À propos

Couple qui baguenaude dans les montagnes et sur les sentiers... GR10, GR11, GTA-GR5, GTJ-GR509, HRP, chemin de St Guilhem, Chemin des Bonhommes-GR107, Cami del Ultim Catar, Sentier cathare, GR7, Via Alpina...
Après le GR10 français d'Hendaye à Banyuls, après le GR11 espagnol de Cadaquès à Irun, il nous restait cette folie qui va tout droit faisant fi des frontières... on vous emmène ? FX & Amanda
Du 15 août au 16 septembre 2019
33 jours
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Sac en préparation
Sac en préparation
 ... ou comment transformer sa maison en champ de bataille !

Des sacs à dos, un réchaud, un sac à viande, des bâtons de marche, un panneau solaire... les signes sont clairs, ces gens semblent préparer un truc...


Un indice ?

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Sac en préparation 2
Sac en préparation 2
Préparation cartographique
Préparation cartographique

Micropur... ça sent la haute montagne et l'eau à traiter.

La tente et les stocks de ravitaillement... ça sent l'autonomie.

2,5kg de cartes IGN... ça sent la longue durée.

Embarquement dans quelques jours...

Si vous êtes arrivé(s) jusqu'ici, c'est que vous avez envie d'entrer dans l'aventure avec nous, parcourir les chemins, découvrir les paysages, sentir la nature à travers notre périple.

Le GR10 (en rouge sur la carte) reste engoncé dans sa France, d'Hendaye à Banyuls ; le GR11 (en turquoise) n'ose que l'Espagne, du Cap de Creus au Cabo Higuer. Soyons fous, il existe une, que dis-je, des alternatives !

Visu tracés HRP-GR10-GR11
En rouge le GR10, en turquoise le GR11, en jaune un exemple de HRP

Faisant fi des frontières et des sentiers habituels, la Haute Route Pyrénéenne (HRP) est une voie choisie par ceux qui la font, un peu différente, un peu plus tout droit, un peu plus haute, un peu plus rude et sauvage que ses petites cousines. Il existe des guides, des tracés, des sites internet où chacun narre son histoire et compose son voyage selon ses envies, ses capacités et le temps qui lui est imparti. Merci à ceux qui par leur expérience de cette aventure nous ont permis de préparer la nôtre.

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Nous avons expliqué notre projet à notre employeur et négocié un temps d'absence long pour pouvoir le vivre en une seule fois.

Nous avons lu beaucoup de sites, de livres, de guides, de topos, de blogs, de pages perso. Nous avons beaucoup travaillé sur les cartes, sur les photos satellite, sur le Geoportail et Spain topo Maps, et aussi à partir des guides Trans'Pyr et Trek des Pyrénées.

Nous avons cherché comment renouveler des matériels déjà très éprouvés par nos autres randos. Nous avons insisté auprès des vendeurs pour connaître les poids avant d'acheter, nous avons pesé, repesé, rerepesé... Nous avons fait des compromis pour composer notre sac (MUL ou MULET ? Marcheur Ultra Light ou Ultra Lourd Et Tétu ? Aucune surprise, on est dans la 2ème catégorie ! Visitez le site www.randonner-leger.org pour en découvrir plus).

Les temps de marche quotidiens sont calculés. Nous avons repéré les points de ravitaillement, les zones de bivouac, les stocks d'eau à transporter. Nous espérons que nos calculs et nos choix de chemins seront les bons, que la météo sera clémente, que les patous et les ours nous laisseront tranquilles et que nos corps accepteront le rythme et les charges.


Ça y est, tous les ingrédients sont réunis, il ne reste plus qu'à suivre la recette !


Alors accrochez-vous, nous vous embarquons pour une traversée intégrale des Pyrénées de la Mer à l'Océan par la Haute Route Pyrénéenne en moins de 40 jours. Plus qu'un chemin c'est une expérience que nous allons vivre ensemble.

Chacun sa route, chacun son chemin (et passe le message à ton voisin... si ça te chante !).

Départ immédiat.

14
août

Première partie du périple et non des moindres, le voyage en train et la première grimpette.

