Vu pendant le trajet

Je dors comme un loire et au matin, 4 de mes colocataires sont déjà descendus du train. Le 5ème vers midi, je peux alors passer toute l'aprem la tête par la fenêtre. Le passage du train dans les villages semble être un rendez-vous hebdomadaire aussi incontournable que Téléfoot. Tout le monde en rangs d'oignons à faire des grands coucous aux passagers. Trainspotting à l'africaine.


Paisible, la vie.

Tout est bien tout est beau, mais ça reste l'Afrique, rien ne se passe jamais comme prévu. Après 17 heures de train, à 30 bornes de ma destination, gros freinage, grosse fumée blanche à l'arrière: le dernier wagon a déraillé. Qu'à cela ne tienne, on le laisse là et on repart sans lui !



In the end I paid 8 € for 18 hours of train. This is also the price of 200 g of imported parmeggiano here. There's something I don't totally get with the prices in this country. That's perfect for a slow traveller like me, but I cannot imagine the pain for an Italian in a hurry.

15
avr
15
avr
Publié le 17 avril 2019

Still in the Udzungwa mountains national but on the western side, 50 km away from where I was just before. The climate, and thus the vegetation and fauna, are quite different. Much drier. First time I see a baobab!

The view is already excellent, with the very brown Great Ruaha river flowing in the middle of a green valley.

As expected in the plane, I'm not too annoyed by tourists. For the third time in a row I have the entire camping for myself... This time the manager gives me a bungalow for the price of a tent. I'm pretty happy because crocodiles are sometimes spotted close to the river, 50 m away from the camp.

Ben là ça y est, cette fois je crois qu'on y est !

I was thinking to go hiking alone, but the guides are so bored in the low season that when I start at 6:30, three of them decide to join... Cool. 2 boys and a girl, 20 years old. She wears flip- flops for a 22 km hike in the bush, but where's the problem??

On the way, the remote villages we find are really charming. Looks like a peaceful life...

Once again I discover quite some vegetation I didn't know, the candle-tree, the umbrella-tree. Some huge termites. And amazing birds: Eastern paradise whydahs.



These guys are awesome. They seem to swim the butterfly stroke in the air. And their nests hang from tree branches.
13
avr

J'en arrive à mon objectif numéro 1 de la Tanzanie : le parc national des montagnes Udzungwa. Dans la même chaîne que les Uluguru, les Eastern arc mountains, qui vont de la frontière du Malawi jusqu'au Sud du Kenya. En arrivant au camping, 1h30 après avoir quitté le goudron, la vue est magnifique mais je suis prévenu, c'est déjà la jungle: ultra humide, les babouins sautent dans les arbres, et pas une minute sans se faire attaquer par des fourmis géantes, des mille-pattes de 15 cm ou des mantes religieuses. Je lis un bouquin laissé par des chercheurs ; le parc est classé zone clé de biodiversité, y'a moultes espèces endémiques, singes, sengis (genre de loire avec une trompe d'éléphant), oiseaux, insectes, araignées...

Cette fois, la question du guide se pose pas: c'est loin d'être impossible de croiser des léopards, voire même des éléphants au beau milieu de la jungle. Le guide est donc aussi ranger, et il se balade avec une kalechnikov. En montagne j'avais plus l'habitude d'avoir la vue sur un sac Deuter que sur une kalechnikov, mais bon, on s'adapte.

A la base je pensais me lancer sur le sommet du coin, à 2850m, un trek de 3 jours (oui, on avance pas dans la jungle...) Mais après discussion, ça ressemble plus à une expé qu'à une rando: en plus du guide et du ranger, il faut engager un cuistot et un porteur. Donc faut tous les payer, avec en rab des frais salés de camping et de journée dans le parc, bref, j'y passerais mon budget de 3 semaines. Du coup je pars sur la rando la plus longue à la journée, le hidden valleys trail, 14 bornes de bartasse.



Donc là, c'est le sentier. Fallait le savoir. Je comprends mieux pourquoi ils appellent ça la hidden valley.

