À propos

Couple qui baguenaude dans les montagnes et sur les sentiers... GR10, GR11, GTA-GR5, GTJ-GR509, HRP, chemin de St Guilhem, Chemin des Bonhommes-GR107, Cami del Ultim Catar, Sentier cathare, GR7, Via Alpina...
Après la Via Alpina, de Chamonix à Monaco, nous continuons notre exploration de ce grand chemin européen sur un tronçon suisse entre Vaduz (Lichtenstein) et Ulrichen (Suisse).
Du 26 août au 2 octobre 2022
38 jours
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15 jours avant le grand départ, ça s'active dans la maisonnée !

On a commencé à habituer les deux sacs de couchage à être bien collés l'un contre l'autre ! 

Comme à chaque fois, on étale tout, on vérifie nos trousseaux, on rassemble les vêtements, on contrôle les coutures, on fait le stock de PQ écolo et de gel de lavage éco-conçu et respectueux des organismes aquatiques. On fait des petits tas, qui avec les autres petits tas deviennent... des gros tas, c'est bien ça ! Et on remet tout sur la balance pour constater que... bein non, ce n'est encore pas cette année que nous partirons avec 9 kg sur le dos ! En fait, il faut se faire une raison, partir léger... on ne sait pas faire ! En même temps on part pour plus de 30 jours de marche...

Comme d'habitude aussi, nous essayons de préparer au mieux notre itinéraire. C'est la longue et fastidieuse rédaction de notre fameux WalkBook que nous mettons un soin tout particulier à composer. Vous voyez ce qu'est un Roadbook pour les voitures ou moto, à gauche, à droite, virage serré, côte... ? Bon bein pareil mais à pieds ! C'est un grand tableau coloré qui rassemble nos recherches et identifie une prévision d'étapes avec estimations de dénivelés, durées, distances, potentiels lieux de ravitaillement, etc... que nous découpons et assemblons pour en former notre petit topo guide très personnel rien qu'à nous ! Un WalkBook quoi... un cadre de base que nous adaptons à nos allures, à nos envies et qui nous laisse des marges de manœuvre !


Alors où vont-ils donc cette année ces fous dingues ?

L'année passée, nous avions été intrigués sur les cartes par ce sentier dans le Piémont italien et avions donc composé un parcours à partir de Chamonix, fait la boucle autour du Mont Blanc et rejoint Monaco entre Via Alpina Rouge, Via Alpina Bleue et GR52A (en surbrillance jaune sur la gauche de la carte page suivante). Et ma foi, pourquoi ne pas poursuivre le tracé de la Via Alpina Rouge qui arrive de l'autre bout de la Slovénie ?

Beh, y'a qu'à ! Donc c'est décidé, les billets de train sont réservés, l’hôtel du premier soir dans le pays le plus cher de l'Europe aussi (gloupsss le budget !!!). Nous partirons de Vaduz (Liechtenstein) pour remonter le plus possible vers la France à travers la Suisse avec quelques incursions en Autriche et en Italie (suivez le tracé en surbrillance bleue sur la carte). C'est plus qu'ambitieux puisque plus 850km séparent Vaduz de Chamonix... alors nous visons Ulrichen, quelque part au bout de la flèche bleue !


Une fois encore, le trajet prévu est... conséquent !!!! Et pour tout vous avouer, cette année, nous sommes un peu angoissés par cette aventure. En effet, nous avons arrêté nos activités sportives il n'y a pas loin de 4 mois, faute de temps et d'envie ! Et nous avons investi et capitalisé dans... les graisses... là, là et là (par décence, on ne dira pas où, mais elles y sont bien accrochées, ce qui ajoute un bon poids à porter en plus du sac !). Nous redoutons donc les premiers jours d'effort, les blessures qui peuvent arriver très vite quand on manque d'entrainement. Mais on a décidé que...

"allez, on s'en fout... on verra bien !!!"

Nous avons "emprunté" cette image sur WikiMonAmi... 

Nous espérons avoir suffisamment de réseau pour vous narrer cette nouvelle aventure montagnarde et vu qu'on va au pays des lingots d'or, on espère ne pas y laisser notre chemise et la peau de nos... (c'est con qu'ils ne prennent pas le gras !!!) car nous sommes hors UE (eh oui !). Donc tout est prêt : l'opérateur téléphonique sait qu'il va faire fortune, le banquier est prévenu qu'on va faire faillite et nous avons la carte de sécurité sociale européenne qui ne servira à rien (sauf si nous rampons jusqu'en Italie !!!). Sans compter sur le prix du Génépi !!!...

Donc une fois de plus, si vous le voulez bien...

... on vous embarque dans nos bagages !!!

On se le dit tous les ans, traverser la France en train est déjà une aventure !

On ne profite pour s'entrainer, imaginer les perspectives et on ne rate pas une occasion d'attaquer des dénivelés !

Départ d'Angoulême 7h30 direction... Paris. Et durant les 2h qui étaient normalement dédiées pour la correspondance entre les gares de Montparnasse et de Lyon, il faut faire un détour par D4 pour FX qui a déjà perdu une sacoche et qui pensait que son vieux short tiendrait... et en fait, beh non ! Oups !

Et puis le planning qui prévoyait un rdv de tondeuse capillaire hier soir pour FX a volé en éclats du fait de la débauche tardive... c'est malin ! Du coup c'est la course pour dénicher un coiffeur. Après les grandes enseignes qui ne prennent "que sur RDV", FX arrive en courant dans un bouiboui de coin de rue où Abdel coiffe religieusement Maxence dans un calme qui tranche avec celui qui vient de faire irruption... "j'ai un train dans 30 minutes... y a moyen de me faire briller la boule de billard ?"

Et Maxence, d'une tranquillité imperturbable... "Monsieur a l'air pressé... je vais attendre" et va s'asseoir sur le siège d'à côté ! Super dingue, super sympa, super top ! En moins de 15 minutes Abdel manie la tondeuse avec la précision du professionnel qui en a vu des tignasses et des calvities... le tout pour 3 francs 6 sous. Du coup, FX laisse un bon billet en demandant à Abdel de déduire le surplus de la facture de Maxence... ça vous met de bonne humeur de la gentillesse spontanée comme ça à "La Capitale" !

Allez hop c'est reparti en Lyria, direction Zurich, où nous faisons quelques courses (et quand on voit le prix des coiffeurs locaux... on bénit Abdel !!), avant de baguenauder dans une superbe expo d'art dans la gare.

Puis c'est reparti, pour Ziegelbrücke, Sargans, Sevelen.

Bon alors c'est sûr, sur 8h de train et 3h30 de correspondance, faut s'occuper... allez tiens... que faire avec deux tickets de métros ? Bein, un edelweiss bien sûr !

C'est beau la Suisse, c'est tellement vert, à te faire pâlir un agriculteur français !

La traversée du Rhin sur le pont de bois marque l'entrée dans le Liechtenstein sous un crachin qui commence à se transformer en pluie ! Nous attaquons la grimpette qui s'annonce longue et fastidieuse pour des p'tits gars qui sont levés depuis 6h et en ont déjà plein les pattes. Alors, lorsque vers 20h la pluie devient franchement agressive et qu'un bus pointe le bout de son nez... on n'hésite pas.

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Dans un allemand qu'il nous faut deviner, nous comprenons, "Vous allez à l'hôtel Oberland ?, bon, y'a pas d'arrêt officiel, mais vu le temps et vos gros sacs, je vous dépose devant". Les gens sont résolument incroyables et cela parachève une journée bien remplie.

Nous découvrons les magnifiques billets de banque suisses qui s'envolent rien qu'à la vue des tarifs dans le resto du coin... mais c'est super bon !

Depuis des jours nous stressons comme si c'était notre première fois et en fait, petit à petit, nous cheminons et les choses s'installent tranquillement. Et les premières rencontres augurent déjà des chouettes moments !

28
août

De Triesenberg à Schesaplana

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Mise en jambe directe dans l’pentu sans marche d’approche ! Et on ne fait pas dans le détail ! Il faut s’extraire d’abord de sa torpeur, puis de ce magnifique lit, de cet hôtel si douillet, du petit déjeuner copieux et… de la vallée du Rhin !

Ici, c’est comme en Suisse, c’est beau, c’est propre, les maisons sont fleuries, tout est organisé en petits hameaux qui semblent tenir en équilibre sur la montagne dans un mélange très harmonieux de granges anciennes, de pavillons modernes et de maisons d’architecte béton/verre. Un truc en commun… le bois est coupé en 33, au cordeau, pas un bout ne dépasse et nous défions quiconque d’y passer un papier cigarette ! Ah ils sont forts pour tout ranger, ça c’est sûr !! Et ce qui nous sidère, c’est le nombre de fermes avec un cabanon devant en mode "self service" ! Machines réfrigérées, frigo, caisse posée sur la table et en avant pour le fromage frais, le beurre, les glaces, les yaourts, les steaks de Lama… incroyable, et les prix sont assez raisonnables par rapport à certaines grandes surfaces !

Nous évoluons sur des petits chemins bitumés entre les routes, et ça grimpe sec. Un panneau nous annonce une côte à 24% !!! Et franchement elle a piqué celle-là !

Et enfin, à 10h10 et 17 secondes, la voilà... la Via Alpina qui arrive de l'autre vallée et que nous allons suivre tant que nos jambes le voudront bien !

Nous sommes en plein dans ce que nous sommes venus chercher, des beaux et grands paysages et 3 pays en un seul jour (Liechtenstein, Autriche, Suisse)… c’est un bon début !

La météo nous annonçait une journée maussade et pourtant le soleil est au RDV à tel point que la pause pique nique est interrompue car les carrés de chocolat fondent et les cuisses chauffent ! Les chemins sont progressifs, comme s’ils savaient que c’était notre premier jour : le goudron se transforme en chemin, les chemins en sentiers et nous aurons même droit à quelques passages un peu techniques pour ce premier jour !

Nous croisons nos premières marmottes et au détour d'un chemin autrichien, en pleine gravière... si si regardez bien sur la photo ci-dessous...

Au gré de l’altitude et de l’orientation des vallées et des nuages qui jouent à cache cache, nous passons du très chaud au très froid sans avertissement. Et comme on a du gras à perdre, autant dire qu’on sue comme des p… et qu’on en ch… sévère ! La bassine découverte en fin de journée juste quand le soleil nous réchauffe est un pur délice pour la toilette et pour… notre odorat encore trop sensible !


Nous sommes à quelques pas du Refuge de Schesapalna que nous abordons frais comme des gardons et avec les dessous de bras qui sentent bon ! "Tu crois qu'on va pouvoir camper ?" déclare la Belle ? C'est là qu'il faut se concentrer et essayer de se persuader que dans cette tête vide, il doit bien rester quelque chose de ces 12 ans d'allemand scolaire !!! Nous sommes accueillis par la patron qui va immédiatement chercher Vanessa, qui s'exprime dans un français parfait et sans accent. Dans le Canton de Fribourg, on l'apprend à l'école ! Quelques minutes plus tard, nous avons l'autorisation de camper à côté du refuge, sous la corde à linge et nous dégustons un magnifique Sylvaner de la région qui au-delà d'être tout à fait à notre goût a le défaut de s'évaporer bien trop vite ! Nous nous préparons au sommeil en admirant le coucher de soleil. On vous le dit les amis, le Refuge de Schesaplana vaut le détour !

28/08 : 22,77km - 7h36 de marche - 1676 D+, 692D-

29
août

De Schesaplana à bivouac au-dessus de San Antonien

Le réveil est... humide car les différences de températures occasionnent beaucoup de condensation dans la maisonnée. Du coup l'humidité... ça se porte ! Tout n'est pas encore calé dans les sacs et le démarrage est un peu long, le temps d'apprendre à chaque chose à se faire sa place dans le sac ! Et c'est parti sur les chemins, tous plus magnifiques les uns que les autres. Nous sommes dans un milieu qui mixe le minéral et le végétal. C'est vert comme... bein comme partout en Suisse ! Par contre le minéral n'est pas comme ce que nous connaissons de versant espagnol. Ici le minéral reste un peu végétal quand même ! On se tape quand même des moraines et des pierriers mais sur des passages bien plus courts que d'habitude.

Nous sommes sous la surveillance permanente de Dame Marmotte et on confirme que vu la position... il ne manque plus que le sac à main, le papier d'alu et le chocolat !

Et là... ce qui devait arriver - que nous redoutons par-dessus tout - arriva ! Après le panneau les annonçant, après la carte les signalant... ils sont là, tapis dans l'ombre qui au loin... jappent et approchent vers nous ! Bon d'habitude ils arrivent à fond sur nous, mais là - le flegme suisse sûrement - ils arrivent vraiment en mode tranquille !!! En vrai, comme on s'est fait agressés par le passé par les Patous, on flippe toujours un peu à leur approche. Mais c'était sans compter sur Yurta, qui marchant quelques encablures derrière nous, nous rejoint et nous rassure "il faut marcher tranquille et ne pas les regarder dans les yeux", et lorsqu'elle se propose d'ouvrir la marche courageusement, nous ne saurions lui refuser cet honneur !!! Nous avançons donc en la collant comme un gosse avec sa mère au jardin d'enfants, et quand M. Patou fait son arrivée, nous marquons l'arrêt, M. s'assoit sans un aboiement, nous regarde et... pis c'est tout ! Et Yurta se tourne vers nous et déclare "c'est bon, il nous accepte !" et nous avons traversé tout le troupeau sans un seul problème ! Il faut vraiment que nos Patous français mal élevés viennent prendre des cours en Suisse !!! Et franchement... Yurta est notre héroïne du jour. Une nouvelle fois, nous changeons de pays pour quelques instants... Willkomen in Österreich ! En fait, non... on passe à côté du panneau et on continue in Schwitzerland !

Le soleil tape dur et FX commence à ressentir, malgré les multiples couches de crème, les effets du soleil sur sa peau... Amanda visualise parfaitement de loin le rosé de ses cuissots ! Nous essayons donc, sous ce soleil de plomb, de combiner le séchage du tapis de tente et l'envie de s'accorder un répit à l'ombre. Et nous voilà en train de faire les manouches au milieu de la montagne (chose strictement "verboten", bien sûr !), quand soudain... une voix française retentit. Sortant de notre cachette, nous découvrons Marianne et Daniel, et la conversation s'entame autour de nos parcours respectifs, de nos spots préférés, et de tous les conseils que nous pouvons obtenir sur le pays pour savoir ce qui est autorisé et ne l'est pas ! En gros, bivouaquer... on peut partout, du moment qu'on ne se fait pas gauler !!! Et une règle semble communément reconnue... la limite pour bivouaquer est à une altitude correspondant à la limite au-dessus des arbres... en bons français, on va adapter les règles !!

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Nous continuons notre parcours toujours magnifique, et faisons pause à Carschinahütte, qui était normalement notre destination du jour (FX avait été malin en anticipant une courte journée après le 1er jour). Mais après ein kleine Kurgesuppe, und ein NussenTorte (une tuerie de tourte aux noisettes et caramel) pour un prix raisonnable, nous entamons une descente qui rappelle leur existence à certains de nos muscles et à Amanda qu'elle n'est pas fan des D- ! Nous découvrons ce paysage typique de la Suisse, et ces chalets accrochés par magie au milieu de pâturages qui feraient baver de jalousie les plus émérites tondeurs de pelouse de golf ! La question se pose... mesurent-ils vraiment chaque brin d'herbe avant de le couper ?

Dans cette descente verdoyante, nous y croisons Julien, un toulousain parti de Trieste (le démarrage slovène de la Via Alpina rouge), il y a 29 jours et qui trace son propre périple en composant ses étapes comme ça lui chante. C'est un sacré personnage, et nous sommes enchantés de faire un bout de route ensemble. Échanges entre randonneurs mais là, on se sent petits joueurs... en même temps, c'est juste un peu son métier... il est accompagnateur montagne !!! Nous prenons des voies différentes, mais en regardant les courbes de niveau sur les cartes, Julien nous recommande un replat. La rencontre fut brève mais riche et nous attaquons une montée particulièrement difficile en fin de journée. Nous devons l'avouer, nous sommes en même temps contents d'avoir déjà attaqué l'étape du lendemain et cuits d'en avoir fait autant. Merci à Julien grâce à qui nous n'avons pas vu ni le temps, ni le km passer et grâce à qui nous avons éviter le village fort tentant de San Antonien.

Nous posons enfin notre campement à côté d'une bergerie qui semble abandonnée. Ah si, on a vérifié, sur ce flanc de montagne, on est bien au-dessus du dernier arbre (on avait dit qu'on interpréterait... spécialité française !). Nous en profitons pour suivre les conseils de Nathalie en faisant quelques étirements (aille, ouille, ah oui ça tire là...) et dodo !


29/08 : 26,66 km en 8h12, 1137D+, 1251D-

30
août

Du bivouac au-dessus de San Antonien au bivouac avant Tübingerhütte

Réveil matin sous un beau ciel et le paysage en sortant de la tente semble promettre une belle journée. Nous démarrons comme d'habitude, direct dans l'pentu et ça grimpe sévère jusqu'au St Antonien Joch (ou Gargaller Joch, selon le côté de la frontière duquel on se trouve !) et ses 2376m d'altitude, qui marquent à nouveau la frontière entre la Suisse et... Willkomen in Österreich !!

Et nous croisons plein de bestioles dont certaines plus étranges que d'autres !!! Avant d'arriver dans la ville de Gargellen et ses téléphériques ultra modernes. Ici, c'est l'Autriche, le pays qui a inventé le tri sélectif ! Et rien ne dépasse non plus ! Et c'est beau, mais beau, des fleurs, des maisons en bois, des fustes... Alors c'est décidé... on remplit les panses, car il serait déraisonnable de perdre trop vite tout ce gras accumulé !!!

Nous prenons toujours le temps, dans ces moments de lire vos commentaires et notre community manager s'empresse d'y répondre (oui, FX essaye de d'apprendre le langage de La Com' !😉) et notre réflexe est aussi de pister toute prise électrique à portée de main pour recharger nos powerbank. Et après un tel festin, une sieste dans l'herbe grasse s'impose ! Beurp !

Même les hôtels sont fleuris, les pelouses sont rasées de près !



Puis on attaque la montée de la magnifique Vallée de Vergalda (non sans une petite halte à la ferme d'alpage pour un ravitaillement de fromage, bien sûr).

Les moules à fromage sèchent au plafond

Et ça grimpe sacrément.... et on est prévenus, le camping y est interdit ! Mais alors.... waouh de chez waouh... et un silence remarquable, pas une bestiole, pas une cloche, juste quelques bruissements d'eau qui coule. Après les clarines des vaches de la vallée, cela nous change et c'est extrêmement apaisant.

Au fur et à mesure que nous grimpons dans ce paysage de folie, nous sentons ponctuellement des gouttes. C'est prévu, et on accélère un peu le pas, visant une Hütte vue sur la carte, que nous espérons ouverte. La météo annonce de la pluie et nous aimerions éviter la tente trempée. La descente est assez raide, avec quelques passages équipés, mais rien de complexe. Et elle nous réserve une bien belle surprise ! C'est toujours avec joie que nous les découvrons sur les pentes les plus improbables.

Les gouttes sont de moins en moins espacées, et nous accélérons la cadence vers la cabane là-bas, tout au fond (cherchez bien...) et découvrons que... la porte est close ! Grrrrrrr. Mais un petit espace plat à coté nous permet de poser la tente et il y a un appentis devant la porte qui nous permet de nous abriter avec un tuyau qui nous délivre l'eau directement de la montagne. On peut manger à l'abri et même faire notre toilette sans les aléas du vent frais.

Et c'est tant mieux car depuis quelques instants, il pleut à grosses gouttes. Et ce soir pour nous endormir, ce ne sont pas les moutons que nous allons compter mais... les secondes entre éclairs et grondements ! (entre la lumière et le son, 300m/s, d'où l'idée de compter pour savoir si c'est loin ou... sur ta tronche !). FX se fait un désagréable revival de la 1ère nuit de l'année dernière (pour ceux qui sont en retard, lire notre carnet Via Alpina Italienne) et se chope un gros coup de stress, imaginant toutes les solutions de replis !

Bref la nuit s'annonce peu reposante !

30/08 : 18,72 km en 7h11, 1681D+, 1260D-

31
août

Du bivouac de Tübingerhütte à Jamtalhütte

Vue la météo annoncée pour la journée (pluie et orage de midi à 18h), décision hier soir d'optimiser la journée en se levant aux aurores (5h). Sauf que par temps d'orage, on coupe son portable et les portables modernes peuvent tout faire sauf... réveiller quand ils sont éteints ! Hier l'orage a finalement tourné dans les vallées alentours, nous épargnant, mais nous avons eu le droit à la pluie toute la nuit, que FX verra donc blanche.... grrrrr, c'est dur quand le corps a besoin de se reposer ! La tente est trempée, FX est crevé, nous sommes en retard d'1h30... ça commence bien !!! Nous avions résisté comme des forcenés à la tentation de la Tübingerhütte, grand refuge de luxe (y a-t-il d'ailleurs autre chose en Autriche ???) à 20 minutes de la tente... mais ce matin, il faut conjurer le sort. Alors... pliage express en 30 minutes et frühshtück de luxe à la Hütte... même le chemin nous accueille royalement !

Nous sommes accueillis par des sourires radieux, et c'est dingue, il y a une cheminée, il fait une chaleur épouvantable et personne ne s'en rend compte (enfin si, nous... on a couché dehors !). Ici tout est mignon, même les décos (faites par la maman de Tom, l'hôte du lieu) sont soignées et, et bien sûr, comme on est dans le Tyrol... tout le monde porte la culotte tyrolienne décorée et on mange au son du Yodel... 🎵oh lala tihi laho lala youkou youkou 🎶!

La météo est affichée et on découvre que tout risque d'orage semble avoir disparu ! Ouf ! Le temps est gris, la visibilité moindre, mais la marche est agréable et les paysages encore charmants.

Nous avons l'impression d'être les derniers à partir du Refuge et le terrain glissant rend la progression plus technique. Et pourtant, nous remontons les foules qui sont dispersées par grappes dans la montagne. Nous nous retrouvons dans une zone plutôt verticale, où nous voyons un groupe de molosses de plus de 2m (qu'est-ce qu'ils sont grands ici !!!) tout enrubannés de pantalons, de blousons, de doudounes... et en nous voyant arriver en shorts (et bras nus pour Amanda !), ils s'écartent... Au passage d'Amanda, le guide du groupe lui demande "it's your man ?", "Yes..." répond elle, "ppppfffffff", fait-il en imitant le vent, Amanda répond "Bip Bip" et tout le groupe se marre en regardant vers FX qui a déjà disparu dans le brouillard !!!

Nous continuons notre avancée au milieu de prairies verdoyantes quand "bip bip" voit à l'horizon deux tâches vert fluo... son sang ne fait qu'un tour.... cibles à l'horizon ! Bref, on accélère jusqu'à atteinte de l'objectif, on ne peut pas s'empêcher ! Cela fait un moment que nos oreilles perçoivent des bruits de moteur et lorsque le brouillard se lève, finalement on constate la présence d'une route, de restaurants et hôtels à proximité d'un grand barrage.