C'est donc parti pour 8h de train. Tous en retard pour le toujours fameux motif "régulation de trafic" mais rien d'insurmontable... Nous arrivons à Collioure à 22h. Ville en fête et viande saoule. Les fêtes de Collioure commencent... fuyons !

Première montée par le Chemin de la Galère (c'est son vrai nom) qui se transforme heureusement en Chemin de la Consolation (c'est aussi son vrai nom !). Première rencontre avec la faune locale et saut sur le muret... les sangliers sont dans les maïs !

Arrivée à l'Ermitage Notre-Dame de la Consolation. Surprise... pas de bivouac ce soir, mais un petit hôtel dans l'ancien ermitage et un repas préparé par l'hôte de ces lieux : huîtres de Bouzigues, vin blanc et plancha de charcuterie... le luxe avant la restriction ! Le plus grand luxe étant... le lit et la douche chaude.

Repas ND Consolation 1 - Collioure
Hotel ND Consolation - Collioure
Repas ND Consolation 2 - Collioure
Chapelle ND Consolation 1
Chapelle ND Consolation 2
Chapelle ND Consolation 3
Ermitage N.-D. de la Consolation - Collioure
15
août

Première journée sous le soleil puis le vent glacial.

Vue sur Collioure
Vue sur la Méditerranée
Banyuls au Col de l'Ouillat

Durée 7h30. 21,7 km. 1905D+. 1105D-

Superbe nuit dans un vrai dodo. Le dernier avant longtemps.

Nous grimpons en découvrant les différentes anses au loin, Argelès, Collioure, Banyuls et même Cadaquès (très loin à droite). La montée se fait sous un soleil magnifique. Premiers cuissots déjà rouges ! Mais le vent est très présent dès le Pic de Sailfort et ne va pas nous quitter de la journée. Sentier en bord de crête avec des belles prairies et sous-bois. Nous croisons beaucoup de randonneurs qui terminent le GR10 aujourd'hui ou demain et prenons le temps de discuter avec eux. Leur joie d'arriver au bout de leur périple est entrainante.

Arrivée au col de l'Ouillat assez tôt, ce qui laisse le temps de boire un verre de Banyuls, de prendre une douche et de préparer le lendemain. On peut le dire, les corps sont encore en préchauffage, ça fait mal et on en ch...

Ce soir le vent souffle fort et ça caille pas mal. Vite dans le duvet en plumes...

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Vue sur la baie depuis le Puig de Sailfort
Vue sur la baie depuis le Puig de Sailfort 
15
août

Via Le Perthus et Las Illas.

De bon matin
Fort de Bellegarde (Le Perthus)
Chênes liège
Cheminons sous les bois

Durée : 8h06. 30,5km. 1230D+. 995D-

Cette nuit nous avons été réveillés par des voleurs de sac à dos. Ils ont juste pu le tirer sur 1 mètre avant de se faire rattraper. Sacrés cochons sauvages ! Ils ont quand même réussi à faire un accroc dans le raincover !

Une journée comme Maria les déteste... de la piste, de la piste et de la piste. Quelques rares petits chemins en sous bois. Le GR10 que nous suivons depuis presque le départ est une autoroute. Nous croisons les visages guillerets de ceux qui sont en passe de terminer le parcours dans la mer.

Petite douche glaciale en open bar au village de Las Illas qui la met gracieusement à disposition des randonneurs.

Chateau sur son piton
Ancien château sur son promontoire 

Dernière grimpette vers l'Ermitage de Las Salinas et nuit au refuge gratuit : pour ceux qui ne connaissent pas les refuges pour randonneurs, c'est souvent une ancienne bergerie composée d'une à deux pièces, une estrade pour dormir, tables et bancs, un coin cheminée, parfois un coin cuisine. Là c'est même le grand luxe car il y a un évier avec robinet et 2 belles fontaines juste à côté. Une belle nuit s'annonce.

Las Salinas car le petit plateau servait à répandre le sel destiné aux troupeaux.

Une vierge trônait dans la Chapelle, lieu de pèlerinage, mais elle a été dérobée il y a quelques années. Nous avions eu l'occasion d'y entrer lors de notre premier GR10 et l'endroit se révèle particulièrement mystique.

17
août

Nous retrouvons avec plaisir de vrais sentiers. Et ça fait le yoyo...

