Après une semaine peu mouvementée, Kobus, notre patron, est venu à la maison nous déposer des bières et de la nourriture - comme pour s'excuser de n'avoir pas assez de boulot pour nous. J'en profite pour prendre 5 minutes avec lui; je ne le reverrai pas la semaine prochaine. Je tenais vraiment à le remercier, pour la confiance qu'il a portée en moi pour supporter la team, d'avoir été un si bon employeur, de cette opportunité qu'il m'a donnée - qu'il nous a donnée - et de m'avoir permis de réaliser ce que je voulais pour moi même dans ma vie professionnelle. En lui parlant, je réalise que je m'en vais, définitivement, cette fois. Et une part de moi souhaite vraiment rester, malgré les jours de pluie, les jours de merde, malgré les engueulades et les prises de becs, les désaccords et les difficultés. Parce que c'est ma maison, ici. Je réalise aussi que tout est si différent de ce que j'ai pu expérimenter en France. Et je réalise aussi que ce sont mes dernières semaines dans l'île du Sud.
Et je suis tombée joliment amoureuse. Et j'ai un dernier voyage à faire ici, et je ne peux être plus heureuse que d'arpenter les belles routes de cette île avec James.
Mon dernier jour de boulot est finalement arrivé très vite. La journée fut parfaite. La veille, Max et Moana m'ont invitée chez eux pour échanger quelques bières - et quelques mojitos. La journée était incroyablement belle et le soleil nous a accompagné tout ce temps. J'ai supervisé Karim qui apprenait à packer, et j'ai aussi packé ma dernière palette. Comme un sentiment d'accomplissement... Oui, c'est temps de partir ! Pour ma dernière soirée, c'était takeaway et film. Parce que c'est vendredi soir. Mais je n'aurais pas voulu autre chose. Je me suis levée un peu avant 7h ce samedi matin, et j'ai dis au revoir à tout le monde, avant qu'ils ne partent au boulot. On s'est pris dans les bras, se souhaitant bon voyage, bonne continuation, et au fond de moi, je savais - je sentais, qui j'allais revoir ou non. Nos chemins pourraient bien se recroiser, quelque part dans un champ de brocoli en Australie ! Je les ai un peu foutu dehors avant qu'ils aillent au boulot, juste parce que je déteste les longs au revoir. Et j'avoue, j'ai pleuré un peu quand ils sont partis, tant j'avais le sentiment de quitter ma famille, encore une fois. La maison me semblait bien vide maintenant. Et pendant 3h, j'ai packé mes affaires, puis j'ai fermé la porte de la maison pour la dernière fois. J'ai eu un petit pincement au cœur, mais bordel, j'étais heureuse. Parce que le sentiment qui vient après vaut mille fois la peine du départ.
Après une journée de bus, j'ai retrouvé James à Timaru. J'ai laissé ma voiture à la maison, nous partagerons donc la sienne. Nous faisons un peu de shopping avant de nous diriger sur un campsite près de Dunedin. On a un peu moins de deux semaines tous les deux, et on souhaite (re)découvrir le southland. J'en ai déjà vu beaucoup, mais aujourd'hui, le voyage est différent. Nous profitons surtout de notre premier repas ensemble - le meilleur, parce qu'on n'a pas encore la flemme de cuisiner - et de notre première nuit ensemble.
J'ai également contacté quelques jours plus tôt Angèle, avec qui j'avais travaillé un bon moment. Elle avait dû quitter le boulot plus tôt que prévu après une blessure, et je souhaitais la revoir, plus que tout ! Elle fait partie de ces belles rencontres, ces coups de foudre amicaux qui vous marquent de manière indélébile. Elle nous rejoint le lendemain matin, avec son sourire rayonnant et son humour décadent. On se rend tous les trois sur Dunedin, avec un premier stop à Baldwin Street, la rue habitée la plus pentue du monde. Et effectivement, "it's really steep, hein?". Mais bon, nous ça nous a bien fait marrer deux minutes de s'asseoir en plein milieu de la route et parler de tout et de rien, de regarder les gens monter, et galérer, d'imaginer descendre en skate et se planter à la fin.
