À propos

Couple qui baguenaude dans les montagnes et sur les sentiers... GR10, GR11, GTA-GR5, GTJ-GR509, HRP, chemin de St Guilhem, Chemin des Bonhommes-GR107, Cami del Ultim Catar, Sentier cathare, GR7, Via Alpina...
Notre découverte des Via Alpina - ces randos européennes qui explorent les Alpes de la Slovénie à la France - se poursuit sur la bleue des pieds du mont Rose au Val Cenis, par le Nord de l'Italie.
Du 17 août au 17 septembre 2023
32 jours
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Petit récapitulatif introspectif, quasi égotiste et qui ne nous rajeunit pas ! Après le GR10 français, puis son cousin espagnol le GR11, après la HRP, le Sentier cathare, le Cami dels Bons Homes et de l'Ultim Catar, le Tour des Monts d'Aubrac, des Volcans d'Auvergne, la Grande Traversée du Jura, le Chemin de St Guilhem, le GR7 sur la ligne de partage des eaux... nous sommes depuis quelques années en pleine exploration des Alpes. En 2014, nous avions découvert le GR5 de Menton à St Gingolph et depuis 3 ans, nous jouons avec les Via Alpina, ces sentiers qui traversent toute la chaine alpine entre la Slovénie et la France, par l'Autriche, la Suisse et l'Italie. Et il y a de quoi faire !!!

Via Alpina rouge, bleue, vert, jaune, violet... plus de 5000km de rando ! 
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Et nous là-dedans ? En 2021, nous avions composé un parcours, contournant le Mont Blanc par la droite, et empruntant un bout de la Via Alpina rouge pour rejoindre la Via Alpina Bleue au niveau de Lac du Mont Cenis (avant de descendre direct à Monaco). L'année dernière, la veille de notre arrivée à Ulrichen, nous avons croisé le point de départ de cette fameuse Via Alpina Bleue à Riale. L'objectif est donc cette année de relier Riale au Lac du Mont Cenis à travers le Val d'Aoste.

On continue à boucher les trous ! 
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On vous épargne les traditionnelles photos de tas de fringues, de matériels en vrac dans la baraque et de pesée au gramme près du contenu du sac. C'est pourtant la réalité de chacun de nos départs en rando et nos tentatives (désespérées) de réduire le poids du sac pour un mois d'autonomie ont bien sûr échoué !

La principale difficulté de cette partie Nord de l'Italie ce sont... les cartes, très peu documentées et comme la Via Alpina bleue n'est pas courante, les descriptifs sont anciens et souvent obsolètes, et a priori amenés à disparaitre au profit du seul et unique tracé rouge. Alors il a fallu repérer sur les cartes en ligne, en apprendre plus sur les pans de montagne qui s'effondrent, retracer les parcours point par point sur un éditeur de cartes pour sécuriser les choses et préparer notre traditionnel WalkBook, ce topo guide très personnel qui indique les points importants, les estimations de temps, les lieux de ravitaillement. C'est très écrit, très préparé pour avoir les marges de manœuvre de le suivre... ou pas !

Nouveauté cette année, nous ne partons pas seuls ! Notre ami Christophe est de la partie, ce qui donne une autre dimension à l'aventure. Nous avons parfois eu du mal à trouver un emplacement pour la tente, alors 2... ça va être quelque chose !!! Grosses pensées pour Émilie sa compagne qui n'a pu nous accompagner et va vivre ce voyage avec une émotion toute particulière (bon... elle va surtout avoir la paix pendant un mois !!!).

Il reste une toute petite place dans le sac à dos et comme d'habitude... elle est pour vous ! On vous embarque, et on compte sur vous, vos réactions et l'interactivité entre nous. Préparez-vous, départ dans 2 jours pour 2 sauts de puce d'abord en voiture puis en train/bus avant d'attaquer...

... la grande traversée du Val d'Aoste !

 

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 Non, cette rando n'est sponsorisée ni par Badoit... ni par Cimalp !

1er saut de puce en voiture avec Antoine, notre compagnon BlablaCar du moment, un gamin qui part sur une compétition de VTT en Savoie !

Alors Ruffec - Modane en voiture, c'est pas passionnant, mais on a bien rigolé. La seule aventure, c'est que d'un seul coup sur l'autoroute, des énormes ballots de paille (vous savez les gros ronds là) ont déboulé de la colline de droite, suivie de la remorque, juste arrêtée par les barrières de sécurité... tout le monde a pilé dans un immense nuage de paille, c'était impressionnant mais seulement des frayeurs et pas de tamponnage général, le méga coup de bol ! Et comme ça on a pu tester le 112... bein c'est quand assez rapide !!!

On se pose au camping de Modane. On dépose la voiture chez un ami de Christophe, une petite pizza et hop au dodo pour le 2ème saut de puce (oui c'est quand même des grosses puces !) qui nous emmène demain, presqu'au point de départ !

Notre voisine de camp est une hollandaise qui a aménagé le coffre de sa deudeuche avec une malle, la transformant ainsi en camping car de luxe. Trop classe ! Derrière, ce sont nos tentes !

670km en 8h par un temps caniculaire, on est crevés !

Modane, ville morte ? On pourrait le croire en y passant et pourtant... Modane, gare internationale, ça ne rigole pas ! C'est impressionnant, les trains arrivent de France, d'Italie, de Suisse. C'est aussi une gare de fret, de nettoyage, de stockage et de réparation... il y a des wagons de toutes les formes, de toutes les couleurs, de toutes les nationalités. En quelques heures nous voilà à Milan où nous devons transhumer entre deux gares. Une ville très impressionnante avec sa célèbre tour végétale construite pour l'expo universelle de 2015, un pur bijou d'architecture moderne. Et que dire de la Gare Centrale très... mussolinienne !

Nous changeons de train pour remonter vers le Nord et nous diriger vers Domodossola, dont nous découvrons les maisons anciennes. Nous nous régalons de toutes ces petites ruelles. C'est magique !

Après plus d'une heure de déambulation dans la vieille ville, nous rejoignons notre bus pour enfin parvenir à Ponte dans la Vallée de Formazza, terminus du bus. Un petit camping nous attend, un excellent repas dans un petit resto aussi ! Côtelette d'agneau rosée à rendre Emilie jalouse, gnocchi à l'ortie à se retourner le bide et panna cotta aux fruits rouges fondante à souhait... ici tout est fait maison ! Un bon dodo, 15 minutes de bus demain et nous serons enfin sur la ligne officielle de départ !

La surprise du jour : la liqueur de sapin achetée à Modane ce matin s'est bien répandue dans le sac de FX, c'est malin !!! Au moins, il est désinfecté... et vue la teneur en alcool, il n'y a pas que le sac qui l'est !!!

19
août

De Riale à bivouac sous Scotta Minoia

Une nuit de camping à côté d'une cascade sous un lampadaire... à oublier ! La "vraie" montagne nous tarde ! Un dernier bus nous grimpe à notre point de départ... Riale. Quelques photos souvenirs et c'est parti pour notre Via Alpina Bleue. Et c'est tant mieux parce que c'est samedi et la vallée est totalement envahie !

Commencer par un café....

Après la très touristique (et néanmoins superbe) Cascade del Toce, FX a décidé d'attaquer par une variante "directe dans l'pentu" dont il a le secret ! Ce choix est simple : éviter les touristes, éviter de descendre jusqu'au village pour se retaper du dénivelé, et donc gagner du temps.

On n'a pas été déçus ! Ça nous "a bien piqué la gueule", expression favorite de Christophe et il faut l'avouer... tout à fait parlante... et en vrai, ça n'a pas piqué que la gueule !

Mais franchement on en prend plein les mirettes et en une journée, on se cogne un petit échantillon de ce que la montagne peut offrir : des paysages grandioses, des prairies verdoyantes, des chemins bien tracés sur d'anciennes voies de service, puis plus complexes au milieu des pierriers, des lacs d'un bleu incroyable, des petites cheminées dans les caillasses, nos premières bestioles (marmottes, chamois, chenilles dès le 1er jour) et de sacrés dénivelés pour une première journée... tranquille !


Nous nous posons en pleine nature, au son des clarines des vaches voisines sous la surveillance des marmottes qui profitent des derniers rayons du soleil couchant.


Notre bivouac du jour

13.78km en 6h10. 1318D+, 642D-

20
août

De Scotta Minoia à Giessen

La nuit fut courte car les clarines ont teinté toute la nuit et l'une de leurs porteuses est même venue lécher la tente pour identifier les intrus sur son herbe !

Comme prévu, lever 5h, tous fiers et une lumière à 100m nous prouve que nous ne sommes pas les premiers et que la vie de berger démarre bien tôt ! Il venait chercher les fameuses vaches pour la traite matinale !

Une belle descente jusqu'à Crampiolo où nous nous délectons de yogourt frais aux parfums divers, de fromage et de saucisson avant de repartir "direct dans l'pentu". La montre de Christophe a calculé une pente à 35% et donc... "ça pique la gueule", vous commencez à connaître ! Et pour couronner le tout, c'est échelles, chaînes et il faut ranger les bâtons pour libérer les mains !

