Carnet de voyage

Échange académique à Tokyo 2022

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Par Gaspo
Semestre académique à l'Université de Keio à Tokyo, dans le cadre de ma deuxième année d'études à CentraleSupélec (Université Paris Saclay)
Du 1er avril au 14 août 2022
136 jours
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Publié le 30 mars 2022

Obtenir le visa en période de Covid fut très compliqué ! Je prépare ce voyage depuis début septembre : il a fallu effectuer de nombreuses et pénibles démarches administratives préalables auprès de mon école et de l'université partenaires ; je n'étais même pas sûr d'être accepté pour l'échange au départ. Les frontières japonaises se sont ouvertes et fermées régulièrement, il a fallu récupérer le COE (certificate of eligibility) par voie postale, imprimer et remplir un tas de documents - pas tous traduits - et tout amener au consulat du Japon à Lyon, revenir récupérer le visa en main propre, ...

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J'ai pu récupérer mon visa à Lyon vendredi dernier. Le consulat est tout mignon : rempli de décorations et de mangas, quelques personnes qui parlent japonais, ...

J'ai effectué mon test covid hier mais ai du le refaire aujourd'hui car je m'étais trompé dans mes calculs : 72h avant le vol n'équivaut pas 3 jours mais bien 4😂 Résultat : je suis bien négatif. (J'avoue avoir sué un peu après avoir senti un petit picotement à la gorge, trois jours piles après être sorti en soirée à Grenoble).

Je m'en vais demain à Paris puis m'envole le surlendemain ! (Charles de Gaulle -> Zurich -> Tokyo)

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Je suis donc parti en train de Toulouse à Paris le jeudi et le lendemain : Paris-Zurich puis Zurich-Tokyo en avion (13 heures pour le second vol, en passant sous la Russie). J’ai dormi environ 4 heures dans l’avion, je ressors avec un léger mal au dos et je découvre l’enfer que c’est de sortir d’un aéroport au Japon : 4 heures d’attente au total, le temps de vérifier tous les papiers, de se faire tester chacun son tour, …

Ceux qui s’occupent des tests sont recouverts de protections et me font penser aux nettoyeurs dans Monstres et Compagnie. Je m’amuse à dire bonjour et merci en Japonais mais c’est une erreur car ils me répondent ensuite des phrases que je ne comprends absolument pas. En anglais ce n’est pas mieux car pour se faire comprendre il faut en réalité parler le jap-anglais : «I went to Switzerland » se dit « i wento to Swissu ». À la sortie de la douane, des grandes pancartes Mario et Luigi m’accueillent dans le pays, c’est kawai.

Une fois sorti de l’aéroport à 20h, il faut que je prenne le train jusqu’à Shibuya (à 1h de l’aéroport de Narita). C’est le bordel car je ne comprends rien aux kanjis qui sont affichés et je n’ai ni argent ni batterie sur mon téléphone. Heureusement les gens m’aident avec plaisir quand je demande. Je passe un peu la soirée à répéter «Sumimasen… (…) Arigatô gozaimasu!» Je parviens à me débrouiller pour prendre un ticket express (attention de ne pas prendre un train local qui s’arrête partout…), je recharge mon téléphone sur mon ordinateur, je m’inscris sur un wifi public, et je monte à bord du bon train, … ouf !

Je retrouve Jean-Philippe deux heures plus tard à Shibuya. C’est un ami de mon père qui date de ses années à Centrale. On passe dans le fameux carrefour en triangle, le long d’une rivière entourée de Sakuras en fleurs, dans un yakitori bondé de jeunes pour manger, puis il m’héberge chez lui dans un quartier situé juste au dessus. Le contraste entre son quartier hyper calme et Shibuya (équivalent de Times Square) est impressionnant. Il y a effectivement des kombinis ouverts toute la nuit et des distributeurs automatiques à quasi chaque coin de rue.

Une amie à de Centrale qui vient aussi à l’université de Keio a pris plus de temps que moi pour sortir de l’aéroport : elle y est restée de 16h à 22h ! Ça fait trop tard pour son auberge de jeunesse donc Jean-Phi accepte de l’héberger aussi. Résultat : nous nous couchons vers 2h du mat heure locale, et je compte me lever à 7h le lendemain pour aller courir le long des cerisiers en fleurs (c’est le dernier jour!). Avant de dormir, je découvre avec amusement les douches japonaises (on ne se lave pas dans la baignoire mais à côté) et les toilettes chauffantes qui jouent de la musique quand on s’assoit dessus et qui ont effectivement une chasse d’eau « moderne » avec des boutons pour activer divers jets d’eau. J’opte pour le PQ à l’ancienne pour l’instant.

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Publié le 4 avril 2022

Nous ne sommes pas allés courir ce matin finalement car il pleuvait. On a déjeuné tranquillement puis nous sommes partis nous balader en ville avec Jean-Phi. On a à nouveau longé le canal peuplé de cerisiers puis rejoint la gare de Ebisu, l'une des grandes gares de Tokyo. J'ai pu m'acheter une carte Suica, qui permet de payer ses transports en commun mais aussi de faire ses courses ; il suffit de la recharger et plus besoin de calculer quoi que ce soit !

Ensuite nous avons rejoint un cimetière très connu pour ses cerisiers (décidément). Il faut avouer qu'ils sont magnifiques. La végétation laisse entrevoir au loin les buildings mais il n'y a aucun bruit. Le mélange des arbres en fleurs, des sépultures à la japonaise où chaque tombe est entourée d'un jardin miniature et des passants au loin avec leurs parapluies transparents rend le tout très féérique.

Nous avons continué à nous enfoncer dans les rues de Shibuya, notamment à Omotesandô, avenue aussi appelée " Les Champs-Élysées de Tokyo". En effet, on y trouve un grand nombre d'enseignes connues, notamment dans le milieu de la mode. Nous nous y sommes arrêtés pour manger dans un kaiten-zushi. Il s'agit d'un sushi où les plats tournent sur un tapis roulant. Je les ai trouvés du même niveau qu'en France (Jean-Phi affirme qu'ils étaient bas de gamme), mais il y a un choix bien plus important. Thon, anguille, maquereau, palourdes, ... Très peu de saumon ou d'avocat en revanche, et surtout pas de kiri ! Nous avons aussi croisé beaucoup de magasins "français", qui vendent des croissants à 2e50 ou recouverts de choses étranges, des quarts de reblochon à 15e ; il y a même des enseignes qui se spécialisent en chaussons aux pommes !

Dans l'après-midi, Jean-Phi est rentré et nous avons décidé avec mon amie Gwen de visiter le sanctuaire de Meiji-jingû, l'un des deux plus célèbres de Tokyo. Comme il pleuvait, c'était assez calme. J'ai reconnu des lieux que j'avais déjà vu en vidéo, mais qui avaient été tournées en été donc avec beaucoup plus de monde. Sur le chemin du sanctuaire, on tombe sur un mur de barils de saké ; ils en ajoutent un tous les ans pour symboliser la prospérité du Japon. En face, un mur de tonneaux de vins de Bourgogne, que des grands cru. Une fois dans le temple, on se retrouve nez à nez avec une cérémonie de mariage. La mariée est recouverte d'un drap blanc, le mari me fait penser à un mélange entre un samouraï et un soldat napoléonien avec son katana et son chapeau triangulaire. Le délire.

On se dirige ensuite dans la rue Takeshita-dōri, réputée pour être "déjantée". Elle me fait un peu penser à la rue commerçante d'Argelès-plage : des tas de magasins de crêpes, de t-shirts Squid Game, des jeunes partout, ... avec en plus le côté kawai avec les affiches de personnages d'animes. Un peu plus loin, une manifestation se dirige vers Shibuya. On ne sait pas ce qu'ils revendiquent mais ils ont des affiches jolies et chantent des petites chansons. On les suit puis on tente de rentrer par nous mêmes sans utiliser de GPS. Après quelques minutes de marche, alors qu'on s'apprêtait à continuer loin encore, on tourne par hasard le regard à notre gauche et nous sommes en fait déjà arrivés. « Task failed succesfully »

Pour le reste de l'après-midi, Gwen se rend à son auberge de jeunesse à Yokohama et j'en profite pour faire une sieste, quelques courses et on mange enfin tranquillement le soir chez Jean-Phi avec sa femme Minako.

Des parapluies et un croissant à la chaussette
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Publié le 6 avril 2022

Troisième jour, je n'ai pas grand chose à faire car toutes mes démarches administratives sont en suspens le temps que je fasse le check-in de mon appartement demain, et les cours ne commencent que dans 3 jours. Je me réveille donc un peu plus tard puis je pars me balader seul à pied (Jean-Phi travaille).

C'est la première fois du séjour que je suis seul dans Tokyo sans mes valises. Je descends la rue qui mène jusqu'à Shibuya en veillant à bien saluer les quelques passants en inclinant la tête comme il faut. Quand on se balade dans une ville qui n'est pas la nôtre, on peut avoir tendance à se sentir légèrement intrus. Ce sentiment est démultiplié ici. On dit que les Japonais sont assez racistes (même si les Français sont les moins pires à leurs yeux), et étant donné qu'avec le Covid très peu ont pu rejoindre le pays, je suis l'une des seules têtes non asiatiques à la ronde. Peut-être ai-je fait exprès aujourd'hui de sortir mon pull avec marqué "Bonjour" en grosses lettres.

De toute manière, on a un peu toujours peur d’offenser les Japonais en ne disant pas la formule de politesse qu'il faut, ou en ne suivant pas une coutume particulière. Par exemple, j'ai vite remarqué que tout se faisait dans l'autre sens au Japon. Pour fermer à clé les toilettes, il faut tourner à droite. Pour attendre dans l'escalator, il faut se mettre à gauche. Pour croiser quelqu'un qui marche en sens inverse dans un trottoir, c'est par la gauche aussi. Quand on rentre dans un magasin, les vendeurs crient tous 'irashaïmassé!". Je ne sais pas s'il faut répondre "bonjour", ou "merci"... Le pire serait qu'un vendeur me demande s'il peut m'aider, je ne suis pas sûr de savoir répondre poliment "je ne fais que regarder" (apparemment il ne faut jamais juste dire "iie" = "non)

Je me balade un peu toute la matinée dans Shibuya, je préfère éviter de me perdre dans le métro pour l'instant. Je passe par exemple au centre commercial MODI, dans lequel se trouve un étage entier réservé au manga One Piece. Il y a aussi un étage dédié à la JPOP (pop japonaise), les chanteurs sont appelés des "idols" et sont adulées par certaines filles. Elles se prennent en photo devant leurs stars préférées, enfin... leurs affiches... Un étage plus haut, le Tokyo Anime Center, où des garçons achètent des goodies de leurs animes préférés. Cependant pas de titans ou des ninjas mais des magical girls. Ils ont des goûts étranges ici. J'ai feuilleté des livres de sciences ; c'est marrant car ils mélangent les caractères japonais pour les phrases et les chiffres romains pour les calculs. Ils utilisent aussi les commandes anglo-saxones pour l'informatique (for, if, ...).

Je trouve aussi un magasin de mangas qu'a mentionné Jean-Phi, où son fils allait quand il était encore ici (il étudie à Los Angeles maintenant). L'entrée est toute petite, et c'est au sous-sol. On a l'impression de descendre dans un parking, puis on atterrit trois étages plus bas dans une sorte d'entrepôt avec des milliers de livres et de figurines. Ils ont aussi des cartes à collectionner, on peut par exemple acheter des cartes yu-gi-oh à l'unité, j'imagine qu'elles sont particulièrement rares.

Le midi, je ne sais pas trop où manger. Il y a le choix bien sûr, mais c'est justement ça le problème. Résultat, j'opte pour Burger King. Avant que vous ne vous offusquiez, sachez qu'apparemment les menus des fast-foods américains sont censés être assez typiques ici. Mais j'avoue avoir été assez déçu, ce n'était pas si dépaysant que cela, mis à part les boissons. En fait, les Japonais sont fans de sodas et de friandises aux gouts les plus variés. Même les marques occidentales se déclinent dans des saveurs qu'on ne retrouve pas en France. Par exemple, j'ai goûté au Fanta Melon. Gout très chimique, pas fan.

Ensuite je décide de prendre un café au fameux Starbucks en hauteur qui donne sur le Shibuya Crossing. Au début j'ai une place un peu merdique, mais au moment où une autre se libère je me rue sur celle-ci pour avoir la vue sur le carrefour. Il faut dire que ce n'est pas dégueu. J'en profite pour faire une story instagram.

En partant, je me rends compte que je n'ai plus mon parapluie. Je remonte, je ne le vois plus. Je redescends et je vois que j'ai agacé les vendeurs à repasser par la sortie et tout, donc je n'ose pas leur demander s'ils l’ont ramassé, sachant que cela risque de prendre un certain temps à me faire comprendre. Je préfère éviter de faire l'étranger relou, donc je sors.

Mais au Japon, quand il pleut, il pleut. Dans le sens où ça ne s'arrête pas de la journée. Je suis littéralement coincé sous la toiture d'un magasin. Je suis donc obligé de retourner constamment sur mes pas pour chopper le wifi public aux spots que j'ai trouvés, pour traduire mes requêtes successives. "J'ai oublié mon parapluie", "Vendez vous des parapluies?", «Ou puis-je trouver des parapluies?". Je me retrouve quelques minutes plus tard dans un magasin de luxe avec des parapluies à 150 euros... J'en trouve finalement dans un petit magasin de souvenir un peu plus loin, j'espère qu'il ne sera pas de trop mauvaise qualité.

Je me balade encore un peu dans les divers magasins mais je commence à fatiguer donc je décide de rentrer à la maison. Rapidement, je me fais arrêter pas loin de Hachikô (statue connue à côté du Shibuya Crossing, d'un chien qui aurait attendu son maître 10 ans devant la gare), par une station télé ! Une chaine assez connue m'interview et me pose diverses questions sur ma venue au Japon, ce que j'aime ici, ce qui me fait peur etc... C'est assez amusant mais je crois que j'ai répondu aux questions trop sérieusement. Si c'était assez "exciting" à leurs yeux, je passerai peut-être un lundi soir à la TV. Je passe le reste de la soirée tranquillement à la maison et je décide de me coucher tôt après avoir un peu suivi les diverses actualités de la France sur Twitter. Ce n'est pas quelques minutes plus tard qu'un tremblement de terre se lance. Je suis allongé dans mon lit et je sens toute la chambre vibrer. Ça ne dure que quelques secondes mais c'est assez pour s'en rendre compte. Décidément.

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Aujourd’hui, je pars en métro jusqu’à Kawasaki, ville voisine de Tokyo, pour découvrir mon appartement. Je n'ai plus besoin de réfléchir à quel ticket je dois prendre grâce à ma carte Suica, mais ce n'est toujours pas évident de repérer quelle ligne je dois emprunter. Je parviens néanmoins, grâce à l'itinéraire google maps et en repérant les bons mots clés, à prendre la bonne rame. Le métro en lui même n'a rien de spectaculaire, si ce n'est qu'il est bien plus propre qu'à Paris. Pour autant, on ne voit personne poser son sac par terre, tout le monde le met sur ses genoux. Je vois par la fenêtre qu'on sort de Tokyo. On passe par dessus une grande étendue d'herbe le long d'une rivière, ça ressemble un peu aux marais salants de l'ile de Ré, puis devant de grands buildings un peu comme à Shanghai. Je sors à Hiyoshi, devant le lycée de Keio. Plein d'étudiants montent la longue avenue qui mène jusqu'à leur lycée. Ils sont tous en uniformes plutôt classes. Je passe aussi devant le campus de Yagami, où j'aurai cours. Mais pour l'instant, je dois rejoindre ma résidence. Je suis le repère google maps que je me suis fait (heureusement que l'itinérance fonctionne sans wifi ou 4g).

Je me suis trompé d’adresse. Pour être plus exact, deux endroits de la même ville ont la même adresse, résultat : je me balade à pied pendant deux heures dans une sorte de zone industrielle clairement pas résidentielle. Évidemment je n’ai pas de wifi donc impossible de prévenir de mon retard, et les passants que j’interroge ne comprenne pas l’anglais ni pourquoi l’adresse de mon logement est celle du bâtiment Toyota. "Wakaranai"

Après une matinée de galère je parviens enfin à trouver le bon endroit, on me fait la visite et je m’installe. Les proprios sont très gentils, je ne saisis pas tout ce qu’ils disent mais on arrive à se comprendre avec un mélange de japonais et d’anglais. Dans l’aprem, je me balade un peu et me prend des petits snacks au konbini du coin. C’est amusant d'enfin goûter au fameux gâteau de riz qu’ils mangent de Le Voyage de Chihiro. On appelle ça des onigiri : du thon mayo dans du riz emballé dans une feuille de mori (l'algue noire des sushi maki). C’est assez bon, et ça ne coûte même pas 1€. La chambre est quant à elle assez petite mais plutôt mignonne, et j’ai tout ce qu’il me faut.

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Aujourd'hui je n'ai pas fait grand chose. Je me suis réveillé un peu tard, et les responsables de la résidence qui sont censés m'aider à terminer les démarches administratives ne donnent plus de nouvelle. Je décide de prendre les choses en main et de me rendre à pied à la mairie.

Ça me prend plus d'une heure d'y aller, mais cela me fait passer dans un parc plutôt sympa où se trouve un zoo. Il y a des animaux assez classiques puis d'autres un peu plus étonnants, comme le "prairie dog" qui ressemble plutôt à un hamster, et le "red panda" qui est le mélange parfait entre un chat et un petit ours roux. Ce qui est bien avec Tokyo, c'est qu'à tout moment on passe dans une zone de verdure, mais une vraie pas comme à Paris. On n’a plus l’impression d’être en ville. Par contre pour le zoo, c’est pire qu’à Lyon. Les animaux ont très peu de place, le zèbre est figé sur place, d’ennui j’imagine.

Je croise pas mal d'étudiants qui n'ont pas le masque sur le nez. Ouf, je commençais à en avoir marre de la buée constante. En fait, ce n'est même pas obligatoire au Japon de le porter, mais tout le monde le fait, que ce soit dehors ou dedans. Je respire enfin un peu. Je remarque qu'on voit pas mal d'ouvriers dans la rue, qui réparent les fils électriques ou je ne sais quoi. Je n'ai pas l'habitude d'en voir autant en France, dans la rue comme ça. Il y a aussi beaucoup de vigiles à l’entrée des parkings. Mais on est au Japon, personne ne va essayer de rentrer par effraction. Leur job consiste en fait seulement à rester debout toute la journée et à sourire aux voitures qui arrivent. Je constate aussi que la forme des voitures n'est pas la même que chez nous. Elles sont assez petites, avec l'avant quasi tout plat, c'est très drôle. Je croise parfois des sortes de mini camions, un peu comme les mini-bus en France, mais de la taille d’une Fiat 500. En fait, tout est plus petit ici, c’est l’inverse des US. Les rues sont très étroites, les maisons pas plus grandes que nécessaires, etc.

Je croise aussi régulièrement des sortes d'énormes filets dans la ville, qui font la taille d'un demi stade de foot. En fait, ce sont des trainings de golf, c'est assez surprenant. Une autre différence avec la France est, qu'il y ait des voitures ou pas, quand on est piéton, il faut attendre au feu rouge. C'est franchement très chiant, surtout quand on est pressé. Anyway, j'arrive enfin à la mairie, et une n-ième file d'attente m'attends. Tout comme à l'aéroport, je ne ressors que 3 heures plus tard. Il est 16h et je n'ai encore rien mangé de la journée..

Je m'arrête à un Yoshinoya, censé être un chaîne assez populaire au Japon. Je commande au hasard et je me retrouve avec un bol de riz accompagné de choux et de tenders un peu à la KFC. Pas mauvais, pas incroyable. Je commence un peu à avoir le blues. Gwen a déjà rencontré des françaises dans sa résidence, moi je n'ai pas encore croisé de jeunes de mon âge. Et je suis constamment obligé de squatter les wifi publics pour pouvoir envoyer des messages, ça devient barbant à force (surtout quand celle-ci ne marche pas pendant trois heures à la mairie !). Je prends un café dans un konbini comme remontant. Ils vendent des canettes chaudes ici.

Heureusement je me fais ajouter le soir sur une conversation de groupe de la résidence. On est en fait beaucoup de français, et des belges. Dépaysant🤣 Je sors acheter à manger le soir avec deux autres français. Demain commencent les cours.

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Enfin je vais voir mon campus ! Je pars à 8h30, après m'être pris un café au konbini, avec mes deux nouveaux camarades français pour aller en cours au campus de Yagami. C'est à 5 minutes de marche. Le campus se trouve en haut d'une petite colline. Il n'est pas spacieux comme à Centrale et ne possède pas de look prestigieux comme à Cambridge, mais il reste sympathique, similaire à une école ingénieur de taille moyenne. C'est ici qu'ont cours les élèves de la Graduate School of Technology. Ceux des autres filières sont situés dans le campus de Hiyoshi, pas loin d'ici, et Mita, plus proche de Tokyo. Il faut savoir que Keio est la deuxième université du Japon, après Todai (Tôkyô Daigaku = université de Tokyo), mais est surtout réputée pour son master d'économie.

La chose qui me surprend le plus sont les konbinis à l’intérieur du campus. On peut très bien descendre les escaliers d’un bâtiment de cours et tomber sur un mini supermarché au sous sol. Ça me fait penser aux publicités audio qu'il y avait à la mairie. Ils mélangent tout et n'importe quoi ici.

Mon premier cours est un CM de "Computer Architecture". Je comprends plus ou moins l'anglais du professeur, mais heureusement que les slides sont mises à disposition en ligne. D'aillleurs, c'est fou qu'il y ait le wifi Eduroam ici (nom du wifi présent dans toutes les universités françaises). On discute de parallélisme des calculs dans les processeurs et des super-ordinateurs actuels. Il y a surtout des Japonais dans la salle, et quelques français. J'enchaine avec un cours de "cultural presuppositions" en distanciel. C'est le retour des classes sur Zoom. Cette fois-ci, il y a surtout des étudiants étrangers. L'idée de ce cours sera d'échanger sur les coutumes au Japon et des implicites en communication, puis de les comparer aux nôtres. Le midi, je goute à d'autres mets typiques du konbini. Nouilles instantanées au curry, nouilles instantanées au poisson.

Dans l'aprèm, je découvre un peu plus le campus. La médiathèque est très chill. Ils passent des remakes de musiques d'animes au piano. Je découvre que leur bibliothèque est bien plus garnie que celle à Centrale. Je termine mes premiers devoirs et décide de décaler au campus de Hiyoshi. C’est le campus principal de Keio et j’ai rendez-vous avec mon parrain de Centrale (car en effet, celui-ci réalise un double diplôme, au Japon, dans la même université que moi😂).

Je découvre que ce campus est plus grand est ressemble beaucoup plus à l’idée que je me faisais des universités japonaises. Une allée bordée de cerisiers avec plein d’élèves, un stade de baseball où s’entrainent des lycéens, etc. Bien plus impressionnant que Yagami, qui en y repensant fait plus penser à des bureaux d’entreprise.

En fin d’après-midi, je rentre chez moi et regarde un peu la liste des clubs à Keio. Il n’y a rien d’organisé pour les étudiants internationaux pour l'instant et ça commence un peu à m’inquiéter. Je n’ai pas l’impression que le délire de l’intégration est aussi développé qu’à Centrale. Je découvre avec amusement cependant l'existence de clubs du style : club Pokémon, club de calligraphie, club de Haiku, club de thé, … D’ailleurs une fille de mon cours de culture est dans un master spécialisé dans … la cérémonie du thé. Ça alors.

Si c’était la bonne saison, j’aurai bien tenté le club de ski. Tant pis, j’essayerai peut-être un autre sport. Je risque de me faire fumer au badminton cependant. En attendant je contacte les asso « internationales » pour avoir plus de renseignements. Le soir, je dîne au Mcdo avec les deux français (l’un est de Centrale Lyon). Ils ont un burger étrange avec un œuf cylindrique à l'intérieur. Pas mauvais.

À gauche, le bon vieux Ronald disparu de la France, à droite le memorial à Hiyoshi 
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Publié le 10 avril 2022

Deuxième journée à Keio. Comme je n'ai cours que l'après-midi, je profite de la matinée pour (dormir et) terminer la paperasse qu'il me reste. Mais je fais rapidement face à un tas d'obstacles a priori anodins mais qui bloquent en fait toutes mes démarches : le fait que je porte plusieurs prénoms, que leurs traductions en katakana (l'un des alphabets d'ici) ne soient pas les mêmes sur tous les documents, que je n'ai pas de numéro de téléphone japonais (qui ont un format différent du nôtre), etc. L'administratif ici commence à me gonfler. Un camion de poubelle passe en jouant une petite musique amusante. Ça change des BIIPBIIP à 7h du matin en France.

Je n'ai plus beaucoup de temps pour manger donc je prends à nouveau des snacks à emporter au konbini du coin. Je n'aurai mangé que de la junk food cette semaine. Il faudra que je m'achète de la vrai nourriture ce weekend si je veux revenir en France vivant...

Cours du jour : "database systems" et "machine intelligence". Intéressant, mais il y aura des projets à faire qui n'ont pas l'air simples. J'espère avoir les bases nécessaire. J'ai discuté un peu avec quelques autres français qui sont présents. Tous dans la résidence de Gwen. En tous cas, on est vraiment beaucoup de francophones ici. Pas étonnant pour le deuxième pays plus gros lecteur de manga du monde (après le Japon, évidemment). Je sors des cours et me dis que c'est dommage qu'il n'y ait rien d'organisé ce soir. Je propose à Gwen d'aller gouter du nattô, un met typique du Japon à base de graines de soja fermenté (spoilers : c'est dégueu). Je propose aussi au groupe de francophones d'aller faire un petit resto cohez ce soir ("cohez" pour cohésion, jargon des écoles).

On se retrouve donc à un peu moins d'une dizaine à déambuler dans Hiyoshi, quartier un peu animé du coin. On tente un premier resto dans lequel on croit avoir trouvé un buffet à volonté pour 20 euros, mais il s'agissait en fait du prix des boissons. Certains sont hésitants à payer 35 euros pour un repas, donc nous quittons le restaurant, en nous excusant du mieux que nous pouvons... On s'arrête finalement à un petit restaurant de "tonkatsu", où ils servent du riz accompagné de porc pané. Comme les tables au Japon sont assez petites, on est obligé de se séparer en deux. On discute de banalités sur les études, les résidences etc.

Ensuite, certains rentrent - ceux de ma résidence notamment - tandis que d'autres cherchent un bar pour "nomikai' (littéralement la "beuverie"). Je suis évidemment de la partie - je n'attendais que ça depuis une semaine je dois avouer. On s'arrête devant une enseigne d'où sortent trois japonais complètement rabat (bourré dans le langage ancien). On monte au deuxième étage.

C'est un tout petit bar avec trois tables à l'ancienne. Il faut enlever ses chaussures et s'assoir en tailleur sur des coussins. Des animes passent à la télé dans un coin ("animes" = dessins animés japonais pour les non initiés). Il y a de la bière et des cocktails mystérieux. On engage la soirée avec une petite blonde; son nom : Asahi Super Dry. J'ai l'impression qu'il n'y a que ça ici. Mais 4 euros la pinte c'est pas mal. J'essaye ensuite un de leurs cocktails, le "haï-booru" (high-ball). C'est tout bonnement du whisky dilué au perrier. C'est franchement dégueulasse. Leurs autres cocktails au cassis ou à la pomme sont en réalité des sirops. En fait, les Japonais tiennent très mal l'alcool. On se rabat tous sur la bière. Je passe la soirée à me marrer, je rentre satisfait.

En train de manger en plein milieu de la rue, à ne pas refaire ! (mal vu) 
Suntory time ! 
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Publié le 10 avril 2022

Premier weekend, enfin ! Cela fait une semaine que je suis au Japon (j'avais décollé vendredi pour atterrir le samedi). Je pense que je vais réduire la cadence des blogs vu que tout est un peu moins nouveau maintenant. Deux ou trois par semaine peut-être.

Je me suis levé tôt aujourd'hui pour aller visiter Tokyo avec Gwen et deux des français avec qui j'ai bu hier. On s'est rejoint à la gare de Hiyoshi et sommes parti downtown en métro. Le voyage est assez long : une heure au total en partant de mon appartement, pour 3 euros environ. C'est bien mieux que les 80 minutes et 6 euros de Gif-sur-Yvette néanmoins.

On a décidé aujourd'hui de visiter le quartier d'Asakusa, dans lequel se trouve le temple bouddhiste Sensô-ji, probablement le plus connu de Tokyo. Il y a des échoppes de nourriture un peu partout, divers rituels à accomplir pour prier ou se donner bonne chance (qui impliquent souvent de donner quelques pièces😂). C'est assez touristique mais pas trop bondé non plus, grâce au Covid. Il y a des magasins de souvenirs partout, je compte bien y retourner un jour pour ramener des cadeau en France. Mais plus tard, plus tard.

On fait une petite pause dans un restaurant de ramens. Je goûte enfin aux fameux "naruto" (et oui, il ne s'agit pas simplement d'un personnage de manga, mais bien d'un aliment, ressemblant fortement au surimi) et à de vrais gyozas. On se dirige ensuite vers le parc Ueno qui n'est pas loin. Il y a une allée très connue pour ses cerisiers mais il est malheureusement trop tard, tous les arbres sont dorénavant verts.

On passe par un lac, un autre petit temple, d'autres rues touristiques, puis on s'arrête prendre un café à un distributeur. C'est vachement pratique ces distributeurs, tout est à 100 yens (moins d'un euro ; pour calculer, il suffit de diviser par 120). Le seul soucis, c'est qu'il n'y a pas de poubelles dans la rue. Pas une seule au Japon.

Durant le reste de l'après-midi, on traverse le quartier d'Akihabara, connu pour sa culture "Otaku". C'est en effet bondé de magasins de goodies de mangas. Je me jure d'y retourner tout seul plus tard. On traverse aussi un nouveau temple dans lequel se déroule un mariage. On fait le tour et nous retrouvons dans une sorte d'allée où il n'y a personne. C'est tout de suite une autre ambiance que d'explorer ces lieux religieux seuls. Contrairement en France où c'est beaucoup de pierre, et de couleurs froides, ici tout est en bois peint, de toutes les couleurs, mais principalement du rouge. Il y a statues de petits animaux, des entrées un peu partout, on se croirait dans un mini disneyland.

Comme on ne sait plus trop où aller, on se fie au guide de Gwen, un manuel de la taille du tome 5 de Harry Potter. Il y aurait un atelier d'origami pas très loin de là où nous sommes. Nous nous y rendons.

Personne à l'accueil, on monte à l'étage. Une petite salle où sont exposées un tas de petites décorations faites de papier, c'est assez impressionnant. Des arbres, des samouraïs, des petits animaux. Puis une dame arrive et nous dit que le maître des origami fait une démonstration tout en haut. Nous la suivons. Un vieil homme est assis au fond du magasin et montre à des jeunes Japonais comment faire une grenouille en trois secondes. Il sourit en nous voyant et nous invite à les rejoindre. Il nous explique qu'il connait bien la France, que des élèves de polytechnique viennent tous les ans le voir (...), qu'il avait été envoyé à Hokkaido il y a quelques années faire des origamis pour un repas diplomatique avec notre président. Effectivement, on remarque une photo dans un coin où se trouve... Sarkozy ! Sacré surprise. On se met nous aussi à plier des petits papiers, on fait un peu n'importe quoi. Je repars avec un livre dédicacé par le maître.

