L'appel de la montagne, l'envie de s'élever, de cols en pics, et toujours, sur la route, les belles surprises et les trésors du terroir français ! Virée estivale vers les plus beaux sites pyrénéens.
Août 2019
3 semaines
Partager ce carnet de voyage
1

Changer d’air tout près, s’imprégner du marais en cette fin juillet brûlant… notre virée démarre à l’Ile d’Olonne où, enfin, nous décidons de pénétrer les sentiers des marais salants, fiévreux, ventés, l’air manque aussi aux poissons. Mais quel dépaysement déjà. A Nesmy, nous croisons une valeureuse cycliste flamande en quête désespérée d’un distributeur d’argent… les petits villages français en plein désert bancaire la prennent de court !

2

Après une nuit à Nesmy où la petite rivière de l’Yon nous a déjà fait des clins d’œil, nous suivons son cours au rythme des moulins. Elle devient torrentueuse puis accidentée par les roches ancestrales qui forment le spectaculaire site de Piquet sur la commune du Tablier. La balade insolite rappelle la forêt bretonne de Huelgoat, entre chaos granitique et végétation luxuriante. La guinguette de Piquet, auréolée de labels, vaut le détour avec son jambon grillé et l’andouillette de Troyes, le tout dégusté d’une musique de circonstance, et dans la canopée, quasiment.

Nous piquons ensuite vers Marans que l’on prend, pour une fois, le temps de découvrir. Marans, ville célèbre pour son contournement sans cesse reporté… se meurt de la pollution, transpercée qu’elle est chaque jour par les camions. Dommage, il y a là un potentiel fou, petite Venise où l’on joue à la joute fluviale aux heures d’été.

A la pointe Saint-Clément (Esnandes), en baie d’Aiguillon, un parking niché dans les arbustes accueille les camping-cars consommateurs de moules. Grande balade à vélo au milieu des champs de tournesols et visite des communes si typiques du coin : Marsilly, Esnandes, Charron, une étape toujours apaisante dans une baie lumineuse et nature.

3

Nous longeons la vaseuse Charente via de sympathiques bourgades fleuries, Saint Savinien et Taillebourg où nous faisons halte sous les fortifications d’une tour féodale. La visite du château est vite faite : le domaine XVIIIe, qui y a pris place est délabré, on y a accolé une école et son auvent de verre pur 80’ si laid. Demi-tour et direction Saintes.

La belle abbaye aux dames abrite aujourd’hui une cité musicale de renommée avec hôtel haut de gamme. On nous promet un voyage sonore immersif au cœur de la mémoire du lieu et de tous ceux qui l’ont hanté. On rechigne un peu à la mise du casque audio cracra sur nos oreilles mais notre ouïe est prête à accueillir musiques et mots de ce parcours inédit. Hélas, si techniquement tout est impec, son 3D, géolocalisation et signalétique permettent une balade fluide mais… « chacun pour soi », la narration, elle, reste d’une facture tellement classique, d’une tonalité convenue, pas de suspens ni d’intrigue, bref, ça pêche côté narration. Raconter des histoires, c’est un métier, et nous nous y connaissons ! Nous déambulons ainsi jusqu’au clocher, sans grande émotion, pénétrant dans des lieux aujourd’hui désincarnés et que le voyage sonore nous fera difficilement revivre. Le pari était risqué. L’image manque pour favoriser une réelle rencontre à l’instar de la superbe expérience immersive à Rouen où l’on revit le procès posthume de Jeanne d’Arc. Le carrousel musical des enfants, bel ouvrage du nantais Métalobil, laisse la même impression en demi-teinte, c’est quand même une belle idée, poétique et ludique.

Promenade dans le centre ville exsangue malgré quelques rues piétonnes animées. Arc de triomphe, amphithéâtre, le prestigieux passé romain de la cité reste peu exploité. Nuit à Montendre sur l’aire municipale avec vue et services gratuits, merci la mairie 😀

Coucher de soleil pluvieux à Montendre 😉
4

Montendre se révèle être une charmante commune agrémentée d’un lac et d’un bois, d’où les efforts municipaux pour accueillir les camping-caristes. La collectivité s’y est investie dans une proposition touristique tendance : Mysterra. Labyrinthe sylvestre aux multiples parcours, ludique ou artistique, l’offre digitale promet une balade immersive… nous passerons notre chemin au regard du tarif un peu prohibitif de l’expérience 😉

En route vers Bordeaux, nous déjeunons sur le port de Plagne à St André de Cubzac, le calme avant la journée matrimoniale de demain. La Dordogne pour voisine et quelques bateaux pour décor. Port de pêche d’esturgeon remis en activité par un amoureux du coin, patron du club nautique cubzaguais. Entre copains, l’aventure commence pour faire ressurgir le port du passé, son quai, son phare, l’un des derniers de la Dordogne. Philippe est happé par le passionnant navigateur qui lui montre la « mascoret », la vague qui, une fois par an, embarque les glisseurs de tout poil pour un long surf sur le fleuve. C’est aujourd’hui qu’elle arrive !

