Une école Itinérante pour Cléo, 5 ans, accompagnée de sa maman-éducatrice de jeunes enfants et globe-trotteuse: un projet à construire… avec vous !
Août 2023
1 jour
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Bienvenue à toi ami lecteur !

C'est moi l'origine du projet. Je suis Gaëlle, 42 printemps au compteur. Je suis éducatrice de jeunes enfants de formation et j'ai travaillé dans de nombreuses structures d'accueil publiques et privées dans le milieu de la petite enfance en tant qu'éducatrice mais aussi directrice. Plus connue sous le nom de Gayelle Tour du Monde sur les réseaux sociaux, je suis aussi et surtout une globe-trotteuse à la curiosité insatiable qui a déjà parcouru de bien nombreux pays depuis son plus jeune âge.

Fin décembre 2013, je suis partie effectuer un tour du monde magique autour du globe de 17 mois en solo. Je revenais début juin 2015 en France heureuse de retrouver mes proches. Seuls mes parents étaient là pour m'accueillir à l'aéroport au retour. Et là, bien que j'aime profondément mes parents, j'ai compris en les voyant seuls tous les deux agiter ensemble un drapeau français avec frénésie, que j'avais eu tord de revenir. Mes amis pour la plupart n'avaient pas compris mon projet de voyage, avaient quitté la France pour vivre à l'étranger ou étaient trop préoccupés à construire leurs propres vies pour m'accueillir. Quelle belle désillusion pour moi qui me croyait attendue ! Oui, je sais, l'humilité n'était pas mon fort il y a 10 ans. J'aime penser que j'ai progressé sur ce point. 😉

Trois ans plus tard, au printemps 2018, je me suis retrouvée sans activité pendant 3 mois entre deux jobs. Je ne savais pas trop quoi faire de ce temps libre lorsque je suis tombée au hasard d'une séance de méditation improvisée par une connaissance, sur un type qui vantait la gratuité des stages de méditation Vipassana. Je n'y connaissais rien en méditation mais j'avais beaucoup aimé cette séance. Alors je suis allée faire quelques recherche sur Internet. Quitte à tuer le temps, autant faire un stage de méditation. Et quitte à effectuer un stage de méditation Vipassana, autant le faire dans le pays où cette pratique a vu le jour: l'Inde ! J'apprendrai plus tard qu'en fait Vipassana est originaire du Myanmar et non de l'Inde. J'ai donc pris un billet Aller/Retour pour Delhi en Inde. Je me suis procurée en dernière minute un Visa Indien de 2 mois au lieu du Visa de 3 mois escompté. Mais à l'aéroport, l'hôtesse refuse d'enregistrer mon sac à dos. Mon billet retour dépasse d'une semaine la durée de séjour autorisée de mon visa. Ni une ni deux, je prends un billet A/R vers Katmandou sur mon smartphone devant l'hôtesse pour ne pas perdre mon billet de retour Delhi-Paris non remboursable. Elle me tend mon billet d'enregistrement les lèvres pincées. Vous trouverez sur mon fil Facebook "Gayelle Tour du Monde" la totalité du récit de ce voyage en Inde. Mais si je relate cet évènement ici, c'est surtout pour vous parler de ce qui s'est produit à Katmandou durant cette semaine népalaise non prévue. En effet, j'ai rencontré "Ben" dans la guesthouse où je logeais dans la capitale du Népal.

