À propos

Couple qui baguenaude dans les montagnes et sur les sentiers... GR10, GR11, GTA-GR5, GTJ-GR509, HRP, chemin de St Guilhem, Chemin des Bonhommes-GR107, Cami del Ultim Catar, Sentier cathare, GR7, Via Alpina...
Les Via Alpina sont des sentiers de randonnée européens qui traversent les Alpes en faisant fi des frontières (le tracé rouge franchit 44 fois des frontières).
Août 2021
4 semaines
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Ça commence toujours comme ça : "on fait quoi cet été ?" Les idées fusent, on fait des choix et... on prépare tout à l'arrache au dernier moment !

On a hésité à aller se mettre les doigts de pieds en éventail sur une plage de sable dorée mais... naaaaan c'est pas notre truc !

On a hésité à tenter un nouveau parcours pyrénéen avec nos amis Tof & Milie mais ils sont en pleine construction de nid douillet (courage à vous les loulous !).

On a hésité à enchainer des séries de sommets de plus de 3000 mais... on garde ça pour nos vieux jours !

On a hésité à repartir dans des îles, genre Majorque ou Minorque mais les transports en avion étaient trop incertains.

Et puis en regardant le tracé de notre GR5 entre Menton et le Lac Leman (2015 ?), on a découvert des petits pointillés sur les cartes... la Via Alpina !

Tantôt rouge, verte ou bleue, la Via Alpina traverse les Alpes au-delà des frontières au cœur de l'Europe. La plus longue, la rouge traverse entre Monaco et la Slovénie pas moins de 44 fois les frontières en plus de 160 étapes. Bon comme notre patron ne nous a accordé que 4 semaines... on va devoir faire des choix !

Nous décidons donc de partir de Le Buet, entre Chamonix et Vallorcine à la rencontre de la ViaAlpina Rouge, de la suivre vers le sud jusqu'à ValCenis, de prendre de Chemin d'Hannibal pour rejoindre la ViaAlpina Bleue jusqu'à Chiappera puis de reprendre la Rouge jusqu'au Col de Tende, puis de prendre le GR52A surement pour un finish estimé à Tende. Et plus si on a la patate... on peut rejoindre Monaco...


En attendant, on prépare les itinéraires, on repère sur les sites, sur les photos satellites, on cherche les coins de bivouac, les refuges, les épiceries et leurs horaires d'ouverture et on capitalise tout dans ce que nous avons baptisé un "WalkBook". C'est beaucoup de travail, c'est long et fastidieux mais c'est une préparation utile pour poser une base et estimer les durées et le nombre de jours nécessaires

Après ça, il ne reste plus qu'à rassembler ses petites affaires (rassembler est vraiment le mot juste !). Et faire chaque année la même tentative de réduction du poids, et chaque année le même constat de l'échec de la dite tentative !

Vous êtes prêts ? Allez hop... l'aventure commence...

Il faut bien commencer quelque part. Comme d'habitude, pour aller d'Ouest en Est et inversement, il faut passer par... Paris !

Même notre bon Lucien dort sur sa gare à c't'heure !
Les montagnes commencent a joliment dessiner les contours de nos vacances !

Lever 5h... histoire de s'habituer et c'est parti pour un enchainement de correspondances et les inquiétudes de la facilité du déplacement en train en période sanitaire. D'ailleurs cette année notre sac s'est alourdi d'un "kit Covid" avec masques, gants (obligatoires dans certains refuges) et des litres de gel (si on n'a plus de Génépi !...). Après une si longue période d'enfermements et de restrictions, train et métro sont à eux seuls déjà, de sacrées aventures ! Mais franchement, avouons-le, nous n'avons eu aucun problème et comme disait Hannibal Smith... "j'adore quand un plan se déroule sans accrocs !"

Nous profitons de la longue correspondance de St Gervais pour une sieste au parc thermal et franchement, c'est grand bonheur ! Au moment de partir, le TER est envahi par les ados d'une colo totalement au bout de leur vie d'avoir couru pour ne pas le rater ! 2 sont au bord du malaise parce que bien sur... ils n'ont pas d'eau et c'est nous qui leur en filons !

Arrivée avec le joli train rouge et blanc à Le Buet, dans un superbe camping de randonneurs hyper tranquille.

Nous sommes sur le parcours du Tour du Mont Blanc, une des plus célèbres randos du monde, bondée d'étrangers qui doivent la faire "une fois dans leur vie". C'est marrant, ça reluque le matos des uns et des autres, ça questionne sur la qualité, la résistance... normalement dans ce camping, c'est leur dernier soir ! Alors ça boit des coups et ça mange de la pizza cuite au feu de bois dans un magnifique Airstream vintage. Ici c'est cool, propre, adapté aux randonneurs avec des gérants aimables et serviables. Nous passons une excellente soirée avec Fabien le normand et 2 charmantes belges.

Aaaah la montagne, ses petits campings, l'isolement, la tranquillité et la solitude. Nan en vrai... que des marcheurs donc tout le monde au lit à 22h et pas un bruit de la nuit... à part le train bien sur !

15
août

De Le Buet à la Fenêtre d'Arpette

Lever 6h00. Et la première chose qui nous vient à la tête c'est... le vin blanc d'hier soir ! On se prépare et comme tous les débuts de séjour, il faut trouver ses marques et que chaque chose trouve sa place dans le sac. Ça s'affine au fur et à mesure mais FX a été cool en prévoyant une petite étape tranquille de 6h, 1200m de D+ et 1680 de D-.

À ce propos, ceux qui nous suivent de longue date le savent, mais commençons par quelques bases simples. Les D, c'est pour dénivelé, c'est à dire la différence entre deux points d'altitude. Quand on parle de D+ et de D-, c'est donc le dénivelé cumulé sur la journée, D+ en montée, D- en descente. Bref sur une journée c'est tout ce que tu as monté et tout ce que tu as descendu.

Autre précision, en montagne on parle plus souvent en temps de marche qu'en km, du fait justement des dénivelés. En général, un marcheur moyen fait du 300mD+ et 400mD- par heure. Si vraiment vous êtes obnubilés par les km, faites comme les traileurs, ajoutez à vos km parcourus, 1km par 100m de dénivelé, et vous approchez de la vérité de la douleur musculaire !

Toutes les données techniques que nous fournissons viennent de la montre GPS (pensées pour Thomas et Fanny). Pour info les temps sont pris au départ de nous deux et à l'arrivée du dernier. Nous mettons en pause pour... les arrêts longs ! Donc les temps indiqués sont des temps effectifs d'effort. Fin de la parenthèse technique.


Pour se mettre en jambe le chemin commence directement dans le dur avec une bonne petite pente bien raide. On est direct dans le bain, le sentier est super mignon, hyper bucolique. Il monte tranquillement dans les bois et nous permet de découvrir petit à petit les fleurs et les odeurs de la montagne qui nous manquaient tant.


Comme un appel vers la montagne...
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Lorsque nous arrivons sur le plateau, les clarines nous accueillent... nos premières vaches des montagnes. Ça nous manquait ! L'arrivée au Col de la Balme marque normalement la fin de cette étape... en 3h au lieu de 6... bon, "erreur de la banque en votre faveur" !

Le refuge bondé nous fait réaliser ce qu'est réellement le TMB, une autoroute hétéroclite, chatoyante où des gens de tous horizons, plus ou moins bien équipés se croisent, se rencontrent parfois, en tous cas vivent cette traversée mythique et renommée...

Ce refuge marque aussi notre entrée en Suisse. Alors mettez vous dans l'ambiance et essayez d'imaginer cet accent qui chante et monte systématiquement ses intonations dans les fins de phrases. C'est sûûûûr🎵🎶. Alors nous... on adore !

Nous enfilons un sandwich royal avant de repartir pour une marche le long d'un balcon et nous croisons régulièrement des marcheurs du TMB aux accents qui manifestent les origines multiples de ceux qui parcourent ce chemin.

Nous contournons un piton et d'un seul coup, le paysage change complètement nous offrant la vue sur plusieurs glaciers et la petite Cabane des Grands. Nous sommes accueillis par des bénévoles qui se relaient toutes les semaines pour tenir ce petit refuge et nous font découvrir le breuvage local, une limonade à base de petit lait ! Super bon !

On nous raconte ici la vie du Glacier des Grands qui était avant d'un seul tenant (et le avant c'était il y a moins de 10 ans) et qui est maintenant coupé en deux par une barre rocheuse, signe alarmant des dégâts du réchauffement climatique.

La descente est magnifique avec un chemin aménagé en dallage jusqu'au Chalet du Glacier où nous nous délectons d'une magnifique glace fabriquée dans le canton juste en-dessous, avant de repartir pour la fameuse Fenêtre d'Arpette, annoncée comme une sacrée épreuve !


C'est une sacrée grimpette qui part de 1700m et vous amène à 2665m. Au début petit sentier marqué, puis au milieu des blocs de pierre et les 50 derniers mètres sont vraiment dans la gravière. Il faut vraiment aller de bloc en bloc. Le palpitant est à fond, les poumons n'arrivent plus à suivre et les cuisses en feu imposent des arrêts tous les 10m. Donc là, on vous le dit tout net, franchement on en a chié vraiment vraiment comme des ronds de chapeaux ! Pour une première journée c'était quand même ambitieux. Il nous aura fallu plus de 3h pour passer cette fameuse fenêtre depuis laquelle nous admirons tout de même le Glacier de Trient dans le bruit assourdissant des torrents de fonte.

Le passage de l'autre côté est une délivrance pour les cuisses comme pour les oreilles ! C'est un calme absolu, au point de croire un instant que nous avons perdu l'audition ! Plus un bruit ! Bon par contre, il est 20h et nous réalisons en voyant l'autre côté que rien ne ressemble ni de près ni de loin à un quelconque emplacement de bivouac. Dans ces cas là une seule solution... continuer à marcher jusqu'à trouver ! Nos jambes n'en peuvent plus, nos pieds accrochent, la nuit s'approche... il faut donc être très vigilant, accepter de lâcher ses bâtons pour s'appuyer sur les gros blocs... c'est vraiment dur ! Et on croise dans le quasi noir... un mec qui grimpe... "pas de problème, j'ai une frontale !". Plus fou que nous !...

Nous continuons notre descente, totalement exténués, à la recherche du moindre petit replat. Que nous finissons par découvrir à... 21h30 ! Montage de camp dans la pénombre, on se force à se laver dans un froid glacial avec un fond de bouteille, puis à manger une soupe de vermicelles. Pas de chichis. Amanda s'étonne de voir parfois "comme des flashs", mais on est tellement cuits que l'on s'endort sans se poser de questions. Alors pour toutes celles et ceux qui ont des problèmes d'insomnie, on a la solution... la Fenêtre d'Arpette !

Les roches sont de véritables artistes !
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Pendant ce temps... le vent souffle sacrément, amenant les nuages et...

...il est minuit 1/2, Amanda réveille la tente en voyant vraiment des flashs !


Nous connectons un téléphone et regardons la météo et les impacts foudre (ce que nous aurions du faire beaucoup bien plus tôt, mais la fatigue fait perdre de la lucidité !) pour constater que le spectacle est prévu sur nos tronches dans 30 minutes ! Nous battons le record de pliage de sac, prêts à décaniller et à affronter le déchaînement mais... trop tard, attaque en règle ! Nous vous confirmons les 6mm de pluie annoncés, on pense même à plus. Et les détonations suivent... nous nous mettons en boules au fond de la tente, cherchant à ne former qu'un bloc, à se demander ce qu'on fout là ! Les flashs sont éblouissants et on passe son temps à compter les secondes entre flashs et impacts et franchement, quand le décompte n'est plus que de 2 secondes, on flippe bien ! On tremble sans savoir si c'est de froid ou de peur !

On avait repéré sur la météo que le grand final devait avoir lieu vers 2h du mat' et franchement, 1h en boule dans une tente sous l'orage... c'est long... très long !

Et puis... ça part ailleurs...

Nous nous remettons dans nos sacs de couchage et franchement 2 secondes est aussi le temps qu'il nous a fallu pour nous rendormir tellement on est cuits !

Eh bein, pour un test d'étanchéité de notre nouvelle tente... c'est réussi, pas une goutte à l'intérieur et pourtant c'est tombé sévère !


21.62Km en 9h55. 2130mD+ et 1213mD-

16
août

De la Fenêtre d'Arpette à Bourg St Pierre

Notre bivouac a tenu bon !

On a du mal à se lever de bonne heure ce matin... trop fait la fête cette nuit ! Et pourtant nous sommes aux premières loges du crissement des godillots empressés de passer la fameuse fenêtre. Une autoroute ! Pour les plus téméraires seulement, les autres rejoignant Trient par la voie basse. Et des téméraires... y en a ! À 8h passées, nous attaquons la descente par Arpette et constatons pleins de petits bivouacs possibles mais plutôt loins pour hier soir. Et nous discutons entre campeurs de l'aventure nocturne, plus ou moins bien vécue selon les uns et les autres !