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Et la pente n'est pas la seule à 35... la température est étouffante et l'ombre totalement inexistante. Nous arrivons au col, envahi par des italiens bruyants que nous fuyons en redescendant dans un amas de cailloux, puis au bord d'un lac où nous faisons trempette dans l'eau glaciale. Mais franchement le soleil cogne dur et nous fuyons à nouveau à la recherche d'une parcelle d'ombre... introuvable ! Nous sommes épuisés et Amanda commence à montrer des signes de "ça va pas !"... Nous continuons la descente tant bien que mal mais pour la miss "ça ne va pas du tout", mais franchement "pas du tout du tout" ! Elle est pâle, l'envie de vomir, mal au ventre et les batteries à plat total ! Bref ça sent l'insolation ! Nous continuons la descente petit bout par petit bout entre deux séances de vidange ! Les deux heures restantes vont s’avérer très longues !

Près d'un petit étang, alors qu'elle est en mode "laissez moi là", la décision est prise, Christophe creuse le trou et FX l'achève ! Nooon on déconne... elle porte quand même la bouffe ! Donc, Christophe joue au St Bernard et accompagne la bête blessée par sauts de puce pendant que FX joue au sherpa et porte le sac d'Amanda par-dessus le sien, soit une belle charge de + de 30kg... et ça, ça pique et pas que la gueule ! C'est parti pour 2 heures de descente et vu le poids, y'a pas à réfléchir, à fond jusqu'au camping de Giessen.

Christophe et Amanda ont suivi un autre chemin et arrivent environ 1h après, non sans avoir essayer de faire du stop, vainement, car ici, quand on tend le pouce, les gens font "coucou" ! Petit à petit, la girl finit par ne plus vomir ce qu'elle ingurgite et donc ce soir, c'est deux salles 2 ambiances : "vomito" au dodo avec un bouillon au vermicelle et les garçons au village voisin pour la laisser dormir et faire le plein de protéines !

23,60 km en 10h (nous comptons toujours le temps sur le dernier arrivé), 933D+, 1877D-

21
août

De Giessen à bivouac 1h après Bortelhütte.

Lever 5h avec l'inquiétude de savoir si Amanda va mieux. Le combo "bouillon/dodo/bois d'l'eau" a fait son effet ! Départ direction Binn et un petit café plus loin (12,60€ les 3 cafés, c'est pas la gueule que ça pique !), nous repartons dans la montagne et une fois de plus... ça grimpe sévère, d'abord en sous-bois très agréable puis dans un paysage presque désertique digne de films de science-fiction !

Et ce cagnard cogne toujours autant !

C'est long, il n'y a pas un cm d'ombre, FX a une petite faiblesse dans la montée, sûrement le contre coup de la veille, mais reste néanmoins en guide de marche et continue à tracer des flèches de direction au sol pour l'arrière garde !

Le tout au son des criquets et sauterelles, qui, vu comment elles se jettent sur nous bêtement à notre passage, nous démontrent à la perfection pourquoi elles s'appellent des sauterelles et pas des volerelles (oui, elle est d'Amanda... qui va donc bien mieux !).

La nature est bien vivante, bien présente et se donne à voir...

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Le bar de haut de téléphérique que nous visions pour nous rafraîchir ne nous offrira que l'eau du robinet extérieur. Nous continuons le périple à la recherche désespérée d'un coin d'ombre... Dans un microscopique village de chalets, chacun glane l'ombre des murs pour une sieste avant de repartir le long d'un bisse en balcon de toute beauté jusqu'au refuge Bortelhütte. Un repas pour ce soir ? Trop compliqué pour les gérants ! Nous faisons une longue pause en compagnie de Philippe et Gilbert, deux sacrés genevois pleins d'humour avec qui nous passons un moment délicieux.

Soudainement (comme si par magie, elle venait de re-découvrir la notion de refuge !) la gardienne se propose de nous faire un repas pour 30CHF chacun. Du coup, on décline, préférant garder notre argent pour les jours de mauvais temps à venir (jeudi, vendredi). La gardienne nous indique une bergerie abandonnée sur la montagne d'en face (car il n'est bien sûr pas autorisé de camper à côté... des fois que ça aide !). Donc on charge un peu plus de 10l d'eau et nous revoilà partis pour plus d'une heure de marche.

Après repérage des lieux, nous n'allons pas monter la tente ce soir mais nous installer dans un coin de la bergerie, spartiate, sommaire mais ça va le faire !

30km en 9h30. 1636D+, 1178D-

22
août

De Bivouac à 1h de Bortelhütte à Bivouac à Gabi.

Spéciale dédicace à Valch qui aime tant ces levers de soleil montagnards !

Réveil de notre bivouac de fortune : FX a enfin dormi, du coup, les autres... moins ! Après 4 jours d'insomnie, la bête a un peu ronflé ! Comme tous les jours, c'est petit déj' et direct dans l'pentu, ça réveille. C'est d'abord en forêt, puis au travers d'une station de ski de fond puis dans une sacrée gravière aux zig-zags ardus. Franchement dès le matin, ça tabasse bien ! Mais l'arrivée est juste...

... époustouflante ! On avait les larmes aux yeux et ça nous a tous bien claqué notre beignet !

Nous descendons tranquillement vers le lac bleu et soudain... c'est l'autoroute, ça arrive de partout pour rejoindre un refuge à proximité, contempler le glacier ou simplement s'aérer (parfois dans des conditions qui nous laissent perplexes : sandales, tshirts, pas de casquette, pas d'eau !!!)

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Il faut dire que l'endroit est couru, le célèbre Simplonpass, son aigle de pierre et son flot continu de véhicules de toutes sortes !

La serveuse du restaurant nous refusant le chargement de la powerbank sans même nous adresser un salut, nous décidons donc d'aller glaner notre déjeuner au magasin de souvenirs du coin. Nous repartons à la recherche d'un coin pour faire la sieste ailleurs que dans ce col bruyant, nauséabond et en plein cagnard. Nous découvrons un endroit idyllique et regrettons bien qu'il ne soit pas l'heure de bivouaquer ! La rivière est proche, une toilette, un bout de lessive, une sieste et... un réveil brutal par deux explosions consécutives dans la montagne au-dessus de nous, suivies d'un nuage de fumée et d'un ballet d'hélicoptère dont nous ne saurons finalement rien !

Nous descendons vers SimplonDorf (le village donc), un achat d'œufs direct chez le producteur, un bon gros ravitaillement et nous voilà repartis les bras chargés de sacs à la recherche d'un lieu où dormir cette nuit. Et franchement ça sent la galère ! Nous allons faire découvrir à notre apprenti la technique du "bivouac à l'arrache" ! On se pose au milieu du chemin, on se lave, on mange et on attend la nuit pour planter le bivouac... à l'arrache, donc !

26km en 10h. 1137D+, 1708D-

23
août

De Bivouac Gabi à Bivacco Marigonda.

Nous étions certes au milieu d'un chemin et proche d'une nationale et pourtant, tout le monde a bien dormi. Comme tous les jours, c'est lever 5h et nous nous orientons vers la forêt pour un chemin bien vertical jusqu'au Col de Furggu et "au Furggu, on en a plein..." ...les pattes, c'est ça !

Nous passons ("enfin !", selon Christophe) la frontière italienne, accueillie par une vache qui regarde passer les touristes comme celles des vallées regardent passer les trains. Nous rencontrons Andreï, un zurichois avec qui Christophe entame un long dialogue. Et franchement, le voir copiner avec un suisse allemand, là, y'a du dossier ! Il semblerait que Philippe et Gilbert l'aient positivement influencé !

Nous nous arrêtons au Refugio Gattascosa, comme une récompense à cette immense côte ! Et Graziella sait nous accueillir ! Polenta, viandes, boissons fraîches... que demander de plus ? Une petite sieste et c'est reparti !

Ça cogne toujours mais les bois nous protègent jusqu'au parking de San Bernardo. A partir de là, nous sommes seuls au monde pour une sacrée montée dans un paysage forestier en dos d'âne jusqu'au magique Bivocco de Marigonda.

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Brigitte et Christine, deux allemandes qui font un bout de la GTA (Grande Traversata delle Alpi), nous accueillent et les discussions vont bon train... allemand, français, anglais forment un joli gloubiboulga linguistique permettant à chacun d'y comprendre ce qu'il veut... ou peut !

Les bivocco, c'est magique. C'est comme nos refuges non gardés mais avec l'électricité, le gaz, des commodités, de l'eau et même une salle de bain... cela repose sur la confiance et on paye la nuit et la conso de gaz en glissant un bifton dans une urne.

Ça pourrait sentir la bonne nuit en perspective... si... le chien de la bergerie à 500m s'arrêtait d'aboyer à en perdre la voix !

28km en 9h50. 1830D+, 1342D-

24
août

De bivacco Marigonda à Camping Antoniopiana

Ça fait du bien de dormir... un peu ! Départ direction refuge Alpe di Lagheto juste au-dessus. Le chien nous accueille en gueulant... ce qui à 6h du mat', réveille tout le refuge ! Jainero, l'ancien du refuge, nous indique un parcours alternatif à celui prévu. Endiamo ! Nous sommes seuls au monde, dans un calme absolu et la montagne est magnifique.

Nous nous empiffrons des framboises à hauteur, en self-service !  
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Après la régalade, nous attaquons la partie plus difficile de ce sentier. Car s'il est plus court il en est aussi plus aérien, beaucoup plus technique et nécessite une grande concentration dans des passages en cheminées ou dans les moraines de schiste.


