Et voilà, nous sommes de retour après près de 10 jours de randonnées sans connexion. Après notre première journée en Mongolie, nous avons récupéré les chevaux sur lesquels nous avons chevauché pendant les 5 jours en voyage itinérant dans la vallée de l'Orkhon.
Les Mongols ne donnent pas de noms à leurs chevaux, mais nous en avons décidé autrement. Le cheval de Genséric s'appellera "Copain" et celui de Marine "Apache", en souvenir du cheval d'un voisin étant petite. Nos compagnons de route aussi ont nommé leurs montures. Les chevaux ont été amenés par quatre éleveurs nomades qui vivent à une centaine de kilomètres de là, où se terminera notre première randonnée. Les éleveurs (Bamba, Tuana, Tomkö et Bente) nous suivrons pendant ces 5 jours. L'un d'eux a dû être remplacé en catastrophe en raison d'une appendicite. Il a eu de la chance, au milieu des steppes, l'accès aux soins aurait été plus compliqué...
Les premières journées sont difficiles physiquement. Il faut s'approprier le comportement et l'allure des chevaux; et bien sûr aussi la position est douloureuse, surtout pour les genoux. D'autant plus que nous n'avons pas beaucoup fait d'équitation par le passé, contrairement au reste du groupe. Mais les chevaux sont super gentils, loin de l'image d'animaux caractériels et sauvages qu'on se faisait! Ils passent partout et sont très vaillants. Les autres cavaliers qui nous accompagnent sont largement meilleurs que nous et le rythme est plutôt soutenu.
Nous montons à cheval en moyenne 5 heures par jour. Nous prenons notre petit-déjeuner vers 9h, la randonnée démarre aux alentours de 10h, la pause déjeuner vers 12h-13h vient couper la journée. Souvent nous arrivons sur les lieux du bivouac vers 16h-17h. Tout est très bien organisé. Le cuisinier qui nous accompagne, Touché (son prénom), nous prépare de bons plats de type occidental. Il a appris au contact d'un cuisinier français. Chaque repas est composé de féculent, viande de boeuf (et pas du mouton, ouf!) et de légumes. Très loin du repas traditionnel mongol, ce qui nous convient bien.
Les paysages que nous traversons sont grandioses. De grandes plaines vertes et des collines, avec au loin, des montagnes. Nous sommes loin de l'image d'un paysage plat et aride que l'on se faisait. Nous traversons des cours d'eau, croisons des troupeaux de chevaux, chèvres, yaks et moutons qui paissent dans les steppes. Notre guide nous explique que la plupart appartiennent à des éleveurs et ne sont pas en liberté. Magnifique! On se sent privilégiés de pouvoir assister à ce spectacle. Seuls dans ces grands espaces... C'est inoubliable 😊
Les nombreuses carcasses et os qui jonchent les plaines viennent nous rappeler que la vie est rude pour les animaux, surtout l'hiver. Les températures chutent à -30° et la nourriture se fait rare. La Mongolie subit aussi une désertification de ses plaines en raison du nombre trop important de bêtes d'élevage. Pas assez de nourriture pour chaque tête.
Notre groupe se compose de notre guide francophone Dulguun, super sympa et très professionnelle, qui fait le lien avec tout le monde. En plus des quatre éleveurs de chevaux qui nous encadrent, il y a également quatre chauffeurs que l'on retrouvent pour les repas et le soir (Cerna, Tume, Othro et Urtlé) et le cuisinier (Touché). Nous sommes un groupe de 9 cavaliers, composé d'Aurélie, Blandine, Anne-Laure, Pascal, Elsa, Grande Sophie, Petite Sophie (😉) et nous. Il y a une super ambiance, tout le monde est très sympa. On rigole bien, on se soutient dans les moments difficiles, on se félicite dans les exploits personnels, on partage les grands moments de ce voyage. Nous avons la chance d'être tombés dans un bon groupe.
