Quel joli nom qu'Esperance ! C'était celui d'une frégate commandée par le breton de Kermadec. Ce bateau faisait partie d'une expédition française partie à la recherche de La Pérouse qui dirigeait lui même une expédition dans le Pacifique et qui avait disparu 3 ans plus tôt...la notion de temps pour porter secours était ma foi bien différente d'aujourd'hui :-)
Ceci dit, l'expédition de 1792 à laquelle l'Esperance participait a eu pour conséquence de donner des noms français à pas mal d'endroits dans la région. Cependant, ce n'est qu'une centaine d'années plus tard que toute cette région a été colonisée par les deux frères Dempster avec leur bétail puis leurs cultures. La région devint vraiment attractive quand de l'or a été découvert un peu plus au nord, à Kalgoorlie. Pourtant aujourd'hui l'attractivité touristique est grande et due aux magnifiques côtes de ce bout d'Australie. Et c'est bien ce qui nous a attirées car ici on n'y passe pas par hasard, c'est une destination en soi.
Pourtant, en arrivant, nous avons été surprises de découvrir une ville pas très jolie, avec grand port recueillant dans ses nombreux porte containers les cargaisons céréalières des road trains qui nous avaient doublées sur la route.
Mais dès qu'on s'éloigne du port, ce sont des baies fabuleuses de sables blancs et d'eaux turquoises mirobolantes. On ne s'en lasse pas et nous passons de baies en baies avec un grain d'euphorie !
Au passage nous longeons également de grands lacs salés dont le Pink Lake, le Lac Rose... rose une bonne partie de l'année en raison d'une combinaison algue/salinité/chaleur bien précise...mais déception, le Lac Rose n'est plus rose ou très rarement depuis environ les années 1970. Il reste cependant bien joli avec ses reflets d'argent.
Le clou de notre journée (et du voyage pour Cécile) est d'aller au fin fond du Park national de Cape Legrand pour y découvrir la baie qui, depuis des années, est lauréate du prix de la baie au sable le plus blanc d'Australie...Lucky bay !
Nous avons repéré sur nos appli de campements qu'il y avait un grand campement au bord de cette baie, alors nous voilà parties. La route est déjà assez longue (60 km) pour atteindre l'entrée du parc et là, un panneau nous indique que le campement est complet. Cela nous étonne un peu car généralement, en début d'après midi, il reste toujours des places. Nous continuons donc jusqu'au campement et apprenons que depuis deux mois, un nouveau système a été mis en place avec réservation obligatoire par internet sur le site du Park national. Nous sommes bien embêtées car retourner à Espérance juste pour la nuit pour revenir le lendemain passer la journée sur la baie est synonyme de kilomètres à avaler encore.
Gentiment, un des rangers nous indique que dans une baie un peu plus loin dans le Park, il y a un campement privé qui a des places..son accès nécessite cependant de faire une vingtaine de kilomètres sur une piste bien rouge et poussiéreuse. C'est dit, on tente le coup et passons une bonne nuit avant de revenir découvrir, au matin, Lucky bay.
Il est certain que lorsqu'on la découvre du haut de la petite colline qui la surplombe, on ne peut s'empêcher de faire Ouahouh ! C'est éclatant !
En arrivant sur la plage on constate que même ici, les 4x4 s'installent pour la journée. Ça c'est très australien, ils ne conçoivent pas d'aller à la plage sans tout leur attirail. Leur parasol c'est le auvent de leur 4x4 (oui il y a des auvents sur leurs voitures !), leur sac de pique nique c'est le frigo installé dans le coffre de la voiture, leurs jouets d'eau c'est le Jet Sky emporté sur la remorque... pourtant, tout cela les oblige à dégonfler leur pneus pour entrer sur la plage et à les regonfler une fois sortis mais rien ne les arrête...ils adorent leurs engins à moteur.
Quand nous arrivons vers 10h,. Il y a déjà plusieurs véhicules installés. Y a également un petit café de plage tenu par une aborigène et sa famille...et surtout, il y a des kangourous. Très célèbres ces kangourous, car ce sont eux qui posent sur la carte postale la plus vendue d'Australie !
D'ailleurs, une famille kangaroo a déjà élu"domicile" sous le auvent d'un 4x4, à l'ombre, le temps de la tétée du bébé kangourou. Puis, ils se sont baladés, comme tous les matins, avant de repartir dans le bush vers 12h.
Sur ce coup là, j'avais une photo challenge à réaliser pour Corentin. Diable, ce n'était pas facile :-( Non seulement il fallait cadrer avec l'arrière plan des îles de la baie mais également obtenir la collaboration d'un kangourou pour entrer dans le champ de prise de vue !
Comme nous sommes respectueuses du fait de ne jamais nourrir les animaux sauvages, il fallait quand même les attirer un minimum - surtout que certains touristes étaient venus, eux, avec des pommes :-(( - ils se sont d'ailleurs fait rappeler à l'ordre sévèrement par la dame aborigène...