GAYELLE en Juillet 2018 

Et si c'est si important de vous en parler, c'est parce que Ben a beaucoup à voir avec ce projet. Ben est australien, très grand, châtain et ses yeux couleur azur trahissent sa profonde gentillesse. Il est originaire de Tasmanie mais travaille dans l'Outback du Western Australia (l'Etat australien englobant toute la partie Ouest du pays). Ben est "Boreman". C'est à dire qu'il gère toutes les pompes et arrivées d'eau qui servent à abreuver le bétail dans un ranch au milieu du désert australien. Il se qualifie lui-même de "plombier du désert". Quand on parle de bétail dans un ranch en Australie, il faut savoir qu'on parle d'environ 30 000 vaches indiennes, capables de supporter le climat extrême de l'Outback qui ont pour destinée de terminer dans les assiettes en Asie. Ben a vécu dix ans, enfant, en France à Millau avec ses parents, ses 2 frères et sa soeur. Aussi, il parle parfaitement le français avec un curieux mélange d'accent légèrement australien et du sud de la France, peuchère ! Il est aussi calme, méditatif, distrait, réfléchi, et discret que je suis prolixe, dynamique, active, concentrée et impulsive. Il aime la Nature et la Campagne tandis que je lui préfère l'Histoire et la Cité. Nous sommes deux opposés, vivant dans deux mondes géographiquement opposés aussi. Je pourrai vous décrire longuement Ben mais ce que vous avez surtout besoin de savoir, c'est que Ben est le père de ma fille Cléophée.

BEN en Juillet 2018 

Ensemble, Ben et moi, avons eu la chance de devenir les parents de Cléophée en octobre 2019. Notre "Cléo" est une ravissante petite personne de bientôt 4 ans (à l'heure où j'écris cet article) qui a la curiosité et l'optimisme chevillé au corps et le coeur ouvert aux rencontres et aux expériences en tout genre. Comme beaucoup de petites filles de son âge, elle adore les animaux, se déguiser et faire des blagues. Pour des raisons administratives, financières et pratiques, Ben et moi ne vivons pas ensemble. D'un commun accord, j'ai cessé de travailler pour consacrer mon temps et mes compétences au service de notre fille durant ses premières années, la protégeant de l'impact angoissant de la "Covid-mania" du mieux que j'ai pu. Ben, de son côté, qui s'occupait de sa fille à plein temps à la maison, en France, avant le premier confinement, est reparti retrouver les grands espaces de liberté du Western Australia, revenant quand il le pouvait, passer quelques mois auprès de nous. Son travail étant bien mieux rémunéré que le mien en France, il lui permet de subvenir à nos besoins. Je ne pouvais pas le rejoindre tant que Cléophée était dans les couches. Il travaille à des milliers de kilomètres de tout hôpital et je ne me sentais pas à l'aise d'emmener mon bébé dans un univers si isolé. Par ailleurs, aucun visa australien ne me permet de rester plus de 3 mois en Australie, et ce, quel que soit le statut de nos engagements l'un pour l'autre. Bref, étant très indépendants tous les deux, c'était jusqu'à maintenant la meilleure solution. Ben envoie une vidéo à sa fille tous les matins qu'elle visionne avant d'aller à l'école et des "Face-Time" permettent de partager tous les week-ends des moments de qualité en famille. Ben s'arrange pour être en France entre Octobre et Janvier pour participer physiquement à l'anniversaire de sa fille et aux Noëls. Oui, mais voilà... moi je me suis un peu oubliée dans tout ça. Et maintenant que Cléophée va à l'école, je déprime sec, seule à la maison.

Cléo en Septembre 2022 le jour de sa toute première rentrée scolaire et découverte de la vie en collectivité 

Je grignotte, je prends beaucoup de poids, je lis des blogs de voyageurs qui me font rêver et ressasse mes souvenirs de voyage. Et puis cette petite voix née il y a longtemps au fond de mon coeur me hurle de plus en plus fort : "Qu'est-ce que tu fais encore ici devant cet écran à rêver au lieu de vivre tes rêves ?" Il est temps de reprendre mon bâton de pèlerin et mon sac à dos et de faire partager mon amour du voyage à ma fille, suffisamment indépendante désormais pour en profiter. Et, puisque l'oisiveté, ici ou à l'autre bout du monde me donne des boutons, quel meilleur défit que de décider de faire moi-même l'instruction scolaire de Cléo ? Biensûr l'Australie sera la première destination de ce périple. Il est temps que Cléophée puisse enfin rencontrer son autre pays, ses grands-parents paternels (empêchés de venir en France à cause de la Covid) et comprendre tout un pan de son identité. J'ai un an pour m'y préparer, pour nous préparer, Cléophée, Ben et moi.

