Yogyakarta et ses environs :
Après presqu'un mois de voyage à Sumatra, il est temps de découvrir une nouvelle ile indonésienne, plus touristique et plus facilement abordable. Les transports y semblent plus développés et les distances beaucoup moins importantes !
Après un rapide saut à Kuala Lumpur et une découverte de sa vie nocturne, nous montons dans un nouvel avion en direction de Yogyakarta, vers le centre de l'île. Yogyakarta est surtout connue pour être la voisine de Borobudur, un des temples bouddhistes emblématique de l'Asie du Sud-Est.
Premier soir, un peu vannés par notre départ de Sumatra et la nuit à l'aéroport de KL, nous décidons de découvrir la danse javanaise et assistons à un spectacle pour le moins surprenant contant l'histoire de Sinta et Rama (rappel de notre enfance et de l'histoire mise en abyme dans la Petite Princesse ). Le décor prend littéralement feu et des armées de singes entrent en guerre !
Nous consacrons nos deux premiers jours javanais à explorer "Yogya", découvrons son animation, sa gastronomie de rue et son intérêt culturel... parfois relatif. Le Kraton (palais du sultan) regorge de précieux trésors : la passoire du sultan, le sel du sultan, la fourchette du sultan,etc. Le tout conservé sous une généreuse couche de poussière. Mais la visite fut largement compensée par nos retrouvailles fortuites avec Pierre, le français rencontré il y a 10 jours à Pulau Weh ! Nous passerons donc la suite de la journée en sa compagnie.
Nous partons ensemble explorer nos premiers temples asiatiques : après une mise en bouche avec des ruines isolées, un coucher de soleil nous attend à Prambanan. La journée se termine en beauté : le soleil couché provoque le départ des touristes, notre joyeuse équipe en profite pour s' offrir une balade nocturne dans les ruines, malgré la fermeture ... On se met d'accord : au cas où, on dira qu'on savait pas et wi don't spik inglich 😁
Autour d'un bon repas, nous faisons nos adieux à Pierre. Le lendemain, nous nous rendons au village de Borobudur et arpentons ses campagnes avoisinantes au détour de quelques vertes collines chatoyantes. Initiation à la poterie, fêtes de village animées et 1000 sourires par virage peuvent résumer cette magnifique escapade ! Nous nous couchons de bonne heure car demain, c'est Borobudur qui nous tend les bras.
Levés dès potron minet, nous profitons du lever de soleil sur le temple. Petit à petit, ses cloches, ses statues et ses bas-reliefs se dévoilent. Nous déambulons, comme hypnotisés , à travers les dédales de vieilles pierres qui semblent communiquer la sagesse du passé.
À l'assaut des volcans :
L'extrême est de Java est connu pour ses volcans majestueux mais aussi, et malheureusement, pour ses nombreuses arnaques. Autant être informés et prêts à négocier ardemment ! Notre train nous dépose à Probolinggo, qui a la triste réputation de foire aux arnaques. Bien avisés, nous rembarons le chauffeur de bus lorsque, naïvement, il tente de nous laisser à une fausse "public bus station" entre les mains perfides de ses amis bien malhonnêtes... Étape après étape, nous déjouons avec nos compagnons de route les pièges tendus par de semblables gredins de la "mafia" locale et atteignons finalement Cemuru Lawang, au pied du mont Bromo. Vestes et polars nous sont enfin utiles pour gravir, dès 3h du matin, les collines face au volcan où le soleil darde déjà ses premiers rayons. Nous dégotons un coin tranquille pour profiter pleinement du spectacle. Les montagnes se dévoilent, les couleurs sont splendides. Ayant décidés de prendre le temps, nous empruntons un chemin alternatif pour descendre vers la caldeira, ce désert de poussière volcanique. Cela nous permet d'éviter un prix d'entrée exhorbitant... Les dernières marches menant au cratère nous coupent le souffle, mais pas autant que la vue plongeant au fond du volcan. Quel spectacle que ce trou fumant et grondant à nos pieds !
Il est temps de reprendre la route ("plus rien ne me dégoûte" dirait Mano Solo) direction le Kawa Ijen, ses flammes bleues aux relents de souffre !
Après le polar et la veste, c'est cette fois la tente qui nous est utile ! Pour éviter une importante dépense en navette, nous enfourchons un scooter, gravissons des sentiers escarpés et atteignons le camping gratuit juste à l'entrée du Kawa Ijen. «Boulè Boulè» s'exclament joyeusement les Indonésiens à notre arrivée. Il faut dire que nous sommes les seuls «boulè» (blancs) à planter notre tente là. Nous sommes invités autour d'un feu pour savourer nos haïkis locaux. Pour assister au «blue fire» (émanations de gaz visibles de nuit seulement), il faut se lever tôt. Très tôt même. Nous nous couchons de bonne heure, à 19h, prévoyant de nous lever à...1h du matin ! Cela nous laisse donc quelques heures de sommeil. Sauf que... La fête nationale indonésienne a lieu le lendemain. Pas question de dormir pour les locaux qui passent la nuit à bambocher autour de notre tente ! Un peu (complètement) groggy au réveil, 3 km de pente raide nous attendent. Vous avez dit vacances ? C'est avec courage et abnégation que nous nous élançons dans la nuit, les étoiles pour seul guide ! Bon en vrai, il suffit de suivre l'amas de visiteurs nocturnes...
À peine arrivés au sommet, il faut déjà redescendre, au fond cratère cette fois, pour vérifier si les «blue fire» méritent leur renommée. Belle surprise une fois en bas, malgré les gerbes de soufre nous obligeant à user de nos masques à gaz loués la veille, les flammes bleues sont bel et bien au rendez-vous !
Il nous reste à remonter en haut du cratère pour assister au lever de soleil. Nous faisons volte face, et c'est un tout autre spectacle qui s'offre à nous : celui d'une longue procession de lampes torches, c'est le pèlerinage des «blue fire» ! Car on est loin d'être seuls ici : le kawah Ijen a un caractère hautement sacré dans la région, il attire d'autant plus de monde les jours de fête. Dans une odieuse puanteur de soufre, c'est non sans peine que nous remontons, et arrivons bien assez tôt en haut pour attendre que le soleil dégage la brume sulfureuse dans laquelle nous nous trouvons à présent.
Les cieux s'illuminent alors, dévoilant d'un côté la mer et Bali au loin; de l'autre, un lac émeraude à travers les nuages.