Arrêt aux stands pour une soupe car la pluie commence à tomber dru. Pause rapide et c'est reparti pour un parcours d'altitude à presque 3000m, annoncé en 5 heures. Nous contournons l'immense barrage de la retenue d'eau de Silvretta, non sans remarquer le magnifique sidecar Ural qui démarre dans un vrombissement pétaradant. Magnifique.

Le site viaalpina.org décrit notre parcours à venir en ces termes : "Une étape magnifique de haute montagne mais qui n'est envisageable qu'en été, lorsque les conditions d'enneigement le permettent. Le tracé conduit au pied des glaciers du Massif de la Silvretta (2839m). La brèche Getschnerscarte est le point culminant de l'étape. Il est indispensable d'avoir l'expérience des randonnées dans les Alpes et ne pas avoir le vertige."

On confirme ! Surtout par une temps pareil ! Tout est transformé, les pierres qui pourraient être des alliées pour l'appui peuvent devenir des ennemies ; à l'inverse, les chemins de sable et gravillons, agglomérés par la pluie deviennent particulièrement stables. En fait, dans ces cas, par rapport à d'habitude, on passe notre temps et notre énergie à analyser le sol et regarder où se posent nos pieds. Et malgré le brouillard, c'est quand même super beau !!

Une fois le col passé, c'est l'épreuve de la descente et c'est vertigineux !!! C'est technique, le long de la paroi, il faut y mettre les mains. Certaines zones sont équipées, d'autres pas et nécessitent attention, vigilance, concentration et d'éviter d'être éloignés l'un de l'autre.

Il pleut, ce qui rend tout difficile. Et l'altitude a apporté la fraîcheur du glacier que l'on finit par deviner au loin. Une fois écartés de la paroi, nous arrivons dans un champ de... berlingots, vous savez ces bonbons striés et acidulés... on ne sait plus où poser les pieds, ça roule, ça glisse. Puis vient l'interminable descente au milieu des herbes qui finissent de remplir les chaussures de flotte !

Nous traversons une dernière fois le torrent de fonte du glacier, encore quelques minutes et nous voilà à la Jamtalhütte, où nous nous décidons de passer la nuit (douche chaude en perspective, youpi !!!!!)

31/08 : 21,64km en 8h28, 1444D+, 1480D-

1
sept

De Jamtalhütte à Scuol

Petit déjeuner entre 7h et 8h dans cet "hôtel 3 edelweiss" où nous avons découvert au dernier moment que nous passions la nuit seuls dans un dortoir prévu pour 12... on a l'impression que c'est tellement immense qu'ils organisent les choses pour que chaque groupe ait son coin, y compris pour manger... le service se fait à l'assiette, dès 18h30, comme à l'EHPAD !!!

Tout devait être réuni pour une bonne nuit et pourtant... FX nous fait encore des nuits claires... c'est fou cette incapacité à se reposer ! Pourtant, on double les étapes, ça devrait le calmer... mais même pas !

On sent qu'on est au cœur des activités alpines, car les différents groupes s'activent autour du matériel d'escalade de glacier (casques, crampons, piolets....). C'est vrai qu'avec nos deux shorts... on dénote un peu ! Nous quittons ce superbe refuge et nous voilà en pleine montagne pour une sacrée ascension jusqu'au Futschölpass à 2789m. Nous contemplons le glacier sur notre droite et constatons comment la moraine est en train prendre le dessus, signe annonciateur d'une fin proche.

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Deux photos vues dans le refuge montrent l'évolution sur 2 ans du glacier voisin et c'est terrible. Car de vue d'homme, en si peu de temps, impossible normalement de voir une différence. Les gardiens annoncent la disparition sous 5 ans. 😪😓😤


En attendant, nous profitons pleinement de la vue, dans un froid... glaciaire ! Et le chemin n'est pas si simple, au cœur des moraines et des gravières où le sentier semble se dessiner comme une rivière aux méandres opportunistes.

Et nous repassons en Suisse !

C'est bien FX tout en haut à la frontière !


Le chemin devient sentier à vaches, le végétal a repris le dessus, les clarines tintent à tout va et ce ne sont plus les pierres qui nous font glisser... on vous laisse deviner ! Nous descendons dans une vallée verdoyante avec un bruit de torrent de glacier assourdissant. Au cœur de ce cirque, des centaines de vaches de toutes races, des chevaux et même un âne tonitruant au milieu des bestiaux !

Nous cherchons à sortir de ce brouhaha pour une pause lorsque nous tombons sur l'une de ces merveilles de la Suisse, un self-service à la ferme ! Tout est là, les boissons dans la fontaine (cola, bière, vin et même du lait de chèvre !), à coté, le fromage (faisselle, frais ou tomme) est à l'ombre sous une cloche (avec sel et poivre pour les amateurs de fromage frais épicé) et la caisse est posée là, avec les prix et démerde toi ! On ne résiste pas à l'appel du fromage, car nous n'avons pas encore de chèvre dans notre collec' et avouons-le... il est excellent. Bon, par contre on n'a pas vu le cul d'une biquette !!!

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Le ciel est couvert mais la balade est charmante sur ce sentier très dessiné qui conduit vers de multiples cabanes de montagne. Un replat, une cabane, sorte de résidence secondaire pour amoureux de la nature, et toujours, le petit tas de bois de 30 bien rangé devant !

Nous approchons de la civilisation et découvrons Ftan, fort joli village rural dont les fermes sont complètement intégrées au cœur du bourg, c'en est même étonnant. Et les clochers baroques pointent entre les maisons bourgeoises.

Au détour d'un chemin nous croisons deux gars (ingénieurs ???), dont nous imaginons la conversation...

- "Oh Peter, je t'avais dit de couper l'herbe à 0,5 et là, elle est à 0,6, ça va pas ça !

- Mais Dieter, tu sais bien qu'avec la sécheresse, faut pas couper trop ras !

- Mais Peter, elle est toute verte l'herbe, où tu vois de la sécheresse toi ???

-..."

...on laisse nos deux ingés s'engueuler, et continuons notre chemin en gloussant, rassurés qu'ils ne nous aient pas entendus !...

Pour rejoindre Scuol, non sans remarquer la capacité à tout recycler de nos amis helvètes et surtout, cet amour immodéré pour la propreté et les petites balayettes pour les bancs !!! Là, vraiment... on peut pas lutter, ils sont trop forts ! Tellement forts, qu'il y a même des self-service de vente de bois coupé (en 30 bien sur !) au poids... (pensées pour Annick et Michel, qui semblent en avoir besoin 😉). On est taquins aujourd'hui !

Nous découvrons la "grande ville" et ses promesses de ravitaillement et autres douceurs (quoi que jusqu'à maintenant... on ne se maltraite pas trop !). Vite au camping pour monter la tente, se libérer les épaules et profiter de l'atout majeur de cette ville... son thermalisme. Un sandwich vite avalé (si si... c'est un sandwich sur la photo !) et à nous les bains chauds, froids, à remous, salés, intérieurs et extérieurs et même un sauna au dress code obligatoire... tout le monde à poils ! On adore ce pays !

On sort à 22h et on se prépare à une nuit émaillée de coups de cloche, tous les 1/4h... et à l'ancienne, 1 coup par 1/4 ! Chouette...

1/09 : 26,64km en 8h10, 1710D+, 783D-

C'est officiel, nous avons 2 jours d'avance sur le Walkbook... c'est toujours bien d'avoir des marges de manœuvre.👌👍💪

2
sept

De Scuol au bivouac au-dessus de Taufers

Les bains nous ont fait beaucoup de bien et oui ValCh... FX a mieux dormi 😉 ! Mais qu'il est difficile de se sortir de la torpeur des sanitaires de luxe chauffés.

Nous entamons l'ascension des Gorges de la Clemgia, deuxième affluent le plus long de l’Inn en Suisse. Et ici tout s'effondre régulièrement, et inlassablement, tout est refait, les chemins, les ponts... au gré de ce que la montagne veut bien laisser !

La route que nous atteignons montre à quel point l'endroit est régulièrement ravagé. Des zones de secours sont installées avec alarme et point de replis entre les moraines et quand on voit les ravages, on imagine les forces en jeu... c'est hyper impressionnant et ça remet l'homme à sa place... gravillon parmi les cailloux !


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Et au milieu de tout ça... un bus passe toutes les heures, et... le Père Nowell a garé son char !

Franchement, le chemin est long sur cette piste défoncée, peu intéressant pour le randonneur, mais passionnant pour la géologie des lieux, avec ses sculptures de graviers qui n'attendent que le prochain orage pour s'effondrer.

Après une halte à S-Charl pour pique niquer, nous pénétrons dans le Parc National Suisse, créé en 1914 (1er parc national des Alpes et d'Europe centrale, où la nature se développe selon sa propre dynamique sans aucune intervention humaine). Nous y découvrons une vallée verdoyante et très prisée des promeneurs et VTTistes (électriques pour la plupart !).

Le Col de Cruschetta, qui marque notre entrée en Italie, nous livre sa légende, résolument charmante : deux sœurs attirées par la Réforme calviniste décidèrent de quitter leur village natal catholique (Taufers, en Italie, notre destination du jour) pour rejoindre Scuol (notre point de départ suisse du jour, suivez un peu !!). Au col, l'une des deux se sent prise du mal du pays et retourne en Italie. Depuis lors la rivière, qui ne coulait avant que d'un coté, s'est séparée en deux alimentant désormais 2 mers, l'Adriatique par Taufers, et la Mer Noire par Scuol.

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En descendant côté italien, notre regard est attiré par une pancarte annonçant une petite cabane, reconstruite par l'équipe de secours de montagne de Taufers avec minutie et détails incroyables...

Absolument charmante mais à 16h, c'est un peu tôt pour s'arrêter. Nous continuons donc notre route, croisons un furieux qui est en chemin depuis 62 jours pour un tour complet de la Suisse et à qui nous conseillons vivement la dite-cabane !

Au cours de la descente nous constatons à l'horizon la présence d'un glacier majestueux (Ortler ?) que nous imaginons approcher dans les jours à venir. Il est assez hypnotique tellement il est immense d'aussi loin.

En attendant nous nous trouvons une petite aire de pique-nique discrète et nous installons avant l'arrivée d'une pluie battante. Ouf... on est au chaud mais ça tombe super fort. Nous sommes toujours sidérés de la résistance de ces petites toiles de tente ! Mais inquiets car la journée de demain s'annonce pluvieuse aussi alors "comment faire sécher une toile sous l'eau ???" Vous avez 4h !


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2/09 : 27,32km en 7h34, 1188D+, 845D-

3
sept

🎶🎵... tous les deux sur les chemins... 🎶...tous les deux on sera bien..."🎵🎶, (mais sans automobile) si vous avez du mal à suivre, cherchez Voyage en Italie - Lilycub sur Internet... clip d'anthologie !

De Taufers au bivouac Furkellhütte

Nous quittons notre bivouac... sous la pluie, donc comme prévue la tente est trempée, ce qui augmente considérablement son poids et goutte très glacialement sur les mollets... brrrr. Juste au-dessus de Taufers, sous notre chemin, nous voyons ce qui ressemble à un bar et ça s’affaire dans tous les sens, quelque chose se prépare. Ni une ni deux, le ventre de Grosse bouffe prend les commandes, on quitte le chemin et direct dans l'pentu pour débouler devant le dit-lieu ! Après quelques discussions, nous finissons par comprendre que s'installe ici le local de la Société de chasse et un bar adossé. Quand on dit local, c'est LE TRUC DE MALADE avec chambre froide d'au moins 3m de haut, cuisine pro toute équipée... bref de quoi découper, stocker et ripailler les gibiers chassés. Et aujourd'hui c'est inauguration du bloc en grandes pompes, et vu le nombre de tivolis, tables et fûts de bière... ils attendent du monde ! Un café et ça repart car la fête n'est pas avant 10h, et notre programme est chargé. Nous traversons Taufers im Müstair - Tubre, ses maisons décorées, ses fresques religieuses sur les fermes, les jardins de curés aux 1000 couleurs...

Nous y découvrons de magnifiques clématites, et même du houblon (petite private pensée pour Aurore et son amie Thérèse, dont la compagnie est fort agréable ! 🍺😉)

Et c'est parti pour une ascension qui s'annonce colossale !... nous devons nous extirper des 1240m du village pour atteindre l'altitude de 2762m du Piz Chavalatsch (que nous rebaptisons Pisse Chabada pour nous faciliter la tâche !). Montée dans les bois, pour atteindre les pâturages où l'abri d'une ferme nous permet de faire "goutter" la tente le plus possible et d'essayer de nous réchauffer, avant de repartir pour un chemin de crête incroyable mais glacial.

A 10h pétantes, nous entendons venir de la vallée opposée, les sonneurs de l'inauguration de la fameuse Maison de la chasse, incroyable comme le son porte !

Le brouillard s'invite, mais se lève de temps en temps nous permettant de deviner les cimes et de donner un aspect assez magique à la promenade. Le balisage italien, s'il manque un peu de panneaux indicateurs, n'est pas avare de marques. Et d'ailleurs, nous constatons que dans les zones dangereuses, les marques sont resserrées au point que l'on puisse les voir l'une de l'autre. Nous découvrons une cabane au sommet dont une grande partie réservée pour les secouristes et matériels techniques (antenne, météo...). Ce n'est pas le chemin officiel de la Via Alpina, mais FX a prévu cette variante pour pouvoir ensuite jongler avec les courbes de niveau et éviter de tout redescendre pour tout remonter. Ce tracé prévoit donc un parcours en crêtes et une redescente tranquille et c'est vraiment beau et paisible, et très silencieux. Seulement interrompu par les sifflements des marmotte qui guettent et alertent les "coupines" !

Soudain, nous nous retournons et une éclaircie dans le brouillard laisse apparaître le Pisse Chababa dont nous venons. Il est là, comme accroché dans les nuages... (le piton noir avec une antenne, à droite de la photo).

Nous suivons le sentier à flanc, ce qui fait faire de grandes courbes et c'est plutôt joli, mais un peu longuet. Les pieds et jambes sont bien sollicités. Nous visons une station de ski et son bar d'altitude en lequel nous fondons peu d'espoir. A l'arrivée, un cuistot est là car le télésiège semble déverser, le dimanche uniquement, son lot de convives affamés. Il nous raconte, en allemand (si si on est en Italie !), qu'il est là depuis 21 ans et qu'il voit s'amoindrir la majestueux glacier Olster qui lui fait face. "Et particulièrement cette année" nous dit-il !

Nous nous arrêtons tôt et nous installons au pied d'un téléski. Arrêt 18h, diner 18h30, douche 19h30, au chaud dans la tente à 20h et... plic plic plic... puis soudain gros ploc ploc... meeeeerde, le seul endroit plat sans bouse de vaches est tout pile sous un des télésièges qui nous goutte dessus... qu'on est cons !

3/09 : 20,30 en 7h52, 1738D+, 1141D-

4
sept

De Furlehütte à Ciraletto

Après la nuit Plic-Ploc, le soleil se lève sur notre camp trempé et nous offre un paysage toujours magique (hein Valch 😉). Le glacier n'en est que plus majestueux et va nous accompagner une bonne partie de la matinée...


Nous attaquons la montée, comme chaque jour après le ptit déj', c'est une coutume ! Nous découvrons une statue sculptée à même la branche morte de l'arbre, puis quelques pas plus loin, les stigmates du passage des écureuils... pommes de pin en mode "avant-après" et puis ces marches qui semblent nous faire grimper direct vers le ciel bleu ! Et pourtant, ça caille sévère !

Tout en montant, nous avons du mal à quitter le glacier des yeux, tant sa majesté est incroyable. 
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Nous montons le StilferJoch, dans cette vallée où les conflits armés ont mobilisé l'inventivité et l'ingénierie humaine dans toute sa splendeur, comme d'hab', pour pondre des casernes, tout le long, sorte de ligne Maginot montagnarde. Tout cela date du conflit austro-hongrois et on nous racontera au Refugio Garibaldi, une auberge en forme de châtelet, qu'ici, avant... c'était l'Autriche ! Bon maintenant, c'est l'Italie et la Suisse et la limite entre le Haut-Adige et la Lombardie. La borne frontière est à 5 mêtres de l'auberge ! Et du coup on parle aussi italien, allemand et romanish. On en a des trucs à réviser nous.... pffff !!


C'est dans cette auberge que nous rédigeons l'étape d'hier au son des années 80 italiennes et nous avons droit à notre "Ti Amo"... allez Malau, une nouvelle musique entêtante !

Cette image, découverte au milieu des nombreux panneaux explicatifs sur les forts, nous semble tellement parlante quant à ce que devaient vivre les militaires de l'époque ! Bien que nous nous soyons fortement modernisés, elle est toujours autant d'actualité avec le réchauffement des couches. La montagne guette et attend son heure ! Et les glaciers tuent !

La montagne, c'est beau, la montagne c'est dangereux mais des fois aussi c'est super moche comme... ça !

Point de départ du téléphérique vers le glacier.

Les sons assourdissants des véhicules qui montent et descendent, dans un incessant ballet d'accélérations et de décélérations, frisent l'insupportable. Comme on a déjà essayé la technique de Valch pour faire sécher la tente (mais bon... attendre ok, mais ça fait pas avancer ça !)... alors on essaye une nouvelle technique.... un indice...

Alors, ça a toutes les apparences du n'importe quoi, mais on se bidonne comme des fous, les cyclistes et motards au Col Umbrail nous filment en se marrant et mine de rien... la tente sèche ! (⚠️attention, cette cascade est effectuée par des professionnels, ne pas reproduire à la maison sous peine de tout péter, surtout en intérieur !)

Nous sommes passés dans un paysage totalement minéral, et les formes des sommets ne sont pas sans rappeler la dentition de Mère Grand. La suite est un peu plus longuette, sur chemin et piste gravillonnés dans une descente très progressive jusqu'à l'immense retenue d'eau de Cancano, où nous prenons un petit remontant, à côté de la chapelle, sous les yeux ébahis du patron qui ne peut s'empêcher de venir évaluer le poids du sac d'Amanda en faisant de grands 👀 !

Plusieurs choix s'offrent à nous : bivouaquer dans le coin, ou continuer jusqu'à la limite de nos pieds. Le temps est clair, la météo est bonne et le chemin qui s'annonce est sans dénivelés importants. OK... choix 2, on bombarde ! Chemin sans réel intérêt, qui serpente à flanc au-dessus des villages de fond de vallée. Nous y reluquons tous les coins potentiels pour poser la tente, en nous fixant 19h30 comme limite, quand soudain, au détour d'un virage...

... une guinguette de montagne, où résonne un air d'accordéon qui nous envahit le corps et nous voilà partis à danser au milieu du chemin sous les regards hilares des clients. L'accueil est hyper chaleureux. Ils se posent autant de questions sur les deux hurluberlus en short qui viennent d'arriver que nous sur la présence improbable d'un foodtruck dans le tournant d'un chemin perdu. C'est ouvert tous les jours de 9h à 18h en été et le WE sur les autres mois. C'est le lieu de rdv de tous les gens du coin et ça rigole bien. Bon bein... le plat du jour alors !

Nous négocions un bivouac entre âne et poules 🐔 juste en dessous et le tour est joué pour aujourd'hui. Et c'est tant mieux car... les jambes commençaient à être lourdes !

4/09 : 32,49km en 8h43, 1136D+, 1424D-

5
sept

De Ciraletto au bivouac de Lagho di Tres

Nouvelle nuit blanche pour FX, mais on s'y fait ! Pliage et décollage efficaces et rapides et nous reprenons notre chemin quasiment à plat. La nature est une merveille qui cherche tous les chemins possibles pour vivre ou survivre tels ces arbres qui poussent avec la moitié des racines dans le vide, ou sur le bord des chemins à la limite de la rupture.

Après avoir traversé la grande route à Arnoga, nous abordons la Vallée de Verva en jouant à cache cache avec des écureuils noir foncé, qui sautent de branche en branche à une vitesse hallucinante ! Franchement, c'est eux qui gagnent, même pour les choper en photo... trop rapides !

Nous avons entendu parlé d'un agrosturimo à ne rater sous aucun prétexte pour son assiette de fromages et ses confitures... bon bein obligé ! Et on ne peut que confirmer, comme disaient "les abats"... mamma mia !!!! Tout est fait maison, fraises, fraises-rhubarbe, prunes rouges comme blanches, pin, menthe-melon et une oignon rouge thym divine avec le fromage frais, car non seulement nous avons la ricotta mais c'est une assiette entière de tranches de fromage qui arrive devant nous ! On s'en remplit la panse à se la faire exploser !!!

C'est ensuite avec les marmottes que continue le cache cache, et on le confirme, elles sont presqu'aussi rapides que les écureuils, quoi que... avec leur bidon bien rempli en prévision de l'hiver... elles se traînent un peu ! Mais quand même, on a vraiment du mal à les choper en photo !

Nous adorons tous ces jeux de la nature, comme ce petit arbre qui décide que "non, moi je vivrais là tout seul sur mon caillou, na !"

Nous continuons notre chemin dans un air vraiment glacial (autour de 10 à peine) et passons notre temps à enlever et remettre les manchons, les blousons au gré des montées et des rares apparitions du soleil, jusqu'à parvenir à un charmant lac (dommage qu'il soit si tôt... super bivouac !) puis dans le petit village d'Eita posé au milieu de la montagne.

Nous constations depuis quelques temps une pénurie de balisage, mais là, ils ont pondu l'arbre à panneaux !

Eita, charmante bourgade où nous nous délectons d'un Pizzoccheri, plat local de pâtes au sarrasin avec pommes de terre et fromage fondu, que nous parsemons d'un mélange préparé sel/poivre/ail... léger quoi, mais absolument merveilleux. Vous n'y croirez sûrement pas, mais vue la ration de fromage ingurgitée quelques heures auparavant, on a eu un peu de mal à finir la seule part commandée ! Pas de problème, notre boite pliante est là et hop, on embarque pour ce soir !

Andrea, qui nous sert depuis le début, parle un impeccable français appris en grande partie au Sénégal. C'est un sacré baroudeur, qui a aussi été au Vietnam et nous dit ne pas s'y être senti dépaysé, tant il y a retrouvé des réalités rurales et montagnardes proches de son village d'Eita. Nous échangeons un peu sur les comportements des "gens de la ville" qui viennent ici en voiture et ne connaissent rien aux usages de la montagne.

Intrigués depuis le début par la superbe photo derrière nous (non, ce ne sont ni les Beach Boys, ni les Bee Gees, il nous explique que ce sont des gars du village qui ont fait le pari que le 1er qui se rasait perdait et payait le gueuleton à tous les autres. Vu le dessin, ils ont tenu longtemps, et nous voulions savoir qui avait perdu, Andrea demande à sa mère... ils ont décidé de tous se raser en même temps et on se plait à imaginer que le gueuleton fut fameux !