En fin de journée, nous tentons de monter à un fameux observatoire en haut d'une sorte de mairie mais il est fermé à cause du Covid. Le vigile est très content de pouvoir nous parler français en revanche. Nous sommes des experts de sciences selon lui. Fascinant. Je rentre le soir assez fatigué d'avoir marché toute la journée (et peu dormi la veille !). J'appelle ma copine puis dodo à 21h.

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Publié le 11 avril 2022

Pas de visites aujourd'hui. Rangements, lessive et courses.

Après une semaine passée à Tokyo, je ne trouve pas que cette ville soit si dépaysante que cela. Certes, c'est très différent de Paris, rien que du point de vue architectural, mais ça ne l'est pas plus que Londres par exemple. Passée la surprise des grosses affiches lumineuses à Shibuya, des sanctuaires touristiques et des rues étroites parsemées de distributeurs, il ne s'agit finalement que d'une grande ville à l'étranger. Le plus dépaysant finalement sont les konbinis ouverts 24h sur 24, et la barrière de la langue. Il faudra que je m'aventure plus dans la campagne japonaise une fois ma routine établie à Keio.

En attendant, ma priorité sur la semaine qui arrive sera justement d'établir cette routine. Me remettre au sport, au japonais, terminer l'administratif qu'il me reste, tester la cantine du campus, trouver des amitiés solides pour le reste du semestre, etc. On ne pense pas à ce genre d'activités quand on vient en simple touriste, mais elles deviennent nécessaire lors d'un voyage sédentaire comme le mien. Et de ce fait, on s'habitue bien plus vite qu'on ne le croit à l'exotisme du pays. Les konbinis deviennent un moyen pratique pour se nourrir quand on a oublié de faire les courses, la barrière de la langue devient surmontable quand tous les cours sont en anglais et qu'il suffit de dire "bonjour" et "merci" pour s'en sortir. Il faudra donc que me force à découvrir constamment d'autres choses, au moins les weekends, si je veux ne pas sombrer totalement dans cette routine et le regretter quand il faudra repartir.

D'ailleurs, profitons de ce bilan pour donner quelques anecdotes qui m'auront marqué cette semaine. Beaucoup d'objets sont automatisés ici. Le couvercle de la poubelle qui se ferme automatiquement quand on appuie légèrement dessus, les plaques qui BIP quand l'eau a terminé de bouillir (même si ça ne marche pas vraiment), les garages à voitures automatiques où un ascenseur amène leurs bolides rectangulaires je ne sais où, ... Tout est bon pour gagner de la place. Mon robinet sert à la fois de lavabo et de douche, il suffit que je tourne une petite valve pour basculer de l'un à l'autre. Malin, sauf quand j'oublie justement de tourner cette valve et que je prends la sauce alors que je voulais juste me laver les mains. Les métros et trains ne sont pas toujours à l'heure à la minute près, comme on le croit en France. Les corbeaux sont plus gros, et les criquets plus bruyants.

Je passe au supermarché. Il y a beaucoup de légumes que je ne connais pas. Beaucoup de variantes de poireaux et champignons. Tout est assez cher, à part le poisson. Je décide de gouter au renkon ("racine de lotus" selon wikipedia). Ce n'est pas très bon... Je pars courir un peu au bord de la rivière. C'est sympa, il fait 20 degrés même à 19h. Par contre il fait nuit très tôt, pas de changement d'horaire ici.

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Publié le 15 avril 2022

Voici une deuxième semaine au Japon qui s'écoule, une semaine entière de cours à Keio University.

Lundi : cours de "systems control", suite de mon cours d'automatique à Centrale. Des grosses démonstrations matricielles qui passent vite à l'écran, je les comprends plus ou moins. Je teste ensuite la cantine du campus avec quelques français. Des plats de nouilles ou de riz à moins de 3 euros, pas cher du tout. Par contre, les meilleurs sont vite sold out. Toutes les tables sont divisées en box individuels, c'est étrange de discuter avec des gens qu'on ne voit pas. Puis, cours de "computer vision", c'est globalement du traitement d'image avec des convolutions de matrices. Je mange le soir des bento du konbini avec des personnes de la résidence.

Mardi : je décide d'annuler mes cours du matin de "quantum electronics" et "cybersecurity". Je m'étais enregistré dans 13 cours alors qu'il n'en faut que 8, et ceux-là n'ont pas d'intérêt pour mon projet professionnel. Le midi, je rejoins un groupe de français qui mange au food truck indien au bout du campus. Nans et poulet en sauce. Je crois que c'était un tikka massala. Ici "karee" (=curry) veut juste dire bouffe indienne. Pas mauvais mais compliqué à manger sans couverts. Je m'en vais ensuite à mon cours de "web intelligence", c'est en fait un cours pipeau de design anthropomorphique, (allez chercher le lien...). J'ai un potentiel plan ce soir au campus de Mita avec des français de HEC, c'est Mélanie qui était assise à côté de moi dans l'avion qui me propose de les rejoindre. Un peu la flemme car c'est à 1h de chez moi en métro, alors qu'un autre plan se profile avec ceux de mon campus, mais je me force à y aller pour rencontrer de nouvelles personnes. J'en profite pour manger des yakitori avec Noé, qui réside au campus de Mita. On est dans le même groupe whatsapp des gens intéressés par le ski, je l'ai capté car son numéro commence par +33. Il y a bien plus de restaurants à Mita qu'à Hiyoshi, et il y a la Tokyo Tower, pâle imitation de la Tour Eiffel (mais plus haute de 10m...). On rejoint le groupe des HEC. Sympathiques, mais clairement pétés de thunes. Je rentre à minuit et propose aux gens à Hiyoshi de décaler dans un bar. Plusieurs personnes me suivent, je suis content.

Mercredi : Je me lève un peu en gueule de bois, heureusement que mon cours de la matinée est online. "Signal processing", c'est en fait des maths assez basiques (espaces de Hilberts, projections, ...). Le midi, je mange dans un restaurant italien avec Naoya, un Japonais de Hiyoshi qui souhaite faire un double diplôme à Centrale l'année prochaine. C'est Jean-Phi qui lui a filé mon contact. C'est sympa de discuter avec un natif des difficultés pour apprendre la langue. Pour moi, ce sont les différents registres, de la forme polie "wakarimasen", à la forme neutre "wakaranai", à celle réellement utilisée "wa'kanai". Pour lui ce sont les doubles négations en français : "n'as-tu pas mangé? -non je n'ai pas mangé" (alors qu'en Japonais, on répond par l'affirmatif "oui, je n'ai pas mangé"). La pizza n'est pas mauvaise, du moins vis-à-vis du cliché des pizza japonaises. Néanmoins, elles sont meilleures place Saint-George à Toulouse (mais plus chères!). Je termine la journée par 3 heures intenses de Japonais. C'est horrible, j'ai beaucoup de retard à combler. Toutes les cinq minutes, la prof interroge au hasard ; je dois faire preuve d'une concentration énorme rien que pour comprendre ce qu'on fait et savoir quoi répondre. Après 1h30 de concentration absolue, je décide de sécher la deuxième moitié, j'ai épuisé toute mon énergie. Il faudra que je réduise rapidement le retard que j'ai.

Jeudi : de nouveau le cours culturel en distanciel. Je ne fais pas grand chose de mon après-midi, mais je vais courir le soir avec un gars des Mines. J'aime beaucoup rencontrer des gens nouveaux comme ça chaque jour.

Vendredi : je me lève à 10h30 puis me souviens que j'ai mon "health check-up" à 10h45. En 20 minutes, je parviens à m'habiller, à pisser dans un tube étrange qu'on m'a filé, en tentant de suivre les consignes qui sont écrites en Kanji, je sprint jusqu'au campus de Hiyoshi sous la pluie et arrive à peine en retard, mais trempé. Les Japonais eux ont le réflexe de sortir leurs parapluies à la moindre goutte. C'est marrant, on doit suivre un labyrinthe de flèches comme à l'aéroport, avec des vigiles parsemés à certaines étapes qui nous indiquent le chemin. On me pose diverses questions, on prend mon poids, ma taille, on me fait rentrer dans un petit camion bizarre avec du vieux matos médical et un médecin tout au fond qui me fait faire une radio. J'ai l'impression d'être dans la DeLorean de Retour vers le futur. Dans l'après-midi, cours de "database sytems" et "machine intelligence" à nouveau. Il y a du vrai contenu cette fois, il va falloir que je travaille ces matières. On sort à nouveau entre français, j'ai l'impression de m'être trouvé des bons amis, objectif réussi.

Ce weekend, j'ai décidé de partir au ski avec trois autres personnes. On a pris un airbnb pour samedi et dimanche soir, à Kagura. Si vous êtes étonnés que les stations soient encore ouvertes, je le suis autant, mais tant mieux ! Je ne sais pas vraiment combien ça va me coûter car je les suis un peu aveuglément, mais je me dis que c'est peut-être la seule occasion que j'aurai de skier au Japon.

 Ils ont des serviettes en papier à l'effigie de l'école à la cantine ! 
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Publié le 23 avril 2022

Après des planifications un peu compliquées (savoir quelles stations sont ouvertes, si nous pouvons louer, comment s'y rendre, ...), notre petit groupe est enfin prêt à partir au ski. Nous avons réservé un Airbnb à Mitsumata, petite station au dessus de Yuzawa, à 3 heures en bus de Tokyo. Nous partons le samedi après-midi, et rentrerons le lundi soir.

Je ne suis même pas encore monté dans le bus que les embrouilles commencent déjà. Je me suis rendu compte le matin même que je n'avais a priori pas du tout ce qu'il fallait pour transporter deux jours d'affaires, avec seulement mon petit sac à dos et mes deux grosses valises. Résultat : je porte mes affaires dans un sac de course que j'ai acheté la veille. Ensuite, le métro censé m'amener à la gare de départ ne s'arrête pas à Ikebukuro comme prévu, je descends une station plus loin. Le bus part dans 25 minutes, je suis à 20 minutes de marche.

J'arrive donc pile à temps. Nous sommes quatre : un français et deux hollandais. Il y a Noé, que j'ai déjà rencontré la semaine dernière, Rogier, un grand barbu qui ressemble à Pewdiepie, et enfin Roos, à prononcer "Rose". Nous sommes contents de partir mais un peu incertains de ce dans quoi nous nous engageons. Le bus est équipé de trois rangées, et il y a beaucoup de place entre chaque siège. Même dans les bus de nuit en France nous ne somme pas aussi bien installés. Nous arrivons trois heures plus tard à Yuzawa. Le bus nous dépose à l'arrêt, nous sommes les seuls à descendre. Très rapidement, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas dans la ville, mais devant un grand péage. Il fait déjà nuit noire et nous sommes là, entre deux autoroutes, avec nos affaires de ski et personne en vue. Petit éclat de rire, on se dit que l'aventure commence déjà. Heureusement que nous avons Google Maps et de la connexion, sans quoi jamais aurions-nous trouvé le chemin (au Japon, rien n'est éclairé la nuit).

Une fois arrivé au centre de Yuzawa, nous nous rendons compte qu'il n'y a plus de bus pour monter jusqu'à Mitsumata, où se trouve notre logement. Les bus s'arrêtent étonnament de tourner à 18h, nous sommes obligés de prendre un taxi. Dans le doute, nous prenons aussi à manger dans le konbini du coin. Cela s'avéra être un move très smart car il n'y a en fait absolument rien d'ouvert là-haut. Pas de restaurants, pas de magasins, nanimo. Notre Airbnb est une sorte de petit hôtel traditionnel, tenu par des chinois qui ne parlent ni anglais ni japonais. La chambre est composée d'une petite table et... c'est tout. Il faut dormir dans des futons qui sont cachés dans le mur et les douches sont communes, à la japonaise. Des petits tabourets pour se laver, un grand bain pour se détendre, pas de séparations. Les hollandais ne semblent pas particulièrement gênés par cela, nous français un peu plus. Nous passons la soirée à discuter de nos différences culturelles en jouant aux cartes.

Le lendemain, réveil à 8h pour pouvoir skier au plus vite. Le loueur est à 5 minutes à pied et il y a tout ce qu'il faut : skis, accessoires, tenues. Les manteaux de skis sont bien plus originaux que nos classiques rouges et gris de chez Décathlon. Je prends le plus flashy, j'ai l'impression d'être un joueur Fortnite. Il fait tellement chaud que je ne prends même pas de gants (jusqu'à 15° en journée a priori). On rejoint la "Gondola" pour monter vers les pistes. Il y en a une toutes les dix minutes, une cinquantaine de personnes peut monter à la fois, en incluant les moniteurs qui donnent des instructions tout le long. Masques obligatoires, pas le droit de parler, … (nous ne l'avons appris que le lendemain en se faisant engueuler). Je suis surpris de la rapidité que cela prend pour atteindre les pistes. En fait, la station ne semble pas haute du tout, même si son plus haut point est à presque 2100m.

Nous rejoignons le premier télésiège. Pas besoin de scanner de forfait, puisque nous avons déjà montré nos tickets à la gondole, et que c'est le seul moyen de monter ici. Sur le télésiège, il n'y a pas de petits embouts sur lesquelles poser ses skis, c'est perturbant, et ça fait même mal aux jambes à force. On baisse simplement une longue barre horizontale pour ne pas tomber (certains ne la mettent même pas); d'autres télésièges plus loin sont équipés de caissons entiers pour protéger de la pluie. Je remarque que nous sommes moins hauts que sur les remontées en France, le trajet est aussi moins long. Il n'y a par ailleurs aucun téléskis, je me demande si ce sont de réelles différences avec la France ou simple fait de la station.

C'est parti, nous skions. La neige est très collante, mais pas étonnant vu la période de l'année. Je dois un peu recalibrer ma façon de skier... Il y a de la musique qui joue sur les pistes, c'est assez amusant. On remarque une proportion de snowboards bien plus élevée qu'en France, il y en a bien plus que de skieurs ! Les pistes sont peu pentues, mais avec beaucoup de relief. Ici, ce n'est pas la vitesse et les slaloms qui font fureur mais les longs champs de bosses ultra creusées. Je ne sais pas vraiment skier cela, d'autant plus qu'avec cette neige, on est régulièrement ralenti en descente, c'est assez frustrant. Mais il fait beau et c'est déjà bien d'être ici.

A midi, nous testons un resto d'altitude. Pas de pinte-steak-frites, mais du riz au curry et une petite canette. C'est une ambiance différente. Nous repartons. Les Japonais sont réputés pour suivre les règles, et le ski ne fait pas défaut : ils sortent très peu de la piste. Cela donne des paysages assez différents de la France, où tout friche de neige est recouverte de traces de skis. Ici, un tas de zones sont encore vierges. Il n'y a aussi pas de sapins. La plupart des arbres ne tiennent pas l'hiver, ce qui donne des immenses forêts de bâtons. Nous montons au plus haut point de la station, où se trouve une noire que nous a recommandé un Japonais (le code couleur correspond à peu près quand il s'agit des noires et vertes, néanmoins pour ce qui est des bleues et rouges, nous n'avons rien compris). Nous découvrons qu'ici, les noires ne sont non seulement pas damées ("groomed"), mais aussi non indiquées. Le télésiège nous amène en haut (un vieux deux places bien lent), puis on choisit où l'on descend, en évitant de trop perdre de vue l'arrivée. La neige est un peu meilleure là-haut, mais ce n'est pas non plus la folie.

Le soir, nous effectuons un aller-retour en bus pour manger des ramens à Yuzawa, à 17h30... (car pour rappel, pas de bus plus tard). Nous en profitons aussi pour acheter un max de biérasse. Le soir au "châlet", petite soirée où l'on enchaine les jeux d'alcool. C'est amusant de découvrir ceux en commun, ceux qui se ressemblent malgré des petites variations, et d'autres que nous ne connaissons absolument pas. Nous découvrons aussi avec amusement les mœurs différentes en ce qui concerne les drogues à Amsterdam. La plupart des jeunes ont testé au moins une fois le cannabis - ça, rien de choquant vis à vis de la France - mais ensuite aussi l'ecstasy, les champignons,... Roos nous assure qu'elle est pourtant considérée comme assez innocente auprès de ses amis😂. Nous songeons à nos amis à l’autre bout du spectre, les Japonais, qui ne peuvent boire avant leur 20 ans et qui après deux bières sont déjà finito. Nous nous vannons un peu entre pays ; je leur concède un point sur le fait qu'ils parlent très bien anglais, bien mieux que chez nous. Mais heureusement qu'il y a à nouveaux nos amis les Japonais pour tenir la dernière place du classement.

Seconde journée de ski, à 9h nous sommes sur les pistes. Nous tentons de rejoindre un autre bout de la station mais celui s'avère malheureusement fermé. En plus, il commence à pleuvoir. Il fait gris, c'est un peu déprimant. Heureusement, nous rencontrons une Japonaise qui souhaite nous guider. Celle-ci nous fait passer dans des chemins que nous n'avions pas empruntés la veille, notamment dans la forêt entre les pistes. Nous nous rendons compte que la neige y est vachement mieux. Ce n'est pas comme en France où il est difficile de manœuvrer dans ce genre de hors-piste car les skis s'enfoncent beaucoup, ici au contraire c'est super agréable ! Le midi, petit resto traditionnel en altitude : pas de chaussures à l'intérieur, thé vert et nouilles au curry noir. Nous skions ensuite en mode freestyle toute l'après-midi, jusqu'à environ 15h30 où il commence à sérieusement pleuvoir et sommes forcés de rentrer, complètement trempés mais satisfaits.

Nous avions déjà checked-out de la chambre le matin mais nous profitons des douches une dernière fois discrètement puis ramenons les affaires chez le loueur. De nouveau, petit resto à Yuzawa à 17h30 puis retour à Tokyo à 22h.

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C'était ma deuxième semaine complète de cours.

Vendredi : je suis sorti manger le soir avec mon parrain de Centrale. J'ai pris une sorte de Pokebowl à la parisienne, avec en moins le tarif parisien, et avec bien plus de poisson, sur base de riz. J'avais prévu de sortir ensuite dans les bars avec les français, mais peu ont finalement répondu à l'appel. J'ai un peu le seum qu'ils ne se motivent pas plus en cette période d'intégration, mais je peux comprendre qu'ils soient moins aventureux, sachant qu'ils resteront tous ici 1 an et demi. Ils ne sont pas en état d'urgence comme moi avec mes petits 4 mois. On se prend donc un petit whisky à deux dans un bar étrange au sous-sol (musique très forte, seulement 2 personnes). Puis on enchaine avec du saké dans un bar traditionnel avec Théo qui nous a rejoint. Le saké était excellent, et pas trop cher. Cependant au Japon, un peu comme au Portugal, ils ramènent souvent des petites entrées, délicieuses mais payantes. On découvre à la sortie que la virée n'était pas aussi cheap que cela.

Samedi : je rejoins un groupe d'internationaux à Akihabara. On commence par gouter aux taiyakis. Ce sont des pâtisseries assez connues en forme de poisson, fourrés d'anko (pâte de haricots rouges sucrés). C'est super bon. On rentre ensuite dans un de ces magasins de figurines. C'est assez cursed comme endroit. On passe de rayons de figurines de One Piece et Jujutsu Kaisen à des posters de filles en sous-vêtements. C'est très étroit mais le magasin s'étale sur 8 étages. En haut, on trouve une ribambelles de machines Gashapon (les mêmes qu'en France dans les arrêts d'autoroute : on met une pièce et on reçoit une capsule qui contient un jouet aléatoire). L'une d'elle permet de tirer des numéros mystères pour tenter d'obtenir des figurines rares. On décide de jouer à shifumi, le perdant devra tenter sa chance. Evidemment c'est moi qui perd. 500 yen ~ 3e5, je tire une mini figurine toute moche. Un ami tente aussi sa chance par solidarité, et il obtient une géante figurine de Zenitsu ! (Personnage d'un anime très connu). Je suis un peu deg. Nous avons aussi mangé dans un restaurant où l'on sert des pyramides de brochettes, de peaux de poulets grillées... C'est pas mauvais, très poivré, pas très bon pour la santé à mon avis. Je m'en vais rejoindre mes camarades du ski.

Stand de théières à la gare 

Dimanche, lundi : ski

Mardi : j'ai rendez-vous le midi avec Ken -un autre Japonais à qui Jean-Philippe a donné mon contact- pour manger des okonomyaki. Il s'agit d'une mixture de légumes et d'œuf qu'on fait cuire sur une plancha et qu'on recouvre de sauces particulières. C'est bon, mais un peu surcoté. Ken parle bien anglais car il a habité un an à Londres ; il veut aller à l'ESSEC l'année prochaine. Je lui file le contact de Noé qui étudiait là-bas l'année passée. J'ai l'impression en ce moment de faire jouer mon réseau comme un businessman. Dans l'après-midi, j'assiste à une réunion du cercle OFJ, l'organisation franco-japonaise de l'école. C'est Naoya qui m'en a parlé. La plupart des membres sont des japonais qui veulent apprendre le français. On répond à un Kahoot sur la France - sorte de quiz en ligne assez répandu dans les écoles d'ingénieur ; c'est marrant de voir ces habitudes traverser les frontières. Mais la blague de se renommer John Cagnol ne fonctionne pas ici (c'est un professeur mythique de mathématiques à Centrale).

Mercredi : pas grand chose de remarquable. J'ai mangé au lounge avec un autre français de Plume (le nom de ma résidence). On a croisé une fille britannique qui vient d'arriver, je lui ai dit que j'avais habité près de Stevenage.

Okonomyaki à Hiyoshi 

Jeudi : Je propose à quelques français d'aller tester la cantine au campus de Hiyoshi. Elle est vachement plus grande, et les plats sont plus variés. J'ai gouté les spaghettis bolo. Pas mauvaises, juste très radines sur le parmesan. Les serviettes en papier et même les baguettes en bois sont à l'effigie de l'école. Je me lance dans une collection de goodies Keio. Je décide ensuite de tenter ma chance en tant que teaching assistant de français. Je peux être payé 2200 yens (~15e) pour 1h30 de discussion. La prof est vachement sympa, mais il faudra créer un compte bancaire pour être payé. C'est un peu compliqué... En sortant, on passe devant une fanfare. Ce sont les étudiants de Keio qui font de la pub pour leur match de baseball ce weekend. Je me rends en fin d'après-midi à mon premier entrainement de badminton. Je n'ai ni raquettes ni chaussures appropriées mais la capitaine m'a dit que c'était OK. Elle est très gentille et me traduit tout. Je galère un peu à trouver l'endroit néanmoins (c'est un gymnase dans Tokyo) mais une fois arrivé, c'est vachement cool. Pas mal de gens discutent avec moi, et disent même que je parle très bien Japonais ! (Les menteuuurs). Le niveau de badminton en revanche n'est pas très élevé car c'est un cercle qui a surtout pour vocation de se faire des amis. Ce sont pour la plupart des premières années de 18/19 ans qui viennent d'arriver à Keio. Après du jeu libre pendant 3 heures, on se rend à Shibuya dans un restaurant à volonté. Je suis un peu perdu au début car je ne comprends rien à ce qui se dit (c'est difficile de tenir une longue discussion passé les "pourquoi es-tu venu au Japon?" "qu'aimes-tu comme nourriture ?" - au passage, cette question tombe toujours ici). Mais une fois que l'alcool monte un peu, ça devient plus amusant. Je ne suis personnellement pas bourré mais il suffit de l'équivalent d'une pinte pour que eux soient déjà bien atteints. La plupart rentrent ensuite mais je reste avec quelques Japonais pour boire en ville. On me conseille la "strong zero", breuvage à base de citron et saké à 9°. Pas mal. Ils sont complètement torchés, et c'est vachement drôle. Je prends le dernier métro à minuit environ, avec de nouveaux amis locaux. (Ils voulaient tous mon Instagram).

Vendredi : rien de particulier, si ce n'est le restaurant de sushi le soir avec le groupe d'amis de Théo. On commande les sushis sur une tablette puis ils viennent à nous sur un tapis roulant. J'en goute un au bœuf de wagyu. Pas mauvais, mais il faudra que je goutte cette viande seule, cuite comme il le faut. Je suis content d'avoir trouvé ce nouveau groupe d'amis avec qui je m'amuse bien mieux.

Le mille-crêpes, dessert à base de crêpes et de chantilly 

Samedi : session ménage et rattrapage de cours. Je profite aussi du temps libre pour aller faire quelques emplettes. Il fait si chaud ! J'avais perdu l'habitude de sortir en t-shirt. Le soir, j'ai rendez-vous à Shibuya avec le même groupe qu'hier. On mange dans un panda express, sorte de fast-food chinois, puis on boit des Strong sur un rooftop pour étudiants. On décale ensuite dans une boite un peu chère et vachement étrange. Je pense avoir bien trop bu car les souvenirs sont assez flous, mais il y avait beaucoup de japonais qui ne dansaient pas. Il y a avait un spectacle d'une "idole", connue j'imagine car ils criaient tous son nom : "Kimi chaaaaaan". Je me suis aussi retrouvé un moment dans la salle des staff avec plein de tickets boissons gratuites, et suis retourné à l'extérieur par des sorties interdites. Il se peut que cela a valu mon exclusion à deux reprises de l'enseigne. Après m'être un peu fâché avec le videur car il ne voulait plus me laisser rentrer - je pensais sur le coup qu'il était raciste - nous avons mangé des ramens puis sommes rentrés avec le premier métro, vers 5h du matin. Il faisait déjà très jour.

ceci est mon parrain 

Dimanche : réveil à 15h, glande et finalisations des derniers rapports à rendre.

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Publié le 6 mai 2022

Je profite de cette semaine un peu plus chill pour faire un nouveau bilan des anecdotes intéressantes que j'ai accumulées sur le Japon - avec un peu de retard car j'ai eu des soucis de sauvegardes m'obligeant à ré-écrire non pas deux mais trois fois cette étape...

Commençons par le sport, qui est une part importante de la vie étudiante. En effet, la majorité des élèves font leur sport à l’école uniquement, certains clubs de Keio ont même jusqu’à 6 entraînements par semaine. C’est assez différent de la France, où les écoles comme Centrale qui intègrent le sport dans leur cursus font exception. Bref, Keio possède donc de fait des installations sportives impressionnantes. Gymnases, dojo, piste de course, courts de tennis, kendo, tir-à-l’arc, terrains en gazon, notamment pour le baseball et le foot. Pour atteindre ces terrains, il faut monter en haut d’une colline, en passant par des escaliers qui traversent une forêt parsemée de statuettes et mini sanctuaires, comme dans Le Voyage de Chihiro. Une fois en haut, on peut observer les étudiants qui s'entraînent au baseball, avec leurs tenues typiques qui me font penser à des jockeys, et leur manière de jouer très expressive (“nice ball!”, “mou ippai!”). Pour ma part, je me suis inscrit au “cercle” (l’équivalent d’une asso ; les “clubs” sont plus compétitifs) de badminton. C’est un peu ma seule occasion de rencontrer et vraiment parler à des Japonais. C’est amusant même si on a parfois l’impression d’être un peu des bêtes de foire. Ils adorent me voir boire beaucoup -les pauvres croient que 4 verres vont m’achever- et me comparent à Harry Potter. Certains veulent m'inviter à goûter des ramens “authentiques” et même venir avec nous en boîte, sauf qu’ils n’ont même pas l’âge 😂 (c’est 20 ans ici). Autre fait surprenant, même si c’est un cercle mixte, les filles jouent dans leur coin aux séances de jeu libre. On m’a dit que c’est parce que les filles japonaises sont timides. En fait, c’est justement après au restaurant que les garçons peuvent discuter avec elles. C’était vachement drôle car il y avait tout un troupeau autour d’elles, ils voulaient tous leurs instagram (et le mien aussi évidemment). Bref, j’essaye aussi de courir quand j’ai le temps (et la motivation). Mais il est assez difficile de trouver des parcours adéquats, car en ville il faut constamment s’arrêter aux feux. Heureusement, j’en ai trouvé deux qui me plaisent, l’un au bord de la rivière (qui ressemble d’ailleurs fortement à celles qu’on voit dans les animes) et l’autre au milieu du zoo sur la colline à 10 minutes de chez moi. Il y a un grand nombre de montées et descentes, comme à Gif - throwback de quand j’y allais avec mon ami Cyrille- mais avec les bambous et sanctuaires en plus. J’ai aussi récemment testé la salle de musculation de l’école. C’est seulement 200 yens la séance, je pense que j’irai toutes les semaines. Ce qui est vachement cool ici, c’est qu’avec les gabarits des Japonais, on se sent vachement moins intimidés.

Pour ce qui est de la nourriture, on dit que la cuisine japonaise est très healthy mais je commence à douter de ce point. Celle-ci utilise beaucoup d’aliments frits ou badigeonnés de sauces, et sur des bases de riz ou de nouilles uniquement. J’aimerais bien diversifier un peu plus mes apports alimentaires, mais les fruits et légumes sont très chers. Il faut par ailleurs abandonner un certain nombre d’habitudes françaises : manger du pain, du fromage, de la charcuterie, boire du vin (bref pas d’apéro), plats à base de crème (adieu les carbonara), … Le café aussi est différent ici. Pas d’expresso, mais des “drip coffee”, qui sont une sorte de café filtré. Il n’y a pas non plus de distributeurs à café dans tous les recoins de couloirs comme dans les écoles françaises ; les distributeurs proposent surtout des sodas. Heureusement, j’ai découvert récemment le Tully’s Café dans lequel je peux me poser pour travailler à côté d’un grand americano. C’est une sorte de Starbucks - qu’on trouve aussi absolument partout au Japon - mais en moins cher.

Il faut aussi parler des vêtements, car la mode au Japon est plutôt différente de celle en France. Pas de ourlets, un style assez efféminé (petites vestes à manches longues, sacs à main), couleurs uniformes : noir, blanc et beige. Leurs coupes de cheveux sont aussi quasiment toutes identiques, à 2 ou 3 variations près. Je dois avouer avoir parfois du mal à distinguer tout le monde quand ils portent leurs masques, du moins chez les jeunes à Tokyo ; il y avait plus de diversité à Yuzawa. Entre autres, je trouve que les Japonais sont de façon générale plutôt classes. Très peu sont habillés n’importe comment, ça se voit qu’ils prennent soin de leurs habits, et le style un peu chic/décontracté me fait penser aux quartiers tendance de Paris. Beaucoup viennent aussi en chemise blanche en cours. L’uniforme est obligatoire au lycée, et si les élèves deviennent ensuite un peu moins formels à l’université, l’habitude est difficile à perdre j’imagine.