Cléophée et sa maman en mars 2023 

Nous sommes heureux de t'embarquer dans cette folle aventure si tu le veux bien. Et, si tu as eu la patience de nous lire jusqu'ici, n'hésite pas à partager l'adresse de ce blog à d'autres parents solo qui veulent se lancer dans l'instruction itinérante de leurs enfants. À bientôt !

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Pour Michel Maffesoli, le voyage permet « un élargissement de soi a quelque chose de plus grand, englobant la terre, le monde et les autres ». L’idée est d’aller à la rencontre des autres afin de les accueillir en soi et être accueilli en retour.


D’après une étude de l’Université de Washinghton, les voyageurs fréquents seraient 7% plus heureux en moyenne que ceux qui ne voyagent pas du tout. Voyager à en effet de nombreux avantages et des effets bénéfiques. La vie nomade permet d’améliorer son humeur et son moral, sa santé physique et psychologique mais est aussi bénéfique pour notre cerveau. Il semblerait même que le voyage apporte des aptitudes indispensables à l’acquisition des connaissances. Je vais donc ici vous les relater.


LE VOYAGE AMÉLIORE LE BIEN-ÊTRE ÉMOTIONNEL

Les voyages réguliers améliorent notre humeur et réduisent le stress et l’anxiété. Selon des études réalisées en Allemagne, des vacances même très courtes ont des effets immédiats sur le stress et la tension. Et ce bien-être peut être prolongé même plusieurs semaines après le retour des vacances. Cela suppose de se déconnecter du travail, du tracas du quotidien et de profiter pleinement du séjour et du moment présent. Car le stress et l’anxiété sont souvent liés à notre quotidien et à nos responsabilités. Le voyage nous permet de prendre du recul et de nous détacher de nos soucis, favorisant ainsi la relaxation et la diminution du stress. En outre, en nous immergeant dans de nouvelles cultures et en vivant de nouvelles expériences, nous apprenons à relativiser et à mieux gérer nos émotions, ce qui peut contribuer à réduire notre anxiété. Une autre étude réalisée auprès de touristes en Corée, a montré une augmentation du bien-être 15 jours avant le voyage et environ un mois après le retour. Le bonheur et la satisfaction émotionnelle d’un voyage peuvent donc se prolonger même une fois que l’on est rentré.


LE VOYAGE AMÉLIORE LE BIEN-ÊTRE PHYSIQUE

En voyageant, nous sommes exposés à de nouveaux environnements, ce qui peut avoir un effet positif sur notre système immunitaire. En effet, notre corps s’adapte aux différents agents pathogènes rencontrés au cours de nos voyages, renforçant ainsi nos défenses immunitaires et nous aidant à mieux résister aux maladies. Par ailleurs, la vie nomade offre l’opportunité d’être physiquement plus actif en privilégiant les longues marches, les promenades, les visites ou encore faire des activités sportives comme les randonnées, la natation, le vélo ou la plongée. Voyager réduit donc le risque de maladies cardio-vasculaires et peut même aider à perdre du poids. En effet, deux des facteurs essentiels pour la perte de poids sont la pratique d’une activité physique et la réduction du niveau de stress. Le voyage offre les deux.


LE VOYAGE AMÉLIORE LE BIEN-ÊTRE COGNITIF

En mettant son corps en mouvement on fait aussi du bien à son cerveau car notre cerveau aime la nouveauté. Il a besoin d’être stimulé et quoi de mieux que le voyage pour cela ? Le voyage met au défi notre cerveau, l’oblige à s’adapter, le muscle, développe nos activités neuronales, entretient la plasticité cérébrale et évite ainsi le déclin cognitif.