Domptage de Lo Coulobre, le dragon de la Dordogne 

Le road-trip marque ici une pause festive, mariage familial et agapes dans le terroir de Saint-Emilion.

5

Après 2 jours de noce et banquets au Château Giscours, havre de vignoble verdoyant à deux pas de Château Margaux, nous reprenons la route vers les Pyrénées. Traversée des Landes déjà enfumées, l’été est chaud et les risques d’incendies palpables. Pissos, Sabres, les communes s’enchaînent et nous arrivons à Mont-de-Marsan. La Préfecture des Landes est figée dans une ambiance tristoune, c’est dimanche et seuls les troquets s’animent d’une population locale sans vacances. Notre halte de nuit se méritera après quelques frustrations : à Saint-Sever, l’astucieuse aire qui permet de visiter l’abbaye éponyme est HS. A Hagetmau, fleuron de la Chalosse, c’est la grande fête taurine avec son apogée, la feria du Novillo où la rencontre entre jeunes toreros et jeunes taureaux. Un monde fou, impossible de s’arrêter. Dommage, l’ambiance est déjà là. C’est à Sault de Navailles que nous nous arrêtons enfin, charmant village au stade municipal de campagne offrant un grand parking plat et calme. La nuit est chaude, sans souffle d’air, mais paisible.

6

On repart tranquille vers Orthez, fière cité du Béarn au pont médiéval et arènes coquettes et piquons vers Navarrenx, l’une des premières villes bastionnées cent ans avant Vauban. D’Artagnan y fut gouverneur et St Jacques de Compostelle résonne à chaque coin de rue. C’est une étape majeure des pèlerins venus du Puy en Velay. L’aire de service gratuite montre la bienveillance de la municipalité vers nos engins roulants.

Oloron Sainte Marie, l’étape suivante, accueille le visiteur avec l’église Notre Dame, originalité gothique mozarabe. Nous traversons cette cité en passant devant la plus ancienne boutique d’Europe, la Maison Souviron Palas, qui surplombe majestueusement le Gave. 500 m² dédiés au textile, tissus d’intérieur, vêtements haut de gamme, du jamais vu ! 400 ans d’histoire pour cette enseigne née en 1620. Halte déjeuner sur les hauteurs, histoire de contempler les premiers contreforts des Pyrénées.

L'ex-cathédrale Sainte-Marie nous réserve une surprise : opération séduction des musées, nous aurons droit à une découverte privilégiée des trésors du lieu*. Une crèche amoureusement conservée où l’on apprend ce qu’est une houlette, instrument de berger « lanceur de mottes de terre » pour rassembler le troupeau, d’où l’expression « être sous la houlette de quelqu’un ». L’autre curiosité : un chapier conservant de luxueuses chapes d’évêques. L’expression qui va avec, « la chape de plomb », symbolise bien le poids dudit vêtement. L’ouverture de ce meuble est franchement spectaculaire et les capes aussi richement brodées que lourdes. Notre conférencière professionnelle ne se lasse pas de partager avec le public l’histoire de ces objets d’un autre siècle. La cathédrale recèle des sculptures formidables et, que dire des portes de l’entrée, pure époque. Nous quittons Oloron en passant devant la boutique d’usine de Lindt… non ! nous ne succomberons pas à la tentation. *le trésor d'Oloron a été dérobé en novembre dernier par des crapules sans scrupules, honte sur eux !

Descente vers l’Espagne par une boucle verte et les communes d’Aramis et Arette, et entrée dans la vallée d’Aspe par Sarrance et la célèbre N134 qui pique vers le tunnel de Somport, porte de l’Aragon espagnol. Notre objectif : Lescun, village du XVe vanté par le Routard. Hélas, ces Pyrénées sauvages ont choisi de bannir les camping-cars ! Après des lacets sportifs, l’arrivée au village nous est interdite, on comprend mais on aurait aimé avoir l’info avant la montée 😉 Qu’importe, nous revenons sur nos pas et notre retour à Bedous où un coin pêche bucolique à souhait nous offre une nuit apaisante. Demain, on entre dans le vif du sujet !

