Carnet de voyage

Pays Basque - Euskal Herria

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Par FannyP
“Ici un lien secret et profond et que rien n’a pu rompre unit, même en dépit des Pyrénées, ces frontières naturelles, tous les membres de la mystérieuse famille basque.” Victor Hugo
Mai 2017
2 jours
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Cœur du Pays Basque, ce village a beau grandir, il restera village. Le village des basques qui n’ont jamais trahi leur terre. Ce village a beau grandir il ne sera jamais que la capitale de ceux qui ont trop aimé cette terre pour ne pas y rester sinon y revenir. Racine d’un peuple qui vieillit toujours mais ne meurt jamais. Sève vivante de cet arbre qui s’étend du Nord de l’Espagne au golfe de l’Atlantique. Foulé par des milliers de pieds écorchés, il est le refuge de tant d’hommes et de femmes. Étrangers errants trouvant dans ces terres hostiles un foyer pour se réchauffer. On y parle toutes les langues du monde mais on finit toujours par y parler une seule langue, celle que personne ne comprend mais que tout le monde écoute et répète comme une prière pour reprendre la route. Cap sur Saint Jacques !

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Dans la brume qui enveloppe les collines vertes. Dans les vapeurs qui effacent la frontière que des hommes venus d'ailleurs ont dessinée pour eux. Dans la fumée dissoute entre les toits rouges et verts de ces temples familiaux. On verrait presque les contrebandiers traverser les ruisseaux, éclairés à la torche. Pour un commerce illicite sur lequel aucune autorité n’avait d’emprise et que seule l’espace Schengen a pu arrêter. Tant de jeunes hommes que les villages connaissaient bien mais dont on taisait les noms. Comme un voile de plus jeté dans la brume des montagnes. Un secret parmi les milliers qui peuplaient les histoires de famille et qui hantent encore les jeunes basques.

"Le monde de mon père termine aux limites de sa ferme qui renferme son ciel et sa terre. Il s’y sent libre." ALSIER ALTUNA, Amama, 2015

Dans ces villages, le temps semble s’être arrêté. Seule l’aiguille du clocher continue de trotter inlassablement. Et pourtant, ces maisons sont si chères à leurs habitants qu’ils en ont pris les noms. Ces maisons ont vu naître, grandir, mûrir, vieillir et mourir tant de basques. Si les maisons n’ont pas changé, des destins s’y sont joués. Certains ont dû les fuir. Mais dans leur exil, ils auraient donné tout l’or du monde pour y revenir. Ces maisons comme des foyers où le feu brûle encore malgré le temps qui passe, des familles qui se font et se défont parfois. Ces murs qui portent les cris de joie et de douleurs de trop de départs et trop de retrouvailles. Ces charpentes qui craquellent d’avoir entendu ces familles chanter les saisons, chanter la liberté et la fête, chanter leur pays. Ce bois qui résonnent encore de tous les fandangos qu’ils ont vu danser. Ces maisons ne tomberont que lorsque le dernier basque mourra.


" Alors un vieil homme, tout couturé, tout basané, qui attendait ce signal, emboucha son clairon et sonna « aux champs » " PIERRE LOTI, Ramuntcho, 1897

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"Si je lui avais coupé les ailes. Il aurait été à moi. Il ne serait plus parti. Mais il n’aurait plus été un oiseau. Et moi c’est l’oiseau que j’aimais." MIKEL LABOA, Txoria txori (l’oiseau)

Donnez-moi des ailes pour m’envoler. Donnez-moi de partir, de construire, de bâtir ailleurs. Donnez-moi de rêver, de m’évader. Donnez-moi des rencontres, des gens d’ailleurs qui ont tant à m’apprendre sur moi et mon pays. Donnez-moi des voyages, des photos du monde à prendre. Donnez-moi d’aimer là-bas. Mais donnez-moi de revenir au port.

Un port qui organise toute la vie économique et sociale de la ville. Un port qui voit les enfants sortir de l’école, les amatxi vendre les produits de leur terre, les pêcheurs scander les plus belles prises de la journée. Un port comme une peinture vivante. Et des voiliers qui partent pour revenir plus fort, plus fier, plus grand. Un oiseau qui prend le large pour revenir sans cesse, par amour. Un oiseau aux ailes si grandes qu’il reviendra toujours.


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Ecoute la mer venir se fracasser sur les rochers dans une violence splendide. Sens les embruns rafraichir ta peau séchée par le soleil. Respire le parfum salé venu du large. Et prends le temps de contempler la grandeur de la nature devant toi. Ici c'est le Pays Basque comme ça pourrait être ailleurs. Les falaises appartiennent à l'océan seul qui vient les façonner. Les Pyrénées s'y jettent autant qu'elles y prennent racine.

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"La guitare et le tambourin basque accompagnent la séguidille chantée, que les mendiantes d’Espagne jettent comme une petite ironie légère dans ce vent tiède, au dessus des morts." PIERRE LOTI, Ramuntcho, 1897

Ici, c'est l'Espagne. Enfin non. C'est le Pays Basque, encore. Ici la frontière a disparu avec l'espace Schengen dans les années 90 mais basques français et basques espagnols parlaient déjà la même langue et avaient les mêmes coutumes. Seuls les douaniers au poste entre Hendaye et Fontarrabie marquaient la fin d'un territoire et le commencement d'un autre. Ce pays au sept provinces n'est pas plus français qu'espagnol.

Et ces maisons aux mille couleurs sont les maisons des anciens pêcheurs. Après avoir repeint leurs bâteaux les pêcheurs peignaient leurs maisons. C'est ainsi que les maisons sont de la couleur des bâteaux sur le port. Et l'on peut contempler cette ville aux mille couleurs digne des plus belles toiles de peintures. Une gaieté surprenante qui allège la dure vie de paysans des basques dont le cœur était souvent aussi embrumé que les collines au pied des Pyrénées.

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"La langue basque est une patrie, j'ai presque dit une religion. Dites un mot basque à un montagnard dans la montagne ; avant ce mot, vous étiez à peine un homme pour lui; ce mot prononcé, vous voilà son frère. La langue espagnole est ici une étrangère comme la langue française."

VICTOR HUGO, Alpes et Pyrénées, 1843