LE VOYAGE AMÉLIORE LA DÉCOUVERTE DE SOI ET LA CONFIANCE EN SOI

Effectivement, les voyages nous oblige à sortir de notre zone de confort et bouscule nos habitudes. Parfois, nous sommes enliser dans notre quotidien et nous avons pris l’habitude d’avoir un certain type de réactions face aux événements qui nous entourent. Alors qu’en partant à l’aventure au cours d’un voyage, on sort de cette routine pour faire face à des situations nouvelles. Et bien souvent, on fait face à des événements inconnus qui vont nous sortir de notre zone de confort et nous mettre face à nos peurs et nos limites. Donc le voyage est une formidable opportunité d’en apprendre beaucoup sur soi-même et sur ses capacités, de mieux se connaître en somme. Les voyages peuvent également renforcer la confiance en soi, se sentir capable de gérer les imprévus, expérimenter de nouvelles activités, oser parler une autre langue, réussir à trouver de nouvelles adresses. Faire face à des situations inhabituelles permet de travailler notre flexibilité mentale et notre capacité d’adaptation. Les voyages enseignent de nouvelles responsabilités. Voyager avec des enfants les aide à accepter et prendre en charge de nouveaux rôles en prenant des décisions et en développant de nouvelles compétences. Par exemple, avant de prendre l’avion ou le train, nous pouvons encourager l’enfant à préparer ses affaires et à faire sa propre valise. Cela lui apprendra ainsi à ranger, organiser, à prendre des décisions et à accepter la responsabilité de ses affaires. Une fois sur la route, l’enfant peut essayer de nouvelles tâches, telles qu’utiliser une carte pour trouver son chemin, trouver un endroit intéressant à visiter ou décider d'un endroit où manger. L’enfant, comme l’adulte, acquiert de nouvelles compétences grâce à ces rôles et responsabilités. Et ce sont ces compétences qu'il gardera et adaptera à d'autres domaines de la vie en grandissant. L’enfant prendra aussi conscience des idées de tolérance et d’acceptation. Les longues files d'attente pour une attraction touristique, l'embarquement sur de longs vols, des voyages en bus ou en voiture qui semblent interminables sont autant d'occasions pour l’enfant de tirer des enseignements et d’apprendre à être patient. La résolution de problèmes et la planification de voyages deviennent de bonnes compétences qui les feront grandir.


LE VOYAGE AMÉLIORE LA SOCIALISATION ET L’ADAPTATION

Certains parents pensent que de sortir les enfants de la classe pour voyager peut signifier un manque de socialisation avec les autres, or, c'est tout le contraire. Les voyages favorisent la socialisation et donne l’occasion de faire preuve d’ouverture d’esprit et de développer notre empathie. On peut faire de nouvelles rencontres, découvrir d’autres modes de vie, de nouvelles cultures, des manières différentes de penser, de manière de voir le monde, des différences de cuisine, d’habitats, de croyances,… Les enfants sont en contact avec des personnes de tout âge, de toute nationalité et de tout horizon. En voyageant, on a la chance de rencontrer des personnes que l’on n’aurait jamais rencontré dans notre quotidien. Les rencontres sont fortes, inoubliables et enrichissantes. Les voyages offrent une diversité d'opportunités sociales incroyable, qui ne peut normalement pas être vécue à l'école au quotidien. L’enfant découvre que l’on peut aimer ce qui est différent de soi et ces rencontres lui permettent de s’ouvrir aux autres et d’accepter l’autre avec ses différences. Le voyage invite donc à faire preuve d’humilité et de tolérance. Rencontrer de nouvelles personnes permet aussi de se libérer des préjugés. L’enfant expérimente aussi de nouvelles manières de communiquer, avec une langue, une tonalité, un regard, un geste, une attitude.


LE VOYAGE AMÉLIORE LA CRÉATIVITÉ ET LA CONCENTRATION

Le voyage a également un impact sur notre créativité et notre concentration. De nombreux artistes et entrepreneurs trouvent leur inspiration dans leurs voyages.