Lors de la premiere journée, nous essuyons une tempête de sable et Apache tente de se rouler dans la terre avec Marine dessus. Mis à part ça, tout se passe bien. L'après-midi, on donne un autre cheval à Marine, Souris. Gris et un peu plus vif, il préfère faire partie du peloton de tête, contrairement au précédent. La fin de cette première journée arrive comme un délivrance. Les genoux en compote, difficile de mettre en pied devant l'autre une fois sur la terre ferme. Cette nuit-là, nous bivouaquons vers une rivière. La tente-douche ainsi que le mess sont montés et un trou est creusé pour les toilettes. Chacun monte ensuite sa propre tente. On se couche rapidement après avoir mangé, sans prendre de douche. Il fait trop froid. On est obligé de mettre presque toutes les couches de vêtements qu'on a pour dormir.
La deuxième journée est vraiment très intense car il fait froid et il y a beaucoup de vent. Pour se réchauffer, Aurélie enfile le Del, vêtement traditionnel mongol. Nous faisons notre premier galop dans la matinée. A midi, nous déjeunons près d'un troupeau de yak avec des bébés! L'après-midi, il est prévu de monter une montagne pour aller voir un monastère. Marine décide de rester avec les chauffeurs et de faire l'impasse sur l'après-midi d'équitation. En chemin, les chauffeurs s'arrêtent tout d'abord dans une vallée où ils semblent capter le réseau et passent plusieurs coups de fils, consultent Facebook, etc. On est tous les même! Puis, ils s'arrêtent près d'un camp de yourte ("ger" en mongol). La famille qui y habite nous offre du lait de yak chaud. C'est fort en goût et l'estomac réagit immédiatement... Le lait de yak fermenté n'est las encore prêt, nous ne pourrons donc pas en goûter. A l'extérieur de la yourte, un veau est attaché. On m'explique que c'est pour le sevrer du lait de sa mère.
Tout le groupe se retrouve vers 18h. Les cavaliers sont transis et épuisés. Ce soir, personne n'est tenté par la douche.
La nuit tombée, le froid est mordant. Heureusement que notre guide a appelé son chef à Oulan Bator pour que ce dernier nous amène de quoi nous réchauffer: des sacs de couchages militaires et du Bordeaux! On en profite pour faire une grande fête autour d'un feu de bois et pour griller les mashmallows que l'on a acheté avant de partir. Les mongols ne connaissaient pas, certains apprécient et d'autres sont plus circonspects. Ensuite, ils nous chantent des chansons mongoles. C'est très mélodieux, ils chantent très bien. On voit qu'ils aiment chanter ensemble et que ça fait partie de leur culture. Nous, on fait pâle figure à côté. On se rend compte qu'on connaît finalement peu de chansons par coeur. Blandine relève le niveau avec son joli timbre de voix.
Cette nuit a été la plus froide de toute, même avec toutes les couches, on a greloté sous la tente.
Le lendemain matin, quel bonheur, il fait beau et le vent est tombé! Sur le dos de nos chevaux, nous parcourons les plaines baignées de soleil. On en profite à fond, le temps change tellement vite ici. A midi, chacun se détend et nous nous couchons dans l'herbe. Le soir, nous montons le camp non loin d'une rivière. L'occasion de faire notre toilette. L'eau est fraîche, mais qu'est ce que ça fait du bien!
Ce soir là, nous faisons plusieurs jeux mongols. Les Mongols qui nous accompagnent sont très gentils, généreux et aiment beaucoup rire. On s'amuse bien tous ensemble et la barrière de la langue tombe vite. Ils nous apprennent un jeu de cartes. Genseric s'essaye à la lutte mongole avec Bamba.
Les mongols ont des conditions de vie rudes. Ils s'entraident beaucoup. On sent que c'est un peuple très forts et stoics, dans la droite lignée de Chinggis Khan (oui, ici c'est Chinggis).
Ce 4e jour est l'avant dernier dans la vallée de l'Orkhon. A midi nous mangeons près d'une jolie rivière. Nous avançons ensuite jusqu'à l'entrée du parc national de Naiman Nuur et dressons le campement non loin de là. Ce bout de la vallée est plus habité que les autres. Nous passons devant trois ou quatre yourtes en lisière de la forêt. Un troupeau de moutons paisse juste à côté. Comme c'est agréable de se sentir loin de tout.