En ce qui concerne le cadre de vie général au Japon, tout est très calme. Evidemment dans les quartiers denses comme Shibuya, il y a pas mal de bruit (avec notamment les passages piétons, les camions qui jouent de la musique, etc.) mais c’est bien moins désagréable que les bruits de fond continu de klaxons à Paris. Seul bémol, les musiques répétitives dans les supermarchés ou mairies, je me demande parfois comment font les employés pour les supporter à longueur de journée. Néanmoins, le quartier autour de l’université est très résidentiel et donc bien plus paisible. On a l’impression d’être dans un petit village paumé au centre de la France, genre Montluçon. Pourtant, il y a bel et bien deux campus universitaires qui se font face, chacun sur sa colline. Les rues sont très propres, que ce soit à la campagne ou en ville. Complètement dépaysant quand on pense aux trottoirs de Paris. Il n’y a pas de poubelles publiques, et pourtant aucun déchets par terre non plus. En fait, les Japonais consomment immédiatement la bouffe qu’ils achètent sur place pour la jeter au même endroit, ou bien la ramènent chez eux. C’est assez mal vu de manger en marchant. D’ailleurs, c’est aussi très mal vu de se moucher en public. C’est assez pénible pour moi qui a souvent le nez qui coule. Je suis donc obligé de régulièrement passer aux toilettes et d’utiliser leur PQ d’un nanomètre d’épaisseur (j’ai dû longuement chercher du PQ plus épais pour chez moi). De plus, il n’y a jamais de quoi se sécher les mains, mesure Covid. Néanmoins, il fait beau, autour de 20° en moyenne, donc c’est cool. J’ai déjà commencé à ressentir l’humidité l’autre jour, quand j’étais en t-shirt alors qu’il pleuvait et que je transpirais sous mon parapluie. Le mois d'août s'avérera peut-être compliqué.

Pour faire ses courses par contre, c’est un peu spécial. Tout d’abord, il faut prendre en compte la taxe sur les produits, généralement de 10%, qui n’est pas toujours affichée. Ainsi, un onigiri dans un 100-yen-shop coûte en réalité 110 yens. Par ailleurs, il y a toujours des commissions invisibles quand on paye en carte. J’ai beau calculer avec le taux de change actuel, les frais fixes affichés sur la machine et les frais de mon compte bancaire, il y a toujours un surplus d’argent prélevé. C’est pour cela que je préfère payer en cash. A une époque, c’était d’ailleurs la seule solution, mais avec le Covid et les jeux olympiques, tout le pays s’est enfin modernisé pour accepter les cartes. Pour ma part, je retire régulièrement des grosses sommes d’argent aux ATM, qu’on trouve un peu partout, dans les 7-eleven notamment (l’une des 3 chaînes de konbinis omniprésentes au Japon, avec le Family Mart et Lawson Store). Ce qui m’a surpris sont les liquidités disponibles. J’ai pu retirer par exemple l’équivalent de 1300 euros sur un seul distributeur lorsque que je devais payer mes deux premiers loyers. Quand je paye un pauvre onigiri à 100 yens avec un billet de 10000 (~73e), j’avais tendance à m’excuser, mais en fait toutes les caisses sont équipées de machines qui comptent les pièces et calculent les montants à rembourser. Et elles sont évidemment bourrées de cash. Par contre, déjà que j’avais des difficultés à choisir les marques de tels ou tels produits en France, choisir par exemple sa lessive ici est une épreuve. Je prends souvent au pif. Le marketing atteint par ailleurs un level supérieur. Beaucoup de produits sont à l’effigie de personnages fictifs ou kawai (Demon Slayer et Jujutsu Kaisen en ce moment), et les magasins d’électronique par exemple sont recouverts de pancartes avec toutes les promos du moment. Le plus gros avantages des magasins ici en fait sont les horaires. Les konbinis sont ouverts 24h sur 24h (vachement pratique quand on rentre à 5h du matin avec la dalle), et les supermarchés le dimanche ! On ne pourrait imaginer cela en France.


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Cela fait maintenant plus d'un mois que je suis installé au Japon. Je n'ai pas encore de routine fixe, car j'ai beaucoup bougé les deux dernières semaines et un peu négligé les cours. Mais je compte bien instaurer un équilibre stable pour ce mois de mai. Tourisme, sorties, cours, sport. En attendant, voici quelques moments sympatiques que j'ai vécu dernièrement :

Pendant la golden week, début mai, il y a eu quelques jours fériés. Durant cette période, beaucoup de magasins font des promotions et il y a divers événements d'organisés. Nous sommes donc allés à Harajuku, notamment dans la rue Takeshita-dôri où j'étais déjà allé au tout début. Bondée de monde et de magasins d'habits pour "ados", j'ai pu entre autres chopper un t-shirt Champion à 9 euros. Belle affaire si c'est un vrai. On a goûté à ces fameuses crêpes bourrées de crème chantilly et de fruits. Il y avait aussi goût pizza et gratin de pomme de terre. Pas loin se trouve Omotesandô, la rue des marques plus hype du style Nike, Ralph Lauren et ainsi de suite. Avec mes deux meilleurs amis du moment, Théo et Ugo, nous avons aussi visité à nouveau le temple Meiji Jingu, ainsi que le parc qui l'entoure. Nous avons notamment payé pour se balader dans le jardin intérieur, dans lequel se trouve une mare très calme peuplée de nénuphars et de gros poissons à l'allure vachement marrante. J'aime beaucoup ces endroits calmes au milieu de la capitale.

Nous nous sommes aussi rendus du côté de Tokyo Station pour visiter un Pokémon Center. Ce sont des magasins officiels où l'on vend uniquement des goodies du monde pokémon. Le rêve de tout enfant. J'ai acheté une peluche. On est passé par le café pokémon, c'est assez chill en fait comme endroit. Sauf au moment où l'on s'apprêtait à sortir, et qu'un énorme pikachu est apparu et a commencé à danser au milieu du café, sous les acclamations du personnel. Nous avons ensuite rejoins la Tokyo Skytree, une énorme tour qui fait deux fois la taille de la tour Eiffel. Il est possible de monter tout en haut en payant, mais nous avons préféré visiter le centre commercial qui l'entoure, dans lequel se trouve des boutiques de souvenirs traditionnels, un autre centre pokémon mais surtout un magasin Ghibli ! Trop bien. A l'extérieur, des banderoles de carpes sont accrochés un peu partout, par dessus un petit marché. C'est sympa de les voir voler dans le vent avec le couché du soleil en fond. Nous avons profité de cette ambiance de fête pour visiter un temple pas loin censé être réputé pour ses glycines, fleurs tombantes violettes, mais elles étaient déjà fanées. Heureusement, il y avait quand même un spectacle de tambours pour nous accueillir. J'ai goûté pour la première fois aux takoyaki, sortes de petites boulettes à la texture de gaufres avec du poulpe à l'intérieur et des assaisonnements par dessus. C'est très bon.

Sinon, j'ai participé le weekend dernier à la crémaillère de trois étudiants français qui ont décidé de ne pas dormir en résidence et qui ont plutôt loué une maison à mi-chemin entre Tokyo et l'université. Je suis arrivé un peu en retard car je ne pouvais pas m'empêcher de faire des détours pour visiter. Il y avait par exemple un grand parc où se déroulait un tournoi sportif pour jeunes. Baseball et soft tennis - c'est à dire du tennis avec une balle en mousse, sport assez populaire ici, même à haut niveau. J'aurai bien aimé m'acheter un vélo pour ce genre de trajets mais c'est en fait hyper compliqué ici. Il faut obligatoirement l'immatriculer, car si on le gare mal (c'est à dire n'importe où en ville), on doit recevoir une amende. Je me suis par ailleurs rendu au bureau de l'immigration pour avoir la permission d'être teaching assistant. Et évidemment, ça a pris 3 plombes. Ils ne connaissent pas le principe du rendez-vous ici. Tu te pointes, et tu attends ton tour. Mais au moins ça m'a permis de visiter un quartier un peu en dehors de Tokyo ; 10 euros l'aller-retour en métro/train en revanche... Tant que je suis sur les petites différences France-Japon, sachez que même la notation des étages dans les bâtiments n'est pas la même. Le rez-de-chaussée est appelé ici le 1er étage. Ainsi, si on veut monter au premier, il faut se rendre au "2 kai". Le sous-sol se note B1F, puis B2F, etc.

Bref, ce weekend nous nous sommes baladés dans Harajuku et Shibuya avec Théo et Hugo. On commence à bien connaître ce quartier. Le rooftop notamment est un endroit vraiment sympa pour les étudiants. Il y a un cinéma en plein air, un skate park, même un hôtel... Nous avons voulu aller au cinéma mais c'est en fait assez cher au Japon (une quinzaine d'euros) et il y a peu de films. A la place, nous nous sommes rendus dans un autre bâtiment incroyable, dans lequel se trouve un étage pour machines à sous, un étage pour les jeux d'arcade (notamment le fameux jeu où il faut danser en rythme sur des flèches au sol), 3 étages de bowling, 3 étages de fléchettes, ping-pong, billard, ... Je pourrais y rester toute une journée. J'y étais déjà passé rapidement un soir avec Julien, un ami de prépa de passage à Tokyo. Il participait à une compétition de Smash (jeu nintendo) cette semaine-là, où il s'est fait d'ailleurs rétamer. Le soir en question, il était complètement bourré car il avait bu avant qu'on se rejoigne ; c'était la première fois que je devais staffer quelqu'un. D'un côté c'était amusant car il disait un peu n'importe quoi, de l'autre il brisait un peu toutes les règles du Japon : parler fort, ne pas mettre son masque, aborder des inconnues sans retenue, beatboxer dans le métro, ... Mais c'est vrai que c'était amusant de le voir parler avec le personnel de l'arcade. "Il est minuit, on ferme". "D'accord monsieur" et le voir repartir jouer sans remord. J'ai dormi chez lui car il n'y avait plus de métros. On a décidé le lendemain de visiter le Palais Royal car il était censé être ouvert pendant la Golden Week. J'ai failli ne pas pouvoir rentrer car j'avais une canette d'alcool fort dans mon sac que j'avais acheté la veille et oubliée de boire. Et comme vous le savez, pas de poubelle ici. Il y a peut-être encore à ce jour une canette de Strong cachée derrière un arbre à proximité du palais. De toute façon, on ne pouvait pas vraiment le voir en fait, seuls les jardins sont accessibles. Il faisait très beau en tout cas, j'avais l'impression d'être en vacances d'été (alors que j'aurai dû être un cours 😂).

J'ai aussi effectué cette semaine-là une session karaoké, avec Théo, Julien et d'autres français. Je pensais que ça allait être cringe mais c'était finalement assez drôle (boire un peu aide). Il n'y a pas beaucoup de chansons françaises si ce n'est La Bohème et quelques groupes occidentaux connus comme Muse et Queen. Il y avait des demi-asiats dans le groupe, qui voulaient absolument chanter des génériques d'animes que je ne connaissais pas. C'était très drôle de les voir faire la gueule ensuite quand on s'ambiançait sur Bohemian Rhapsody et Hotel California (qu'eux ne kiffaient visiblement pas). Ce soir là, il pleuvait quand je rentrais et je n'avais pas de parapluie, mais je m'en fichais car il était 4h et que j'étais un peu bourré. J'ai appelé ma copine et des amis de France car j'en avais besoin. Je me faisais des réflexions du style : ce n'est pas la destination qui compte mais les amis faits sur le chemin.

En parlant de relations justement, je suis content des quelques bons amis que je me suis faits ici. C'est en revanche plus compliqué d'en trouver parmi les Japonais. C'est peut-être un blocage dans la communication. A la dernière séance de badminton par exemple, que j'ai faite avec mon parrain Théo d'ailleurs, il s'est passé quelque chose d'assez étrange. Nous avions suivi les senpai (ceux d'une année de plus que nous, même si dans les faits ils ont deux ans de moins) pour continuer la soirée dans Shibuya, mais au bout d'un moment ils ont commencé à nous dire des choses étranges du style "c'est un peu tard, vous devez rentrer non?", "vous avez bien bu, vous avez besoin de rentrer?". Ce n'est qu'au bout d'une demi-heure qu'ils osèrent être plus explicites : "nous avons une réunion pour débriefer la séance du jour, vous ne pouvez pas participer, gomennasai, gomennasai". Les pauvres essayaient de nous dire poliment de dégager, à la japonaise. En rentrant, je fus surpris de découvrir un premier cas de racisme. Théo était assis d'un côté de la rame, un vieux monsieur de l'autre, et il y avait une place entre les deux. Je m'y suis alors assis, et le japonais s'est immédiatement décalé d'une place. Ce n'est pas à cause du Covid car il s'est mis à côté d'une autre japonaise. J'ai entendu dire que c'est pire avec les métis ici, qui ne sont ni de vrais étrangers ni de vrais Japonais. Fort heureusement, ces cas anodins sont rares. De façon général, les Japonais sont très aimables. Par exemple quand je suis allé dans un restaurant tout seul près de chez moi, à peine mes voisins ont-ils vu que je ne parlais pas bien la langue qu'ils m'ont tout de suite aidé pour commander. Néanmoins cela reste des échanges assez superficiels, je n'ai pas encore eu de conversation très sérieuse avec un natif. Mais je continuerai à me forcer de voir un maximum de monde. J'étais par exemple au restaurant l'autre jour avec deux coréens. La nourriture coréenne au passage est plutôt bonne mais vachement épicée.

Enfin, en ce qui concerne mon apprentissage de la langue japonaise, il se fait assez lentement je dois l'admettre. En fait, le japonais est un vrai puzzle. Etant donné qu'elle n'est pas construite de la même manière que les langues latines (sujet-verbe-complément), il faut longuement réfléchir à chaque phrase si l'on veut sortir quelque chose de cohérent. Je me débrouille bien à l'écrit, mais à l'oral, c'est surtout par mots clés, car je n'ai pas les bons réflexes encore. C'est très frustrant parfois de ne pas pouvoir exprimer exactement sa pensée. "Puis-je commander?" devient "Commander, ok?" ; "Tu avais l'air triste tout à l'heure, tout va bien?" devient "Comment ça va?". C'est aussi par mots clés que je déchiffre leurs réponses, car ils utilisent des tournures de phrases différentes de celles qu'on apprend en cours. Je dis souvent "oui" "merci" même si je ne suis généralement pas sûr à plus de 50% d'avoir compris. Je préfère éviter de les faire tout le temps répéter car de toute façon, si je ne les ai pas compris la première fois, je ne les comprendrai pas la deuxième (ils ne savent pas vraiment parler doucement). Heureusement qu'à l'écrit, Google Translate nous sauve. Avec la fonctionnalité Lens, il suffit de prendre une photo d'un texte et il le traduit en quelques secondes. Vachement pratique dans les magasins. En revanche il peut avoir du mal sur certains mots qui mélangent les "R" et les "L" en anglais. En effet, ces deux lettres sont la même ici. "Clara" s'écrira ainsi "Kurara".

En tout cas, je ne serais pas allé en cours de la semaine. Quand j'ai le choix entre aller à l'école ou participer à une nouvelle activité, la question est vite répondue. Je ne suis pas venu au Japon pour faire la même chose qu'en France (enfin... je n'allais pas très souvent en cours là-bas non plus 😂). Je serai néanmoins obligé la semaine prochaine de rattraper tout ça. À côté d'un petit café au Tully's (-:

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Publié le 17 mai 2022

Comme prévu, j'ai bien travaillé cette semaine, tout en continuant à sortir le soir néanmoins ; je profite de mes pauses pour rédiger ce petit blog. Je me suis dit que parler des Japonais de façon générale serait intéressant, en plus de ce que j'ai déjà dit sur les étudiants. J'ai pu bien les observer ces temps-ci et j'ai appris pas mal de choses dans mon cours de culture aussi.

Tout d'abord les Japonais sont obsédés par l'hygiène. J'avais déjà mentionné le fait qu'ils mettent le masque tout le temps (certains en mettaient déjà avant le Covid), qu'il ne faut pas se moucher en public, etc. Ils prennent aussi tous leurs douches le soir, shampooing compris, car il ne faudrait surtout pas s'allonger dans son lit sans s'être lavé ; les draps sont par ailleurs changés toutes les deux semaines. Dans les magasins ou restaurants, on met du gel à l'entrée et à la sortie. Quand on se pose pour manger au resto, des serviettes chaudes sont distribuées pour se laver les mains avant de manger. Ce qui m'étonne par contre est qu'il y a rarement des serviettes pour s'essuyer pendant. Aux toilettes, on ne fait jamais pipi debout sauf si c'est un urinoir, on ne pisse évidemment jamais dehors, on enlève ses chaussures avant de rentrer chez soi (même à la résidence), ... Bref à leurs yeux, les occidentaux passent évidemment pour des gros porcs. Pour être franc, si je comprends l'intérêt des chaussures à l'entrée, je commence à en avoir un peu marre du reste, surtout le pipi assis, donc je pars du principe que c'est établi que je suis sale et passe à autre chose.

Pour ce qui est de la pollution en revanche, ils n'en ont rien à faire. Les petites serviettes au restaurant sont amenées dans leurs emballages en plastique. Quand je change les draps de mon lit, je récupère les nouveaux dans un emballage en plastique. Quand on achète des œufs ou de la viande, qui sont déjà disposés dans des boites en plastique, ils les insèrent dans un autre sac plastique, avant de les mettre dans le grand sac plastique pour toutes les courses. Ce n'est que récemment que le petit sachet en plastique du konbini est devenu payant (2 centimes), c'est une de leur grande mesure pour la planète.

Evidemment, on ne peut pas non plus discuter des Japonais sans parler de la politesse. Toute la communication fonctionne autour de celle-ci. Selon à qui on parle, de qui on parle, de la situation en question, on n'utilisera pas les mêmes honorifiques ni la même conjugaison. Voici un exemple que j'ai étudié en cours de culture :

  • si un employé discute avec un collègue, il utilise la forme neutre
  • si un employé discute avec son boss, il utilise la forme polie
  • si un employé discute avec un collègue de son boss, il utilise le pronom poli
  • si un employé discute de son boss avec un client d'une autre entreprise, il utilise le pronom neutre, car c'est le boss de l'autre entreprise qui doit être considéré supérieur
  • etc...

Il y a par ailleurs des règles de politesses "spatiales". Dans un taxi par exemple, c'est le boss qui s'assoit à l'arrière, et l'employé à l'avant. Dans une salle de réunion, les clients sont les plus éloignés de l'entrée, les employés de l'entreprise les plus proches. Je n'ai pas d'exemples de telles règles spatiales implicites en France, si ce n'est peut-être laisser passer les femmes enceintes et les personnes qui ont peu d'articles passer devant au supermarché. Et encore ça n'arrive pas toujours. Bref, ce devoir de politesse donne des situations parfois étonnantes au Japon. Par exemple, ils marchent lentement dans la rue. C'est en effet légèrement impoli de dépasser ceux qui sont devant soi, ce qui fait que tout le monde marche globalement à la même allure. Pour entrer dans une rame de métro ou monter à l'escalator, on fait la queue. Quand on gène le passage dans un rayon de supermarché, ils n'osent pas te le dire. Il y a alors deux réactions possibles : certains attendent et ne disent rien - c'est d'ailleurs assez marrants de se rendre compte que ça fait 5 minutes qu'une pauvre dame veut passer derrière toi - certains décident plutôt de te pousser pour passer, toujours sans rien dire. En ce qui concerne ce dernier scénario, ce sont souvent les jeunes qui font ça, et je trouve cela honnêtement plutôt impoli. Peut-être qu'ils ne le font qu'aux "gaijins" (étrangers).

Les Japonais sont entre autres de gros travailleurs. Mais comme m'a dit Jean-Phi, cela ne veut pas dire qu'ils travaillent mieux. Dans sa boite de conseil, où travaillent des Japonais mais aussi des Américains par exemple, ce sont effectivement les Japonais qui partent en dernier, mais ils ont en général avancé autant voire moins que leurs collègues qui sont partis bien plus tôt. Dans les entreprises traditionnelles, les employés ne sortent pas tant que leur chef n'est pas rentré, et ils vont souvent ensuite boire en ville avec leurs clients. Ce n'est pas donc pas étonnant de trouver le métro bondé de salarymen en costumes à moitié endormis à 22h le soir. A l'université, on retrouve cet état d'esprit, avec par exemple les thésards qui travaillent toute la nuit au labo. Avant le Covid, certains dormaient même sur place ! Pour ma part, c'est peut-être propre aux cours pour internationaux, mais j'ai observé que les méthodes d'évaluation sont souvent à base de rapports réguliers, à rendre chaque semaine, plutôt que de gros examens finaux. C'est un peu l'opposé de moi et ma façon de travailler ; je préfère bachoter au moment qui compte que de devoir en faire un petit peu chaque jour et "travailler pour travailler". C'est un peu ma routine du moment d'ailleurs. Je mélange des journées où je me lève tard et ne fais pas grand chose car je suis sorti la veille, et d'autres où je bosse par exemple 6 heures de suite mon japonais, suivi d'un jogging et d'une séance de muscu. Je vais essayer d'augmenter la fréquence de ces journées productives.

Les Japonais sont aussi de gros "tryharders" (personnes qui vont beaucoup jouer/s'entrainer pour être sûrs de gagner - je traduis car je sais que la moyenne d'âge de mes lecteurs est d'au moins une génération supérieure 😂). Lors de mes quelques passages dans les salles d'arcades, j'ai vu des experts des machines à sous, de fléchettes, etc. C'est assez étrange car certains ont l'air complètement vides, ils jouent en boucle avec une tête d'enterrement, et je suis d'ailleurs certain qu'ils ne gagnent pas statistiquement. C'est l'addiction au gambling (à laquelle nous sommes aussi sensibles il semblerait…). J'ai par contre découvert qu'il y avait une réelle stratégie pour gagner au jeu de la pince (celui où on peut récupérer des peluches). Si on y joue assez longtemps, on peut demander au staff de nous "aider", ils placent alors la peluche de sorte à ce qu'on puisse plus facilement la récupérer. La technique est donc de rester autour de la machine sans forcément y jouer, faisant croire qu'on a payé un certain nombre de fois et obtenant ainsi de l'aide gratuitement (car c'est quasiment impossible d'obtenir le prix autrement). Bref pour revenir à cet aspect "tryhard" des Japonais, ils le font aussi à l'école, pour avoir de bonnes universités. C'est très difficile d'obtenir Keio par la voie normale, ils doivent beaucoup beaucoup travailler, souvent tard le soir. Mais une fois qu'ils y parviennent, ils sont très fiers. Dans le campus, on peut retrouver un tas de goodies à acheter à l'effigie de l'école : pulls, carnets, masques, ... J'ai craqué pour le masque.

À droite mon groupe d’amis : Théo, Nathan, Hugo 

Mentionnons tout de même des points positifs de la culture japonaise. Le service est par exemple exceptionnel. Au restaurant notamment, les serveurs sont toujours aimables, il y a des petites sonnettes pour les appeler, et on attend jamais trop longtemps. C'est parfois assez formel en revanche, pas de blabla, on commande et ça arrive. Il y a des rideaux pour séparer la cuisine et les compartiments pour manger son ramen. Quand on commande un œuf supplémentaire, le rideau s'ouvre, une main nous sert l'œuf, et le rideau se referme. Il y a des séparations entre chaque place, mais nous les enlevons pour discuter entre nous. Au supermarché, il faut être tout aussi efficace. On paie et seulement ensuite on met nos courses dans notre sac. Il y a des tables prévues à cet effet après les caisses. Ça va donc très vite. Mais les gens sont en général très gentils, jamais n'ai-je entendu d'agacement derrière moi car je prenais trop de temps. Ça les fait même rire je pense. Par exemple à l'okonomyaki où je suis allé manger avec quelques gens de ma résidence (plan que j'ai à nouveau initié pour les bouger un peu), nous devions les préparer nous-mêmes, ce qui n'est en fait pas évident, et ceux d'à côté nous ont gentiment expliqué comment faire, avec amusement, en nous voyant faire n'importe quoi.

Profitons-en justement pour parler de la nourriture. Je compte faire un article dédié spécifiquement aux plats typiques du pays quand j'aurai tout goûté. Néanmoins je peux donner quelques anecdotes ici. Les étudiants mangent par exemple souvent des "bento". Ce sont des petits plats préparés à l'avance, souvent à base de riz, accompagné d'un peu de viande et de légumes. On en retrouve dans les konbini et supermarchés mais il y a aussi des magasins qui se spécialisent dans leur préparation. Il y en a notamment un sur le chemin de la gare depuis Yagami, qui en propose à très bon prix après 18h. En effet un bento se conserve en principe maximum un jour, d'où les grosses réductions le soir. En fait, toutes les dates de péremption sont ici très courtes. Que ce soit les yaourts, les légumes ou la viande, c'est en général toujours moins d'une semaine. Cela implique de faire ses courses plus souvent, mais j'imagine que cela veut aussi dire que les produits sont de meilleure qualité. Par contre, les Japonais sont bien trop obsédés par la sauce soja. Ils en mettent partout. Malheureusement cela veut dire qu'il n'y a pas de sel ou de poivre à table. Enfin, je tenais à rappeler à quel point le fromage est une blague ici. Je me suis rendu à un supposé "fromager" l'autre jour, pour me rendre compte qu'ils ne vendaient en fait que des cheesecakes. Leur notion du fromage est encore pire que celle des américains, ce sont littéralement des menteurs. À plusieurs reprises j'ai acheté des "camemberts" pour me rendre compte que ce n'était que de la pure vache kiri. Et ceux qui ont l'air un minimum authentiques sont très très chers (du genre 3 morceaux de Comté pour 5 euros).

Deux variétés de vache kiri 

Terminons enfin cet article par l'allure des Japonais. J'ai déjà mentionné dans les articles précédents leurs choix vestimentaires, qui me plaisent bien. Par contre en ce qui est des visages, je suis plus mitigé. Les "idols" japonaises (stars idolées par les adolescentes) ressemblent à celles Coréennes, mais plus efféminées, et font plus cheap je trouve. En tout cas, il y a dans ces deux pays un rejet de la pilosité masculine. Aucun étudiant n'a de barbe ou de moustache comme on en retrouve en France. Ils ne sont pas grands ; déjà que je le suis un peu en France, ici je suis vraiment au dessus. J'ai un ami encore plus grand, et baraqué, et alors là, c'est à leurs yeux l'équivalent de godzilla. "Fighter fighter !" disent-ils. Pour ce qui est des filles, je les trouve mignonnes avec leurs masques, mais quand elles les enlèvent...

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Publié le 26 mai 2022

Ces trois dernières semaines et demies ont été les plus intéressantes de mon voyage jusqu'à présent je pense.

Déjà, je suis allé pas mal de fois aux arcades, à Shibuya d'abord, dans le grand SEGA center (on ne les appelle plus comme ça maintenant, SEGA ayant vendu toutes ses salles, qui ont pour la plupart fermées à cause du Covid), puis à Hiyoshi car c'est plus prêt. Ce n'est pas très cher, à peine 100 yens (70 centimes) pour une partie de fléchettes. Ce genre de sorties arcades et ramens, c'est un peu l'équivalent des sorties kebab et foot en France. Je pense d'ailleurs que des machines à fléchettes dans les kebabs est un concept à explorer. En tout cas ici, il y a aussi le bowling qui se fait pas mal, même si c'est un peu plus cher. Il faut payer pour sa paire de chaussures, mais c'est assez marrant car il faut les récupérer dans un distributeur : on appuie sur le bouton associé à notre pointure et hop elles tombent à vous. Le jeu des pinces est lui aussi assez addictif. Il y en a notamment un où l'on gagne quasiment à chaque fois, même si j'ai découvert plus tard que les gâteaux qu'on y gagne sont à 10 yens au konbini... En tout cas, Ugo commence à accumuler les figurines Demon Slayer grâce à ces jeux. Ils se mettent à plusieurs à chaque fois pour la récupérer, payant chacun son tour, et c'est toujours lui qui les remporte.

Aussi, j'ai pu faire plusieurs repas avec les gens de ma résidence. J'ai remué les troupes, non seulement les français mais aussi les internationaux pour qu'on sorte un peu ensemble. Certains sont résolument décidés à ne pas bouger de leur piaule, mais je suis content d'avoir pu en motiver quelques-uns néanmoins. La fois où nous sommes allés à l'okonomyaki, j'ai pu longuement parler avec un chinois par exemple. C'était intéressant d'avoir son point de vue sur le régime spécial de son pays. Évidemment, lui qui voyage beaucoup n'est pas favorable à l'austérité du pays vis à vis de Taiwan, Hong Kong, etc. Il y a aussi eu l'arrivée d'un allemand très sympathique dans la chambre juste à côté. J'ai l'impression que c'est le pays avec lequel on s'entend le mieux en tant que français : ils parlent bien anglais, il y a moins de différences culturelles qu'avec les pays de vacances comme l'Espagne, et il n'y a pas de rivalité particulière comme avec les Belges (qui ont été les premiers à faire des vannes sur la France d'ailleurs). J'ai mangé avec lui et quelques autres résidents qui étaient déjà ici le semestre dernier, au Café Gasto, un restaurant familial vachement sympa où je vais sûrement revenir afin de parcourir un peu toute leur carte (update : une semaine et demie plus tard j'y suis déjà retourné 3 fois). Nous sommes aussi allés à un yakiniku. C'est un restaurant où il faut faire cuire sa viande soi-même sur une grille chauffée au charbon au centre de la table. Quand ça prend feu, on y dépose des glaçons pour étouffer les flammes temporairement.

Je suis retourné quelques fois aux sessions OFJ, le cercle franco-japonais. Je ne vais pas aux sessions en ligne, mais j'essaye de participer quand c'est en présentiel. On a par exemple joué au téléphone arabe et au UNO. Après ces sessions d'une heure environ, on part manger dans Hiyoshi par petits groupes. J'ai mangé avec un Japonais et Théo. C'est toujours intéressant de parler aux natifs mais j'avoue avoir eu un peu ma dose des conversations du style "je suis en première année de master et toi ?", "j'étudie les sciences, toi aussi ?", "oui j'ai 22 ans". Il y a un Japonais du badminton qui veut souvent manger avec nous, je vais essayer de devenir plus ami avec lui.

Sinon le weekend dernier, je suis allé surfé à Kamakura ! On est parti à cinq le samedi midi après manger, loué les affaires sur place puis sommes repartis le soir. C'était une expérience vachement cool. Kamakura est une petite ville de campagne, et on me dit que je passe pour un vrai parisien à m'exciter devant toute la verdure, mais je trouve encore une fois que c'est vraiment super de pouvoir en avoir autant si près de la ville. On a loué les affaires chez un particulier qui avait quelques planches et des combis. Il était si content de prêter du matériel à des français qu'il nous a mis sur sa story Instagram. Il était aussi impressionné par le gabarit de combattant d'Ugo (il fait du weight-lifting). Une fois dans l'eau, ce n'était pas évident car j'étais très fatigué de ma semaine (je me couche un peu tard et me lève tôt pour travailler). Mais vu que j'en avais déjà fait avant, c'était à moi de coacher les autres. J'avais la théorie en tête mais pour ce qui est de la pratique.... hum. J'ai pu quand même en prendre quelques-unes de bien. C'était dans tous les cas vachement cool, le vendeur était un peu l'opposé des tokyoïtes coincés auxquels on avait l'habitude. J'avais besoin d'aller aux toilettes et il m'a laissé utiliser ceux dans sa maison sans problème, je ne m'y attendais pas. Le soir, avant de rentrer, nous sommes passés par Yokohama, au fameux quartier chinois. On a goûté les gros dumplings fourrés à la viande, j'ai choisi celui au requin ! (Même si Nathan m'a ensuite appris qu'ils leurs coupaient les ailerons pour les remettre ensuite à l'eau...). Tous ces échoppes dans une seule longue rue, avec ses lanternes et motifs un peu partout me font penser au début du Voyage de Chihiro. Bref, puisqu'il n'y avait que de cela ici, nous avons été bien obligé de manger dans un buffet à volonté... Nous n'avions qu'une heure avant la fermeture, et la dalle, autant dire que nous avons bien fait suer les cuisiniers. Nous avions peut-être les yeux un peu plus gros que le ventre à la fin et il fallut jouer les dernières portions au shifumi (pierre feuille papier ciseaux). Théo a failli vomir lors de la dernière bouchée de tofu (aliment inutile au passage).