Donc, nous y sommes allées de notre plus beau sourire et avec une petite ruse : j'avais dans les poches des morceaux de carottes et j'en impregnais mes mains de leur odeur. Assez efficace, au point que la mère kangourou ne voulait plus me lâcher cherchant à trouver ce qui pouvait sentir si bon...j'ai fini par manger les bouts de carottes. Après maintes photos qui malheureusement ne calaient pas avec celle de Corentin je pensais abandonner. Mais plus tard, dans l'après midi, dans un coin plus paisible de la plage, la mère et son petit son revenus et, tout naturellement, sans parfum de carottes, nous avons pu faire une approche et une photo réussie... C'est étonnant ces animaux : le poil est tout doux, les yeux ont de longs cils...un moment très sympa, un peu comme aux Galapagos...les animaux sont sauvages mais ne craignent pas l'humain...voire, ne sont pas contre un selfie :-)
Enfin, autre élément de curiosité : ce sable blanc. Il est éblouissant, fin comme du talc...quand il est mouillé on a l'impression d'avoir du plâtre à mouler dans les doigts. Ce blanc est dû au fait que le sable est composé de très fines particules de quartz blanc réduit au fil des millénaires en poudre sans impuretés. Mais pas que...il semblerait que la présence de poudre de coraux soit également responsable de cette blancheur...poudre de coraux produite lors de la digestion des innombrables poissons perroquets de cette zone et restituée à la nature dans les déjections des dits poissons. Ces poissons pourraient ainsi "produire" 2 TONNES de poudre de coraux au cours de leurs 20 années de vie ! En attendant, c'est beau et doux :-).
Ce serait dommage de ne parler que de Lucky bay car le Park Cape Legrand est en lui même très beau. Le parc est formé de maquis/landes où poussent de nombreux banksias (arbre produisant des fleurs qui en séchant ressemblent à des balais brosses de WC) et Christmas trees. Il y a de nombreuses randonnées possibles, plus ou moins difficiles dans ce maquis et des grimpettes à faire sur des petits points ardus surplombant la baie et les nombreuses îles qui la parsèment.
C'est vraiment un très chouette endroit où nous aurions bien aimé pouvoir rester quelques jours... dommage.
Le lendemain matin nous laissons Cécile prendre son bus pour Perth (9h de route) où elle prendra un avion pour retourner à Sydney en 4h... c'était une petite semaine bien sympa avec la miss et on a appris plein de petites choses grâce à son expérience de vie australienne. Merci Cécile !
Nous, nous remontons également vers Perth mais doucement et en visant un site souvent présenté dans le top 5 des endroits symboliques de l'Australie. Il s'agit de la Wave rock.
Avant de l'atteindre nous traversons des heures durant un bush qui a été débroussaillé depuis un siècle pour cultiver des céréales. Cette région est (avec la Nouvelle Galles du Sud) le grenier à grains de l'Australie. Essentiellement, par ici, du blé, de l'orge et du lupin, productions qui seront exportées à 70%. Les récoltes sont moissonnées entre la fin du printemps et le début de l'été et acheminées par trains routiers vers les nombreuses grandes tentes blanches de traitement coopératif en vrac présentes tous les 40 km le long des routes dans toute la région, avant leur expédition vers Esperance.
Les "villages" traversés n'en sont pas. Ce sont des petits regroupements de services communautaires comme l'église, l'école, une station essence/drugstore/épicerie, quelques entreprises de matériels agricoles et pièces de rechange.
Les rares fois où il y a un supermarché les rayons ont malheureusement des allures soviétiques de la grande époque.
Les habitants, eux, habitent loin dans leurs exploitations. Il n'y a encore pas si longtemps, jusque dans les années 80, il n'y avait pas de drugstore/épicerie mais des genres d'aubettes de bus où des camions déposaient chaque semaine de la marchandise achetée par téléphone et ensuite, les habitants venaient y chercher leurs commandes, occasion de boire une bière avec les lointains voisins..
Dans cette région il y a également un grand réseau de lacs en chapelets qui pendant quelques dizaines d'années ont permis aux pionniers de récolter du sel. Mais cette activité a rapidement été abandonnée par manque de rentabilité.
Nous arrivons enfin à Hyden, tout petit village qui s'appuie à un drôle de rocher. Plus qu'un rocher c'est une sorte de petite colline granitique (120 m de long et 15 m de hauteur) qui émerge du bush et que la pluie et le vent ont sculptée depuis près de 3 milliards d'années. L'une des formations en résultant est la fameuse Wave rock, une sorte de vague rocheuse figée en plein mouvement. C'est assez impressionnant et, surtout, les couleurs sont excessivement changeantes tout au long de la journée selon comment le soleil arrive à atteindre la paroi incurvée. On dirait de la peinture alors qu'il ne s'agit que des traces de l'eau qui a creusé la roche.
Nous serions bien restées quelques jours mais les températures ne cessent de grimper et par 44° il est difficile de se balader ou même de rester dans le campervan.
Après avoir pris le frais dans le seul café/épicerie d'Hyden (très sympa comme ambiance bush), nous plions donc bagages après 2 nuits. Cap vers Perth pour entamer notre dernière semaine de cette boucle voyageuse 2018...