Par FetR
On a bien compris que pour cette fois l’aventure avec un grand « A » c’était foutu. Alors on se console avec un petit « a ».
Du 12 février au 5 avril 2020
53 jours
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19
mars
Dernier « cider o’ clock » chez les Grecs

C’est avec le cœur serré qu’on a dit au revoir à James et Kamala. Et on a quitté Sampatiki. On a laissé derrière nous ce petit coin de paradis - éphémère malheureusement en ces temps actuels - pour se diriger tout droit vers l’enfer - ou plutôt « la guerre », c’est bien ça ? - qui nous attend en France.

En Grèce, avec leurs 300 cas Covid-19 au moment de notre départ, les restrictions sont moins strictes que ce qu’elles sont actuellement en France, mais la population semble plus disciplinée : il n’y a plus grand monde dans les rues et les gens se tiennent à distance les uns des autres. Les Grecs croisés en chemin nous démontrent une fois de plus leur hospitalité malgré eux, en s’excusant presque qu’on doive partir à cause du coronavirus !

Décoller tôt, ça fait des jolies photos !  

On a donc traversé les aéroports d’Athènes, Munich et de Nice, sans encombre, sans annulation de vol, et un peu soulagés malgré tout que les avions ne soient pas si pleins et nous permettent de nous espacer un peu. Si les aéroports pouvaient toujours être aussi vides !

On clos donc ce chapitre, en ayant pris le pli du confinement francais. En voyant l’évolution de la situation ce matin dans les rues, on a l’impression que les interactions sociales sont quand même nettement diminuées... Et on espère un peu que la tristesse et les larmes promises par ce réanimateur - dont on a vu l’intervention sur le net - ne soient pas si nombreuses que prévues.

16
mars
James et Rem’ ont craqué, y z’ont tout dévalisé le rayon 

C’est fou comme les choses ont rapidement évolué dans nos têtes hier. Au moment où on publiait notre dernier article, on était - comme la majorité - dubitatif. Probablement par manque de données, défaut de communication et par habitude de vivre dans un pays où on ne nous prive pas habituellement de nos libertés. Les quelques discussions avec les proches côtoyant le milieu médical ces derniers jours nous ont remis les pendules à l’heure. Bien évidemment nous n’avons pas envie de partir... Mais nous n’avons pas envie de vivre non plus ce qui risque de se passer en Europe ailleurs qu’à la maison. Alors hier soir, on a changé nos billets de retour pour la première possibilité qu’on avait, à savoir un départ d’Athènes prévu mercredi matin à 6h.

Ambiance studieuse à la Zorba´s house 

On se dit qu’on va peut être réussir à choper le dernier créneau dont nous disposons pour rentrer en France. On n’est sûr de rien à ce stade mais on a fait tout ce qui était en notre pouvoir pour essayer de rentrer. Si ça se goupille bien, on va se mettre en « super confinement » à notre retour, après cette exposition immense que va être notre passage par l’aéroport d’Athènes puis de Munich.

Leonidio... 
... et Sampatiki... le calme avant la tempête   

Et sait-on jamais, si parmi ceux qui nous lisent, certains ont encore des doutes, on relaie cet article assez pédagogique (https://sciencetonnante.wordpress.com/2020/03/12/epidemie-nuage-radioactif-et-distanciation-sociale/ ) et on insiste sur ce message qui a l’air d’avoir du mal à passer : il n’a jamais été aussi simple de sauver des vies, il suffit de rester chez soit.

15
mars
L’équipe gagnante des deux dernières semaines  

C’est devenu une sorte de rituel. Tous les matins, on reçoit un texto de Beth qui nous demande où on va grimper.

Vue sur Leonidio depuis ses vieux moulins à vent  

Beth, elle faisait partie du groupe d’américains que l’on a rencontrés à Shigu, avant de fuir chacun dans notre direction - eux au Laos pour Thakkek et nous en France-, et c’était une des plus cool. À cette période en Asie, Thakkek étant devenu une sorte de « refuge » pour de nombreux voyageurs ne sachant plus où aller, et le camp de grimpeurs étant particulièrement blindé, on avait donné à Beth le contact de James et Kamala qui s’y trouvaient alors, au cas où... Deux jours après, on avait reçu un message de James : « ton américaine à qui tu as refilé notre contact, et bah on connaît son mec ! » Comme quoi, le monde est vraiment tout petit.