Dans la semaine, je suis allé cherché le shampooing que j'avais oublié chez Jean-Phi à son bureau à Roppongi. J'en ai profité pour visiter le quartier autour. J'adore me balader dans des lieux que je n'ai encore jamais vu. Surtout qu'en ville, il y a tellement d'activités et de choses à observer. Je passe mon temps à cocher des checkpoints sur ma carte. Je ferai un article sur mes lieux préférés.

J'ai par ailleurs découvert l'une de mes occupations favorites : travailler dans les cafés. Il y a quelque chose de si relaxant dans cette ambiance de fond, l'odeur et le son du café qui se prépare, les gens d'à côté chacun plus ou moins concentrés sur leurs diverses activités, travail sur ordinateur, lecture du journal, discussions à mi-voix. J'ai testé plusieurs chaines : Starbucks, Tully's, Komeda's, Doutor, Gasto ... J'opte parfois pour le charme des premiers, parfois pour la formule boisson à volonté du Gasto 😂. J'apprécie aussi la solitude au restaurant. Quand ni le konbini ni me faire à manger ne me tentent le soir et qu'il n'y a pas de sorties de prévu, j'explore ceux de mon quartier. Y aller à plusieurs c'est drôle, mais quand on se pose tranquillement à sa table, qu'il n'y a parfois personne d'autre que soi, ça crée tout de suite une sorte d'intimité avec les gérants, qui cherchent toujours à discuter quelques secondes avec les étrangers. Ce n'est de plus pas du tout mal vu de manger tout seul au Japon, comme ça peut l'être en France. J'ai aussi rejoué à LoL. Il a fallu recréer un compte, Japonais, car il y a trop de ping pour les serveurs européens (200 ms...). C'est vachement drôle d'entendre des voix d'animes pour les champions du jeu.

Une autre de mes activités agréables du moment est le jogging. J'ai toujours aimé balayer en profondeur différents lieux, et la course ou le vélo sont le meilleur moyen de le faire rapidement. En plus, je me suis inscrit à un trail pour mi-juin, donc il faut que je m'entraine beaucoup. Je suis par exemple allé explorer le quartier autour de Hiyoshi à plusieurs reprises, dont une fois pendant 3 heures ! Il faisait très chaud, j'ai probablement d'ailleurs attrapé quelques petits coups de soleil. J'ai suivi la rivière dans l'autre sens que d'habitude, jusqu'à la résidence de mes amis, et au delà. Le long de la rivière, l'endroit n'est pas exceptionnel, les maisons sont très petites et toutes serrées les unes contre les autres. Mais à peine plus loin se trouve un quartier qui ressemble un peu à la côte pavée à Toulouse, et qui ne fait pas du tout penser à un quartier Japonais d'ailleurs : larges rues et grandes maisons colorées, petits squares et des familles qui surveillent leurs enfants. L'eau de la rivière de Yakami est très basse, probablement 10 cm de hauteur, et pas très propre. Pourtant on peut y apercevoir des bancs de poissons énormes, longs comme mon bras. Quand on la longe, on voit régulièrement apparaître des collines de tailles moyennes, mais très raides. On peut y trouver des parcs mais aussi des quartiers entiers. À chaque fois, je ne peux m'empêcher d'aller explorer ces zones, qui en mènent encore à d'autres, si bien que si je ne me forçait pas à rentrer, la ballade ne s'arrêterait jamais. Parmi ces collines, il y a par exemple le parc Hiyoshi. La première fois que j'y suis allé, j'ai un peu galéré à trouver l'entrée, car il faut contourner un tas de maisons. La végétation n'a pas été taillée depuis longtemps, j'avais l'impression de me retrouver au fond du jardin de mes grands-parents maternels à Castelnau. J'ai continué à grimper puis suis arrivé à des sortes de petites plantations. Un vélo était garé, un vieux au loin s'occupait de ses légumes. C'était l'ambiance Totoro à nouveau. Je suis redescendu et à peine plus loin se trouvait un square où j'en ai profité pour passer aux toilettes boire un coup. Car au Japon, il y a toujours des toilettes gratuites dans les parcs ou les gares, c'est très pratique. Surtout quand il fait 26° et qu'on a rien sur soit. Un groupe de jeunes adultes s'entrainaient au baseball, je leur ai demandé le nom du square, car je cours souvent sans téléphone mais j'aime bien retracer mon chemin sur la carte. J'ai continué à longer la rivière pour arriver à une autre colline, bien plus grande que la précédente, mais encore plus raide. Je l'ai longée assez longtemps sans trouver un moyen de monter en haut ; arrivé de l'autre côté j'ai emprunté une rue résidentielle qui avait l'air de monter. J'ai monté en courant l'un des escaliers les plus raides que j'ai jamais emprunté et après quelques zigzags entre des maisons, écoles et jardins je suis enfin arrivé à un spot avec une vue en hauteur. Je pouvais voir tout Tokyo, les maisons s'étalaient loin, très loin. (Tokyo représente environ 40% de la population Japonaise). Par-ci par là, des grappes de gratte-ciels. J'apercevais au loin dans la brume (probablement de pollution) une zone plus dense, sûrement le début de Shibuya. Je suis redescendu de l'autre côté de la colline et suis arrivé dans une petite forêt. Il y avait une pancarte et me suis approché pour lire. J'ai alors surpris sans faire exprès un parent et son enfant qui la lisaient aussi. Ils se sont éloignés brusquement comme si j'essayais de les agresser. Je ne sais pas si c'est juste le fait qu'un ado se soit approché d'eux, que je n'avais pas mon masque ou que je sois simplement un étranger, mais cela résume bien mon expérience du pays : les paysages sont incroyables mais les japonais parfois... La deuxième fois que j'ai couru dans ce coin, j'ai pu trouver une autre entrée dans la grande colline, en passant par un escalier très étroit qui m'a mené jusqu'à une forêt immense de bambous à laquelle je ne pensais pas pouvoir accéder. C'était assez irréaliste de se trouver là dedans en plein Tokyo. Cette fois-là, je suis allé très loin. Je suis passé dans des quartiers très différents, certains très familiaux, avec des petites crèches, des terrains de sports, etc ; d'autres plus dynamiques avec différents commerces : surfs, motos, KFC, ... ; d'autres bien plus calmes, musées et temples - un moine chauve comme dans Avatar (le dernier maître de l'air) m'a gentiment guidé. C'est l'aspect que je préfère à Tokyo je crois, cette possibilité de passer d'une ambiance à l'autre, totalement différentes, très rapidement. Et vu qu'il y a du relief un peu partout, on a aussi facilement accès à de belles vues sur le quartier.

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Publié le 2 juin 2022

Nous nous sommes rendus plusieurs fois dans la semaine à un "Book Off". Il s'agit d'une chaine de magasins qui proposent des produits de seconde main, mais de très bonne qualité. J'ai en fait découvert mon magasin favori de tous les temps. Il y a de tout : vêtements, ustensiles de cuisine, figurines, livres, jeux, planches de surf, guitares, ... On dirait une énorme brocante, mais avec des produits de qualité (Il y a même du Gucci, Louis-Vuitton, ... !) J'ai acheté quelques figurines et des cartes pokémon rares, ainsi qu'un CD d'une artiste japonaise que j'aime bien. Ugo s'est acheté une combi de surf, elles sont moins chères qu'à la location.

Sinon, je continue à gouter toutes sortes de snacks au konbini : friandises à base de poulpe, boisson au popcorn, ... Je ferai un best-of de tout ça. J'effectue régulièrement à pied le trajet de 20 minutes entre la gare et la résidence, et je ne peux m'empêcher de m'arrêter à celui que je croise à mi-chemin. En ce moment je préfère néanmoins traverser directement par le campus de Hiyoshi (c'est plus rapide mais ça monte pas mal), car je me lasse vite d'un itinéraire que j'emprunte trop souvent. Sur le chemin je m'amuse à lire les katakana sur les noms des magasins ("kuriningu" -> cleaning) et à observer le style des étudiants ; j'assiste parfois à des petites péripéties marrantes : un gang de motards qui passe en faisant beaucoup de bruit et en klaxonnant comme au tour de France, distribution de flyers gospel ou pour des "arbeito" (part-time jobs) "for Keio students", musiciens de rue (assez rares au Japon), etc.

J'essaye aussi de me faire à manger de temps en temps, j'ai trouvé des légumes assez marrants : poivrons miniatures, minuscules aubergines, radis énormes ; le moins cher reste le chou. Le seul soucis est que je suis un assez mauvais cuisinier je crois, je trouve rarement bon ce que je concocte, si bien que je vais souvent au restaurant à la place. Mais c'est en fait le cas de beaucoup de japonais, chez les étudiants du moins. C'est très facile d'en trouver à moins de 8 euros et il y en a partout autour des gares (typiquement à celle de Hiyoshi, à deux minutes à pied du campus principal).

Le weekend dernier j'ai décidé avec Théo et Nathan de partir en weekend à la campagne. Ugo ne pouvait pas venir car il a entrainement de weight-lifting le samedi (6 entrainements par semaine...). J'avais repéré quelques coins sympathiques sur Google Maps, c'est finalement la "forêt Totoro" vers laquelle nous nous sommes dirigés. À peine à 1h de Tokyo en train, il s'agit d'un regroupement de petites forêts dont se serait inspiré Miyzaki pour son film éponyme. Comme dans toutes les forêts au Japon, on y retrouve de la verdure dense et des temples. Vu qu'on était samedi après-midi, il n'y avait pas grand monde (les Japonais sortent plutôt le dimanche j'ai remarqué). Nous étions seuls à nous balader dans ce lieu mystique, c'était une ambiance très reposante. Le lieu me faisait davantage penser à Princesse Mononoké que Totoro en revanche. Non loin de la forêt se trouve le lac de Sayama. C'est peut être la plus belle vue que j'ai contemplée depuis un moment. L'eau est très calme et reflète parfaitement le ciel et le paysage brumeux au loin. Ensuite nous avons un peu marché et sommes tombés sur un cimetière bouddhiste. Les décors faisaient penser à Mulan : des dragons et du rouge partout, des statues de Bouddha et des petites fontaines. Nous nous sommes dirigés à pied jusqu'à notre appartement, qui se trouvait quand même à une petite heure de marche. Mais cela nous a permis de bien discuter et d'explorer cette ville de campagne. Les rues sont en fait assez banales, on aurait pu s'imaginer à Villepreux ou n'importe quelle ville le long du RER B, avec de temps en temps des plantations pour nous rappeler que nous sommes au Japon tout de même. Quand nous sommes arrivés, à 22h30, le proprio n'était pas là et la carte nous avait amené à une sorte d'impasse sombre, à l'arrière d'un haut bâtiment. On ne me répondait pas sur booking, j'ai vérifié mes mails, appelé tous les numéros que je pouvais, sonné chez les voisins, mais rien. Impossible de savoir comment récupérer les clés ni si nous étions au bon endroit. Au bout d'un moment, un numéro qu'on avait déjà appelé trois fois décrocha. C'était un Japonais qui ne parlait pas anglais, nous ne comprenions rien à ce qu'il disait, il nous dit de patienter et raccrocha. Un long moment plus tard il nous rappela, on réussit à comprendre qu'il nous donnait le code d'un cadenas qui permettait d'ouvrir une boite avec la clé à l'intérieur. A minuit, nous pouvions enfin entrer. (Heureusement car il n'y a plus de trains à cette heure). Je reçu plus tard un message : "Désolé de ne pas avoir envoyé les consignes. N'oubliez pas de faire le ménage en partant"...😂. On a ensuite passé la soirée à regarder la télé, jouer aux cartes et faire des blind-tests de génériques d'animes (jeu typique chez les amateurs du Japon). Les programmes télé étaient complètement loufoques et le cidre que nous avions acheté était ignoble.

Le lendemain, nous nous sommes rendus à la Sakura Town. C'est une zone aménagée dans laquelle se trouve notamment le musée Kadokawa. Celui-ci ressemble à un petit Guggenheim de l'extérieur. Dedans, un étage pour la "Manga & Light Novel library". C'est un endroit vachement reposant pour lire ; il y a de tous les âges. Il y avait aussi une boutique de souvenirs dans lequelle on trouvait notamment des éditions japonaises du Petit Prince et de la Very Hungry Caterpillar. Enfin, il y avait tout en haut l'Edit Town, un musée conceptuel dans lequel se trouve un long couloir rempli d'étagères à livres, censé ressembler à une sorte de ruelle artistique, avec au bout une salle très haute et des étagères sur lesquelles sont projetées des animations. Ça m'a fait penser à la Cathédrale Saint-Jean lors de la fête des lumières à Lyon.

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Après les deux derniers articles plutôt contemplatifs, laissez moi revenir sur les activités et anecdotes intéressantes de ces derniers temps.

Je suis officiellement teaching assistant depuis quelques semaines déjà. On est un peu moins d'une dizaine à le faire, c'est assez facile. La professeur fait cours comme dans n'importe quelle classe de français, et nous aidons les élèves individuellement quand ils ne comprennent pas des mots ou veulent simplement discuter. L'autre jour, leur livre de cours mentionnait Toulouse et j'étais bien content de défendre ma ville, même si elle est en fait déjà assez connue au Japon. La plupart des Japonais la connaissent soit pour les avions soit pour un ancien joueur de foot au TFC. Le livre est un peu bizarre par moments en revanche. Il insiste beaucoup sur l'aspect cosmopolite de la France (ça sort des noms un peu randoms comme Costas, Bjorn, ...), et parle de notions que je trouve assez peu utiles pour des étudiants qui débutent : ce que sont les personnes "au pair", ce qu'est un "pastiche", etc. L'autre jour, la prof m’a demandé de résumer l'histoire de Madame Bovary pour expliquer l’affiche du film avec Luchini. C'était amusant de creuser dans mes souvenirs de la seconde. J'ai été étonné par ailleurs d'apprendre que le monument français le plus apprécié des Japonais est le Mont-Saint-Michel. Les garçons apprécient aussi beaucoup le foot, autant qu'en France je dirais ; beaucoup nous parlent du PSG et de Marseille. "Mbappé, Pogba, N'Golo Kanté, ..." (ils connaissent ce dernier grâce au chant). J'avoue que je n’y connais pas grand chose ; à la place, je leur fais faire des signes de Jul lors des photos de groupes (ça ne va pas plaire à maman).

Sinon, je suis allé au cinéma pour la première fois au Japon la semaine dernière, pour aller voir Doctor Strange. Ce n'est pas trop différent qu'ailleurs, même si j'étais étonné que la salle soit aussi petite pour un Marvel récent. Ça ne doit pas être la franchise la plus populaire ici ; il y a pas mal de films d'animations en tête d'affiche. Mais je crois que les Japonais ne vont pas souvent au cinéma de toute manière ; c'est assez cher : 10 balles la séance. On prend nos popcorns sur un plateau et il faut évidemment mettre le masque. En rentrant, un gars bourré dans le métro nous a demandé de préserver le Japon "safe", implicitant que ce sont les étrangers qui serions la source d’éventuels problèmes dans le pays. C'est un peu raciste mais il faut dire que le pays est bien plus sûr que le nôtre : rien ne se fait jamais voler, les rues sont propres, l'ambiance n'est jamais pesante. Tu peux très bien t'endormir au milieu de Shibuya la nuit et te réveiller le lendemain sans soucis quel qu'il soit (coucou Nathan). Ça provoque d'ailleurs pas mal d'étonnement quand on découvre à quel point la confiance règne : les fruits et légumes sont disposés à l'extérieur des magasins sans que personne ne les surveille, il n'y a pas de bornes magnétiques en sortie des supermarchés, les fléchettes sont à disposition de tout le monde dans les arcades, etc.

Le weekend dernier j'ai assisté au match de baseball entre Keio et Waseda. Il s'agit de la rencontre la plus importante de l'année. Elle avait lieu au Meiji Jingu Stadium, stade principal de Tokyo, et j'ai été surpris de voir à quel point les estrades étaient remplies. En fait au Japon, beaucoup vont voir les matchs des universitaires (c'est à dire des 18/19 ans), comme si c'était un match de pros. Il faut dire qu'ils sont assez forts, leur précision et vitesse de lancer sont spectaculaires. En revanche un match de baseball est très long : 3 heures sous le soleil, c'est difficile... On peut acheter des bières et des frites, mais ce sont surtout les yakisoba et les « lemon sour » qui se vendent le plus. Au final, Keio a fumé Waseda 7-2. J'ai compris que l'université était très riche en voyant tous les goodies à l'effigie de l'école : bobs brodés, écharpes, cravates, … Aucune école en France en a autant je pense. Ils sont aussi très fiers. À la fin, des adultes se sont mis à chanter l'hymne de l'école en cœur, des groupes de petites filles toutes habillées en blanc acclamaient l'équipe (notamment « Tatsu kun » l’un des joueurs prometteurs). Les pom-pom girls et la fanfare étaient impressionnantes eux aussi, ils ont joué durant toute la rencontre. Par contre celles de Keio étaient plus discrètes pour le coup. Apparemment il y aurait eu des soucis de voyeurisme l'année dernière. Ce sont des choses qui arrivent au Japon...

Quoi qu'il en soit, je me rends régulièrement compte de la popularité de Keio quand je sors du quartier de Hiyoshi par exemple et que je fais de nouvelles rencontres. Les gens sont impressionnés quand je leur dis que j’y étudie ; "atama ga ii" (littéralement : "la tête est bien"). Les billets de 10000 yens portent le portrait du fondateur de l’établissement, rien que ça …

J'ai remarqué récemment que les lieux que je traverse me font penser à des animes, j'ai l'impression de n'avoir que ça comme référence, pourtant c'est bien réel. Les marches devant le gymnase de basket à Tokyo ressemblent fortement à celles où Seirin rencontre la génération des miracles dans Kuroko no Basket (d’ailleurs la scène se déroule sûrement dans ce lieu) ; les courts de tennis de Keio sont alignés dehors comme ceux de Prince of Tennis ; quand je me balade en ville il y a des passages étroits partout entre les maisons comme dans Le Royaume des Chats (ça doit être vraiment chouette d’être un chat ici) ; le train qui nous amène dans les petites gares abandonnées de campagne me fait penser à Evangelion, le bruit de la signalétique des trains, du homerun au baseball, de la sonnerie de l’école, tout ressemble ! On passe un peu pour des otaku nous les gaijins quand on parle d'anime, c'est plus un truc pour les enfants ici. Pourtant ils sont omniprésents, dans les publicités, sur les paquets de chewing-gums, au dessus des distributeurs de boissons, ... Il y a aussi beaucoup de mangas. Je remarque souvent des petites étagères dans les restaurants, même chez le coiffeur !

D'ailleurs le coiffeur, parlons-en. C'est à peu près le même prix qu'en France, mais le service est plus soigné : pas de shampooing à l'arrivée, mais à la sortie, accompagné d'un massage de tête, la coupe est longue (peut-être parce qu'ils essayent absolument d'aplatir nos cheveux qui ne sont pas fait pour). Je ne ressors pas particulièrement satisfait de ma coupe à la sortie, mais ça, ça ne change pas trop de la France.

Avec mon ami de prépa Julien, qui était de nouveau de passage à Tokyo, nous avons réalisé l’une des journées les plus chères depuis un moment. C’était un jour férié donc on s’est donné rendez-vous à Tokyo. En premier, nous sommes allés au marché aux poissons, à Tsukiji. Ça ressemble aux marchés en France sauf que tout est plus serré et il n’y a que des produits de la mer. Nous avons mangé dans un sushi bien noté à proximité. C’était plutôt bon mais le prix… Il est facile de trouver des restaurants pas cher au Japon, mais ils apprécient aussi régulièrement dépenser de grosses sommes d'argent dans la nourriture. Ensuite, nous nous sommes rendus au musée Teamlab Borderless. Il s’agit d’un musée d’art digital vachement réputé chez les influenceurs. Pour le coup, c'est vrai qu’il est vachement sympa et je comprends l'engouement. Il y a une salle avec des lumières et des miroirs qui donnent un effet d’infini qui me fait particulièrement effet ; une autre où l’on marche dans l’eau avec des projections de carpes à nos pieds, une avec des fleurs au plafond qui se lèvent à notre passage, ... En tout cas c’est l’endroit idéal pour alimenter son compte Instagram ou faire un date. Je crois que Cyprien est passé par là aussi pour son court-métrage Minori.

Ensuite, nous avons voulu essayer un maid café à Akihabara. C’est un établissement typique au Japon où les serveuses sont déguisées et jouent un rôle thématique. Ce que nous savions pas - moi du moins - est qu’il y en a de 2 types : ceux où l’on boit effectivement du café, et ceux qui s’apparentent plus à des "hosts bar". Évidemment à Akihabara c’est le second qui prime. Une ribambelle de filles déguisées attendent dans la rue, et on peut aller discuter avec celles dont le thème nous plait. Elle nous amène alors à l’étage dédié dans l’un des bâtiments de la rue la plus déjantée du Japon, on paie un prix d’entrée, puis on peut consommer diverses boissons à des prix bien trop exagérés. L’idée est qu’une maid dédiée nous fait alors la discussion, et on peut même lui payer des verres (elles jouent très bien leur jeu en répétant régulièrement « hum… j’ai un peu soif »). Avec Julien, on fait un peu l’attraction étant étranger, mais ce n’est pas évident avec le peu de Japonais qu'on maitrise. En buvant quelques verres, on a étonnamment l’impression de mieux parler. Peut-être est-ce parce qu’on ose plus se lancer, ou bien parce qu’on perd en lucidité. Le premier maid café était dans le thème des démons. C’était un peu gênant, il y avait un gars au fond tout seul, deux filles, puis nous. On est parti au bout d’une heure pour éviter de payer trop de frais puis avons tenté un second café, dans le thème des anges. Encore une fois, un frais fixe bien salé, des consommations trop chères et une ambiance un peu étrange. Cette fois-ci, nous étions les seuls clients du café, et c'était une jeune fille de 18 ans qui s'occupait de nous (enfin, 18 ans selon ses dires). Je trouve cela assez malsain de travailler dans ce genre d'établissements à cet âge-là, d'autant plus que les règles dictées au début du style "ne harcelez pas nos maids sur les réseaux" supposent qu'il y a forcément des clients aux comportements abusifs. Nous avons discuté comme d'habitude de sujets tels que pourquoi nous sommes au Japon, quels animes on préfère, etc. Le serveur nous a ensuite laissé choisir ce que nous voulions boire. Le problème est que les Japonais ne sont pas habitués aux boissons non diluées de l'ouest. Quand nous demandons une vodka et un "whisky on the rocks", ce sont des verres entiers d'alcools purs qu'ils nous servent. C'était rentable pour notre porte monnaie, ça l'était moins pour la suite de la soirée. Nous sommes sortis de l'établissement à 23h, déjà un peu bourré, d'autant plus que nous n'avions mangé que quelques frites et deux pauvres morceaux de poulets à 10 euros... La rue d'akihabara commençait déjà à s'éteindre (la plupart des établissements en dehors des konbinis et ramens ferment tôt au Japon). On a alors mangé des gyozas et bu quelques bières en discutant d'anecdotes de l'époque de la prépa, puis je me suis rendu compte qu'il serait bientôt trop tard pour prendre le dernier métro. À ce moment-là, les verres de whisky commençaient à monter à la tête, je me suis alors dit que je pourrais rester dormir dans le capsule hôtel de mon ami à Shinjuku, et que nous pouvions donc très bien continuer la soirée dans le coin. Nous nous sommes donc mis en marche vers Shinjuku en quête d'un nouveau bar pour terminer tranquillement la soirée. Nous ne connaissions par du tout le coin et donc nous demandions aux gens dans la rue s'ils connaissaient des "nomihodai" (boisson illimitée pour une certaine durée), car nous voulions éviter de payer à nouveau 10 euros nos bières. De fils en aiguille, nous nous sommes retrouvés de le quartier de Kabuchikô. Ce n'est qu'après coup que j'appris qu'il s'agissait du quartier "chaud" de Tokyo (selon Wikipedia). J'aurais du me douter que ce n'était pas une bonne idée de trainer ici quand après avoir demandé gentiment à des gens s'ils connaissaient des endroits sympas, ils nous répondaient d'attendre puis passaient des appels pendant de longues minutes pour nous amener dans des QG chelous. On nous demandait si on voulait "touch" ce que nous refusions évidemment, ils passaient alors d'autres appels étranges et nous attendions patiemment puisque nous étions décidés à trouver un dernier bar. On se fit convaincre un moment par un adulte qui semblait proposer une adresse authentique, sans frais exagérés. On monta en haut d'un immeuble vachement luxueux jusqu'à une sorte de taverne moderne mais pas trop, un peu dans le style des années avant 2000. Il n'y avait quasi personne, et quand on s'assit des dames âgées nous rejoignirent. C'était peu être l'expérience la plus cringe de tout mon voyage. Je lui demandais innocemment d'où elle venait, pourquoi elle faisait ce métier, etc. Mon pote complètement torché leur payait des verres, et moi je buvais mon whisky à nouveau. Une heure après, on sortit avec une addition bien trop élevée mais trop éclatés pour contester. On déambula ensuite dans Tokyo jusqu'au premier métro, mais je n'avais plus de batterie et donc plus de carte pour me repérer. Il fallut que je demande à des policiers les directions vers Hiyoshi, mais je me suis endormi dans le train si bien que je me suis retrouvé à 9h du matin à l'autre bout de Tokyo, complètement déboussolé. Je réussis néanmoins à retrouver mon chemin en demandant de l'aide dès que je pouvais, et j'arrivai chez moi à 11h du matin, un peu fatigué.

Pour info, le quartier de Kabukichô est non seulement réputé pour ses enseignes hot, mais aussi car c'est le quartier des yakuza, pègre japonaise et chinoise. On a eu chaud.

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Publié le 14 juin 2022

J'ai effectué en fin de semaine dernière deux des voyages les plus mémorables de mon séjour jusqu'à maintenant.

Déjà le jeudi, puisqu'il faisait très beau et que nous n'avions pas cours l'aprèm, nous avons décidé de partir à la plage avec Ugo-Paul et Théo. Un japonais du cours de français m'avait parlé de l'équivalent du Mont Saint-Michel au Japon, "Enoshima". On s'est donc rendu là-bas, c'était à peine à 1h30 de Tokyo.

On est arrivé en train à une première plage de sable, à 5 minutes à pied de la gare. Comme on était parti sur un coup de tête, j'étais en chemise et chaussures fermées. En plus, je venais de passer chez le coiffeur ce qui me donnait un look de petit richous apparemment. Il y avait pas mal d'étudiants japonais, en pantalons et chemises blanches aussi. Peu de gens se baignaient car il s'agissait surtout d'une plage pour planches à voile, mais on s'y est jeté quand même. Il y avait au dessus de nous un gang d'aigles qui faisait du surplace, un peu comme les mouettes à Argelès, mais plus impressionnants pour le coup.

Après, on s'est dirigé vers Enoshima. C'est une petite île recouverte d'arbres, et reliée à la terre par un long pont. Quand on est arrivé, des petits magasins nous ont accueilli avec divers souvenirs mais surtout : du poulpe grillé ! Pas mauvais mais un peu caoutchouteux. On a grimpé la petite allée jusqu'à la première porte. Il fallait alors monter toutes les marches, traverser quelques temples puis on était en haut. Il y avait une tour d'observation mais elle était payante. On a préféré la contourner et on est alors arrivé dans une partie de l'île moins peuplée ; à partir de là tout est devenu incroyable. La petite ruelle comportait des petites enseignes fermées, un peu comme l'allée au début du Voyage de Chihiro avant que tout ne se réveille. On est passé devant une maison abandonnée au bord de la falaise, ça donnait des photos vachement chouettes. Puis on a emprunté un escalier étroit et raide qui descendait de l'autre côté de l'île. On s'est dépêché car il était 18h et le soleil allait bientôt se coucher.

On a bien fait. L'escalier menait jusqu'à une crique magnifique où l'on pouvait se balader librement. Il y avait une longue plateforme où s'échouaient les vagues ce qui produisait un vacarme visuel spectaculaire. La scène nous faisait penser au dernier combat dans Star Wars. On a cru apercevoir le Mont Fuji au loin derrière les nuages, mais on n'était pas certain. D'un côté de la crique, il y avait un long pont rouge qui menait jusqu'à une grotte visitable mais qui était malheureusement déjà fermée. On a donc longé la falaise jusqu'à l'autre bout, tandis que le soleil se couchait devant nos yeux.

Arrivé à la fin du chemin, on pouvait apercevoir l'entrée d'une autre grotte un peu plus loin dans la falaise. C'était sûrement interdit mais on a grimpé un peu sur le rebord pour aller jeter un coup d'œil. Sauf qu'à notre grande surprise, à peine avons-nous marché sur ces rochers que d'énormes insectes sont sortis de partout et ont commencé à grouiller tout autour. C'était des gros cloportes de mer, ils devaient être ici à cause du tas de déchet qu'on apercevait au coin. Ça me dégoutait tellement qu'on a fait volte-face.

Après le long shooting photo au bord de l'eau, nous sommes remontés et avons mangé dans un Denny's. Il y a pas mal de ces chaines américaines au Japon, du genre Shake Shack, TGI Fridays, etc., mais les proportions sont ridicules (un vrai américain en ferait une crise cardiaque). J'ai pris des pâtes carbonara, et j'avais l'impression de manger des spaghetti à la cantine. Un soupçons de parmesan, 3 lardons.

Le lendemain soir, nous sommes partis à Nikkô avec Nathan en plus. Au programme : trois heures de route et trois nuits réservées sur Airbnb. Le proprio est venu nous chercher à la gare en voiture. C'était un vieux monsieur hyper gentil, toujours accompagné de son petit chien. La location en question était une "ryokan", c'est à dire une auberge traditionnelle du Japon. Nous dormions dans une chambre unique avec quatre futons et une table au milieu, comme quand j'étais allé au ski. Des tapisseries japonaises décoraient les murs coulissants ; à côté de notre chambre se trouvait un jardin Japonais d'intérieur (avec des petits cailloux gris ratissés en spirales, des petits îlots de rochers et une petite fontaine accompagnée de son bambou pivotant (penser au jardin de O-Ren Ishii dans Kill Bill). Il y avait aussi une grande baignoire en mode onsen, l'eau du bain était chauffée tous les soirs et on pouvait s'y baigner entre les rochers décoratifs et les mosaïques. Dans le jardin extérieur se trouvait une petite mare avec des carpes et on pouvait entendre le coassement de nombreuses grenouilles.