7

Réveil au bord de la rivière, nous sommes parés pour grimper les cols des Pyrénées. Le premier sera le col de Marie Blanque à 1035m. C’est la route du fromage, du brebis et des cyclistes qui repoussent leurs limites pour atteindre chaque graal, en danseuse et avec force rictus pour certains. Au plateau du Bénou, les bovins paissent librement en toute quiétude, au son des cloches… vision intemporelle d’une région dans sa bulle de nature. A Bielle, village montagnard où les riches habitants possédaient des demeures stylées, on retrouve nos cyclistes bien épuisés, consultant les smartphones pour ne rien manquer du reste du Monde. Moult randonneurs aussi dans cette région sauvage. Une drôle de plaque nous indique la présence d’un célèbre expansiologue, un canular qui sévit aussi dans le Gard d’après mes sources virtuelles, mystère…

Vers Laruns, l’homme a profité de la montagne pour créer une activité énergétique hydraulique intense ! La Compagnie des Chemins de Fer du Midi, à la recherche d’énergie renouvelable… dans les années 20, lance un chantier colossal : construire un barrage qui créera le lac d’Artouste, accessible uniquement via un train digne du Far West, qui serpente à une hauteur vertigineuse, 2 000 m, le plus haut d’Europe, exceptionnel ! C’est par la station d’hiver d’Artouste et un téléphérique déjà vertigineux que l’on accède à ce voyage. Imaginez les 2 000 ouvriers transportés ainsi pendant près de 8 ans pour ériger, avec les moellons de granit de la montagne, cet ouvrage remarquable… Au retour, marmottes et brebis sortent le bout du nez et quelques nuages cotonneux viennent animer ce paysage époustouflant, à vivre absolument !

Nous qui ne sommes pas randonneurs, avons particulièrement adoré cet accès inédit aux sommets. Descente en téléphérique avec une famille espagnole dont la maman est pétrifiée de vertige. En bas de la station, nous nous parquons au milieu de nos congénères et rencontrons Jean-Jacques, berger béarnais venu vendre son fromage au « cul du camion ». La tentation est forte et nous nous régalons de son brebis « pur cru » et de sa passion pour sa montagne, source d’énergie vitale. Si vous le croisez, foncez sur sa camionnette, promesse de bons produits au bon prix. Nuit légèrement arrosée… d’autres cols nous attendent demain matin.

8

Route des cols suite… la matinée est nuageuse à Artouste. Nous avons prévu un petit tour à Laruns où la Maison des Pyrénées propose expo et vidéo sur la faune sauvage et si fragile des montagnes. Visite rapide de l’austère église et nous reprenons la route vers le célèbre col d’Aubisque. Passages sinueux, encorbellements rocheux, c’est d’autant plus sportif que les nuages nous enrobent de leur ouate… parfois difficilement pénétrable. Nous jouons à cache-cache avec eux, jusqu’au col renommé à 1700m, envahis de camping-cars peu scrupuleux de la « charte du bon camping-cariste », la connaissent-ils seulement 😉Parking anarchique, sorties intempestives de chaises, tables et autres matos… hontes sur eux et sur nous, forcément. Un peu de soleil salue notre arrivée mais rapidement, c’est le brouillard total… bien fait pour tous les malotrus qui ont passé un temps fou à installer leur barda, ha, ha !

Nous quittons les lieux dans ce « fog » digne de Londres, ignorant qu’il faut impérativement attaquer la descente dans l’après-midi, et l’on comprend vite pourquoi ! Dans cette purée de pois, cyclistes et brebis en goguette sont en embuscade et la route est vite bloquée au rythme de ces dames… et messieurs aux casques bariolés.

Descente vers Argelès-Gazost, station thermale mignonette, après un nettoyage du van à Arrens Marsous et une balade insolite à Arras en Lavedan, investi par quelques œuvres contemporaines de bonne facture.


Passé Argelès, nous grimpons à Saint-Savin à l’abbatiale romane remarquable, aux multiples trésors : l’orgue de 1557 est stupéfiant de beauté, on l’accorde pour un prochain concert. Le clocher éteignoir s’élance finement au dessus de cette petite bourgade aux relents médiévaux.

