Carnet de voyage

Autour de Nouméa

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Après les 2 semaines à Poé nous sommes sur Nouméa, où nous avons enfin de retrouvé Anaïs, Jérôme et les enfants. Ils habitent sur Lifu et nous ont rejoints pour leurs vacances.
Avril 2022
7 jours
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Bonheur intense. Des années que nous étions attendus, des mois que nous y pensions. Anaïs que nous avions rencontré lors de nos années Rennaises et avec qui nous avions fait les 400 cents coup du Naturaliste un peu partout en France, nous accueille ici chez elle. Avec Jérôme et les enfants nous allons partager un peu de leur vie en tribu mais aussi tous les petits secrets de cette prodigieuse nature (un autre bulletin ici).

Anouk et Titouan ont aussi des noms en Djehu la langue parlée à Lifu, Anouk s'appelle Ticana (prononcée Tichana) ou titi, et Titouan s'appelle Ewé.

Après les embrassades, nous réorganisons les sacs pour...partir en croisière. Jérôme en navigateur aguerri par des années de convoyages et de régates, sera notre capitaine pour quelques jours, secondé par Naïs. Wapica (prononcé Wapicha) la voisine de Lifu nous accompagne sur le bateau, nous la retrouverons dans quelques semaines, probablement pour de nombreux échanges encore.

La dépression tropicale qui s'amène par le Nord nous contraint dans nos choix. Nous partons donc pour 4 jours dans le lagon à l'Ouest de la Grande Terre, où plusieurs baies vont pouvoir nous abritées pour les nuits en mer. Malgré tout les "petites" vagues de travers avant rendent cette première journée quelque peu vaseuse pour certains...

Départ en fin d'après midi : La première soirée se passe plus tranquillement même si les lignes ne rapportent rien : la peau du poulet au bout des hameçons disparaît mystérieusement mais aucune touche sérieuse... Le ciel est extraordinaire : la croix du Sud et le centaure, des constellations inconnues pour nous dans l'hémisphère Nord. Dans la nuit le bateau dérive et oblige Anaïs et Jérôme à manœuvrer pour se replacer et dérouler davantage de chaîne.

Le deuxième jour de "nav" se déroule tranquillou avec pas mal de vagues au niveau de la passe de Uitoé , là où la houle du large pénètre dans le lagon. A l'entrée de la baie qui nous accueillera pour la nuit, un groupe de 4 dauphins vient s'amuser dans l'étrave du bateau : bonheur intense, les enfants sont aux anges et Bastien, le découvreur est très fier.

Petite virée sur la plage et premiers dauphins

C'est lui qui entame le 3ème jour à la barre. Nous longeons la côte formée de collines recouvertes d'une végétation assez rase. C'est ce paysage qui inspira Cook, premier découvreur Occidental de l'île, dans le choix du nom Nouvelle Calédonie, la Calédonie étant le nom donné à l’Écosse et ses collines de tourbières et de landes.

Nous jetons l'ancre à proximité d'un îlot paradisiaque. Plongée merveilleuse dans le jardin de corail, une jeune tortue verte se laisse poursuivre, un tricot rayé curieux s'avance vers nous. Anouk dans sa sagesse de grande sœur, nous conseille de ne pas trop s'approcher puisque son poison est dangereux (mortel en fait), mais Anaïs nous racontera par la suite qu'il arrive parfois qu'ils viennent voir directement au niveau du masque ou bien nager entre les jambes sans dommage... Je le suis en chasse dans les coraux, ils sont très paisibles.

Ces sont nos premières plongées avec des gens qui connaissent alors nous observons leurs gestes dans cet environnement nouveau : poser les mains sur certains coraux, chatouiller une comatule pour qu'elle ouvre ses bras noirs et jaunes, mais aussi avertir des dangers en montrant le corail de feu dont le contact entraîne une brûlure durant quelques jours, ne pas toucher les épines de cette gigantesque étoile de mer qu'est l'acanthaster... tout un apprentissage baigné de milliers de poissons géniaux aux couleurs souvent somptueuses, aux comportements variés, aux noms fabuleux.

Nous débarquons sur l'îlot et en faisons le tour, le sable est fait de coraux et de coquilles plus ou moins désagrégés, le centre de l'île occupée par une végétation assez dense de bois de fer (filao). Wapica montre quelques plantes à utiliser contre les égratignures. Assez étrangement il faut faire chauffer les feuilles de au feu avant de les appliquées sur la plaie. Un tricot rayé bleu et mort fait le régale des fourmis... Les enfants font le plein de coquillages...

