Notre deuxième journée démarre à l’office du tourisme pour récupérer le plan de visite de la forêt auprès d’une équipe accueillante et prolixe en conseil, ce qui ne nous empêchera pas de nous perdre… il parait que la signalétique disparaît régulièrement, méfaits de quelques fées maléfiques ? Passé le moulin et le chemin gorgé de blocs de granit, véritable filtre vers la forêt légendaire d’Huelgoat, on est transporté dans une ambiance enchanteresse, Brocéliande est ici, c’est sûr ! Le chaos granitique chatouillé par l’Argent, rivière torrentueuse et agile, offre un tableau envoûtant. On arpente avec excitation chemins creux à la végétation étrange pour découvrir, aux détours, des mares féeriques et sources scintillantes. Une balade poétique avec arbres, roche et eau pour compagnons, sous les chants des oiseaux… seuls au monde ?
Le retour par l’ancienne mine de plomb se transforme en périple sauvage, la signalétique défaillante nous perd dans les méandres de la forêt dont nous sortons encore vigoureux, merci le GPS ! Fiers de nos 10 kilomètres de randonnée, nous regagnons le fourgon affamés et heureux, l’effet immédiat d’une sylvothérapie matinale 😀 L’étape suivante nous élève au point culminant de la Bretagne : Roch Trevezel à 384 mètres, une lande désertique et ventée.
Descente vers le Léon et ses enclos paroissiaux remarquablement remis en valeur par des collectivités locales aux petits soins. Ne pas manquer le Centre d’Interprétation de Guimiliau qui offre une scénographie épatante pour comprendre ce qui se joue ici : les paroisses, enrichies par le commerce de la toile des crées, cette toile de lin exportée en Angleterre ou en Espagne par les Bretons du Léon, rivalisent de sculpture et d’architecture pour montrer leur position sociale et la force de leur dévotion. L’enclos est aussi un parcours, de l’arc de triomphe où l’on entre dans le sanctuaire, à l’ossuaire qui rappelle la mortalité de l’Homme, au calvaire plus ou moins statufié, mémoire de la passion du Christ, à l’église où l’on expie ses pêchés. Bestiaires chimériques, statues granitiques emplies de symboles, le catholicisme breton dans toute sa puissance, les légendes en sus. Notre coup de cœur va à Comana, son enclos bucolique, son baptistère chamarré.
Nous passerons la nuit à Saint-Servais dont l’enclos n’est pas en reste, son ossuaire arborant une porte de bois remarquable. Le peintre Yan d’Argent est enterré dans le cimetière. Natif de la commune, il y fut décapité post-mortem afin que sa tête rejoigne l’ossuaire des ses aïeux. Autres temps, autres mœurs… Le café L’inattendue nous accueille pour un demi et du pain croustillant, au milieu de bouilles autochtones bien sympathiques, le flyer du prochain festival bien en vue, le fond sonore rock’n breizh assorti. Nuit tranquille sur le parking dédié au camping-car avec borne de services, merci la mairie 😀