Nous rencontrons Juan-Carlos, un jeune étudiant en médecine, largué par son groupe de copains qui enquillent 40 bornes par jour ! Il se joint au groupe et nous descendons à Cheggio où nous nous délectons d'un excellent repas pendant que... le ciel nous tombe soudainement sur la tête avec des grêlons énormes !

Nous repartons entre deux averses, et coups de tonnerre toujours à 4 et nous posons au camping d'Antoniopiana.

15.66km en 8h50. 899D+, 1999D-

25
août

Du camping de Antronapiana à Posto Tappa de Molini

Juan-Carlos nous a demandé s'il pouvait nous accompagner. On a dit "OK mais c'est lever 5h, mon lapin !" et pour ce jeune étudiant en médecine de 27 ans... tout a semblé difficile : le lever, le pliage de la tente, le petit déjeuner...

C'est donc un groupe de 4 qui quitte le camping... on va finir par faire une colo de montagne ! Bon franchement, hormis quelques km fort charmants dans les bois, le reste du parcours longe une route et n'est pas très intéressant.

Soudain le chemin bifurque vers la droite pour une ascension que nous savons longue et complexe avec ses plus de 1000m de dénivelés. Et cette perspective semble avoir raison de notre 4ème compagnon qui décide, au deuxième virage, de faire un autre choix de voyage "je crois que je vais m'arrêter ici"... nous continuons et on confirme, cette ascension nécessitait un sacré engagement physique. Nous passons de hameau en hameau, quelques maisons de pierre paumées dans la montagne et l'on sent qu'ici on vit chichement. Le berger croisé avoue que son fromage n'est pas fameux du fait d'un lait peu gras. La gardienne du refuge auquel nous arrivons est inquiète car il n'y a plus d'eau depuis deux jours et ne peut nous servir que des sodas. Elle attend la pluie et l'orage avec impatience... pas nous !!!



Les oratoires et chapelles sont partout, peut-être comme symboles du besoin de recherche d'aide et de réconfort pour affronter les difficultés de la vie locale.

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Certains villages semblent totalement abandonnés et pourtant, à chaque fois, certains signes pourraient laisser croire qu'au moins l'une des maisons est habitée. Mais alors... dans des conditions qui paraissent vraiment miséreuses. Nous essayons de réaliser la vie ici...

Nous arrivons à Molini de Calasca, il est 14h et la météo annonce du mauvais temps. Nous avons plus de 4h d'ascension pour le bivacco suivant. Petit arrêt au PostoTappa du coin pour se délecter d'une pizza, et prendre le temps de réfléchir et de se décider. C'est toujours une décision complexe à prendre parce qu'avec le ciel, on ne sait jamais vraiment ce qu'il va se passer et cette situation d'incapacité à savoir pour anticiper entraîne des palabres : on fait tout un tas de scenarii du plus optimiste au plus catastrophiste, et la décision est toujours dure à prendre car les conséquences peuvent être importantes ! Comme on n'arrivait pas à se décider, c'est le coup de tonnerre, tout pile à l'heure dite, qui l'a fait pour nous et ça nous a calmé direct !

Notre resto fait aussi des chambres, c'est décidé, on s'installe ! Tout le monde se douche pendant que les trombes d'eau s'abattent sur les alentours. Et pendant que certains font la sieste, FX entreprend de profiter d'une accalmie pour aller faire du ravitaillement dans une hypothétique épicerie... fantôme ! Un autochtone indique une autre épicerie dans... un autre village. au début tout allait bien, puis le tonnerre est revenu, puis la pluie, puis tout a fini en sprint sous la grêle avec arrivée fracassante devant le bar ! L'épicerie voisine "n'a pas reçu le camion" donc en gros... y'a rien !

La grêle tombe de plus en plus fort, et le retour semble complexe... une accalmie, un chemin bien indiqué et un retour en running jusqu'à l'hôtel pour un repas à base de joue de bœuf (on en mange à toutes les sauces !!). Au lit les poules pour un bon dodo pendant que pluie et orage impactent partout (nous sommes au niveau de Calasca-Castiglione sur la carte !).

18,56km en 6h45. 1541D+, 1643D- (+4,5km pour les course !)

26
août

De Posto Tappa Molini à Posto Tappa Campello Monti

Une nuit réparatrice dans un hôtel Posto Tappa (gîte d'étape) et ça repart à fond les ballons. La météo est assez pessimiste, annonçant pluie et orages, mais nous avons identifié des "fenêtres d’accalmie" et voulons avancer par sauts de puce au gré des bivaccos pointés sur la carte. Lorsque nous avons du réseau, nous jonglons entre les sites de météo, les cartes radar des précipitations et surtout celle des impacts foudre pour tenter de comprendre le sens du flux orageux... bref pour voir s'il va nous tomber sur la trombine ! Le beau ciel bleu du départ laissait presque présager une belle journée.

Au 1er bivacco, très luxueux, avec cuisine, gaz, bois,... il nous semble que nous pouvions repartir pour essayer de passer le col et tenter le second bivacco... beaucoup moins luxueux. On finit les restes de la veille (vive les boîtes pliantes de chez Superboite, qui malheureusement ne les font plus !) et on repart. Passage de col dans la brume qui s'épaissit autant que nos doutes sur notre avancée !

Au 2ème bivacco, nous hésitons, mais la pluie et quelques coups de tonnerre nous refroidissent. Imaginant le pire, nous allons à la recherche des quelques morceaux de bois qui trainent alentours, pour préparer l'allumage du poêle et... on sort le jeu de dames trouvé sur une étagère. L'allumage du feu est un enfer. L'engin n'a pas été utilisé depuis longtemps, le bois et le conduit sont humides, et c'est parti pour le fumage ! Les harengs, comptez vous... uno, due et tre !!!


A chaque station, les palabres sont toujours les mêmes : on capte les infos que l'on peut, on regarde le ciel, on se rappelle les cols et dénivelés à passer, les zones à découvert, et on essaye d'envisager si ça passe ou pas et on se décide. Le plus difficile, c'est que les sites météo nous annoncent l'apocalypse pour les 3 prochains jours, que le ciel tantôt s'éclaircit, tantôt s'obscurcit laissant place à des formes qui nous laissent croire à une fin proche.

Le brouillard donne à ces montagnes un tout autre aspect, quasi mystique... et ce que nous regrettons, c'est que nous avions prévu une variante par les cimes qui devait nous offrir une vue extraordinaire, mais là, vu le temps... pas de regret !

On se dit qu'enfermés à 3 dans 15m² avec un poêle qui fume et un simple jeu de dames... on va mal finir ! C'est décidé, la pluie semble avoir cessé, le ciel est noir mais bon... endiamo !

Et "ça passe crème !". Au col, nous découvrons un cirque plutôt ensoleillé. Il semblerait que nous ayons fait le bon choix. Et c'est parti pour une descente jusqu'à Campello Monti, improbable village du bout du monde, d'un charme fou. C'est mignon à souhait, l'église est magnifique et nous découvrons un Posto Tappa aux prix imbattables : 35€/personne pour le couchage dans l'ancienne école, une douche chaude, le dîner et le pdj... on se laisse facilement convaincre ! En comparaison du bivacco de 15m², nous nous félicitons de ce choix !

18,5km en 7h15. 2017D+, 1251D-

27
août

De Campello Monti à Rifugio Barranca

La nuit eut pu être formidable si un pachyderme à l'étage supérieur n'avait décidé de s'ébrouer une grande partie de la nuit. Et dans ces maisons anciennes où le plancher des uns est le plafond des autres... c'est comme vivre dans la même pièce ! La météo s'annonce assez dégueu, mais nous profitons d'un créneau d'accalmie pour avancer.

"Météo Christophe", du haut de son immense connaissance de la montagne alaingilodpetresque, déclame "s'il y a des nuages, c'est qu'il ne pleuvra pas !...". "Bein voyons, mon colon" (cf. Kaamelott, pour les amateurs !).

On ne vous montre que de belles photos mais en toute franchise, on a pris cher ! 20mm d'eau était annoncés pour la journée et on a vraiment la sensation de les avoir pris en travers la tronche par tranche de 30 minutes, tout au long de la journée ! Météo Christophe, c'est vraiment bof !


Nous profitons de porches et abris divers pour essayer de nous protéger mais à quoi bon ?! Quand les noisettes sont touchées... c'est que ça tombe sévère ! On est dégoulinants de flotte, chaque pas est accompagné d'un espèce de bruit de succion de type "floutchouïde" qui révèle à quel point les chaussures sont pleines d'eau !

Il faut bien continuer et nos sauts de puce nous permettent néanmoins d'avancer. Et la nature reste belle. A Piena de Santa Maria, nous faisons une courte pause, histoire de s'égouter un peu. Il fait même presque beau et un joli lézard semble passionné par notre walkbook. Massimo, le gérant se propose d'appeler les refuges à venir sur notre route pour connaître les conditions météo et tarifaires. Nous décidons de rejoindre le Rifugio Baranca, annoncé à 1h30.



GrandMa Alda nous y accueille, ébahie par notre ascension en moins d'une heure ; la pluie nous a éperonné ! L'accueil est comme... chez mémé : "entrez, il a du feu, étalez vos affaires (ça on maîtrise bien, on en met partout !), allez à la douche et à table !". C'est bombance et c'est très bon (sauf le fromage habité !). Les pâtes au pesto maison avec le basilic qui pousse ici est un pur régal.