Pour rejoindre notre mouillage nocturne, nous naviguons quelques heures encore au moteur, les vents n'étant pas favorables. Un groupe de dauphins vient nous accompagner quelques instants mais ils ont clairement moins envie de jouer que ceux de la veille : ils sondent souvent et s'approchent du bateau seulement quelques instants, probablement l'heure de manger. Un petit nous gratifie de quelques pirouettes, instants magiques.

Grand luxe, le linge sèche... 
Merveilleuse rencontre 

L'évolution de la dépression nous force à rentrer une journée plutôt que prévu, les pluies des jours suivants nous permettent d'apprécier la justesse du choix d'Anaïs et Jérôme. Ces 4 jours en mer auront été placées sous le signe d'une météo capricieuse où le capitaine aura passer beaucoup de temps à surveiller Fili ( lorsqu'une dépression tropicale atteint un certain stade elle est nommée). Avant de rentrer nous faisons stop à l'îlot M'Ba, dont certains font le tour (nid de balbuzard tranquilles), quand les enfants jouent dans le sable. La plongée est magnifique : tortue, raie, des étoiles de mer bleu violacée...

Nous voici de retour chez les parents d'Anaïs pour quelques jours. Nous devions nous promener dans le Sud à pied et en voiture, la météo en décide autrement. Fili ayant déversée des trombes d'eau dans le Nord, nous guettons un éventuel classement en niveau 2 qui nous obligerait à rester à la maison. En attendant nous en profitons pour visiter le musée maritime. Les enfants y font des défis de pirates : ils ont été nickels. Nous découvrons les différents types de pirogues avec les influences mélanésiennes et polynésiennes, austronésiennes. Les objets remontés des épaves des bateaux américains de la seconde guerre mondiale pleins de bouteilles de coca ("matériel de guerre indispensable"). Lors de la seconde guerre ils sont plusieurs centaines de milliers (si,si !) à avoir installer des bases arrières sur le Caillou quand la population locale n’excédait pas 50 000 habitants. Les traces de la guerre de 39-45 sont partout dans le pacifique, une guerre mondiale, non ? Nous passons un long moment à suivre les péripéties du voyage de La Pérouse à travers les objets échangés dans tout le Pacifique depuis l'Amérique du Nord et ses pilons pour tailler le bois, des médailles de russie, les porcelaines du comptoir de Macao, les graines de Banksia récoltées à proximité de Botany Bay (Sydney) par les naturalistes de l'expédition. Tout ça récolté dans les récifs coralliens de l'île de Vanikoro (Salomon) où l'Astrolabe et La Boussole ont sombrées.


A gauche la verroterie embarquée pour les échanges pacifiques, à droite : au cas ce serait moins cool... 

Un peu d'intendance tout de même... et les devoirs aussi !

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On profite du répit que nous laisse la dépression pour faire une virée vers la rivière bleue, dans le sud de la grande Terre. Le dépaysement est total, la végétation un régal pour le botaniste : les formes, les couleurs tout est nouveau, une nouvelle planète à découvrir. Cette fois-ci nous ne faisons qu’une « petite virée » en vélo mais pour sûr nous reviendrons…

Toute la partie Sud de la Grande Terre est constituée de roches du manteau terrestre où se sont concentrés le fer, le chrome et le nickel qui font la richesse de la Nouvelle Calédonie. Ces sols sont si particuliers que peu de plantes arrivent à s’y développer mais les millions d’années d’isolement depuis la séparation du reste du Gondwana ont permis une diversification parmi les plus importants au monde : plus de 70 % des plantes sont endémiques !

Ici le sol est rouge, la piste glisse : des milliers de petites billes ferreuses roulent sous les pneus des vélos. Nous longeons les berges du lac de barrage de Yaté. Les arbres au tronc imputrescible sont encore debout et donnent un visage particulier aux zones les moins profondes du lac.

Le maquis minier à la végétation assez basse et clairsemée laisse place à la forêt tropicale humide. Ici se cache le Cagou, un oiseau endémique qui ne vole plus. Après être passé au bord de l’extinction, les effectifs se sont reconstitués et nous arrivons à en voir 5 pour le plus grand bonheur de nos explorateurs en herbe.

Un Kauri, Agathis lanceolata, un monstre de la forêt, probablement 1000 ans d'âge. 

La baignade à la rivière est d’une douceur…