La descente vers Champex longe la bisse (petit canal comme les levadas chères à Maria 😉) sur un chemin tout à fait charmant. Petit ravitaillement en fromage et saucisson et nous descendons non loin d'Orsières pour déguster nos emplettes.

La pluie joue avec nous et empêche une sieste pourtant tant attendue. Donc... nous poursuivons le long d'un torrent pour remonter petit à petit jusqu'à proximité de Liddes. Nous profitons d'un soleil soudainement tonitruant pour faire sécher la tente et enfin s'autoriser... une sieste ! Trop bon !

Nous repartons en jouant avec le torrent, la route et les tunnels que chacun mène à sa façon, parfois s'évitant, parfois se croisant. Nous découvrons quelques pistes de luge qui donnent envie de revenir tester avec de la neige ! Le nombre de magasins de peluches de St Bernard commence à augmenter au m² signe de l'approche imminente du Grand Col éponyme !

En attendant, arrivée tranquille vers 19h dans un camping incroyable, plein de vie, de couleurs, de créativité et d'inventivité. Le gérant est un artiste, et apprécie qu'on y soit sensible. Nous sommes heureux de la douche chaude, non seulement car nous payons un peu notre audace d'hier mais surtout car les températures ont sacrément chuté !

Dernier soir en Suisse (et tant mieux parce qu'on a pété 1/3 du budget en 2 jours 😆)... ça se fête. "On est en Suisse ou bien ?", alors... une fondue s'impose ! Ça c'est sûr... on va le payer demain !

25.3km en 6h30. 870mD+ et 1350mD-

17
août

De Bourg St Pierre à St Léonard

FX a longuement digéré sa fondue et le réveil est difficile ! Surtout quand ça caille autant ! Du coup tous les campeurs se retrouvent dans la salle de vie commune. Nous décollons enfin sous les regards interrogateurs des personnes présentes... trois couches de fringue en haut, le bonnet et pourtant... en short quand même !

C'est parti et ça monte en continu mais progressivement avec un petit coup de collier de temps en temps. Nous sommes sur le passage historique de Napoléon et des troupes françaises... donc plusieurs plaques rappels son passage ou son arrêt... Les villages sont superbes et gardent traces des vieux chalets greniers. Et il faut avouer que les brumes ajoutent une ambiance toute particulière.

Depuis Orsières, nous sommes sur les traces de la Via Francigena, une petite rando de Canterbury à Rome... 3 fois rien !

Nous grimpons jusqu'à la retenue d'eau des Toules où une expérience est menée sur une centrale solaire flottante pour mesurer l'efficacité du dit-système. Intéressant !


En chemin nous rencontrons Wanda et Romain qui terminent une bien jolie boucle par les sommets voisins et sont en admiration devant un troupeau de marmottes et leurs marmottons. C'est trognon ces petits machins qui galopent dans tous les sens.



Et c'est un plaisir total de s'arrêter pour discuter avec ce couple atypique de nos aventures respectives, de nos matériels et des paysages, de la vie... Née en Afrique, un bout de vie aux States, une terre d'accueil en Suisse, Wanda s'installe avec Romain côté français en gardant la quiétude de sa Suisse bien aimée à portée de voiture ! Nous passons un long moment ensemble à discuter du plaisir de la marche, des bivouacs et de la montagne. Alors si vous nous lisez les amis, c'est plus loin et plus plat mais on vous accueillera en Charente avec plaisir !

Par l'ancien chemin muletier, nous parvenons au Col du Grand St Bernard, notre sommet du jour, qui marque l'entrée en Italie. Nous voulions visiter l'élevage des fameux chiens mais l'envahissante présence de peluches de tailles quasi proches de l'original, nous a plutôt poussé vers la visite de l'hospice, le colossal bas relief en marbre en l'hommage du général Desaix, le trésor de l'hospice (une collection magnifique de bréviaires, ciboires, patelles, calices et chasubles... et une occasion rêvée de placer tous ces mots !) et de l'église, une merveille de marbres noirs et de sculptures cachées dans cet austère bâtiment qui ressemble plus à une caserne qu'à un lieu de culte. Vit ici une petite congrégation de 5 personnes dont une oblate (encore une occasion d'ouvrir son dico !), qui suivent la règle de St Augustin.

Nous sommes à la recherche de baume ou crème pour soulager nos petits muscles et l'hospitalité légendaire du lieu fait merveille ; offrande nous est faite d'une bouteille de lotion d'Arnica des montagnes "concoctée par une dame du coin". Ça fait un peu ricard des montagnes mais la composition alcool/camphre/arnica nous rassure sur son usage et nous interdit strictement de l'essayer à l'apéro !

Nous connaissions ce col car nous y étions passés lors de notre grand BikeTrip autour des Alpes étrangères partant d'Annecy jusqu'à Salzbourg à l'aller et retour par l'Italie et les Dolomites. Un superbe voyage en moto avec quelques passages bien piqués comme le Grossglockner autrichien. Nous vous éviterons les photos du lieu... ultra touristique, les motos bombardent dans les tournants virevoltants puis face au vent glacial qui attend les voyageurs au sommet, tout le monde se prend en photo devant la statue de St Bernard, puis se réfugie dans les auberges (si GreenPass, le fameux pass Covid)... ou se casse, non sans avoir acheté du Génépi, de la Grappa ou... un chien en peluche !

Après séchage de tente en plein vent, nous entamons une longue descente vers St Rhémy en Bosses où nous découvrons l'histoire des Soldats de Neige et... le fameux Jambon de Bosses AOP et nous comptons bien y goûter !


La descente était longue et usante, et nous commençons à réfléchir à notre pause du jour, pour éviter les aventures nocturnes et avoir un peu de temps pour s'occuper de nos douleurs ! Nous nous attardons dans un troquet et discutons avec la Mama, très fière de notre intérêt pour les œuvres d'un sculpteur local.

En terrasse, la vision d'un tshirt finisher du Marathon de Paris 2019 (celui que nous avons fait !) permet d'engager la conversation. On cherche un bivouac et tout le monde veut nous envoyer au camping à l'opposé. Nous nous laissons convaincre, entamons la descente et décidons de nous installer... en plein milieu du chemin, à l'abri des regards mais sous le village. Le retentissement des cloches toutes les 15 minutes nous effraie un instant mais c'est décidé, ce soir c'est ici !

On se prépare un bon miam de type soupe au thym et riz poêlé au gras de jambon de Bosses... une tuerie (ici, ils le mangent en fines tranches à l'apéro, si, si... le gras, qui a ce gout noiseté proche des cochons noirs de mon ami Xavier).

L'eau coule juste à côté dans un canal, parfait pour la toilette et enfin, propres (on peut aussi le lire "enfin propres" !), nous osons nous frictionner avec la fameuse lotion dont nous redoutions l'aspect huileux et ses conséquences sur nos sacs de couchage. Il n'en est rien. On dirait une eau de Cologne et c'est très agréable. On vous dira pote l'efficacité...

Comment ça un VTT ne peut pas passer ? Et alors ? Pourquoi un VTT passerait à cette heure d'abord, hein ? Bon on a quand même mis les bâtons en croix 10m avant et après au cas où (😉 pour Wanda qui aime bien rouler de nuit à la frontale !).


22.74km. 7h12. 1400mD+ 1180mD-

18
août

De St Léonard à Avise

On était au top dans notre petit chemin, pas un bédouin. Lever 6h, pliage tranquille et ce matin pas un pet d'humidité, on va gagner du temps à midi et pouvoir faire autre chose. Un écureuil vient juste vérifier qu'on ne compte pas s'installer !

Nous remontons dans le village pour en apprendre plus sur l'importance historique de la Via Francigena et de la vallée d'Aoste. Et c'est parti pour monter au Col Citrin, en haut à droite derrière le vitrail de St Bernard.

Notre marathonien nous avait prévenu... abrupt au départ puis chemin qui monte sans quasi replat jusqu'au Col, d'abord en forêt puis au milieu des pâturages. On adore, c'est magnifique. Dommage qu'il n'y ait pas eu d'enfouissement des lignes HT... ça serait divin ! En cours de route, micro détour par la Source de Citrin, eau minérale ferrugineuse, chère à Bourvil. En gros de l'eau goût de rouille qui pique ! On espère que l'excès de consommation n'a pas d'effets trop indésirables car on s'est gavés ! (bon, son médecin a dit à Amanda qu'elle manquait de fer !).

Nous découvrons au sommet la magnifique vallée de Jovençan, verdoyante et les clarines au loin signalent que les troupeaux y broutent en toute quiétude.

Bon ok, on aime la montagne, la solitude et les grands espaces, mais on aime aussi découvrir les gens, les cultures et... manger les produits régionaux ! Lors de la prépa, nous avions repéré au bas de cette vallée, une de ces petites auberges de montagne au bout de rien, à ne rater sous aucun prétexte ! Dans l'ancienne ferme familiale, l'auberge Lo Grand Baou est un lieu incontournable, où toute la vallée semble se presser pour déguster la meilleure polenta du coin ! C'est dingue, c'est perdu au bout d'un chemin de cailloux et ça arrive de partout, à pieds, en voiture, à vélo, à moto... et toutes les tables sont réservées !

"Vous n'aviez pas réservé ?" Devant nos mines dépitées et notre green pass (ouh pinaiz vive le moultipass !), on nous dégote une petite table à l'intérieur et franchement vue la chaleur dehors, on se régale de ce petit musée rural et du contenu de nos assiettes.

Nous sommes comme des coqs en pâte, hyper bien accompagnés par Joëlle, une serveuse adorable, qui, malgré la foule et l'agitation, nous explique tout dans un français impeccable, nous permet de brancher téléphones et batterie... une fille adorable ! Nous nous délectons autant des détails de la pièce que de nos assiettes allant jusqu'à demander à nos voisins de table des explications sur les plats qui passent devant nous... et c'est dingue comment ils mangent tous ces gens ! Ce ne sont pas des assiettes de charcuterie mais des plateaux avec des boudins, des saucissons et des salamis entiers, de fines tranches de gras de jambon avec des boules de fromage épicé. Et ils mangent tout... et c'était juste les antipasti ! Nous on verse la moitié de notre polenta dans notre petite boîte et on en aura pour 2 jours et eux ils s'enfilent tout !

Comme on a été malins, quand Joëlle a annoncé 20 minutes d'attente pour la préparation du plat, nous en avons profité pour sauter dans la rivière voisine nous laver et faire une lessive ! Du coup, on est tout propre pour manger et, après une rasade du célèbre Génépi blanc (divin !), on quitte enfin le lieu et on récupère notre linge qui séchait avec les nappes du restaurant avant de partir un peu plus loin digérer notre festin.

C'est ensuite parti pour une descente sans fin en suivant la piste d'arrivée à l'auberge, puis le Col de Joux, puis Vens, Cerellaz, Avise... tout en descente... les pieds en feu ! Mais alors, que les villages sont beaux avec les toits de lauze, les rues pavées, les jardins étriqués mais impeccables.

Pour se rafraîchir les pieds avant de se mettre en quête d'un lieu de bivouac (compliqué à l'approche d'une autoroute de vallée !), nous nous arrêtons à l'auberge du village et holà qui voilà... Joëlle, notre serveuse de ce midi ! "Le monde est petit", nous dit-elle, "mais vous y êtes plus rapide que nous" lui répond-t-on... "mais vous êtes à pieds !" rétorque-t-elle !

Elle comprend que nous sommes en galère pour bivouaquer et nous autorise un petit carré de verdure dans un coin discret. Nous promettons un montage dans le noir et une disparition au petit matin car "il y a ici une policière peu commode !" parait-il ! Merci 1000 fois Joëlle ! Au passage, on vous le dit, la salle du donjon du château aménagée en restaurant est une pure merveille. La cheminée géante transformée en bar, le meuble à vin gigantesque, le chaudron sur pivot... tout y est impressionnant.

24.28km. 7h40. 1212mD+. 1893mD-

19
août

D'Avise à Arp Vieille

Comme promis à Joëlle, le ⏰ sonna à 5h et en moins de 40 minutes, on était sur la route (🎵🎶🎼toute la sainte journée... encore et bien sûr !). Il fait nuit et comme dans presque tous les villages et villes, le balisage est un vrai problème. D'ailleurs sur les réseaux sociaux tout le monde déplore que ce tronçon et son descriptif sont de l'ordre du n'importe quoi, sans compter sur la trace GPX qui a du être faite par un parapentiste ! Nous aurions dû mieux regarder la veille au soir mais la fatigue a été la plus forte !

Bref nous perdons près d'une heure à chercher ce put☠💀💩 de chemin, et après avoir suivi le descriptif initial, nous nous retrouvons au même endroit qu'il y a une heure ! Oh scrogneugneu ! Le balisage est totalement fourbe ! Nous n'avons pas les cartes de ce tronçon et c'est vraiment galère.