C'était un excellent moment de partage, et on traîne un peu... Et quand en sortant, nous découvrons dans les toilettes la présence d'une douche... on a failli... bon on s'est retenus... du coup, on sent pas bon !

Une petite visite à l'église du village nous fait découvrir une nouvelle vierge dans une grotte, dans un écrin bien chargé !

Enfin, nous quittons ce petit village charmant, loin du tourisme de masse et attaquons tranquillement la grimpette vers les Laghi di Tres.

Chemin faisant, le soleil montrant un bout de rayon, et une fontaine faisant son apparition... ni une ni deux, nous voilà en pleine lessive ultra rapide et toilette de chat. Ahhh ça fait du bien !

La dernière montée est assez abrupte et nous croisons deux personnes d'un âge bien avancé, descendant tout tranquillement, les mains violettes... "vous... vous avez cueilli des myrtilles, petits chenapans !!!!" Le lac est tellement magique, que même s'il n'est que 17h, on se dit qu'on s'arrête là ce soir. C'est ce qui était prévu sur les plans, tout en gardant nos jours d'avance. On est à coté des vaches et chevaux, on a une fontaine... Cela permet de faire mieux sécher la lessive et de profiter d'un majestueux rayon de soleil pour une toilette en pleine chaleur ! Et puis, on peut aérer nos sacs, nos affaires, nos sacs de couchage et... on sent bon ! Quand soudain...

... pout pout pout... qui c'est que v'la en motobylette !? Le berger !!!! Oups on s'est un peu étalés... on croyait se faire engueuler, mais non, il vient faire la traite ! "Hey ho, hey ho, nous on va au boulot..."

On se parle comme si on se comprenait..., c'est hyper drôle "et donnez moi une bouteille que je vous la remplisse", "et vous avez vu les chevaux ?", "et non pas beaucoup de lait car l'herbe est moins grasse", "et on va les redescendre bientôt", "et que c'est un groupement qui possède toutes les petites cabanes autour de nous"...

...enfin... c'est ce qu'on a compris de notre échange !

Le jeu du jour est... "sur la photo ci-dessus, cherche le berger en train de faire la traite de sa vache". On vous aide... elle est grise ! Giuseppe accepte de prendre la pose et repart... pout pout pout ! Dernier détail d'importance, remarquez la marque de la moto... Alp, ça ne s'invente pas ! Quelle journée !

5/09 : 24,98km en 6h40 (petite journée !), 1031D+, 704D-

6
sept

De Lagho di Tres à Schiazzera

Tout avait pourtant bien commencé. Un lever à 5h, un paysage grandiose, un lait de vache chaud (locavore total... moins de 15 mètres !), les clarines des vaches encore éteintes, une grimpette de 500D+ dès le départ, le soleil qui allume les sommets et nous réchauffe... ça tombe bien, on a prévu une grosse journée et le temps se prête, pour une fois, à la sieste !

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Nous descendons par une vallée merveilleuse, en nous demandant où sont passés les animaux sauvages !? Pas un à l'horizon, pourtant ça sent le sauvage ici ! Nous profitons pleinement de ces instants et de ces vues extraordinaires... et d'un silence incroyable !

Nous arrivons tranquillement vers une ferme d'alpage et le panneau "vente de fromages"... forcément, nous attire. Nous sommes éberlués par la scène des deux gamins qui descendent le chemin à pieds, vite rejoint par le père en moto, et hop... tout le monde monte sur la moto, avec bâtons et fourche, si si à 3 sur le machin... on croirait un décollage d'albatros dans Bernard et Bianca mais ça tient et le convoi s'en va !

Angela regarde la scène, empêchant El Bambino, déjà parti en courant, de rejoindre l'attelage fou. Nous sommes accueillis comme des princes au cœur de l'action et de la cave aux trésors ! Lequel choisir ? D'ailleurs, pourquoi choisir ? Un de chaque ! On assiste au brassage du lait du jour et c'est physique, on vous le dit, faut des bras !! Angela nous avoue rêver d'aller à Paris "mais avec les vaches, on travaille 20h par jour, alors..."

Quelques minutes plus tard, le café que nous espérions au refuge Malghera tombe à l'eau... fermé ! Bon c'est pas grave, on enquille ! Nous constatons déjà que le balisage est peu présent et les panneaux, mal fixés, tournent et troublent notre compréhension des directions. Heureusement, Marie, nous hèle ('s angels ?) depuis sa terrasse, pour nous remettre sur le droit chemin. C'est reparti sans aucun balisage ce qui aurait dû nous interpeller. Nous suivons notre trace GPS qui nous emmène dans la magnifique Vallée de Confinale, mais alors là... c'est marche à vue ! Pas plus de marques que de sentier. Mais on est du genre têtus, alors on marche dans les myrtilles et les rhododendrons et force est de constater qu'il va nous falloir dévaler une falaise de grandes herbes glissantes sur plus de 300m de dénivelé, ce qui s'avère particulièrement périlleux.

Les Visega (en dialecte montagnard local), ces grandes herbes follement belles de loin, sont des alliées à la racine desquelles on peut se retenir, mais à pleine poignée, de vraies ennemies qui piquent et vous pousseraient à relâcher la précieuse prise de survie et surtout, traitresses, elles glissent !

FX a déjà vécu cette expérience... du coup, on utilise la même technique : viser les bosquets d'arbres pour descendre en se retenant aux branches et aux troncs ! Retour à l'instinct primaire ! L'opération fonctionne bien mais nous devions faire tout le trajet en 1h15 et c'est exactement le temps qu'il nous aura fallu pour nous extirper de ce m... cette pente ! Tout ça pour constater que le Refuge Pina, que nous visions en nous faisant saliver à l'idée d'un bon repas était... fermé ! Grrrr décidément... en fait tout a quasiment fermé le WE dernier !

C'est décidé, pour se venger, on envoie du steak et on passe à la vitesse supérieure : direction Schiazzera annoncé à 5h45 de marche, mais... FX a une idée en tête...

Lorsqu'en descendant, nous constatons de grandes parties de chemins construits en travers des moraines dignes d'une exploitation minière, on se dit qu'on vient de les construire spécialement rien que pour nous, pour s'excuser d'avoir oublier de baliser toutes les autres parties, NA !

Arrivés au sommet, nous constatons que le Refuge Schiazzera est juste en dessous ! Les panneaux indiquent bien qu'il faut 2h40 pour faire tout le tour du cirque jusqu'au Lac du même nom, puis pour parvenir au Refuge, mais on vous avait dit qu'une idée trottait... beh oui, à fond dans l'pentu, ça nous connait !

Non en fait lors des repérages, FX avait identifié la présence d'un petit sentier qui rejoint le dit-Refuge en 20 minutes ! On est fous, mais pas cons quand même ! Amanda envoie FX en éclaireur (fonce petit bolide !) pour réserver une place à table, car il est bientôt 18h30 et c'était l'heure du service dans le dernier refuge ! La pente est dévalée en quelques minutes et Fabio est appelé à la rescousse pour nous parler en français... et merci à lui qui nous a permis, toute la soirée, de récolter une masse colossale d'informations et de passer un excellent moment.

Ici c'est l'Italie, comme en Espagne, rien n'est un problème, donc "c'est repas tous ensemble à 19h15, mais prenez le temps de monter la tente, et rejoignez nous". Camp monté derrière le refuge en 10 minutes, le BBQ crépite, ce qui promet un bon repas, et nous demandons à passer par le lavabo pour une toilette rapide, histoire de ne pas trop incommoder hôtes et convives.

A partir de là..., c'est festival ! Ils sont toute une tablée, dont on finit par comprendre que ce sont les bénévoles qui gèrent le refuge (plusieurs refuges sont gérés par des bénévoles qui se relayent à la semaine) et leurs amis. Derrière nous, deux allemandes qui font la Via, par tronçons tous les ans (du haut de leur 82 et 89 ans, "tant que tiennent les jambes... et le cœur" !) et nous, tout seuls entre les deux !

Fabio est aux petits soins, vient nous voir pour nous demander ce qu'on veut manger, nous expliquer les choses, et s'inquiéter de notre itinéraire du lendemain... "et tu veux du vin ? oui tu veux du vin !" et paf t'as un verre de vin... Amanda résiste... Un énorme plat de pâtes bolognaise arrive devant nous, mais on le sait... ce ne sont que les antipasti... Amanda verse la moitié de son assiette dans notre super boite pliante, puis c'est "saucisson grillée et salade" (ils ne savent pas dire saucisse ici !). Amanda complète la boite ! Pourvu qu'on n'ait pas de desserts... ah beh si ! Amanda a toujours de la place pour le dessert (ouf... pour le mélange dans la boite !).

Puis vient le... "et tu veux du Nocino ? si, tu veux du Nocino, je te raccompagne à ta tente si tu as un problème"... ah bein là, plus personne ne résiste... une grappa avec les noix entières, bogue compris, qui macèrent pendant 24 jours puis attend au moins 3 ans avant qu'on la fasse couler dans les gosiers... forcément, on ne peut pas résister ! Et c'est divin, on a le goût de la noix, avec l'amertume qui vient du bogue. C'est super bon et là, on doit carrément résister, car ils nous ont posé la bouteille sur la table "tu te sers !"... et on sait que trop d'alcool le soir = petites nuits = pas facile les sommets le matin ! Pourtant on vous jure que c'est méga tentant tellement c'est bon !

En palabres depuis un moment avec un autre bénévole, Fabio revient vers nous soudainement en nous reparlant des 3 options potentielles pour nous le lendemain : 1. aller à Tirano en bas, 2. éviter Tirano par un chemin médian, 3. éviter Tirano par les Passo Patun. "On en a discuté, Tirano n'est pas intéressant pour vous, le passage médian a subi des effondrements et le CAI (Club Alpin Italien) l'a débalisé et recommande de ne pas le prendre, même si ça passe, alors nous on pense que vous devez passer par le Col. Mais faut faire gaffe et ne pas quitter les traces blanches et rouges, parce que c'est dangereux, il y aura des herbes comme celles d'aujourd'hui, mais la différence, c'est qu'il y a un chemin". Bon bein OK pour le Passo alors !!!

On va tous se coucher contents, l'endormissement est rapide (Valch... le Nocino serait-il la solution à nos problèmes ? 😉) sans compter sur...

... 1h du matin... ça commence à péter dans tous les sens, la tente plie sous les coups de vents, les rafales de pluie sont tellement démentes que la toile se secoue et crée une forme de brumisation à l'intérieur, légère, mais franchement, on prie pour qu'elle tienne notre chère tente ! On compte... et on est très vite à 1 entre flash et boom ! C'est quand même con, on est à 10m du refuge mais là... c'est le déluge sur nos tronches ! Bon bein on fait comme d'hab... la boule ! On se serre, en espérant ne pas prendre la foudre... d'ailleurs on se demande... si on la prend, on reste collés ?

Cette affaire a quand même duré près d'une heure... on aime être collés, mais là c'est franchement long et méga flippant. Quand soudain les choses se calment, on entreprend d'aller se réfugier dans le lieu dont c'est l'utilité première ! On s'installe sur le canapé dans l'entrée et quand au bout de 10 minutes on entend les ronflements traverser toute la baraque, Amanda déclare "on rentre chez nous ?". C'est clair ! Nous voilà repartis dans la tente, qui a tenu bon et on s'endort en quelques minutes. Quelle journée !

6/09 : 30,24km en 11h03, 1753D+, 1850D-

Les habitués connaissent nos intermèdes...

Cette fois-ci, nous voulions vous dresser quelques portraits, mais nous n'en croisons pas tant que ça !... y en a pour tous les goûts et nous compléterons au gré des rencontres...

Point d'étape, en 10 jours, nous avons cumulé :

251,79km en 81h28, 14494D+, 11430D-

des tibias maltraités, des dos en compote, des bleus sur les cuisses et des rayures sur la carlingue !

des expériences fromagistiques tout à fait sympathiques,

et de bien belles rencontres, furtives de part notre perpétuelle pérégrination, mais charmantes,

Génépi 0, Nocino 2 !

À suivre...

7
sept

De Schiazzera à Poschiavo

C'est confirmé, quand on est chez nous... on dort pas mal, mais vu la nuit passée, c'est un réveil vers 7h dans une tente résistante mais totalement détrempée... et pourtant, quasiment pas une goutte à l'intérieur.

Fabio, toujours aux petits soins, nous propose de faire sécher la tente près du poêle... le Sil-Nylon risquerait d'apprécier !!! Tant pis, on bourre le tout dans le sac et imaginez un tapis de sol, une tente intérieure et surtout un double toit chargé de flotte... dans le sac, ça plombe bien (on pense au moins 1kg de plus, minimum !).

On prend le temps d'un petit déjeuner copieux avant de nous attaquer à la montée au Passo Portono (Pass Portun, bein oui, on parle toutes les langues !!). La montée est costaude mais sans réels problèmes et nous laisse découvrir le Lac de Schiazzera, dans un cirque d'un calme propice à la pèche. Le berger croisé nous alerte "el passo, attenzione, pericolo". OK nous voilà sacrément avertis pour cette piste noire (très foncée !😁).


La vue d'en haut,sur la Suisse... dingue !





L'arrivée au Passo Portono nous fait découvrir un paysage extraordinaire et une descente bien... verticale ! Et marque notre nouvelle entrée en Suisse ! Les Visega sont bien là, mais en effet, des traces dessinent un chemin qui semble aller à l'horizontal et faire tout le tour du cirque. Nous prenons toutes les précautions, car les pluies de la nuit rendent ce terrain déjà difficile, encore plus complexe à appréhender. Il faut avoir le pied ferme et sûr, éviter les pièges de certaines pierres glissantes, réduire les pas lorsque les passages sont plus effondrés, ne pas hésiter à lâcher les bâtons pour prendre les appuis à pleines mains. C'est chaud, mais ça passe plutôt bien au bout du compte.

Tracez une ligne droite de tout en haut à droite (on devine une stèle) jusqu'à Amanda à gauche... ça donne une idée du chemin !

Nous rejoignons la Via Alpina, qui arrive de Tirano (tout en bas dans la vallée, que nous avons donc zappé), en 3 heures. Et nous continuons par un très agréable sentier à travers les bois, en restant quasiment tout le temps à niveau, en épousant les contours de la montagne. C'est très reposant, un peu glissant quand on passe les rivières (FX s'est encore gamelé, une trace de plus sur le bras !), et nous décidons d'appuyer le pas, entre deux ou trois gouttes, pour parvenir à San Romerio, où nous savons qu'il est possible de manger (et qui devait être notre arrivée de dans.... plusieurs jours !). C'est un véritable arrêt aux stands, où nous étendons tous les morceaux de tente sur les barrières, les bancs... bref... on s'étale !

C'est parti pour une polenta au ragoût dans l'agrotourismo, où Gino, ébéniste, a tout construit, jusqu'aux frigos en pierres sèches (5 ans de construction !). Avec son fils, il a même réalisé son rêve, une chambre dans les bois, invisible depuis le bas, sans perturbation sonore ou visuelle issue de la vallée. On peut ouvrir les portes vitrées en grand et le lit roule sur des glissières pour sortir entièrement et profiter pleinement des étoiles. Leur rêve ! (lien). Bon par contre, on y laisse un bras, une jambe et la moitié du pantalon ! 2 plats du jour + 2 boissons + 2 cafés + 2 liqueurs de pin (les bouteilles jaunes !) = 87 CHF ! Assassins !!! Quand on pense qu'en Italie hier, on a payé 50€ pour deux repas, vins et Nocino compris... Viva Italia !

Bref... c'est comme ça ! Et on continue notre petit chemin à flanc de montagne, et quand on regarde en arrière, on se dit qu'on a passé le Passo au bon moment ! Le ciel et le soleil jouent à cache cache, suffisamment pour sécher notre tente, puis nous tremper quelques minutes plus tard ! De toute façon, tout le monde nous le dit depuis quelques temps, c'est jeudi le jour pourri... l'occasion d'une pause ?

On avance, on avance, on avance (nouvelle ritournelle ?) jusqu'à la jolie ville de Poschiavo, où nous espérons trouver quelques fruits et légumes et du gaz pour notre réchaud. La météo annoncée nous fait douter... tente ou hôtel, mais en Suisse... ouille ouille ouille surtout dans une lieu aussi proche de St Moritz (plus on s'en approche plus le PIB local augmente !).

Les campings sont dans d'autres villages plus bas, et après 11 jours de marche, nous avons envie de nous poser. Alors, c'est parti pour les recherches sur le net et on découvre un petit hôtel plus abordable que celui annoncé à plus de 10 000CHF/nuit ! Gloups !

Réservation en quelques minutes, accueil charmant par Sylvia, italienne, qui parle toutes les langues, y compris la locale, le poschiavino (très proche de l'italien et qui présente la particularité d'avoir des mots différents entre catholiques et protestants. Ça se saurait si les religions arrivaient à s'accorder !). Elle nous oriente vers notre "petite" chambre (2 fois celle d'un ibis !)... et comme à chaque fois, nous rendons hommage à l'inventeur de la douche chaude... quoi que cette année, FX l'a réinventée... on vous montrera ! Nous finissons par une dégustation de viande 100% locale à dévorer... crue ! Niark !

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Puis la balade nocturne, fort agréable, nous emmène dans les endroits les plus... mortels !

Zoomez bien !



7/09 : 25,77km en 8h12, 899D+, 1937D-

8
sept

Temps annoncé exécrable avec pluie et risques d'orages ? Ok aujourd'hui, on va pas à l'école, NA !

Et quand on l'annonce à Barbara, qui nous sert le petit déjeuner, s'occupe du check out et ne parle pas un mot de français, "no problemo"... Et quelques minutes plus tard, on toque à la porte et Barbara nous tend un téléphone... "Sylvia, per te"... "pas de problème pour votre chambre au même prix, et Barbara (qui le fait en même temps qu'on nous le dit au téléphone), va vous remettre une Guest Card Valposchiavo qui vous donne accès gratuitement à tous les transports dans la vallée, et une dizaine de sites, musées, activités, jardin glaciaire... Bon séjour !" Yesssssss !!!!

Nos hésitations à rester là une nuit de plus volent en éclats, et c'est parti pour la journée Moultipass ! On court à la gare prendre le Treno rosso (on n'a pas le droit au Bernina express.... c'est plus cher !). Le voyage dans ce train de montagne qui serpente, est une sacrée aventure ! Il prend de tels virages que l'on peut voir la tête et la queue du train depuis sa place en se demandant s'il va bien rester sur les rails ! Il nous permet de prendre de la hauteur pour admirer les vertes prairies !

Nous allons directement à Cavaglia pour voir à quoi ressemble le Giardino dei Ghiacciai (Jardin Glaciaire). Et c'est totalement magique ! Sitôt arrivés, nous sommes pris en mains par Carlos, un retraité, bénévole de l'association de sauvegarde du lieu. Il nous explique que des visites guidées sont organisées en italien et allemand l'après-midi, que ça lui fait plaisir de parler français et que... comme il n'a pas grand chose d'autre à faire, il va nous en faire une petite rien que pour nous ! Et c'est un pur bonheur. Il est passionné, intarissable sur le sujet, et très drôle !

Alors, on connaît un peu le phénomène des marmites, mais on ne connaissait pas forcément le contexte dans lequel elles se sont développées. Attention séquence glaciologie...

En fait, Carlos nous explique que les périodes sur la Terre sont cycliques entre périodes glaciaires et chaudes. Tant que les pôles sont gelés, l'époque est considérée, à l'aune de l'age de la Terre, comme glaciaire (on y est donc encore un peu...).

Vous voyez cette vallée au-dessus ? Avant, il y avait plus de 800m d'épaisseur de glace et le glacier descendait jusqu'à la hauteur actuelle de Milan. Il y a environ 11000 ans, le glacier à fondu et il n'en reste que les pointes actuelles (Piz Palü, Bernina...). En se retirant, les glaces ont généré des masses colossales d'eaux qui ont creusé les roches et formé des gorges incroyables. Mais la fonte crée aussi des crevasses dans lesquelles tombent des cailloux plus ou moins gros de granit, qui lorsqu'ils se mettent en contact avec les sols de schistes plus mous, sous les glaces, créent un érosion circulaire, provoquant la formation de "marmites". Au fil des années, les marmites se creusent. Depuis, la végétation a poussé, remplissant les marmites de terre, de plantes...

Grâce aux critères définis en 1859, par le pasteur G. Leonhardi, passionné de géologie, et sur lesquels les scientifiques sont encore d'accord aujourd'hui, 102 marmites ont été recensées sur ce site, et seulement 37 ont été dégagées (car l'autorisation de les vidanger est accordée à la condition de le faire... sans outil mécanique !). Aujourd'hui l'association est gérée par des fonds privés et financée, dixit Carlos, par des "gens très très riches, et c'est pourquoi tout l'accès est gratuit, y compris le café !". On vous laisse découvrir...

Le processus... c'est ça !


Ça va de 70cm à plus de 14 mètres de profondeur... Celle-ci n'a pas encore été ouverte mais on remarque l'abrasion circulaire à la base, la présence d'eau en masse, et quand on monte dessus... ça rebondit tellement c'est plein !...

De la rubalise a été posée pour empêcher le passage sur certaines zones non explorées "c'est de ma faute s'esclaffe Carlos en riant, c'est moi qui y passe !"... il adore aller les voir !!!... quel personnage !

- FX & Amanda : "Mais dites-nous Carlos, combien faut-il de temps pour que se forme une marmite ?"

- Carlos (on sent que le rire monte) : "Alors, les vieux scientifiques pensent qu'il faut environ 1000 ans ; les jeunes, environ 5 ans. Donc, l'année prochaine pour les 25 ans de l'association, on organise un grand congrès, pour que les scientifiques se mettent d'accord !"

On explose tous de rire !!! Et en fait, on pérégrine en même temps qu'il nous raconte tout ça, dans cet immense jardin, de marmite en marmite, sur ce site super bien aménagé de plateaux et d'escaliers en inox, c'est hyper impressionnant, hyper bien fait. Il nous raconte aussi, qu'ici une certaine espèce de pins se développe du fait de la présence dans le sol d'une certaine espèce d'insectes. Sans eux, pas d'arbres et en période hivernale, quand la neige tombe (on a vu des photos, c'est plusieurs mètres), les arbres se plient pour rester en contact avec le sol, puis se redressent à la fonte... d'où leur forme ! C'est dingue la nature !

Nous continuons notre balade en autonomie puis Carlos nous offre le café et des sachets d'infusions pour nous remercier des déchets que nous avons trouvé et ramassé sur le site. Trop sympa. On a même le droit à un cours d'héraldique...

Le drapeau Suisse, les armoiries de la Vallée de Poschiavo et celles du Canton des Grisons. 


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- FX & Amanda : "mais on dirait les clés du Vatican ?"

- Carlos : "ou celle de la Banque Suisse !!!"