King of thrones, un secteur minuscule mais avec quelques voies sympas 
A Sabaton, on a apprécié le style des frères Rémy : une voie tous les 2 mètres, un point tous les mètres, mais jamais bien placé !

A peine atterris à Athènes le 12 février dernier, en train de récupérer notre voiture de location, on a entendu derrière nous : « Hey guys, what are you doing here ? » Et nous de répondre « And you, what are you doing here ??? » On avait Beth juste en face de nous, qui venait directement du Laos rejoindre une de ses copines, Lauren, pour un mois à Leonidio ! Beth et Lauren ont pris l’habitude de se retrouver pour des vacances de grimpe tous les hivers, dans la mesure où le copain de Beth préfère l’escalade traditionnelle et les grandes voies à l’escalade sportive, et le mari de Lauren n’aime ni l’escalade ni les voyages. Le duo est irrésistible et à l’origine de grandes rigolades - Beth parlant souvent de Lauren en disant « my wife ».

James à l’œuvre à Elona
Lauren dans la même voie 

Du coup on se retrouve régulièrement tous ensemble à la falaise - où à l’apéro -, avec nos nouveaux colocataires James et Kamala et Beth et Lauren. Cette ambiance faite de rencontres qui se prolongent est loin d’être désagréable et nous permet de retrouver un peu ce sentiment de « grand » voyage. On s’est aussi rendu compte que tous les gens rencontrés ce début d’année en Asie ont modifié leurs plans et/ou écourté le voyage à cause du coronavirus. C’est un peu triste mais ça a un petit côté réconfortant.

En route vers Kyparissi  
A la découverte d’un secteur récent de Kyparissi, Hideout  

Et puis comme toutes les bonnes choses ont une fin, il est temps aussi pour les deux américaines de penser à rentrer dans leur pays. Ironie du sort, on avait quitté Beth à Shigu au moment où les mailles de la quarantaine chinoise risquaient de se refermer sur nous... Et on va les quitter cette fois en Grèce dans une ambiance qui nous rappelle quelque peu ces précédentes interrogations que l’on avait en Asie !

Premier bain de la saison  
Notre maison à Sampatiki  

Pour leur dernier jour hier soir, on avait tous prévu de se retrouver au resto - un resto où j’attendais de retourner depuis longtemps soit dit en passant car j’y avais repéré un plat que je n’avais pas eu l’occasion d’essayer au moment où Olivier était avec nous. Arrivés devant le resto : fermé. Un peu bizarre pour un samedi soir. Interrogeant Google au passage et constatant que l’ensemble des restaurants étaient fermés, on a appris que la Grèce avait pris des mesures de restrictions pour limiter la propagation du coronavirus : fermeture de tous les lieux publics pour les deux prochaines semaines. Aujourd’hui, on apprend que les hôtels et AirBNB n’ont plus le droit d’accueillir de nouveaux clients.

Nous qui avions l’espoir d’être épargnés un temps de ce qui se passe actuellement en France sommes bien obligés de constater qu’on va y avoir droit de nouveau. Quand on était en Chine, notre complexe de supériorité occidental - ou notre nature humaine - nous laissait à penser que si l’épidémie de coronavirus arrivait chez nous, les choses se passeraient certainement bien différemment de ce qu’elles avaient été en Chine... En fait non. Et la gestion de crise est peut être même pire dans la mesure où les restrictions chinoises étaient certes strictes mais ne laissaient pas de place aux tergiversations. On est bien évidemment affecté par la situation italienne et ce qui va inévitablement arriver en France aussi et dans toute l’Europe. Et une fois de plus, on se demande : que faire ? On n’est pas si mal ici : même si les commerces non indispensables sont fermés, on a le sentiment qu’on n’est pas trop exposés et qu’on peut encore y passer des jours tranquilles. Mais pour combien de temps ? Et surtout, va-t-on réussir à rentrer de nouveau en France au moment prévu ? Dans le cas contraire, combien de temps risque-t-on d’être bloqués ici ?

On a profité sans le savoir de nos derniers jours de liberté pour aller visiter Monemvassia...
... joli petit village fortifié et parfaitement rénové  
6
mars

Citation récurrente de mon chéri.