En nous confrontant à de nouvelles expériences, nous stimulons notre imagination et notre capacité à résoudre des problèmes. De plus, en nous éloignant de notre environnement quotidien et de nos habitudes, nous donnons à notre cerveau l’opportunité de se reposer et de se ressourcer, ce qui améliore notre concentration et notre efficacité. Le voyage est une source d’apprentissage et de stimulation pour notre cerveau. En effet, il nous pousse à nous adapter à de nouvelles situations, à apprendre de nouvelles langues et à mieux comprendre les cultures qui nous entourent.


LE VOYAGE.AMÉLIORE LA MÉMOIRE ET L’ANTICIPATION

Voyager peut aider à prévenir certaines maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer, en plus de réduire les risques de dépression et de diminuer notre niveau de stress et d’anxiété. Lorsque l’on expérimente de nouvelles choses, on se crée également de nombreux souvenirs et des souvenirs heureux. Se remémorer ces précieux souvenirs permet d’affronter les nouvelles difficultés que l’on peut être amené à rencontrer dans son parcours de vie propre. Ainsi, voyager régulièrement permet de stimuler nos neurones et d’améliorer notre mémoire. Immortaliser les voyages avec des photos et vidéos permet d’activer notre mémoire et nous aide à revivre les émotions positives qui y sont liées. Une étude conjointe anglo-newyorkaise démontre qu’on serait notamment plus heureux en anticipant une expérience plutôt qu’un achat matériel. Alors oui, voyager contribue à notre bonheur, nous rend plus heureux et c’est le cas sans même partir. Le simple fait d’anticiper des vacances peut impacter notre bonheur et notre bien-être.


LE VOYAGE AMÉLIORE L’ESTIME DE SOI ET LA MOTIVATION

Voyager, c’est placer les découvertes et l’Humain au cœur de nos préoccupations. Il est donc tout naturel que les voyages permettent même d’améliorer les résultats scolaires. Exposer un enfant à de nouvelles situations et de nouvelles cultures ne peut que leur donner envie d’en apprendre encore plus sur tout. En développant la richesse du milieu dans lequel il évolue, l’enfant développe une curiosité et une motivation à l’apprentissage bien plus importante qu’un enfant qui évolue toujours dans un même univers. Pour être motivé, l’élève doit avoir conscience de ses habilités, de sa capacité à réussir et de l’utilité de son apprentissage. En voyage, l’enfant expérimente concrètement l’utilité de son apprentissage car il mobilise ses nouvelles connaissances en permanence. L’équation de la motivation est la suivante : Plus j’ai d’estime de moi, plus je suis motivé, je peux m’engager et persévérer, j’acquiers un sentiment d’efficacité qui nourrit ma fierté et mon estime. Et l’estime de soi est fondamentale dans l’apprentissage scolaire, dans l’apprentissage de la vie et de la citoyenneté ! L’estime de soi se construit sous l’influence de l’environnement extérieur. L’enfant qui possède une bonne estime de lui-même manifeste naturellement de la curiosité pour de nouvelles expériences de tous ordres y compris dans les apprentissages scolaires. Il fait preuve de réalisme, il a la capacité de parler de ce qu’il sait faire sans se vanter. Il reconnaît ses erreurs, il peut faire face à la critique fondée sans s’effondrer. Il est capable de maîtriser son anxiété et son sentiment d’insécurité, il ne se sent pas submergé. Il fait preuve d’enthousiasme et de vitalité dans ses apprentissages. Il négocie les changements avec une certaine sérénité. Il se connaît bien et montre de l’empathie pour les autres. Or nous l’avons vu, le voyage permet d’acquérir tous ces savoirs être, fondamentaux essentiels à tout apprentissage scolaire. Mais cette base de savoir-être permet également de savoir penser, vivre et faire avec les autres.