Nous terminons la journée à Cauterets en stoppant net au Carrefour Montagne pour une lessive… au bord d’un torrent bouillonnant.

Demain, visite de la célèbre station thermale qui accueillit tant de personnalités, de Chateaubriand à Baudelaire en passant par Sand ou Debussy. Nous allons compléter le tableau 😉 C’est en haut de la coquette station que nous trouvons notre refuge pour la nuit, le fourgon se niche au milieu des voitures, discrètement. Ce qui permet une première virée dans la cité aux parfums 1900. Grands hôtels devenus résidences, casino transformé en temple du jeu moderne et cinéma, avec un peu d’imagination, on replonge à la Belle Epoque où dames et messieurs rivalisaient d’élégance lors de soirées chics après des cures thermales reconstituantes de leur vie parisienne.

9

Ce petit matin est idéal pour arpenter la partie la plus ancienne de Cauterets. Première halte à l’Office de Tourisme pour acquérir le pass Sésame Pont d’Espagne + Pic du Midi, nos deux objectifs à venir. Nous cheminons vers la gare aux allures de Far West, en fait l’ancien pavillon de la Norvège à l’Exposition Universelle, transplantée ici pour accueillir les voyageurs de la « haute société ». A l’intérieur, une petite salle de théâtre ornée de photos anciennes sur l’histoire de ligne ferroviaire Pierrefite/Luz/Cauterets, avec anecdotes truculentes, voyager à l’époque… toute une affaire, surtout quand la neige s’en mêle !

L’église abrite une crèche originale dont les personnages en pierre de granit surprennent.

En fin de matinée, nous grimpons vers le site du Pont d’Espagne le long du Gave torentueux de Cauterets. L’arrivée sur le site est impressionnante. L’immense parking est déjà quasi plein, plus de 600 000 touristes le découvrent chaque année. Belle organisation : des équipes d’accueil partout, souriantes et pros, et des équipements bien entretenus et une volonté de préserver la Nature qui justifie pleinement le tarif de la visite. Nous avons choisi la montée « des écoliers » : œufs + télésiège, ça rappelle le ski, et la vue est sublime.

Le sommet surpasse encore nos attentes : la montagne en majesté et le lac de Gaube au flot clapotant, le glacier imperturbable, c’est à couper le souffle. Malgré l’affluence, la contemplation et l’intensité sont au rendez-vous. Descente par la cascade au débit impressionnant. On pourrait passer des heures à admirer la force de cette Nature qui produit avec autant d’énergie la fée électricité… et la journée n’est pas finie.

Après une halte à Luz Saint-Sauveur et son église templière excentrique...

... nous passons les stations de Barèges, Super Barèges, l’envie de ski monte, monte, autant que les lacets qui nous propulsent au col du Tourmalet où règne une ambiance un rien dingo. Un fol équipage tchèque teste la résistance de leurs drôles de machines, un challenge à suivre sur You Tube… Un béarnais au béret chevauche sa moto avec Fine, une chienne motarde qui concentre tous les regards… des cyclistes valeureux atteignent le sommet tant convoité, en nage et rouges comme des coqs, et chacun immortalise le moment en prenant la photo du « géant du Tourmalet », premier vainqueur du col en 1910. Parait qu’il est porté en procession chaque année en haut du col lors une cérémonie digne de la vierge ! On applaudit ceux qui passent la ligne, bref, le Tourmalet, c’est « l’fun » dirait les québécois.

Prochain spot, La Mongie, c’est moins joli mais c’est d’ici que part la télécabine vers le pic du Midi, nous dormirons à son pied.

10

Lever de bon matin à flanc de montagne, moment doux et serein. Et nous avons bien fait de prendre le pass : c’est déjà la queue à la billetterie du Pic du Midi de Bigorre. Un petit incident technique retarde notre ascension télécabine, vite réglé et nous voilà dans les airs, le spectacle commence ! Arrivés à la terrasse du célèbre observatoire, un ciel bleu nous offre le grand vertige d’un panorama à 360 avec la chaîne des Pyrénées. Une équipe aux petits soins accueille, commente, anime, la passion dans les yeux. L’histoire de ce lieu emblématique se découvre aussi par tablette aux contenus très bien faits, vidéos et scénographie, bravo, cela plaît aux petits et aux grands. Quand le tourisme sert ainsi la cause scientifique – l’observatoire participe toujours activement à de nombreux programmes de recherche et veille – on applaudit encore. Pause transat sur la terrasse et un dernier tour pour se remplir la rétine avant une descente… trop courte, on a A-DO-RÉ !