Alda nous annonce que la météo de demain est "bruto : pioggia, temporale, vento, freddo... tutto il giorno !"... parfois il n'est nul besoin de traduire pour comprendre qu'on va s'en prendre plein la face et qu'il ne sera sûrement pas possible de bouger !

21,32km en 7h20. 1806D+, 1532D-

28
août

De Refugio Baranca à... Refugio Baranca !

"Mais euuuh... veux pas y'aller à l'école aujourd'hui !" 

On confirme que Météo Alda est bien plus fiable que Météo Christophe. Et on confirme que c'est tombé pendant 24h non stop, c'est le déluge ! Depuis hier, l'eau tombe sans discontinuer, des hectolitres qui tapent sur les tôles du toit, ponctués de grondements passagers et ça... ça te freine le plus vaillant des randonneur ! Alda a appelé le refuge suivant à 20 minutes, il tombe tellement d'eau que le lac est monté d'1 mètre et le passage est fermé... bon bein on reste et on s'occupe.

Un peu de lessive, de rangement, de calculs et de projection le tout au son de cette eau qui ne s'arrête jamais. On joue aux cartes. FX nous fait sa traditionnelle démonstration de fusée volante avec un sachet de thé (qui semble émerveiller Christophe !)... Peut-être pourra-t-on repartir demain... ou pas !

29
août

De Rifugio Baranca à Rifugio Ferioli

La météo semble maintenant plus clémente et nous attaquons direct dans l’pentu ! Les stigmates de la tempête de ces derniers jours sont bien là. Le sol est détrempé, les herbes sont couchées, et le chemin est souvent transformé en rivière. Mais punaise que c'est beau et que ça nous manquait de marcher. On a la patate... on envoie !

Nous croisons pleins de mini villages paumés, des bergeries abandonnées, des ruines... on n'est vraiment pas dérangés ! Et pas mal de troupeaux qui nous obligent à jongler avec les chiens, parfois bien sympathiques, parfois moins. Le plus beau, c'est qu'à l'horizon, nous découvrons que sur les cimes au-dessus de 3000... il a neigé ! Magie...

Pour rattraper le retard du aux intempéries, aujourd'hui c'est décidé... on mange les km, les dénivelés et les cols !



Après le magnifique village de Carcoforo, nous attaquons un nouveau col qui pique bien... mais on a faim de montagne ! Et chaque arrivée en haut d'un col nous tire des exclamations d'extase...

Nous visions Rima aujourd'hui, ce que tout le monde trouvait déjà ambitieux. Ce fut l'un des villages les plus riches d'Italie pour son art du faux marbre peint et célèbre pour son sculpteur Pietro VellaVedova.

Mais il est 16h30... on va pas s'arrêter, quand même... on est des dingues ou bien ?... allez hop, 1 braulio en travers la cravate et c'est parti pour un nouveau col et tenter d'atteindre un rifugio annoncé à 2h45...

FX y arrive... 1h45 plus tard, devant les bénévoles du refuge ébahis d'un parcours en 1h de moins !



24.56km en 10h13, 2817D+, 2143D-

30
août

De Rifugio Ferioli à Gressoney St Jean par les cols

Photos dédicaces à notre amatrice de lever de soleil, la même montagne au gré de notre avancée à 6h, 6h30 et 7h. 
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Départ aux aurores pour une descente presque dans le noir à Alagna. Superbe ville Walser au pied du Mont Rossa, où nous est conseillé une alternative au parcours prévu, qui nous promet, par les cols, une vue imprenable.



La communauté Walser

Cette communauté burgonde germanophone, originaire du Valais, a colonisé plusieurs hautes vallées des Alpes au cours du Moyen Âge, en Allemagne, Italie, Autriche, Liechtenstein et même en France.

La transformation de l'Europe vers l'An mil et l'accroissement rapide de la population poussent à la recherche de nouvelles terres cultivables colonisant ainsi les hauteurs.

Pour encourager la venue de colons dans ces régions, les seigneurs offrent le "droit du colon", qui attribuent des droits (hérédité du fief, liberté personnelle, administration autonome, exonération de tributs, droit de choisir son domicile, de se déplacer...) et permet ainsi de contrôler les cols alpins en peuplant ces vallées inhabitées.

De langue alémanique, ce peuple s'installe dans les lieux les plus inhospitaliers, et ce n'est pas une sinécure : les conditions climatiques sont sévères, les périodes de cultures courtes, et mettre en valeur ces surfaces est un travail de longue haleine pour défricher, déboiser, réguler les eaux, ouvrir les chemins et trouver semences et animaux qui s'adaptent à cet environnement difficile.

Les territoires s'étendent, très certainement du fait que la coutume ancestrale de ne transmettre le patrimoine qu'à un unique héritier, provoquant les déplacements des autres membres de la communauté vers des lieux plus reculés, souvent abandonnés.

Laborieux et pacifistes, ils développent une culture, un langage, des croyances religieuses mais aussi des techniques d'habitat, d'aménagement des sols et de maitrise hydraulique, d'artisanat du bois, du fer et du textile, sans doute issus de l'assimilation des connaissances autochtones.

Il en reste aujourd'hui de nombreuses traces, dont les fameuses maisons en bois, mais aussi la volonté d'une communauté de maintenir les traces d'une identité et d'une culture qui ont traversé les siècles.


C'est une incroyable montée qui s'offre à nous, ponctuée d'offertoires à la vierge, de fontaines, et même une ancienne mine de manganèse. C'est rigolo car samedi ici il y aura un trail, dont un 14k avec 1400D+ dont nous suivons le balisage. Et on confirme... il est costaud ce trail ! La montée jusqu'au Col Fornic, puis au Col Zube quasi mystique nous attaque bien ! Et plus on monte, plus la température baisse et au col, on devine même quelques mini flocons discrets.


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Et c'est parti ensuite pour une interminable descente de 2871m à 1300..., mais entre temps, nous sommes attirés par de petits bêlements chétifs... ils sont là, tout près, au moins une quarantaine et nous voyons des bébés avec leur duvet de juste nés... c'est magique !

Alors que nous sommes sous les téléphériques, au cœur de la deuxième plus grande station de ski italienne, point de départ de nombreux alpinistes pour le glacier au-dessus.

Nous sommes sous le charme total. Ils sont si calmes (nous apprendrons plus bas qu'ils sont bien connus et considérés ici comme résidents !). On y resterait des heures sauf que... il nous faut être "en ville" avant la fermeture des magasins (en Italie, c'est souvent 18h).

Ce soir c'est camping à Gressoney. 


21.51km en 7h17, 2066D+, 2961D-

31
août

De Gressoney St Jean à Lago de la Vecchia

Magnifique poêle taillé dans 4 pierres assemblées 

En effet, ça caille bien ce matin et les tentes sont trempées par la condensation. Et une tente mouillée... ça pèse !

Nous devons attaquer la journée par plus de 5km de goudron pour descendre dans la vallée et cela ne nous enchante guère. Le Dieu de la Rando a du nous entendre, car 5 minutes plus tard, un bus navette nous dépasse et s'arrête à 50 mètres. Deux secondes pour se décider, on galope comme des fous, on grimpe dedans et pour 1€ par personne, voilà du goudron en moins et une bonne heure gagnée ! Nous fêtons cela avec un bon café au troquet du coin et Alessandra la patronne nous le dit, cette année, l'été est bizarre : "il a fait froid en mai et juin, et l'été n'a vraiment commencé que le 9 juillet. Et le 9 août, il faisait 9° et on a du allumer le poêle". C'est parti pour une ascension que nous savons colossale. Pour les amateurs de running, nous avons le privilège de remonter le parcours du Tor des Géants, cette mythique compétition d'ultra-trail qui se déroule sur 34 communes de la Vallée d'Aoste... qui a lieu dans quelques jours, le 10 septembre. Cette vallée est tout simplement époustouflante de calme, de sérénité...

Nous nous arrêtons dans une ferme d'alpage pour un ravitaillement en fromage et initier Christophe au dopage : nous comparons deux amaro, un noir et un blanc, et c'est bien bon !

Les choses sérieuses commencent, nous attaquons des chemins plus rudes, plus complexes. S'ils sont parfaitement marqués et simples à suivre, ils n'en restent pas moins beaucoup plus exigeants techniquement avec quelques traversées de moraines. Le dernier col marque l'arrivée d'une masse nuageuse beaucoup plus froide. Nous descendons jusqu'au Rifugio Rivetti et (Ales)Sandro nous réserve un accueille magique : on peut pique-niquer à l'intérieur, se servir du thé dans la gamelle qui chauffe en permanence sur le poêle...

Vu le brouillard, nous avons évité la variante prévue par les crêtes mais Sandro nous conseille un chemin qui la rattrape. Le sentier est particulièrement technique et vertigineux à souhait. 20 cm de large de chemin de biquette, dans les herbes glissantes au-dessus du vide, nous sommes dans un état de concentration maximale, on en oublierait presque de lever le nez pour regarder autour de nous...

Le chemin est particulièrement vertical et les rencontres sont rares, quoi que... nous entendons depuis quelques temps siffler, huer, aboyer et bêler, tout en redoutant de croiser le fameux troupeau, donc... les chiens !