- FX&A : "vous voulez dire que Vatican et Banque Suisse... noooon ???!!!"

- Carlos : "hey" avec un large sourire amusé

Nous abandonnons notre si agréable drille pour continuer la visite des gorges puis reprendre le Treno Rosso...

Nous grimpons jusqu'à Bernina Diavolezza et découvrons les départs de téléphériques vers l'auberge ultra luxueuse au pied du glacier et une expo en réalité virtuelle qui nous explique comment sauver le glacier... on vous passe les détails mais en gros ici, ils pulvérisent carrément de l'eau pour essayer de freiner la fonte. Dingue... mais on laisse quand même l'auberge de luxe avec spa et sauna ! Sur dingue ! On finit par ne plus rien comprendre ! Nous sommes tous pétris de contradictions...

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Quand on dit que c'est relâche... c'est vraiment relâche ! 

Une journée bien agréable... qui finit en balade nocturne dans Poschiavo, toujours aussi belle, qui mélange bâtisses anciennes et modernes sans que cela ne choque, et pleins de détails magnifiques, gouttières en dragons, plafonds intérieurs en bois, clochers des deux religions... un bien beau village !

8/09 : des tonnes de Km, de D+ et autant de D- qui ne comptent pas !!!

9
sept

De Poschiavo à Refugio Motta

Quand on ouvre les rideaux... bein mince, il pleut !!! Aurait-on mal calculé notre coup ?... Amanda fait une nouvelle tentative d'école buissonnière, mais FX dit "allons petit déjeuner, on verra après"... Carmen nous accueille avec un grand sourire qui vous redonne la pêche. On mange, on règle le check out, on s'en va et... la pluie s'arrête !! Voilààààà ! J'aime quand un plan se déroule sans accrocs ! Et quand on lève le nez que découvre-t-on ?...

Il neige sur le...... non, pas sur le Lac Majeur (petit clin d'œil à l'un des plus beaux auteurs du King, le plus français des américains, Mort Shuman, qui paraît-il, ne l'a jamais rencontré !). Donc non, il a juste neigé sur les sommets, et c'est super beau ! C'est signe aussi qu'il ne fait pas chaud là-haut !

Ce qui se confirme par la buée qui s'échappe de nos bouches, et cet espèce de brouillard vaporeux près des rivières ou des forêts, et nous grimpons sous le bruit de l'hélicoptère qui treuille les troncs coupés à flancs de montagne. Et c'est impressionnant de le voir basculer sous le poids de la charge et de faire les manœuvres.

Et la montée est sacrément costaude, d'autant plus qu'on le sait... il faut passer des 1010m d'altitude de Poschiavo aux 2514m du Passo de Cancian puis aux 2626m du Passo de Campagneda... chérie, ça va piquer ! Et en plus la montée est traitresse avec ses chemins très verticaux et ses pierres très humides, de vraies savonnettes !

Mais c'est vraiment magnifique. Et comme d'habitude, nous découvrons les strates de la montagne : les sorties de villages, puis les forêts de feuillus, puis de résineux, puis les pâturages, puis la végétation se raréfie, laissant la place au minéral jusqu'aux zones d'éboulement où des pans entiers de montagne se sont effondrés, puis les zones glacières.

Et nous voilà de nouveau en Italie ! On ne sait pas si c'est la proximité du glacier, mais ça caille sévère ! En fait on est dans un passage pris en sandwich entre le glacier Scalino et le dos de l'immense chaîne des glaciers Scerscen (le dos des Piz Scerscen 3970m, Bernina 4048m, Argient 3943m, Zupò 3995m, Palù 3899m...). Ce sont ceux que l'on a vu hier sur leur face nord et là ils nous montrent leur... sud ! On les devine à peine car ils sont le nez dans une écharpe de brouillard, mais ils restent très impressionnants. Nous ne faisons que passer la porte... et continuons notre parcours sous un vent glacial accentué par la pluie qui s'invite !

Nous descendons les vallées, mais nos corps, après une journée de repos et une telle montée, ont du mal à gérer les descentes (en plus le sac est alourdi de ravitaillement !)... jusqu'à l'arrivée au Refuge Zoia, qui se mérite, après une descente périlleuse le long de grandes falaises d'escalade et sur un chemin aux pierres traitresses ! Mais à l'arrivée, Ô surprise, le papa d'Emanuele, le gérant, fabrique son... génépi ! Aaaaaaaaaaah enfin ! Ouh pinaizzzz qu'il est bon !!! On est bien ici, l'accueil est chaleureux et la musique est variée, entrainante, de bonne qualité... et la formule Aperosauna semble très intéressante ! Mais on repart, pour, selon Emanuele, 3h de marche et c'est arrivés au barrage en-dessous, qu'Amanda rappelle à FX qu'il est quand même déjà 17h30 ! Oups... pourquoi ne sommes nous pas restés près de Zoia pour planter la tente ? Bon bein, après 2 génépis... tout est possible !


FX avait quand même préparé plusieurs options, et on a trouvé un raccourci digne d'Indiana Jones. Et ça avance bien, jusqu'à ce que l'on entende des coups de tonnerre et là, comma d'hab', nous perdons quelques instants le fil pour chercher une protection et en fait, en observant bien le ciel et ce qu'il s'y passait, nous étions plutôt loin du problème. Nous avons donc continué en traversant pistes de ski après pistes de ski, et franchement, à monter, c'est vraiment chiant ! Nous finissons par passer le Passo de Campolungo en nous disant que nous allons trouver de quoi nous poser près des maisons de l'Alpe (histoire d'avoir un point de replis en cas d'orage). Nous tombons sur le berger, qui voyant l'heure (il est 19h45), nous propose avec insistance, de nous poser en pick-up au Refugio Motta (30 minutes à pieds, 10 minutes en 4x4 en 1ère !). Bon bein puisqu'il insiste, on coupe la montre et c'est OK !

Nous arrivons au Refugio Motta, la nuit approche, on constate depuis la balustrade que nous sommes en fait au sommet de l'immense station de ski de Palú et au-dessus des immenses villes de Lanzada, Caspoggio et Chiesa in Valmalenco. C'est immense ! La patronne annonce qu'il est impossible de poser la tente... OK, qu'à cela ne tienne, FX avait promis à Amanda de coucher au Lago Palú ?...

... promesse tenue !

On s'embourgeoise et franchement, il fait un froid de canard dehors, donc c'est bienvenu (nous sommes mine de rien à 2236m, et au-dessus de 2000m en septembre... les nuits piquent et particulièrement cette année !).


9/09 : 25,77km en 8h37, 2133m de D+ (quand même !!!), 1045m D-

10
sept

Du Refuge Motta au camping de Maloja

On était bien dans notre petit chalet de montagne, on y resterait pendant des heures ! On trainasse avec les chatons, à les regarder jouer et à les caresser. Un peu sauvages, la moindre caresse résonne en ronrons qu'on a du entendre à l'autre bout de la vallée. On descend "tranquilo" en se disant qu'on a bien fait de se mettre au chaud quand on voit le givre sur les herbes.

Et là, au bas de la piste... un agrotourismo... apierto ? On ouvre pour nous ! On voulait juste boire deux expresso, et ça finit en colossale assiette de fromages (de la ricotta à l'ultra vieux, on en avait 6 sortes !) accompagnée d'un miel aux noix, d'une confiture de poire et d'un pesto remarquable (persil, thym, marjolaine). On parle agriculture, alors on ne peut s'empêcher de montrer les photos d'Aurochs de l'ami Xavier et comme il nous reste encore un bout de saucisson, tout cela finit en dégustation de saucissons, notre pur Aurochs vs leur saucisson bœuf avec du gras de porc... alors forcément, ils étaient intrigués du 100% pur bœuf ! On papote, les carabinieri arrivent et aident à rentrer les caisses de bois. On fait des blagues en se disant que c'est pas près d'arriver en France ! Tout le monde rigole, et on finit avec un énorme bout de saucisson emballé dans du papier d'alu, et un sac de pain, et le tout pour... 12€ !!! On aime trop l'Italie !

On quitte Maria et Andrea de l'Agroturismo Rondai avec un pincement au cœur. On aurait passé la journée avec eux !

Bref on sort de là pour constater en 1h30 on a parcouru... moins de 500m !!! On n'est pas près d'arriver en France à ce train-là ! Bon après on se connait ! C'est du chemin en descente, bien marqué, c'est samedi, c'est blindé de monde et on pense que certains ont du attrapé un rhume à notre passage parce qu'on envoyait du lourd ! C'est aussi l'occasion de recenser les façons de se dire "bonjour" (on ne sait pas trop les écrire !)... "Buongiorno, Buondi, Ciao, Salve"... plus toutes celles qu'on n'a pas comprises ! Alors on répond pareil !

La montagne est remplie de gens qui déboulent de partout dans tous les sens, et on constate la présence de voitures partout et on se demande où sont vraiment tous ces gens et en fait... on en voit un peu partout dans les bois à chercher... des Fifelli (on pense des girolles) pour mettre dans les spaghettis ! Les coquins !

On passe en coup de vent à Chiareggio, village de Nicolas Rusca, prêtre qui a lutté contre la Réforme, a été torturé, tué... et béatifié par Benoit XVI. Pas tout dans la même journée ! Nous sortons du village pour déjeuner et... faire la sieste ! Youpiiiii !



Puis, c'est reparti pour une sacrée ascension par le Passo del Muretto (2563m), qui marque notre nouvelle entrée en... Suisse ! Le sentier, d'abord en sous-bois est bien marqué, puis bascule soudainement sur les pierriers de plus en plus costauds, et c'est intense, physique, épuisant, d'autant plus que le vent glacial s'engouffre dans le passage, accompagné de quelques gouttes. A notre grand étonnement, nous nous faisons dépasser par des motos de trial, qui montent au Pass pour redescendre de plus belle. C'est dingue, ça défonce les chemins, on capte pas le truc !

Amanda est sur la photo !
Amanda y est encore !

La descente est encore plus éprouvante au milieu des pierriers, car même si on connaît bien ce genre de parcours depuis la HRP, il faut quand même toujours se méfier de cette pierre en qui on avait confiance pour poser le pied et en fait... bein c'est celle qui ne tient pas ! Et ce n'est pas toujours celle qu'on pense... c'est souvent la plus grosse ! Et tout ça rend le rythme hyper irrégulier et Amanda y gagne un bleu de plus sur la fesse !

Nous arrivons au Lac de Cavloc où nous essayons de négocier un emplacement pour la tente avec un autochtone, qui refuse catégoriquement (nous sommes dans un parc protégé, ça va être galère). On a beau chercher, on ne trouve pas de coin de bivouac. On croise des chasseurs, assis sur un talus, un long trait de sang entre eux et leur voiture. FX montre du doigt et dit "encore un touriste ?" Un seul comprend, explose de rire et s'empresse de transmettre la bonne blague aux autres qui s'esclaffent à leur tour ! Bref... la chasse est ouverte !

Oui oui, on arrive du passage là-haut !
Un sacré champ de cailloux

Quelques mètres plus loin, nous rencontrons un groupe de marcheuses italiennes, dont la plus jeune parle un français impeccable. Elles nous déconseillent vivement le camping sauvage pour deux raisons... la première, on vient de la croiser et elles nous disent qu'ils ont tendance à tirer sur tout ce qui bouge, et la seconde, c'est que la maréchaussée locale n'est pas commode et que l'amende peut être très salée ! Elles nous parlent du camping de Maloja, et nous proposent même de nous y accompagner en voiture ! Euuuh on va quand même pas prendre la voiture tous les jours ! Alors on fait un bout de route ensemble et nous découvrons au détour d'un chemin une colo Rainbow... bon toujours pas de camping possible ici... "mais vous pouvez rester dormir ici, si vous voulez"... euuh non, les trucs collectifs rainbow ne nous tentent pas du tout, alors on passe notre chemin et on bombarde à vitesse supersonique jusqu'au-dit camping, où nous finissons sous la douche bouillante et au troquet pour nous réchauffer !!!

10/09 : 29,79km en 8h13, 1306D+, 1657D-

11
sept

De Maloja au bivouac proche de Cresta

On vous passe la nuit dans le camping, à côté de l'étang, sur un terrain à moitié marécageux. Aucun intérêt, mais par contre pendant le pdj, on voit passer des coureurs avec des dossards... tiens, un trail... On passe par Maloja (se prononce Maloya) et on se fait la ligne de départ à l'envers, et on apprend que c'est la 1ère d'un trail de 16km autour du lac... alors autour du lac... en mordant bien dans les montagnes environnantes et ça pique ! Bein mince alors, si on avait su, on se serait peut-être laissés tenter... avec nos chaussures de rando, ça aurait donné !

C'est pas grave, en fait on remonte une partie du parcours à l'envers et on encourage à fond, tout en continuant à grimper... et ça grimpe ! On passe des 1815m d'altitude de Maloja aux 2644m du Pass Lunghin, puis on redescend aux 2300m du Pass da Sett, pour remonter au Pass de Forcellina à 2670m. Bref, on fait le yoyo, sous le regard des magnifiques vaches (mais que voient elles exactement ???).


Le pass Lunghin, c'est dans le creux


Et la température aussi fait le yoyo, et surtout vers le bas, la montre annonce 6°C ! En vrai, on est assez frigorifiés, et dès que le soleil montre le bout de son nez, on passe de 6 à 20°C, c'est infernal. Mais le froid prédomine, du fait d'un vent glacial, assez irritant ! Les paysages n'en restent pas moins magiques et très lunaires par moment. Et puis il y a cette pierre verte que l'on retrouve partout et qui donne un aspect particulier à la montagne, laissant penser que l'on marche sur du jade.

La vue est assez incroyable et nous donne à voir des deux cotés, italien et suisse, d'un mélange de végétal et minéral, dominé en fonds d'écran par les glaciers toujours majestueux. Mais on passe un peu tout au pas de charge tellement on a froid !



On croise de nombreux lacs aux eaux transparentes et on est persuadés d'être dans des terrains propices aux rencontres animalières... et pourtant, on n'a pas vu une bestiole depuis plus d'une semaine (sauf les marmottes, mais on n'en voit pas tant que ça). Et puis on vous le rappelle,... la chasse est ouverte ! Donc on entend tirer de temps en temps, mais on ne sait pas trop sur quoi !


En attendant, celle-là est aux aguets ! 

On descend autant qu'on a monté mais le soleil est plus présent ou en tout cas le vent plus absent, ce qui tape moins sur la tête ! Nous arrivons dans le joli village de Juf (se prononce youf), au bout de la ligne de bus (on a l'impression qu'ici les bus, c'est géré par la Poste... on va enquêter !) et qu'en ce dimanche, c'est un point central de départ/arrivée randos. C'est quand même super pratique. Et nous nous émerveillons à chaque fois de ces maisons couvertes de bardeaux. Quel boulot ! Et puis Juf est, paraît il, le plus haut village habité toute l'année... le plus haut de quoi... on sait pas !

Nous attaquons une très longue descente en direction d'Innerferrera, et dès 16h15, nous anticipons la difficulté de trouver un coin discret de bivouac sur ce chemin entrecoupé de petits villages, hameaux, fermes isolées... et nous ne trouvons pas vraiment ce qui crée de l'angoisse et gâche un peu le plaisir. On aimerait interpeller l'autochtone et lui demander de l'aide (FX révise même son allemand pour l'occasion, pour dire qu'on n'a pas assez d'argent pour l'hôtel et qu'on est prêts à dormir dans une grange... c'est sûr qu'à l'école on nous apprend Goethe mais pas ce genre de trucs !)

Cherchez bien... 4 marmottes en stand by !
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Le chemin reste néanmoins plaisant, le long d'une gorge, nous faisant osciller d'un bord à l'autre. Nous finissons par trouver un petit coin, le moins pire possible, suffisamment discret pour ne pas se faire emmerder, mais suffisamment visible par les chasseurs pour ne pas se faire tirer comme une marmotte (nous avons croisé une chasseuse tapie dans les hautes herbes avec deux marmottes raides à ses côtés !).

Nous montons notre camp tout en préparant à manger. Comme tous les jours, nous imaginons la douche à venir, donc la nécessité de se foutre à poils alors que nous avons déjà quasiment toutes les couches sur nous ! Car douche chaude mais salle de bain... très mal isolée !

Quand soudain... "surgit face au vent, le vrai héros de tous les temps"... (évidemment !)... qui ressemble plus à un chien de berger bigarré et à sa truffe humide fouillant nos gamelles qu'à Bob Morane. Accompagné d'une splendide écuyère, les cheveux blonds attachés en chignon négligé montant une pouliche tout aussi blonde ! On se frotte les yeux... non non on ne rêve pas, l'attelage est digne d'une cowgirl, avec un sacré barda sur la croupe, piquet de clôtures, tente, sac de couchage... et surtout, elle montait son cheval en hackamore (sans mord dans la bouche) et même sans filet, par un simple nœud de la longe avec le licol. Admirable et elle apprécie que nous le remarquions. Et chose incroyable, le cheval est équipé à chaque sabot, de semelles Vibram "car le reste du temps, elle est en alpage, donc je ne veux pas la ferrer". C'est une bergère qui a rassemblé le troupeau en alpage, et redescend chez elle tranquillement en canasson. Nous discutons quelques temps, et elle ne voit aucun mal à ce que nous bivouaquions ici ("ma jé souis italienne !"), !

La rencontre est improbable, très agréable mais il fait déjà froid, ça va cailler sévère cette nuit, donc chacun rentre chez lui...

...et ce soir, FX a très envie de compter les moutons... bêêêh...

11/09 : 27,86km en 8h33, 1599D+, 1570D-

12
sept

De Cresta à Rifugio Bertacchi

Nous nous levons dans un froid glacial et parce que nous sentons des gouttes nous tomber sur la tronche, ce qui, dès le réveil, n'est pas toujours chose des plus agréables ! La montre annonce 1°C à 7h et quand on plie la tente, on le voit bien... elle est toute blanche et le givre saisit les bouts de doigts. Et commencer la journée comme ça, piuuu, faut s'activer !

On a tellement froid qu'on zappe le pdj et qu'on part totalement à jeun (ne pas prononcer "à yeune" !!!). Le pire c'est qu'en marchant, on se rend compte que non seulement on ne sent plus le bout de nos doigts, mais pire... ce sont les bouts de doigts de pieds qui petit à petit se saisissent ! Bref... soleil... viens quand tu veux !!!

Notre chemin nous fait descendre petit à petit dans la vallée, en composant avec les gorges, la route et les petits hameaux. C'est rigolo ! On passe par des petits endroits sympathiques et nous arrivons dans un tournant devant la Gasthaus Walserstuba, une auberge restaurant pizzeria à Campsut-Cröt (www.walserstuba-avers.ch). Les panneaux sont formels, c'est "geschlossen", mais bon... il fait froid, alors, comme la porte est ouverte et que l'intérieur est allumé... on ose !

Se présente une jeune femme, qui va demander au patron, qui arrive et dans un français parfait, nous déclame... "pour un café, pas de problème, entrez !"... super sympa ! Immédiatement suivi de "vous le voulez espagnol ??? Olé ?"... ok on est vraiment en terrain amical, on va s'entendre !!! La conversation est super sympa. Simon est un ancien grand responsable de la chaîne Accor pour l'Amérique du Sud, où il a rencontré la charmante Steffi, colombienne, avec qui nous échangeons quelques mots en espagnol. On mélange tout, français, espagnol, un peu d'allemand et d'anglais. Mais en fait, c'est Simon qui est polyglotte du fait de son travail précédent.

On se sent hyper bien avec eux, Simon est plein d'humour et nous échangeons pleins d'histoires sur nos voyages, nos expériences...

Et puis quand nous demandons la note, Simon déclare "c'est fermé, donc la caisse aussi, donc les cafés... c'est offert !". Et là, franchement, c'est le petit moment de bonheur, ça nous a donné très chaud au cœur, dans ce pays où tout se paye, avoir cet instant de don, ça nous a donné une super patate ! Du coup, comme un cadeau en appelle un autre, et qu'on est avec un connaisseur de la gastronomie, c'est parti pour une découverte du saucisson d'Aurochs (eh oui, ça tient bien dans le sac !). Donc voilà Simon et Steffi en train de manger du saucisson d'Aurochs à l'heure du petit déjeuner et nous voilà tous partis à parler des Aurochs, de la Highland d'Ecosse (la fameuse à poils longs) et de l'Angus, très présents ici, en plus de la race locale.

Verres à Grappa avec nos amis de la montagne !
Simon et Steffi se régalent d'Aurochs !

Et Simon nous raconte son parcours, où après l'hôtellerie, les affaires et la carrière dans la cuisine et la gastronomie, il a eu envie de se poser, et ils viennent de reprendre cette Gasthaus, aux fins fonds des alpes suisses. Nous devisons devant la vinothèque impressionnante, éclectique, et Simon nous le dit... "ici, tout est trop cher, les restaurateurs disent qu'une bouteille doit être payée par le 1er verre, alors moi, j'ai décidé que je marge 20CHF par bouteille et c'est tout". Il nous présente sa dernière acquisition, un Nabuchodonosor de champagne Taittinger, 1999€ à la vente... "avec leur système, je devrais la vendre 6000€ minimum, alors que nous, on sait qu'à la fin... c'est nous qui allons la boire entre amis !".

Et franchement c'est comme ça que l'on se sent avec Simon et Steffi, comme des amis que l'on n'a pas envie de quitter. Nous parlons du givre sur la tente, et du constat que nous faisons que cette année tout particulièrement, le froid est arrivé bien tôt. Ils nous disent qu'en effet, il y a deux jours, il a neigé et qu'ils ont fait une bataille de boules de neige ! Incroyable. Nous parlons de la chasse, de notre peur de nous faire tirer comme des marmottes... la chasse a fermé hier, et maintenant c'est ouverture du droit de ramasser les bolets... chouette, mais... on n'y connaît rien en champis !

Simon et Steffi sont des gens adorables, aux petits soins alors que l'auberge est fermée et qu'ils ont sûrement autre chose à faire. En partant, ils nous offrent des cartes postales du coin (photos faites par Steffi) et le départ fait un petit pincement... comme si on quittait des amis après un bon we et avant une longue route. On a vraiment envie de garder le contact avec eux et de les accueillir en France pour faire la fête autour d'une bonne bouteille !

Nous continuons notre parcours, magnifique, en forêt, le long de la gorge. C'est vraiment une journée très agréable qui s'annonce, le soleil a fait son apparition et nous a bien réchauffé et soudainement nous rencontrons un homme qui monte lentement en prenant des photos...

Pour notre parcours, nous utilisons l'appli Swissmobile, qui recense tous les parcours de randos (à pieds, à ski, en vélo, VTT et même en rollers !), les zones de protection mais aussi les zones de présence de chiens de garde. Super appli. Et dessus, il y a aussi la possibilité, sur les grands chemins, de voir des photos du parcours. Et qui c'est qui les prend ? C'est Hans, photographe qui s'y colle, et c'est quand même super improbable de tomber sur lui comme ça ! Alors on a pris le photographe en photo, ce qui l'a fait beaucoup rire comme un gamin pris à son propre piège !