LE VOYAGE PERMET UNE PÉDAGOGIE ACTIVE, DU CONCRET À l’ABSTRAIT

Placer l’enfant en scolarité dans un voyage au long cours, c’est forcément appliquer une méthode pédagogique active dans lequel on place l’enfant en situation d’être lui-même acteur dans ses apprentissages. Pour Decroly, l’une des trois figures de la mouvance des pédagogies dites « nouvelles » avec Freinet et Montessori, l’école ne se fait en classe que quand il pleut. Il faut investir la cuisine, l'atelier, les magasins, la rue… s'immerger dans l'environnement immédiat, le questionner, lui donner du sens, de l'épaisseur, en faire le tremplin pour progressivement introduire la complexité du monde abstrait. Car selon un principe cher à Decroly : l’apprentissage ne peut se faire qu’en allant du concret vers l’abstrait. Les sciences cognitives lui donnent raison, car il est aujourd’hui prouvé qu’un enfant ne peut bien tracer un cercle que s’il est capable de faire au préalable une galipette. La notion abstraite du cercle doit d’abord se comprendre concrètement avec le corps. Forte de ce constat, j’applique avec Cléo depuis sa naissance une pédagogie active sensorielle. On touche, on goûte, on écoute, on observe, on sent tout ce qui nous entoure, à la maison, au parc, en vacances,… J’ai ainsi utilisé la communication gestuelle pour l’aider à communiquer avant la verbalisation, j’ai créé un espace à la maison basé sur la méthode Snozelen qui consiste à spécialement aménagé un lieu éclairé d'une lumière tamisée, bercé d'une musique douce. Cet espace dont le but est de recréer une ambiance agréable vise à favoriser l'initiation motrice et la communication (verbale et non verbale), à stimuler la mémoire sensorielle et émotionnelle. Cléo passe la majorité de son temps dehors, à la bibliothèque. Elle adore faire les courses avec maman et m’aide beaucoup. Aujourd’hui, pour soutenir son envie de lire, j’utilise la gestuelle de l’orthophoniste Borel-Maisonny pour lui apprendre à distinguer les sons et les associer. Les lettres magnétiques de Céline Alvarez me sont d’une aide précieuse et son imagier (en 2 tomes) permet à Cléo de lire ses premiers mots toute seule alors qu’elle n’a pas encore 4 ans. Lettres et chiffres rugueux aident Cléophée à maîtriser la gestuelle de l’écriture et, en soutien de son apprentissage de la tenue du crayon à l’école (Moyenne Section de Maternelle), nous musclons les doigts avec des jeux-exercices tels que la pâté à modeler, le piano, les ombres chinoises,… Pour le calcul, nous comptons tout ce qui nous entoure: le nombre de marches pour arriver à l’étage de notre appartement, le nombre de dodos avant l’anniversaire de la copine de classe,… Nous jouons également au greli-grelo qui consiste à présenter cinq petits objets type jetons, coquillages ou autre. On les compte ensuite ensemble. L'adulte met les 5 petits objets dans sa main et referme avec l'autre main pour les faire disparaître de la vue des enfants. En secouant, mains fermées, les 5 petits objets, on récite la formule magique : "greli-grelo j'en ai combien dans mon sabot". Lorsque la formule s'arrête, l'adulte ouvre une de ses mains avec à l'intérieur 1, 2, 3, 4, 5 ou aucun des petits objets, les autres objets restant dans l'autre main fermée. Les enfants doivent alors trouver combien il reste d'objets dans l'autre main fermée Lorsque le jeu est bien compris, l'adulte peut se faire remplacer par un des enfants. Cela permet à l’enfant d'acquérir les notions préparatoires à la technique opératoire : l'addition et la soustraction. Nous utilisons aussi du matériel Montessori et notamment les 4 blocs de cylindres qui varient proportionnellement sur une ou plusieurs dimensions par bloc afin d’apprendre à discriminer les dimensions en manipulant les cylindres qui varient sur plusieurs dimensions : le rayon, la hauteur.


LE VOYAGE ET L’ÉCOLE CONCRÈTEMENT, QUEL MATÉRIEL ?

En voyage, nous ne pourrons pas emporter trop de matériel encombrant, aussi j’essaierai d’utiliser 3 trousses pédagogiques.