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Bianca arrive direct, la truffe en avant sur le 1er de cordée... "qui dérange mon troupeau ?". Ouf, le berger est là... "Possiamo passare ?... si vieni, vieni". Et c'est parti pour une traversée au milieu des moutons, chèvres, chiens, dans un chemin à se demander si ce n'est pas une chèvre qui l'a balisé tellement il est abrupt. Amanda et Christophe se font prendre dans le troupeau et pousser par les biquettes... ou l'inverse ! Après Bernard et Bianca, nous avons le droit à Christophe et Bianca... le 1er avançant avec la truffe de la seconde collée dans le... les mollets ! Elle ne le quittera que lorsqu'il se sera éloigné du troupeau !

Un dernier col, une dernière descente vertigineuse jusqu'au Rifugio de Vecchia et nous décidons de bivouaquer au Lago éponyme, à côté de... notre troupeau. Bianca est là et surveille le montage du camp ! Notre boyscout de service allume un feu sans papier en un coup de briquet. Le temps est humide, les jambes lourdes, la nuit va faire du bien !



23,21km en 11h, 1872D+, 1381D-

1
sept

De Lago de Vecchia à bivouac au-dessus de Challand






Au fond à droite, la chaîne du Mont Rossa
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Réveil humide, voire ruisselant ! Bianca est au-dessus de son troupeau, en bonne surveillante et a été très sage toute la nuit. Un petit déj' et direct dans l'pentu comme tous les matins, ça réveille. Quoi que le brouillard nous maintiendrait un peu en somnolence ! Mais le ciel bleu n'est pas loin.

Une fois le Col passé c'est une interminable descente en zigzag de pierres jusqu'à Essime. Le parcours semble peu utilisé. Magnifique mais franchement rude pour les genoux.

Ravitaillement rapide et nous savons ce qui nous attendait. En fait, en partant de Gressoney hier matin, nous savions que nous grimpions dans une magnifique vallée juste pour la redescendre et se retrouver quelques dizaines de km plus bas et tout remonter de l'autre côté ! Apparemment, Amanda n'en a pas assez et profite d'un parcours sportif pour se dégourdir les jambes !



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Nous découvrons des restaurations de fermes et granges absolument magnifiques, et quelques curiosités comme cet ex-voto grandeur nature en forme de grotte avec des arbres moulés !

La montée se poursuit sur un chemin désert et se retourner laisse découvrir des vallées dont les méandres nous ravissent toujours autant.

Il paraît que depuis le Col de Dandeuil, on peut mirer le Mont Blanc au loin. On confirme... il est tout blanc !

Il est très difficile de décrire ce que nous voyons : le brouillard de la vallée dont nous venons est attiré par la chaleur de la vallée dans laquelle nous allons, ce qui provoque au col d'incroyables volutes qui tournoient et s'évaporent dans un ballet virevoltant de courants d'air chaud et froid.

Nous descendons en espérant que la vue se dégage et nous découvrons soudainement les montagnes qui se dessinent entre les nuages... une pure merveille laissant croire qu'elles flottent dans le ciel.

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Les montagnes semblent flotter sur les nuages

Nous décidons d'avancer comme des dingues, un peu à l'aveuglette quant à notre lieu de bivouac, que nous posons à l'arrache sur un faux replat. Nous mangeons notre omelette multicolore dans le noir. La journée a été dure...

27,49km en 10h54. 1896D+, 2617D- (ouille les genoux !)

2
sept

De Bivouac au-dessus de Challand à Rifugio Babustel

Bon, pour une nuit en pente, ça l'a fait, même si chacun a essayé de lutter contre l'attraction pendant la nuit ! Bien sûr, en descendant de notre colline, nous découvrons plusieurs spots qui auraient convenu ! Nous arrivons dans ce que nous pensions une ville et qui s'avère être un village, où la moitié des commerces sont fermés pour congés ! C'est malin, nous qui avons besoin de gaz et de pain !

Nous croisons un magnifique chemin LandArt dont nous ne verrons à peine que quelques œuvres. En passant près de l'autoroute, le groupe se sépare : FX bombe jusqu'à la ville voisine pour trouver gaz et pain, pendant que Christophe et Amanda continuent jusqu'au village suivant pour une hypothétique épicerie. Quelle perte de temps, il faut courir après les magasins pour trouver la bonne bouteille de gaz. C'est toujours la galère ce truc. On trouve des bouteilles à percussion partout, mais pas celles à collerettes ou à vis, pourtant prisées des randonneurs !


Bon bref, on a trouvé, mais ensuite, on réalise en passant un immense portique, que nous entrons dans le parc naturel du Mont-Avic... et qui dit parc naturel dit... "bivouac, couac" et en gros tout est interdit ! Le 1er refuge est à 4h. Un appel ne nous rassure pas car il annonce complet et la demi pension est obligatoire ! Le refuge suivant est 3h derrière. Il est 15h30, on fait quoi ?... bein, il fait chaud, il fait clair, on met les gaz et on verra bien...


Il faut l'avouer, le chemin est rude mais le parc est sublime. FX et Amanda bombardent devant. Le refuge a (soudainement ?) un désistement. Les deux premiers peuvent ainsi rassurer Christophe qui arrive une 40aine de minutes plus tard, dans un état de cuisson avancée ! Nous sommes en fait tout soulagés de savoir où passer la nuit sans la menace d'une amende salée !

Encore une grosse journée. Soupe minestrone, polenta civet de chépakoi et tout le monde au lit !

26,32km en 10h12, 2247D+, 1192D-

3
sept

De Rifugio Barbustel à bivouac 1h avant San Besso

Pour une nuit en refuge, on n'a pas trop mal dormi. On est les premiers au petit déj et à partir.

Les vues sont superbes. Si la partie d'hier était plus sauvage, celle-ci est plus pastorale. C'est un peu la journée des refuges car nous les enquillons les uns après les autres et en ce dimanche ensoleillé, il y a beaucoup de monde... au resto !


La chapelle du Rifugio Miserin est blindée d'ex-voto au nom d'enfants juste nés, un peu kitchouné. Nous prenons le temps de nous rafraîchir les pieds dans les lacs puis attaquons les gros cols annoncés. La Finestra di Champorcher marque la bascule dans l'autre vallée et le début de l'ascension vers le Col d'Appretaz dans la solitude la plus totale. Et quelle ascension !

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Si l'approche en zigzags réguliers est particulièrement simple et facile à suivre, le passage du col en lui-même fait partie de ces chemins EE et de ces moments où l'on se dit... "pinaizzzz mais par où peut bien passer ce chemin ?" On attaque clairement le technique et la concentration de chacun est au max ! La descente est tout aussi complexe avec chaînes (souvent rompues) et attention de tous les instants pour ne pas glisser. C'est long, c'est épuisant mais quand c'est fait et que l'on se retourne pour contempler ce passage... quelle satisfaction !

Après avoir ravitailler en eau près d'une bergerie, nous décidons de poser le camp en haut d'un petit col pour profiter un peu de la soirée, se laver et manger avant la nuit. On enchaîne les grosses journées et on est pressés de se coucher !

Les chemins italiens sont classifiés selon leur difficulté :

T = sentier de promenade touristique

E = sentier de randonnée sans difficultés techniques

EE = sentier pour randonneur confirmé (pentes herbeuses, risque de glissade, éboulis, zones avec courte escalade nécessitant l'usage des mains)

EEA = sentier nécessitant un équipement.


Et au loin dans la plaine... Turin ! 

25km en 10h, 1892D+, 1806D-


4
sept

Du Bivouac avant San Besso au bivouac au Sanctuaire de Prascondù

Réveil tranquille vers 7h... On était bien sur notre petit col. Comme d'hab, c'est petit déj et direct dans l'pentu jusqu'à San Besso, une majestueuse basilique qui semble retenir son caillou.


S'en suit une interminable descente dans les prairies et les forêts, ponctuée de hameaux qui semblent habités mais pourtant si morts ! Nous découvrons l'immense hôtel Grand Paradis, construit par le propriétaire du Moulin Rouge et Lido, à Campiglia Soana, qui fut un fleuron où le gratin se bousculait. Même les Doriss Girls furent de la partie pour l'inauguration. Depuis que la nouvelle génération a repris, c'est fermé depuis plus de 20 ans, nous dit-on ! On continue notre descente...

... interminable par un chemin forestier à flanc de rivière qui monte et descend de façon parfois totalement chaotique. Ça tabasse les genoux, mais la nature est toujours aussi belle...

Nous faisons un détour par Covento à la recherche du Campeggio Wild dans l'espoir d'une douche chaude qui se solde par un lavage au robinet d'eau froide ! Nous savons l'ascension à venir colossale puisque nous devons gravir 1200D+ sans interruption. Le soleil cogne et un brouillard de chaleur crée une atmosphère moite qui ne facilite pas les choses. Nous ruisselons totalement ! Mais l'arrivée est magique...



Nous décidons de pousser encore les machines jusqu'au sanctuaire de Prascondù dans l'espoir de... rien du tout ! Des toilettes, un peu d'eau, des tables de pique-nique, un coin plat près d'une aire de jeu... nous contentent pour ce soir. On est bien cuits !

26,40km en 10h20, 1637D+, 2616D- (ouch les genoux !)

5
sept

De Bivouac Pracondù à PostoTappa San Lorenzo

Après le bivouac, plus de traces !