Pour le repas du soir, Touché nous prépare une spécialité mongole adaptée aux goûts occidentaux (le mouton est remplacé par du boeuf). Chacun y met du sien pour l'aider: les premiers abaissent la pâte, les deuxièmes fourrent le chaussons avec la viande hachée et Pascal surveille la cuisson. Nous nous régalons ensuite tous ensemble.
Le soir, nous faisons à nouveau un feu. On met de la musique, ambiance boîte de nuit dans la steppe. Certaines commencent à danser et Elsa met le feu à la piste de danse. Mais on sent vite que les gens ici n'ont pas l'habitude de danser, ou du moins pas sur cette musique. Personne n'a envie de les mettre mal à l'aise, alors on revient aux bons vieux chants mongols. Au moment d'aller se coucher, on les entend encore chanter. Ça berce.
Chaque jour, des paysages magnifiques continuent de s'enchaîner. Le temps reste clément et le plaisir a pris le pas sur la peur. Nous connaissons bien maintenant nos chevaux et prenons du plaisir à galoper au milieu de nulle part. Le reste du groupe reste de loin meilleur que nous et en cet après midi du 5e jour, alors qu'un grand galop est prévu jusqu'au camp de yourte où nous devons passer la nuit, nous décidons de les laisser partir et de les rejoindre en voiture.
Le trajet est court et nous nous retrouvons tous aux alentours de 15h30 dans la famille de l'un des guide équestre et chez qui nous allons dormir. Il y a la femme du guide et leur petite fille de 2 ans ainsi que les parents du mari.
La vallée est magnifique. Au loin, se dessinent les sommets enneigés des montagnes. Nous essuyons quelques gouttes de pluies ce jour là, ce qui ne nous empêche pas de profiter des alentours.
Nos hôtes nous accueillent avec beaucoup de gentillesse et se plient en quatre pour que nous passions de bons moments. On nous montre le poulain qui est né il y a peu, on va chercher le yak hybride (croisement entre un yak et une vache) pour nous permettre de le monter, on nous demande de rassembler les chèvres et les moutons. Genseric se révèle être un très bon chien de berger. On nous demande d'attraper les bébés moutons et les mettre dans l'enclos séparé. On s'y met tous. On rigole beaucoup, c'est un très bon moment. Le lendemain, nous participons même à la traite des chèvres!
Jusque là, nous avions été épargnés par la gastronomie locale, dont nous avions eu plusieurs mauvais échos. Mais ce soir, c'est différent. Nos hôtes nous font à manger et il faut leur faire honneur. Au menu, c'est viande séchée de yak. C'était aussi bon que ça en a l'air. Nous nous étions préparés mentalement au goût fort du mouton, mais pas à celui du yak. D'autant plus que nous avions assisté à la préparation: des bouts de viande séchée sur l'os sorti d'un sac en jute puis battu au maillet pour décrocher la chair rassie de l'os, mis enfin à tremper. Mmmh... Grande Sophie fait triste mine, déjà qu'elle n'aime pas la viande! Nous étions néanmoins contents d'avoir pu goûter ce dont les locaux se délectent. Et pour faire passer le tout, il nous restait le chocolat suisse envoyé par Nonna! Ouf!
Les trois autres guides équestres sont partis tôt dans l'après-midi. C'était triste de devoir se dire au revoir, ils étaient tous très gentils et attentifs. On s'est vraiment sentis bien en leur compagnie.
En fin de soirée, le chef des guides équestres de la Vallée de l'Orkhon nous a rejoint. Ensemble, nous trinquons à la vodka. Selon les usages de l'accueil local, il fait tourner un verre qu'il remplit un peu et qu'il tend tour à tour à chacun, dans le sens des aiguilles d'une montre. Il nous le tend avec la main droite, la main gauche soutenant le coude droit. Nous le recevons de la même manière. C'est une question de politesse. Chacun chante alors une chanson que les autres reprennent s'ils la connaissent, avant de vider cul sec le godet. Une bonne manière de réguler la consommation d'alcool 😉
Le lendemain, nous reprenons les voitures, direction le désert de Bayan Gobi.
Ps: on vous a mis aussi une petite photo de nos toilettes