Déjeuner en compagnie des troupeaux qui paissent librement dans la prairie de La Mongie et nous descendons vers Bagnères-de-Bigorre, jolie bourgade qui s’éteint à petit feu. Coup de chapeau à la paroisse qui présente son église toute de marbre vêtue par une vidéo très bien faite. Balade aux heures chaudes pour découvrir résidences 1900, art déco et Belle Epoque, la marque des stations thermales du coin.

En passant à Campan, des poupées de chiffon animent fenêtres et balcons, figures locales colorées : ce sont les mounaques, une tradition locale réanimée depuis peu – histoire en photo. C’est très sympa, on s’arrête, on shoote et du coup, on reste au mignon camping Le Layris, ombragé et calme. Ça tombe bien, il fait 30° dans la vallée.

11

La pluie est passée cette nuit et la fraîcheur du matin est propice à la montée du col d’Aspin où nous déjeunerons au milieu des pâturages.

Prochaine étape : Arreau, une charmante cité montagnarde, berceau de Saint-Exupère. La Neste de Louron bouillonne comme une artère pleine de vie. Nous sommes au pays du marbre pyrénéen. Partout les églises en sont pavées, de la marqueterie de grand art ! La chaire de celle d’Arreau illustre parfaitement ce savoir-faire, le retable à l’unisson. Je ne résiste pas à l’achat d’une tourte à la myrtille, le célèbre gâteau à la broche nous laissant un souvenir plutôt mitigé en bouche 😉

Descente vers Saint-Lary, station d’hiver agréable et qui nous étonne par son animation. Encore une commune qui a su rendre attractive sa face « été », avec moult activités sportives et des familles à gogo dans les rues. L’église moderne nous offre le visage d’un jésus « superstar », look « bogosse » assuré.

Montée vers Loudenvieille et le col d’Azet par la serpentante petite route interdite aux camping-cars de plus de 2m de large. Oups, ça passe juste mais c’est très beau. Nous passerons la nuit dans le hameau du Val Louron, station de ski l’hiver mais qui vit aussi l’été avec de beaux espaces pour garer nos camions.

12

Des amis nous invitent à les rejoindre à Garin, de l’autre côté du col de Peyresourdre. Nous passons par le lac de Génos, dont le tour nous révèle une station familiale, avec équipements sportifs dernier cri et résidences un peu moches. Un hôtel se construit. Il faut dire que les activités d’été génèrent un nouveau marché hôtelier : parapente, VTT, cyclisme… la renaissance de la montagne, des soucis environnementaux en plus !

Arrivés à Garin, vieux village rustique aux fermes escarpées, une troupe nous attend de pied ferme pour une mini-rando au bien nommé village d’Ô. Une petite fête s’y déroule. Montée sur la Moraine où se tiendra le 17 août la fête du brandon. Ce totem de bois s’enflammera et en fonction du côté de sa chute, bons ou mauvais présages pour les villageois. Classée monument historique, la chapelle Saint-Pé s’habille de très beaux bas reliefs gallo-romains et médiévaux, témoins du passé religieux et pastoral de ces monts de Haute-Garonne. Un chemin creux bordé de hêtres et de frênes descend pentu vers le village où la fête bat son plein. La remontée est rude, nous mettons nos pas dans ceux des anciens qui ont tracé et foulé ce sentier depuis des centaines d’années. Un bon feu et un dîner chaleureux viennent conclure avec convivialité cette belle après-midi de marche.

13

Pluie battante ce matin, nous restons au chaud dans cette accueillante bâtisse restée dans son décor 60’, rythmé par les outils et objets trouvés là à l’arrivée de la famille. Nous dégusterons la délicieuse saucisse locale avant de reprendre la route vers Luchon, station commerçante et thermale. Passage en Espagne via Vielha où nous découvrons avec étonnement le dynamisme florissant du Val d’Aran espagnol. Larges routes et « urbanizacion » plutôt réussies avec briques et parement de pierres, formant un ensemble cohérent. A Baqueira, on monte en gamme ! Ce Courchevel catalan où les riches espagnols, français et anglais profitent aujourd’hui de l’un des enneigements les plus optimaux d’Europe. Le tourisme explose, grands hôtels, résidences et plus de 150 km de pistes, le coin a clairement de l’ambition, au vu des bulldozers qui jalonnent la route. Halte nuit sur le terre-plein de Bonaiga à 2072 mètres, début des pistes noires, glagla !