On continue cette descente, comme une simple balade sans aucune complexité.

Nous sommes en plein pays minier où l'on exploita très tôt les pierres, les métaux et autres ressources de la montagnes. On imagine la vie de ces mineurs, dans des conditions sûrement aussi dures que les pierres qu'ils cherchent à extraire. Et pour répondre à Malau, cette pierre verte est, sauf erreur, de la Malachite.

Après le visite de ce petit musée à Innerferrera (le mot fer dans le nom alerte sur cette exploitation, en particulier le manganèse jusqu'en 1920), nous reprenons notre parcours, à la recherche d'un petit coin pour pique-niquer et faire sécher toutes nos affaires, car même les sacs de couchage et les matelas étaient mouillés ce matin...

Nous menons des expériences gustatives avec le fromage Gerber, qui porte très très bien son nom. Vous voyez la Vache-Qui-Rigole, bon bein pareil, mais en pire, avec des parfums douteux et une texture élastique ! Une expérience dont on peut se passer !

Même en sortant la tente du sac à midi, il reste du givre ! Quand on vous dit qu'au milieu d'un sac, il ne fait pas chaud !!!

Nous continuons notre avancée vers le Col de Niemet, qui annonce une nouvelle entrée en Italie, et une fois de plus, un vue extraordinaire.

Nous commençons à croiser un petit peu de monde à l'approche de Rifugio Bertacchi. Nous y sommes accueillis par Luighi et Laura (prononcer Laora). L'humeur est badine "tu veux du vin blanc... oui tu veux du vin blanc !"... bon bein du coup, on boit du vin blanc !

Il est 17h, on lézarde au soleil, on a déjà avalé 2 crostada et 2 vino bianco et nous sommes au-dessus de la ville d'Isola, où trouver un bivouac sera galère... alors pourquoi ne pas rester ici ? Luighi nous indique les emplacements possibles et comme ils sont seuls ce soir, on s'invite à la table du rifugio. Nous nous répartissons les tâches : montage de tente, lessive et 1h plus tard, nous dégustons un Spritz au soleil couchant où nous sommes vite rejoints par le reste de la tribu... avant de passer à table !


Nos hôtes sont résolument adorables, on s'amuse, on rigole, Luighi parle parfaitement le français, oubliant que Laura, pas, et que Luighi traduit au fur et à mesure. On finit par tous parler anglais, seule langue commune pour mener la conversation à 4 et là... c'est festival.

On parle de tout, des aventures respectives et aussi de nos appréhensions respectives de la montagne, de la nature et de l'écologie. Nous faisons tous le constat que nous sommes en train de détruire notre nourrice ! Et en montagne, cela se voit particulièrement. Luighi fait référence à un auteur qui a fait une fiction sur la disparition soudaine du pétrole et c'est un vrai roman catastrophe car une partie de l'humanité n'y survivrait pas tant elle en est dépendante. Les échanges vont bon train et la Grappa s'invite à la table. Et c'est une compagnie fort agréable !

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Luighi nous raconte qu'il a fait l'ascension des 3 pointes du Piz Palù, du Mont Cervin et 4 fois le Mont Blanc, dont la première fois à 16 ans, "avec 2 autres amis,... à nous 4, on avait 52 ans !". Il nous raconte le nombre de fois où il a fait des ascensions et comment, en devenant papa très jeune, il a arrêté cette vie périlleuse. Sacré bonhomme ce Luighi !

Et Laura, beaucoup plus jeune, qui s'extasie de toutes les aventures des uns et des autres, et découvrant que nous ne vivons pas ensemble "ah, faut que je propose ça à mon copain !", oubliant qu'elle vit déjà dans un refuge, ce qui n'est quand même pas la moindre des aventures !

Nous passons vraiment une soirée délicieuse avec ces deux hôtes très accueillants et pleins d'humour. Nous allons nous coucher guillerets, sous un ciel étoilé et une lune éclairante. Que de belles rencontres aujourd'hui...

12/09 : 23,92Km en 5h58, 1063D+, 712D-

13
sept

Du Refugio Bertacchi au bivouac au-dessus de Mesocco

Bon... une nuit blanche de plus, comme la lune, toujours visible à 7h, magnifique ! Lever tôt pour se retrouver avec Luigi et Laura pour un pdj à 7h30, et nous reprenons nos conversations de la veille comme si de rien n'était. Bien sûr, notre préoccupation quotidienne, c'est la météo ! Et Luigi ne lit pas la météo dans le marc de café ou les entrailles de poisson, mais plutôt dans les traces laissées dans le ciel par les avions. Or avec le Covid (et c'est bien la première fois qu'on entend ça !), il y a moins d'avions selon lui, ce qui rend ses prédictions plus difficiles. Du coup, on regarde les radars météo en boucle via internet et c'est pas jojol sur demain.

On tarde un peu à partir... vers 9h, comme hier avec Simon et Steffi ! En fait, on n'a pas envie, c'est trop bien ici, alors on immortalise notre connivence et le sourire de Laura est radieux !

Il fait encore frais tant que le soleil n'a pas pointé le bout de son nez, mais il va faire très beau aujourd'hui. Et ça, ça fait du bien !

Le refuge est à droite sur la butte en plein soleil, gardez le en mémoire pour les prochaines photos !

On trace dans l'pentu direction Stuetta, pour trouver l'entrée des Gorges de Spluga, qui n'auront dorénavant plus de problèmes solaires puisque FX y a perdu... ses lunettes ! 1 voyage = 1 paire de solaire perdue... c'est une maladie, ou une malédiction !

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Nous y croisons des villages ayant gardé la typicité d'antan, aux maisons en rondins, aux églises décorées de toutes parts (les fonds baptismaux sont magnifiques avec leur coffre en bois, c'est rare !). Même les araignées font des constructions majestueuses.

Après une petite pause pour se restaurer à Isola, c'est parti pour la grande montée vers le Passo di Balniscio, soit de 1283m à 2293m, et avec la chaleur du jour, 33°C... pfiuuu c'est dur !

C'est toujours impressionnant de se retourner et de se dire... tiens, on était là-bas tout au fond ce matin ! Et si vous regardez bien la photo de la page suivante, hier, nous sommes arrivés par le Passo dans le creux en plein milieu, au niveau de la montagne blanche. Et si vous regardez la montagne en forme de pyramide, que vous descendez d'un cran sur la montagne verte, puis encore d'un cran, vous devinez deux cubes roses... remontez à droite jusqu'à voir... le refuge de Luigi et Laura. C'est de là que nous venons ce matin... dingue non ???

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Nous continuons notre ascension, en passant par plusieurs lacs puis nous entrons à nouveau en Suisse avec quelques passages équipés sans croiser âme qui vive. Pour éviter tout problème, nous installons notre bivouac sur un plateau tranquille. La journée de demain annonce pluie et orage sur les sommets... on verra !

13/09 : 21,93km en 7h55, 1152D+, 1303D-

14
sept

Du bivouac au-dessus de Mesocco à... Mesocco et... au Lac de Côme !!

Réveil matin sous la brouillard et la bruine. La météo annonce de grosses pluies pour midi et toute l'aprem, accompagnées de forts orages. Alors nous décollons rapidement, à jeun... on aime bien, ça revigore ! Nous descendons vers Mesocco (une sacrée descente de plus de 1400m, bien verticale, et bien jolie !).

Tout paraît simple comme ça, mais nous faisons particulièrement attention, car tout est humide et entre les branches, les racines, les rondins glissants, les pommes de pins, il y a de quoi s'envoyer en l'air en deux secondes !

Nous ne sommes pas encore parfaitement décidés sur ce que nous allons faire, mais la couche nuageuse semble descendre en même temps que nous et l'air est franchement lourd.

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Très agréable d'arriver dans une petite ville pleine de vie et de petits commerces. Nous en profitons pour un petit déjeuner bien italien, petit ravitaillement, petit café et temps de réflexion. Tout le monde confirme une aprem pourrie, alors on regarde carte, météo, carte, météo... c'est décidé, on stoppe ici et on fait les touristes !

Nous commençons par un bus au chauffeur truculent, ventripotent, avec gigantesque barbe blanche et casquette vissée sur la tête. Tout le monde le salue dans ou hors du bus, dans la rue, depuis les trottoirs. Mercredi, jour des enfants, les parents attendent leur progéniture et à chaque arrêt, il dit : "buona giornata y buon appetito". Et tous les enfants de lui souhaiter bien bonne aussi. Un grand groupe d'enfants monte, il prend son micro et déclame "prossima fermata... Roma Vaticano !" (prochain arrêt, Rome, Vatican), tout le monde s'esclaffe dans un "noooooo" collectif ! Et vas-y que je te joue du klaxon à 3 tons, surpuissant et que nous avions pris pour une sirène de pompiers ! A l'arrivée à la gare de Castione, FX va le voir et lui dit "vous êtes célèbre, tout le monde vous dit bonjour". Nous comprenons mal sa réponse en italien mais il semble qu'il n'habite là que depuis peu et que sa grande barbe à la ZZ Top lui vaut la renommée et un surnom qui nous échappe, mais que nous pensons comprendre comme Babbo Natale (Père Noël).

Le train nous emmène ensuite à Côme, au pied du Lac éponyme, où nous bénéficions, en plus d'une superbe vue, d'une météo plutôt favorable. Pleut-il sur les cimes pendant ce temps ??? Le saurons nous un jour ?...

Ah non, c'est pas paumes, c'est Côme !

Occasion de faire (enfin !) une vraie lessive et de discuter avec Anna, la patronne du café face au lavomatique. Tout à fait sympathique, elle raconte à chaque client qui rentre que nous traversons les Alpes à pieds ! Il paraît que cette année, Côme était envahi de touristes français ! Ah bon !...

Et puis nous farnientons dans les rues bondées ! Ça nous change ! Et ça nous fait marrer d'attendre tous comme ça, voitures, piétons, scooters, vélos... le passage du train, en plein cœur de ville, entre les maisons... c'est fou ! Puis nous baguenaudons sur les bords de ce tout petit du lac, sur l'un des quais de Côme.

Nous repartirons demain dans les montagnes... tous propres !

14/09 : 13,37km en 3h28,63 D+, 1474D-

15
sept

Du Lac de Côme à Mesocco puis à Valbella

Lever flemmard ce matin, un peu avant 8h. Pour une fois, c'est Amanda qui a mal dormi, le lit était trop douillet ! Tout est propre, sec, rangé, allez hop, il est temps de remonter dans la montagne ! Et ça se goupille bien, en train direct, on est de retour à Mesocco (et son château médiéval) pour acheter un morceau de viande chez le petit boucher (52€/kg quand même !) et se faire un bon déjeuner, puis en bus express, nous revoilà au Pian San Giacomo que nous avions quitté la veille... nous recroisons les ouvriers vu hier, qui refont un toit en lauzes sur un chalet... "alors, il a plu ?", "oh si", "et orage ?", "no !"... ah !

Bon c'est reparti direct à flanc de montagne, et après la réunion de chantier avec les ânes, nous attaquons un sacré pentu en forêt. C'est magnifique au milieu de grands pins verticaux, mais pfiuuu c'est vraiment éprouvant, en zig zag, jusqu'au pont de la rivière Kwaï !

Bon les gars, réunion de chantier... tout le monde a les oreilles bien ouvertes ???... Robert, arrête de faire le con !...
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Nous continuons notre progression et la succession de pluie/soleil dans un ordre dont la nature a le secret, a permis l'éclosion de nombreux champignons, que nous ne faisons que regarder ! Les paysages sont toujours aussi incroyables, variés et nous ne croisons pas âme qui vive sur ce parcours !

La météo avait annoncé une possibilité d'orage vers 15h et nous sommes partis vers 13h pour une ascension annoncée en 4h, ce qui nous positionnait donc au cœur de l'action au sommet pour le spectacle ! Nous avons donc les yeux rivés sur les nuages et les oreilles sur les sons... non c'est un avion, ouf !... non, c'est un rocher qui bouge, ouf !... non, c'est une cascade ! Ouf ! Le soleil joue à cache cache avec les nuages et nous dévorons la montée en moins de 3h, et découvrant une vallée de toute beauté au sentier difficile, dans les éboulis, puis en forêt dans les cailloux humides et les racines ultra glissantes. C'est chaud, ça fait mal aux genoux, il faut faire hyper attention où mettre les pieds. Il a du quand même sacrément pleuvoir car c'est vraiment détrempé.

Nous finissons par passer le torrent aux eaux cristallines, et les ponts annoncent l'approche de hameaux. Nous cherchons un coin pour la nuit, et croisant un habitant, nous essayons dans un italien très approximatif de demander l'autorisation de bivouaquer à proximité... "si, no problemo... la Chiesa"... Ok, bein donc on s'installe tranquillement devant la petite église de ce hameau tranquille. On redemande 3 fois au gars s'il n'y aura pas de problèmes tellement nous sommes étonnés de cette improbable autorisation !

Passe alors une autre habitante, avec qui nous entamons la conversation en allemand, et qui nous convie "quand vous serez prêts" à venir boire un thé dans sa maison ! Nous faisons ainsi connaissance avec Karine, femme de berger, avec qui nous passons une soirée délicieuse dans un chalet typique suisse tout de pierres et de bois, au coin du feu, à parler de nos aventures et à manger le meilleur chocolat suisse... le Läderach, une pure tuerie, que nous devons nous retenir de dévorer comme des gloutons !

Karine nous questionne beaucoup sur notre parcours et sur ce qui se passe dans notre tête pendant que l'on marche, est-ce que cela pousse à philosopher, à prendre la vie sous un autre angle... eh oui ! Et est-ce que cela n'est pas trop dur après 30 jours de marche en montagne, de s'enfermer dans un bureau... oh que si, c'est une pure torture !!!

Elle est tellement en empathie de nous voir retourner dans notre tente, qu'elle nous propose... une bouillotte ! Trop mimi, mais on est super bien dans nos duvets en plume !

15/09 : 18,57km en 6h10, 1277D+, 1077D-

16
sept

De Valbella à la Cabane du Lago

Nous nous réveillons tranquillement de notre bivouac divin, suffisamment tôt pour envisager une grosse journée de marche. Nous sommes toujours sidérés par ces constructions avec ces toits en lauze. C'est beau, mais c'est carrément impressionnant, non seulement dans la structure, mais aussi dans le poids qui doit reposer sur les maisonnettes.

Nous quittons ce joli village et ses maisons traditionnelles fleuries en direction de Rossa, d'abord longuement par la route (un peu de bitume dès le matin, ça te réveille les guibolles !), puis par des sentiers longeant la rivière, descendant progressivement de 300m, alors qu'on sait déjà tout ce qu'il va falloir remonter !

Et c'est là que commence la grande ascension, depuis Cauco (983m) nous visons Piöv du Fuori (1851m). C'est une montée sèche, dans les bois, sans aucun répit, ni replat... ça attaque bien et à l'arrivée, nous sommes bien rincés ! Nous faisons le break de midi et une siestouille, tout en faisant sécher la tente, entre soleil qui tape fort puis grand frigo géant quand il se cache dans les nuages.

Rossa possède quelques bâtisses aux architectures et couleurs... particulières et Cauco, des stèles à tête de mort !
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Et ensuite, c'est parti pour Btta de Pianca Geneura (2370m) et là on attaque dans le caillou. C'est encore une fois très vertical, c'est assez technique et ça attaque les mollets car nous sommes en suspension tout le temps sur les pointes de pieds, pour trouver les bons équilibres, souvent sur le sommet tranchant des pierres. Il faut accepter l'instabilité, les glissades, comprendre le jeu du mouvement dans la pente et éviter les appuis trop longs comme pour sauter de pierre en pierre, tout en jouant tantôt avec ses bâtons, tantôt sans, les faisant aller d'une main à l'autre selon la trajectoire à prendre...

... et dans la descente, c'est encore plus subtile... on enquille vers l'Alpe d'Örz (2101m) pour remonter le Passo del Mauro (2393m), puis redescendre par une cheminée gigantesque et un interminable pierrier jusqu'à la Capanna Alpe Cava (2068m).

Pour vous rendre compte, Amanda est sur les trois photos de la page de droite et le passage de la seconde photo, c'est la coulée en plein milieu de la 3ème... ça le fait non ?

Amanda est sur toutes les photos, cela donne un ordre de grandeur !
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Passage de Mauro, puis refuge de l'Alpe Cava

Il est 18h, nous entrons dans le refuge... l'odeur de la soupe est divine, et il n'y a que deux allemandes et la gardienne. Nous commandons 2 verres de vin blanc qui arrivent accompagnés d'une plancha de fromage de la ferme d'en-dessous et franchement... c'est mieux que Gerber !! Bon bein, on en achète un bout, une bière locale que l'on charge dans le sac... les deux allemandes sont scotchées, elles qui sortent de la douche... "mais vous repartez ???"... "beh oui"... "mais vous avez encore de l'énergie ?", "après 1 verre de vin blanc... toujours !". La gardienne nous a confirmé qu'il y a bien une petite cabane dans la vallée suivante, annoncée à 1h, qui est libre et non gardée. Et rien que l'idée... nous booste ! Aventi !

La voir de haut nous fait espérer qu'elle soit bien ouverte et nous commençons à ramasser du petit bois dans la descente pour entretenir nos espoirs ! Miracle, elle est ouverte, avec super confort, cheminée et stock de bois, gazinière, eau courante et lits... et une boîte avec les tarifs... c'est 6CHF par personne... on est aux anges et nous rédigeons cette étape devant la cheminée pendant que le vent souffle dehors comme un fou !


16/09 : 32,34km en 8h55, 2003D+, 1215D-

17
sept

De la Cabane di Lago au bivouac au Refuge d'Efra

En fait, dès hier soir, le vent s'infiltrait sous le toit et faisait flapper l'isolant ! (oui c'est un nouveau verbe du 1er groupe pour dire que ça fait flap flap tout le temps !). Et ça flappait bien ! Nous sortons de la cabane frigorifiés, par ce vent glacial qui saisit immédiatement les cuisses et les genoux pour les transformer en glaçons !

C'est encore une énorme journée qui s'annonce, puisque nous dormions à 2100m et nous devons descendre à Biasca qui culmine à 300m d'altitude ! Puis nous voulons ensuite remonter toute l'autre vallée avec un passage à 2250m. La descente se fait dans les bois, et on ne traîne pas, persuadés que plus on descendra vite, meilleur il fera, mais le vent est le vent... il est partout ! La montagne est remplie de petits hameaux, de petits chalets en plus ou moins bon état, reliés par une toile de chemins qui partent dans tous les sens. Et des escaliers de toutes sortes et toutes formes sont aménagés dans la montagne pour rejoindre... la ville !

Dans les hauts de Biasca, nous croisons des troupeaux de personnes, avec un sac violet autour du cou et un verre à la main. En fait, c'est une marche gourmande, et les stands sont étalés partout en montagne ! Et ça nous fait marrer, car ils doivent naviguer sur le sentier que nous empruntons, et avec des verres de pif dans le nez, la sécurité civile est là et a aménagé tous les passages un poil délicats. On se dit qu'ils sont quand même couillus de faire passer les vieux qui ont picolé, par ces endroits !

Biasca est un territoire de vin, et les parcelles sont disséminées de-ci, de-là, sur de petites zones. Le pied est travaillé en vigne haute, très relevée et les rames sont tenues par des filets, de sorte que les raisins pendent en-dessous. Malin pour récolter !

On ravitaille, et on mange des travers de porc achetés chez le boucher, comme des clodos sur un coin de parking, pour éviter les restos très chers et... ce put... de vent qui tape bien sur le système !

Ensuite, c'est reparti, pour contourner, les routes, le fleuve, l'autoroute, les rails de train... pfiuuu, quel labeur ! Se sortir d'une ville est toujours complexe, surtout quand on est à 300m d'altitude. Remobiliser son corps, son mental et son énergie pour se mettre dans la dynamique d'enquiller du dénivelé positif, n'est jamais facile. Il faut vraiment aller chercher profond, derrière la fatigue, faire fi des maux de pieds et de jambes, aller puiser de la détermination et ne pas hésiter. Car passer de 300 à 2250m, à raison d'environ 400m de D+ par heure, c'est savoir que l'on part pour une montée de plus de 5h. D'ailleurs la cabane que nous visons est annoncée à plus de 6h, mais nous savons qu'après 18 jours d'entrainement, nous avons un rythme un peu plus soutenu. Il est tard, et s'attaquer à cette grimpette, c'est risquer l'arrivée à la nuit après le passage du col.

S'affrontent là notre ange et notre démon... être raisonnable et se dire, on reste de ce coté du col et on le passera demain, ou être à fond, et se dire qu'on va envoyer, que c'est un peu chaud mais que ça va le faire ! Le combat est rude entre les deux, mais devinez... bein on envoie du très lourd !!!

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Nous longeons en permanence des rivières, tantôt sur une rive tantôt sur l'autre, sur un chemin d'abord très bien marqué. Puis chemin devient sentier au travers de la forêt, de plus en plus étroit et serpentant, puis finit par attaquer dans une pente particulièrement raide. Pendant près de 3h, nous sommes vraiment dans un configuration de sentier complexe avec des hauteurs d'obstacles à grimper qui dépassent souvent la hauteur de la hanche. On ne tient plus les bâtons par la poignée mais sur le dernier brin, pour piquer comme un piolet et forcer, soit par un coup de rein soit par une traction par les cuisses, pour hisser le poids du bonhomme et de son sac. Et puis nous avons un timing à tenir donc moins de photos, plus de concentration, plus de pression et c'est assez épuisant.

La fin de l'ascension est moins technique, le vent moins présent, mais le soleil qui décline rappelle que sans lui... ça caille !

La vue du col est extraordinaire et la cabane que nous visons est en fait une refuge ultra moderne, totalement autogéré avec enregistrement préalable... ce que nous n'avons évidemment pas fait ! Nous on pensait que c'était une cabane comme celle d'hier soir ! On est samedi soir, le refuge est plein, ça parle fort, ça mange, ça picole, ça rigole... et nous on arrive comme des fleurs, en short, dans ce chalet surchauffé et rempli de buée... la légendaire discrétion suisse empêche de trop venir vers nous pour entamer la conversation, mais on sent les regards, les interrogations... c'est assez drôle. On nous propose plein de choses, mais nous, on est autonomes, on veut juste négocier une douche, manger nos frichti, monter la tente et aller se coucher !

Du coup, on décline les places dans les dortoirs, on pique 3 couvertures et on pose la tente à l'arrache devant le refuge... comme on peut, comme des français !!

17/09 : 29,98km en 9h55, 2121D+, 2278D-

18
sept

Du Refuge d'Efra au bivouac de Monte di Predee

Lever polaire à Efra, on a bien fait de prendre des couvertures pour cette nuit, et encore... vues les stalactites sous la fontaine, a priori... on est bien en dessous de 0°C !!!