Nous nous rassérénons dans un snack avec un café et un appfle struddle. Après avoir glané quelques repérages sur la carte d'information voisine et auprès d'un autochtone, nous faisons le choix de passer par la réserve naturelle du Lago Lolair décrit comme "une oasis de nature très suggestive"... euuuuuh que veut dire cette phrase ? Nous pourrions passer en coup de vent mais nous voulons comprendre, donc c'est parti pour la balade autour du lac et franchement c'est superbe, énigmatique et ça prête à la rêverie... on oublie où l'on se trouve, juste on trouve que c'est beau mais... où est le lac ? Nous ne le découvrirons qu'en prenant un peu de hauteur. C'est un lac vert, entouré de joncs et plein de vie. Très contents de notre petit détour. Nous naviguons maintenant à flanc de montagne pour 1000mD+... ça attaque bien les cuissots ça !

En suivant le "Chemin d'Antan", nous traversons pleins de petits hameaux tous plus beaux les uns que les autres, tout en découvrant quelques facettes de la vie rurale montagnarde au travers de jolis panneaux pédagogiques.

Les lauzes de certains toits frisent les 6cm d'épaisseur. Dingue le poids ! Et ça retape pas mal, du coup les maisons anciennes et modernisées se côtoient dans un mélange qui a vraiment de la gueule, le tout avec des petits jardins luxuriants.

A Planaval, un habitant rafraîchit nos cours d'histoire dans un français impeccable : le Val d'Aoste faisait auparavant partie des Duchés de Savoie, donc ici on apprend le français à l'école ! Il nous raconte en toute modestie que "Dieu a d'abord créé Planaval puis s'est assis pour admirer son œuvre et qu'ensuite Il s'est attelé à créer le reste du monde !".

Nous remontons le long d'un petit torrent dont nous connaissons la source... le Barrage de Beauregard.

Je lui avais promis La Clusaz !
Le Chaudron du Diable
Quelle étrange rencontre...


Nous arrivons à Valgrisenche, jolie petite bourgade et c'est décidé, il y a les cartes IGN qui nous manquent au bureau de tabac donc nous attendons son ouverture à 15h. La mémé est un phénomène (au grand dame de sa belle fille qui sert et encaisse les clients !). Elle te vendrait du sable à un chameau. Selon elle, "le Genepi blanc est le meilleur remède pour les randonneurs", bein voyons ! "Les gâteaux TEGOLE, autant prendre la grande boite"... bein tiens !

Nous voila repartis pour une ascension aussi phénoménale qu’époustouflante, non seulement parce que c'est quasi vertical ou parce que le paysage et le vide en bas du chemin sont impressionnants, mais aussi parce que l'ingénierie humaine a fait ici des merveilles en construisant des chemins quasi pavés le long des moraines. Il y a de ci de là des points de départ de voies d'escalade et de via ferrata.

Maintenant que nous avons la précision 1:25 000ème des cartes et tous les circuits de randonnée dessinés dessus, il est beaucoup plus facile d'imaginer notre chemin au travers des variantes et raccourcis.

La journée fut bonne et longue. Nous décidons donc de bivouaquer à côté de Arp Vieille et pour une fois, de nous arrêter tôt car FX a mal au ventre depuis 2 jours. Un peu de répit nous fera du bien. Nous sommes étonnés de découvrir une étrange ribambelle de personnes avec des sacs très lourds à l'assaut de la montagne à cette heure !

Il s'agit d'une communauté de jeunes type aumônerie qui va réparer une cabane et ils montent des sacs de ciment, des blocs de carrelage et tout un tas d'équipements de maçonnerie ! Dingue ! Quand nous leur demandons à quel endroit nous sommes, aucun n'est capable de nous le dire, ce qui nous fait halluciner. Les gars réparent une cabane mais ne savent même pas où !

La grande ferme et les vachers voisins nous confirment le lieu où nous sommes et nous autorisent à bivouaquer dans les prés voisins


Ce soir pendant que homme monter maison, femme faire cueillette ! Nous sommes sur le versant de la montagne qui se rafraîchit très vite et ça caille ! Nous mangeons tout aussi vite pour nous réfugier dans la tente, non sans avoir dégusté nos petits gâteaux avec la confiture de myrtilles faite minute. C'est pas parce qu'on est à la montagne qu'il faut se laisser aller !

À 21h, cela fait plus d'une heure et demi que l'humidité est tombée. Nous nous calfeutrons dans nos sacs à viande puis nos sacs de couchage avec chaussettes, bonnet et c'est extinction des feux... au lit les poules !


26.42km en 8h42. 1903D+, 520D-

20
août

De Arp Vieille à Le Monal


Réveil à 6h30 et c'est tout aussi humide qu'à 19h30. Le froid est bien saisissant et nous multiplions les couches avant de partir pour un périple en haute montagne de toute beauté. Nous visons le Col du Mont, symbole de notre passage en France.

D'abord en corniche, le chemin nous donne une vision sur la vallée de Valgrisenche, sur le barrage et le lac de Beauregard en bas. En haut, nous pouvons admirer un bout de glacier, mais nous constatons aussi les stigmates dans la montagne d'anciennes fermes, d'anciennes casernes, la proximité de la frontière étant le lieu de tous les affrontements.

Apparemment FX a moins mal au ventre puisqu'un couple d'italiens entraperçu à l'horizon lui sert soudain de lièvre objectif ! Rattrapé au dernier baraquement avant le Col frontière, l'homme finit par blaguer avec FX sur une hypothétique idée d'en faire une cantine avec des plats français et italiens. Puis nous repartons avec la ferme intention de se traverser par le milieu le petit névé avant le col ! Bein quoi, trop rigolo de se prendre pour des alpinistes !

Au sommet, des sculptures rappellent que c'est un lieu de passage important, dès Hannibal et donc aussi d'affrontements. Il resterait des fragments de bombes des derniers conflits européens.

En redescendant vers le Refuge de l'Archeboc, nous croisons Pierre, un sacré routard qui prend un plaisir inouï à se faire les sommets à pieds l'été et à ski l'hiver (du haut de ses 66 ans, il a cumulé 55000D+ à ski cet hiver le gaillard !). Nous lui narrons les déboires des gens de l'Ouest pour trouver du bon matos et venir dans les Alpes ! Et ça le fait bien rire ! Pierre nous rappelle notre ami Serge. L'un des Alpes, l'autre des Pyrénées !

Forcément, deux énergumènes avec un tel barda ça attire toujours le passant à petit sac à dos. Alors nous nous arrêtons et nous expliquons notre route. Et ça interpelle les gens qui veulent savoir... "mais 30 jours comme ça, c'est un épreuve de couple aussi non, ça doit bien fritter de temps en temps ?". C'est étonnant cette question et nous avons pris le temps de discuter avec celui qui nous l'a demandé. Bien sûr qu'il y a des moments de tension surtout avec la fatigue. Mais si nous recommençons à chaque fois, c'est qu'on a du trouver des équilibres, non ?


La variété du paysage est assez incroyable. Tantôt totalement minéral, tantôt totalement végétal, tantôt franchement forestier. Nous progressons petit à petit au son des clarines des troupeaux et nous sommes baignés dans des odeurs d'herbe, de musc ou d'encens dont nous n'arrivons pas vraiment à trouver l'origine. Mais c'est hyper agréable. Nous nous laissons voguer sur ce chemin plaisant sous l'imposant glacier que nous contournons de loin. D'ailleurs, dans le village protégé Le Monal où nous avons trouvé un Beaufort à se damner, nous installons notre bivouac sous ce décor de rêve...

23.30km en 7h52. 1187D+ 1497D-

21
août

De Le Monal à Refuge de La Leisse

Lever matin et départ 6h30. Nous avons une grosse journée en perspective car aujourd'hui on va... à la ville ! Et de si bon matin, nous croisons cependant 2 gaillards qui entreprennent l'ascension avec de gros sacs et l'intention de redescendre en... parapente. La journée s'annonce magnifique, ils vont se régaler !

Nous croisons à nouveau de ces petits villages aménagés et joliment décorés, des gorges angoissantes aux marches de géants creusées dans la montagne, des ruisseaux qui font leur chemin en limant les roches... avant d'arriver vers le début de la civilisation urbanistique.


Nous ne vous montrerons pas plus du barrage de Tignes et de sa centrale !...

En passant devant l'un de leurs QG... grosses pensées pour notre chasseur alpin préféré... Christophe ! 

Nous grimpons depuis le barrage jusqu'à Tignes 1800 puis à flanc de montagnes en croisant quelques pistes que nous reconnaissons pour les avoir empruntées en hiver. Et enfin nous voilà en ville ! Nous jurons un peu dans le paysage de touristes mais bon... on s'en fout ! C'est parti pour un grand ravito, un peu de crème pour compléter les frictions à l'arnica. Alors on ne sait pas si c'est efficace cette lotion mais c'est agréable et ça sent très bon !

On approvisionne en fruits, légumes, un bon saucisson, des céréales, et comme d'hab, on laisse tous les emballages, on s'installe à l'arrache pour se faire un saucisse purée tout en confiant notre powerbank au boulanger pour qu'il la recharge !

Tignes... quand on ne regarde pas côté ville !

On ne voulait retenir pour vous que cet aspect de Tignes... sa plus belle facette. Mine de rien, elle fait partie de ces villes qui savent faire vivre leur station y compris l'été, en proposant par exemple une variété de pistes de VTT qui attire jeunes et moins !

En montant, nous découvrons des petits drapeaux oranges tout le long du sentier et nous trouvons les baliseurs bien inspirés de matérialiser ainsi aux VTTistes que celui-ci est réservé aux piétons. Nous découvrons un paysage extraordinaire, totalement minéral, quasi lunaire. C'est incroyable...

Et là nous croisons une petite famille en train de... poser des petits drapeaux oranges ! Ils sont en train de finir le balisage du Trail des Grandes Casses. Les premiers partiront vers 4h demain et vu le parcours, on leur souhaitent bien du plaisir !

Notre couple nous apprend que nous sommes dans le Parc de la Vanoise, que le règlement y est très strict, tout bivouac interdit et que même pour bivouaquer près du refuge... il faut réserver. Ah ! nous v'la bien ! Allez on va tenter le grand sourire au refuge...

Arrivés sur place... "on savait pas M'sieur"... "pour ce soir... pas de problème, trouvez vous une place !" En fait, c'est ça la plus grande difficulté. C'est drôle, chacun a cherché un semblant de plat entre deux rochers au pied de la DZ (Dropping Zone... pour l'hélico) et attend l'heure autorisée pour monter son campement (19h). Et là, top départ du concours de montage de tentes ! Et tout le monde reluque le matos des uns et des autres et tels des camping-caristes, on vient commenter et obtenir des détails techniques. Notre nouvelle tente fait fureur par sa légèreté et son espace de vie. On dirait un showroom de randonneurs ! Nous avons trouvé un petit coin mais un peu pentu...

Nous finissons la journée en beauté avec notre fameuse soupe de pain à l'ail (si si c'est bon !), une belle salade composée et un vin blanc de Savoie... que demande le peuple !?

Pour une journée ravito avec 3h passées en ville, on n'est pas mécontents de notre journée !

30.87km en 9h05. 1616D+ et 1015D-

Interlude floral... attention, il y a un piège !

22
août

De La Leisse à Petit Mont Cenis

Le réveil tinte la clarine à 5h30 et en sortant la tête de la tente, à la vache... ça court déjà ! Ils doivent en être au 20ème km et les mecs discutent tranquille... dingo ! Et nous voyons les luminions monter depuis la vallée... que nous descendons quelques instants plus tard.

Coureurs en approche !

Nous quittons une vallée endormie dont les deux pans se défient dans un combat entre minéral et végétal. C'est de toute beauté et nous constatons le magma de neige et de petits cailloux qui semble créer des ponts sur lesquels nous ne nous risquerions pas, tant l'harmonie semble précaire !

Le tout en encourageant chaque traileur/euse croisé/e et y en a ! Et c'est eux qui nous félicitent de faire le parcours si tôt avec de tels sacs ! On a l'air malin avec nos petits trails en Poitou-Charentes quand on voit ce qu'ils s'enquillent en dénivelés ici !

Petit à petit, nous parvenons dans la vallon du refuge d'Entre Deux Eaux, très prisé grâce aux petites navettes qui le rendent accessible et permettent au choix l'aller, le retour voire... les deux !

En analysant les cartes nous dérivons quelque peu notre itinéraire initial pour nous éviter une descente dans la vallée de Termignon (initialement prévue pour ravitailler mais c'est fait !). Nous entamons donc une interminable descente jusqu'à Lanslebourg-ValCenis. En effet, aujourd'hui l'idée est de quitter la Via Alpina rouge qui continue sur le GR5 que nous connaissons et de bifurquer sur la Via Alpina bleue au niveau du Lac du Mont Cenis. Nous négocions une douche au camping... et que c'est bon, l'eau chaude ! Une glace en ville, jour de braderie et c'est reparti. Eh oui tout ce qui a été descendu doit être remonté. "Par le chemin de la Ramasse, c'est bien !", nous a vanté le gérant du camping.