Le spot de Bonaiga, avant brouillard et nuit = no photos 😉
14

Des ouvriers ont aussi passé la nuit en voisin et, de bon matin, se préparent à sculpter la montagne pour l’hiver prochain. Nous descendons le Vall d’Areu vers la petite cité médiévale d’Esterni d’Areu. Petit tour du village coupé en 2 par la rivière torrentueuse. C’est un coin idéal pour les sports de rivière.

A Sort, c’est le championnat du monde de canoë free style, un monde fou… Nous ferons halte sur le bas côté de la route pour encourager d’autres équipages… en plein rafting !

Fin de la vallée et looongue montée sur le N260, belle et large route, de la montagne rouge aux canyons abrupts. Le panorama du col est fantastique.

On redescend vers la ville épiscopale de La Seu d’Urgell, en plein marché du mardi. Agréable balade dans les rues bariolées et ombragées où il doit faire bon vivre. Nous ne pourrons visiter l’église et les palais… heure espagnole oblige, et nous poursuivons notre route vers Andorre.

Bornes Tesla et tri sélectif hyper pointu de l'aire de camping-car, une ville au top ! 

La principauté codirigée par un évêque revêt en été le visage de la luxure ! Impossible de stationner pour visiter la vieille ville, ensevelie sous une nuée de boutiques, centres commerciaux détaxés, assaillie par des hordes humaines en quête de grandes marques à bas prix… vous avez dit slow consommation ? Un tel tohu-bohu automobile règne que le degré de pollution est à son comble ! Nous sommes immédiatement touchés, gratouillis à la gorge, éternuements, bien sûr nous contribuons à ce désastre mais vite, fuyons… vers le Pas de la Case où un épais brouillard rend la situation pire encore. Car ici aussi, l’été, c’est le grand raout commercial, moins chic qu’en bas, avec supermercato tous les 2 mètres et marques streetwear, lunettes, bijoux à prix réduits pour « essayer d’avoir l’air »… sans en avoir les sous 😉 C’est un concept, le mall commercial de montagne. Dommage pour l’environnement pourtant séduisant, que nous découvrirons une autre fois.

Après le difficile passage de frontière, à l’aller ou comme au retour, on respire enfin sur la route d’Ax-les-Thermes, jolie station thermale de l’Ariège. Oui, nous avons cédé à la tentation avec deux bouteilles rangées dans la soute et du maïs grillé, le régal espagnol que nous dégustons à l’apéro… honte sur nous !

15

Très bon spot que ce petit parking spécial van au Nord de la nationale vers Toulouse, mais suffisamment éloigné d’elle pour ne pas souffrir du bruit. On reprend la route vers la charmante cité de Tarascon en Ariège, nichée entre une couronne de monts rocheux, on dirait une mâchoire de tyrannosaure ! Après une pause bucolique au milieu des pâturages d'estive, nous suivrons l’Arac et la sémillante vallée jusqu’au village de Massat, repère d’hippies pur cru 70’. Dreadlocks et sarouels donnent le ton. Les commerces emplis de bons produits, pain au levain et fromages locaux. L’église surprend aussi par ses dimensions spectaculaires. On pourrait y organiser un concert. L’Arac nous appelle pour un bain de pied vivifiant aux heures chaudes. Le torrent délivre une senteur d’humus, nous sommes au paradis !

Détour par la cité épiscopale de Saint-Lizier où les évêques ont bâti église et cathédrale, symbole de leur toute puissance. Le cloître nous transporte. Encore fort bien préservé, il offre à nos regards des chapiteaux sculptés de toute beauté.

Entre Haute-Garonne et Gers, nous quittons les Pyrénées pour les riches terres agricoles aux propriétés luxueuses. Le Foussenet, Samatan et Lombez où nous passerons la nuit sur le promontoire d’une chapelle, vue sur la chaîne pyrénéenne. Linda, la sympathique écossaise qui habite la maison voisine, vient prendre l’apéro à bord. Un peu contrariée de partager son spot avec les touristes mais très vite enthousiaste à transmettre de bonnes adresses. Si vous la rencontrez, n’hésitez pas à « tailler la bavette » et donner une caresse à Duke, le jovial toutou.