Nous détonnons toujours dans le paysage lorsque nous entrons dans le refuge pour petit déjeuner. Vu la Grappa bue hier, certains ont du mal à se lever ! Nous décollons dans le froid pour une descente magique le long des gorges qui nous laissent admirer ses cascades, toutes plus merveilleuses les unes que les autres. Le sentier est plutôt très aménagé, avec des marches cloutées dans le sol ! Incroyable !

C'est confirmé... il a gelé cette nuit !

C'est vraiment très agréable, mais nous restons dans l'ombre des arbres et ça caille ! Pourtant le soleil est là... mais au-dessus des arbres !

Comme d'habitude, nous croisons pleins de jolis hameaux, de vieux chalets et de très nombreux offertoires, construits dans les endroits parfois les plus improbables. Au top du palmarès... la Vierge bien sûr, suivie des quelques saints habituels (Antoine, Jean, Joseph, Augustin...), certainement construits (au vu de l'inscription sur le fronton), par des personnes désireuses de montrer leur foi et d'attirer les bonnes faveurs du divin !

Nous arrivons dans la très jolie bourgade de Sonogno, très touristique, avec ses ruelles de pierres et ses vieilles maisons, et ses stands de bric-à-brac et vente de produits locaux, gâteaux de l'école... C'est dimanche, il fait beau, c'est bondé ! On évite le piège du resto en s'achetant un bon pain qui vient d'être cuit dans le four banal et une saucisse locale que l'on fait revenir avec des haricots à la tomate... dont nous nous délectons sur une table de pique-nique de l'aire de jeux voisine. Ce qui est étonnant, c'est ce petit village tout mignon, très rural, très préservé et derrière, l'immense terrain de hockey avec gradins, troquet et tout le toutim ! Ça détonne !

Nous continuons notre parcours, toujours entrecoupé par de magnifiques cascades et nous savons que c'est l'ascension, puisqu'après être descendus des 2039m de la Cabane d'Efra jusqu'aux 917m de Sonogno... il faut remonter vers le Passo di Redorta et ses 2178m, ça... ça va piquer !

Donc, c'est parti pour la grande montée et franchement au début ça va, mais après, elle fait vraiment mal celle-là, boudiou ! On parlait des pierres à monter de la hauteur d'un tibia, mais là, c'est un cumul de pierres, zig-zags, gros blocs et c'est vraiment costaud. Nous passons le col vers 18h30 et la descente n'est pas moins ardue. Nous voulons passer sous les 1200m d'altitude car les nuits sont devenues vraiment froides. La descente est tout aussi technique, surtout avec le soleil qui décline (ça commence à devenir une habitude !) et le pentu qui ne permet pas d'installer la tente ! Nous finissons par découvrir une cabane à biquette (ouverte !!!) et fermée simplement par des pierres, qui paraît suffisamment propre pour s'installer. Nous montons la tente à l'intérieur pour préserver la chaleur et zou... au lit avec les pieds et les jambes qui font mal ce soir !

18/09 : 24,04km en 9h03, 1390D+, 2036D-

Décidément, nous ne nous lassons pas de toutes ces couleurs et de la capacité des plantes à pousser dans toutes les conditions...

Petit point d'étape : au 20ème jour, nous en sommes à 525,13 km en 162h28, 29500D+, 27732D-. Moins de bobos de surface mais plus de choses en profondeur, des maux de dos, de pieds, des douleurs aux talons d'Achille, les genoux qui grincent... mais rien qui ne puisse nous arrêter. Nous continuons nos expériences gustatives, fromages, grappa, vins... Moins de rencontres ces derniers temps car nous passons de villes plus anonymisantes à des cols plus solitaires et pourtant nous sommes entrés dans une zone plus francophone. Nous avons 4 jours d'avance sur notre programme, alors qu'on s'est octroyé 2 jours de break... pas mal !

À suivre...

19
sept

Du Montee di Predee à Fontana puis Bignasco

Lever matin... notre cabane nous a protégé mais pas de la condensation dans la tente ! Petit déj' rapide et c'est parti direct dans l'caillou ! On était déjà au milieu des cailloux, donc...

...en fait, ça se transforme vite en forêt, puis en une multiplicité de cabanes et de hameaux, tous plus charmants les uns que les autres, tantôt bien vivants, tantôt à l'abandon...

Nouvelle réunion de chantier... les gars c'est quand vous voulez pour se lever !!!

On a vraiment l'impression de faire des sauts dans le temps et on imagine aisément la difficulté de la vie des anciens dans ces vallées abruptes et reculées, ponctuées de troupeaux. Ici, on fait plutôt dans le mouton et la chèvre.

Nous parvenons dans le double village de Prato Sornico, où nous ravitaillons en fromage de chèvre directement auprès de la productrice, puis nous montons jusqu'à l'hôtel restaurant de Sornico pour une pause tranquille. Nous y découvrons une épicerie incroyable et totalement improbable, dans l'une des maisons en pierres du village. Les légumes, les vins, y sont rangés dans la partie garde-manger en pierres et terre. C'est vraiment super chouette, et il y a tout ce qu'il faut. On ravitaille en saucisson, mais ici en Suisse, ils se ressemblent tous, en grappe, d'origine incertaine, pas toujours bons. Par contre, le pâté... ils ne savent pas ce que c'est ! On nous avait pourtant vanté dans d'autres vallées celui de... marmotte ! Ce qui répond aux interrogations... en fait ils en font du pâté et surtout, ils en récupèrent les graisses pour fabriquer des crèmes, en particulier pour masser les douleurs articulaires... on aimerait bien en trouver !!

Ce qui nous sidère, ici comme dans beaucoup de villages suisses, c'est cette capacité à mêler l'ancien et le moderne dans une combinaison qui fonctionne esthétiquement et respecte ainsi l'histoire locale. C'est vraiment très présent dans la plupart des villages...

...comme sur la photo ci-dessus, l'église antique à droite et l'école primaire ultra moderne à gauche qui d'ailleurs cache... un immense complexe sportif avec patinoire et tutti quanti !

Nous grimpons ensuite par un superbe sentier forestier et les hameaux se succèdent avec certaines maisons dont la restauration est absolument admirable. La petite chapelle de l'Alpe di Rima, comme quasiment toutes, est fermée, ne laissant qu'un fenestron ouvert pour mirer son intérieur et... prendre une petite carte souvenir avec prière... pour les amateurs du genre !

C'est ensuite une colossale montée, sans un seul replat où se poser un cul pour pique-niquer et se faire une sieste ! Nous regardons depuis le début le sommet de droite, et le chemin nous mène... à gauche, dans une cheminée tout à fait sympathique, et l'arrivée au sommet de la Bocchetta di Fiorasca nous offre une vue sur des montagnes en draperie de toute beauté.

Nous rejoignons le Refugio du même nom, en gestion libre et sans âme qui vive ! Nous en profitons pour nous offrir une douche et une clara (mélange bière et soda typiquement... espagnol !) et repartir. Ici, c'était le grand luxe, lit, cuisine, sdb, eau chaude, rien que pour nous et nous le savons, en attaquant la descente, c'est l'incertitude et l'absence de zones plates avant le bas. Et ça se confirme... c'est 1700m de descente pure, parfois à flanc de montagne, sans un seul début de bout de morceau plat et c'est... hyper usant ! Nous sommes à nouveau complètement en admiration de l'ingénierie humaine qui a conçu les milliers de marches, tantôt creusées, tantôt empilées, tantôt cloutées dans la montagnes, qui associées de chaines, d'échelles et de passerelles permettent de rejoindre la vallée dans une verticalité parfois effrayante !

La serveuse du bar de Prato Sornico nous l'avait dit "Fiorasca est déjà loin, Fontana vous n'y arriverez pas, c'est trop loin et en plus il n'y a rien !". Elle nous connaît pas elle !!! Nous débarquons à Fontana comme des fleurs (un peu fanées, et aux rotules en compote totale !) et on confirme... y'a que dalle !!! On essaye de négocier avec des locaux pour un coin bivouac, mais ici, dans cette vallée, c'est absolument totalement et irrémédiablement... vietato !!! Il y a seulement un restaurant, qui vient de fermer, et après quelques échanges avec le patron, le cuistot, Carlos, un portugais qui est là depuis plus de 30 ans, et qui rentre chez lui à 40 bornes, nous dépose à Bignasco (petite ville tout en bas de la vallée, mais à près de 2h de marche), où il y a parait-il, une zone dite de camping, pour centraliser les camping-car et éviter le camping sauvage dans la Vallée de Bavona. Carlos nous y dépose et nous sommes attirés par les lumières colorées du Bar de la Piscine. La piscine n'est plus en activité du fait de ses problèmes récurrents, parait-il, de filtration ! Mais le bar-snack est toujours là, tenu par Frederico, un mec super sympa, qui nous passe une musique de dingue et prépare des hamburgers dont un, à l'émincé de porc mariné, à damner un Saint ! D'ailleurs, à sa grande surprise, on en a repris un, tellement il était bon. La soirée finit au comptoir avec Frederico qui s'étonnant de notre amour pour le Braulio... nous paye sa tournée et pas le premier trait du verre, mais bien jusqu'en haut !! Pour lui, c'était pour lui donner du courage pour ranger toute la cuisine, et pour nous... pour s'endormir !

Nous repartons guillerets vers la zone de camping-car, montons la tente à la va-vite entre deux camping-cars et nous couchons d'épuisement ! La rivière voisine et le clocher n'auront pas raison de notre fatigue !

19/09 : 24,18km en 9h49, 1648D+, 2459D- (quand même !!!!)

20
sept

De Bignasco à Fontana puis Robiei

Le plus drôle, c'est qu'à Mondada, quand on a regardé par la vitre du bus, bein y'en avait... des dadas !!

On s'extirpe d'entre nos camping-cars, parce qu'on ne sait même pas si on a le droit d'être là (en même temps, si les tentes ne peuvent pas se mettre là... où se mettent elles ?), mais aussi parce que nous savons qu'un bus peut nous monter tout pile à Fontana (à 8h15 et le suivant est à 10h15 !), où nous nous sommes arrêtés hier. Bon apparemment, à l'entrée du "camping" c'est version horodateur avec plaque d'immat'... donc comme on n'a pas d'immat', bein... on paye pas... NA ! Et on confirme qu'on a bien fait de choisir cette option car toute la journée nous avons croisé ces panneaux !

Donc, on prend le bus et en moins de 15 minutes, nous revoilà au même endroit qu'hier quand Carlos nous a embarqué dans sa grosse Mercedes ! A partir de là, le parcours est une pure merveille, comme un sentier pédagogique de découverte d'une vie rurale de haute montagne dans une vallée particulièrement rude, coincée entre deux falaises, qui doivent déverser tous les ans leurs lots de fonte de neige, d'inondations, de chutes de pierres et pourtant, au milieu de tout ça, dans cet endroit aussi hostile, des humains se sont installés pour faire de l'élevage et la culture pour nourrir leurs bêtes. Ils ont donc inlassablement construit, au gré des formes de la montagne, parfois en composant entre des blocs de pierres énormissimes. On vous laisse découvrir ça, cela nous a beaucoup impressionné et charmé !

Le chemin nous conduit d'abord en forêt et nous somme totalement éblouis par ces incroyables étables construites sous d'énormes blocs de pierres. Celle-ci est composée de 2 pièces en composant avec la forme du mastodonte et l'auge a été creusée d'un seul bloc de 6m de long dans un châtaignier.


En chemin, nous croisons Simon, qui est aussi sur la Via Alpina, mais seulement par petits tronçons, mais là, imaginer l'ascension de 1700m que nous avons dévalée hier semble dépasser sa motivation, et il essaye d'envisager les solutions de bus pour rejoindre l'hôtel de Prato-Sornico où nous étions hier et chez qui il a réservé une chambre. Il nous confirme que la Vallée Bavona est de longue date réputée austère et que la fin de son enclavement n'est pas si vieux (années 50 ou 60).

L'église de Foroglio est une merveille parmi ces églises de montagne, un peu toutes sur le même modèle, petites, en longueur, aux murs blancs et couvertes de représentations iconographiques peintes, surtout au plafond. Nous avons particulièrement aimé le retable en bois peint en triptyque et la Vierge en bois aussi belle que simple.

Plafond de l'église de Foroglio

En redescendant de l'église, nous rencontrons Jean-Pierre, truculent bonhomme, qui transporte ses rondins sur son dos, et nous explique dans un français roulant les "r" et structurant les phrases avec les césures allemandes, qu'il y a forrrrrt longtemps, le village fut l'hôte des exploits de la danseuse, photographe, actrice, scénariste, réalisatrice, Leni Riefensthal, dans son film surréaliste La lumière bleue (1932). Sa filmographie d'abord remarquée jusqu'en 1936, fut ensuite rejetée par la profession, car Hitler et Goebbels lui avaient confié les films de propagande nazie, comme Le triomphe de la volonté ou Les Dieux du stade (oui avant que cela ne devienne des mecs nus sur un calendrier !...).

Le cinéma n'est pas loin, puisqu'au village suivant, Sonlèrt, les camions de cinéma allemand sont garés sur le parking et que ça discute à fond sur les angles de vue, les couleurs à donner aux portes et autres préoccupations de spécialistes. Tout ça, si ça se trouve, pour 20 secondes de séquence !

Nous y croisons aussi un B&B, open free avec magasin et zone pique-nique en libre service. Les proprios sont fans d'escalade, et sont là avec leur gamine qui caresse les poules. C'est un lieu d'accueil et de liberté assez incroyable et nous les remercions de cet espace mais n'avons pas beaucoup de temps pour discuter... dommage.

On adore l'offertoire version locale !

Nous faisons une pause à San Carlo pour déguster les ravioli locales et une polenta au ragoût de sanglier pour se donner des forces pour le reste de la montée ! Nous croisons aussi ce genre de monte-charge, franchement il y en a partout, de toutes les tailles, toutes les formes et ça traverse de partout, en particulier pour monter le bois dans les bergeries les plus isolées. Mais nous croisons aussi des écureuils noirs (très trés foncés !) sauf le bidou tout blanc ! Celui-ci nous a particulièrement amusé car il a fait tout le tour de la maison en mode Formule 1 pour venir nous observer de près depuis son arbre et se barrer aussi vite qu'il était venu !


Nous ne pensions pas qu'en cassant un caillou en deux, il en sortait un arbre !

La dernière montée s'avère un peu moins intéressante que la partie précédente, surtout quand on sait que nous montons en 2h45 un parcours que le téléphérique qui pendouille au-dessus de nos têtes effectue en 19 minutes ! On a hésité, mais on a tout fait à pieds et on en est fiers, NA, NA et re NA, on est des oufs ou bien !?

Nous parvenons au Refugio de Basodino, comme le glacier mourant qui le domine. Il est 16h30, et nous devons décider. Il faut 4h pour passer du côté italien, sans vraiment savoir où dormir, ou rester sur ce pan de montagne pour aujourd'hui. "IL" est partant, "ELLE" en a marre d'arriver de nuit dans des lieux incertains surtout à plus de 2000m... pas joueuse la fille !

On hésite entre le refuge et l'hôtel voisin de l'arrivée du téléphérique. La perspective d'une nuit en dortoir nous fait choisir le second... où Valentina, la serveuse italienne, s'étonne de tout ce que nous dévorons !

20/09 : 17,13km en 6h02, 1829D+, 501D-... on n'a rien foutu aujourd'hui !

21
sept

De Robiei à Ulrichen

Nous quittons notre tour de béton avec une ferme intention... on n'a pas fait grand chose hier, alors aujourd'hui on envoie du lourd ! Et oui, on a dormi dans cette tour de béton ronde, construite pour les ouvriers du barrage et des multiples installations autour. C'est sommaire, c'est moche mais c'est très bien et... surchauffé ! Sortir dans la froidure matinale est une torture... ou un délice... à chacun son truc !

Et on vous le confirme, l'herbe est givrée et les lacs forment de jolies plaques bien gelées. Le ciel est nuageux, mais il n'est annoncé ni pluie, ni orage, alors on avance rassurés quand à l'arrivée d'un petit col, soudain (non, surgit face au vent... on l'a déjà faite !!)... allez on cherche bien sur la photo... ils sont pourtant là, devant vous !!

... et là c'est festival... on n'en a pas vu pendant des semaines et là...

... on a même droit à Dame Marmotte, la bouche pleine de foin qui se demande qui vient donc l'interrompre dans la finalisation de son nid !

Nous grimpons à côté du Glacier de Basodino, en train de disparaitre. Les grandes plaques striées marquent les traces de son ancienne taille, on vous laisse imaginer ! Et on vous le confirme, tous les lacs sont bas, voire... disparus ! Au sommet, nous marchons dans le sable du fond du lac et pas une trace d'eau. Le sol est même craquelé... certains subsistent encore au milieu de ce chaos minéral.

Nous continuons notre progression en direction de la Bocchetta di Val Maggia pour entrer en Italie. Le temps est vraiment en train de changer de saison. Les eaux se gèlent et les herbes sont parfois couvertes de neige toute fraiche. Nous progressons au fond de grands couloirs de pierres, sans réelle difficulté, car nous sommes habitués et les passages sont plutôt bien formés et marqués.

Nous descendons dans Vallée de Riale, et nous avons une pointe d'émotion car c'est le point de départ de la Via Alpina Bleue, que nous avons en grande partie parcourue l'année dernière (cf. notre carnet Via Alpina Italienne), ce qui nous donne des idées pour des parcours à venir... nous faisons escale au Refugio de Bim-Se... une merveille italienne où l'on se délecte de Raviole et de Gnocchi à la pancetta, de salade de fenouil-noix-pommes. Ajoutez des panna cotta aux myrtilles, des boissons, des cafés et vous n'en avez qu'à peine pour 40 balles et en plus on vous offre les sucres au Génépi, et pas que 2 !!! Une pure merveille... Italie on t'aime !!!

La sortie se fait dans un froid de canard, et franchement, il faut s'activer pour retrouver un peu de chaleur ! Le ciel est bas, mais peu menaçant, donc c'est décidé, on se vise le Griespass, qui marquera notre nouvelle entrée en Suisse.

Plus nous grimpons, plus nous entrons dans le brouillard qui ne nous laisse que peu de visibilité sur ce qui nous entoure. Dommage, c'est sûrement super beau ! On ne fait que se deviner l'un l'autre...

La descente après ce col plutôt facile, nous laisse découvrir un paysage presque lunaire, dont le silence est interrompu par le bruit régulier des...

...éoliennes !! Et on comprend pourquoi ici... on est harnachés jusqu'aux oreilles tellement ça souffle ! C'est plus que lunaire, c'est saturnien... des creux, des bosses, des cailloux, et une terre très sablonneuse, très meuble et très friable, quelques touffes d'herbes... on dirait un terrain de cross !

La descente est assez longue et plutôt jolie, et nous amène à Ulrichen, petite bourgade de fond de vallée. Nous sommes ici à un endroit particulier... car, lors de la préparation, FX avait calculé que cet endroit serait le point d'arrivée de jeudi...

... mais pas de ce jeudi 22 mais du jeudi 29, et nous sommes le mercredi 21 ! Nous n'avons juste que 8 jours d'avance !!!!

Nous posons notre camp dans le camping du village. On est en Suisse, tout est payant, l'emplacement, les adultes, l'utilisation des sanitaires (douche non comprise, qu'il faut donc payer en plus !!!), ça commence à nous gonfler ! Il fait un froid glacial et nous devons réfléchir à la suite. C'est compliqué.

On a envie de continuer pour essayer de rejoindre Chamonix, notre point de départ de l'année dernière. Mais nous le voyons, depuis quelques jours nous avons bénéficier d'une clémence de la météo, mais nous devons toujours viser des arrivées en dessous de 1000m tellement il fait froid la nuit. Et cela ne correspond pas aux lieux autorisés de bivouac (plutôt au-dessus de 2000m) et à la météo annoncée dans les jours à venir. La pluie est annoncée pour le WE et vu les neiges croisées sur les sommets, ça va neiger là-haut.

Sauf que... nous avons bien des billets de train, mais pour le 29 !!! Nous mangeons rapidement sous le tivoli du camping et rejoignons un bar du village pour bénéficier du WiFi et voir comment organiser la suite...

21/09 : 32,05km en 9h24, 1754D+, 2322D-

Franchement c'est une grosse journée et nos pieds sont en compote !

Le réveil est à l'image de la tente... congelé ! Le patron du camping nous l'annonce... 1°C... on n'a pas compris si c'était au-dessus ou au-dessous de 0, mais à cette température, franchement... ça fait pas grosse différence ! Plier la tente est un pur enfer, et oblige à se réfugier les bouts de doigts sous les aisselles pour essayer d'en récupérer l'usage ! Le motard voisin, qui sort de sa tente couvert de la tête aux pieds nous l'annonce les yeux écarquillés... "the bike is freezen"... ah bein ça, vu comment elle est blanche, elle est super freezen !

S'il fait ce temps à 1300m d'altitude, qu'est-ce que ça doit être en haut !? Après de nombreux calculs, des plans, des repérages, des études de parcours... c'est décidé, on tente de rentrer à la maison par le chemin prévu, c'est-à-dire, en passant par Bâle. Nous avons pu changer une grande partie du billet de train, annuler l'hôtel prévu dans une semaine et en trouver un moins cher pour 2 jours ! Ce qui nous laissera le temps de visiter cette ville annoncée comme la perle culturelle de la Suisse !

Tout le monde nous dit que ça ne va pas marcher mais on veut tenter l'expérience "faire du stop en Suisse !"... un bout de carton dans une poubelle, un marqueur emprunté au patron du camping (gratuitement !), avec le conseil d'écrire la destination en allemand ! Donc on se trouve un rayon de soleil pour essayer de se réchauffer, on est sur le bord d'un parking d'hôtel et on tend le carton direction Basel ! Beaucoup passent sans nous regarder, d'autres en faisant signe qu'ils vont juste là... on sait, on connaît !

Et puis soudain, alors qu'on commençait à douter, une voiture s'arrête et nous embarque pour Andermatt, le Chamonix suisse, station de ski envahie de gens plein de pognon ! Nos hôtes sont suisses francophones de G'nève, et travaillent en banque ! Dans leur coffre, du matos de rando, on est entre connaisseurs ! La Mercedes est très confortable, nos chauffeurs hyper sympas, dont un jeune qui revient d'un trek dans le Triglav slovène. Mais après 23 jours dehors, FX a un peu de mal à l'arrière de la voiture à digérer tous les lacets du Gottardo, et les à-coups du chauffeur. Nous arrivons à Andermatt et FX est tout blanc ! Nous décidons donc de poursuive en train, qui nous emmène à Bâle en quelques heures, où nous attendent un hôtel bon marché et une première balade sans but dans la ville pour la découvrir...

Petite découverte de cette très belle ville cosmopolite au cœur d'un melting-pot du fait de son positionnement au carrefour de la France, de l'Allemagne et de la Suisse.