On s'est ensuite dirigés sur la Péninsule d'Otago, bien différente de sa soeur, à l'est de ChCh, dont j'avais l'habitude ! On longe la côte jusqu'à la pointe de la Péninsule. Quelques routes de cette dernière étant en travaux, on n'a pas trop le choix pour l'itinéraire, mais cela nous va quand même. On profite de ce très beau paysage et de ces routes finalement peu fréquentées. Après un rapide pic-nic sur le parking de l'observatoire des albatros (non sans subir quelques regards curieux de certains touristes), on fait le tour à pied des points d'observation. Il y a beaucoup de ça:
On reprend ensuite la route du centre-ville. Pendant qu'Angèle va checker son hostel, on va faire deux ou trois courses avec James. On se rejoint ensuite pour un petit takeaway avant de se rendre tous les trois au bowling ! Bon, on ne va pas se mentir, James nous a dégommées. Je suis archi nulle, mais je me satisfait du seul strike que j'ai pu faire en trois parties !
On se quitte finalement assez tard, et pour la énième fois je dis au revoir à Angèle. Je sais que je la reverrai, et à force, on s'habitue aussi à ce sentiment-là. On le sent, c'est aussi simple que cela, on le sait. On sait que ce n'est qu'un au revoir, et ça nous aide à tenir, même si on ne sait pas pour combien de temps (des semaines, des mois, des années?), ça nous aide à se serrer dans les bras sans pleurer.
On rejoint avec James un camp en bord de mer. Sur la route, j'ai ma mère au téléphone, et ça me fait du bien d'entendre sa voix. Maman, je sais que tu me lis, alors je vais te le dire ici, simplement parce que c'est plus facile. Mais ce que j'aime me sentir de plus en plus proche de toi.
Je me réveille tôt le lendemain, et je retrouve vite mes habitudes matinales. J'essaye de sortir du van sans trop de bruit et agrippe au passage un plaid. Le soleil est à peine levé, et ce moment m'appartient. J'ai laissé mon appareil photo dans la boite à gants, et j'ai appelé Charline, les yeux fixés sur l'horizon, à regarder le ciel se colorer de rose, d'orange, de rouge sang, colorer les quelques nuages et l'océan. J'ai regardé se dessiner autour de moi les collines et les falaises, cette île, au loin, qui se détachait si sombrement, si distinctement. Et bordel, que c'était beau.
Ce matin-là, nous avons pris notre petit-déjeuner avec douceur. C'est notre repas préféré, notre moment préféré. Ce moment où la journée n'a pas encore commencé, et où on a la chance de prendre le temps que l'on veut, où tout est possible.
Après un stop chez le garagiste pour fixer le pneu de la voiture et être passé à la pharmacie (les joies du voyage), on s'est dirigés vers les Catlins, à l'extrême sud de la Nouvelle-Zélande. J'ai déjà partagé avec vous certains de ses paysages, mais le refait avec plaisir. Notre premier arrêt se fait à Slope Point. En arrivant au phare, on se retrouve totalement seuls. Finalement, les Catlins s'avèrent un peu moins touristiques que ce à quoi on s'attendait.
La journée étant déjà bien entamée, on se met d'accord pour s'arrêter de suite à un camp, le reste des Catlins n'offrant que peu de possibilités d'hébergements. On s'arrête à Kuramea Holiday Park, un camp loin des touristes, loin de tout, mais avec un charme dingue. On est superbement accueillis par la propriétaire, et on se sent de suite comme à la maison. Nous prenons la voiture jusqu'à Surat Bay pour profiter d'une dernière marche sur la plage avant la fin de la journée. L'endroit est sublime - et désert - et on a la chance d’apercevoir à quelques mètres de nous un seal !
De retour au camp, on profite d'une douce chaude, d'un four pour un faire cuire quelques légumes et du poulet, et d'un salon pour regarder un film au chaud. Bordel, je me sens bien à ses côtés.
Le lendemain, on reprend notre route à travers les paysages incroyables des Catlins. On fait de nombreux stops tant il y a de choses à voir. On s'arrête à Purakaunui Falls. La marche est courte mais traverses une forêt quasi silencieuse - excepté le chant des oiseaux que j'ai appris à reconnaître.
Florence Hill Lookout est notre prochain stop, indispensable puisqu'il offre un point de vue imprenable sur Tautuku Beach et son incurvation parfaite, inaccessible par la terre.
On s'arrête également au Lake Wilkie qui présente un bel intérêt au regard de sa flore, puis aux McLeans Falls.