Et là on bartasse pour de vrai : Les guides éclaircissent les sentiers une fois par an, avant la haute saison, au mois de Mai... La végétation est tellement dense qu'on met une heure pour monter 100m de déniv. On irait plus vite dans 2m de poudreuse. Je commence à pas être serein: le ranger a mis 2h à se lever du lit, on a commencé une rando de 7h à 10h du mat', et il fait nuit à 18h30. Je sais que j'ai plus trop de piles dans ma frontale, et quand j'ai demandé au ranger s'il en avait une, ça l'a fait marrer. Sans parler de bouffe, d'eau ou même de couverture de survie, le mec a une kalechnikov, il peut rien lui arriver !

Finalement ça s'ouvre un peu et je pousse pour qu'on traîne pas. Marcher dans la jungle est captivant, pas tant par la vue (je suis pas un champion en botanique), mais surtout par l'ouïe : ça crie, ça chante, ça siffle dans tous les sens. Camper une nuit là-dedans, ça doit être quelque chose.


Là c'est plus Takamakesque, c'est Amazonesque.

Après la végétation dense, ce qui gêne le plus la progression, c'est les toiles d'araignée. Ça semble pas grand chose, mais vu la forme et la taille de l'araignée, tu préfères pas mettre un coup de boule dans sa toile. Notamment l'araignée-buffle (Gasteracantha), connaissais pas, enchanté.


I'm just a buffalo spider, in the heart of Tanzania

Researchers have a surprising technique to inventory spiders: they lay sheets on the ground over a large surface and then spray huge amounts of insecticides from the ground to the canopy. After 1 hour it rains dead spiders, and they just have to collect them and store them in ethanol.

11
avr
11
avr

Some transports here are pretty similar as in western Europe.


Taxis are taxis, and long distance buses (basically flixbus) work the same except that here you don't book online. You even have a seat number and a seat belt!!


For shorter distances, dalla-dallas are the funny ones. They go only when (over)-full, which means you can easily wait one hour, sometimes two, before you get squeezed like a sardine and go. Better have something to read.


Allegory of road traffic in Dar Es Salaam

Local BlaBlaCar is another story. You can just wait on the side of the road, make a sign to the drivers, pay something and go. Once I was waiting to stop a bus, a young guy smelt the opportunity to get a tip. He asked me where I wanted to go, and suddenly jumped in the middle of the road to stop the first truck that was coming. I paid something like 2,5€ for my best BlaBlaCar ever: we passed through the Mikumi national park, and could spot dozens of impalas, giraffes, zebras and a warthog (Pumba!).

I was like a kid in Disneyland.

Oh, and in the middle we got stopped by the police (like always). The officer checks what's in the truck, and then asks me to get off. Bit stressful. And he goes:

-Hey brother, how are you ?? (Shaking my hand as if we were friends), all good?

-...??!

- You have a tip?

-Ha, ok!


On Tuesday I'll test a new means of transport here, the train. There's only one train a week that goes from Dar Es Salaam to the centre of Zambia, the so-called Tazara. And it goes 30 km/h. Just what I need. Thanks a lot Andrea for the idea!

10
avr

Les montagnes Uluguru sont sur mon chemin vers le Malawi. Une petite chaîne, sommets pas plus de 2200 m, un peu la Chartreuse du coin. J'ai un sommet en vue et je me tâte a prendre un guide : j'ai la trace GPS mais la météo annonce grosse flotte. Le bureau des guides forme des jeunes tanzaniens, super sympas, et ils me font une grosse réduc de saison basse, donc j'y vais. Je m'inspire directement du style JJ pour voir si je m'en serais sorti tout seul: c'est moi qui guide, si je me plante, tu me dis rien, si je me plante vraiment, tu me fais signe.

Alors c'est parti pour Chamechaude. Le sommet est bien gardé par une magnifique rangée d'eucalyptus. Ambiance Takamakesque

Au final mon guide débutant a surtout fait ses vidéos insta, mais on a bien discuté de nos pays et continents respectifs.

Je lui fais part de ma surprise (positive) sur les rapports humains dans son pays. Il comprend pas pourquoi.

-Donc vous, dans vos villes en Europe, vous avez des voisins que vous connaissez pas ? Mais qui vient vous aider quand vous avez un problème ?

-Euh...

-Et vos oncles, tantes et grands-parents, ils vivent pas avec vous ? Alors qui s'en occupe ?

-Et beeeh...