Le premier soir, jiji (c'est comme ça qu'on appelait le proprio, ce qui signifie littéralement "vieux monsieur") nous a amené à un izakaya. C'est un type d'enseigne où l'on peut boire et commander des petits plats à manger. La particularité de celui-ci était qu'on appelait les serveuses avec un Djembe. Chaque groupe avait sa petite salle réservée (comme dans Kill Bill encore une fois pour référence). La serveuse était vachement sympa, elle nous conseillait plein de plats et nous proposait même de jouer à Janken (pierre-papier-ciseaux) pour doubler la taille de nos boissons. Bon, il se trouve qu'après l'addition était plus élevée que prévu…

Le lendemain, on est allé visiter le sanctuaire de Toshogu. C'est celui le plus connu de la région, mais il y en a en fait toute une multitude à proximité. On s'est donc baladé toute la matinée dans ce coin traditionnel. A force d'en avoir vu, je crois qu'on était un peu habitué à ce genre temples ; la différence ici cependant était qu'il y avait bien plus de monde. Ça ne dérange pas vraiment les Japonais d'aller prier dans un lieu avec autant de gens, ça m'embêterait un peu je crois, si j'étais religieux. Le sanctuaire que j'ai préféré était le "Futarasan-jinja", car il y avait justement moins de touristes et il faisait bien plus rural. Il y avait un mini concert de tambours et une dégustation de nihonshu (ce qu'on appelle "sake" en France, car ici cela signifie juste alcool). J'ai aussi gouûté à de vrais mochis, ce sont des gâteaux à base de pate de riz, souvent fourrés avec de la pate de haricot rouge, et pas glacés comme ceux qu'on retrouve en France. C'est plutôt bon mais il faut faire attention à ne pas s'étouffer.

On a mangé pas mal de snacks du konbini durant toute la matinée donc on s'est dit que ce n'était pas nécessaire de s'arrêter pour manger le midi. Puisqu'on avait terminé de faire le tour de la zone, on s'est donc dirigé dans l'après-midi vers le Lac Chuuzenji, qu'on avait prévu de faire le lendemain. C'est en fait assez long de s'y rendre, il faut prendre un bus qui zigzag pendant longtemps sur les routes de montagne avant d'arriver en haut. Il y avait un funiculaire que nous voulions faire mais il était déjà fermé (16h, merci les horaires du Japon…). Nous avons donc continué jusqu'aux Kegon Falls, une cascade assez connue.

Nous sommes ensuite enfin arrivé au lac, il y avait une super vue mais il commençait déjà à se faire tard. On a acheté quelques snacks dans un magasin du coin. Il n'y avait personne et la vendeuse était ravie de faire commerce avec des étrangers. Elle devait avoir dans les 90 ans, elle marchait très lentement et me faisait penser à la vieille dans Le Chateau Ambulant. Les Japonais vieillissent très bien, on retrouve beaucoup de personnes âgées encore actives. Jiji par exemple était en super forme, il squattait en nous parlant, accroupie à la Japonaise avec les talons au sol (je n'y arrive même pas). Il nous a dit que les jeunes générations du pays ont des problèmes de dos car ils se sont déshabitués à dormir sur des vrais futons. Le goût pour le confort occidental les ramollit, apparemment. Pour nous qui sommes habitués aux matelas épais, c'est un peu difficile. Je ne dors pas très bien la nuit car à peine je me retourne, je sens la force du bois contre mon épaule. C'est peut-être aussi le soleil qui se lève à 4h ou bien les ambulances régulières dans mon quartier.

Ce soir-là, nous avons fait face à un dilemme. Nous étions encore au lac à 18h, à deux heures de notre location. Le dernier bus passait à 19h ce qui ne laissait pas le temps de faire le tour de tous les environs, mais revenir ici le lendemain coûterait cher (quasiment 15 euros pour monter tout en haut), et nous aurions peut-être la flemme. En plus, nous avions appris qu'il existait un pass 2J qui permettait d'économiser beaucoup d'argent sur les transports. On se sentait très bêtes et frustrés de ne pas y avoir pensé avant. Mais parfois il faut faire le deuil de ses erreurs et prendre la décision la plus raisonnable même si elle déçoit. Nous avons donc décidé de rentrer et passer la soirée à Tobu-nikkô, le petit village à côté des sanctuaires, plutôt que de rester près du lac où tout était déjà fermé. Nous y retournerions le lendemain, en achetant le pass avant. Ce n'était pas très optimal mais nous voulions vraiment faire le tour du lac et au-delà. Sur le chemin du retour, on a fait face à la horde de moustique la plus dense que j'ai jamais vu, et on n'était pas du tout équipé. J'ai eu peur de finir comme mon père au Canada (défiguré par les piqûres). Heureusement ils n'étaient pas très agressifs. On s'est consolé autour d'un bon bol de ramen puis on a terminé la soirée à la maison avec des bières, des cartes et la télé allumée.

Le lendemain, nous avons décidé à la majorité de se lever tôt (8h - malgré la réticence de certains) car nous voulions être sûr de pouvoir tout caser avant que tout ne ferme. En plus, il était prévu de pleuvoir dès midi. On a acheté le pass de bus à la gare pour le dimanche et le lundi, puis sommes montés jusqu'au funiculaire. On l'a pris pour observer la vue, c'était pas mal, on voyait toute la montagne et le lac au loin. On s'est ensuite rendu en bus jusqu'au bout du lac ; plus loin même, jusqu'à un autre lac bien plus haut. L'idée était de faire une longue marche dans le parc national. On est passé devant les Yudaki falls, une autre cascade sympathique et le lac Yu, un peu plus petit mais très mignon. Il y avait une sorte d'arrêt touristique avec plein d'enfants qui étaient en sortie scolaire et des familles. J'ai gouté à des sortes de grosses sardines grillées à la broche, et probablement pêchées dans le coin. On est aussi devenu tout excité en voyant les panneaux "attention aux ours". Il y avait plusieurs points intéressants à visiter dans le coin, selon les guides touristiques qu'on avait lus et la carte qu'on avait trouvée, mais il fallait faire un choix de trajet optimal, car nous ne pouvions tout voir en un jour. Je crois qu'on a finalement fait les meilleurs choix.

On a longé le lac jusqu'à la forêt d'Usagijima, où l'on pouvait a priori voir des lapins ("usagi"). On a marché sans faire de bruit en scrutant au loin, espérant voir un quelconque animal. J'avais l'impression d'être à la recherche du dieu cerf dans Princesse Mononoké. Malheureusement on n'a rien trouvé, mais la balade était déjà sympathique. On est arrivé jusqu'à une petite plage où se trouvait de nombreux pêcheurs. Ça commençait à sentir l'œuf car on approchait de sources naturelles. On s'est arrêté pour piqueniquer et il fallait alors prendre une décision. Il était déjà 14h et plusieurs chemins de randonnées étaient possibles. Il ne pleuvait pas encore mais c'était prévu qu'il tombe bientôt ; il faisait déjà un peu froid et comme des idiots nous n'étions pas très couverts. D'autant plus qu'il fallait faire attention aux derniers bus encore une fois si nous ne voulions pas rester coincer ici en montagne à 3h de chez nous. Une randonnée de 4h nous intéressait beaucoup, mais il fallait la finir en 3h si nous voulions pouvoir rentrer, et Nathan était blessé à la cheville. Nous avons quand même pris le pari.

C'était un très bon choix ; on a pulvérisé les scores de cette rando. Et il n'a même pas plu. Au début, on est passé devant les sources d'eau chaude. Ça sentait le souffre et l'œuf pourri bien fort. Il y avait des petites cabanes en bois et des flaques d'eau qui laissait échapper des petites bulles. On y a mis le doigt et effectivement l'eau était très chaude. On est ensuite monté pendant un bon moment, ça ressemblait à un chemin de randonné classique comme on en a fait en France à l'époque. Puis on est arrivé à une zone de verdure un peu plus dense. Un chemin partait vers le bas, on s'y est aventuré. On est alors arrivé dans un lac totalement perdu au milieu de la forêt, j'avais l'impression d'être dans le fameux étang de Mononoké. Il y avait de la brume tout autour qui donnait un effet très mystique. On a ensuite traversé pas mal de paysages différents : des forêts toujours plus denses, parfois sombres, parfois plus éclairées, une énorme clairière nous plongeant dans la savane en Afrique, des montées et des descentes, des routes, un ranch, ...

Malgré un Nathan blessé et une nouvelle cheville foulée pour Théo, on est arrivé bien à l'heure. Il fallait attendre environ une heure pour le dernier bus, on s'est donc posé dans une sorte d'arrêt d'autoroute fermée alors que la nuit tombait. C'est alors qu'une voiture est arrivée avec un groupe de lycéens Japonais. Ils sont passés devant nous pour acheter à boire au distributeur puis sont repartis dans leur voiture. Mais ils n'ont pas redémarré, et pendant une bonne dizaine de minutes on se demandait ce qu'ils faisaient. Puis un gars est sorti et nous a demandé de façon hésitante d'où nous venions. Ils sont alors progressivement venus discuter avec nous. C'était vachement drôle car d'un côté ils faisaient les cools kids avec leurs clopes et la musique forte dans la bagnole, de l'autre ils étaient très timides.

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Publié le 28 juin 2022

Après les deux précédents voyages, je suis plutôt resté autour de Tokyo ces deux dernières semaines. Je peux enfin dire qu'après deux mois et demi au Japon, j'ai une sorte de routine de travail qui s'est installée.

Les seuls jours où j'ai cours en présentiel sont le lundi, mardi et vendredi. Cependant, il m'arrive régulièrement de louper ceux du lundi quand le weekend déborde un peu (weekend à Nikkô par exemple). Heureusement, la prépa et Centrale m'ont appris à rattraper efficacement ce genre de cours (il suffit en général de lire les slides). Quand j'y vais néanmoins, je mange le midi à la cantine de Yagami. C'est le seul jour de la semaine où je m'y rends ; il faut dire que les tables divisées par des vitres opaques sont vachement frustrantes. Aussi, je mange avec un groupe différents de ceux avec qui je traine le reste du temps, j'ai donc plus l'impression de faire un repas entre collègues qu'autre chose. Le mardi matin, je vais souvent courir ou bien je vais à la salle de muscu - quand j'ai pu réserver à temps car il n'y a que 7 places par créneaux à cause du covid... Et une fois dans la salle, il faut nettoyer les machines après chaque utilisation😅. Le mercredi est en général dédié au Japonais. Les 3 heures sur zoom sont très longues, et je travaille souvent dès le matin car il y a un mini contrôle chaque semaine. C'est un peu ingrat d'apprendre cette langue car il faut constamment revoir les formes verbales que l'on a apprises pour être toujours plus ou moins poli. En fait, la plupart de ce que j'ai appris depuis 1 an et demi n'est pas vraiment utilisé. Je pensais au début que c'était une langue sans nuances, et c'est vrai que la construction des phrases et le vocabulaire sont très simples, mais le choix du registre à appliquer est d'une infinie complexité. Je pense qu'il me faudrait au moins deux années ici pour pouvoir enfin être un peu à l'aise.

Petit exemple que j'ai appris récemment, c'est en fait malpoli de désigner la personne en face de soi par "tu" ("anata") ; on nous apprend ce mot au début par soucis pédagogique mais il faut vite s’en débarrasser. Quand le contexte est évident, on n'utilise pas de pronom ou bien on utilise le nom de la personne désignée. Aussi, le pronom "je" ("watashi", qu'on nous apprend au début) n'est en fait qu'utilisé par les filles. Les garçons peuvent utiliser "boku" qui est un peu enfantin, "ore" qui est assez viril, mais le mieux est de ne pas se désigner. Compliqué non ? Je découvre aussi pas mal de mots différents qui désignent la même idée en français : par exemple il n'y a pas de mot générique pour "frère", mais un pour le grand et autre pour le petit. Quand une machine, un parapluie ou un verre sont cassés, ce ne sont pas les mêmes mots, etc. Réciproquement, le verbe "wakarimasu" peut à la fois signifier "je ne sais pas", ou bien "je ne comprends pas". Le cours de français m'aide beaucoup à me rendre compte qu'une langue n'est pas plus logique qu'une autre. En français, "témoigner à la police" et "témoigner de son expérience" utilisent le même mot car liés au principe de "raconter", alors qu'en japonais ce sont deux situations à gravité totalement différentes, d'où deux mots. Puis allez expliquer à un Japonais pourquoi "j'en veux plus" peut à la fois signifier + ou - ...

Les jeudis sont assez chargés, car j'ai non seulement mon cours de culture, mais aussi le cours de français puis entrainement de badminton. J'avoue ne pas toujours aller à ce dernier, car il me reste souvent des cours ou devoirs à terminer à ce stade de la semaine. Enfin, mes deux derniers cours de database et machine intelligence sont assez particuliers, car l'évaluation ne se fait que sur un projet final, si bien que je n'écoute plus vraiment les cours théoriques et me concentre sur la programmation. Les seuls cours réellement scientifiques sont ceux du lundi et du vendredi, mais je dois dire que c'est surtout celui de machine intelligence qui m'anime. Les trois autres sont intéressants mais je sais que je ne me spécialiserai pas là-dedans plus tard. Je sors en général le vendredi ou le samedi soir, si bien que les weekends sont souvent constitués d'un jour entier de repos, et d'un autre en rush pour terminer mes devoirs de la semaine (les deadlines sont strictes) et les tâches ménagères. Je sens qu'à mesure qu'on approche de la fin du semestre, la charge de travail s'intensifie. Si ce n'était que des petits rapports hebdomadaires au départ, ça commence à donner des exercices assez longs et il m'arrive parfois de les terminer très tard dans la nuit - cette dernière semaine aura été terrible, dodo de 4h à 11h tout le long. Heureusement que je ne commence plus à 8h tous les matins comme avant.

J'essaye de me faire à manger plus régulièrement, car j'ai lu que manger au konbini tous les jours n'était pas très bon pour la santé. Ce n'est pas évident de savoir quels sont les ingrédients optimaux à utiliser (en terme qualité/prix) donc je fais dans la simplicité, dans le style riz poivrons œuf dur en général. On m'a conseillé une petite sauce locale pour la cuisson : saké, mirin, sauce soja et sucre. C'est pas mauvais mais c'était quand même plus simple huile sel et poivre.

J'ai aussi continué à observer les Japonais et noté toujours plus de petites différences avec la France. Par exemple quand on demande une direction, plutôt que de pointer vers le bon chemin, les Japonais vous amènent en général jusqu'à la destination, ou font au moins une bonne partie du chemin avec vous. Pour apprendre la conduite au Japon, on ne se balade pas avec son moniteur sur les routes publiques. Il faut se rendre dans des parcs conçus exprès pour les cours. C'est comme pour les zones de tests nucléaires, des fausses routes et maisons sont construites et les situations classiques de la route y sont simulées. Sinon, les Japonais ne portent pour la plupart pas de montres. C'est considéré comme un objet de luxe, et l'économie du pays ne va pas assez bien pour que les Japonais se le permettent (selon un ami du badminton). Il faut dire que le cours du yen ne fait que chuter. 1 euro valait environ 125 yens quand je suis arrivé, il en vaut aujourd'hui 143. Mon loyer a baissé de 80 euros 🤑.

Il y a beaucoup d'enseignes internationales au Japon, mais les menus sont effectivement un peu différents. Ils apprécient beaucoup la sauce teriyaki dans leurs burgers (ce n'est pas très bon) et les proportions sont souvent petites. Au Starbucks, on n'écrit pas le nom sur le gobelet comme en France, ce qui est un peu décevant d'ailleurs car je me demande comment ils auraient écrit le mien. En tout cas c'est amusant comment les frontières entre pays font émerger toutes ces petites différences. Ça me fait penser à Darwin et les différentes niches d'animaux d'une même espèce, qui se différencient par isolation géographique. Imaginez si les frontières étaient restées fermées trop longtemps🙈.

En tout cas les jeunes Japonais ne sont pas aussi fans du Studio Ghibli qu'en France comme on pourrait le croire. Ils sont d'ailleurs assez surpris que ce soit aussi populaire chez nous, ce sont plutôt les plus âgés ici qui connaissent. C'est dommage car ces films représentent bien les aspects culturels et contemplatifs du Japon ; chose qui manque dans les animes populaires récents, qui sont faits à la chaine et servent de divertissement "pop corn" comme les Marvels au cinéma.

Magasin Ghibli et distributeur à l'effigie de Spy x Family et Doctor Stone (animes du moment) 

Pour revenir sur les petites différences du quotidien, les caissier(e)s des supérettes te disent toujours à haute voix combien tu as donné et combien tu vas recevoir à chaque achat. C'est un peu perturbant au début : "vous m'avez donné 500 yens, je vous rends 350 yens", en comptant devant toi. En fait, beaucoup d'échanges au Japon sont codifiés comme cela : quand on te sert à manger, quand tu rencontres quelqu'un pour la première fois, etc. Si bien que beaucoup de Japonais se sentent très seuls, du moins à Tokyo. Il y a beaucoup de monde mais personne ne se parle vraiment. J'ai appris dans mon cours de culture qu'il est souvent assez difficile de savoir à quel moment un camarade devient vraiment ton ami : m'invite-t-il par politesse ou bien car il veut vraiment me voir ? Il ne faut pas extrapoler comme on peut l'entendre dans certains documentaires : la plupart ont de bons amis à qui ils peuvent se confier, mais je pense aussi que l'effort requis pour créer ces relations explique en grande partie la solitude statistiquement élevée du pays. Quand des étrangers comme nous arrivent avec nos manières assez extraverties (oui, même nous les français), c'est un petit choc pour eux. Les conducteurs de bus par exemple sont ultra blasés ici, ils annoncent chaque station avec une voix grave, presque suave mais en même temps très déprimante, et ça m'amuse toujours de les surprendre en répondant bonjour et merci (ça pour le coup, les gens ne le font même pas à Paris).

Les claviers ne sont ni azerty ni qwerty sur les téléphones ; il y a 9 touches pour chaque son en hiragana ("ka", "ga", "ta", etc.). On reste appuyé et on glisse vers la voyelle qui nous intéresse ("ka" -> "ke"). Des kanji sont proposés ensuite. Par exemple pour l'eau : みず ("mi zu") -> 水 (signifie l'eau). Les ordinateurs en revanche sont équipés d'équivalents qwerty, ils doivent taper en lettres latines "mizu" et choisir le kanji correspondant. De fait, ils tapent donc rarement des rapports en japonais traditionnel.

Petit jogging de la semaine dans un parc à proximité. 1ère photo : chasse aux insectes, activité classique d'été ici 
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Publié le 2 juillet 2022

Entre les sessions de travail studieuses, j'ai aussi participé à diverses activités intéressantes ces derniers temps dans le coin.

Par exemple le weekend du 12 juin, nous sommes partis avec Nathan et un Italien à Oume, près du Mont Mitake, pour participer au Nariki Forest Trail Race. C’est un trail auquel nous nous sommes inscrits à peine 1 mois et demi plus tôt, d’une longueur d’environ 16km et 700m de dénivelé. Évidemment, je n’ai pas eu la self-discipline nécessaire pour m’entraîner suffisamment régulièrement, mais les quelques longs footings que j’ai faits et la marche à Nikkô étaient suffisants pour que je ne sois pas dans une forme totalement dégueu. Après avoir passé la matinée du samedi à chercher un sac et une gourde de trail - que je n’ai d’ailleurs finalement pas trouvés - on est parti en train jusqu’à notre Airbnb, à peine à 1h de Tokyo. C’était une sorte d’auberge avec un proprio un peu étrange ; on a dormi dans une chambre commune avec un motard qui ronflait très fort. Heureusement, ils vendent dans les konbini des petites boissons de vitamines C bien plus efficaces que le café. Ça a un goût de redbull concentré et te remet en forme pour toute la journée. On a rejoint le lieu de rendez-vous in extremis à 10h, après avoir longuement fait la queue pour le dernier bus. Il faisait très chaud et nous n’avions plus le temps pour nous échauffer. De toute manière aucun Japonais ne semblait s’échauffer non plus. Ils nous ont filé un t-shirt bleu et un buff jaune, ainsi qu’un dossard avec écrit « No war». Un journaliste nous a ensuite demandé de crier « No war! » trois fois de suite devant la caméra puis il fallait qu’on parte. Au début pas mal de gens marchaient. On est parti dans le dernier groupe par peur que ceux devant soient trop forts, mais nous nous sommes alors retrouvés avec pas mal de vieux et de vrais débutants, si bien que je me suis vite mis à doubler tout le monde. Le problème était que les chemins de montée sont par moments très étroits, et que c’est impoli au Japon de doubler de façon trop brutale - enfin c’est ce que j’ai cru comprendre car personne ne le faisait. On faisait même du surplace par moments. Après un certain temps à avoir trop peu avancé, j’ai décidé de doubler à ma guise, c’était une course quand même ! Je suis arrivé tout en haut assez vite, ce n’était pas si fatiguant que cela car les parties de marches étaient plutôt reposantes. Ce n’était pas aussi pénible que je pensais non plus de porter mon sac de cours avec mes deux gourdes et mon pull, il fallait juste que je m’arrête momentanément quand je voulais boire. D'ailleurs, je n'ai même pas consommé un tiers de ce que j'avais amené. La descente était un peu plus pénible en revanche, au niveau des cuisses notamment. Au final j’ai terminé en 2h40 et 220/650 ce qui me satisfait. Il y avait des yakisoba et un coca gratuits à l’arrivée.

Nous sommes aussi allés nous baigner dans un onsen. Il s'agit d'un lieu assez traditionnel au Japon, où l'on se baigne dans des bains d'eau très chaude. Il s'agit parfois de sources naturelles, mais celui où nous sommes allés à Tokyo ne l'était évidemment pas. Il y avait plusieurs bains à températures différentes, un bain très froid, un sauna, et hammam, ... Le bâtiment était sur plusieurs étages, il y avait aussi des salles de lecture, un restaurant, etc. J'ai dû d'ailleurs passer un interview de stage dans une des salles de détente😂. Un détail qu'il faut prendre en compte en allant aux onsens au Japon est qu'il faut se mettre entièrement à poil... C'est un peu gênant au début car on n'y est pas habitué en tant que français, mais on devient vite plus à l'aise. En tout cas c'est une ambiance très reposante : interdiction de parler fort, musique relaxante, on est très détendu en ressortant !

Nous avons aussi retracé mes pas dans le fameux quartier de Kabukichô à Shinjuku. De jour, le quartier est bien moins lugubre, mais on voit bien avec toutes les affiches de host-bars et de love hotels qu'il s'agit d'un quartier chaud. Nous avons mangé dans un fameux restaurant à burger où ils servent de très bons sandwichs mais aussi : des burgers à la banane, à la pomme...😱. Nous sommes passés devant un training de baseball et comme j'avais envie d'essayer depuis un moment, on s'est lancé ! C'est super satisfaisant, mais pas si simple.

Je me suis aussi pas mal promené dans les environs de Hiyoshi. En ce moment, il y a beaucoup de fleurs très belles un peu partout. Le mois de juin est en fait réputé pour cela, un peu comme le mois d'avril pour les sakura. Les Japonais apprécient beaucoup les fleurs colorées, on retrouve des petits carrés aménagés un peu partout qui me font penser aux baies dans Pokémon. Il y a même un club de fleurs à Keio !

Et puis on est sorti à Roppongi.

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Publié le 8 juillet 2022

Alors que la fin de mon semestre approche (il me reste 1 mois et demi au Japon), les deadlines de mes projets approchent à grands pas. Pour autant, ce n'est pas l'heure d'arrêter les voyages, au contraire ! Il me reste encore un certain nombres de destinations à cocher, dont Kyoto. C'est ainsi que j'ai décidé de suivre des collègues de ma résidence pour un weekend dans la région de Kansai.

Nous sommes partis le vendredi soir en bus de nuit. Ce soir-là, nous n'étions que 4 : une birmane (ou myanmaraise pour être plus exact), une pakistanaise et un japonais. Le trajet était franchement désagréable. Le bus de "nuit" était en fait un bus tout à fait normal, donc très étroit et pas très confortable. Je n'ai dormi que deux heures. Mais c'était amusant de visiter les arrêts d'autoroutes japonais, qui sont bien plus pratiques qu'en France car il y a toujours un konbini d'ouvert et des distributeurs. Nous sommes arrivés à 6h du matin. Nous avons directement acheté des free-pass de bus pour la journée et avons rejoins notre hôtel à quelques arrêts de la gare. J'avais une chambre avec Atsuhiro, les filles étaient dans une autre.

Le groupe avait un plan tout prévu pour la journée, je n'ai donc fait que les suivre en prenant un max de photos. C'était assez différent de quand j'organise un weekend avec les potes. Il fallait absolument faire tous les lieux touristiques de la ville, quitte à ne pas passer beaucoup de temps dans chacun, et ne jamais dévier du chemin classique (contrairement à moi qui adore me balader au gré de mes envies). Mais ça a aussi ses avantages, on a pu en effet visiter beaucoup de lieux différents. Ce qui était marrant était qu'à chacun de ces lieux, on retrouvait des groupes de lycéens voir de collégiens en sortie scolaire. Il y a avait aussi beaucoup de femmes en kimono, et je dois dire que c'est l'un des habits que je trouve le plus joli. Elles tiennent aussi souvent un parapluie pour s'abriter du soleil. J'ai essayé et c'est vrai que ça fonctionne plutôt bien !

Nous avons commencé par le Nijôjô (chateau de Nijô). Il s’agissait d’un château où habitait un shogun, empereur samuraï. La maison est entièrement composées de petites salles à tatamis, entourées de murs coulissants et tapissés de peintures de sakuras, de tigres, etc. Le craquement du bois sur le chemin faisait penser à des cris d’oiseaux, apparemment dû aux vieux clous en dessous. Dans le jardin se trouvait une petite maison où l'on pouvait déguster du matcha. Il s'agit d'une poudre très fine de thé vert, utilisée dans les cérémonies de thé mais aussi comme arôme dans de nombreuses friandises.

Nous nous sommes ensuite rendus au Kinkaku-ji (temple du pavillon d'or ; kin=or, ji=temple). Il s’agit d’une promenade dans un grand parc, qui passe par un temple enrobé d’or, au milieu d’un petit lac très charmant. Cela donne des photos mémorables.

Nous avons ensuite fait le tour du palais impérial. Celui-ci se situe en plein centre de Kyoto. On ne peut pas rentrer à l’intérieur mais on peut explorer les cours et les jardins extérieurs. C’est très vaste, mais donc un peu vide. Je n’aimerais pas habiter dans un lieu comme ça. Nous avons ensuite mangé dans un restaurant thaï à côté.

La prochaine étape était Fushimi-Inashi. Il s'agit d'un chemin de randonnée sur une petit colline, recouvert de tori, ces fameuses portes rouges qu'on voit partout en photo. En fait, il est possible de faire un don pour rajouter un tori supplémentaire, d'où leur nombre impressionnant. Là encore, lieu très Instagrammable. Après cela, nous avons rejoins le Château de Fushimi. Celui-ci se situait à l’autre bout de la ville, et nous étions déjà très fatigués par toute la marche de la journée et le soleil accablant. Pour atteindre le château, il fallait monter une longue colline, en passant par la tombe d’un empereur (qui faisait la taille d’un parc entier). Dû aux risques d’effondrement, l’accès au château en lui même est interdit mais on pouvait faire le tour. C’est bien moins touristique ici mais plus reposant.

Enfin, nous avons rejoint un autre birman, élève à l’université de Kyoto, au Gion district. C’est un lieu où sortent les étudiants du coin. Il y a des allées avec de nombreux restaurants et un canal où se posent les gens en mode quais de Seine. Dans ce quartier se trouve aussi la Hanamiokiji street, qui était en fait le quartier des Geisha. C’est un des lieux où je me suis le plus sentis plongé dans l’histoire. La petite ruelle était faiblement éclairée par des lanternes rouges ; en passant on a aperçu furtivement deux femmes en kimono maquillées tout en blanc. Les vieux bâtiments étaient exactement comme dans l'arc des geisha de Demon Slayer. Ce soir-là, on a mangé dans un restaurant connu du coin avec des plats à base de viande de bœuf enrobée de panure. Petite anecdote de la journée : je suis tombé sur un tableau d'affichage avec des vrais posters "wanted" avec des primes de 1 millions. On se croyait dans One Piece. Un peu plus loin, des affiches de personnalités politiques, dont un dont le portrait était dessiné, dans le style du manga "Jojo". Le Japon...

Le lendemain, nous nous sommes levés tôt pour nous rendre au parc de Nara, à 1h en train de Kyoto. Ce parc est connu pour les nombreux daims qui s’y baladent en liberté et réclament de la nourriture à tous les touristes qui passent. Le Japonais nous a quitté ce jour là et une coréenne de la résidence nous a rejoint. Le parc était très grand, avec de nombreux temples, mais nous n’avons eu le temps de faire que le plus connu : Toudaiji. À l’intérieur se trouvait une énorme statue de Bouddha. J’étais impressionné par sa taille, mais on m’a dit que c’était courant en Asie d’en voir de cette envergure. J’imagine que ça doit faire pareil quand ils viennent en Europe et découvrent les cathédrales.

Nous avons ensuite repris le train pour Osaka, la ville voisine de Kyoto. Il y a moins de lieux à découvrir là-bas, le château d’Osaka se visite en à peine 1 heure. A l'intérieur, il y avait une exposition sur les samouraïs. J'ai toujours eu du mal avec les visites de ce genre ; je n'aime pas m'arrêter et lire plein de textes comme mon père. Mais il y avait des petites animations plutôt bien faites qui nous plongeaient dans des ambiances similaires à Kingdom ou bien Princesse Mononoké. J'ai bien aimé. On s’est ensuite baladé à Dotonburi, un quartier similaire à Shinjuku mais en plus calme. On y a mangé les spécialités du coin : takoyaki et okonomyaki. On s'est enfin posé à l'hôtel pour jouer aux cartes avec de l'alcool coréen. Le boss du cercle "Neighbor" - auquel appartient Atsuhiro - nous a rejoint. Comme Atushiro était déjà rentré à Tokyo, on lui a proposé de rester avec nous à l'hôtel. Le cercle a pour but d'organiser des activités avec des internationaux de plusieurs universités ; ils avaient en fait une réunion à Kyoto ce weekend là.

Enfin, pour le dernier jour à Kyoto, nous avions prévu de partir à 10h, heure limite de check-out (nous nous étions couchés à 3h la veille). J'avais mis mon réveil à 9h mais j'ai entendu la porte toquer dès...9h52 ? J'ai regardé mon horloge et il ne me restait effectivement que 8 minutes pour me préparer. "5 minutes?" j'ai répondu à la femme de ménage, en pyjama. Jamais n'ai-je été aussi rapide pour faire ma toilette et ranger ma valise.