  • La première sera remplie des crayons, feutres, taille crayons, gommes, ciseaux ronds, colle,..
  • La seconde sera remplie de cubes empilables « mathlink » pour travailler les suites logiques, les associations et le tri, les premières additions et soustractions, les liens entre les chiffres, les premières multiplications, le partage, les formes et le tri et mesure des tailles.
  • La troisième contiendra des cartes de chiffres et nombres, de signes mathématiques, des dominos, dés et jetons, et du matériel spécifique à la méthode d’apprentissage des mathématiques dites « de Singapour » considérée comme la plus efficiente au monde actuellement.

J’emporterai également une ardoise, un cahier de brouillon (les 3 formes d’écriture à maîtriser parfaitement en 2 ans), un cahier dit de « réussites » pour ancrer les réussites et les nouvelles compétences, ainsi qu’un carnet épais de voyage pour y raconter le voyage et ses faits marquants. Cléo me dictera dans un premier temps ce qu’elle voudra y écrire, puis recopiera mes écrits. Elle devra aussi illustrer son carnet de dessins et collages.

Nous aurons par ailleurs quelques manuels scolaires

  • 2 en maths par niveau: le cahier de l’élève et guide pédagogique de la méthode de Singapour, édition « la librairie des écoles » + fiches support mathlink cubes dans une enveloppe.
  • Le livre de la méthode Bosher et ses petits jeux associés dans une enveloppe.
  • Le cahier d’activité « Mon année de Grande Section » Bosher Maternelle.
  • Une liseuse tactile et un IPad pour lire + quelques livres en français de Céline Alvarez pour lire seul.


CONCLUSION: LE VOYAGE EST UNE ÉCOLE DE VIE COMPLÈTE.


Voyager avec ses enfants c’est d’abord se faire confiance en tant que parents. Se croire capable d’être un guide, un maître pour initier ses enfants soi-même à travers les différentes aventures que réserve le voyage, c’est le point de départ. Même si la scolarisation est la norme, l’apprentissage est possible aussi à travers les activités concrètes de la vie quotidienne en voyage. Transmettre, n’est-ce pas un pilier de la relation parent — enfant ? Faire ensemble et partager ensemble est une merveilleuse façon de s’enrichir mutuellement. Car les enfants sont pleins de ressources et leurs dispositions naturelles à jouer, s’enthousiasmer et ne pas juger sont formatrice pour les parents dans bien des situations. Prendre du temps loin du quotidien renforce les liens et ouvre énormément l'esprit. Le romancier brésilien Paulo Coelho le dit lui-même : "Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, je vous propose d'essayer la routine… Elle est mortelle !". L’enfant profitera de ce nomadisme pour s'imprégner de tout, y compris des langues et des différences culturelles qui enrichissent considérablement son univers. Pour Cléo, il s’agira aussi durant ce voyage de se familiariser avec son autre culture, la culture australienne. En effet, Cléo possède la bi-nationalité franco-australienne. Nous avons ainsi prévu de rester au moins 3 mois par année passée sur les routes d’Asie du Sud-Est et d’Océanie en Australie. Cléo va développer un savoir-être important dont découlera naturellement le savoir-vivre en société, le savoir observer, analyser et penser, et tous les savoirs-faire associés aux sujets de ses intérêts rencontrés durant le voyage. Toutes les familles revenues d’un tour du monde ou de voyages au longs cours sont unanimes: les voyages peuvent faire des merveilles dans l'esprit des jeunes enfants. Ils progressent plus vite dans tous les domaines, deviennent plus vite autonomes et responsables, et améliorent significativement leur estime d’eux-mêmes. Qu'il s'agisse de les sensibiliser au monde et aux cultures qui les entourent, d’améliorer leur résilience ou de plonger dans de nouvelles expériences passionnantes, c'est un moyen de faire grandir leur esprit qui surpasse nettement les connaissances qu’ils peuvent acquérir dans les salles de classe ! Et même si, au début, voyager avec des enfants (surtout s'ils ont moins de 5 ans ) peut sembler fastidieux et faire peur, c'est l'occasion pour eux de recevoir une éducation pertinente et importante, dans un contexte réel. Ne dit-on pas que le voyage est l'école de la vie ?