C'est donc parti pour La Ramasse, une piste de ski d'abord bleue puis "ah oui l'hiver c'est une bien belle rouge !"... voilà, voilà... c'est aussi ce qu'on pensait ! Les nuages tournent depuis un moment avec toute l'apparence d'une pluie en perspective. Tout le monde confirme que non, mais en montagne...

L'arrivée au Col du Mont Cenis est donc marquée par une petite pluie courte et... l'achat de fromage, un magnifique bleu de Bonneval. Le ciel est vraiment noir et nous fait craindre pire donc c'est décidé on pousse au Refuge du Petit Mont Cenis pour bivouaquer à côté et s'abriter si problème. À 20h... nous fêtons notre arrivée au Genépi... normal ! Nous devons l'avouer... on a mal aux pieds et on est contents d'aller se reposer ! Demain... Italie !

35.16km en 9h30. 1597D+, 1951D-

23
août

Du Refuge du Petit Mont Cenis au Refuge Levi Molinari

Ce matin, c'est grasse mat', lever à 7h30 ! Nous prenons le temps de nous doucher avec la jeton acheté hier soir (bon il dure moins que prévu donc il faut aller en acheter un autre en urgence 🤣). Puis aussi et surtout, celui de discuter avec le gardien du refuge, passionné par ses métiers... gardien, photographe, menuisier et coutelier qui "arrange" des Opinel et Mamm à sa façon, et qui a surtout une sacrée connaissance de la montagne ici et ailleurs... de superbes photos de l'Anapurna trônent entre celles du loup et des marmottes !

Le brouillard crée une atmosphère particulière et ne donne pas envie de quitter la chaleur de la salle commune. Et pourtant nous grimpons vers les Lacs Perrin et la vallée de Savigne, avec un joli passage équipé et la vision d'un chamois qui nous passe devant le nez à une vitesse qui nous laisse rêveurs !

Nous sommes là sur les traces d'Hannibal et ses éléphants dont nous essayons d'imaginer le passage et l'ampleur du campement dans un tel endroit. On vous laisse l'imaginer aussi...

Nous faisons un petit détour par le Bivoco Hannibal, structure moderne, ouverte à tous avec 8 places de couchage, électricité et chauffage par solaire et surtout une baie vitrée qui donne une vue incroyable, laissant l'impression d'être en extérieur ! La forme biscornue, lui donne de loin, l'impression d'une grosse pierre posée là. Très chouette construction franco-italienne ! Saurez vous la retrouver dans le paysage ?

Les nuages sont noirs sans être particulièrement menaçants mais on n'aime pas trop quand même... les nuages quand tu es au-dessus, c'est splendide, en-dessous, tu les crains mais dedans... tu te cailles et c'est humide... une alternative s'offre alors à nous, rejoindre la refuge Levi Molinari par le Passo Clapoca directement ou par les Quattro Denti, une ascension en continu à flanc de falaise. Les deux menant dans le nuage de toute façon. Évidemment nous choisirons la montée par le flanc de falaise et, vertigeux... s'abstenir ! Au sommet, nous croisons des champs d'Edelweiss. Sous ce monticule que nous grimpons, un ingénieur a construit des conduits d'accès d'eau colossaux dans la montagne avec en gros un pic et un marteau.

Un peu avant le sommet, alarmés par le nuage noir et le vent glacial, nos corps choisissent de se tromper et de viser un chemin qui descend ! On analyse la carte et nous décidons de continuer dans l'erreur en suivant un tracé de brebis (suivez mes crottes !) en se disant que bien que plus agiles que nous elles ne sont pour autant pas stupides au point de choisir des tracés trop complexes. Pari gagnant en restant sur la courbe de niveau et en rejoignant le sentier par lequel nous aurions dû arriver. Ah la lecture de carte... ça a du bon !

Après une dernière petite frayeur à l'approche du troupeau, lorsque les chiens viennent vers nous tous crocs sortis (pensée pour Benoit qui les a bien sentis dans son mollet lors de sa rando sur le Sentier Cathare !), nous voici au refuge Molinari, un petit havre de paix, avec ruisseau, sculptures en bois et balade pédagogique. Le bivouac est autorisé et gratuit. Nous dinons sur place et c'est un sacré festin (oui on frise la randonnée gastronomique !) en particulier ce succulent mijoté de bœuf carotte au thym et à la lavande. On discute longuement avec le gardien qui nous conseille le chemin du lendemain. Puis nous rejoignons un jeune couple qui s'est installé à côté de notre campement et partageons un grand moment de joie autour du feu. Histoires, rigolade, chocolat et petit gâteaux.

Hou pinaiz, coucher à 23h30... ça va piquer demain !

22.04km en 7h34. 1211D+, 1488D-

24
août

De Levi Molinari à Usseaux

Réveil à 6h, tiens mais où est donc passée la 2ème Crocs™ d'Amanda ? Au milieu du champ ! Un coup du renard aperçu hier soir en train de rôder autour des tentes et de dépouiller la poubelle des voisins ?! Coquin de filou ! Petit déjeuner rapide et c'est parti pour suivre le sentier du Grand Retour des Vaudois, au milieu des chardons géants jusqu'à Salbertrand. Mini ravito suivi d'une sacrée montée. On nous a promis pluie et orage. Au Refugi D. Arlaud, déjeuner extra et bien mérité (une poire au gorgonzola et à la noix, tout fondu... divin !) et des liqueurs (dont une de salade... wahou !). Bon c'est pas tout ça, on doit aussi se manger des dénivelés et un orage ! Au sommet, le ciel est noir, le brouillard épais et la température a chuté. Nous tombons nez à nez avec une colonie de... 4X4 !!! C'est dingue, au plein milieu d'un parc naturel, c'est un troupeau de français, sur le Raid Hannibal, très fiers d'arborer leurs bagnoles à grosses roues, qui ravitaillent au refuge paumé au sommet, où les jeunes gardiens ont bien du mal à effectuer le contrôle des pass et des masques. Normal... des français !

Finalement les 17h sont passées et... pas d'orage ! Bon ça caille, on voit rien et on commence notre redescente en se disant qu'on y a échappé sur la crête et tant mieux ! Quand soudain... non seulement la température est tombée à 13° mais la pluie s'invite... tant que ce n'est que ça... on continue à descendre ! Quand soudain... badam ! Ouuuuh pinaizzz ! Vite on se réfugie dans une bergerie délabrée qui a le mérite d'être tout pile là au bon moment ! Dame Nature entreprend une belle démonstration et on est d'accord... c'est Elle la plus forte ! Malgré le ruissellement des gouttières à travers le toit de vieilles lauzes, nous entreprenons un TeaTime... que faire d'autre !? Quand soudain (mais quel suspense insoutenable...), la grêle qui s'invite et les billes de glace rebondissent jusqu'à l'intérieur de notre refuge. Nous observons par les trous du mur et l'encadrure sans porte... "Anne ma sœur Anne ne vois tu rien venir ? Euh... le soleil qui disparoit et le ciel qui délugeoit ?"

Par chance, du réseau téléphone et donc observation en live des impacts foudre. C'est confirmé, c'est sur nos tronches puis petit à petit, ça semble s'éloigner. Bon... on met nos ponchos de super héros de la montagne et nous voilà repartis sur des chemins transformés en rivières. Quand soudain... badaboummmmmmmmmmmm... deuxième salve... et m..... on est en plein dedans !

Coucou depuis l'intérieur de mon terrier !

Dans ces cas-là on fait comme tout bon crétin lorsque ça boume, on s'assoit, comme si l'impact allait avoir lieu après. Alors que la lumière et le son n'ayant pas la même vitesse, l'impact a déjà eu lieu. Mais bon ça nous laisse croire qu'on a une chance. Compter est toujours intéressant, cela permet quand même d'identifier à quelle distance se situe le monstre. Petit à petit, nous arrivons à descendre dans la vallée et progressons sur un chemin forestier assez rassurant et parvenons à un premier village en mode "batman ruisselant". Ce n'est pas le village visé mais peu importe, on est en bas ! Quelques km sur route et nous voilà dans le magnifique village d'Usseaux. On est crades mais on négocie avec l'auberge du village et 10 minutes plus tard nous sommes à table avec la promesse d'une belle chambre pour la nuit. Le repas est délicieux. Des vrais gnogno des vrais cchicchi, des vrais gnocchi avec les patates cultivées et ramassées au village, des ravioles de basilic, du civet de cerf... bref de quoi remettre sur pattes un couple qui vient de se prendre l'orage. Et la chambre... wahou, tout en bois gratté, un lit immense, une douche gigantesque... du shampooooooooing pour Amanda ! Quelle nuit en perspective. Et... le clocher en face de la fenêtre mais on nous l'a promis... de 23h à 7h... la cloche dort aussi ! Nous avons mis peu de à nous endormir !!!

29.89km en 9h12. 1836D+ et 2249D-

Nous souhaitions aussi rendre un vibrant hommage aux baliseurs de tous ces chemins car sans eux... nous nous perdrions. Il semblerait que l'un d'entre eux se prenne néanmoins pour Jackson Pollock !...

25
août

Interlude pictural

(Dédicaces et pensées pour Geneviève, la sœur de la maman de FX, dont nous venons d'apprendre le décès, un an après sa sœur 😥. Elle aimait les belles choses et les roses blanches. Elle aurait sûrement beaucoup aimé ce village).

Avant de partir pour une nouvelle étape, nous voulions partager avec vous notre visite de ce village incroyable et l'art, très italien, des Murales. Les villages, les murs, les compteurs de gaz, les boites aux lettres... tout est prétexte à servir de support aux artistes... Belle visite à vous !

Par ailleurs aujourd'hui est un jour particulier dans le village : c'est jour de fabrication et cuisson du pain dans le four communal. Les enfants ont participé à des ateliers ce matin et la cuisson sera lancée vers 11h quand le four aura atteint la bonne température. Il y a une certaine effervescence dans le village dans l'attente du grand moment de partage villageois. Mais nous avons suffisamment lézardé, nous avons devant nous une bien belle route qui nous attend. C'est l'inconvénient de la pérégrination, on ne fait que passer...

26
août

De Usseaux à Massello

Tension basse tout d'abord car quand même dormir dans un grand et vrai lit mon dieu que ça fait du bien ! Alors nous flânons dans le magnifique village d'Usseaux dont vous avez pu avoir un aperçu grâce à notre petit interlude pictural.

Nous prenons enfin la route du petit village de Laux, où nous nous égarons volontiers dans les minuscules ruelles pavées au centre desquelles coule un petit ru en escalier. Ici aussi les murs sont couverts de peintures et nous comprenons qu'il en est ainsi dans la plupart des villages environnants. Le Piémont est vraiment de toute beauté, avec ses petits villages en pierres, accrochés au milieu des montagnes. Certains totalement détruits ou abandonnés d'autres encore habités. Et les habitants ont beaucoup de mérite vu, parfois l'état des chemins pour s'y rendre !

Usseaux
Le joli village de Laux


Tension moyenne, vu ce qui se présente : à Laux nous sommes à 1400m d'altitude et nous devons monter à plus de 2700m ! Le chemin est bordé de petites sculptures, parfois directement sur les troncs morts. Et le ciel est de plus en plus menaçant.

Le dernier raidillon est particulièrement sévère et l'arrivée du brouillard au sommet nous rappelle quelque chose... un orage est annoncé vers 15 ou 16h. Nous redescendons dans la Vallée de Pis et sa monumentale cascade et arrivons dans la vallée de Basiglia, sans encombres et sans orage et c'est tant mieux ! Nous continuons jusqu'à Massello, où trône un magnifique hôtel en bord de route, de façon étrange, rdv de beaucoup d'allemands et motards. Allez on fête la fin de journée avec un Génépi et nous invitons 2 allemands à partager notre apéro. Longues discussions sur nos randos et périples motos respectifs et bonne tranche de rigolade principalement en anglais. Ils nous indiquent un bivouac juste sous l'hôtel de l'autre côté de la rivière. Banco !

25.5km en 7h29. 1401D+, 1707D-

27
août

De Massello à Lago Verde

Près d'une rivière, la nuit fut humide et la tente est bien trempée. Départ de bon matin à travers bois. Le chemin est agréable, et nous mène de village en village. Au col, le soleil se dévoile en grand et nous étendons tout le barda pour un grand séchage. Nous croisons Suzy et Oland, qui nous disent nous avoir croisé à Usseaux, nous partageons un long moment, café, raisin et un bout de route. Ils sont sur la GTA et visent comme nous Ghigo de Prali (célèbre pour les jeux d'hiver de Turin 2006). En grimpant le col suivant, nous rencontrons Josh, parti des fins fonds de la Suisse pour faire la GTA. Il en est à sa 6ème semaine de marche et son genou semble le faire souffrir.

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A Ghigo, village de bout de montagne, un peu de ravitaillement, un dernier canon avec nos deux compères avant de se séparer, nous visons le chemin qui grimpe au Lago Verde et eux... le téléphérique qui leur permettra de rejoindre Villanova. Nous cherchons un coin à l'ombre pour dévorer nos emplettes et décidons de pousser jusqu'au camping pour négocier une douche et une machine à laver (au bout de 12 jours... t'as le droit !). Très longue pause donc... pendant que la machine fait son job, nous prenons le temps de rattraper le retard de nos rédactions et d'enfin manger nos victuailles, saucisses carottes... ça change. Ajoutez un temps de séchage colossal et nous voilà repartis vers 16h45 pour une ascension annoncée de 3h30... on est pas rendus !