Motos, G and Assia: Cloud droplet activation of black carbon at the mountain site Bondwa Peak, 2170m a.s.l., Tanzania, in prep.

J'apprends aussi qu'il y a 125 tribus en Tanzanie, et quasi chacune a sa propre langue. Au bout d'une petite heure de marche depuis le centre-ville, mon guide et moi tombons sur des moines chartreux : il comprend pas un mot de ce qu'ils racontent !

8
avr
8
avr
Publié le 11 avril 2019

I haven't taken any pictures of the two big cities I passed by, Zanzibar city the "capital" of Zanzibar, and Dar es Salaam, biggest city in Tanzania. This for various reasons: it's not the best place to take a camera out of your bag, it's always tricky to take pictures of people, and it's hard to take nice pictures in cities.

I'd say Stone town (the city centre of Zanzibar city) is worth the detour for the impressive labyrinth of tiny streets; Dar es Salaam for the permanent chaos of an African megacity (I had enough after 24 h, though). The funny thing is you spend your day talking to people.Whether a business man, a slum, a security guard or a student, they're all interested to hear from the strange white guy going around with his big backpack. And always happy to help.

Still, that's enough big cities, the mountains are calling and I must go!

6
avr
6
avr

Zanzibar est un bon échauffement avant la "vraie" Afrique. Prévu pour le tourisme (mais j'y suis en basse et pluvieuse saison), palu éradiqué, anglais largement parlé.

Le sud de l'île est connu pour ses plages, ses mangroves (une première pour moi), ses papillons (dédicace à Polo!) et ses singes Colobes à dos rouge, espèce endémique de Zanzibar.

Research is never too far. I slept at the base camp of a team of researchers who study their behaviour

Btw, I am slowly catching up on my carbon footprint: counted 26 people in a "dalla-dalla", the size of my van. Some type of social interaction...

More relaxing than the dalla-dalla
5
avr
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Publié le 7 avril 2019

Every conversation here in Zanzibar starts with "Hello my friend, how are you?" and ends with "Hakuna matata" (yes, this is in Swahili).

That's a nice transition after 4.5 years in Zurich...

It would be really amazing if half of them were not aiming at making you buy something.


Btw, I had realised already in the lab in Switzerland that my first name was not an easy challenge for non-french people. Here I have to tell it so often that I decided to change it.

From now on, I am Jim.

Mr Mojo risin!


Vue depuis ma chambre (le camping est interdit sur toute l'île). Là c'est bon, je crois qu'on y est...
4
avr
4
avr
Publié le 5 avril 2019

So you decide to travel but your have your ecological convictions, you want to take as few planes, taxis or rental cars as possible.

And then you find yourself alone in a 360 seats-Boeing 787...

Haven't even started yet but I can already say goodbye to my convictions.

On est 2 à avoir passé le check-in, mais semblerait que le collègue se soit perdu. Je vais pas être emmerdé par les touristes.
3
avr
3
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Publié le 3 avril 2019

Salut tout le monde,

Je pars ce soir pour un voyage au long cours avec au programme l'Afrique australe et l'Amérique du Sud, Centrale et du Nord. Une petite balade autour de l'Atlantique, somme toute.

J'essaierai de poster des photos et un peu de texte de temps en temps, si l'électricité, le wifi et ma motivation le permettent... Surement peu de #selfie mais surtout de quoi en apprendre un peu sur les pays que je traverse et leurs habitants.

Comme il y aura quelques lecteurs anglophones, je melangerai le français et l'anglais, mais je traduirai par tout (sauf ce texte), sorry.

En espérant que ça vous plaise; et si ça vous plaît, hésitez pas à partager le lien de ce site, c'est fait pour !


Hi buddies,

I'm on my way to Zanzibar, Tanzania, the starting point of a long-term trip across, hopefully, Southern Africa as well as Southern, Central and Northern America. Basically a big hike around the Atlantic.

I'll try to post a few pics and text if I have enough electricity, WiFi and motivation. Probably not too much insta style but rather something you'd be happy to learn about the countries I visit and their people.

Since my grandparents haven't yet decided to start learning English, I'll mix French and English, but I'm sure you can live with that. Or I'm sure you can use google translate, if you're motivated.

So, hope you'll like it, and if you do you can for sure share it, everyone's invited!


Ghislain


Contact: [email protected]