Il a plu cette nuit et nous nous réveillons dans un brouillard qui augure une journée humide et sans visibilité. Les villages sont vides et pourtant les stigmates d'existence sont là. Jusqu'à 14h nous n'avons pas croisé âme qui vive. À part les vaches bien sûr qui nous pourrissent les chemins. On ne sait plus si on est chanceux ou pas tant les deux pieds ont eu le droit au baptême de bouses !

Le brouillard, c'est toujours compliqué, on se voit à peine, tout le monde est concentré pour ne pas tomber. Alors le.la dernier.e met un grelot à sa chaussure. Cela permet au meneur de suivre sa troupe au son et de s'arrêter quand il n'entend plus rien ! Mais cela crée néanmoins des rencontres improbables...


Ces jours là, on les aime moyen ! C'est de l'effort sans récompense puisqu'on ne voit rien ! Les herbes humides déversent des milliers de gouttes d'eau dans nos godasses, nos pieds glissent sur les pierres détrempées, les arbres se délestent de leur surpoids d'eau dans nos cous... brrr.

Et puis avancer au son de fée clochette, ça va 5 minutes mais au bout d'un moment, c'est barbant. Bref c'est décidé, on s'arrête au prochain Posto Tappa, s'ils veulent bien de nous... parce qu'après plusieurs jours en montagne sans véritable douche, nous ressemblons à un croisement de moufette et de putois... un régal !

17,30km en 7h12, 1439D+, 1726D-

6
sept

De PostoTappa San Lorenzo à Camping Ceresole Reale

On n'a pas eu le temps de vous le dire hier mais Simona, la gérante de ce PostoTappa qui ne paye pas de mine comme ça, nous a sorti le grand jeu pour le repas du soir. Ses antipasti de dingue sont tous préparés maison avec les légumes du jardin et les charcuteries avec les bêtes de l'élevage : anchois marinés, aubergines grillées, oignons confits, fromage frais aux herbes, pickles de courgettes, salade mixte de céréales, polenta champignons, salade de thon tomates oignons, poivrons à la crème, fromage frais à la confiture d'abricot gingembre, sans compter le saucisson à la betterave, et celui aux pommes de terre... ça... c'est pour commencer ! Car, quand on pensait que c'était fini... "et après ?... pasta ?"... on sent qu'il peut y avoir un autre "après" donc "pasta et basta !"... on est gueudés comme on dit peur cheu nou ! On va se coucher la peau du ventre bien tendue, merci...

On a aussi oublié de préciser qu'hier quand Amanda a rejoint FX, qui, arrivé comme d'hab' un peu avant, a déjà réveillé la moitié du village, fait ouvrir l'auberge, réservé 3 places dans le PostoTappa, obtenu le code Wifi et bu un Génépi... quand Amanda rejoint FX donc,... "mais où est Christophe... il était devant moi !?"... quand FX décide de reprendre le chemin à l'envers, le dit-Sieur arrive par le haut du village... "hein ? Y avait une flèche * ?... pas vue, du coup je suis allé à l'autre village en haut !"... boulito, sors de ce corps !

* à chaque changement de direction, FX pose des flèches d'au moins 1m, en mode jeu de piste, pour les suiveurs, mais apparemment il faudrait qu'elle clignote !

On a encore oublié de préciser que comme hier nous sommes arrivés vers 15h30, une fois les douches et lessive faites, pendant que FX et Amanda bossent sur MyAtlas et sur les descriptifs techniques des étapes passées, Christophe... s'effondre dans le lit pour une soit-disant "micro sieste" de... 3h ! Et le pire c'est qu'au moment où on le réveille pour aller manger, caché sous sa couette persuadé qu'on ne l'a pas vu, "non j'ai pas dormi !"... quel phénomène !



San Lorenzo est un petit village coincé entre d'immenses blocs rocheux aux équilibres parfois improbables. C'est impressionnant...

Simona nous l'a dit, c'est une grosse journée de 10h alors qu'en voiture, une petite heure doit suffire ! Mais nous on sait qu'on est des dingues et qu'on va le faire !

Nous progressons en forêt, une fois de plus de hameaux abandonnés en hameaux désertés. Nous croisons un gardien de Parc Gran Paradiso qui relève les appareils photos posés sur les arbres... sangliers et loups se font dresser le portrait ! Nous aussi on croise des bêtes étranges !

Après un passage en mode Indiana Jones sur un chemin "brutto" (mauvais)... car plusieurs sentiers sont effondrés, non entretenus et devenus pour certains impraticables obligeant des détours...

...nous reprenons l'ascension dans des paysages merveilleux...

On monte, on est en balcon, on monte, nouveau balcon, le tout égrainé de petites plaques rappelant le nom et l'altitude de chaque hameau, une vraie sortie pédagogique !

On se laisse émerveiller par toute cette beauté et c'est vraiment paisible... mais on avance à un super rythme, sous une chaleur retrouvée qui nous fait apprécier les passages à l'ombre des noisetiers.

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C'est un mélange de zones très sèches et minérales puis végétales et très humides avec des zones d'écoulement d'eau bouillassou. Notre star, ayant dormi tout son soûl, suit parfaitement le rythme.

Cette année c'est étonnant, nous ne croisons aucun autre randonneur effectuant le même tracé que nous. Alors on mène notre barque selon nos propres préparatifs. Et ça le fait. Nous stoppons dans un camping ce soir, lessive et douche bouillante... ça fait du bien !


29,59km en 9h50, 2388D+, 1932D-...

...la France approche !...

7
sept

De Ceresole Reale à bivouac au Gias dei Laghi

5h45 réveil des troupes qui ont bien mal dormi du fait du concours de ronflement organisé cette nuit (le voisin a gagné !) et d'un taux d'humidité qui ferait presque croire qu'on est sous l'eau (le village est sous le barrage d'une immense retenue d'eau) et à un tel point que ça goutte à l'intérieur des tentes, c'est insupportable.

Nous avions pu profiter d'une machine à laver hier et nous récupérons le linge, étendu sous une tonnelle collective, encore un peu humide mais qui sent tellement bon ! Va y en avoir des trucs à faire sécher dès que le soleil fera son apparition.

En attendant, nous attaquons la petite butte pour nous mettre à niveau du lac... c'est beau...

C'est une magnifique mais verticale ascension en forêt qui finit par s'ouvrir sur des prairies puis des pierriers jusqu'à la difficile Cima della Crocetta qui nous offre des panoramas de rêve et enfin du soleil...

Quelques bouts de glacier résistent encore au loin... pour combien de temps...

Franchement aujourd'hui, c'est difficile pour tout le monde. On enchaîne de sacrées journées et la fatigue s'accumule. Mais le soleil est radieux, et ça fait du bien. Le plus dur c'est l'interminable descente jusqu'à Pialpetta qui met les genoux à rude épreuve. Pendant 3 jours, nous jouons à saute mouton entre les vallées, passant de villages autour de 1000m d'altitude à des cols à plus de 2200m pour redescendre et recommencer... FX descend rapidement et continue son jeu de piste...


Tout le monde est crevé. Une petite auberge aux plats particulièrement savoureux, un coin d'herbe verte près d'une rivière, un peu de cryo de genoux dans l'eau glacée, quelques massages, une petite sieste et c'est reparti pour 1200m de grimpette en visant un lac juste avant le Colle del Trione à 2480m. Les courbes de niveau laissent présager un potentiel replat... on verra.

En chemin, une bien jolie rencontre...

Nous abordons enfin le Lac visé, et poussons un peu les vaches pour nous installer !

Nous sommes en train de manger notre soupe quand un visiteur s'annonce...

Si vous regardez bien sur le rocher fendu au-dessus des tentes, notre observateur est intrigué !

Nous sommes tous bien cuits et pressés de nous coucher. Une petite douche chaude à la bouteille... c'est toujours dur de se déshabiller quand on a froid mais on se sent tellement mieux après...


22km en 8h55, 2373D+, 1704D-

8
sept

De bivouac Ghia dei Leghi à Bivacco Gandolfo

5h30, malgré le froid nous avons tous passé une excellente nuit réparatrice et sommes prêts pour affronter la journée. La montagne se réveille autour de nous dans toute sa splendeur...

En attaquant le Col de Trione, nous découvrons nos voisins...

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Après 21 jours de marche, ce Col ne présente pas de difficulté et nous émerveille de ses panoramas. C'est dans la descente que les difficultés commencent... mais où est passé le chemin ?! C'est mal balisé, c'est à flanc de montagne, on se perd, on retrouve, on coupe à travers et les panneaux qui indiquent les temps jusqu'au village semblent avoir été installés au mieux par un gnome malicieux, au pire par un baliseur alcoolique ! Ça passe de 40 minutes à 1h puis 50 minutes puis 2h40... du n'importe quoi. Nous on trace dans l'pentu et les framboisiers laissent quelques traces sur les cuissots d'Amanda ! Récompense, nous arrivons dans la vallée de Balme, célèbre pour son eau et... son usine d'embouteillage (eau gazeuse, bière et autres alcools produits avec l'eau locale).


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Ravitaillement en Amaro et à l'épicerie voisine, séchage des tentes sur le stade, puis grosse pause au PostoTappa suivant "les Montagnards", où Antonella et Quido nous donnent pleins d'informations pour les étapes à venir. Nous passons un long moment dans ce bel endroit car nous savons que nous nous posons dans un bivacco aménagé d'ici 3h. Donc c'est journée relâche...