Bâle est une ville d'architecture et d'expériences nombreuses en la matière. C'est aussi la ville au plus grand nombre de musées en Suisse (+/- 40 !). L'art est partout et sous les formes les plus diverses.

S'y promener est un délice qui nécessite, comme dans toutes les grandes villes de ce type, de baguenauder, de trainer, d'entrer dans les passages et arrière-cours, et surtout... de lever le nez ! Ce qui change du nez dans nos godasses de ces derniers jours pour voir où l'on met les pieds ! Que ce soit le street-art, les sculptures, les architectures mixant savamment comme les Suisses savent le faire, les maisons anciennes en bois ou à colombages avec des structures contemporaines, cassant les codes habituels en posant un théâtre ultramoderne en béton à côté d'une église qui sert de salle de spectacle et... de bar !

On adore ces mélanges, c'est beau, c'est fun, c'est plein de tendresse pour le bâti quel qu'il soit, exploitant tous les espaces, à tous les étages, y compris dans les sous-sols. Il n'est pas rare d'entrer dans un hall d'immeuble pour accéder à un magasin qui donne accès à un bar, ou l'inverse, ou le contraire !

L'un des cinémas par exemple, est en sous-sol, on y accède par un long couloir qui amène d'une place jusqu'au musée et qui intègre, des magasins d'instruments de musique, de costumes de danse, et un bar, qui s'installe sur les marches, avec des coussins et des cagettes de bière retournées en guise de tables. Et le public y est tout aussi cosmopolite, touristes, mais aussi des gens qui bossent, assis sur les marches, l'ordi sur les genoux... c'est hyper zen et calme, malgré le brouhaha de la ville.

Dès le petit déjeuner, dans un chouette petit bar de la ville, nous faisons la rencontre d'Anne-Catherine, par hasard, qui nous aide à comprendre ce que nous explique la vendeuse en allemand ! Alsacienne, elle buvait tranquillement un café avec un ami autrichien, et nous venons perturber leur quiétude en nous installant à côté d'eux !

Une conversation très agréable s'entame et nous ne pouvons nous empêcher de narrer notre périple, et notre très agréable petite découverte de Bâle en soirée. Ils travaillent tous deux au Théâtre de Bâle, cette fameuse immense bâtisse moderne posée à côté d'une église, et nous propose une petite visite improvisée dans l'aprem pour découvrir les coulisses de cet ensemble incroyable. Nous sommes enchantés par l'idée, et allons visiter la cathédrale, toute de rose vêtue, avant de nous rendre à ce "private backstage tour" !

La visite du théâtre avec Anne-Catherine est une expérience immersive intense. L'architecte qui a construit ce bâtiment dans les années 70 a souhaité en faire un carrefour de rencontres au cœur de la ville. Ces espaces de culture sont - et c'est tout aussi vrai en France - très souvent assez fermés et un poil élitistes. Le nouveau jeune directeur veut redonner sa place de "cœur vivant" à cet endroit, alors on casse les codes, on ouvre les portes et les murs et on permet les rencontres dans tous les endroits possibles du théâtre. D'abord dans le forum public, des tables, des chaises, des fauteuils, des matelas, 2 bars, des coussins dans les escaliers, du Wifi gratos, et des portes partout, en haut, en bas... tout est fait pour rendre le lieu attractif et vivant. Il y a même un espace enfant, avec des animations régulières. Au cœur du forum, un plancher/scène permet des spectacles vivants de tous types et avant Noël, le théâtre organise son "calendrier de l'Avent" : tous les jours, quelque chose se passe, gratuitement, donnant la possibilité de découvrir, de se lancer, d'essayer, d'apprendre... et tous les jours à 17h, les générations s'y retrouvent ! Calendrier de l'Avent vivant ! Quelle superbe idée !

Anne-Catherine nous fait ensuite découvrir toute l'arrière boutique de cet immense bunker sur une dizaine d'étages dont 4 en sous-sol, aux 400 personnes et aux 100 métiers ! Nous découvrons les ateliers de menuiserie, de peinture, de décoration, et les immenses archives de costumes, des rayons entiers de fringues de toutes époques à faire se damner une ado en manque d'inspiration avant la boum du samedi soir ! Nous voyons la préparation de la scène pour ce soir, les répèt' de la troupe de danse, car ici, on fait du théâtre, du ballet, de la danse..., et tout est fabriqué sur place, et ce sont les productions du cru. On est dans la culture locavore, et nous on aime bien l'idée.

Nous sommes totalement enchantés de cette visite et de cette rencontre avec Anne-Catherine, et finissons par découvrir que c'est la directrice adjointe du théâtre. Si ça c'est pas la classe ! Merci à elle, et nous finissons par un petit café au bar du théâtre, affalés dans des coussins... trop le pied, on passerait sa vie ici ! Et c'est déjà le début d'un pari gagné si les gens s'y sentent bien et ont envie d'y revenir !

Bâle, c'est aussi la ville de Jean Tinguely et son "non-art". Nous découvrons le musée qui lui est dédié et ses machines incroyables, dérangeantes, étranges, grinçantes... Celles qui font du bruit, celles qui dessinent toutes seules, celles qui s'autodétruisent... Tinguely explique qu'il se foutait de ce que pensaient les gens. Il veut détourner les objets de leur utilité initiale et montrer le mouvement, comme quelque chose de perpétuel... "L'art est insensé et - comme tout - non dépourvu de sens. La technique n'est rien, le rêve est tout. L'unique chose stable c'est le mouvement, partout et toujours." Tout est dit !

Combat entre un rapace et un corbeau... faut être en ville pour voir ça !

Son œuvre est dédiée au mouvement, donc tout le musée est organisé avec des pédales de déclenchement des structures, avec des minuteurs, car "il faut laisser se reposer les œuvres... et son œuvre vaut bien quelques minutes d'attente".

C'est vraiment très très particulier et absolument fascinant. Et puis la seconde épouse de Tinguely n'est autre que Niki de Saint Phalle et ils ont composé de nombreuses créations ensemble, souvent avec Per Olof Ultvedt, dont Hon/Elle, une structure féminine de 28 mètres dans laquelle on pouvait entrer, le Cyclop, structure libre qui est dans les bois de Milly la Forêt ou la fontaine Stavinsky à Paris. Elle est connue, entre autre, pour ses structures callipyges multicolores, dont une trône devant le musée.

Nous remontons ensuite le long du Rhin, que certains parcourent à la nage en se laissant porter par le courant grâce à des gros sacs étanches. Nous n'avons pas osé ! Nous assistons aussi à des courses de... gondoles ! Et surtout, le Rhin peut se traverser pour 1 ou 2 CHF avec des barges à filin fixe. Un grand câble est tendu d'une berge à l'autre et la barge se déplace grâce à un galet mobile sur le câble. C'est très étrange, mais efficace et rapide.

Nous assistons à plusieurs fêtes de quartier et nous délectons d'une pizza succulente dans un improbable restau à l'autre bout de la ville tout en sirotant une bonne bouteille de Fendant (un bon vin blanc du Valais). Nous n'avons pas vu passer la journée et nous rentrons tranquillement nous offrant une visite by night du magnifique hôtel de ville.

Et puis Bâle est quand même la seule ville où Jésus va plus loin que "sauveur du monde"... il fait aussi dans les premiers secours ! Le pansement Jésus... pour des bobos divins !!! (vendus dans l'église... si si !!!). Cette ville est résolument incroyable !

Nous rentrons un peu frustrés de nous dire qu'il en faudrait des jours pour découvrir tous les secrets de cette ville. Et ça donne vraiment envie d'y revenir !...

Parce que la montagne se regarde et se sent (mais là on pourra rien pour vous !), mais aussi parce qu'elle s'entend et s'écoute, nous vous proposons quelques ambiances sonores...

Le son des torrents

Les cloches et... la circulation sur les cols fréquentés...

Le cri d'alarme de la marmotte

Le silence de la montagne...

Œuvres de Tinguely

24
sept

Franchement c'est dur de quitter le lit douillet et cette ville dont nous n'avons qu'à peine effleurer les méandres. Nous sommes à bord du tram en direction de la gare avec une avance suffisante pour qu'à la vue d'une fiesta sur un coin de parc, nous nous arrêtions de curiosité pour voir de quoi il retourne. C'est rigolo, on capte pas tout, ça a l'air d'une fête de quartier organisée par une banque avec des stands où tout est à... 1€ ! On nous offre même des chapeaux... ouhhhh pinaizzzz, un petit déj' café/Wurst (= saucisse) s'impose !

Wurst rouge ou Wurst blanche ??? 

Après nous être rassasiés nous reprenons notre trajet, et notre arrivée par les sous sols de la gare nous laisse sans voix... et nous avons vu encore deux autres parkings de ce type à côté, plus des garages verrouillés. C'est incroyable, tous ces vélos à perte de vue...

Notre passage par Strasbourg avec une correspondance de 3/4h nous offre l'occasion de croiser Valérie, une cousine de FX, et sa fille Morgane, qui rencontrent Amanda pour la première fois. Ça fait plaisir, on se voit si peu souvent. Merci à elles d'être venues jusqu'à nous...

Après quelques heures de train sans changement à Paris (eh oui, ça existe !), notre périple s'achève où il a commencé et où il commence quasiment toujours... sur le quai de la gare d'Angoulême ! Nous sommes fatigués mais heureux de ce voyage et bien contents d'avoir une petite semaine avant de rembauche.

Comme d'habitude, cette partie est absolument et résolument... totalement subjective et n'engage donc bien sûr que nous ! Mais nous aimons aussi partager avec vous ce qui a facilité ou non notre aventure.

D'abord un peu de Grogne-Grogne...

🌩🌩🌩TCS, le Touring Club Suisse❣️

Ce fut notre premier coup de colère ! Dans la prépa, nous avions repéré les campings TCS aux prix à la hauteur du reste ! L'offre "Stop&Go" laissait un espoir d'économie proposant à qui arrive après 18h un emplacement pour 25€ sous réserve de partir avant 9h. Nickel !!!

Alors quelle ne fut pas notre surprise quand au camping de Scuol, le réceptionniste nous a affirmé mordicus "les yeux dans les yeux", que cette offre n'était valable que pour ceux qui arrivaient en voiture et que nous devions donc payer plus de 40 balles pour une nuit sous toile sur un terrain en pente ! Amanda a cru que FX allait étrangler le gars sur place ! C'était sans connaître l'entêtement du FX qui s'empressa de profiter de sa colère noire pour se fendre d'une belle réclamation auprès de TCS. Extrait... : "Le camping est il donc devenu luxueux au point qu'il faille arriver en voiture pour payer moins cher ? Un piéton devrait toujours revenir moins cher qu'un automobiliste."

Nos collègues de boulot le savent, une réclamation a au moins le mérite de défouler la colère de celui qui la rédige. Et toute structure attentive et un peu organisée prend très au sérieux leur traitement ! Si sa rédaction avait au moins eu le bénéfice de faire retomber la première... quelle ne fut pas notre surprise, une semaine plus tard, de recevoir cette réponse : "Dans les conditions pour pouvoir profiter du tarif Stop & Go il n’est nullement spécifié que vous devez arriver en voiture. (...) Nous allons bien sur discuter avec la gérante pour voir ce qu’il s’est passé et pourquoi on vous aurait dit qu’il fallait venir en voiture. (...) Nous sommes vraiment navrés que vous ayez été mal informés sur place et pour nous excuser de ces désagréments nous vous joignons un bon cadeau d’une valeur de CHF 20.- que vous pourrez utiliser sur tous nos campings TCS."

Nous sommes toujours en colère du mensonge éhonté du réceptionniste que la réponse de TCS assouplit un peu. Bon du coup, on a un bon de 20CHF pour un camping TCS valable jusqu'en 2024... si quelqu'un en a besoin !... 💰⛺️ Nous en tirons une leçon : quand tu es en colère, l'exprimer de façon sensée, avec des mots, présente le double mérite de la faire sortir et... de peut-être avoir un retour favorable au désagrément subi !


😤💀😡👿☠️Les put🤬 de lingettes !!!

Attention, méga coup de gueule, ça va voler !!! Y'en a ras le bol de ces trucs, c'est pas possible ! Alors petit rappel...

La plupart de ces produits contiennent des fibres de coton ou de rayonne associées à des plastiques tels que le polyester, le polyéthylène et le polypropylène. Donc jeter une lingette, c'est jeter du plastique ! Des scientifiques canadiens ont analysé la capacité de 101 produits (dont lingettes et PQ) à se désintégrer. Seulement 11 y parviennent complètement et... ô suprise, pas une seule lingette !

Et que dire, en plus des fibres - qui donc ne se désagrègent pas - de l'effrayant cocktail de produits dont sont imprégnées ces saloperies ? 60 millions de consommateurs a analysé la composition de 12 lingettes désinfectantes mutlisurfaces et c'est... tout ce qu'on aime ! C'est juste bourré de toutes les m... nocives que l'on cherche à éviter au quotidien : paraben, methylmachin, chloruretruc et autres bidules-tiazolinone... tous irrémédiablement dangereux non seulement pour nous mêmes mais encore plus pour les organismes aquatiques.

Pour info :

- 70 milliards de lingettes sont utilisées, (soit plus d'un kg par an et par personne et d'après WWF, c'est plutôt 23kg/an/personne !)

- "les lingettes jetables comptent parmi les 190 produits à usage unique en plastique que l'on retrouve le plus fréquemment dans l'environnement marin de l'UE",

- "cette pollution représente 40% des déchets d'épuration et est responsable de 80% des pannes (sur Toulouse métropole) ce qui représente entre 500 et 1000 milliards d'€ par an dans l'UE de surcout et de maintenance"

Et vous pensez que les mouchoirs en papier sont mieux ? Souvent composés de cellulose de première qualité pour satisfaire aux exigences des consommateurs (merci pour les arbres !!), nous vous invitons à demander à votre service de traitement des déchets ce qu'il en est de leur parcours de vie : "les mouchoirs, comme les couches, ne se recyclent pas du fait de leurs propriétés absorbantes".

Alors ? Que viennent foutre ces foutues lingettes en montagne ? C'est sidérant, et ça nous a sauté aux yeux cette année (est-ce propre aux Alpes suisses ?), il y en a partout.

La lingette... l'avènement du mythe du nettoyage d'un seul geste ! On comprend d'autant moins que même Sanytol dit qu'il faut laisser agir un produit au moins 15 minutes pour qu'un désinfectant agisse vraiment. Alors comment est-il possible que des gens utilisent cette solution pour s'essuyer les mains ou pire, s'essuyer des zones aussi sensibles que son propre uc ???

Tout ça nous met d'autant plus en colère que le problème pourrait être réglé en deux secondes par un simple changement de comportement. Alors si vous êtes adeptes de ce genre de trucs, on vous en supplie, changez, trouvez autre chose ou à défaut, ne les emmenez pas avec vous lorsque vous allez vous promener !

C'est tellement un fléau qu'avec Amanda, nous sommes capables de repérer la présence d'une route ou d'un parking à l'augmentation au m² du nombre de lingettes et de mouchoirs en papier au milieu du chemin... et c'est l'objet de notre râlerie suivante !

PS : toutes ces infos sont tirées de 60 millions de consommateurs.


💩💩💩💩 Et puis merde ! 💩💩💩💩

Aller à la selle, déféquer, faire caca, popo, la grosse commission, démouler un cake, couler un bronze, rouler le cigare, avoir le 747 en bout de piste ou la taupe au guichet, libérer le kraken, chier une pendule, faire tourner la guillotine à boudin, déposer le bilan, plâtrer le piscine, libérer son coté obscur, avoir le bobsleigh dans le dernier virage, l'eurostar au bout du tunnel ou la montgolfière qui doit lâcher du lest..., presqu'autant de façons de le dire que de le faire !

Mais quand il s'agit d'opérer, s'il était chez lui, personne n'aurait l'idée de l'exposer, si ???!!!... Donc, à moins d'avoir l'âme d'un artiste à la manière de Jacques Lizène, fondateur de l'art nul et qui peignait avec, ou de Piero Manzoni qui les vendaient en boites ou peut-être faut-il, comme Gold Poo, la transformer en or ou comme Paul Mc Carthy, qui avant de poser un plug anal au milieu de la Place Vendôme, avait aussi gonfler une belle crotte gonflable de 15m de haut, ou comme le collectif Sprinkle Brigade, spécialisé dans les photos détournées de crottes sur les trottoirs de Londres et N.-Y...., donc à moins d'avoir l'inventivité d'exploiter le fruit de ses entrailles, pourquoi donc l'humain se décide-t-il si soudainement à se lancer dans ce genre d'œuvres lorsqu'il est en extérieur ?

Quand on voit ça, posé là au milieu du chemin, on ne comprend même pas le projet de l'auteur... il est là, en train de marcher sur un joli chemin de montagne, de beaux paysages, de bonnes odeurs et soudainement "tiens si je posais une pêche"... et hop, en position cul nu au milieu du chemin à la vue de tous et paf, il nous mine le terrain et auréole son œuvre d'une jolie... lingette comme le drapeau de conquête posé sur sa propre lune ! Peut-être est-il persuadé qu'un service de ramassage vient récupérer le matos deux fois par jour et l'indique-t-il au préposé tel le facteur qui relève le drapeau sur la boîte aux lettres ?

Et le pire reste à venir, car nous l'avons constaté et vu de nos yeux vu ! Ça ne loupe jamais, un seul endroit plat dans une montagne, un seul endroit à l'ombre voire même un seul abri, une seule grotte, cabane, bref, le seul endroit de toute cette foutue pente où après des heures de marche nous aurions pu nous poser et en plein milieu quoi ??? Une grosse pêche dégueulasse ! Bein oui c'est connu, pour bien (faire) chier, faut être à plat, à l'ombre et là où des gens pourraient dormir ! C'en est insupportable !

Ça nous dépasse !... On aurait envie de dire "merde" à tous ceux qui chient partout, mais comme chaque année, nous préférons faire la promo de l'excellent "comment chier dans les bois : pour une approche environnementale d'un art perdu"... on y apprend à faire son trou... et sa crotte ! Et à arrêter de laisser trainer ses affaires !...

(FX bénit la qualité de son enseignement du Lycée St Marie de Barbezieux qui osa aborder ces artistes en seconde, incroyable non ?!).


Passons à nos coups de cœur !

❤🥰😍🤩 La montagne...

... reste résolument une destination qui nous plaît pour tout un tas de raisons que vous devez commencer à comprendre au fil de nos carnets.

D'abord on y rencontre moins de gens qu'à la plage, car si nous aimons rencontrer des gens, nous aimons aussi notre solitude. Nous faisons des métiers où la sollicitation est quotidienne, permanente et nous avons besoin de ces moments où le maître mot est de débrouiller, d'avancer par nous mêmes, pour nous mêmes. Cela peut paraître égoïste mais se retrouver seul est important et ressourçant pour nous. Et nous donne d'autant plus de plaisir à rencontrer et discuter avec des gens.

Et puis... la montagne quoi ! La montagne, cet espace qui ne se laisse mirer que par petites touches, tantôt lointaines tantôt proches. C'est toujours incroyable d'avancer et d'arriver dans un cirque et de chercher à deviner comment cette ligne qui va tout droit sur la carte se matérialise sur le terrain par une avancée dans une cheminée, des chaines, un passage étroit. Et puis, c'est en arrivant au sommet que les perspectives se découvrent, elles mêmes plus ou moins lointaines. C'est une surprise à chaque fois, parfois dure, parfois charmante, parfois minérale, parfois végétale et même parfois... animale.

Source photo Prexels 

C'est d'autant plus une surprise qu'en montagne, une même distance peut se parcourir en 10 minutes ou en une heure selon le revêtement, l'altitude, la température ou la météo, et tout cela nécessite un permanent et savant mélange d'observation, d'analyse, de bon sens saupoudré d'un peu d'insouciance. La montagne c'est aussi elle qui décide et nous renvoie le fait que nous ne sommes si peu de choses, quasi insignifiants et franchement, en bons humains que nous sommes, être remis à sa place de temps en temps ne fait pas de mal !

Pour toutes ces raisons, et surement pleins d'autres que nous ne formulons ou ne conscientisons pas, nous aimons cet environnement qui offre, selon nous, des libertés, que nous ne percevons pas toujours ailleurs.

❤🧡💛💚💙💜🖤 Les gens, leur sourire, leur bonne humeur, leur sympathie...

Oui parce qu'on est sauvages mais tout de même, quel plaisir de rencontrer des gens aussi charmants que ceux que nous avons croisé. Cela a commencé avec Vanessa qui nous a autorisé le premier soir à bivouaquer sous les fils à linge du refuge. Tout comme Marianne et Daniel, passionnés de rando comme nous, qui nous ont donné quelques clés de compréhension de notre environnement et de cette nouvelle contrée dans laquelle nous nous aventurions.

Et que dire de l'agent d'accueil des Bains de Scuol, hyper accueillante, au sourire radieux, dans cet espace de luxe où nous débarquons un peu pouilleux pour venir nous détendre, ou de Karine qui nous offre le thé pour nous réchauffer et prendre le temps de discuter avec nous pour comprendre ce qui peut bien se passer dans la tête d'un couple qui randonne en autonomie dans la montagne. Et puis elle nous a fait découvrir le Lägerbach... l'un des meilleurs chocolats suisses que nous ayons mangé ! Quelle rencontre, avec elle et avec... ce divin chocolat !

Nous gardons aussi une pensée pleine de tendresse pour Simon et Stefi, qui nous ont accueilli et offert le café et avec qui les discussions furent tout particulièrement agréables.

Et Anne-Catherine qui donna à notre visite de Bâle, une toute autre dimension, nous permettant de découvrir que derrière un spectacle, c'est tout une ville qui s'affaire pendant des lustres pour rendre l'instant magique, et qu'au-delà de la théâtralité de l'instant, cet espace, bien trop souvent confidentiel et élitiste peut (doit ?) devenir un lieu de passage, d’échanges, de rencontres... bref, le théâtre de la vie !

Nous avons aimé chez ces gens la simplicité, la facilité de l'échange et leur volonté de partager, chose à laquelle nous sommes tant attachés, et que nous n'avons pas toujours rencontré au cours de ce parcours.

Et puis il y a... vous ! Nos lecteurs, ceux qui regardent vite, ceux qui lisent tout, ceux qui étaient là juste au début, ceux qui aiment nos écrits, ceux qui trouvent que c'est trop long à lire, ceux qui commentent, ceux qui ne font que passer, ceux qui... nous ne faisons tout cela que pour vous, pour partager, pour faire visiter à ceux qui ne peuvent pas, pour donner envie à ceux qui n'osent pas... Merci à vous de nous suivre et d'interagir avec nous comme vous le faites.

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🚿 On a réinventé l'eau chaude !

Finissons par le meilleur de nos bons plans !

