Me voici à la moitié de mon séjour en Tanzanie et c'est pourtant à ce moment que débute mon carnet. C'est la véritable raison de ma présence à cet instant au Babylon Lodge à Marangu, la réalisation de mon objectif initial de ce voyage. Je suis installé confortablement avec un vrai lit pour la nuit prochaine et une bonne douche chaude. A partir de demain les conditions seront un peu plus roots.
A notre arrivée un peu plus tôt, nous avons été accueillis par les chants des porteurs d'un groupe de randonneurs qui venait de redescendre. Ça met un peu la pression.
C'est étrange ce questionnement au moment de rédiger ce carnet: quel était le véritable objectif? Pourquoi gravir cette montagne, ou les autres au cours de mes différents treks? Pourtant je sais que je vais souffrir un peu. Toujours cette volonté, cette curiosité de découvrir, d'aller au delà des limites que je connais.
Ces limites qui se dressent devant quelquefois, autant d’obstacles qui me contraignent. Il y a tellement de chose au delà. Il n'y a qu'un pas pour les franchir et continuer le chemin et explorer. C'est vrai certaines sont difficiles à dépasser, voir impossibles, mais il y a toujours quelque chose derrière... A chaque étape l'apprentissage, l'expérience permettent d'entrevoir d'autres possibilités... Et puis demeure l'espoir d'aller encore plus loin la prochaine fois. En tout cas je mesure vraiment la chance que j'ai, même si je ne suis jamais rassasié, j'en veux toujours plus. Ma santé, mon passeport français, accessoirement mon job (lui il me donne les moyens, comme il me freine.), font tomber les premières barrières.
En fait je crois que la principale motivation, au delà de découvrir un peu plus ce fabuleux monde qui m'entoure (et qu'est ce que ça vaut le coup!), de ressentir la joie de réaliser un rêve, cette fierté, ces émotions d'avoir atteint un objectif, ce "Sel de la vie", c'est de continuer à se découvrir. Se dépasser? Je ne pense pas, je vais chercher mes capacités insoupçonnées, j'apprends à chaque fois un peu plus. Élargir le monde autour, tout en se recentrant sur soi.
Je suis un boulimique frustré du monde qui m'entoure, frustré de ne pouvoir le découvrir plus souvent, tout en ayant conscience que ce (et ceux) qui se trouve juste à côté pourrait suffire à mon bien être. Prendre le temps et savourer ce que j'ai... Mais sans s'endormir... Heureux ceux qui ont atteint cette harmonie ... Je m'égare, revenons au Kili.
Pourquoi le Kilimandjaro? Je ne sais pas pourquoi Il y a des noms que l'on connait depuis toujours. Le Kilimandjaro... ce nom m'est familier et pourtant je ne connaissais pratiquement rien de lui. Il a connu la célébrité de diverses manières, il est souvent cité: comme cette chanson "les neiges du Kilimandjaro" que tout le monde connait. Qui pourrait instantanément me donner le nom de son interprète Pascal DANEL? (spéciale dédicace à Stéphane), au cinéma ou dans la littérature avec notamment Ernest Hemingway que je n'ai jamais lu, ou encore dans cette expression "le toit de l'Afrique" sans avoir une idée de l'altitude de son sommet ni véritablement sa situation géographique, en Tanzanie. J'aurais parié sur le Kenya.
Ou cette photo d'un troupeau d'éléphants au premier plan et qui est si souvent utilisée pour en faire la promotion: elle est en fait prise depuis un réserve au Kenya. Il n'est pas possible de faire ce cliché en Tanzanie.
Au delà du mythe, je voulais poser mon empreinte sur un point remarquable de notre belle planète. Après avoir traversé le cercle polaire arctique il y a 2 ans et de m'être approché le plus près possible du Pôle Nord en Europe au NordKapp en Norvège, il me permettait de faire un 180° et de me retrouver pratiquement sous l’Équateur tout en me proposant de faire ce que j'aime: grimper et en prendre plein les yeux (et c'est rien de le dire...), de m'élever à des altitudes qui commencent à compter, "faire l'un des Sept" sans expérience, sans nécessité d'avoir les compétences techniques d'un alpiniste. Merci Franck de m'/nous avoir emmené là haut. Juste la volonté de faire un pas devant l'autre comme je sais si bien le faire. Et en prime le faire dans ces conditions et des températures largement accessibles: -10°C au sommet et quelques températures un peu fraiches en sortant de mon duvet au cours de certaines nuits. Le reste du temps des conditions climatiques optimums sans souffrir de la chaleur sur les hauts plateaux tanzaniens et des températures très agréables tout au long du séjour. Et enfin d’avoir pu le partager avec mes compagnons de circonstances et de passer avec eux de très bon moments.
Mon choix au moment d'étudier les aspects d'organisations s'est porté sur l'UCPA. Une première pour moi.
Avec l'avantage d'offrir deux activités bien distinctes: cet objectif de l'ascension et en bonus une semaine de safari, pour plonger dans l'univers du « roi lion » et de découvrir l’Afrique, quelques tranches de vies locales avec un budget "plus contenu" (pour ceux que cela intéresse, j'ai les coordonnées de notre guide Franck, pour éviter des intermédiaires et pour personnaliser si besoin: vous pouvez y aller les yeux fermés, c'est un super pro). Pour le même budget avec une autre agence de voyage je n'aurais fait que l'ascension avec pratiquement les mêmes prestations puisque sur le Kili il n'y a pas d'hôtels "quatre étoiles". Cela reste roots et ceux qui ne supportent pas de dormir sous tente et de bénéficier d'une douche chaude tous les jours, fuyez!
Avec l'inconvénient de ne pas pouvoir choisir sa date de départ et de retour: il faut que cela colle pile poil avec les contraintes de congés, n'est-ce pas Claire? J'avais tenté l'aventure l'année passée, cela ne l'avait pas fait. Sans regrets.
Avec l'inconnu pour moi de partager ce voyage avec un groupe et d'être peut-être en "décalage". J'avais, comme beaucoup, entendu quelques anecdotes sur les stages UCPA. J'ai pleinement confiance à mes capacités d'adaptation mais à ce niveau j'ai pas eu véritablement besoin de puiser dans le réservoir. Merci Lucie, Anaïs, Yvette (oui ça existe encore... Je taquine.), Marion, Claire, Catherine, Thomas, Pierre, Vincent, Étienne, Sylvain, Frédéric et Stéphane. Merci à Toi Franck et tout "ton Staff". Je suis très heureux d'avoir partagé ce séjour avec vous tous. Je me suis permis de vous emprunter quelques clichés par-ci par-là.
Le Kili a répondu à toutes ces attentes et bien au delà. Et pourtant le séjour une semaine plus tôt n'a pas débuté comme cela était prévu: un départ retardé de 24h pour un problème sur l'avion juste avant l'embarquement et avec le bonheur de visiter Roissy city. Il a failli également tomber à l'eau hier au petit matin: je me suis retrouvé sans mon sac et tout mon matériel. Il avait disparu (j'y reviendrai dans la seconde partie.). J'ai rapidement relativisé, mais quelle déception. Bon j'ai pas trop eu le temps de gamberger, il est réapparu quelques dizaines de minutes plus tard, bien assez pour se poser encore de multiples questions. En tout cas moins longtemps que pour Vincent.