En chemin nous rencontrons de bien étranges panneaux. D'abord de loin, nous nous disons "ne pas monter en escarpins" puis "attention, vous avez un enfant accroché à la jambe" et en fait c'est juste un risque de submersion... moins drôle !

La montée est particulièrement raide et la dernière heure nous fait ressentir notre fatigue avancée. Quand soudain... non pas un orage... au milieu de la piste, hola qui voilà (non, pas Inspecteur Gadget non plus !), un troupeau de bouquetins avec bambini ! Chance, nous sommes "vent contre" et on reste un moment à les observer. Très dur à photographier !

Le soleil se couche et emporte la chaleur avec lui. Des 26° de l'aprem, nous descendons bien vite à pas beaucoup et nous savons qu'au-dessus de 2500m, nous atteignons la limite de confort de nos équipements ! Nous nous réfugions dans le bivouac installé au-dessus du refuge pour un bon repas plein de crudités ! Pendant ce temps, le groupe de présumés bidasses qui nous avait doublé en trombe, attend la pénombre au son de la trompette avant d'entamer l'ascension nocturne du pic qui nous surplombe. Très sympa petit moment jazzy !

25.81km en 9h31. 2092 D+, 642D-

28
août

De Lago Verde à Refugi W. Jervis

Dur dur ce matin. Le réveil est fixé à 6, on dirait que le thermomètre aussi ! Du coup nous ne nous extirpons du chaud duvet que vers 7h donc... 7° ! La vaisselle et le pliage de la tente nous gèlent le bout des doigts. Pourtant il est beau notre petit bivouac sous le soleil bleu !

Ptitdéj avalé en 4ème vitesse et vite... un café au refuge voisin. C'est branle bas de ptitdéj pour tous ceux qui y ont dormi et Angela, l'hôte, dont un dossard de trail trône au dessus du bureau, galope dans tous les sens pour satisfaire les desiderata des uns et des autres. Ce ne sont pas 2 expressos qui arrivent devant nous mais un véritable petit déjeuner complet pour... 3€ ! Du coup nous discutons longuement du meilleur itinéraire pour aujourd'hui avec une analyse partagée "quitte à être en haut... autant y rester !"

Nous suivons de bien étranges animaux...  

Vous voyez le nuage à gauche ?... tout pile, c'est là qu'on va ! À partir de là... c'est journée blanche ! Et normalement... vous voyez Amanda, ou le Yeti... allez savoir dans cette purée de pois !

Nous croisons d'étranges pierres vertes. Quel oxyde les fait donc ainsi miroiter ? On nous a dit qu'il s'agit de serpentine, utilisée pour des bijoux.

Ensuite nous entamons des parcours moins courus, des sentiers aériens et moins marqués laissant penser que nous sommes les seuls à suivre ce parcours.

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Dommage de ne pas voir le paysage car il parait que c'est vraiment joli. Nous entendons les clarines en essayant d'identifier si vache ou brebis, car brebis = chien !

Arrivés au refuge W. Jervis vers 17h, nous décidons pour une fois de nous arrêter tôt. Nous sommes fatigués, la nuit glaciale n'a pas été réparatrice et cela nous laissera du temps pour acheter du fromage à la ferme voisine (visez un peu le plateau de fromages !), effectuer des petites réparations et autres activités... comme les bouquets de lavande pour les sacs de fringue ! Et la toilette près du feu revigore son bonhomme et réchauffe les pieds sous les embruns du brouillard.

Petite journée ! 12.42km en 5h30. 760D+, 1580D-

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Interlude floral...

28
août

De W. Jervis à Maddalena

"6h00 du mat', tu claques des dents, le réveil sonne" et tu te dis... il a plu toute la nuit, on reste au lit ? Et puis tu te dis que tu ne l'as pas mis pour rien et que de toute façon si tu attends que ça sèche, tu ne te lèveras jamais. Allez zou, on démonte la tente par l'intérieur et on se prépare à affronter l'humidité !

Quand tu ressembles plus à un marin pêcheur qu'à un randonneur !

On petit déjeunera plus tard... c'est parti mon kiki pour une ascension à jeun dans le blanc et l'humide à l'assaut du Col Sellières, d'où nous devrions voir le fameux Mont Viso. Mais pour l'instant... viso rien du tout ! Le Refuge Granero est annoncé à 3h sur les panneaux. Nous grimpons par un chemin de vaches boueux et découvrons le refuge avec étonnement au bout de 2h au détour d'un rocher ! Très beau refuge, et enfin un semblant de ptitdéj !

Quand soudain... un rayon de soleil nous laisse espérer que... rien du tout... continue d'espérer et monte dans le brouillard humide ! Il se fait désirer ce Viso.

Col de Sellières

L'arrivée au Col est un événement. D'abord, nous revoilà en France dans l'un des bouts du Parc Naturel du Queyras et le soleil semble faire tous les efforts du monde pour vaporiser ces nuages. On vous laisse constater l'évolution et découvrir ce qui s'est offert à nous.

Incroyable... notre entrée en France se fait sous un radieux soleil bleu. Et avouons-le, le fameux parc est superbe. Et enfin le Viso se laisse mirer, cette montagne au fond avec son mini glacier. Ici, il y a un refuge toutes les 3h, donc courte halte au Refuge français du Viso où nous partageons un bout de table avec un jeune couple qui s'en va et s'attaque au Col Vallant au pied du Viso.

Nous ne tardons pas à leur emboîter le pas et c'est toujours dans ce genre de cirque, en fond de vallée que plus tu avances et plus tu te dis... "mais par où on passe ?".

Mais où est FX ?

Et 10 minutes après, tu es dans la gravière en train de gravir ce qui te semblait inaccessible. Et ça passe ! Il y a du monde en fait, le jeune couple de tout à l'heure, un binôme à mi-parcours, un autre loin devant et un solide gaillard juste derrière nous qui semble vouloir nous dévorer. Et c'est là que tu te rends compte qu'à la montagne, en rando comme en trail, il y a aussi de l'ego. Mais l'ego, bien canalisé, est un véritable moteur d'une grande puissance lorsqu'il est orienté vers l'effort est non contre les autres. Et là dans ta tête ton ego se met en branle pour fixer des objectifs à tes jambes et tu sens bien que ça va déchirer... FX est dans son élément au milieu des blocs et c'est parti mon kiki... jeune couple en ligne de mire, doublé à mi-pente... le gaillard suit le rythme... binôme 1 en vue... doublé avant le col... le gaillard perd du terrain... binôme 2... ouf rattrapé au Col... et Amanda ?... euuuuh elle arrive, elle arrive ! Au col, grande discussion avec tout ce petit monde. Nous découvrons Marie et Paula, des sacrées nanas qui se font un Tour du Viso en quelques jours de refuge en refuge. Elles ont la pêche, elles sont adorables. Notre gaillard, Frédéric, un flamand qui parle le français quasiment sans accent, nous raconte qu'il effectue la GTA et vise lui aussi la mer. Séance photo collégiale au pied du Viso et tant qu'on y est et vu notre stock, partage de fromage. Un super moment.

Dans la descente... nous faisons une bien belle rencontre.

Nous descendons tous au Refuge Vallante, fin de journée pour Marie, Paula et Frédéric. Nous réalisons que nous n'avons pas mangé ce midi, il est 15h... minestrone, et son parmesan râpé (soupe de légumes fourre tout)... un délice, et on repart en visant Castello puis Maddalena et son camping (l'appel de l'eau chaude !...).

L'arrivée aux abords du camping nous laisse... comment dire... quelle invasion de camping car !!!

Nous entamons la discussion avec Sabina, la gérante, qui nous explique que c'est le dernier WE de vacances pour les italiens et qu'ils en profitent pour s'aérer. "Vous allez à la Trattoria de Pelvo demain ?". FX a en effet repéré qu'il FAUT absolument aller à Chiesa pour déguster les "Raviole de Rita"... Sabina est une perle, qui nous apprend qu'il faut réserver tant il y a de monde, et qui empoigne son téléphone pour négocier notre venue ! Elle est du pays, l'opération est réglée en quelques minutes... merci Sabina !

Nous nous trouvons ensuite le meilleur emplacement du camping, avant d'aller manger... une pizza (enfin !... depuis le temps que nous sommes en Italie !), Sabina espère un démarrage du télésiège pour la mi-décembre, pas avant... ouf !

Histoire d'augmenter le nombre d’occurrences pour ce mot et pour ne pas déroger à la règle, la journée finit sur un Genépi, et quelle dose 🤪 !

Dire qu'en France c'est 2cl le verre !

27.02km en 8h10. 1660D+, 1786 D-

29
août

De Maddalena à Cesani

Aussi incroyable que cela puisse paraître dans un endroit avec autant de monde, à 22h30... plus un bruit... une paix royale que nous avons rompue vers 7h. Inutile de se lever aux aurores, Rita ne nous attend pas avant 12h30 ! La grimpette sur le col nous offre une vue magique, quelques stigmates de gelée nocturne et des pelouses dignes d'une roulade à la Laura Ingalls !

Aujourd'hui nous décidons de couper le fromage. Allez hop... tout droit. Si au début cela s'avère un raccourci... parfois les simagrées du relief nécessitent des contournements qui allongent. Du coup on est pile à l'heure pour les "raviole".

Alors les "raviole"... ce sont en fait des gnocchis, célèbres partout du fait de la qualité et du goût du fromage. Ici, ça vient en premier plat, juste après l'entrée. Donc forcément des boules de fromage/patate/farine au beurre... ça te bourre un randonneur ! Forcément y'en a pour 4 ! Et ensuite arrivent légumes viandes... la petite serveuse comprend notre désarroi et prépare des mini assiettes avec un peu de tout pour goûter... et vive le doggy bag, on sait ce qu'on mange ce soir ! C'est quand même hyper bon, surtout cette viande de cerf au romarin... miam !

Nous nous trouvons ensuite un coin pour faire la sieste et étudier la carte... nous allons zapper Elva qui oblige à un détour inutile. Allez hop c'est reparti pour couper le fromage dans des chemins plus ou moins marqués.

Nous croisons pleins de petits hameaux, parfois déserts, souvent avec une ou deux maisons encore habitées. Nous sommes quasiment tout le temps en pente, pieds et genoux s'en ressentent, mais nous avons de l'énergie et décidons de pousser jusqu'à la limite. Amanda hésite à faire porter son sac par son nouvel ami !

Le soir, nous évitons de poser le camp après 20h car cela signifie ensuite d'avoir tout à faire dans le noir et c'est désagréable de manger à la frontale. Allez on y va au culot, une maison allumée, toc toc c'est nous les français sans gêne... z'auriez pas un coin d'herbe comme... celui là par exemple dans votre jardin ? Passées surprise et angoisse... l'autochtone acquiesce "mais vous partez demain ?"... t'inquiète... tu seras même pas réveillée !

Nous montons la tente dans le coin dédié sous le regard derrière la carreau. Rassurée, la dame finit même par nous proposer une pièce où dormir "parce que moi je déteste la tente" et l'accès à une salle de bain. Nous déclinons la pièce mais vive la toilette à l'eau chaude !

24.17 km en 8h07. 1917 D+, 1928D-

30
août

De Cesani à Viviere

Lever 5h30... on avait promis à nos hôtes de les déranger le moins longtemps possible ! L'objectif du jour est un changement de Via Alpina. En effet la bleue part en France, la rouge en revient, et nous voulons rester en Italie. Parcourir la montagne le matin est toujours un régal, cher à Valchhh, car les couleurs sont tout à fait particulières quand la montagne se réveille discrètement de la nuit frileuse.

Nous sommes résolument sidérés par les hameaux que nous croisons et la vie qui y règne. On l'imagine rude et on a la sensation que le temps s'est arrêté à l'époque de nos arrières grands parents... beaucoup de pâturages, principalement de vaches et les fermes portent les marques de l'élevage et de la fabrication du fromage.

Parfois nous croisons un 4x4 ou un pickup, bien plus légitimes ici que dans les centres villes de nos plates régions, mais ils empruntent cependant les chemins tout en douceur tant c'est chaotique.