On le dit depuis longtemps, se laver le soir avant de se coucher est vraiment important. Cela permet de retirer sur la peau le sel généré par la sueur. Et tout le monde le sait, le sel attirant l'humidité, si vous rentrez dans votre sac de couchage sans vous être lavés, c'est l'assurance d'avoir froid toute la nuit. Alors, y'a pas à tortiller, faut se décrasser avant de faire dodo !

Et quand vous avez eu bien chaud pendant la journée et que le soleil se couchant, les températures baissent, le lavage à l'eau froide peut devenir une torture. On se le dit à chaque fois, c'est un dur moment à passer mais après... ouh pinaizzzzz qu'on se sent bien !

Du coup, FX a mobilisé une bouteille de limonade Rivela, une épingle à nourrice chauffée à blanc sur le réchaud, quelques neurones et nous voilà avec... une douchette ! Le soir, on la remplit d'eau chaude et la toilette du soir génère moins d'appréhension et prend tout de suite une nouvelle dimension ! Quel plaisir !

Quand la bouteille n'en peut plus, on garde le bouchon et on change de bouteille. On est super contents de notre trouvaille !!!

Parce qu'on a tous quelque chose en nous de... (non non... pas de Tenessee !), qu'on n'est pas toujours malins malins et que tout doit être prétexte à rire... y compris de soi-même !

🩳 Le short de FX

Bein oui, autant commencer à être stupide dès le premier jour et vous en avez tellement entendu parlé de ce short, vous savez ces shorts avec la culotte intégrée. FX le savait en le mettant dans son sac, mais parfois, on a l'espoir mal placé, persuadé que petit trou n'allait pas s'agrandir !

Inutile de commenter la valeur du contenu (inestimable, cela va sans dire !), l'important est que le contenant... ne contenait plus !!!

Oui oui, le trou est aussi grand que les fleurs... !  

🤳 Le selfie ou l'amour de soi poussé à l’extrême !

Au cours de cette aventure, nous n'avons pu que constater à quel point dans les lieux les plus touristiques, les plus fréquentés, le nombre de personnes obnubilées par leur image est impressionnant ! Certains sont rapides, d'autres peuvent passer des heures à prendre la pose ou se mettre dans des situations parfois incompréhensibles pour une simple image d'eux ! Quitte à se mettre devant tout le monde, à gêner la vue d'un paysage, à prendre des poses saugrenues en mode Fashion Week, et à faire ch... tout le monde ! La longueur de la perche est-elle proportionnelle à l'amour que l'on se porte à soi-même, tel Narcisse avec sa propre image ?

Quelques centimètres de plus et ce selfiste arrivait à se brancher directement sur les caténaires du train !

Cette façon de se mettre en scène nous interroge beaucoup, nous qui publions sur un carnet d'aventure !... Alors, oui oui on sait, on vous a nous-mêmes demandé de faire un selfie ou une image de vous pour notre dernière parution. Mais cela n'a rien à voir, c'est nous qui vous avons demandé de voir vos trombines pour en garder souvenir, pour se remémorer notre histoire personnelle dont vous faites partie comme spectateurs et commentateurs de notre aventure. Il nous semble que la frontière est dans l'intention initiale, dans la volonté d'échanger et partager autre chose que sa propre image...


🌩 Calculer la distance lors d'un orage...

Source loisirs

Pour connaître la distance entre la dernière frappe de foudre et votre tronche, rappelons que la vitesse du son étant d'environ 300m/s (en vrai 340m/s et varie selon la température), il suffit donc, en gros, de compter les secondes entre la lumière (l'éclair) et le son (le tonnerre), et de diviser ce chiffre par 3. Facile... donc par exemple, si vous comptez 30 secondes, la foudre a frappé à environ 10km et on considère communément qu'un orage devient critique pour vous quand vous comptez moins de 20 secondes.

Petit échange un matin entre Amanda et FX après avoir passé la nuit sous la foudre (on comptait à peine 2 secondes entre éclair et foudre !)

"- euh là quand même, il était vraiment pas loin, cette nuit et j'étais pas rassuré !

- bein moi j'étais pas inquiète parce que 2 x 3 = 6, donc il était à 6km !

- euuuuh, faut diviser... pas multiplier ! Il était pas à 6km... mais à 600m !!!

- ah bein du coup mois je m'étais endormie rassurée !!!!"

...!!! Oups !!!...



🤿 Indiana FX et le Pont de la Rivière qui Aïe !

Depuis un bon moment nous marchions sur un chemin, de type piste, fort peu intéressant d'un point de vue "marchistique", avec en plus plein de gens (c'était un WE) tout en longeant une très charmante rivière assez mouvementée.

Depuis un moment aussi, nous constations que de l'autre coté de la rivière, il y avait un chemin qui nous paraissait bien plus chouette, bien plus sauvage, sur lequel nous voyions ponctuellement des marcheurs, nous rassurant sur sa praticabilité.

Alors, Indiana FX décida soudain de passer de l'autre coté... et, le portable à la main rivé sur la carte TopoSwissMobille pour être sûr de vérifier où mène le dit chemin, il entreprit la traversée du ruisseau sautant de caillou en caillou.

Tout se déroulait à merveille jusqu'au... dernier rocher !... Tout a été très très vite ! Chute du héros, bâton qui part dans le ruisseau et récupéré in extremis, téléphone qui faillit prendre le même chemin... bref, c'est un royal plouf (et un tibia bien attaqué au passage !)...

Le tout sous les yeux ébahis d'une dame assise sur un banc en face qui voyant Indiana FX sortir trempé de la rivière, lui dit tranquillement en allemand en montrant sur sa droite "hier ist ein Brücke am rechts" (il y a un pont là à droite)... désignant un auguste enjambement de bois à moins de 30 mètres !

En y regardant de près sur la carte topo, ah bah oui, il y avait bien un petit trait noir... Qué couillon ç'ui-là !

...!!! Oups (itou) !!!...


Et pour finir en apothéose !...

...parce que vous pensiez vraiment qu'on faisait tout ça en marchant ???...

En ce beau dimanche ensoleillé, il est temps de dresser le bilan et de clore ce beau séjour, durant lequel nous aurons traversé La Suisse et des petits bouts d'Italie... Commençons par les choses les plus objectives : en écartant nos journées off en Val Poschiavo et à Côme, nous aurons marché pendant 24 jours en 187h43 d'effort et cumulé 598,49km, 34731D+ et 33014D-.

A froid, plus d'un mois après, que retenir de ce petit pays montagnard ? Une fois encore, c'est une perception individuelle, donc subjective et nous espérons vivement ne pas choquer nos lecteurs helvètes que nous avons tout particulièrement appréciés. Nous essayons de tirer un enseignement de cette pérégrination sans prétendre détenir la vérité.

Fromage et chocolat...

🇨🇭Tout d'abord la Suisse ne vole vraiment pas sa réputation d'excellence en matière de fromage et de chocolat.

🧀 Les fromages fermiers franchement, c'est quelque chose ! Comme à chaque séjour, et chaque fois que l'occasion s'est présentée, nous ne nous sommes pas privés. Ne ratez sous aucun prétexte la multiplicité des fermes qui en produisent. Malgré une apparence souvent similaire (comme le Comté), chacun a sa couleur, son odeur, sa texture, sa saveur particulière au gré du moment de l'année, de ce qu'ont mangé les vaches et de l'affinage. C'est un fromage qui peut vite suinter, fondre et s'abimer. Nous conseillons vivement de bien l'enfermer dans le papier d'achat et de le mettre au cœur du sac (où les variations de température sont faibles), mais aussi de l'aérer régulièrement à l'abri du soleil, pour éviter la moisissure. Une fois ces précautions prises, c'est un fromage qui se tient dans la durée et dans le sac.

🍫 Et que dire du chocolat ? D'où vient cette réputation du chocolat suisse ? Petit retour en arrière... avant la Suisse, il y a... l'Amérique du Sud. On découvre des fèves de cacao il y a plus de 4000 ans, que l'on consommait sous la civilisation Olmèque qu'il était consommé sous forme d'infusion lors de rituels. Les Mayas consommaient le xocoalt, un mélange de fèves de cacao rôties moulues mélangées avec du piment, du poivre, de la vanille, de l'eau et de la fécule de maïs. Considéré comme la boisson des dieux, il est consommé pour ses pouvoirs divins, ses vertus apaisantes, fortifiantes et favorisant la fécondité. Les Aztèques avaient même fait des fèves une monnaie persuadés que c'était un don du dieu Quetzalcoalt (on le sait, nous, que le chocolat... c'est divin !!)

La fève débarque en Espagne, surement rapportée par Cortès, auquel les ibériques ajoutent du miel et du sucre pour couper l'amertume de la boisson. Cette boisson devient très prisée des personnes qui ont les moyens de se la payer ! Mais l'Espagne garde le secret chocolaté pendant presque 1 siècle, avant qu'il ne se répande en France puis en Europe et qu'il ne fasse rougir de plaisir les aristocrates et les grands-bourgeois. Très prisé à la Cour, Louis XIV accorde une patente de 30 ans à Louis Chaillou en 1659 pour "le privilège exclusif de faire, vendre et débiter une certaine composition se nommant chocolat" , mais la fabrication reste artisanale, moulue à la main. A l'époque, le cacao arrivant du Mexique, transite par les Pays-Bas et la Flandre, et le maire de Zurich en séjour en Belgique, est séduit et rapporte le précieux en Suisse.

L'ère industrielle du début 19ème permet l'invention de mécanisation d'extraction, comme les presses à chocolat qui permet les premières consommations sous forme de barres chocolatées.

En Suisse, François-Louis Cailler, ouvre la première manufacture mécanisée en 1819 au-dessus du Léman, puis 10 ans plus tard c'est Philippe Suchard dans le canton de Neuchatel. Les chocolatiers se multiplient et la petite révolution qui fait craquer tout le monde est l'introduction de noisettes en 1830 par Peter puis de lait, ce qui s'avère une réussite pour un pays de lait ! Puis Lindt révolutionne le chocolat (par erreur selon la légende, en oubliant les fèves dans son moulin !) en 1879 en le faisant fondre sur la langue. Le "conchage", subtil mélange de brassage, malaxage et aération du chocolat chauffé, d'abord à sec puis liquide en ajoutant du beurre de cacao, lui permet de perdre acidité et amertume, en éliminant des substances volatiles indésirables et d'extraire sa matière grasse. Ce qui transforme la sèche et farineuse fève de cacao en un produit liquide et gras, la pâte de cacao.

Qu'est-ce qui fait la différence entre les Suisses et les autres... vous voyez la précision suisse de l'horlogerie ? Bon bein, les mêmes standards ont été appliqués au chocolat, formulant des exigences tant sur la qualité des fèves que sur celle de la dégustation. Aujourd’hui, les Helvètes en sont les plus grands consommateurs du monde, avec plus de 10 kg par an et par habitant. C’est deux fois plus que les Français ! Vite... faut se rattraper !!! Et on conseille très vivement la marque Laderäch (en particulier le mélange caramel salé lait noir, une dinguerie !!!). Et franchement, osez le mélange chocolat fromage ! FX se rappelle avec nostalgie les vendanges effectuées dans le Canton de Vaux avec son copain Fred l'apiculteur. A la pause entre les rangs, les hôtes nous servaient d'énormes tranches de pain avec du chocolat et du fromage, accompagné de thé avec des bâtons entiers de cannelle dans des pots à lait. Une tuerie !

Les self-services

Ce qui nous a totalement sidéré dans ce pays, c'est la multiplicité des self-services. Plutôt que de tenir boutique, ce qui oblige à attendre le chaland, les producteurs positionnent des cahutes, des espaces, des box... bref, des moyens de vendre leurs productions sans être présents. Certes c'est un autre rapport à la clientèle, mais c'est indéniablement une solution qui libère le producteur de l'attente, et lui permet d'organiser différemment son temps pour le consacrer à son élevage.

Les produits secs tout bêtement posés sur des ballots de paille dans une grange, les produits frais à disposition dans de grands frigos ou au contraire dans de minuscules posés sur une table, que l'on peut aisément ouvrir pour regarder et choisir le fruit de son achat, peu importe la forme, on en a vu partout, jusque dans les endroits les plus reculés, devant la ferme, près d'un parking, au cœur du village... que ce soit pour des boissons, des fromages, du beurre, des glaces, des plats préparés mais aussi de la viande, de la charcuterie... et rappelez vous... on a aussi croisé des distributeurs de bois coupé en 30cm vendu au poids !

La caisse prend la forme d'une boite posée là, à tout va, chose quasi impossible en France, ce qui nous renvoie une fort piètre image de notre propre pays que nous croyons être celui des libertés. Chez nous, il faut tout cadenasser au risque de voir disparaitre l'argent avec la confiance !

Dans la plupart des cas (surement pour éviter la tentation du touriste français !), les self sont des distributeurs à casiers réfrigérés avec paiement par carte bleue. Franchement, nous trouvons que c'est un sacré service rendu que de mettre à disposition des produits de qualité...

... et c'est là que nous découvrons ce qui est en même temps un paradoxe et une grande force de ce pays.

Un pays plein de contrastes

Alors, on pourrait se dire où est l'humain là-dedans ? Oui... dans son champs ok ! Mais mine de rien, cela permet la délivrance d'un service dans des endroits oubliés, reculés. Cela permet à celui qui rentre tard de son boulot d'accéder à un produit de qualité. Et nous avons trouvé que dans ce pays, ce modèle a été appliqué à beaucoup de choses et qu'il y a moins d'oubliés que chez nous.

Les transports en sont l'illustration flagrante. Le train fait le tour du pays (et pas seulement des trajets vers la capitale) avec pleins de trajet de traverses alors que c'est un pays plein de montagnes. Là où le train ne va pas, le bus y va. Là où le bus ne va pas, le taxi y va et là où le taxi ne va pas, le téléphérique s'y rend et parfois-même, il est automatique 24/7... Rappelez-vous cette vallée de moraines qui défoncent la route tous les ans et pourtant, le bus y passe, il y a des arrêts en plein milieu et s'il ne passe pas, des numéros de taxis sont à disposition sur les poteaux de bus. Dire qu'en France, traverser de Poitiers à Lyon, tout droit sans montagne relève de Koh-Lanta ! On pourrait offrir comme devise à la Suisse "pour éviter l'enfermement, crée le déplacement !", belle philosophie qui facilite la vie de tout le monde.

Il en est de même pour les réseaux téléphoniques et internet. Il y en a quasiment partout, jusque dans les endroits les plus reculés et vous vous en êtes rendus compte avec la régularité de nos publications. Par contre...

... que ce soit les transports, le téléphone, internet... c'est la Suisse, et donc, tout se paye ! Avoir accès au Wifi dans un restau, un refuge... c'est très très peu répandu car chacun a son super forfait à lui, dans un mélange savant de chacun pour sa pomme. T'as les moyens, tu peux... tu ne les as pas... retour à la case départ ! Et cela interroge, ce pays n'est-il accessible qu'à ceux qui en ont les moyens ? Qu'en est-il des populations moins dotées... existent-elles, d'ailleurs puisque nous ne les avons pas vraiment rencontrées ? Tu peux monter à pieds, ce qui est accessible à tous, mais tu ne peux pas bivouaquer comme tu veux, puisque c'est interdit et il faut forcément payer une blinde pour avoir des hébergements. Cela nous semble une limite d'accès à une nature magnifique et nous avons d'ailleurs croisé pas mal de personnes qui marchent à la journée et rentrent chez eux...

Autre caractéristique et non des moindres de ce pays, est de réaliser à quel point il est multiculturaliste. Cela nous a beaucoup questionné aussi... au gré de son histoire et des mouvements de frontières, la Suisse a su créer une magnifique marmelade entre ceux qui parlent français, allemands et italiens. Et ce n'est pas toujours à l'endroit qu'on pense que l'on parle la langue que l'on imaginait ! Tout cela parait simple comme ça sur le papier, mais imaginez dans votre boulot, ou à la maison, dans les commerces, ou au cinoche si tout le monde parle 3 langues différentes... Et pourtant ! Et pourtant ça marche dans ce pays, ça parle, ça travaille, ça communique... tout cela ne se fait pas sans heurts, sans confrontations, sans désaccords et sans a priori. Chaque "communauté" trouvant l'autre trop rigoureuse et consciencieuse, ou au contraire trop insouciante, reprochant à l'autre de ne pas avoir sa propre qualité. On se croirait en Belgique entre wallons et flamands ! Mais pourtant, ils vivent ensemble et ont fait de leurs différences une sacrée complémentarité qui en fait un grand pays mondial !

Et pour finir en beauté, merci de toutes vos dédicaces. Si vous n'avez pu le faire, il est encore temps ! 😉

C'est vous qui en parlez le mieux !!!

Quelle chance de faire partie de vos « visiteurs » de votre carnet de voyage depuis des années. Ce que je cherche depuis toujours c’est m’évader, m’ouvrir aux autres, m’enrichir de chaque rencontre, plutôt à la montagne (ça reste mon lieu de vie que je vise depuis longtemps) mais j’aime aussi découvrir les villes « autrement », les îles…bref, vos voyages sont tellement bien narrés qu’ils me permettent d’arpenter la montagne par procuration (sans le poids des sacs, le froid et les douleurs). Continuez à nous faire partager votre passion, à nous évader chaque mois de septembre …à très vite pour suivre ma série préférée, ne changez rien !

Valérie (qui ne sait pas faire les selfies… et qui déteste ça)

Le dernier jour de rando

Je veux le passer en mémo

A souffrir comme un bourricot

Le dernier jour de rando

Je veux me rappeler la météo

Et te dire qu'il n'y a rien de plus beau

Philippe

Nous avons marché, vibré et voyagé à travers vous. Merci pour ces magnifiques moments partagés. Ces moments d'évasion, de liberté et de poésie. Continuez à nous surprendre et à nous faire rêver. Nous terminerons par cette citation : "L'unique moyen de savoir jusqu'où l'on peut aller c'est de se mettre en route et de marcher" Henri Bergson

Vous vouliez un selfie le voici. Nous vous conseillons également un breuvage très efficace pour les années à venir !!!...

Super les 2 marmottes. Elles ont une solution pour tout. 🥰

Annick & Michel

Quel périple vous avez réalisé ! de sacrées étapes ! Je vous admire ! Ci-joint une photo prise lors de nos "petits" 4 jours dans le massif du Néouvielle, ce mois d'août. Nous sommes rentrés de notre "Camino Primitivo" Oviedo-Santiago, plus tôt que prévu car pour moi, sciatique ! Donc repos depuis...sinon, très beaux chemins, belles régions que sont les Asturies et la Galice ! Patrimoine très riche à tous points de vue ! En attendant de vous lire, toutes mes amitiés.

Francine et Serge

Francine et moi tenons à vous féliciter pour votre parcours magnifique sur la Via Alpina. En plus de la performance sportive, vous avez ajouté dans vos reportages une touche culturelle et un intérêt pour les populations côtoyées très intéressant. Durant notre périple sur le Camino Promitivo, nous avons régulièrement suivi vos aventures parfois très fraîches en altitude !!

Bon courage pour la reprise.

Serge et Francine, qui écrivent chacun... ensemble. C'est beau non ? Bravo pour votre périple sur le Camino Primitivo et au plaisir de nous retrouver tous ensemble.

Bonjour vous deux !!!

Merci pour ce voyage !!! J'adore les carnets de voyages à la TV mais les vôtres sont terribles !!!

Trop triste quand on vous voit à la gare d'Angoulême.

Merci et vivement votre prochain départ !!!

Bises à vous deux

David

Il parait que « le bonheur n’est pas au sommet de la montagne mais dans la façon de la gravir ». Je trouve que cette phrase sied à merveille à votre périple, à ces rencontres, aux magnifiques paysages traversés et à ces souvenirs que vous garderez à vie.

Merci de ce partage.

Marie-Laurence

Salut les randonneurs !

On espère que vous êtes bien rentrés et que la reprise n’est pas trop rude après cette magnifique traversée. Merci du partage de vos étapes ainsi que de votre blog qui nous ont bien intéressés, ayant plusieurs traversées à faire sur notre wishlist, dont les Pyrénées… Sympa l’idée du selfie pour votre album photo, en voici un pris où nous avons posé la tente au pied du Chrachenhorn (on s’exerce encore pour la prononciation de son nom 😂), frisquet mais splendide.

Nous avons eu du plaisir à vous rencontrer sur l’Alpe lors de notre trek sur le Walserweg, espérant ne pas avoir trop raccourci votre petite sieste !

Si d’aventure vous passez du côté de Lausanne, n’hésitez pas à nous faire signe !

Bel automne à vous deux, amicalement.

Daniel et Marianne

Coucou Amanda et FX,

Merci pour vos récits quotidiens !

C'était tellement sympa de pouvoir vous suivre dans les montagnes, découvrir des paysages magnifiques, vos rencontres !

Hâte d'être à l'année prochaine !!

Bises

Killian et Linda


Ben voilà un périple qui apporte comme toujours ses leçons. Vous êtes fous mais d'une folie qu'il est important de cultiver autant que vous le pourrez. Au delà de ce petit commentaire, je suis subjugué par le vocabulaire, j'ai bien ri, en découvrant des expressions concernant un sujet pourtant bien sérieux qu'est celui de la scatologie.

Continuez autant que vos forces vous le permettront. Un grand regret dans tout ça est de ne pas avoir été disponible lors de votre passage à Strasbourg. On se contentera donc de photos d'Amanda et de toi..... Dommage.

Mais la Suisse est grande, pourquoi pas les alpes autrichiennes.....bref un autre périple avec un passage à Strasbourg ou même sans périple !!! Nous vous embrassons et... BRAVO tant pour les efforts physiques que pour les textes.

Jean

Benoit nous a chargé de choisir parmi quelques photos envoyées celle qui nous plaisait... voilà notre choix camarade ! Nous avons converti ce garçon aux joies de la randonnée et ça y est... il est mordu. Au plaisir de treks ensemble !

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Salut les aventuriers de l’extrême. On a suivi vos aventures même si nous n'avons pas posté de commentaires et comme pour les fois précédentes, nous sommes impressionnés. Par la beauté de ce que vous avez vu et par cette capacité à en baver sans ce confort petit bourgeois qui nous est si cher. Bon courage pour la reprise, c'est pas ce qui est le plus facile. Bises. Rodolphe et Christelle

Je voulais vous remercier de m'avoir (encore une fois) fait rêver. Des paysages grandioses, de belles rencontres. Vos récits, avec cette pointe d'humour caractéristique, vos coups de cœur, vos coups de gueule aussi (sur la bêtise humaine). Bref, continuez ainsi, j'adore. Hervé

Toujours le même plaisir a vous regarder traverser ces paysages familiers, et pourtant a chaque fois nouveaux. Vous sentir souffrant et exultant et curieux, et ouverts a toutes les surprises et rencontres le long du chemin.J'ai eu la grande chance de partager avec vous quelques petites mais belles aventures, et j'ai d'autant plus plaisir a retrouver votre enthousiasme malgré le temps qui passe. Et voici quelques moments forts dans ma nouvelle vie de contemplation. Maria