On a ensuite visité les Chutes du Niagara ! Aussi impressionnantes que les vraies !
Si, si, c'est la petite chute d'eau, là, au centre de la photo ! Bon, on savait à quoi s'attendre, mais ce trait d'humour nous a bien fait rire (oui, le gars qui les a appelé ainsi avait un humour aussi nul que le notre).
Sur le chemin, on s'est arrêté à Curio Bay, magnifique mais un peu plus touristique et surtout, plus venteux ! Si on est chanceux, on peut apercevoir des pingouins à la tombée de la nuit - mais c'est dans deux heures, et on n'est pas dans cet objectif.
Mais mon plus gros coup de coeur n'est autre que Slope Point. Les falaises sont impressionnantes, les collines verdoyantes s'étendant au loin offrent un bel espace de découverte. Et le sentiment d'être seuls.
Après une nuit un peu agitée à Fortrose en bord de mer, on a rebroussé chemin sur une petite demi-heure de route pour rejoindre Waipapa Point. Mon amour des lighthouse nous a obligé à y aller. On a aussi pu observer des sealions (se battre) sur la plage, un moment privilégié qu'on apprécie.
Ce point est aussi le dernier de notre périple à travers les Catlins. On a été très chanceux sur le temps et on espère que ça va durer. On rejoint Bluff, à l'extrême Sud, point de départ pour Stewart Island (un jour, peut-être!). On monte jusqu'au point de vue sur la bay, puis descendons à la pointe de la ville, là où commence la Highway 1.
On remonte ensuite sur la ville au nom imprononçable, Invercargill, pour quelques courses, puis reprenons la route vers l'ouest. On trouve un campsite à Monkey Island Beach, en bord de plage - oui, encore, mais je ne me lasse pas du bruit des vagues au réveil et de mes pieds foulant le sable avant d'aller me coucher.
On continue notre route sur l'ouest. Le soleil nous accompagne toujours, et pour la région, on a vraiment de la chance. On souhaite faire une petite marche dans les fiordlands et choisissons Hump Ridge Track, à Rarakau, une walk qui se fait normalement sur plusieurs jours. Pour nous, ça sera seulement quelques heures ! Le début de la marche est vraiment facile et se fait à travers les bois. Il nous faut attendre de descendre pour atteindre le point que l'on cherchait: une plage pour notre pic-nic ! C'est ce qui me fait tomber amoureuse de ce pays à chaque fois: la possibilité de se retrouver seuls, de se sentir appartenir à un endroit, quand on le souhaite. Un vrai coup de coeur !
Nous reprenons le chemin inverse et rejoignons la route de Lumsden, mon freecamp préféré. Sur le chemin, on s'arrête par hasard aux Clifden Caves pour une marche à la lampe torche dans des tunnels interminables, un vrai labyrinthe totalement dingue. Une vraie chance de tomber dessus.
Le lendemain, le réveil à Lumsden se fait tranquillement. On prend une pâtisserie à la délicieuse bakery avant de reprendre la route direction Queenstown. On se met d'accord pour une rando dans les montagnes - t'inquiètes il y aura pas trop de neige, qu'il me dit - vers le Lake Alta, une piste skiable en hiver. La grimpette en voiture est absolument éblouissante puisqu'elle offre un point de vue sur toute la région de Queenstown. On gare la voiture et entreprenons tranquillement notre ascension. Bon, et après 10min, je commence déjà à râler. J'adore la neige, mais là, deux pas en avant, un pas en arrière, c'est un peu trop. On glisse tout le temps, et franchement, ça m'emmerde un peu. On croise deux locaux, et on leur demande si le chemin est le bon. "Just follow the footsteps guys, you're not gonna die but just have wet feet" nous disent-ils en se moquant gentiment. En me voyant râler un peu, James me donne un câlin et me taquine gentiment, de quoi me redonner le sourire. L'ascension n'est pas très compliquée et même si la neige est souvent assez dure, on s'enfonce parfois d'un bon mètre !
Après cette excursion dans les montagnes (la descente était beaucoup plus drôle!), on a fait un petit tour à Queenstown, juste pour s'assurer qu'on n'aimerait pas beaucoup. La première fois que j'y avais mis les pieds, je ne m'étais pas sentie très à mon aise. Et la seconde fois se confirme; si beaucoup de gens ont un véritable coup de coeur pour cette ville, j'ai plutôt envie de la fuir en courant. On rejoint notre campsite près d'une rivière, en dessous de Cromwell.