Nous visons Acceglio (prononcer Achélio) avec le défi d'arriver à l'heure d'ouverture de la Poste pour enfin nous renvoyer les cartes utilisées, mais il faut avouer que pour l'instant, nous n'avons pas de chance avec cette institution ! Nous galopons donc à travers la montagne et décidons de descendre "en ville" par un chemin indiqué comme "sentier incertain". FX en raffole... Amanda suit, plutôt bien, en bougonnant quand même ! ELLE aime les sentiers marqués, le balisage et les descriptifs des guides. IL adore l'azimut, les grandes herbes et le direct dans l'pentu ! Lorsque les 12 coups de midi sonnent par 3 fois, nous laissant l'espoir que tout est encore possible, imaginant (pour quelle raison ?) que La Poste nous attendait... vous nous auriez vu taper le sprint dans les rues désertes, on aurait cru la Chasse au Trésor ! Tout ça pour arriver essoufflés devant la dite enseigne, rideau de fer baissé, mais sans regrets puisque... c'est fermé le lundi ! On ne s'est pas faits avoir de quelques minutes mais d'un jour entier... donc on repart avec nos kg de cartes que désormais nous sommes convaincus de garder jusqu'au bout !

Nous nous rendons au tabac "fourre tout" du coin, tenu par une italienne née à Paris. "J'ai de tout mais faut demander, y a que moi qui sait !", nous avoue l'hôte des lieux. Allez zou on va... au bar du village pour échanger avec le boss qui, dans un impeccable français ("ma mère m'a obligé à l'apprendre et j'ai de vieux restes"... quels restes !), nous parle de la météo, de la vie dans la vallée, de la neige l'hiver, de notre futur trajet et des difficultés avec l'eau, tantôt captée pour l'électricité tantôt ravageant tout sur son passage quand la fonte des neiges se joint au torrent et fait frémir les habitants.

Une sieste dans les prés s'impose ! Alors en fait, quand on parle de sieste... on fait sécher la tente, on fait la toilette et on prend beaucoup de temps pour partager tous ces moments avec vous et avec... plaisir. Du coup la sieste... c'est souvent 10 minutes !

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Allez hop, c'est sec, on est propres, le ciel noircit... on y go ! Nous grimpons un chemin très agréable, genre muletier, agrémenté de panneaux pédagogiques pour découvrir la faune et flore locales et traversons des villages charmants en pleine réfection et avec, depuis hier, des églises, des chapelles, des oratoires aux murs peints d'une iconographie religieuse variée. On est dans une vallée de randonnée à pieds mais aussi à ski l'hiver. Et tout ici est en bois et lauzes, fleuris, aménagé... c'est vraiment charmant.

On nous a dit que nous mangions bien à Viviere et que l'accueil y est sympathique... ok... c'est là qu'on s'arrête, on assume notre rando gastronomique !

Nous sommes accueillis par un Fabrizio adorable qui nous propose de planter la tente sur... la terrasse et de prendre la douche chez lui ! Ils sont géants ces italiens ! Du coup, pour remercier,... on reste manger... obligé ! 😋😉

Nous échangeons autour des plantes du massif, toutes comestibles et nous faisons de belles découvertes pendant le repas, avec l'herbe de Saint Pierre, mixée dans un feuilleté avec des épinards sauvages (chénopode), de l'ail, de l'ortie... une pure merveille !

On a vraiment du bol car ils sont complets jusqu'à fin septembre ! Et l'hiver, ils organisent des stages de ski avec sauna et jacuzzi... c'est hyper attractif et c'est un lieu où l'on se sent bien.

Une bien belle journée de transition sous un ciel menaçant. On va se coucher repus !

24.55 km en 6h49. 1494D+, 1350D-

31
août

De Viviere à Refugi Migliorero

On ne vous l'a pas assez bien expliqué... le Refuge de Viviere... c'est magique ! Et c'est dur de quitter cet endroit !

Mais comme on nous annonce de la pluie et de l'orage pour 17h, alors pour anticiper et rentabiliser la journée, lever tôt et départ 6h30.

Le soleil se lève à peine et le ciel est déjà un peu chargé. Nous apprécions les petites apparitions du soleil qui nous réchauffent et permettent de faire sécher la tente.

Les lumières sont particulièrement incroyables ce matin.


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Nous sommes au Colle de la Gardetta et on croit comprendre ce que cela veut dire vu le nombre de blockhaus au m² (cherchez bien sur les photos !). Nous sommes dans un environnement totalement minéral et le chemin est un vrai casse pattes. C'est caillouteux, gravillonneux, ça roule, ça glisse, ça tord chevilles et genoux, ça bloque les pointes de bâtons... pfiuuu c'est dur ! C'est lent et pénible pour la marche, mais pour la vue, c'est assez incroyable, les marques sur la roche, les dessins, les couleurs. On sent que c'est un lieu de combats historiques sûrement, mais géologique surtout.

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Et au milieu de cette folie de pierres... un bouquetin, des Edelweiss par bouquets entiers et des marmottes à gavasse. Nous croisons un gars qui monte et nous parle avé un axxxent bien du suuud de ché nous que ça sent la cigale et la lavaaande. "Mais vous êtes français !!!?... eh non, italien, mais ici on parle le provençal !". L'Europe est résolument incroyable et les frontières de simples lignes sur un papier ! Il nous explique l'abondance des Edelweiss du fait du sol calcaire... ça pousserait peut-être en Charente ?!

Le soleil a enfin décidé de se lever et il tape ! Nous galopons jusqu'à Pontebernardo où les 12 coups de midi sonnent à notre approche. "La Poste ? Oui dans l'autre village en bas ! "... oui mais nous on monte... décidément ! Le village est moitié mort, même le bar est fermé ! Allez on s'casse ! Et on monte par une route quasi déserte et franchement le goudron, après les caillasses de ce matin... ça fait presque du bien ! Arrivée vers 13h30 au Refugi Prati de Vallone, une ancienne caserne reconvertie. Une assiette d'antipasti et c'est reparti... pas de sieste aujourd'hui... la menace du ciel flotte au-dessus de nos frêles têtes !

Nous croisons des routes désaffectées où la nature reprend ses droits (découvrant au passage des ballots de laine fraîchement tondue), nous passons les cols les uns après les autres, rencontrant des vallées plus verdoyantes et repoussant les limites... allez encore une vallée, allez ça va pas tomber... encore une ! Il en fallait des roustons pour passer les 2548m du Col de Rostagno avec l'angoisse de se prendre le ciel sur la tête mais nous dévorons les temps indiqués et arrivons au Refugi Migliorero avec surprise mais contentement car nous savons que nous avons parcouru un sacré bout de chemin aujourd'hui. Et sans encombres !

Le refuge est digne du Comte de Dracula et nous installons notre bivouac au loin, profitant de la soirée et d'un charmant feu de bois réconfortant après une telle journée.

31.25km en 9h28. 2274D+, 1919D-

1
sept

De Migliorero à Refugi Malinvern

Comme ils annoncent des orages tous les jours vers 17h... on continue à se lever aux aurores pour maximiser les journées. Et on peut dire qu'aujourd'hui, on a donné ! Lorsque nous partons, les premières lumières s'allument à peine dans le refuge au loin.

Il fait plutôt bon et nous grimpons direct dans la caillasse, parce que nous le matin après le ptit dej, on aime bien se faire un petit pierrier ! La brume est là qui dévoile petit à petit les découpages étranges des reliefs environnants et parmi eux... oh mais dites donc... une montagne avec des cornes ! Nous sommes sous surveillance et à bien y regarder... des deux côtés de la montagne !

Nous descendons vers San Bernolfo et son magnifique Gite du Dahu, où nous passons un long moment à regarder les photos, discuter avec le gardien, étudier les cartes pour prendre des raccourcis qui évitent les dénivelés inutiles.

La théorie du Big Bank !

C'est décidé, nous zappons Vinadio et ses bains chauds pour grimper dans la montagne. Et quelle montagne ! Nous sommes seuls au monde et c'est grandiose !

Après la pause au col pour faire sécher la tente, nous descendons avec angoisse vers un sacré troupeau de brebis. Angoisse car nous avons compté pas moins de 7 chiens. Nous sommes arrêtés au milieu du chemin à étudier comment contourner le problème, quand nous apercevons au loin le berger qui nous fait signe de passer. Nous nous approchons et faisons connaissance avec Michel, ses 1500 brebis et... 14 chiens ! Il est "transhumant" jusqu'à fin octobre et vient dans la vallée italienne avec ses bêtes depuis près de 30 ans, alors les chemins il les connait par cœur ! Nous lui expliquons notre parcours... "vous faites comme vous voulez mais si vous allez à gauche, vous descendez de 300m pour remonter d'autant alors que là vous allez tout droit dans le pentu par n'importe où et de toute façon, y a un chemin en haut !" Aaaaah ça c'est bien... tout droit dans l'pentu !

Un chemin ? Pour quoi faire ?

En fait, c'est principalement ce genre de terrain que nous avons eu aujourd'hui ! On est sur la ligne frontière marquée par le sillon des sentiers militaires clairsemés de blockhaus et de casernes de-ci de-là au milieu de montagnes de cailloux. Certains blockhaus, creusés dans la montagne, sont réellement très profonds et on imagine la vie dans ces endroits. Les pauvres soldats !

D'ailleurs à propos de caserne... vous ne remarquez rien sur l'angle du mur ? Mais si... regardez mieux ! Il est incroyable, non ? Pas farouche et jamais de notre vie on n'a approché un chamois de si près ! On voit les dessins et bosses de ses cornes, ses yeux marrons et noirs... on est hyper contents de cette rencontre silencieuse en totale zénitude !

Nous jonglons avec la frontière et ses champs de barbelés au niveau de la station Isola2000 et du Parc du Mercantour jusqu'au Col de la Lombarde. Là une petite cahute fait office de snack dans un vent glacial. Le ciel est menaçant, certains disent que ça va tomber. Un ancien avec son chapeau tyrolien nous le confirme en sirotant son petit rosé... ça menace mais c'est tout. Alors, à 18h, on décide de s'attaquer aux 2600m du Passo d'Orgials, les lacs du même nom avant d'affronter les 3h annoncées pour arriver au refuge Malinvern.

Nous dévorons le parcours en 2h15, sous un dernier regard de chamois et pour une fois, prenons une petite chambre au refuge pour bénéficier de la douche et d'un bon matelas après une journée aussi costaude.

36km en 10h19. 2109D+, 2354 D-

2
sept

De Malinvern à Refugi Morelli-Buzzi

Comme à chaque fois qu'on est en dur... on farniente. D'autant plus que nous avons demandé à la gardienne de nous négocier une prenotazione (réservation) pour la piscine des Terme Reali di Valdieri. On a rdv pour 14h, il est 9h et le refuge a dit qu'il y en avait pour 4h30... on est larges ! Nous sommes sous le brouillard mais il ne fait pas froid et comme à chaque fois, les découvertes se font au gré de la visibilité, ce qui donne un aspect tout à fait mystérieux à ce qui nous entoure. Les pierres révèlent des couleurs jaunâtres quasi fluo et les petits lacs apparaissent au dernier moment. La Via Alpina est à nouveau au cœur de chemins de pierriers et nous sommes particulièrement estomaqués par le réseau de chemins et routes aménagés à flanc de montagne. Militaires ou exploitations minières, tout cela nous intrigue et il va nous falloir réviser notre histoire locale.

Nous commençons à savoir bien repérer les endroits où nous sommes susceptibles de croiser des bébêtes. Et là... on se dit qu'avec ce temps, au sommet... y aurait moyen ! Et ça nous fait toujours marrer de voir le dessin caractéristique sur la ligne de crête.

Nous descendons petit à petit, au milieu des gravières, des casernes abandonnées, des tas de barbelés et des chemins empierrés, vers un étrange refuge aux allures d’hacienda castillane, flanquée de ses deux tours... qu'est-ce donc !?

Après le Big Bank... la Big Table !

Nous avons un rdv donc... on speede ! C'est toujours drôle de débarquer en randonneurs crados au milieu des curistes qui sortent de l'hôtel Palais Royal avec leur peignoir. Ce qui est royal aussi, c'est le prix, parce que 20€ pour une simple piscine d'eau soufrée à 34°... c'est pas donné ! Quand on pense au prix à Loudenvielle... ça laisse rêveur ! Et en plus, porter le bonnet de bain... quel bonheur ! La moitié des curistes viennent pour des problèmes de peau aux noms bizarres mais pour l'hygiène... il faut porter un bonnet ! On est morts de rire ! Bon en gros, on est moins de 10 dans la piscine, on fait les couillons avec nos bouées frites et on profite pleinement de l'eau chaude et de l'occasion de se laver ! Un excellent moment qui détend bien.

Et maintenant, nous voilà en quête d'un endroit où manger. Nous remarquons un petit bar snack, dont la tenancière n'attend que nous ! Nous nous délectons de polenta aux bolets et au sanglier et faisons connaissance avec la très sympathique Albertina, qui, n'ayant que nous, prend le temps de répondre à toutes nos interrogations et combler nos lacunes.

Alors, la fameuse hacienda est l'ancien pavillon de chasse du Roi d'Italie (la royauté a du s'arrêter vers 1948) et de grandes parties étaient organisées dans cette région (on nous dira plus tard qu'ici "tout le monde pense avoir un lien de parenté avec le Roi !").

Ici à Terme, il y a donc un grand hôtel Palais Royal et deux charmants pavillons en bois. Albertina nous raconte que la Reine, préférant la pêche, restait à Santa Anna de Valdieiri tandis que le Roi montait à la chasse, l'un des pavillons étant pour le garde chasse et l'autre pour... l'amante ! Donc en gros, ça chassait et pêchait sûrement beaucoup !