Moment préféré de la journée : le petit déj au Tully's

Première étape : Arashiyama bamboo forest. Comme son nom l'indique, c'est une forêt… de bambous. C'était très relaxant et sympa pour prendre des photos Instagram, mais on a vite fait le tour. J'ai ensuite pris sur moi et ignoré les plaintes des filles qui se croyaient perdues à peine on déviait du chemin touristique, et commencé à descendre vers le long de la rivière. On est alors arrivé à un petit quai au bord de l'eau, avec une petite cabane et un distributeur. Parfait vu la température qu'il faisait. On a ensuite facilement rejoint l'arrêt de bus.

Nous nous sommes rendus alors au Kiyomizudera, un autre temple de Kyoto. Je dois dire que je suis moins impressionné à force d'en voir, mais la petite ruelle remplie de magasins pour y monter était en revanche super chouette. J'ai pu acheter plein de souvenirs, tandis que É (prénom de la birmanaise, son parrain s'appelait Hey pour l'anecdote) terminait son examen en distanciel dans un restaurant. Il y avait un magasin de céramiques fabuleux, avec sur chaque modèle des détails incroyables. J'aurais aimé en ramener mais difficile avec le retour en avion. Notre bus n'était qu'à minuit donc nous avions encore beaucoup de temps. Nous nous sommes baladés à nouveau dans la quartier de Gion, puis jusqu'au Nishiki Market, un marché assez répandu. Malheureusement il était 18h donc déjà fermé. Nous sommes donc rentrés à l'hôtel un peu déçus, après avoir engloutis quelques ramens, puis avons décidé de tester du saké japonais dans un restaurant de grillades à côté vu qu'il nous restait encore du temps.

Enfin nous sommes rentrés, arrivée à 6h du matin à Yokohama puis vrai dodo jusqu'à 16h. Au final, Kyoto était vachement différent de Tokyo. Bien plus traditionnel mais moins pratique. Vivre ici tous les jours doit être un peu lassant car il y a peu d'activités. En tant que touriste en revanche, il y a un énormément de lieux culturels à visiter. J'ai aussi constaté des petites différences intéressantes : il faut faire la queue à droite et non à gauche dans les escalators. Les rues sont bien espacées et les quartiers tout carrés, un peu comme à l'américaine, on peut ainsi voir vachement loin. C'est en revanche moins urbain, ça m'a parfois fait penser au Canada.

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Publié le 16 juillet 2022

J'ai continué à squeezer toutes les activités que je voulais faire depuis un moment. Ce weekend c'était Hakone. Enfin, "weekend" qui a commencé dés mercredi midi.

On est en effet parti le mercredi à 13h30 (oupsi le japonais). On avait acheté le "Hakone free-pass" qui était censé rendre tous les transports gratuits dans la région, pendant deux jours pour 40 euros environ. On a pris un train spécial depuis Noborito jusqu'à Odawara, puis un bus qui a fait un grand tour dans les montagnes jusqu'à notre Airbnb, près du lac. En fait, la région autour de Hakone est une série de montagnes et de forêts qui entourent le fameux lac ; le village est tout au début à 1h de bus de notre logement. Nous avions décidé du lieu durant une réunion la veille au Coco Ichibanya (restaurant de currys à la japonaise) à Hiyoshi.

On a pensé que se poser près du lac était la meilleure solution mais il n'y avait au final pas grand chose là-bas. On est arrivé à 17h et tout était déjà fermé. Hakone est réputé pour ses onsens naturels, et nous voulions absolument en faire un ce soir-là pour l'anniversaire de Théo. Nous nous sommes donc dirigés vers le "ropeway", le téléphérique avec vue sur Mont Fuji, mais il était lui aussi fermé. Nous avons donc repris le bus pour remonter vers la ville de Gora, un peu plus haute. À notre grande déception, tout était fermé ici aussi. Nous ne comprenions pas pourquoi, puisque nous étions bien aux horaires d'ouverture. La nuit commençait déjà à tomber, nous avons alors voulu prendre un bus pour nous amener encore plus loin, dans la ville de Hakone, mais celui-ci n'acceptait pas les free-pass. Etonnés, nous avons tenté un hôtel de luxe qui était ouvert, mais sans grande surprise il était impossible de rentrer sans payer de chambre. Alors que nous demandions des renseignements aux dames de l'accueil, on vit passer un autre bus qui aurait pu nous amener à Hakone avec notre pass. Mince... Il fallait maintenant rapidement prendre un décision. Prendre le prochain et tenter un des onsens au village d'après, au risque de ne pas pouvoir en profiter longtemps ou bien de ne pas avoir de bus de retour, ou bien rentrer tout de suite. Les deux solutions n'étaient pas envisageables, alors nous nous sommes quand même rendus jusqu'au village, en quête d'un restaurant pour se consoler, avant de rentrer. Et là, à nouveau, tout était fermé. Nous étions sidéré. Un mercredi soir, à 18h30, pas un chat dans les rues, pas une enseigne d'ouverte.

Par miracle, on a trouvé le seul restaurant du coin d'ouvert, et celui proposait du bœuf de wagyu ! Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'une viande japonaise de très bonne qualité et très populaire en ce moment (surtout à l'étranger en fait, car ici ils raffolent du chateaubriand). La découverte de ce petit grill de campagne nous a remonté le moral, c'était une viande que je voulais goûter depuis un moment en plus. Nous sommes ensuite rentrés avec le dernier bus, après avoir acheté à boire au konbini du village (pour vous convaincre qu'il n'y avait rien au lac : il n'y en avait même pas là-bas!). On a alors profité du Airbnb spacieux et de son projecteur (on a goûté un excellent vin Bordeaux - c'est faux il était ignoble), puis nous sommes partis nous baigner dans le lac vers 2h du mat. C'était une ambiance de fin du monde, on était à oilp dans l'eau devant les étoiles, personne en vue. Il y avait une rangée de pédalo qui ne devaient pas avoir servis depuis longtemps vu la quantité d'araignées dedans.

Le lendemain, nous avions pour objectif de rattraper l'après-midi décevante de la veille. Nous nous sommes levés tôt (de toute façon il fallait check-out) puis avons rejoins le ferry-cruise. Il s'agit d'un bateau qui ressemble à celui de One Piece, et qui traverse le lac. Ça m'a rappelé les balades similaires en bateau que j'ai fait en Grèce à l'époque avec les darons. A l'autre bout du lac se trouvait notamment un immense tori, très connu.

Nous sommes ensuite revenus jusqu'au point de départ, pour prendre le ropeway. Malheureusement il faisait nuageux au loin donc nous ne pouvions pas voir Fuji. Mais nous avons pu nous arrêter à Ôwakudani, une sorte d'immense cratère qui sent le souffre où on peut voir les gaz s'échapper et déguster des œufs noirs (qui ont goût d'œufs normaux au final).

Nous avons alors continué sur le ropeway puis avec la cable-car (train tracté par des câbles) jusqu'à Gora. On a ensuite marché jusqu'au Open air museum. Il faisait très chaud et nous nous arrêtions régulièrement pour boire aux distributeurs ou snacker aux konbinis qu'on croisait (c'était d'ailleurs nos seuls repas de la journée, adieu la santé). Le musée était une aubaine. Il s'agissait d'un long jardin avec divers statues et œuvres d'art ; très reposant de s'y balader. Il y avait un bain chaud pour les pieds ainsi qu'un petit musée Picasso.

Nathan, qui était venu avec ses collègues de résidence à Hakone, a passé un call important dans un café pendant que nous étions au musée. On s'est ensuite rejoins à Hakone au Tenza Onsen (le plus connu du coin). Pour l'atteindre, il fallait prendre un bus, puis marcher une demi-heure. Il faisait très chaud mais se balader dans la campagne montagneuse du Japon nous faisait du bien. Le village de Hakone notamment était plutôt charmant, il m'a un peu fait pensé à Luchon. Mais il était tout aussi vide en revanche que le reste, ce n'était peut être pas la saison ou bien à cause du Covid ? L'onsen lui était super traditionnel. Il y avait des bains à différentes températures, certains brûlants, d'autres plus froids ; l'eau provenait de sources naturelles bien sûr. Il y avait un japonais tatoué de la tête au pied. C'est l'un des seuls onsens qui accepte cela, il est d'habitude interdit pour un tatoué de rentrer dans un onsen, à cause de l'héritage des yakuza. Moi qui n'aime pas me baigner trop longtemps, je suis ensuite allé me balader dans les différentes salles de l'enseigne. C'était un vrai labyrinthe, j'avais l'impression de me retrouver dans les bains de Chihiro. Tout était en bois, il y avait un petit jardin intérieur et des salles de relaxation un peu partout. Un restaurant était caché au fond mais il était trop tard pour s'y arrêter. On est rentré avec le dernier bus jusqu'à la gare puis on a rejoint Tokyo en train.

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Publié le 31 juillet 2022

Je pense avoir passé suffisamment de temps dans le pays pour être en mesure de disserter un peu sur la société japonaise. Pour résumer : une société de contradictions, inutilement compliquée (osé!).

On remarque tout d'abord un contraste considérable entre le Japon urbain et celui rural. À Tokyo, il y a des konbini partout, des enseignes ouvertes jusqu'à tard (à Shibuya du moins), des transports en communs très réguliers, de nombreuses salles d'arcades, etc. Mais dès que l'on s'éloigne de la capitale, les transports se font plus rares, tout ferme tôt, on trouve surtout des temples vides et des maisons qui semblent toutes inhabitées. Je trouve que malgré le fait que ce soit une grande ville, Kyôto représente bien cet ancien Japon rural. On est débarrassé du bruit incessant et des lumières aveuglantes de Shinjuku, la culture kawai ne s'est pas encore imprégné partout et le cœur de l'activité reste la culture traditionnelle. En revanche on se rend compte que c'est moins pratique et surtout bien moins dynamique, je pense que le covid a mis un coup à tous ces lieux qui dépendaient du tourisme. Pour l'anecdote, même le vocabulaire est différent entre l'ancienne capitale et Tôkyô (au passage, kyô veut dire capitale). Apparemment, c'est encore pire dans le sud, à Okiniwa : certains tokyoïtes ne les comprennent même pas. J'ai entendu dire que le Japon était aussi le pays avec la plus variété d'accents, mais je ne sais pas si c'est vrai.

Tokyo x Kyoto 

Je vous avais dit au début que je trouvais le pays moins bruyant que la France. Il se trouve cependant que je me suis trompé. Il est vrai que les petites ruelles où il n'y a personne sont très calmes, et on n'entend jamais klaxonner. C'est aussi globalement malpoli d'être soi-même bruyant, typiquement dans le métro où il n'est pas bien vu de parler fort ou au téléphone. On s'est fait rappeler à l'ordre par un passant un vendredi soir alors qu'on rigolait dans la rue : "urusai!" (je n'imagine même pas leurs réactions face aux touristes Américains). Mais on est aussi constamment entourés de petits bruits très vite insupportables : les feux aux passages piétons qui font piou piou (comme dans Star Wars), les voix dans le métro ou dans la rue qui nous rappellent je ne sais quelle information redondante, les petits jingles dans les konbini, les incessantes phrases de politesse à peine on bouge un doigt dans un magasin, les groupes de lycéennes qui s'esclaffent avec leurs voix suraiguës ou les garçons qui hurlent dès qu'ils ont bu trois verres. Quand il s'agit de bruits plus utiles, comme des ambulances ou bien des speech de politiciens, ils n'hésitent pas à mettre le volume au maaaximum. Passer trop de temps dans un quartier animé peut donc vite donner mal à la tête. Fort heureusement, ces quartiers s'éteignent tôt dans la journée. Pour les lieux touristiques, tout ferme à 17h, et pour les bars, avant minuit, car les Japonais tiennent si mal l'alcool qu'ils sont bourrés de 21h à 23h puis dodo. Il ne reste alors que les konbinis et ramens. Pour l'anecdote, on ne sort pas en ville le samedi soir, c'est plutôt le moment de dormir. En revanche, ils se lèvent tôt pour aller se balader le dimanche.

À gauche : moi au milieu du Shibuya crossing, et à droite :  des Japonais bourrés à 22h

Aussi, le pays est très propre, c'est indéniable. Mais je ne comprends absolument pas comment. Il n'y a pas une seule poubelle dehors. Le seul endroit où l'on peut jeter ses déchets est chez soi, ou bien dans les konbini, auquel cas il faut consommer ses snacks sur place. C'est vraiment insupportable quand on n'y est pas habitué. Ce n'est par exemple tout bonnement pas possible de sortir en été sans sac, de se prendre un petit goûter frais et de le manger tranquillement en marchant, car on se retrouve avec des déchets plastiques dont on ne sait quoi faire. Car aussi, tout est emballé en plastique. La planète, ici on s'en fout (être végétarien est d'ailleurs quasi impossible, en témoigne Nathan). Il paraît que l'absence de poubelles est dû à des attaques au gaz sarin par une secte il y a quelques années. Il a fallu trouver une solution à l'époque, et depuis rien n'a changé. En fait, ça n'a peu de chance de changer, car les Japonais ne sont pas du tout du genre à rouspéter (ils n'ont globalement pas d'opinion politique, en tout cas chez tous les universitaires que nous avons interrogés), et respectent très bien les règles. Cela me fait aussi penser au tri des déchets : on doit séparer les bouteilles PET, les canettes, puis les combustibles et les non-combustibles. Si l'on ne respecte pas ces règles, on peut se faire bien réprimander - indirectement bien sûr. Je crois qu'ils s'attendent tellement à ce que les Japonais les respectent, qu'ils n'ont rien de prévu en car d'erreur de tri. Le problème est que les consignes ne font pas toujours sens. Il y a a parfois une option pour le plastique (cela ne signifie pas qu'il est recyclé), mais il n'y a la plupart du temps que les bouteilles et combustibles. Je n'ai pas bien compris s'ils considéraient le plastique comme combustible ou bien si on est réellement censé se les coltiner jusqu'à la fin de ses jours... Cela me fait aussi penser aux mesures covid, qui sont respectées à la lettre mais qui n'ont pas plus de sens. Je pense notamment aux barrières plastiques entre les places au restaurant, qui laissent passer l'air en dessous, au dessus, sur les côtés🤦.

L'organisation est aussi un facteur clé dans la vie des Japonais. Tout a un protocole, tout a été pensé. Mais rien ne va vite. Dans le prochain blog, je parlerai par exemple de ma sortie à Fuji-Q, un parc d'attraction dans lequel on attendait quasiment deux heures par attraction, à cause de leur système de queue incohérent (croyez moi, même à Disneyland ça irait plus vite). Par ailleurs, il faut toujours une quantité absurde de travailleurs pour chaque tâche. Pour installer une climatisation par exemple, il faut poser trois rendez-vous : un ouvrier va vérifier qu'il y a la place, un autre va faire le trou, et un dernier va l'installer. Pour la simple installation d'un plot sur la route, ils peuvent être 5 : deux pour le poser et trois pour te faire comprendre qu'il ne faut pas circuler. Ce sont littéralement des panneaux de circulation humains. Ce genre de job "robot" est assez répandu. On croise souvent des gardes devants les parkings, qui ne servent qu'à te dire : "oui entrez" en indiquant la direction de l'entrée. On les voit au loin, rester debout au soleil toute la journée et bouger le bras une fois toutes les deux heures pour faire sortir une voiture.

On a en fait parfois l'impression que les Japonais sont des Sims. Je n'ai par exemple jamais eu autant de problèmes à croiser une personne dans la rue qu'ici. Si l'on se décale à droite et que eux aussi, c'est le bug total. On est toujours obligé de prendre la main pour résoudre ce genre de situation. Quand ils essayent de parler anglais, ils réfléchissent dix ans pour sortir la phrase exacte. Ils font cela en regardant vers le haut ou bien en bougeant de gauche à droite des mains, et on ne peut plus les interrompre. Ça nous fait penser à des processeurs d'ordinateurs qui surchauffent. Et le pire c'est qu'il ne finissent que par sortir "rice... free", alors que je comprendrais très bien en japonais, s'ils ne parlaient pas à dix-mille à l'heure et ne tournaient pas autour du pot avec leurs milliards de formules de politesses. Si vous avez vu le film Lost in Translation, c'est comme dans la scène de publicité pour le whisky. Ils parlent et ils parlent mais le contenu se résume souvent à trois mots.

En tout cas, pour revenir à cette métaphore des Sims, cette impression découle aussi du nombre incalculable de règles qu'il faut respecter, et qu'ils respectent absolument sans exception. Par exemple, traverser quand le feu piéton n'est pas vert, on ne fait pas ça. (Même s'il n'y a pas eu de voitures depuis 5 minutes!). S'assoir momentanément sur un rebord ou une chaise qui n'est pas prévue à cet effet, on ne fait pas ça (même s'il fait 40 degrés et qu'on a marché toute la journée). Manger ou se moucher en public, on ne fait pas ça. Tu mets ton masque même s'il n'y a personne, tu t'excuses même si c'est l'autre qui gène, bref tu ne te fais pas remarquer et tu ne crées pas de conflits.

Cette tendance à respecter toutes les règles permet en revanche un tas de choses inimaginables en France : il n'y a jamais d'antivols dans les magasins, un grand nombre d'objets sont disposés en dehors sous la surveillance d'absolument personne, on peut aller jouer aux fléchettes en se servant dans les pots prévus à cet effet : il n'y a jamais de vols !

Pour être honnête, il y a bien un - et un seul - endroit où j'ai vu les Japonais réellement se lâcher et transgresser les règles : sur la route. Je suis en effet parti en road-trip d'une semaine avec une voiture de location, et j'ai pu constater par moi même l'ampleur du phénomène. Les véhicules qui roulent en moyenne à 30km/h au dessus de la limite, les camions qui te doublent dans la file la plus rapide ou bien qui ralentissent mais ne reviennent pas sur la plus lente, la rangée de camions qui t'empêche alors de passer à l'entrée d'un tunnel, ceux qui doublent quand tu t'apprêtais à le faire, ... 😤.

Vous remarquerez que le volant est à droite !

Enfin, il y a la fameuse politesse. J'ai déjà bien parlé de ce sujet, mais je tenais à rappeler l'absurdité de ce système. On évite de te dire de te décaler quand tu gènes, mais alors la personne reste coincée derrière toi ou bien elle te pousse comme si de rien n'était. On évite de dire aux clients de sortir quand ça va fermer, alors on lance une musique caractéristique qui signifie globalement : "c'est l'heure de dégager". On a mis du temps à s'en rendre compte, mais c'est effectivement toujours la même mélodie qui est jouée à l'heure des fermetures (on a cru reconnaître "ce n'est pas un au revoir"), et cela rend le jingle tout de suite plus agressif. Ce passif-agressif est quelque chose que l'on ressent beaucoup en tant qu'étranger. Typiquement, quand les Japonais veulent te dire que tu n'as pas le droit de faire quelque chose, la réponse typique est un petit "dame" avec les bras disposés en croix. "Puis-je passer ici?" -> "INTERDIT 🙅". Croyez-moi, on est assez surpris quand on reçoit ce genre de réponse. Bref, je trouve donc la "politesse" un peu hypocrite par moment, et surtout inutilement compliquée. J'ai par ailleurs écrit un petit rapport en anglais sur l'amitié au Japon, et en quoi c'est très difficile de se faire des amis justement à cause de ces conventions de politesse. Vous pouvez le retrouver ici : making friends in Japan. Pour résumer rapidement, les Japonais sont très timides, sortent peu de leur zone de confort social, et la communication est basée sur des conventions qui rendent le processus très long et d'une grande complexité. Aussi, le fait qu'une grande partie de la communication soit basée sur ces conventions font qu'il n'y a parfois aucun réel échange en soi, et cela pourrait expliquer en partie la grande solitude (statistiquement démontrée) du pays.

Une petite dernière contradiction que je tenais à ajouter car m'énerve un peu : l'hypocrisie des Japonais envers la nature. Ils se considèrent très respectueux de celle-ci, et c'est vrai quand il s'agit de préserver la flore : les paysages sont très verts, il y a des fleurs partout et bien plus d'insectes qu'en France. Mais pour ce qui est des animaux... J'étais déjà choqué du peu de places qu'ils avaient dans les zoo, mais c'est encore pire dans les animaleries. On en trouve un peu partout et on peut y voir des oiseaux en cage, des poissons en surnombre, des chiens en vitrine... Ça ferait scandale en France. Ils n'ont en fait très peu d'empathie pour les animaux domestiques qu'ils traitent plus ou moins comme des machines, à la Descartes.

Bref laissez moi vous raconter une succession d'événements cocasses qui illustrent bien tous les propos précédents. C'était quand on était en weekend à Hakone tous les quatre. Le soir où nous nous baignons dans le lac, à 2 heures de matin, on faisait un peu les fous. Sortir aussi tard, faire du bruit avec de la musique ou en criant dans ce petit village abandonné, se jeter à l'eau, pisser dehors, c'était trop pour le Japon. Ugo-Paul et moi nous sommes pris deux parpaings de suite dans les pieds en sortant. On s'est dit que le karma nous frappait pour notre égarement. À peine plus tôt, nous étions dans la ville de Gôra, réputée ultra touristique, et tout était fermé. Aucun onsens d'ouverts, pas un chat dans les rues. Nous avions pris un free-pass pour avoir les transports en commun illimités, mais la moitié des lignes de bus ne l'acceptaient pas. Bref, le dernier soir, nous étions allé à un onsen tout au fond de Hakone. Vers 19h30, il fallait vite partir pour ne pas louper le dernier bus (oui c'est tôt), mais le téléphone de Nathan n'avait plus de batterie en arrivant à la gare de Odawara. Le problème était que chacun avait son ticket sur son smartphone ; c'était un lien avec un QR code et une horloge qui s'écoulait en temps réel. Fort heureusement, Nathan nous avait envoyé un screenshot de son ticket avant que celui-ci ne s'éteigne. Nous sommes arrivés devant le contrôleur du guichet et lui avons expliqué la situation. Notre train (le dernier possible) partait dans quelques minutes. Je lui ai montré mon ticket, puis celui de Nathan. "Dame🙅". Nous lui montrons qu'il n'a plus de batterie, que nous avons fait un screenshot juste avant. "Dame🙅". En effet le temps ne s'écoulait pas sur l'image, évidemment, donc aucun moyen de vérifier qu'il s'agissait d'un vrai ticket. C'était la première fois que nous utilisions un système aussi con. Quoi qu'il en soit, aucun moyen de faire accepter au contrôleur qu'il fallait bien qu'on rentre. Nous nous sommes alors dépêchés pour trouver une prise dans la gare, afin de rallumer le téléphone de Nathan. "Vous ne pouvez pas faire ça non plus" a-t-il alors ajouté, puis nous a indiqué un konbini au loin où il y avait un ATM. Il voulait donc que nous sortions du cash pour acheter un nouveau ticket (car on ne peut pas charger sa carte par CB évidemment). Mais il était de tout manière hors de question de racheter un ticket alors que nous en avions déjà un pré-payé. Nous somme alors allés un peu plus loin pour charger discrètement puis sommes revenus avec 3% de batterie, et le ticket de Nathan qui fonctionnait. Le contrôleur nous laissa passer comme si de rien n'était, tout était en règle. À quelques secondes prêt nous loupions le train.

Nous voulions ensuite manger à Noborito, avant de prendre notre second train jusqu'à Tokyo. Il devait être 20h et Google Maps indiquait que les restaurants étaient ouverts. Nous sommes arrivés dans une ruelle un peu étrange, avec des hommes tatoués et habillés en costumes noirs. Le ramen où nous voulions aller était fermé. Heureusement un Burger King se trouvait un peu plus loin ; les portes étaient ouvertes. On rentra à l'intérieur, il n'y avait personne, on appela la femme de ménage, qui vint seulement après 3 appels, pour nous dire que c'était fermé. Il était clairement écrit 21h sur la porte, m'enfin... On s'est alors résolu à acheter des snacks au konbini du coin puis sommes allés attendre notre train. Heureusement, il y avait quelques bancs à cet endroit-là, ce qui est très rare au Japon. On a mangé sur place comme de bons étrangers, ce qui est bien évidemment mal vu. Pas de poubelle en vue bien sûr, donc on a gardé nos déchets sur nous tout le trajet. On s'est posé dans un coin du train, mais des places se sont libérées à l'autre bout ; on s'y est installé. J'ai alors vu du coin de l'œil un papi qui sortait en courant du train pour aller voir un contrôleur, puis qui est revenu. Je me suis demandé s'il ne nous avait pas rapporté pour avoir mangé dans la gare. Quelques instants plus tard, le train démarre et Ugo-Paul se rend compte qu'il n'a plus son portefeuille. J'ai alors le déclic. Je vais voir le papi pour lui demander s'il n'a pas vu un portefeuille sur la banquette. Celui-ci l'a donné au contrôleur... Nous sortons donc à la prochaine station pour faire demi-tour. Arrivé de nouveau à Noborito, le contrôleur ne l'a plus, il faut se rendre aux objets trouvés. On sent que ça va devenir casse-cou*****. En effet, en arrivant au guichet, ce n'est pas une mais trois personnes qui s'occupent de nous, on doit décrire l'objet, remplir des papiers, pour enfin récupérer ce foutu portefeuille. On reprend le train. Une femme alcoolisée se met à vomir à côté de la porte. Elle garde son masque sur elle et personne ne vient l'aider. J'hésite à lui proposer de l'eau mais elle sort à l'arrêt d'après, toujours en gardant son masque. Au Japon, il vaut mieux sauver les apparences que son confort. On arrive à Hiyoshi vers 23h, en n'ayant mangé que quelques gâteaux. Des Japonais bourrés sont au sol, classique à cette heure-là. Nous voulons nous rendre au McDonald ouvert 24h/24, mais celui-ci est fermé, comme par hasard. On observe un message étrange placardé sur la porte "fermé car les quartiers sont devenus dangereux, faites attention." Nous regardons autour de nous, tout est relativement calme. On repense alors aux vieux qui s'écartent de nous dans le métro, aux gars bourrés qui nous disent de ne pas rendre le Japon "unsafe". On se dit que ce pays a un petit problème. On est alors obligé de manger au dernier resto d'ouvert du coin, le Yoshinoya. Le serveur est franchement peu aimable, et le plat que je commande est abominable. Des légumes verts gluants, une pate blanche que je pensais être des œufs mais qui s'avère être une sorte de purée de radis sans sel, de la peau de poulet cuite à l'huile, et du riz. Ce soir-là on s'est tous dit qu'on aimerait quand même bien rentrer. Les différences culturelles, ça a du bon un certain temps, mais parfois on a juste envie de souffler un bon coup chez soi. En sortant, un étudiant de Keio me reconnaît, il vient de finir son part-time job, à minuit. Il me dit qu'il faudrait qu'on se refasse un resto un jour, puis je n'ai plus jamais eu de nouvelles de lui.

J'aimerais conclure sur des notes plus positives, car mes propos précédents étaient consciemment quelque peu caricatural (même si c'est réellement ce que j'ai vécu). Tout ce que j'ai dit n'enlève en rien à la beauté du pays - comme vous le verrez encore dans les deux prochaines blogs sur mes roadtrips - et ce n'est pas comme si je ne supportais complètement plus les Japonais. Ils sont effectivement nés dans une société que je caractériserais d'inutilement compliquée, mais beaucoup considèrent que cela fait son charme, en tout cas pour ma part je trouve que c'est un aspect qui les rends attachants. Ils n'ont pas été habitués à remettre en question tout ce qui les entoure et ça a parfois du bon de s'en fier aux traditions, c'est même rassurant par moments. On les sent unis, dans le sens qu'il y a comme un accord tacite à respecter, qui les lie tous entre eux. Et c'est toujours amusant de les voir paniquer quand ils ont affaire à des étrangers qui ne respectent pas toutes ces conventions. On sent qu'ils essayent par moments de s'ouvrir, même si il faut l'avouer, ils ne le font pas très bien.

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Après les quelques voyages récents que j’ai faits, il était temps de me recentrer sur les cours et des activités plus traditionnelles.

C’était en effet un peu le zbeul car j’avais un grand nombre de rapports à finir. Étant donné que je ne fais pas moitié cours moitié recherche comme la plupart des étudiants internationaux, j’en avais bien plus à rendre. Néanmoins j’ai réussi à tout terminer à temps, tout en calant quelques petites activités par-ci par-là.

Nous sommes par exemple allés dans un café à billards. C’était sympa et pas trop cher. Je me suis rendu compte que quand on se fie à la théorie ce n’est pas si difficile comme jeu😂. Il y avait aussi l’anniversaire de Théo, qu’on a fêté avec Masashi, un Japonais qui était en double diplôme à Centrale. On s’est posé dans un izakaya (bar où l’on mange des petits plats) et on lui a offert un maillot de foot de l’équipe nationale. On l’avait acheté au DonQuijote, un magasin qui vend de tout et n’importe quoi : KitsKats à tous les goûts, ventilateurs portatifs, montres de luxe ; il y a même des rayons «adultes » particulièrement étranges (on reconnaît bien le Japon sombre). Un objet qui m’a bien faire rire étaient les chaussons en forme de croissants.

Il a aussi été question de faire traduire nos permis de conduire. Pour cela il fallait se rendre à une agence assez loin et payer environ 30€. Après cela, la traduction sert de permis au Japon et est valable 1 an. On a mangé des tempura et autres légumes panés à côté. J’ai goûté à des kitsune ramen, ce qui signifie littéralement ramens au renard. Mais le morceau coloré au dessus est en fait un bout de tofu sucré (comme leurs omelettes sucrées, ignoble) ; askip c’est la bouffe adorée des renards…

On a aussi refait un karaoke à Hiyoshi. C’était bien plus drôle cette fois-ci puisque on étaient entre amis français. L’enchainement Unravel, Blue Bird, l’Attaque des Titans et My Way était incroyable. On s’est baladé dans le quartier un peu bourré : on a joué avec un frisbee qu’on avait trouvé par terre et on s’est arrêté à un square où un clochard dormait ; il était content car on lui a tous payé un dédommagement. Malheureusement la plupart de nous eurent le Covid après cette soirée, j’ai donc passé la semaine suivante en isolation. Je dois avouer que les deux premiers jours étaient plutôt désagréables (je me suis même évanoui dans ma salle de bain), mais au moins après j’ai été obligé de me mettre au travail sérieusement.

Environ une semaine après j’allais mieux, on s’est donc retrouvé à Musashi-Kosugi (gare la plus grande à proximité) pour déguster des petites patisseries et préparer notre roadtrip à Kyoto qui arrivait. Il y avait aussi un grand magasin de jouet où l’on s’est bien trop amusé pour des adultes😂. En même temps c’est rare en France de trouver autant de goodies Nintendo et Pokemon au même endroit… On a joué au jeu de celui qui trouve le pire cadeau à 100 yens. J’ai reçu une montre buzz l’éclair et j’ai offert une bétonnière miniature ; je crois que j’ai gagné.

On est aussi allé à Ikebukuro, l’une des grandes stations de Tokyo, où se déroule d’ailleurs l’anime Durara. On retrouve là bas divers magasins liés au monde de l’animation, notamment un store Evangelion (anime iconique du pays). La station est aussi réputée pour ses nombreux cosplayers, on trouve des gens déguisés absolument partout. C’est un peu étrange car il y a plein de mecs déguisés en femme et des filles avec des faux yeux agrandis par le maquillage (pour ressembler davantage à leurs personnages).