Le lendemain, on rejoint Wanaka, voir le lonely tree, très apprécié des touristes. On ne s'y attarde pas trop, et de manière générale, on ne s'attarde pas trop dans la ville. James ne s'y sent pas très bien - trop touristique - et quant à moi, ayant déjà vu pas mal la ville, ça m'est un peu égal. On passe quand même au recycle center, voir ce qu'il y a d'intéressant (bon, beaucoup de choses, mais on n'a vraiment pas de place), puis faisons quelques courses avant de reprendre la route.
Après un petit arrêt au Lake Hawea (et un petit pic-nic), nous continuons en direction du Nord.
Après un petit arrêt au Lake Ohau, où on espérait trouver un petit hostel - et un petit confort - qui ne s'avère pas être équipé d'une cuisine, nous checkons sur internet pour une autre solution et repartons en direction du sud, sur quelques kilomètres. En arrivant au backpack, entre Twizel et Omarama, on est un peu surpris de tomber sur une maison plus qu'un backpack. On se sent un peu comme chez grand-père, c'est assez drôle ! Quand on arrive, le proprio est au téléphone. Après plusieurs minutes, il raccroche et s'excuse en nous disant qu'il cherche quelqu'un pour le remplacer dans la semaine puisqu'il a un rdv à Dunedin. On se regarde avec James et on se propose. On a quelques jours devant nous, et le temps s'annonce un peu plus pluvieux. Et surtout, un peu de confort nous fera du bien ! Il nous fait le tour du propriétaire et nous explique le boulot - rien de compliqué, faire le ménage et changer les draps, accueillir les clients. On est heureux de l'aider, et notre suite (oui, on a notre sdb privée) est immense. On a surtout beaucoup de chance, puisqu'il n'a pas besoin de nous avant deux jours. Au final, on sera restés cinq jours, et on n'aura travaillé que deux matinées. Même si on a essayé de l'aider le plus possible, on a quand même eu le sentiment d'avoir plus que ce qu'on méritait !
Bref. On en a profité pour faire un tour à Mount Cook. C'est la troisième fois que j'emprunte ce chemin, et j'avais oublié que c'était une marche de trois heures A/R. Et quand c'est la troisième fois en quelques mois, ça commence à devenir un peu redondant. Mais ça reste malgré tout mon endroit préféré dans l'île du Sud !
On a également profité de ces quelques jours pour prendre un peu de temps pour nous, et du calme de la maison pour se retrouver. Le beau temps nous appelant, on s'est offert une dernière balade, près du Lake Benmore.
On est repartis vendredi matin, prendre la direction de Christchurch. On a pas mal de route, mais on profite quand même du magnifique paysage qui s'offre à nous. Je pose une dernière fois mon regard sur les Alpes et ses montagnes. J'ai pris ces routes un nombre incalculable de fois, mais je ne me fais pas à l'idée que cette fois, c'est la dernière.
Vue sur Mount Cook depuis le Lake TekapoA Christchurch, on s'arrête au Warehouse pour acheter un carnet pour Tiphany. Après quelques galères personnelles, elle prend la route toute seule, et c'est l'occasion de lui donner une dernière trace de nous tous ! On passe voir également Sergio, qui avait quitté la maison un mois plus tôt pour s'installer en ville. C'est l'une de mes plus belles rencontres ici, et deux heures avec lui suffisent à me rappeler à quel point c'est une personne formidable ! Il est vraiment spécial pour moi, et en lui disant au revoir, encore, je sais qu'on se reverra de toute façon. C'est comme un vieil ami, qu'on a pris l'habitude de voir quand on peut, et qu'on sait qu'on recroisera quoi qu'il arrive. Bye bitch, see you soon.
On reprend la route pour le nord, direction Parnassus. On retourne à la maison, une dernière fois ! On passera la nuit là-bas avant de repartir le lendemain matin avec Tiphany, qui va nous accompagner jusqu'à Picton.