Au moment de partir, Christophe s'exclame "fini d'être le dernier, je pars devant, vous me rattraperez", partant tête baissée, ce qui inquiète toujours FX et Amanda, qui le pratiquent depuis 3 semaines et ont constaté sa capacité à ne pas regarder les panneaux et faire des choix de chemins très hasardeux... le sentier est clair, sans difficulté... laissons voler l'oiseau !

Les deux derniers savent qu'il faut profiter, montent tranquillement, prennent le temps, y compris de se laver dans les étangs (pas longtemps... c'est glacial !). Pas d’acolyte à l'horizon, et les deux seules randonneuses croisées n'ont vu personne... où est l'oiseau ?

À l'arrivée au bivacco... toujours personne, mais est-ce bien une surprise ? Au bout d'une heure, après avoir consulté toutes les erreurs potentielles sur la carte, c'est l'inquiétude qui gagne, surtout sans aucun réseau téléphonique.

FX monte au col pour essayer de capter du réseau puis franchement inquiet entreprend de redescendre à la recherche du sieur perdu... qui fait son apparition avec donc plus d'une heure et demi de retard... record battu ! "Bein vous étiez où ? Apparemment... pas derrière mais devant !"

On confirme ! L'explication est simple, dès le départ du village, il y avait 2 chemins parallèles. L'un, persuadé d'être devant, attendant que le rattrapent les deux autres, qui eux mêmes se croyant loin derrière, cherchaient à rattraper un fantôme qu'ils avaient dépassé dès le village ! C'est malin !

Bref, on a bien ri, on a bu l'apéro, on a allumé un petit feu près du bivacco et tout le monde au dodo tôt !

Belle bassine mais lac glaciaire donc... glacial !



16,80km en 7h, 1363D+, 1310D-

9
sept

De Bivacco Gondolfo à Bivouac au Rifugio Tazzetti

Ce n'est pas toujours dans les meilleurs endroits que l'on dort le mieux ! Nuit blanche et ronflements à tour de rôle, chacun prend un peu de repos comme il peut ! La montée au Col de Paschiet se fait dans les gravières et les doigts dans le nez, et le Colle di Costa Fiorita subit le même traitement !



Les paysages sont toujours un ravissement quand ils se réveillent devant nous. En passant de l'autre coté, nous sommes gentiment accueillis et surveillés de près ! C'est toujours un enchantement de voir ces bestioles intriguées par notre présence. On les imagine se parler.. "chérie, viens voir, y a encore des touristes en bas !"

Nous continuons notre descente jusqu'à Usseglio, ses grandes Albergo de luxe, ses villas anciennes, ses vieilles maisons et son Bivocco Maternali, un bar épicerie incroyable, où se pressent toute la population locale.

On est sidérés par le nombre de personnes qui rentrent dans cet espace minuscule sous l'œil amusé d'un carabinier fort sympathique qui nous laisse prendre son superbe képi en photo (il y a dans la chapelle voisine un mariage en grandes pompes, et les carabinieri en apparat sont là !), le tout derrière la banderole rappelant la fête de la transhumance et... de la patate de montagne !!!

Nous passons une bonne heure au milieu de cette foule qui prend le café, achète le journal, fait les courses... c'est vraiment drôle, ça rit, ça parle fort, c'est vivant quoi !

Allez c'est pas l'tout, on a du pentu devant nous ! On nous a conseillé une ancienne voie de chemin de fer qui servit pour les constructions des deux barrages, dont on se demande aujourd'hui comment un train eut pu passer à ces endroits !

Nous croisons une superbe cascade dont l'eau, étonnement moins froide que les bassines glaciaires habituelles, nous attire tout particulièrement par cette journée de forte chaleur. Allez hop, plouf tout le monde, grande toilette et franchement ça fait un bien fou !

Nous continuons notre tracé ferroviaire pour arriver au Lago Malciaussia. Nous échangeons depuis ce matin avec les personnes croisées pour choisir l'option la plus adaptée pour notre grand final !

C'est décidé, il est 16h, on attaque le pentu pour grimper au Rifugio Tazzetti, annoncé à 2h30 et littéralement dévoré en 1h30/1h45 selon les troupes ! Nous savons qu'il est complet et installons nos tentes juste derrière. Nous sommes à 2642m, la nuit risque d'être fraîche !

24,66km en 10h45, 2053D+, 1615D-


10
sept

De Rifugio Tazzetti à Cabane de Laurent au Lac du Mont Cenis

Lever tôt car la journée s'annonce colossale. Nous ne sommes pas les seuls debout car ici au refuge Tazzetti, nous sommes au pied du Rocciamelone et de ses 3538 mètres, et il n'attend plus que nous !

Il y a un peu d'inquiétude car nous sommes sur un parcours de haute montagne, avec traversée de glacier et ascension par les crêtes, pour arriver par l'arrière du fameux pic, puis nous devons redescendre par un passage très délicat. Et il faut l'avouer, nos chaussures commencent à être en souffrance... en gros, on est presque tous en pneus lisses !

Jusqu'au glacier, ça grimpe sévère et nous avons un groupe devant nous, dont Aldo, un corse qui vit en Italie depuis 30 ans, avec qui nous avons commencé à échanger hier soir et qui est enchanté de parler français. Et le groupe semble bien content qu'on les double pour pister le passage chaotique jusqu'au sommet.

Un glacier c'est toujours impressionnant, c'est de l'émotion pure, ça touche au cœur, tout le monde se tait face à l'immensité de cette étendue que l'on sent vivante. Vivante et très malade. L'une des personnes du groupe qui nous accompagne nous dit qu'il y a 40 ans, pour montrer ici, c'était difficile car le glacier couvrait tout jusqu'en haut. Et c'est d'autant plus d'émotion, car nous sommes là à lui marcher dessus alors que toute cette roche était il n'y a pas si longtemps entièrement recouverte...

Monter au Rocciamelone, un dimanche... ce n'est pas anodin ! Tous les ans, un pèlerinage est organisé le 3 août en haut de cette roche en forme de pyramide, où trône une immense Vierge au-dessus d'une chapelle et d'un tout petit refuge. Et franchement, ici... c'est Lourdes en haut d'un pic !


Bonifacius Rotarius (d’Asti) fait la première ascension du Rocciamelone le 1er septembre 1358, pour y déposer une représentation de la Vierge en signe de gratitude pour avoir survécu à sa captivité en Terre Sainte durant les Croisades.Cet exploit constitue le record le plus ancien enregistré pour une ascension montagneuse. Certains avancent même qu’il marque la naissance de l’alpinisme (source Wikipedia).


C'est un lieu très prisé et nous sommes accueilli par une sœur bénévole qui offre du thé chaud et des gâteaux ! Incroyable, et c'est noir de monde sur ce piton minuscule ! La vue y est incroyablement indescriptible. Et ce qui s'annonce pour redescendre l'est aussi...

C'est pas compliqué, sur la photo ci-dessus, tout y est... il nous faut revenir vers le glacier, à droite (nous y avons caché nos sacs... pourquoi s'encombrer si on fait 2 fois le même trajet ?), remonter par la droite vers le Passo di Novalèse (le creux sur la crête), pour basculer dans la vallée de gauche et traverser toute la gravière jusqu'au Lac du Mont Cenis que l'on devine au fond.

Voir l'épaisseur du glacier à cet endroit nous fait presque oublier la difficulté du chemin que nous empruntons. Et ce n'est que le début facile !

Une fois passé le Passo di Novalèse, c'est une interminable gravière de schiste. Ça glisse, c'est instable et nécessite une attention et une concentration qui, associées à l'effort physique, rendent l'exercice particulièrement épuisant. Et nous sommes encore loin de l'arrivée !

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Nous atteignons enfin un chemin carrossable, sous la surveillance de rapaces, vers 14h après 4h de descente éprouvante. Le soleil tape dur mais nous sommes euphoriques car nous avançons sacrément et devons coucher ce soir dans le chalet de montagne familial de Laurent et Martine (chez qui nous avons laissé le véhicule, plus bas dans la vallée). Le Lac du Mont Cenis est magnifique. Le Fort de Ronce rappelle les défis qui se sont joués dans cette vallée italienne puis française, d'un charme tout particulier.


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Notre parcours est égrainé de cris de marmottes qui galopent dans tous les sens et jouent aux Suricates depuis le bord de leur terrier !


Ça commence à tirer sur les guiboles mais Laurent nous fait saliver par téléphone avec la promesse d'une fondue et d'un bon lit ! Et les retrouvailles sont à la hauteur. Le lieu est magnifique, le repas joyeux, les souvenirs d'enfance de notre hôte dans ce qui fut la maison de ses parents sont emprunts d'émotion et de nostalgie,... et le lit est bien agréable !

27km en 12h05, 1509D+, 2127D-

11
sept

De la Cabane de Laurent à Bramans

Pour le dernier jour, Laurent se joint à nous. Le Val de Mont Cenis est vraiment de toute beauté, avec ses trous d'eau, ses monts herbeux ponctués de rochers. C'est très particulier. Laurent nous raconte son enfance dans cette vallée, l'abandon du village et la mise en eau, la chasse aux Edelweiss et au Génépi, les randos, le tourisme...

Nous allons "au 14", chez son neveu, un éleveur qui affine ici le fromage dont nous nous sommes délectés hier soir. Les sacs repartent avec des kilos en plus !