Ikebukuro (et un tournoi de cartes pokémon) 

On a aussi voulu tester une autre salle de muscu un peu plus loin, mais on a vite pété un cable. Il fallait respecter un milliard de règles : prendre un numéro, rentrer que quand on est appelé, réserver certaines zones pour ne pas encombrer, bien laver chaque machine, enlever ses chaussures aux vestiaires, uhh. On s’est consolé au KFC. On a de toute façon testé tout un tas de burgers de Tokyo, donc le corps d’été ce sera pour plus tard 😅.

Enfin, on est allé au musée Ghibli où je voulais tant aller depuis un moment. Ce n’était qu’à 1h de Tokyo et ne coûtait qu’environ 10€. En revanche je l’ai trouvé un peu décevant. Il n’était pas très grand et il y avait beaucoup de monde. C’est un petit bâtiment au milieu d’un grand parc, avec à l’intérieur des escaliers un peu partout comme à Poudlard. Il y a des diverses salles à thème et une statue du géant du Chateau dans le Ciel sur le toit.

Et puis un beau jour, on apprend que Shinzo Abe, ex premier ministre du Japon, a été assassiné. Moi qui ne connaissait rien du tout au monde politique japonais, je n’y ai pas fait trop gaffe, mais je me suis vite rendu compte que toutes les chaines TV en parlaient, et pas seulement au Japon. Un fou l’aurait tué en pleine rue avec un gun fait maison, pour des raisons absurdes décorrélées de la politique. Le lendemain, il y avait des flics partout à la gare de Hiyoshi et un politicien qui faisait un speech à une grande foule. Je me promenais autour en attendant mes amis et je sentais le regard suspicieux de certains flics. Je me suis dit que si le tueur avait été étranger, on aurait été vraiment dans la merde. Si ça se trouve le speech auquel la foule applaudissait scandait qu’il fallait plus de sécurité et moins d’étrangers, qui sait. Néanmoins quelques jours suffirent pour que tout revienne à la normale. Jean-Phi m’a dit que la plupart des Japonais ne sont pas tant affectés que cela. Ils sont habitués à des cataclysmes de grande échelle : tsunami, bombe nucléaire, … Alors un homme politique en moins, c’est de la simple actu ; les pays internationaux en ont fait un plus gros drame que ce n’était. En plus il n’était pas très apprécié d’un certain nombre.

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Publié le 13 août 2022

Ayant tous terminé nos échéances pour les cours (en vrai il me restait deux projets et deux examens), nous avons décidé de partir en roadtrip jusqu’à Kyoto. L’idée était de partir en voiture et longer la côte ouest du Japon, en passant par le Mont Fuji, Nagoya puis Nara Osaka Kyoto. Le problème était que nous nous y étions pris la veille ; il ne restait pas beaucoup de voitures en location. Heureusement, après une heure de recherche chacun sur nos téléphones posés au Gasto de Shibuya, on a trouvé un bolide à prix abordable (~440€ au total pour une semaine) et pas loin de chez nous. On a alors aussi pu réserver un logement pas loin du Fuji, un peu plus cher (~30€ la nuit).

Nous sommes donc partis le dimanche 17/07 à 16h, à trois seulement au début ; Nathan ayant déjà fait le Fuji, il nous a rejoint à Osaka plus tard. J’ai laissé Théo et Ugo-Paul conduire au début car je n’étais pas encore serein à l’idée de rouler à gauche (le volant et le levier le sont aussi). En plus, on a vite découvert à quel point la conduite au Japon est rocambolesque, comme expliqué dans un article précédent. En revanche c’est très joli. La verdure est très dense autour des autoroutes, et on arrive vite à des paysages plus campagnards que ceux de Tokyo. C’est un peu moins beau vers les grandes villes, comme partout je pense, mais c’est amusant de découvrir les panneaux de direction absurdement complexes ou bien les routes qui se chevauchent comme des attractions à loopings. Les arrêts d’autoroute sont sympathiques, il y a plein de spécialités à manger et des peluches Ghibli en vente.

Notre premier logement se trouvait derrière le mont Fuji. C’était une guesthouse très chill, avec une vibe hippie (décorations à l’effigie de Bob Marley, Che Guevara, Peace’n’love). Il y avait un lounge avec une guitare, on a mangé nos ramens instantanées tranquillement en jouant aux cartes. On ne voyait pas bien le mont avec toute la brume sur la route mais on a pu l’apercevoir le soir depuis notre chambre, c’était chouette. J’ai découvert par contre la plus grosse araignée de ma vie, dans mon futon. Les hôtes semblaient ravis d'avoir des français et très impressionnés par la carrure d'Ugo-Paul (c'est le scénario classique de toutes les destinations où nous allons, généralement suivi d'un "sugoi, atama ii !" quand ils apprennent qu'on est à Keio). On a joué à Catan avant d'aller se coucher pas trop tard.

Le lendemain, on est parti au Fuji-Q, un parc d’attraction juste en bas du mont Fuji. Les vues étaient incroyables, par contre la moitié des attractions étaient fermées et il fallait attendre des heures pour celles ouvertes… En même temps il n’y a qu’un passage à chaque fois, ils font faire des chorégraphies pour se souvenir des consignes à chaque passage, et des gens «prioritaires » peuvent doubler en payant plus à chaque attraction. Une fois l'attente passée cependant, les attractions étaient chouettes : il y en avait une où l’on finissait trempés (qu’on a malheureusement faite en premier), et une avec la pente la plus élevée du monde ! (Si on peut encore appeler ça une pente). On a goûté à un hotdog coréen, il s’agit de fromage entouré de pomme de terre frite avec des sauces un peu sucrées (j’avoue avoir un peu du mal avec ce genre de snacks sucrés-salés). Il y avait aussi différentes zones à thèmes : Thomas the train (ça m’a rappelé les squares en Angleterre), Gaspard et Lisa (quartier qui imitait Paris, c’était cliché mais ça sentait bon), mais surtout le village de Naruto ! Il y avait des statues des personnages connus et les fameux ramens Ichiraku, mais sinon c’était un peu décevant car pas très grand. De toute manière Naruto n’est plus du tout un phénomène au Japon, c’est déjà trop vieux (à ma très grande déception).

Ensuite, le plan était de grimper le mont Fuji de nuit, pour voir le lever de soleil. On est monté en voiture après manger ; la route jouait de la musique ! L’idée était de rejoindre la 5ème station et de monter jusqu’au sommet. Seulement, on s’est vite fait stopper, l’accès aux voitures étant fermé en saison. Malheureusement le dernier bus pour monter était déjà parti (il n’était que 19h), c’était foutu…

Heureusement, puisque nous n’avions pas encore réservé de logement pour la suite, nous avons pu improviser. Nous ferions le Fuji au retour, et nous partions tout de suite pour Nagoya, à 3 heures de route. On a découvert ce soir-là la terrible conduite des Japonais la nuit, ainsi que les camions tunés à balle. On a réussi à réserver sur la route un hôtel à prix franchement abordable. En arrivant on s’est rendu compte que c’en était un archi classe ! En fait, il y a souvent des réductions de dernière minute, si bien que tout faire au dernier moment est tout à fait rentable, et nous laisse plus de flexibilité. La dame à l’accueil avait un énorme accent (même nous nous en rendions compte, c'est dire).

Nous avons donc visité Nagoya durant la journée du mardi. Il pleuvait et il n’y a pas non plus énormément de choses à faire là bas. En plus pas mal de choses étaient fermées (comme d’habitude…). Mais le château de la ville était sympa, on a croisé deux samouraïs au passage. Il y avait aussi un temple dans un parc, similaire au Meiji Jingu de Tokyo, avec des coqs qui s’y baladaient. Pour ce qui du reste de la ville, j’ai trouvé que ça ressemble un peu à à Chicago, en moins grand bien sûr.

Ensuite, nous avons repris la route vers Nara en fin d’après-midi. On est passé par une zone portuaire qui faisait penser à Detroit. Tout était rouillé et faisait vachement paumé. Mais c’était quand même amusant de découvrir ces paysages différents de Tokyo. Nous nous sommes arrêtés sur le chemin à Yokkaichi pour manger des ramens puis avons roulé jusqu’à notre nouvelle guesthouse. Celle-ci était à nouveau incroyablement chill, et en plein cœur du parc. Nous sommes arrivés dans la nuit donc il y avait bien moins de daims que quand j’étais venu de jour, mais on a tout de même croisé un petit groupe sur le chemin. Théo et moi avions un devoir à terminer puis nous sommes allés nous balader de nuit avec des lampes frontales. C’était incroyable. Il y avait en fait plein de daims dans les bois ; on voyait leurs petits yeux apparaître quand on braquait les lampes vers la pénombre. Les temples étaient vides mais encore allumés. Se balader comme ça sans touriste dans tout le parc était un privilège inouï.

Le lendemain, nous avons visité les lieux touristiques majeurs de Nara. Pendant que Théo et Ugo-Paul visitaient le Tôdai-ji, je me suis installé dans un coin calme pour lire mon livre de Kawabata. Un photographe prenait en photo un couple de jeunes mariés à côté d’une mare où nageaient tranquillement des carpes de toutes les couleurs. J’ai pu cocher des lieux que je n’avais pas vu la première fois, dont une grande pagode connue et un étang très reposant (et super romantique au passage, j'y penserai pour le futur). Certains lieux étaient fermés en revanche, comme le Jardin Isuien ou la Kinari pizza… Au moins ça me donnera de bonnes raisons de revenir. À la place on s’est consolé devant des mochi fait-maison (on a assisté à leur préparation!), et du tonkatsu de qualité.

Ensuite il était temps de partir vers Osaka. Les deux bg ont visité le château et Nathan les a rejoints tandis que je terminais un devoir dans Tully's à côté. On a ensuite passé la fin de la soirée à Dotonbori, le quartier sympa de la ville où se trouvait aussi notre guesthouse. C’était dans une rue un peu cringe en revanche… Une femme nous a supplié plusieurs fois quand on passait de nous masser. C'était l'équivalent du kabukichô je crois. On a joué au billard dans un bar asiatique, pas Japonais pour sûr ; et mangé des okonomyaki.

Jeudi : départ pour Kyoto à quatre. Ce n’est qu’à 1h de route d’Osaka mais il fallait ensuite trouver un parking 24h pas trop cher et c’était franchement un enfer. On a retenu la leçon : toujours trouver un logement avec parking. Notre chambre se trouvait dans un petit hôtel au cœur de Kyoto ; l’homme à l’accueil était français. Ça se voyait que c’était le genre de gars qui parle très bien japonais et qui s’est bien assimilé à la culture, mais qui en échange est très mal à l’aise quand il revoit des personnes françaises. On s’est installé à midi dans un petit restaurant pour manger des yakisoba puis nous avons fait quelques visites : Fushimi Inari (la promenade des tori) et Gion (le quartier pour sortir). C’était amusant de repasser dans ces lieux avec d’autres gens: on ne passe pas exactement par le même chemin, on va plus loin, on observe d’autres choses. On a goûté des spécialités de la ville : petites friandises triangulaires fourrées à la pate de haricot rouge (pour changer😂). On a ensuite mangé le soir chez Kichi Kichi, un chef qui fait des « omurice » (omelette au riz) de façon assez spectaculaire et qui est très connu sur Tiktok. Enfin on a passé la soirée dans un bar karaoké où était déjà allé Théo il y a quelques années pendant une colo. Ça lui a donné une bonne claque nostalgique.

Le lendemain, pendant que les autres visitaient le Nijôjô, j’ai bu un café tranquillement dans une petite enseigne pas loin du palais impérial. On a ensuite visité le palais, puis le pavillon d’argent, le pavillon d’or, et enfin la forêt de bambous. C’était bien plus pratique de se déplacer d’un point à l’autre avec la voiture. J’étais content de cocher des lieux que je n’avais pas eu le temps de voir entièrement la première fois. Le soir, on est à nouveau sorti à Gion mais c’était un peu frustrant car il n’y avait pas vraiment de monde. Les Japonais n’ont pas vraiment la culture des bars comme le bon vieux café pop à Toulouse. Ce sont plutôt des petites enseignes, soit trop chic soit un peu étranges. On a joué aux cartes un moment dans un bar sombre où jouait du Nirvana puis on est rentré.

Ce qui est étrange avec Kyoto est que certaines parties de la ville font un peu penser à un vieux New York (grands bâtiments et taxis un peu vieillots), d’autres plus banales pourraient presque faire penser à la France, et puis on a les temples qui entourent la ville et les vieux quartiers à l’ouest qui contrastent le tout.

On est reparti ensuite sur la route le samedi, pour retenter le Fuji. Ce n’était pas si loin que cela en fait, à peine 4h30 de route, ce qui se fait très bien à trois. Nathan est rentré en bus et nous avons mangé un bon curry avant de garer la voiture pour de bon et prendre le bus jusqu’à la 5ème station.

La montée du Fuji n'est pas très longue, 6 heures suffisent environ, mais étant donné que nous ne pouvons arriver qu'à 18h max à la 5ème station et que le lever de soleil n’était qu’à 5h, il fallait temporiser. On a donc dormi deux heures avant de grimper, puis sommes partis à 20h50. Il faisait un peu brumeux encore mais nous avions espoir que tout se dégage dans la nuit. Au début nous étions absolument seuls, et d'ailleurs on se posait quelques questions (que se passe-t-il si les lampes s'éteignent? va-t-on morfler à monter ces 1400m de dénivelé?), mais on a rapidement rejoint plus de monde ; ils étaient partis plus tôt. On commençait à deviner les nuages un peu plus bas au dessus de la ville mais il faisait déjà bien sombre donc difficile de tout bien discerner. On a croisé quelques daims au début quand il y avait encore des arbres, puis le paysage devint totalement volcanique (essentiellement du gravier noir et rouge). On est passé devant une sorte de bunker en ciment, probablement conçu pour se protéger en cas de coulée de lave ou de débris rocheux. Une voix pre-enregistrée énumérait des règles de sécurité de façon très monotone par le biais d'un vieux haut parleur, ça faisait très apocalyptique. On marchait assez vite donc on a doublé pas mal, mais il fallut vite s’arrêter sans quoi nous serions en haut trop tôt. On a donc essayé de dormir à la 7ème station, mais le bruit des groupes et les lampes frontales en pleine gueule rendaient la tâche impossible. En plus, j’ai commencé à avoir plutôt froid. J’étais en fait complètement sous-équipé : petit jogging fin, t-shirt à manches courtes, pull, petite veste, … Mais quand on grimpait ça allait encore. La plupart des chemins étaient larges et bien taillés mais il fallait aussi parfois grimper un peu avec nos mains. Vers la fin de la 8ème station, je commençais à avoir vraiment froid. Les snacks devenaient de plus en plus chers à chaque station, les toilettes étaient payantes, et c’était interdit de s’abriter dans les salles chauffées si on n’avait pas réservé de chambres. Résultat : des salles étaient chauffées avec quasiment personne dedans et nous on se caillait dehors. On a hésité à prendre un bol de ramens chers pour se réchauffer mais on a préféré attendre la 9ème station ; celle-ci s’est avérée n’être qu’une rangée de bancs et rien d’autre… Je n’avais pas trop de mal à respirer mais Théo qui était moins habitué aux randos avait quelques nausées. On a continué à avancer à notre rythme pour se réchauffer. Mais on a vite fait face à un soucis majeur. Nous étions maintenant au niveau de tout un tas de groupes qui allaient à deux à l’heure. Les chemins étaient parfois trop étroits pour doubler convenablement, mais c'était surtout redevenu impoli de passer devant car cela risquait de gêner légèrement les déplacements des Japonais (ils longeaient tous le flan de la montagne à la queue leu-leu). Le vent froid soufflait très fort et nous marchions à deux à l’heure, parfois en surplace. C’était insupportable. On est arrivé au sommet vers 3h50 et il fallait maintenant attendre le lever. Comme il y avait beaucoup de monde, on a réservé une bonne place assise et on y est resté. Je me suis enveloppé dans mon poncho et j’ai attendu patiemment (je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie). Ensuite, le soleil se leva progressivement. La vue était franchement magnifique.

La descente était pénible. Je tremblais des jambes et il fallait rester constamment gainé. On se laissait glisser sur le gravier pour moins se fatiguer mais c’était très long. J’avais eu si froid en haut mais avec le soleil levant je me mis vite en short t-shirt. Arrivé en bas je me sentais sale mais content d’être arrivé. On étaient dans les premiers à être descendus (on a tracé) donc c’était très calme. Le bruit des petits oiseaux dans les arbres à 6h du matin a un certain charme.

On s’est pris une pizza au Gasto puis on a tenté une sieste dans la voiture mais c’était trop peu confortable. Comme je pétais la forme (j’étais shooté au café et à la D), je nous ai reconduit jusqu’à Tokyo.

Et le lendemain j’avais mon dernier examen à passer😂

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Le road trip à Kyoto était génial, on s'est senti vraiment plus libres avec la voiture et on a vu plein de lieux intéressants en peu de temps. On n’a pas fait les comptes du coût total en transports en revanche mais c'était clairement plus que prévu. Les péages surtout étaient chers, l'essence était plus correcte. Petite anecdote d'ailleurs, certaines stations s'occupent de remplir notre réservoir à notre place. Ils nous ont même donné des chiffons pour essuyer les vitres à l'intérieur tandis qu'ils s'occupaient de l'extérieur, puis nous ont filé un paquet de mouchoirs entier (petit quiproquo cocasse d'ailleurs car je ne comprenais pas ce qu'ils voulaient que j’en fasse).

Ensuite, les gens se sont mis à rentrer progressivement en France, d'abord Nathan, puis Ugo-Paul. On a donc profité des deux dernières semaines pour terminer les activités que nous voulions tous faire à Tokyo. On est par exemple allé à une rue pas loin de la Skytree, réputée pour la vente d'ustensiles. Il y avait des magasins de céramiques que maman adorerait, des bazars avec toutes sortes de poêles et de théières, et des magasins de couteaux très chics. Il y en a un qui faisait vraiment penser à un Apple Store, mais pour les couteaux. On a aussi gouté aux "meilleurs" fluffy pancakes de Tokyo. Ils étaient vraiment chers, environ 12 euros pour 3 pancakes, mais c'était bon. On a fait du shopping pour terminer nos emplettes de cadeaux ; j'en ai plus fait aux autres qu'à moi je crois finalement. En tout cas c’est toujours très amusant de faire les magasins au Japon. On trouve de tout dans les malls : souvenirs traditionnels, magasins spécialisés dans la dégustation et même la confection personnalisée de KitKats, d’autres pour faire la promotion du nouveau One Piece ou bien commémorer des oeuvres plus anciennes : je pense à Ultraman qui est ultra populaire ici mais qu’on trouve franchement ridicule (une sorte de power rangers qui me fait penser à un poisson), ou bien Evangelion qui est réellement un phénomène culturel, bien plus que je ne le pensais. Après on retrouve évidemment aussi tout un tas de goodies Demon Slayer et Jujutsu Kaisen, les deux shonens du moment. On a visité un peu plus le quartier autour de la Tokyo Station, qu’on avait pas trop fait avant. La gare a une esthétique particulière, un peu ancienne, et donne un contraste surprenant avec tous les buildings à côté. On est passé devant un café Stranger Things, un magasin d’art urbain (j’adore l’esthetic pop japonaise), un ikea (les boulettes 😍) et puis on a fait une dernière sortie à Shibuya, au bar "the church" et la boite Camelott où nous sommes allés quelques fois. On est sorti juste avant le départ de Ugo-Paul, donc en pleine semaine. Il n'y avait personne mais on s'est bien amusé, en plus on est rentré gratuitement.

J'ai aussi exploré un peu plus en profondeur la bibliothèque du campus ; il s'avère qu'il y avait un étage réservé aux graduates comme nous. Il n'y a personne là haut et on y trouve plein de vieux livres dans toutes les langues : même du Proust et Flaubert ! Je me suis un peu remis au sport, car j'avais totalement arrêté depuis quelques temps avec toutes les visites. Jogging dans le quartier, salle de muscu. On a voulu s'entrainer au sprint sur la grande piste de course de Keio, mais il y avait malheureusement ce jour-là une grande compétition sportive. En fait les Japonais ne partent pas vraiment durant les vacances d'été. Ils continuent leurs clubs de sport, ceux dans des labo ont encore des réunions de travail, et il n'est globalement pas dans leurs habitudes d'aller voir du pays pendant ce temps libre. On observait donc encore pas mal d'activité dans le campus, même trois semaines après la fin des cours.

J'ai entre autres mangé une dernière fois avec quelques personnes de ma résidence. Je n'aurais finalement pas sympathisé tant que cela avec eux : je n'ai pas eu l'occasion de faire des activités avec mon voisin allemand, les autres français se sont isolés, ce n'est qu'avec Yee Mon que j'ai développé un semblant d'amitié. C'est celle qui m'avait invité à Kyoto la première fois. Je pense qu'elle était un peu en kiff sur moi, et d'ailleurs elle ne m'a plus trop parlé après qu'elle ai appris que j'avais une copine 😂. Bref on a mangé une dernière fois ensemble quand même, elle m'a même invitée, c'était sympathique. Elle rentre en Birmanie et ne sait pas ce qu'elle fera l'année prochaine. Je dois avouer ne pas bien connaître la situation de son pays mais je pense qu'on n'y trouve pas de travail aussi facilement qu'en France vu ce qu'elle m'a dit.

Je suis aussi allé mangé un dans un vrai restaurant de sushi avec Jean-phi. C'était sympa de le revoir lui et Minako, et de débriefer un peu de mon expérience. Il y a avait aussi son fils, moitié japonais moitié français, un "half" comme ils disent au Japon. Les sushis étaient plutôt bons, mais ce qui était surtout impressionnant était le lieu. Petite enseigne, pas de menu, juste une sélection de poissons du jour et un prix qui varie selon ce qu'on prend. Le chef est très amical, Minako discutait avec lui comme si c'était un vieil ami. C'est l'intérêt des petites enseignes traditionnelles comme celle-ci, c'est vraiment une expérience plus authentique que les kaitenzushi. Les enseignes à sushi de qualité comme celle-ci ont quasiment toutes un nom qui finit par "kan", ils se connaissent tous bien puisqu'ils se font livrer les poissons par les mêmes fournisseurs, et ont probablement appris l'art du sushi dans la même école. Des célébrités assez connues ont mangé ici (il a parlé d'Alicia Keys par exemple), et il y aurait une scène de Lost in Translation qui a été tournée dans l'un de ces restaurants. Je n'ai pas vu le prix final car Jean-Phi m'a gentiment invité, mais j'aurais été curieux d'avoir un ordre de grandeur du prix. En tout cas ça m'a plutôt sauvé, car après le road trip et tous ces événements je me suis rendu compte que je n'avais plus vraiment d'argent. J'ai commencé à à calculer toutes mes dépenses et à avoir des dettes chez tous mes amis 😂. Il y a eu une fois assez cocasse où il ne me restait que quelques pièces, quasi rien sur mon compte en banque (fin du mois étudiante classique) et à peine quelques yens sur ma carte suica. J'ai du faire un cumul de toutes ces sources pour obtenir juste assez pour mon ticket de bus. Dire que si j'avais craqué pour mon onigiri juste avant je n'aurai pas pu rentrer. C'est un peu absurde de ressentir cela vu ma situation, mais j'avais l'impression de comprendre un peu ce que c'était d'être dans le besoin, sur une quinzaine de jours en tout cas.

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Publié le 18 août 2022

La moitié du groupe était rentrée mais il me restait encore deux semaines au Japon. Malgré une fin de budget évidente, j’ai décidé de partir en nouveau road trip, dans le nord du pays. J’ai emprunté un peu d’argent par-ci par-là (je préfère ne pas avoir de regrets) puis recruté Théo et deux autres français avec qui je m’entendais bien : Victor et Luc, de Centrale Nantes.

On s’est vu le lundi soir pour préparer un peu le tout. BBQ coréen puis izakaya à Shinjuku, suivi de clubbing à Shibuya. En fait on a pas préparé grand chose😂. Mais l’état d’esprit était de toute façon le suivant : on réserve le minimum à l’avance afin de pouvoir être ultra flexible. Nous partions donc uniquement avec la voiture et une chambre de louée pour le premier soir.

On a commencé par conduire jusqu’au lac Inawashiro, à 3 heures de Tokyo. On avait pris le même modèle de voiture qu’au road trip précédent, donc c’était assez facile de s’y remettre. La vue était sympa, on a senti qu’on s’aventurait dans la campagne bien plus rapidement que quand on était parti dans le sud. On a très vite croisé un paquet de rizières et de forêts denses. Le lac en question donnait une vue sympa, on s’est arrêté à une petite plage pour prendre quelques photos. On est allé ensuite jusqu’à Aizumura, où se trouve une grande statue représentant une déesse bouddhiste. On en trouve des similaires un peu partout sur l’île. On a pu la prendre en photo de loin mais le parc était déjà fermé (16h…).

On a ensuite voulu se rendre à des marécages un peu plus au nord mais la pluie commençait à devenir un peu forte. C’est là qu’on a tous remarqué des alertes météo sur nos téléphones. Il y aurait un orage très violent pile au dessus de notre tête, susceptible de générer de grosses inondations. On a décidé de laisser tomber les marécages et de se rendre immédiatement à Fukushima, dernière grosse ville avant Sendai, notre destination du soir. Seulement, on avait déjà commencé à se diriger sur le chemin orageux, il allait falloir supporter le mauvais temps un petit moment avant d’en sortir. Je crois qu’on a tous un peu stressé sur le coup, la route était recouverte d’une couche épaisse d’eau et la pluie très aggressive sur le pare-brise.

On est arrivé à Fukushima sains et saufs. On s’est garé temporairement pour prendre un café et attendre que la pluie s’arrête. La ville ne donnait franchement pas envie, absolument quelconque et entourée d’une grande zone industrielle. En plus, le café dans lequel on s’est installé nous a totalement arnaqués sur les prix. 4€ pour une part de gateau minuscule, 2€ chacun pour du jambon que nous n’avions pas commandé😅. On a donc vite repris la route pour Sendai. La ville n’était pas incroyable non plus mais il semblait y avoir un quartier sympa pour sortir tout de même ; un peu similaire à kabukichô, avec pas mal de lumières et d’enseignes un peu bizarres. Des tas de gens immobiles étaient placés en embuche aux carrefours, mais ils ont dû comprendre à notre attitude moqueuse qu’on n’était pas intéressés. On s’est posé dans un restaurant de ramens où trimait un seul employé. Ça nous faisait penser à un shônen, son rêve était sûrement de devenir chef d’une grosse enseigne, en attendant il devait se débrouiller tout seul. Le soir, on a dormi dans un capsule hotel. C’est un hotel low cost typique au Japon, on dort dans des petites capsules et pour le reste il n’y a que l’essentiel : casiers, douches, toilettes.

Nous sommes repartis sur la route après un petit dej express en konbini (melon pan et café pré-chauffé), vers Aomori où nous prendrions le ferry. Nous avons fait une petite pause pour manger à Morioka, une petite ville clairement délaissée économiquement mais avec un certain charme néanmoins. On a goûté à la spécialité locale : ramens faites à partir de pate de riz, accompagnées de kimchi et de pastèque. Ce serait un plat importé il y a longtemps par un nord-coréen. Petit espresso dans un café italien (ce n'était pas un espresso...) puis retour sur la route. La vue commençait à devenir vachement agréable. Des forêts surplombées par des petits nuages, petits villages de campagne et de nombreux tunnels coupant les montagnes. C’est génial de faire un voyage comme ça entre potes, on écoute la musique en fond en admirant la vue qui passe. Je prenais même du plaisir en tant que conducteur, on peut se permettre d'aller vite au Japon.

Nous sommes arrivés vers 17h à Aomori. On a pris les tickets de ferry puis on s'est baladé en ville en attendant le démarrage du festival Nebuta à 19h. Ce festival a lieu tous les étés et est l'un des plus importants du nord du Japon. Des chars illuminés déambulent dans la rue, tractés par des étudiants et accompagnés de danseurs et de musiciens, principalement des flûtes et tambours. Beaucoup de chars sont sponsorisés par des marques, il ne faut donc pas s'étonner d'en voir à l'effigie de Family Mart, Japan Airways ou même My Hero Academia. C'était vachement beau à voir. On a pu aussi visiter un petit temple sympathique juste à côté, où il n'y avait personne si ce n'est des carpes et des tortues. Petite anecdote marrante de la soirée : on a remarqué que deux jeunes filles nous suivaient quand on marchait le long du cortège. À chaque fois qu'on s'arrêtait, elles s'arrêtaient aussi. Luc leur a alors dit bonjour et elles sont venues nous parler timidement. On s'est rapidement présentés puis elles ont pris notre instagram avant de repartir. On les a vu au loin, littéralement sauter de joie, c'était très marrant. Par la suite, on a remonté toute la procession pour se poser dans une sorte de place au bord de la mer. Un bateau était illuminé au loin et les gens étaient tous posés autour de tables. On est parti chercher des cartes et à boire en espérant que ça parte en mode Saint-pi mais les gens rentrèrent rapidement chez eux ; on devint vite les seuls sur place (22h30...). Tant pis. On a mangé nos sandwichs et échangé diverses anecdotes sur nos autres amis (nous appartenions à deux groupes d’amis distincts à la base), avant de partir pour le ferry.

Nous avions en effet prévu de prendre le ferry de nuit. La traversée dure 4h et nous avions pris des tickets pour celui de 2h du matin. On a malheureusement découvert quelles places nous étaient réservées en montant dans le bateau : le sol, tout simplement. Les places standards des ferry au Japon sont en fait des pièces vides, sans fenêtres. On s'y assoit ou bien on s'y allonge, après avoir enlevé ses chaussures bien sûr, et on attend. J’avais l’impression d’être un migrant, voguant sur la mer vers un avenir incertain. Nous avons si mal dormi cette nuit là : il y avait régulièrement des annonces bruyantes et la lumière restait allumée tout le long.

La journée suivante fut éprouvante. Ayant peu dormi les deux nuits d'avant, je sentais que mon corps était à bout. Mais il était difficile de trouver un lieu convenable pour faire la sieste dans la ville de Hakodate, on a donc essayé de tenir jusqu'au soir, lorsque nous aurions fait le check-in de notre chambre. En attendant, on a pris un petit déjeuner à base de fruits de mer dans le marché au poisson du port. Il y avait toutes sortes de poissons et de crustacés, et notamment beaucoup de crabes et de poulpes. On pouvait même jouer à la pêche au poulpe, équivalent de la pêche au canard, mais avec des poulpes vivants..., pour les manger directement ensuite. On a préféré se prendre un bol de riz accompagné de sashimis (poissons crus), pour seulement 3€50 ! On a aussi goûté une glace à l'encre de seiche, et pris un bon café salvateur. On a ensuite visité plusieurs attractions touristiques de la ville : un petit parc fortifié en étoile entouré d'eau, un ancienne mairie toute jaune et diverses églises. En fait, on observe à Hakodate une grande influence occidentale, du fait de sa position stratégique à l’époque. On y trouve un mélange d'architectures vachement intéressant. J’ai pris beaucoup de plaisir à me poser à nouveau dans une église. Je dois avouer en avoir peu à faire habituellement en France, mais c'est vrai que le frais et l'ambiance calme qu'on y trouve sont vachement reposants. Il y aussi dans la ville une partie vieux port avec des bâtiments en briques rouges anciennes. Fait étonnant du lieu : il y a une chaine de restaurants qu'on retrouve uniquement ici, appelée "Lucky Pierrot", où l'on peut manger des burgers plutôt bon marché. Il y en a 17 en tout dans la ville. Il y aussi le mont Hakodate qu'on peut monter en funiculaire, mais le prix de celui-ci m'a démotivé de monter. Vers 16h30 on a pu enfin avoir notre chambre, on a donc fait une longue sieste avant de repartir en ville le soir. On voulait assister à un festival de musique mais le prix d'entrée était à nouveau absurdement cher. On a donc préféré se balader en ville pour la soirée. On s'est posé à un Izakaya de fruits de mers et on y a bu des "sour" pêche (à prononcer à l'anglaise ou bien "sawa") et mangé des petits tapas à base de crabe ou coquilles Saint Jacques. On a un peu discuté avec les Japonais au comptoir, c'était une expérience vachement authentique.