Nouveau cadre  

Il faut dire ce qui est : Athènes c’est une vraie grosse ville et pas vraiment le cadre idéal pour passer des jours tranquilles.

La vue depuis notre Airbnb  

Alors bien sûr il y a toute l’histoire de cette grande capitale de la démocratie... et c’était un peu notre motivation à y venir. Mais après notre passage en Sicile il y a quelques années, le Parthénon de l’acropole et ses petits frères et sœurs nous paraissent bien fades à côté des monuments super bien conservés de la vallée des temples d’Agrigente. Heureusement on avait choisi la version abrégée - 2 jours / 3 nuits - et on peut rapidement remettre le cap sur... Leonidio !

Le Parthénon, il est pas trop canon  
L’Odéon d’Hérode Atticus  
L’Erechthéion 

Oui, car lors de notre avant dernier jour là-bas avec Olivier, on y a rencontré Philippe, qui est arrivé tout seul à la falaise et cherchait quelqu’un pour grimper. De fil en aiguille - où plutôt de voies d’escalade en bières - on sympathise et on apprend que Philippe est le propriétaire d’une maison à Sampatiki, petit port ultra tranquille au Nord de Leonidio, et qu’il la loue en AirBNB ou aux copains. Pour nous qui avons bien aimé grimper dans le coin et qui pensions certainement y revenir, on vous laisse imaginer la résonance que cette info a eue dans notre tête. Seulement nos emplois du temps ne concordent pas trop car la maison est louée fin mars et Philippe est d’accord pour nous la laisser à un prix cadeau, mais à condition qu’on y arrive plus tôt et qu’on occupe toute la période « vacante » jusqu’aux locataires AirBNB... Ça remet tout le planning en question mais la question n’a pas tourné longtemps dans nos esprits avant de sauter sur cette véritable aubaine !

Athènes vue depuis l’Acropole. C’est que c’est la ville, vain dieu !!!

On reprend donc la route pour Sampatiki où on va passer quelques jours en compagnie de Philippe jusqu’à ce qu’il rentre sur Briançon, à bord de sa voiture chargée d’huile d’olive top niveau qu’il revendra en France à un prix ridicule pour se payer le trajet. Un sacré numéro !

Le stade olympique ou panathénaïque 
À Athènes, on a essayé de se culturer et c’était vraiment pas facile ! 
Il paraît que ce truc était en photo dans notre livre d’histoire-géo... 

Ce jour de retour à Leonidio doit également être celui d’autres retrouvailles : celles de James et Kamala, les deux américains qu’on a rencontrés en Thaïlande et qui arriveront du Laos. Ils avaient prévu de passer en Grèce à la fin de leur voyage un peu plus tard mais ont finalement modifié leur plan sous l’influence d’un certain coronavirus... On a appris qu’ils arrivaient en Grèce juste quelques jours avant de rencontrer Philippe. Ayant dégoté ce super plan dodo, on s’est empressé de le leur proposer, la maisonnette en question ne comptant pas moins de 3 chambres, chacune dotée d’un petit lit en 180... un peu embêtant ces lits en 180, il faut prendre rendez-vous pour se croiser là-dedans ! Quelques textos plus tard, on se retrouvait à 4 ! On ne vous cache pas qu’on appréhendait un chouya cette collocation internationale. Mais force est de constater que Kamala et James sont vraiment au top, patients, attentifs, curieux et amateurs de pif, ils prennent sur eux de nous faire progresser en anglais. On carbure donc au jaja et aux explications syntaxiques et nouveaux mots bizarres, qui viennent enrichir nos discussions et nos fous rires communs.

Ce jour-là, Philippe nous emmène à la découverte d’un nouveau secteur équipé par un certain ami suisse  
Le nouveau secteur, ça se mérite... 
... mais après 1h30 d’approche en mode sanglier, on est finalement récompensé 

Petite ombre à ce tableau idyllique, Philippe est parti rejoindre sa chère et tendre à Briançon, il n’avait pas vraiment l’air d’avoir envie de partir l’ami Philippe et nous on se retrouve orphelins de ces soirées pendant lesquelles ce retraité du secours en montagne, alpiniste de haut vol, navigateur chevronné, nous faisait rêver avec toutes ses anecdotes et son anglais matiné d’accent du sud ouest.