C'est une émotion toute particulière pour FX et Amanda, car ça y est... la jonction est faite ! En 2021, ils sont descendus du Mont Blanc jusqu'à Monaco, en rejoignant la Via Alpina Bleue tout pile là, au Mont Cenis (cf. notre carnet Via Alpina Italienne, étape Transition à la Ramasse).

C'est donc officiel, depuis cet instant, ils peuvent se vanter d'avoir parcouru la Via Alpina Bleue en intégralité !


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C'est une journée plus légère en durée mais FX a prévu un parcours insolite qui tiendra le groupe en haleine jusqu'en bas... on va quand même pas se finir sur un chemin trop facile !

C'est parti pour gravir le Col de Sollières, au pied des forts de défense français, puis de redescendre par le Chemin des Aiguilles. C'est incroyable, à jouer avec les crêtes et le vide, on dirait un terrain de cross, et même Laurent le local de l'étape ne connaît pas ! Ici tout est friable à souhait et la descente, d'abord bien verticale, s'étale petit à petit en forêt jusqu'à Bramans.


C'est un parcours difficile mais qui nous permet un finish en beauté ! Martine nous accueille avec son grand sourire, et une bonne bière fraîche et nous sommes heureux d'avoir été au bout de notre aventure et d'arriver avec quelques jours d'avance. Et d'avoir bien épuisé notre hôte ! Hihi !

Nous discutons longuement tous ensemble à l'ombre du mirabellier, dont les fruits commencent à peine à mûrir (y a plus de saisons !). Puis nous reprenons la voiture et après une pause douche négociée au camping du 1er jour, c'est décidé... on rentre à la maison direct !

18.50km en 6h30, 936D+, 1682D-

Le dernier jour...

La dernière montée, la dernière descente, les derniers pas... sont toujours des moments particuliers, emprunts de sensations et d'émotions contradictoires. D'un côté le corps, submergé de saine fatigue et sentant l'étable approcher, hésite encore entre ralentir et accélérer, perdu qu'il est entre l'habitude de marcher 10h par jour et l'impérieux besoin d'enfin... se reposer ! De l'autre l'esprit ne veut pas se l'avouer, mais commence déjà à vagabonder du côté obscur de la rembauche tout en se l'interdisant pour profiter des vacances jusqu'au dernier moment.

C'est un cocktail d'euphorie et de mélancolie, parce que finir c'est arriver au bout, mais arriver au bout c'est donc aussi terminer et faire basculer son projet dans la liste des choses faites. On le regardait devant nous et maintenant il est déjà derrière, tout va si vite !... Et quand toute l'énergie mentale des derniers mois est tournée vers la préparation d'un projet, lorsqu'il est vécu, il y a comme un trou, un vide, un manque... Ce pourrait-il qu'à l'instar du baby blues, il existât donc un Rando Blues ?

Alors, ça y est, c'est fait, nous sommes (tous !!!) arrivés au bout de cette Via Alpina bleue. Les amateurs du genre apprécieront quelques chiffres : plus de 200h de marche, près de 520km et 38000m de dénivelés positifs (et autant de négatifs) sur 22 jours de marche, soit un peu plus de 23.5km et presque 10h de marche par jour. La moyenne de 2.5km/h ne veut rien dire (hein Christophe 😉 !), puisqu'en montagne on ne calcule pas en km, mais plutôt en temps et en dénivelé par heure (environ 300mD+/h ou 400mD-/h, et les fous en forme... 50 à 100 de + par heure !).

C'est aussi beaucoup de kg perdus : 4 pour Amanda, 6 pour FX et 7 pour Christophe !

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Randonner à 3...

C'est la première fois qu'Amanda et moi osons sortir de notre pérégrination habituelle en couple et qu'un tiers se joint à nous. Nous avions déjà marché à plusieurs : un binôme de bordelais sur le GR10, des randos aux Canaries et à Madère avec notre tendre amie Maria, notre rencontre avec ce cher Serge sur la HRP, Cédric et Elsa nous ont croisé dans le Cantal... mais jamais nous n'avions inclus quelqu'un sur toute une aventure.

Tous ceux qui ont marché avec nous peuvent en témoigner, on peut marcher tranquille, discuter, échanger, s'amuser... mais quand on est que tous les deux, "on envoie du bois" sur des distances et des dénivelés conséquents, on marche à une vitesse relativement rapide (souvent entre 2.75 et 2,95 km/h) et surtout sur de la longue durée (par jour et en cumulé).

Alors ce n'est jamais simple quand on est des ours indépendants comme nous, d'accepter l'intrusion d'un trublion dans notre petite usine bien huilée. Mais Christophe est un ami, et il a montré une grande motivation, avec une préparation physique et matérielle dès le début de l'année. Alors oui c'est un sacré phénomène, mais ne le sommes-nous pas tous un peu ? Cela nous a obligé à des concessions, des ouvertures d'esprit et des adaptations, et quelques discussions entre nous 3, sources d'apprentissage pour nous tous. Et puis, au cours de cette aventure, vous vous êtes tous inquiétés pour ce 3ème larron, vous l'avez soutenu, encouragé, plaint même en imaginant que le pauvre bougre était maltraité par deux ignobles tortionnaires... Jugez par vous-mêmes !...

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Voici le message reçu de Christophe après 2 jours entiers de sommeil de récupération !...

" Pour ce qui est de mon voyage après avoir pris du recul, je tiens tout d’abord à vous remercier de m’avoir autorisé à vous accompagner dans ce long périple, où je suis content d’avoir réussi plus ou moins à vous suivre, ce fut une très bonne et constructive aventure qui m’a permis de pousser mes limites à mon max. Je peux dire maintenant après ce que j’ai vécu, que je fais partie de la famille des marcheurs de haute montagne et j’encourage tous vos amis à partager un moment de marche avec vous afin de pouvoir découvrir la cohésion d’un groupe.

Non, en fait je rigole c’est des malades, des timbrés, des nazis surtout leur chef le FX, il faut s’en méfier, on ne mange pas, on crève de soif.

Bon allez j’arrête la plaisanterie, moi cela m’a plu et c’est le principal ! "

Merci à Christophe pour ce qu'il est !


Un grand merci à elles.eux...

Ce séjour est aussi particulier car le chemin que nous avons parcouru est moins emprunté, moins célèbre que d'autres et pourrait laisser croire que nous avons fait moins de rencontres. Et pourtant...

Alors pour cette dernière publication, nous voulions rendre hommage à tous ces hommes et ces femmes qui sont là au bout du monde, dans les PostoTappa, les auberges, les cafés... ils sont toujours présent.e.s, tranquilles derrière leur comptoir et voient débarquer des hurluberlus de notre genre, avec plus de besoins que d'envie de consommer... et "est-ce que je peux brancher les téléphones, les batteries, utiliser les toilettes (et faire ma toilette et ma lessive en même temps - mais ça faut pas le dire !), est-ce que vous avez du pain, et la météo elle dit quoi, et quels conseils sur mon chemin"... on en pose des questions à ces gens là, et elles.ils sont là, prennent le temps, répondent, acceptent nos requêtes... Celles et ceux que nous avons rencontré.e.s ont été résolument adorables avec nous, toujours de bon conseil et de vrais sourires sur notre parcours...

Simon
Alberto
Raffaella
Graziella
Michel
Juan-Carlos et Daniella
Alessandra
Alda
Alessandra
Simonna
Kelly et Paulo
Jainero
Antonella et Guido
Mike
Merci à elles, merci à eux. 


Un grand merci à vous...

Vous êtes de plus en plus nombreuses.eux à nous suivre chaque année et les commentaires laissés pendant ce reportage en live sont pour nous une véritable source d'inspiration et de motivation au gré de l'aventure. Nous les attendons avec impatience, ne pouvons pas toujours répondre à tous, mais ça nous amuse, nous fait rire, nous motive, nous fait réagir, nous donne envie... cela crée quelque chose de spécial entre nous.

Et quand nous lisons ceux laissés en conclusion, c'est une immense satisfaction qui nous envahit, car tous les mots que vous utilisez révèlent à eux seuls ce qui nous pousse à cette écriture... si au départ nous le faisions pour rassurer nos familles, l'élargissement de notre lectorat nous a donné encore plus envie de partager, faire découvrir, donner à s'extasier devant les paysages magnifiques que nous offrent les montagnes et qui nous émerveillent à chaque fois de leur beauté comme de leur âpreté, de leur charme comme de leur désagrément, de leur simplicité comme de leur complexité, de leur douceur comme de leur rudesse...

Vous l'exprimez à merveille, c'est vous faire vivre une aventure par procuration et vos messages, sous toutes leurs formes, dans le carnet, par mail, SMS, WhatsApp, ou appel téléphonique..., nous touchent beaucoup. Alors merci d'être là pour vivre cette pérégrination avec nous, merci pour les commentaires, merci aux timides qui ont osé pour la première fois glisser quelques mots. Lire vos réactions est une vraie source d'énergie positive pour nous.

Et un merci tout particulier à Tata Malau qui s'est octroyée l'insigne privilège de gardienner, pendant tout ce temps, notre star préférée !...

Merci à tous !

"Mais regardez la balance... vous voyez bien que je suis légère... emmenez-moi !!! "


A bientôt pour une prochaine aventure...