Après une nuit enfin reposante, on est reparti sur la route, direction le lac Tôya. On a longé la côte Est de Hokkaido pour s'y rendre, il y avait des petites digues pour les pêcheurs tout du long. C'est un peu étrange car ce ne sont pas de vrais cailloux qui sont utilisés mais des morceaux de bétons taillés dans une forme qui se veut naturelle, mais qui ne l'est pas vraiment car ils sont tous de la même. On a croisé beaucoup de maisons isolées, de couleur pastel la plupart du temps.

Une fois arrivé au lac, on a monté une petite colline pour avoir un beau point de vue et pique-niquer. La vue sur la montagne en face était bien jolie ; elle faisait penser au Mont Fuji. Un Japonais âgé était assis et peignait le paysage.

On a ensuite décalé vers Oyunuma, où se trouve un lac thermal. Ça sentait vachement le souffre ; de la fumée blanche s'évadait partout et de l'eau bleu ciel était en train de bouillir à différents endroits. On a pu apercevoir des daims derrière une petite mare, c'était très bucolique. Motivé par le lieu, on s'est efforcé de trouver un onsen encore d'ouvert avant de rejoindre notre guest house. On en avait trouvé un parfait mais ils n'acceptaient pas d'entrée après 19h. On s'est pointé à 19h pile mais le monsieur ne voulait plus nous laisser rentrer... On a quand même pu en trouver un plus loin. Dedans, on a discuté un peu avec un Japonais de Nagoya. Il était content qu'on ait assisté au festival Nebuta, mais s'est demandé ce que nous avions bien pu visiter dans sa ville à lui. On était contents à nouveau d’avoir ce petit échange authentique, j’avais l’impression de ne pas en avoir eu de tels à Tokyo. On a dormi dans le village d'à côté, Noboritsu.

Le lendemain, il était prévu d'effectuer une randonnée au mont situé à côté de Furano. En revanche, on s'est rendu compte dans la voiture que nous n'y serions pas à temps avant la fermeture du funiculaire (passage obligatoire). Heureusement nous n'avions rien réservé encore donc il était possible d'adapter le plan. On s'est dirigé vers Sapporo pour y passer la journée, nous ferions ensuite la route pour Furano le soir, et la randonnée le lendemain. Sapporo est en fait la plus grande ville de Hokkaido. On a tout de suite apprécié l’ambiance de celle-ci. La ville est grande mais pas trop busy, l’architecture un peu vieillotte et les rues larges ; on se voyait à nouveau dans une ville américaine. On est passé par divers points touristiques importants : une grande tour télévision devant des allées semblables au Champ-de-Mars (en plus petit évidemment), divers horloges et parcs. Il y avait un événement Pokémon GO ce jour-là. Une foule se tenait devant une estrade et plein de gens se baladaient avec des chapeaux pikachu. On a tous pris un chapeau et ne l'avons pas quitté de la journée. On ne s'était jamais sentis autant dévisagés. Je crois que les gens n'avaient plus l'habitude de voir des étrangers dans cette région aussi profonde du Japon. On est allé dans un centre commercial où se trouvait "l'allée des ramens". On a goûté à la spécialité de Hokkaido : les miso ramens. Pas mauvais, mais je préfère les shio ramens. Il y avait aussi une vieille brasserie pour la bière Sapporo qui a été transformée en centre commercial. Lieu très sympathique ; même les ascenseurs étaient en forme de canette à l'effigie de la fameuse bière. Pour votre information, les trois marques les plus connues de bières au Japon sont Kirin, Sapporo et Asahi.

Après le repas, on s'est posé dans un grand parc à l'autre bout de Sapporo pour faire une petite sieste. Il faisait super beau et pourtant il n'y avait pas grand monde. On s'est dit qu'en France ce serait bondé de familles qui pique-niquent. On est allé à peine plus loin pour rejoindre une sorte d'énorme plage privée. Il y avait un parking payant mais on s'est habilement garé un peu plus loin, à la française. Aucune chance que la police pense à vérifier ici. L'eau était remplie d'algues vertes donc on ne s'est pas baigné; mais ça faisait du bien d'au moins voir une vrai plage, car je n'en avais pas faite de l'été encore. On a ensuite décalé vers Furano en fin de journée. On a mangé dans un shabu-shabu (viande que l'on fait bouillir soi-même), accompagné d'un vin réputé de la région (ignoble...) puis sommes allés dormir.

Le lendemain matin, réveil assez tôt pour enfin faire notre rando. Malheureusement la météo en a voulu autrement. Il était censé faire orageux toute la matinée : pas cool. On a à nouveau changé de plan et décidé de visiter d'autres attractions dans le coin : la ville de Asahikawa, la forêt de Asahi et la ferme Tomita. Il n'y avait pas grand chose à faire à Asahikawa. On a pique-niqué dans un parc, plutôt mignon mais complètement vide (peut-être à cause du temps pluvieux). L'Asahi Forest se trouvait à peine plus haut dans les montagnes. Cependant elle s'est avérée n’être en fait qu’un spot de camping ; il y avait bien une forêt à proximité mais il fallait s'inscrire à l’avance pour la visiter car elle était assez dangereuse (présence d'ours notamment). C'était amusant tout de même de visiter cette région ultra campagnarde ; la liberté qu’offrait la voiture nous suffisait. On s'est arrêtée à une sorte d’arrêt d’autoroute, mais pour la montagne, vide. Quand on a mis les pieds sur le pont en bois, un nombre impressionnant de sauterelles se sont mises à sautiller de partout. Il y avait aussi d'énormes insectes volants qui rodaient tout autour de la voiture et un serpent mort sur la route. À la fois excités et un peu effrayés on s'est dépêchés de bouger. Il fallait maintenant redescendre la montagne en voiture avec le peu d'essence qu’il nous restait, et la prochaine station était en fait plus loin qu'on le pensait. J'ai joué avec l'inertie de la voiture en descente pour ne pas gaspiller trop de gaz.

Une fois le plein fait, on s'est dirigé vers la ferme Tomita. On est passé par des routes magnifiques : en ligne droite à l'infini, des rizières des deux côtés avec des fleurs tout le long, des grues japonaises et hérons par-ci par-là et un temps plutôt bon finalement. La ferme était tout de suite plus touristique. Un paquet de gens se prenaient en photo le long des champs de fleurs. J'en ai prise des pas mal aussi. On a goûté à une glace à la lavande (0% goût de lavande, ils ont dû juste prendre un colorant violet et de la vanille) et du melon de Hokkaido réputé. C'était complètement hors de prix (environ 15 euros le melon entier, quand on connait le prix du melon espagnol en France...) mais vachement bon il faut l'avouer. Le soir nous retournions à Sapporo pour une dernière nuit dans le coin. On est sorti en boite sur un coup de tête et c'était franchement une très très bonne soirée (on était les kings de la soirée). En plus la chambre de l'hôtel était équipée d'un jacuzzi. Enfin, une entrée à bulles dans la baignoire quoi.

Malgré une nuit assez courte on s'est réveillé pas trop difficilement. Le plan à la base était de visiter un beer garden pour goûter à la bière de Sapporo mais on a préféré sauter cette étape.😂. À la place, on a fait escale à Otaru, un petit village sur la côté ouest de Hokkaido, réputé pour ses décorations en verre. Le village était en fait une destination vachement réputée chez les Japonais, on avait jamais vu autant de touristes dans la rues depuis que nous avions quitté l'île principale. Petite village portuaire, c'était une matinée vachement sympathique. La rue commerçante est bondée de bijoutiers, de restaurants de fruits de mer et de références à des cinéastes japonais connus, qui auraient tourné des films importants ici. L’architecture était complètement chaotique mais cela donnait un certain style.

Puis on est retourné à Hakodate pour manger un dernier Lucky Pierrot et passer notre dernière nuit à Hokkaido. Le chemin jusqu'à Hakodate longeait la côte ouest de Hokkaido, que j'ai préféré à celle de l'est. On était littéralement au bord de l'eau. Le lendemain : ferry puis redescente le plus loin possible en direction de Tokyo.

On a décidé de se stopper à Ichinoseki, une petite ville qui ferait un bon compromis de temps de route pour les jours d'après. L'hôtel était franchement médiocre et nous avions fait beaucoup de route donc ce n'était pas la journée la plus excitante du séjour. Seul fait divers intéressants : nous voulions visiter un lac en montagne sur le chemin mais on a à nouveau été pris de cours par la pluie. Nous commencions à voir des panneaux d'alerte sur le chemin donc nous avons regardé la météo et effectivement il y avait un risque sérieux d'inondations. On s'est dit que ça irait car la pluie était moins violente que la dernière fois, mais on a rapidement remarqué le niveau vachement alarmant de l'eau à côté de la route. La rivière était déchainée, d'une couleur marron et une vitesse inhabituelle, mais surtout elle était quasiment à notre hauteur. À peine plus et c'était effectivement l'inondation, on a préféré faire demi-tour.

Le lendemain, un gros morceau de route à faire à nouveau. On hésitait au départ à s'arrêter encore une nuit mais payer un jour de plus n'était pas vraiment malin si nous n'avions aucune visite sérieuse de prévue. 6h de route à deux est largement faisable, donc c'est ce qu'on a fait. On a longé la côte est du Japon pour avoir des vues plus sympathiques mais on a remarqué des panneaux étranges sur la route, qui indiquaient des chiffres en sieverts. On a alors compris qu'il s'agissait de mesure de radiations, on a regardé un peu plus attentivement la carte et on longeait en fait la centrale nucléaire de Fukushima ! Le pire était qu'on s'était arrêté prendre de l'essence à Namie, petit village qui, en cherchant sur google était cité dans des articles du style "trop dangereux selon les experts, radioactivité encore élevée", etc. On a un peu flippé mais en faisant des calculs d'ordres de grandeurs on a estimé qu'il faudrait rester plus d'un an ici pour que les taux de radioactivé aient un effet quelconque. Les articles dataient en fait de 2011. On s'est arrêté à une plage à Iwaki, la grande ville la plus proche du coin. Celle-ci aurait été repeuplée il y a seulement 3 ans. On a donc préféré ne pas se baigner et juste marcher un peu dans le coin, avant de repartir. Quelques minutes après avoir repris la route, on se trompe de route et on atterrit devant des énormes installations avec des grandes tours et des tuyaux de partout. Nouveau coup de flippe, mais heureusement il ne s'agissait que d'une centrale électrique. On s'est vite dépêché de déguerpir.

Après trois heures de route supplémentaire on arrivait enfin à Tokyo. On a vite reconnu à quel point la ville est énorme et bien différente de toutes celles qu'on avait faite la semaine passée. Les routes devenaient ultra complexes, la conduite complètement chaotique comme à Paris. C'était éprouvant de conduire autant mais on était content de notre voyage, on a visité plein de lieux différents et j'ai apprécié que ce soit la conclusion de mes voyages au Japon.

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Publié le 23 août 2022

Je tenais à faire un article recap sur la nourriture au Japon, car c’est l’un des aspects les plus importants de la vie japonaise (c'est l'un des seuls pays où l’on place le repas en activité favorite, devant l’amour).

Comme beaucoup le savent, on y mange beaucoup de nouilles et de riz. Le riz est souvent blanc et vinaigré, et servi dans un petit bol en accompagnement de quasi tous les repas, avec une soupe miso. Les nouilles elles peuvent prendre plusieurs formes : udon (épaisses), soba (plus fines, à base de sarrasin, parfois froides), ramens (avec bouillon et tous les toppings habituels), abura (sans bouillon), etc… On mange parfois les udon ou soba dans des bento déjà préparés, en konbini ou dans des magasins spécialisés. Les ramens sont plutôt le repas fonce-dalle, l’équivalent du kebab en gros ; certaines enseignes sont ouvertes toute la nuit, d’autres plus raffinées n’ouvrent qu’à des horaires précis. Je n'ai appris que récemment à vraiment apprécier la nuance des ramens japonais. Le bouillon et la viande tiennent un rôle particulier et donnent un goût que la plupart les restaurants japonais en France ne savent pas reproduire (car ce sont souvent des Chinois…). Je trouvais ce plat un peu fade au début mais je ne savais en fait pas les déguster : ce ne sont pas des pâtes à l’italienne qui absorbent la sauce, il faut l’aspirer en même temps que les nouilles (d’où le « sluuurp » que font tous les japonais en mangeant). Il existe plusieurs variantes selon le bouillon utilisé : au sel, à la sauce soja, ou au miso ; différentes régions du pays se spécialisent dans l’une ou l’autre.

Abura soba (mon favori), udon, et deux ramens différents (dont un plutôt épicé) 

Les plats à base de riz varient entre le karaage (poulet pané), le tonkatsu (porc pané) et le poisson en sashimi (cru). Le plat est accompagné la plupart de temps de chou (l'un des seuls légumes dégusté en grande quantité, avec l'oignon vert et le soja dans les ramens). Il peut aussi être recouvert d'une sauce au curry, auquel cas on parle de "kare".

Kare à Coco Ichi, karaage de Hiyoshi, bol de sashimi au marché de Hakodate,

D’autres mets classiques du Japon sont les tempura (crevettes ou légumes panés), les gyoza (raviolis chinois grillés), le takoyaki (boulette de poulpe à la mayonnaise), l’okonomyaki (crêpe de chou accompagnée de viande), etc. On peut en manger dans des restaurants qui se spécialisent dans chacun d'eux mais on peut aussi en trouver dans des menus variés.

 Okonomyaki d'Osaka, et des takoyaki 

Il existe par ailleurs des restaurants spécialisés dans des méthodes de cuisson spécifiques : la yakiniku où on l’on fait cuire de la viande sur une grille chauffée, le shabu-shabu où on l'a fait bouillir dans une marmite d'eau très chaude, les yakitori où l’on sert des brochettes principalement à base de poulet (et on peut choisir absolument tout du poulet, de la peau aux intestins), etc.

Yakiniku et shabu-shabu

Les restaurants japonais ne sont en général pas très grands. Ce sont souvent des tables de 4, parfois sur tatamis auquel cas on enlève ses chaussures et on s’assis en tailleurs (un calvaire pour les jambes). Il y a aussi des places en comptoir. Il existe des grandes enseignes familiales, comme le Gasto, particulièrement prisées le dimanche, où l'on peut venir en plus grand nombre. Il y a une gamme de choix plutôt large mais pas forcément très raffinée, on boit au buffet à volonté et ce sont parfois des robots qui amènent les plats. J'adore travailler dans ces restaurants car il y a souvent des prises et de la wifi, et le café est illimité. Il existe aussi les izakaya, qui sont un mix entre un bar et un resto; on y commande des boissons pas trop chères ou bien à la durée, et on peut manger des petits plats en mode tapas. Enfin, on trouve aussi des restaurants internationaux. Je n’ai pas testé de restaurants français car trop gastronomiques, mais pas mal d'italiens en revanche. Les pizza peuvent être pas mal, par contre les pates… Leurs spaghetti ne sont pas assez cuites et n’absorbent pas la sauce.

Restaurant italien à Hiyoshi et yakisoba à Kyoto 

J’ai essayé quelques pâtisseries françaises aussi mais elles sont en général décevantes ou bien trop chères. Ils aiment bien mélanger tous les noms aussi.

Enfin, il y évidemment les snacks de konbini, qu’on raffole en tant qu’étranger mais que les locaux mangent peut-être un peu moins souvent. Les snacks sucrés les plus connus sont : les pocky (mikado raffinés avec un plus large choix de saveurs), les melon pans (brioche qui a ni la forme ni le goût de melon), les « baum » (sorte de brioche roulée en forme de cercle) et les doriyaki (pancakes au haricot rouge). Il y a bien évidemment les mochi, ces gâteaux à base de farine de riz gluant, qu'on raffole de plus en plus en France apparemment. En salé, il y a principalement les onigiri, snacks de riz en forme de triangle qui contiennent de la viande ou du poisson (le plus classique : thon mayo), et des sandwichs de pain de mie. On trouve aussi des burgers à moins d’1€ (j’adore) et des sandwichs aux pâtes ! On peut aussi y acheter des nouilles instantanées et du poulet pré-cuit par exemple. En bref, les konbini portent bien leur nom (de l’anglais « convenient »). J'appréciais particulièrement les café au lait sucrés "Boss" (petit canette d'environ 1 euro) et les onigiri thon mayo (ils me rappelaient le riz au thon de maman). Pas mal de snacks sont à l'effigie de personnages d'animations. Ceux du moment étaient Demon Slayer et Jujutsu Kaisen. Mais avec la sortie du dernier film One Piece "Red", tout est vite devenu à l'effigie de Luffy, Zoro et Shanks.

Pour la boisson, les Japonais boivent principalement du café au lait et du thé (noir au lait, ou vert au matcha - sorte de poudre de thé vert ultra raffinée). Il y a aussi des soda comme le Coca, le Pocari Sweat (équivalente de la lucorade) et la Caripice (boisson lactique). Tous très chimiques.

Pour les courses, on se rend dans les supermarchés une fois par semaine (date de péremption courtes). C’est un peu moins cher que les konbini et il y a des réductions le soir. Il existe aussi des « food courts », qu’on trouve souvent dans les grandes gares, et qui proposent des produits plus luxueux, du style pâtisseries traditionnelles ou bento raffinés. Je n'aurais pas beaucoup cuisiné par moi même ce semestre, par manque de temps et de motivation, mais aussi parce qu'il n'est pas évident de savoir comment et quoi cuisiner avec tous les ingrédients atypiques qu'on trouve ici (et globalement en Asie). J'ai quelques amis en revanche qui restent au Japon 2 ans qui ont commencé à s'y intéresser, ça avait l'air plutôt enrichissant. Ils cuisinent tout un tas de poissons différents, mangent des soba accompagnés de divers légumes poêlés, et se font tous les matins du riz sauté avec de l'œuf. Par contre, adieu les pâtes carbonara, les gros gâteaux et les apéro charcu-fromage. C'est peut-être pas plus mal ? En fait non, car bye bye aussi les fruits et bonjour les boissons ultra vitaminées ; au revoir les légumes verts traditionnels et les féculents variés, bonsoir la sauce soja à tout-va et l'alcool de prune sucré, excellent et bon marché.

Pour finir, il faut bien évidemment parler des sushi. Il s'agit de riz collant, surmonté par du poisson cru, souvent accompagné d'une petite algue ("nori"). Il existe différentes sortes selon la forme donnée avec l'algue (on retient en général le nigiri, sans algue, et le maki, où l'algue forme un petit cercle autour du sushi ; mais il y en a bien d'autres). Contrairement en France où l'on mange majoritairement du saumon et du thon, il y a plein plein de recettes possibles (divers poissons et cuissons). Le plus populaire reste en revanche le thon ("toro") - il en existe différentes sortes, selon la teneur en gras par exemple. On ne trouve pas de maki au fromage kiri ni à l'avocat, mais on peut en manger à l'oursin ou à la seiche. Le type de restaurant le plus prisé est le "kaiten zushi", où les plats défilent sur un train devant les tables (soit c'est par flux continu, soit par commande progressive). On trouve aussi des petites enseignes à sushi dont certaines très chic comme celle où je suis allé avec Jean-Phi. La différence de goût avec la France réside dans la température du riz (tiède, pas froid) et la qualité du poisson. Par contre je ne dirais pas comme beaucoup qu'ils sont immangeables chez nous. Enfin, il faudra que je réessaye tout de même pour m'en assurer.

 Différents sushi dont les deux derniers à l'oursin et mon préféré : thon braisé au poivre

Je me serais bien régalé sur ce semestre et j'aurais goûté pas mal de nouveautés. Il y a effectivement des aliments qui surprennent parfois (les snacks au poulpe, les prunes amers et salées, ...) mais on peut aussi trouver nos aliments habituels, ils sont juste un peu plus chers. Je pense que les Japonais cuisinent beaucoup (les mères au foyer, tout ça), donc j'ai plutôt réalisé un tour des restaurants et de la malbouffe japonaise (les deux extrêmes en soit), que la nourriture de façon générale, même si j'en ai eu tout de même un avant-goût. Je pense que les ramens et les onigiri me manqueront, mais je suis aussi bien content de retrouver la gastronomie française.

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Publié le 29 août 2022

Me voilà de retour à Toulouse. Cela fait déjà une semaine que je suis rentré en France, mais je tenais à conclure mon blog comme il se doit.

À mon retour de Hokkaido, j’ai dormi une dernière nuit à la résidence de Plume avant de rendre mon appartement pour de bon. Il me restait un tas de friandises françaises que j’avais achetées pour offrir à des Japonais. N’ayant pas été invité chez qui que ce soit, je n’ai pas eu l’occasion d’offrir ces « omiyage ». Je les ai donc donnés au staff de la résidence. Celui qui fait l’accueil le weekend était tout content, pas grand monde ne devait penser à lui lors des départs. J’ai reçu en retour une petite trousse faite à la main par la gentille dame de la résidence. Elle m'a accompagné jusqu'à l'arrêt de bus, elle semblait toute triste que je parte. J’ai ensuite amené mes deux grosses valises jusqu’au café-frite (c’est le nom de la coloc de Victor et Luc), à une demi-heure en transports et à pied. J’y ai dormi deux nuits avant de prendre mon avion.

Je suis retourné à mes lieux préférés une dernière fois : l’abura de Hiyoshi, le Coco Ichi, le Gasto, le Tully's. Un bon sushi et une sympathique sortie en boite pour bien clore mes activités. J’ai aussi passé quelques heures dans un centre commercial pour terminer mes emplettes de cadeaux. Il me restait quelques lieux à visiter à Tokyo mais j’ai laissé tomber. Ce n’est pas si important d’absolument tout faire. De toute manière il a plu durant toute la journée.

Les moments que j'aurais préférés durant ce voyage sont probablement la balade de nuit à Nara (pouvoir se balader librement dans un lieu habituellement si touristique, entourée de daims) et l’aprèm à Enoshima (le fait de se rendre à la plage sur un coup de tête après les cours👌). Il y a plusieurs choses qui me manqueront une fois parti : les objets de collection pas chers au Book Off, les konbini ouverts même à 4h du matin avec des snacks à moins d’1€, le goût particulier des bons ramens et les onigiri. La sécurité aussi: pouvoir dormir dehors sans rien se faire voler, c’est pas mal. C’était cool aussi de se sentir uniques. Car même s’ils sont parfois un peu méprisants, je pense que les Japonais sont aussi secrètement admirateurs. De notre extraversion, de notre liberté, dans une certaine mesure.

Il y a évidemment des choses qui vont moins me manquer : l’absence de poubelles publiques, la nourriture peu variée (mashallah la bouffe française !), devoir faire un effort pour bien se tenir constamment, etc. Le bruit infernal des cigales en été aussi. Pour l'anecdote, elles n'ont pas exactement le même rythme qu'en France. C'est en trois temps, avec le dernier bien plus long : bip bip biiip. Celles à Laroque font un son plus continu. Mais ici elles ont bien plus de puissance. Il y avait des chemins entre les arbres en août où c’était tout simplement intenable.

J'ai aussi remarqué depuis que je suis revenu le confort que c'est de ne pas avoir à traduire tout le temps ses mails, les menus dans les restaurants ou les panneaux sur la route. C'est marrant aussi de revenir à l'euro, mais tout me paraît cher (climax de mon retour : Mcdo à 20 euros en Suisse durant mon escale… c'était 6 euros à Tokyo!). Je n'avais par ailleurs jamais remarqué à quel point les pièces de 2 euros sont lourdes.

C'était en tout cas un plaisir de retrouver l'architecture haussmannienne de Paris. J'ai dormi une nuit dans un hôtel à Gare de Lyon, et j'étais à nouveau un touriste, dans mon propre pays. J'ai passé ma première semaine de vacances dans le sud : vers Perpignan chez mes grands-parents puis en weekend à Pézenas, pas loin de Béziers. Il y avait des vignes partout, c'était incroyable. Enfin je vois autre chose pousser que du riz 😂. Puis quelques jours en Aveyron à Fondamente, pas loin de Millau. Ça ne m'était jamais arrivé de m'extasier en voiture devant les paysages sec qu'on y trouve. En fait, l'humidité au Japon fait que tout est vert, et c'est très joli. Mais ces paysages jaunes et rouges sont aussi vachement beaux. Pendant une semaine je n'ai fait que manger : camembert, charcuterie, salade vinaigrette, tomates au gros sel et piment d'Espelette, poissons grillés à la plancha, saucisse, aligot, figues et pèches ; j'en passe.

J'en ai profité pour terminer les livres que je n'avais pas terminé au Japon. Stupeur et Tremblements tout d'abord, d'Amélie Nothomb. Ça parle du quotidien au travail dans une entreprise japonaise, en tant qu'étranger. Je n'ai évidemment pas eu accès à ce monde durant mon semestre académique mais ce qui est raconté me paraît tout à fait plausible. Il y a des scènes qui me donnent franchement une vibe 1984. Une phrase que j'ai adoré est la suivante : "Taisez-vous. Ce pragmatisme odieux est digne d'un Occidental." Il faut se plier aux ordres de ses supérieurs sans broncher, même s'ils sont absurdes. C'est un peu la même chose quand il s'agit de respecter les normes et conventions imposées par la société, aussi fatigantes et inutiles soient-elles. "(...) il était un Nippon parmi des milliers, à la fois esclave et bourreau maladroit d'un système qu'il n'aimait sûrement pas mais qu'il ne dénigrerait jamais, par faiblesse et manque d'imagination". "Le sadisme du système résidait dans son aporie : le respecter menait à ne pas le respecter". Je trouve que ces extraits font un bel écho à l'analyse que j'avais faite de la société japonaise: emplie de contradictions, et pas assez individualiste pour qu'ils s'en rendent compte. J'ai aussi terminé l'adaptation de la pièce Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi. On y retrouve l'ambiance reposante des cafés de Tokyo, que j'aimais beaucoup. Je compte finir les nouvelles de Kawabata, qui racontent des événements divers qui se déroulent dans la campagne profonde du Japon, donc dans un contexte bien plus rural et authentique.

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Publié le 13 avril 2023

Il y a exactement un an, je préparais mon voyage pour le Japon. À cette date-là, les frontières étaient déjà réouvertes, j'avais mon VISA et mes billets d'avions, mais il y avait encore le stress du test Covid. La certitude de pouvoir faire ce voyage n'aura réellement été acquise qu'une fois complètement sorti de l'aéroport de Tokyo.

Ça fait bizarre de me dire que c'était un de mes rêves les plus importants de mon enfance (au moins depuis le collège). En triant ma chambre cet été, j'ai retrouvé des listes de choses à faire au Japon, je les avais probablement écrites il y a bien longtemps et oubliées depuis. En fond de mes tiroirs, des emballages de confiseries japonaises, achetées à l'époque dans la seule épicerie asiatique de la ville. Des goodies achetés au TGS, la convention "geek" que ma mère m'a fait découvrir par hasard en tombant sur une affiche dans le métro Toulousain. Et bien sûr ma collection de mangas, qui a débuté lors de l'achat de mon premier Yu-gi-oh à la fête du livre au fin fond de l'Angleterre, puis des premiers tomes de Naruto et Bleach par mon père. Je me souviens il y a plus de 10 ans quand j'allais à la librairie Waterstones à Hitchin en espérant qu'ils aient enfin les tomes suivants (ils n'avaient qu'une vingtaine de mangas, des numéros aléatoires dans des séries disparates). Aujourd'hui le rayon manga de la fnac à Toulouse est plus grand que celui des CD et DVD combinés.

Je ne serais malheureusement pas devenu bilingue durant ces 6 mois, et je dois dire que malgré mon enthousiasme initial de continuer à apprendre la langue, je n'ai pas du tout fait de japonais depuis mon retour. Mon voyage aura en fait été bien différent de mes attentes initiales, celles de quand j'étais gosse. Depuis l'Angleterre, j'ai passé mon temps à regarder des animes (souvenirs de quand je négociais longuement le soir pour regarder un épisode supplémentaire de Naruto sur le Mac à Letchworth) , j'ai tenté d'apprendre le Go, je me suis même inscrit sur des sites en ligne pour échanger par mails avec des Japonais. Je voulais y aller, je voulais me plonger dans cette culture incroyable à laquelle je n'avais accès que virtuellement. Mais à partir de la prépa, cette passion s'est estompée. Mes objectifs se sont logiquement recentrés sur mes concours ; ma copine aussi. Bref j'ai inconsciemment abandonné l'idée de partir. Mais il faut croire que l'envie n'avait jamais totalement disparu, puisqu'une lueur est bien réapparue lorsque mon parrain de Centrale m'a parlé de son projet de partir 2 ans à Tokyo. Mes notes de première année n'étaient pas fulgurantes et il a fallu que je travaille énormément pour rattraper le tir. Puis il y a toutes les aventures politiques et administratives que vous connaissez, jusqu'à ce que je puisse enfin partir. Parfois on se donne des objectifs à atteindre un peu par défaut, ou bien pour correspondre à son ancien soi, et même si l'on n'est plus autant passionné, plus les obstacles s'accumulent, plus les choses simples que vous considérez acquises vous échappent, plus cela vous donne l'envie de lutter pour avoir votre place. Pourquoi je n'irais pas après tout ? (Au passage, c'était un pari absurde, rien n'indiquait que les frontières allaient rouvrir et si elle n'ouvraient pas, je redoublais).

Je me suis retrouvé plongé dans un pays étrange, où les étrangers sont regardés différement, où l'on ne parle pas anglais et où tout ne ressemble pas à la vie rêvée des mangas. Et c'était génial. La nourriture, les paysages, la vie rangée mais simple. Je suis passé dans les fameux quartiers à thème et les brocantes qui m'auraient fait rêver plus jeune, et ça m'a ému. C'était une émotion étrange. La magie n'était plus là, et j'en étais triste, mais d'un autre côté j'accomplissais le rêve de mon enfance. La moitié des objets que j'ai ramené sont en cadeau à mon moi plus jeune. Aujourd'hui, toutes ces babioles prennent la poussière dans ma chambre à Toulouse. Le matérialisme est vain. Ce que j'ai réellement rapporté sont les souvenirs du voyage. Il a éveillé en moi des nouveaux hobbies : photographie, voyages, contemplation des cerisiers.

Sakuras à Grenoble