16

Eglise comble pour la messe du 15 août ! Lombez étonne par ses maisons très très très vieilles : briques et torchis autour de colombages en bois vermoulu, on s’attend à voir surgir un artisan du moyen-âge au coin de la rue. Certaines sont en ruines, d’autres en cours de restauration, on sent encore un cœur qui bat. Ressusciter ces villages est un véritable exploit pour sauvegarder un patrimoine exceptionnel.

Traversée du Gers et ses villages roses aux marchés aux gras bien nommés et retour en Haute-Garonne à Castelsarrasin pour une halte au bord du canal latéral de la Garonne, prolongeant le canal du Midi. Ce coin est prisé par les Anglais qui y vivent en péniches… moins coquettes qu’en Hollande. Pour le reste, la ville se meurt comme partout ailleurs.

Cap sur Moissac, pays du raisin et d’une abbaye que les guides vendent comme un chef d’œuvre de l’architecture romane. En effet, nous sommes subjugués ! Désormais classée au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des chemins de Compostelle, l’abbatiale colossale revêt en son portail d’impressionnantes figures animales ou humaines, comme les religieux savaient si bien les commander aux artistes sculpteurs pour terrifier leurs ouailles. Cette partie de l’édifice sert d’ailleurs de décor au film mythique « Au nom de la rose ». Curiosité à l’intérieur, un vitrail de Chagall qui nous laissera quelque peu interrogatifs. Très belles statuaires polychromes en bois. Côté cloître, c’est la queue. Les efforts de valorisation de ce patrimoine roman paie ! L’un des plus beaux et plus grands cloîtres du monde (c’est ce que dit la promo) est réellement fascinant. Les chapiteaux nous comptent les histoires évangéliques et les figures de quelques Saints. Quasi tous les visages ont été « bûchés », c'est-à-dire détruits pendant les différentes révolutions. Reste des corps et des animaux fantasmagoriques, on adore !

Et dire que l’ensemble a failli être détruit car, tenez-vous bien, la voie ferrée coupe en 2 le site vers l’ancienne chapelle… où nous accueille une fringante conservatrice de musée pour une visite guidée au pas de charge de l’exposition du peintre montaubanais Fournié.

Petit crochet à Lauzerte, l’un des « villages préférés des Français » où nous avions déjà rodé en hiver. Bastide minérale, plus animée que la première fois, puisqu’il s’y tient une brocante géante et demain un événement spécial Woodstock 50’. Un petit tour… et puis s’en vont, décidément nous ne sommes pas séduits, le village est rude, à l’image des maisons de pierre sans fantaisie. Nuit à Tournon d’Agenais au pied de la bastide où la municipalité a gentiment installé une aire pour nous, avec des petites fleurs à l’espace vidange 😉

17

Un pied dans le Lot et Garonne et à quelques encablures, nous revoici dans le Lot pour un détour dans le joli village de Montcabrier, en fin de fête de village. A l'entrée de l'église, les honoraires du curé affiche la couleur pour toute prestation 😀 On retrouve la pierre jaune si caractéristique du coin et hop, passage en Dordogne.

Balade à Villefranche du Périgord, capitale de la châtaigne et des bons gâteaux aux noix.

Les bastides s’enchaînent : Belvès, Saint-Cyprien et routes escarpées pour atteindre notre destination du jour : le Château de Commarque, haut lieu patrimonial du Périgord, surgi du passé grâce à la ténacité d’Hubert de Commarque, dernier descendant de l’illustre famille de croisés qui fit vivre une partie des lieux. Des grottes aux gravures exceptionnelles datant de 14 000 ans, au donjon construit à leur aplomb, c’est toute la grande Histoire qui défile ici, contée et étudiée par archéologues et experts. Longtemps oublié en raison d’une modification des routes et de la physionomie même du coin, il renaît aujourd’hui aux regards éblouis. Chaque fouille, chaque nouvelle découverte permet de retrouver les pièces de ce puzzle grandeur nature qui offre aux visiteurs un voyage dans le temps, aux sources de l’Humanité. L’Histoire s’écrit encore et nous serons heureux d’y revenir d’ici quelques années pour constater l’avancée des recherches.

C’est par ce site hors du commun que se termine notre virée pyrénéenne, avec un week-end à Plazac et un bain rituel dans l’eau de la Vézère à Saint-Léon du même nom !