Albertina nous raconte aussi que l'hiver il neige terriblement et qu'il ne reste du bar que... les panneaux solaires sur le toit. Alors ils calfeutrent tout avec des planches, pour affronter les 6m annuels ! Une année il a même neigé 12m ! On essaye d'imaginer...

Elle nous raconte enfin que Parc du Mercantour et Parco Naturale del Alpi Maritime ne forment nouvellement plus qu'un pour une encore plus grande protection au-delà des frontières (d'ailleurs une inauguration a lieu très prochainement) et que le Parc crée un attrait et une revitalisation importante pour ce territoire. Et d'ailleurs une salariée locale du parc permet le maintien à domicile d'anciens qu'elle ravitaille régulièrement. C'est un super moment passé avec Albertina qui en plus nous offre deux chocolats au Génépi... elle a compris notre pêcher-mignon ! Merci Albertina !

Nous voilà repartis en constatant que tout le monde a un parapluie... bon bein... tant pis on monte ! L'ascension est parsemée de visions de petites cornes (non... pas les luma !) et de sculptures.

Nous parvenons au superbe Refuge Morelli-Buzzi tenu par deux frères créatifs, dont l'un fabrique des accordéons diatoniques et l'autre les restaure. Et à l'occasion... ils en jouent, mais nous n'avons pas eu cette chance ! Nous débarquons vers 20h, tout le monde est à table dans ce petit refuge qui vient de fêter ses 90 ans et nous détonons un peu avec notre bivouac mais l'accueil est adorable.

Nous préparons notre repas dans une petite cahute à l'extérieur et... ça caille ! Nous nous réfugions dans notre tente à l'abri d'un rocher.


24km en 7h20. 1745D+, 1737D-

3
sept

De Morelli à Madone de Fenestre

Bon alors disons le tout net... c'est parti pour une journée blanche !

Donc on vient de là...
... et on va par là !

Du coup... on vous parle de cailloux et de pierriers mais on ne vous a pas encore montré à quel point la nature est une sacrée dessinatrice... c'est parti pour une série qui va vous rendre complètement stone...

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...et chardons... bien sûr !

L'avantage du brouillard ? Voir des tonnes de bestioles, régalez vous et spéciale dédi à Malau !

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N'oublions pas que les grands cols frontaliers ont aussi été des théâtres aux scènes difficiles et nous rappellent la chance de nos libertés actuelles.

24.19km en 7h44. 1438D+, 1852D-

Interlude floral

4
sept

De Madone de Fenestre à Bivocco Esperanza de Giuseppe Bosio dit Beppe

En dur... on décolle pas ! Le vent souffle fort à travers la vitre de la chambre et ça ne fait pas envie. Ici la tempête Alex a défoncé la route et donc le hameau est moribond, même la Madone est confinée dans sa chapelle derrière une énorme porte en fer. Du coup, au grand étonnement des gardiens, de nombreux chemins ont été fermés par précaution... "passez par dessus la barrière, aucun risque sur les chemins !"... on confirme et on s'étonne de ces fermetures !

Il est 8h et nous le savons... aujourd'hui c'est journée caillasse, blocs et pierriers. Et contrairement à hier, on y voit quelque chose. Pourtant la prévision météo est claire : pluie et orage vers 13 ou 14h et qui tient dans l'aprem. Mais cela ne nous effraie guère et nous prenons le temps de discuter avec tous ceux que nous croisons (on est samedi... il y a un peu de monde). Tranquilles et détendus !

Nous sommes au cœur du Parc du Mercantour, en direction de la Vallée des Merveilles (visitée lors de notre traversée par le GR5 de Menton au Lac Léman) que nous allons frôler. Ici, chamois et bouquetins sont totalement protégés et on a arrêté de prendre des photos tant il y en a !

De vallées en vallées, nous parvenons au Refuge de Nice et rencontrons de bien jolies poulettes.

Cherchez bien, Amanda est sur ces deux photos, ce qui donne une idée des proportions ! 

A propos d'animaux, les jolis moutons dans les nuages se transforment en amas noirs et menaçants. Nous voulions passer par les hauteurs et la Pas de la Fous, non balisé, mais le gardien nous le déconseille au vu du brouillard sur les crêtes. Nous choisissons donc la facilité du GR52 et les rencontres avec tous ceux qui reviennent enchantés de la Vallée des Merveilles.

Le paysage est assez impressionnant. Ces sommets, ces cailloux, les lacs... on se sent tout petit. Les chamois et les bouquetins galopent partout à notre approche.

On est plutôt à l'aise dans les cailloux, à sauter de blocs en blocs mais ça sollicite énormément les genoux et nous apprécions les retours ponctuels dans les zones herbeuses plus planes.

Nous arrivons au Refuge de Valmasque lorsque l'averse se déchaîne... pfiuuu tout pile ! Ok on a fait 20 bornes mais il n'est que 15h30, donc un vin chaud, une crêpe aux myrtilles et c'est reparti. Michel, le gardien nous a révélé l'existence d'un petit chemin non balisé qui nous mettrait à niveau pour demain et surtout... l'existence d'un petit Bivacco en descendant 50 mètres sous la frontière italienne. Le chemin est vertical, et les herbes, gorgées de pluie, nous lavent les jambes à chaque pas !

Giuseppe Bosio, dit Beppe, a eu l'idée, avec l'autorisation de la commune, de restaurer une ancienne cabane militaire pour en faire un Bivacco tout confort. Et deux ans plus tard... le pauvre homme est décédé laissant cet héritage à tous les randonneurs. Et franchement, merci Beppe 😘... c'est notre première cabane sur le séjour, qui marque aussi notre dernière nuit en Italie, au chaud... il fait 11° à l'intérieur et nous dégageons des jolis nuages de buée en parlant !

25.62km en 9h12. 1827D+, 1480D-

5
sept

Du Bivacco Speranza à Tende

Trop bien notre petit bivocco...

Elle était trop bien notre cabane avec ses couvertures en pilou pilou. Au réveil, c'était grand ciel bleu et nous découvrons une vue magnifique.

Aujourd'hui, c'est un peu particulier car la Via Alpina continue son périple vers l'Italie en formant une grande boucle pour ensuite revenir vers Sospel et descendre jusqu'à Monaco. Nous, on l'aurait bien faite cette boucle, mais il faut une bonne dizaine de jours et El Patron nous attend lundi prochain au turbin ! Nous avons donc à nouveau composé en rejoignant la frontière par le Fort de Giaure. Ensuite nous longeons la frontière et les forts de la ligne Maginot jusqu'au Col de Tende pour atteindre le départ du GR52A qui descend jusqu'à Menton en passant par Sospel où nous allons récupérer la Via Alpina.

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Cette ligne de crête et ces forts sont impressionnants. Bien sûr, pour en descendre, nous ne choisissons pas la "déviation" faite après la tempête mais le chemin officiel, à moitié détruit et qui oblige à quelques passages délicats !

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Nous découvrons la route des 46 lacets, seul moyen pour les français d'accéder au col depuis la tempête. Oui ça fait 2 fois qu'on parle de LA tempête, on vous en reparle sur la prochaine étape, car ici elle a laissé des traces dans la montagne, dans les villages et dans les esprits.

Même le berger nous en parle "une saloperie ce truc !", mais nous parlons aussi et surtout de ses superbes moutons pieds rouges et de ses chèvres du Rove, typiques de la région et aux cornes majestueuses.

Nous continuons notre descente vers Tende où nous comptons passer la nuit. En effet, on nous a vivement recommandé la visite du Musée des Merveilles, excellent complément pour comprendre la vallée du même nom. Et puis elle fait partie de ces villes atypiques, aux ruelles étroites et aux maisons colorées que nous avons envie de prendre le temps de parcourir.

Alors ce soir, petit hôtel de centre ville et visite en soirée de cette ville où le temps semble s'être arrêté.

27.58km en 8h09. 702D+, 2121D- (nos genoux le sentent bien !)

6
sept

De Tende à La Brigue

Le musée ouvre ses portes à 10h ce qui nous laisse l'opportunité d'une grasse mat' jusqu'à au moins... 8h30, wouuuh !

C'est la 1ère fois que nous sommes les premiers devant une porte de musée ! Sylvain nous ouvre les portes et la discussion s'entame directe avec ce piémontais passionné et passionnant, sur la rando, le Piémont, l'accueil italien, les vallées et l'histoire chaotique de la frontière pour les États et la façon des locaux de s'en accommoder pour passer outre ! On parle nourriture, langue, coutumes et survie dans ces territoires rugueux.

On parle aussi de cette différence de perception des choses par les peuples des deux côtés : les Piémontais perçoivent Le Parc (Mercantour et Alpi Maritime) comme une aubaine et une source d'attractivité, les Français, comme souvent, sont plus critiques et réfractaires, craignant que la mise en valeur de l'espace naturel ne contrecarre les élans spéculatifs et commerciaux ! C'est un rapport à la nature complètement différent, les uns composant avec, les autres voulant à tout prix la dompter. La discussion est passionnante puis nous prenons enfin le temps de suivre le parcours de ce musée que la Conseil Départemental offre aux visiteurs... eh oui, c'est gratuit ! Les expos sont extras et permettent réellement de mieux appréhender les gravures protohistoriques de la Vallée des Merveilles mais aussi des éléments de contexte comme l'évolution de l'homme ou une comparaison des gravures dans les autres pays du monde. On vous laisse visiter... certaines pièces sont des copies et certaines des originaux qui ont été découpés et déplacés par hélicoptère pour les protéger des graffitis des gens stupides !

Le chef de tribu est l'original
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La Vallée des Merveilles est au pied du Mont Bego, enneigé 6 mois par an, et on imagine la démarche symbolique de ces hommes qui viennent graver sur des grandes dalles ouvertes vers le ciel par pression-rotation à l'aide de pointes de quartz pour former des séries de points qui côte à côte forment des représentations. Plus de 40 000 sur le site que les spécialistes pensent être une forme de communication vers le Divin.

Essayez un jour de dessiner ne serait-ce qu'un simple trou sur un caillou avec la pointe tungstène de votre bâton de marche et vous envisagerez ces dessins sous un autre angle !

Et le symbole du Parc et du musée est tout trouvé dans le choix du "sorcier" qui a vraiment une tronche d'enfer !

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Le Sorcier, sur sa pierre d'origine puis en gros plan pour percevoir sa taille réelle ! 

Le musée explicite aussi les enjeux locaux complexes des frontaliers et c'est vraiment intéressant.

Et puis c'est l'occasion de faire la promotion de la Charente, en parlant de notre ami Xavier et de ses Aurochs car les représentations des "cornus" sont importantes dans le parc (à quand du pâté d'Aurochs dans la petite boutique ? 😉).

La seconde partie du musée est consacrée à la découverte dans le Parc du Mercantour, d'une immense construction gauloise destinée à des banquets et symbole d'une ingénierie et d'une forme d'aristocratie inédites dans le monde gaulois. Nous n'avons donc pas manqué de parler de Coriobona, le village d'Esse et de son travail de reconstitution d'un oppidum gaulois.

Nous quittons le musée totalement enchantés par notre visite et par l'accueil adorable de l'équipe. Merci à vous et nous ne pouvons que recommander la visite jumelée du musée et de la vallée. Nous pensions y passer une heure... nous sortons à 13h.

Et nous voilà à flâner dans le village de Tende, à découvrir ses méandres, ses escaliers, ses ruelles, ses portes et ses surprises... ici, une quasi centenaire a aménagé dans la maison de ses grands-parents un musée digne des arts et traditions populaires de la Vallée de la Roya. On y découvre des outils, une cuisine et une chambre reconstituées... là, un autre personnage truculent, ancien caissier au Casino de Monaco a accumulé des collections de tous types, outils, téléphones, machines à coudre, boîtes anciennes, sulfateuses... de tout ! Et il est très drôle !

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D'ailleurs si quelqu'un sait à quoi sert cet outil... lui même ne sait pas !

En 1h30, nous avons parcouru... 600m !

Non non, pas en D+... wahou... notre record ! Nous passons le pont et découvrons une partie des dégâts de la tempête et c'est le moment de vous en parler un peu. Parce que nous, Charentais, qui avons subi la grande tempête de 1999, on le sait bien... les tempêtes, quand on les voit à la TV, on ne se rend pas bien compte, mais quand on est dedans...


LA tempête, c'est Alex, qui se forme en Bretagne le 30 septembre avec des rafales à plus de 180km/h et déferle sur le Sud-Est le 2 octobre 2020. Des pluies diluviennes (il tombe plus de 500mm d'eau en 24h sur St Martin Vésubie et 630mm dans Le Piémont à Sambughetto !) chargent la montagne d'eau. Les rivières Vésubie et Roya se gonflent et détruisent tout sur leur passage, routes, ponts, bâtiments, deux cimetières (150 corps emportés ! ) et même le Parc Alpha qui enferme des loups (ils courent toujours, mais sont castrés !). Pour ceux qui veulent voir les dégâts en quelques minutes, taper sur votre moteur de recherche favori et vous trouvez des reportages aux images impressionnantes !