26
fév
Le village de Leonidio  

On profite de cette nouvelle vague pandémique - qui nous poursuit décidément - pour remettre un pied à l’étrier et relancer le blog. Il faut dire que cette fuite en urgence d’Asie nous avait mis un sacré coup au moral - de là à dire qu’on avait perdu notre élan vital, il n’y a qu’un pas. S’en est suivi une période d’expectative un peu délicate pour plusieurs raisons. Où repartir, mais surtout à quel coût ? Et puis j’avais agrémenté ce voyage en Chine d’une petite blessure au doigt dès notre deuxième jour à Shigu qui m’a contrainte à m’arrêter de grimper un mois. Donc repartir, oui, mais où et pour y faire quoi ?

Theo’s cave  
Four solaire à  Theo’s cave 

Ces hésitations n’ont pas duré non plus une éternité. Europe + grimpe + pas cher + hiver = Grèce ! On a donc décollé le 12 février dernier - embarquant Olivier au passage, dont le plan initial était de nous rejoindre en Chine - pour Athènes. De là on a rejoint Leonidio, destination grecque continentale la plus populaire actuellement pour l’escalade, sur la côte Est du Péloponnèse - l’occasion pour moi de me confronter aux souvenirs de mon premier séjour ici en 2016 où j’avais non pas été déçue, mais pas franchement emballée.

Le très esthétique secteur Elona  

Il faut le dire, ces premiers jours grecs, même si on n’est plus en France et qu’on est reparti pour un petit moment - 7 semaines - n’ont pas la même saveur qu’en Asie ! On a remplacé le riz par des frites et les légumes épicés par de la viande au gras... « C’est justement ça qui est bon » paraît-il, question de goût à priori. Cette première partie du séjour - avec Olivier - s’est déroulée en mode « vacances », c’est à dire resto tous les jours, sauf les jours où Niki, notre hôte AirBNB, prenant tout naturellement son rôle de modèle d’hospitalité grecque, nous apportait un repas confectionné par ses soins... Mythique ! Ceci la propulsant immédiatement dans nos meilleures expériences AirBNB - égalant certaines prouesses réalisées par d’autres hôtes du côté de Manosque !

Le secteur HADA 
Travail d’équipe à HADA 
À HADA, il faut fermer le bras ! 

Depuis 2016, de nombreux secteurs ont vu le jour et le fait de venir en hiver nous permet de profiter des jours de « mauvais temps » ou de températures plus fraîches pour aller grimper en face Sud, là où il y a le plus de choix. On a donc visité chaque jour un secteur différent, sauf les deux derniers jours où notre choix s’est porté sur le secteur ultra classe et classique Mars.

Secteur Kamares  
Secteur Jupiter  
Les incroyables colonnettes de Mars 

Curieusement on est en plein dans les vacances scolaires d’hiver en France mais c’est beaucoup plus tranquille que ce que c’était à la Toussaint. Il n’y a rien à dire : la Grèce, c’est quand même classe et Leonidio est une petite ville perdue entre côtes et montagnes, beaucoup plus authentique que ce qu’est devenue Massouri à Kalymnos. Je me remets à grimper petit à petit et finis par dépasser cette frustration latente caractéristique de tous ces « sportifs à la con » qui doivent arrêter leur sport le temps de se réparer (point de vue du radiologue) ! Mon doigt ne va pas si mal finalement et j’arrive rapidement à retrouver un peu de niveau. Deux semaines plus tard, après avoir arraché quand même quelques prises - le rocher à Leonidio est un peu fragile -, on en a plein les bras et il est temps de ramener Olivier à Athènes.

Entre ombre et soleil à HADA 
Il y a encore du boulot pour le bronzage !  

On en profite de notre côté pour planifier quelques jours de repos consacrés à la visite d’Athènes. Notre plan initial était ensuite d’aller grimper plus au Nord une grosse semaine - voir les secteurs de Pyli, Mouzaki, Theopetra et les Météores - pour revenir à Athènes le 8 mars changer de voiture de location - stratégie subtile nous permettant grâce aux cartes bancaires de ne pas prendre l’assurance proposée par les agences de location - et grimper dans les environs d’Athènes. Ce premier tour d’horizon des possibilités en Grèce étant destiné à nous permettre de décider de la suite à donner à notre voyage.

Remi travaille sa technique à Twin Caves  
Crux martien  
Twin Caves  
Et pour finir... Mars bien sûr