En arrivant à la maison, je rencontre quelques nouvelles têtes, mais surtout, je retrouve quelques anciennes. J'ai un sourire bête de les retrouver, de retrouver ma famille. On essaye de passer un maximum de temps avec chacun, mais c'est surtout avec Tiphany que j'ai envie de passer du temps! Rio, Daniela (deux nouveaux) et elles ont même cuisiné un super poulet teryiaki pour nous !
Le lendemain matin, après avoir cuisiné un brownie et une galette des rois (oui, chacun ses priorités), nous packons les affaires de Tiph. Ca nous prend du temps, et finalement, on ne part pas avant midi passé. Entre temps, certains sont rentrés du boulot, alors on en profite pour leur dire au revoir, une nouvelle fois ! Je récupère ma voiture et nous reprenons la route tous les trois; James dans sa voiture, Tiph avec moi. Nous passons par Kaikoura, qu'on connaît aujourd'hui quasiment par coeur, puis continuons jusqu'à Blenheim. Arrivés là-bas, la journée est déjà bien entamée et nous nous mettons d'accord pour un freecamp en bord de mer. La route pour y accéder est quelque peu chaotique (du moins pour James), mais mon 4x4 est le roi des gravel road, alors il file comme le vent !
Nous profitons de notre seule nuit tous les trois. On grignote un bout autour d'une bouteille de cidre ou deux, profitant du calme de l'endroit.
Demain, je prend mon ferry pour l'île du nord.
Nous nous réveillons le lendemain matin sous un grand soleil. Nous prenons le temps de prendre notre petit-déjeuner avant de reprendre la route pour Picton. Il y a des kilomètres de gravel road, mais cette route n'est pas vraiment fréquentée et offre un paysage magnifique - stunning - sur les bay du Malborough.
Nous arrivons à Picton plus vite que je ne l'aurais voulu. Ca nous laisse le temps de visiter un peu et de regarder le marché local. Je sens les minutes qui passent, et mon coeur se serrer. Il est bientôt une heure, et il est temps d'aller prendre le ferry. Avant de rejoindre la voiture, James tient à m'offrir un pendentif et me fait promettre de ne pas l'oublier. Je n'en ai pas envie, de toute façon. Mais on a beaucoup parlé, et malgré nos sentiments respectifs, on est conscients qu'on est tous les deux arrivés en solo, et cela pour une bonne raison. On a besoin de temps chacun de son côté, et on est plus heureux d'avoir eu la chance de s'être rencontrés et de partager ces beaux moments ensemble plutôt que triste de se quitter - même si on l'est forcément un peu ! Et finalement, nous savons tous les deux qu'on se retrouvera.
Je dis au revoir à Tiph, qui nous laisse tous les deux, et la prend dans mes bras. Je lui dis de partir, parce que, comme vous le savez, je n'aime pas les longs au revoir, ça me brise le coeur ! James m'accompagne jusqu'au port. Je n'arrive pas à le quitter, et c'est finalement plus dur que je ne le pensais. Je ne peux pas empêcher les larmes de couler lorsqu'on se sépare enfin.
Lorsque le ferry quitte le port, je regarde Picton s'éloigner, les Malborough se dessiner, et mon être dire au revoir à l'île qui m'a accueillie pendant plus de neuf mois. Ma maison. Je me souviens à quel point je me sentais sûre de moi, sur ce bateau, quelques mois auparavant, comme je me sentais libre, et comme j'étais tombée amoureuse de cette île au premier regard. Mais aujourd'hui, j'ai les yeux un peu perdus et le regard un peu douteux. J'ai côtoyée tous les jours les monts enneigés et le bruit de l'océan. Dieu, que ça va me manquer. J'ai passé tant de temps, finalement, dans cette région. Je connais Christchurch et ce que cette ville a à offrir, les routes du Sud et ses montagnes, les collines vertes emplies de moutons, et l'océan qui m'appelle toujours autant. Le temps passe, c'est inévitable. Mais on prends toujours une claque, comme si on ne s'y attendait pas. Je suis impatiente de découvrir le Nord, mais j'ai peur de ne pas trouver ma maison là bas. J'ai toujours le sentiment de revenir au point de départ, parfois, sauf qu'aujourd'hui, tout est différent : je n'ai plus peur de partir. J'ai soif d'aventure et de découverte. Et j'aimerais que ce pays m'accueille pour toute une vie s'il le faut. Mais pas maintenant. J'ai tant de choses à vivre avant.