Les stigmates sont partout, des pans entiers de routes, de montagnes, des ponts sont effondrés, des maisons sont arrachées et la petite rivière transparente s'est transformée en une immense autoroute de gravats. On dénombrera 18 morts et 12 disparus. Des groupes électrogènes d'EDF sont encore présents et des vallées encore fermées. Le village de Casterino est encore enclavé et la route qui mène à Tende n'a été réouverte que... lundi dernier ! Le tunnel n'a subi qu'une dégradation de son accès bien vite réparé mais les habituels conflits frontaliers ne manquent pas... "vous n'avez pas laissé passer nos camions... on ne réouvrira pas le tunnel... NA !", des gamineries politiques... du coup, il a fallu pendant des mois, des autorisations spéciales pour emprunter la piste des 46 lacets ou une piste de 4x4 qui rallonge sacrément les parcours. Bref, le traumatisme est important et a marqué les habitants qui, en plus de la crise sanitaire ont eu à subir la fermeture des vallées. Tout est à reconstruire dans cette vallée pourtant extraordinaire !

Après un parcours de 7.9km en 2h58 (ah ouais... on bat vraiment des records... on n'a pas mis la montre sur pause ! ), 243D+ et 282D-, nous décrétons qu'à 17h, il est inutile de continuer et nous nous posons au camping du joli village de La Brigue. En effet par rapport à notre programme initial, où il nous manquait 2 jours pour arriver à la mer, il s'avère que nous avons 4 jours d'avance, ce qui nous laisse des marges de manœuvre.

Donc... on prend le temps !

7
sept

De La Brigue à Saorge

Bon du coup, vue l'avance, on ralentit la cadence car nous avons un train samedi matin à Nice, donc on essaye de bien calculer le coup pour éviter des hébergements trop onéreux sur la Côte (à moins que quelqu'un ait un plan sur Monaco !😉😜). Parce qu'en vrai... on pourrait être déjà arrivés !

Nous quittons La Brigue en regardant bien ce dont nous a parlé notre hôte d'hier, ancien producteur maraîcher. Avant ici, il y avait des vignes en espaliers (la culture s'est arrêtée dans les années 60 et quelques uns gardent encore quelques rangs). Bon, il nous le dit, c'était une sacrée piquette, mais avec un peu de hauteur on perçoit encore les traces de cultures en terrasses.

Nous sommes maintenant en moyenne montagne et nous regardons au loin, avec un mélange de nostalgie et de fierté, les hauts cols de la Vallée des Merveilles et de Valmasque et les cols frontières parcourus il n'y a que quelques jours... nous cherchons le Mont Bego mais il semble vouloir rester le nez embrumé aujourd'hui.

En fait c'est une journée yoyo, pour passer de vallée en vallée et contourner des pics abrupts sans dépasser les 1600m. Le sol est très variable, tantôt pistes forestières, tantôt sentes moins marquées et c'est le fun de descendre sur un sentier plus sauvage sur un sol d'ardoises fragmentées. Mais on sent que nous sommes passés dans un climat plus méditerranéen, avec des mûres plutôt que des myrtilles, et des noisetiers, des thyms et de la roquette sauvage (super bonne hier soir dans notre salade !), de la lavande et les sapins ont remplacé les mélèzes.

Petit à petit, nous approchons de la civilisation, les petits hameaux, les chemins pavés puis la belle Saorge. Nous y arrivons par la superbe abbaye franciscaine. Ça ne s'invente pas, nous y rencontrons... Francesco, un piémontais, et c'est parti pour un grand cours d'histoire sur le bord du rempart. Un véritable moment de partage qui nous permet d'affiner notre compréhension de la région. Et de la tempête puisque ce sujet est évidemment de toutes les conversations...

Nous découvrons à nouveau une ville de ruelles de pavés type demoiselles, pendue au milieu de la montagne, aux maisons accrochées les unes aux autres, aux arcades, aux petits ponts... on dirait Venise, mais en montagne !

Nous nous arrêtons au seul bar ouvert aujourd'hui et découvrons la vie locale, l'arrivée de l'école, les discussions des parents, les allées et venues et la vie dans un village où les voitures sont reléguées aux sorties et où tous les déplacements se font à pieds ! On a l'impression d'y participer et c'est vachement chouette. Du coup, on a dit qu'on prenait le temps... allez on reste là pour aujourd'hui, on se pose dans un gîte, et on prend le temps de discuter avec les patrons du bar qui vont passer leur vacances à... l'Ile de Ré ! Et nous dévorons une excellente Mozarella di Buffala...

C'est une très agréable journée.

20.51km en 6h33. 956D+, 1195D-

8
sept

De Saorge à Sospel

Nous quittons Saorge, ce joli village qui ressemble à ce que l'on imagine des villages de santons provençaux.

On le savait que ça serait une journée costaude. Le guide l'annonce en 10h20, les locaux en bien plus. Donc c'est lever aux aurores pour anticiper, même si nous sommes confiants dans notre capacité à accélérer. Et puis depuis le col, plus on descend, plus il fait chaud. Et il parait que sur Nice c'est invivable. En attendant, nous grimpons de col en col, pour redescendre et suivre les circonférences des vallons. C'est long, mais long... des fois on discerne le village visé et... il faut plus d'une heure pour l'atteindre !

Et en sous bois, nous faisons de bien drôles de rencontres... les sangliers, biches et renards ont résolument remplacé marmottes, chamois et bouquetins .

Nous arrivons à Breil sur Roya qui a vécu la tempête de plein fouet. L'accumulation des gravats et des troncs se sont bloqués dans un pont qui n'a pas cédé, créant un énorme bouchon. L'eau est donc montée, montée, montée jusqu'aux 1ers étages des maisons sur le bord de la Roya et à plus de 3 mètres sur le centre ville... donc plus d'hôtel, plus de camping, plus d'épicerie... c'est wahou !

En montant au-dessus du village nous croisons un collégien qui se tape 1 heure de marche tous les jours pour aller à l'école puis rentrer chez lui (2 à 4 fois par jour selon les jours nous raconte-t-il, les chemins d'école ne sont pas les mêmes pour tout le monde !). Et ça grimpe ! Sans lui en parler, il aborde lui même le sujet de la tempête et nous raconte par bribes ce qu'il a vécu, et c'est violent, même s'il en parle avec une forme de détachement salvateur. On vous le livre en vrac... comme on l'a reçu... parce que de l'entendre de la bouche d'un ado, ça ajoute un angle de vue.

"On nous avait annoncé des petites inondations et j'avais pas cours l'aprem... trop cool. Puis en allant chercher du bois pour le chauffage avec mon frère, quand on a vu tous les camions de pompiers et militaires dans le village, et les hélicoptères, on a compris que c'était grave. Et du coup on a pas eu collège pendant 1 mois."

"Ma mère travaille à Tende mais toutes les communications et routes étaient coupées pendant 5 jours. La seule chose qu'on nous disait c'est que Tende était totalement détruite et j'avais pas de nouvelles de ma mère."

"Quand on est revenu, le collège était dégueu parce que les militaires avaient dormi dans les salles de classe et qu'il y avait des mégots partout !"

"On a tous vu des psychologues, parce qu'on n'a pas tous vécu la tempête de la même manière. J'ai des copains qui ont vécu des choses horribles. Quand tu vois des gens dans une voiture qui coule dans la rivière et qu'ils crient en tapant sur les vitres et tu les vois disparaître dans la cascade. C'est horrible."

"Il y avait des corps sur la place parce que le cimetière a été emporté."

"Mais maintenant tout est bien propre, ils ont bien rangé. Le pont a été reconstruit et ils vont bientôt remplir le lac"


Ce gamin est vraiment drôle... il nous débite tout ça sans qu'on ne le lui demande ou sans que l'on entretienne ou questionne. Il raconte des trucs horribles avec une bonhomie comme s'il avait besoin d'expulser les choses. Et il nous questionne beaucoup sur notre parcours... "Mais pourquoi vous faites ça ?"

On lui explique, lui montre les marques rouges et blanches que nous suivons et on a l'impression qu'il n'a jamais été plus haut que chez lui !

Et de conclure...

"Quand je vois tous les km que vous avez faits et que je vous vois marcher à cette vitesse, rien que de vous regarder... ça m'épuise !"... un ado !...


Pour une fois, nous nous décidons enfin à faire une sieste. C'était sans compter sur l'agression immédiate de type moustiques tigrés, sûrement attirés par notre sang plein de Genépi, qui nous ont littéralement bouffé. Du coup, on repart et... toujours pas de sieste !


Nous finissons par arriver à Sospel, grand croisement de sentiers de Grande Randonnée (GR5, GR52, GR510, Via Alpina...). Nous connaissons, nous y avons déjà couché lors de notre GR5 et nous découvrons que la camping n'a pas ouvert de la saison mais que tout le monde y va. En moins de 10 minutes... c'est presque plein, moitié randonneurs, moitié camping cars. On s'arrête en sachant déjà que demain c'est de nouveau une grosse journée !

32.30km en 9h15. 1838D+, 2070D-

9
sept

De Sospel à Monaco

L'approche finale est toujours une épreuve. On commence à voir ce que l'on vise, on se dit que c'est bientôt fini mais... il faut monter, descendre, contourner les propriétés privées et plus on approche, plus il y en a !

Nous devons être au Jardin Botanique de Monaco avant 17h pour signer le Livre d'Or de la Via Alpina, alors lever 5h et après un café avec tous les lève-tôt du coin... c'est parti !

Nous empruntons des chemins de forêt énigmatiques, traversons des bosquets de rhododendrons griffants, des sentes en balcon pour redescendre enjamber des rus asséchés et recommencer la colline d'après !...

Peille et Peillon sont deux magnifiques villages perchés où nous expédions nos pauses pour continuer notre descente infernale.

Puis enfin, celle que l'on nous promettait depuis des jours depuis tel sommet mais qui se cachait de nous, apparaît enfin... elle est là (oui, au fond, loin, mais là quand même), celle que nous visons depuis tant de jours... la Mer ! Allez... il reste un brin quand même, faut pas mollir, donc pique nique expédié et en avant la troupe.

Dans un parc à proximité de Monaco, FX ne suit plus le balisage pour entreprendre une descente par un micro chemin pour entretenir l'esprit montagne. Puis soudain, c'est la ville, les rues, les voitures, les klaxons, les sirènes, les policiers à tous les coins de rues, les gens apprêtés, les costumes, les parfums, les belles voitures... mais quelle agitation ! On détonne dans le paysage !!!

Et tout le monde porte le masque... ah ok, à Monac'... c'est tout le temps... ok ! Nous rejoignons d'abord le jardin botanique pour signer le fameux livre d'or puis la Place du Palais pour la photo finish devant le panneau d'inauguration de la Via Alpina.

C'est presque fini, nous descendons jusqu'à la mer, altitude 0, sauf que...

...mer démontée = plage fermée !

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Plage fermée ? Qu'à cela ne tienne, nous fêtons notre petit exploit sur la digue !... 
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Aujourd'hui, nous n'avons fait quasiment aucune pause et nos pieds réclament une chambre princière au Palais pour un repos bien mérité !

35.59km en 10h18. 1722D+, 2041D-

Postlude

Les campagnes, les forêts et les montagnes nous ont émerveillé de leurs couleurs. Il suffit juste de prendre un instant pour y prêter attention. La nature est merveilleuse. Elle sait s'adapter, prendre position dans les endroits les plus inadaptés et nous montrer toute sa puissance.

En un peu plus de 209h, nous avons parcouru 654km, 37351mD+ et 40050mD- avec une petite moyenne de 3,13km/h.

Nous sommes très heureux d'avoir été au bout de ce périple préparé un peu au dernier moment et dans la hâte. Nous sommes enchantés de ce que nous avons découvert côté italien, ce Piémont du Nord au Sud, qui, sur une telle longueur, présente autant de diversités que du Poitou-Charentes au Pays basque ! Nous ne pouvons que regretter que l'Italie ne mette pas plus en valeur le colossal patrimoine historique de ses frontières. Heureusement, beaucoup de frontaliers nous ont petit à petit aidé à mieux cerner cette histoire complexe et le mouvement des frontières jusqu'à des jours récents.

Nous avons rencontré beaucoup de gens, beaucoup d'énergies, beaucoup d'initiatives, beaucoup de choses positives et nous rentrons chez nous forts de cette nouvelle expérience.

Et nous sommes toujours ravis de partager tout cela avec toutes celles et ceux qui ont eu envie de nous suivre. Merci pour tous les commentaires, les encouragements, les blagues et votre bonne humeur. Nous avons beaucoup apprécié l'élan toujours positif insufflé par vos messages. Il a guidé nos pas et nous donne envie de partager avec vous nos prochaines aventures.

Et on dirait que quelqu'un nous signifie son envie de se joindre à nous la prochaine fois, non ?