Croix vers le Roc de France
Sentier
Vers Coll del Ric
La nature est plus forte - Amélie les Bains
Ruches colorées - Ancienne Gare minière de Formentera
Rousquilles catalanes

Durée : 8h50. 25,3 km. 2069D+. 1590D-

Superbe montée par les sous bois et les blocs entre les framboisiers jusqu'au Roc de France (roc de Frausa) et un 360° à couper le souffle. Descente interminable et dure pour les jambes jusqu'à Amélie-les-Bains. Belle halte au bord du Tech pour une pause avec les produits trouvés de-ci de-là : pavé de rumsteak, tomates locales, yaourt de lait de riz à la verveine. Et les fameuses rousquilles catalanes. Ça requinque !

Nous entamons la remontada et là ça pique un peu surtout avec les 3 litres d'eau chacun car nous savons que ce soir le lieu de bivouac ne présente aucun point d'eau.

Diner près de l'ancienne gare minière de la Fromentera. Pensées pour mon ami Fred l'apiculteur face à ces ruches colorées au milieu des mûres et des framboises. Puis à 20h, repus, nous décidons de repartir pour une petite heure de marche. Et ça grimpe bien.

Nous n'aurons pas croisé un randonneur de la journée et lorsque nous arrivons à la Tour de Batère, les quelques places de bivouac sont envahies... 4x4 et motos font arriver plus vite en haut...

Tour de Batère
La Tour de Batère 

La Tour de Batère fait partie du système des tours à signaux qui a servi de moyen de communication militaire durant le Moyen-Age, sur cette crête stratégique au pied du Canigou pour avertir Perpignan d'une attaque aragonaise.

Le langage des feux était clair, et ne changea pas durant des siècles, restant tel que répété en 1384 par Pierre IV d’Aragon : « Si on voit un ennemi s’approcher on doit faire un feu de nuit, une fumée de jour pour chaque centaine d’hommes. La place la plus proche du lieu de l’invasion doit agir en sorte que le signal parvienne à Perpignan. Perpignan doit avertir les autres places royales (Rodès, Tautavel, Força real, Opoul). Par l’intermédiaire de la tour de Madeloch, on doit également alerter au sud le château royal de Peralda (Figuere) et toute la Catalogne ». Un demi-siècle plus tard, en 1433, à l’occasion du réarmement des places fortes par crainte des désordres de la guerre de Cent Ans, il est ajouté que « de jour, on signalera l’ennemi au moyen d’une fumée près de laquelle on étendra un grand tissu blanc ; s’il y a plus de 500 chevaux, on fera 3 colonnes de fumée ».

Le système défensif est entièrement réorganisé par Vauban qui abandonne le parti pris des tours communicantes au profit de fortifications puissantes et sophistiquées, éléments d’une conception différente de la défense militaire.



18
août

Parce que la montagne ça vous gagne mais qu'à la fin, de toute façon, c'est elle qui gagne !

Mer de Nuages depuis Batère
Chevaux vers Puig de l'Estella
GraffArt sur mur proche Coll de la Cirera
Terril proche Puig Estrella et Puig Sant Pere
Cabane de l'Estanyol
Dans la cabane de l'Estanyol

Durée : 8:00. 19,26 km. 1585D+. 850D-

Départ aux aurores de la Tour de Batère avec l'intention d'une journée hors normes. Nous découvrons depuis la Tour une mer de nuage qui se baigne dans le soleil levant. Époustouflant !

Nous avons quelques inquiétudes car nous avons du nous rationner pour la toilette avec moins d'1/2 litre d'eau. Et puis nous croisons des sources : toilette en règle et ça fait du bien.

Vue depuis Coll de la Cirera

A la maison forestière de l'Estanyol nous rencontrons David et Gentiane, et sommes rejoints par Jimmy, le local de l'étape, rencontré au Col de Cirère. Super moment de partage, autour d'un café et nous faisons découvrir la viande d'Aurochs (spéciale dédicace à l'Aurochs vert, à Xavier et à Claire-Françoise).

Nous continuons avec Jimmy pour un brin de causette et de chemin, et le perdons au refuge du Pinatell (mais où est Jimmy ?). Nous ne cessons de nous croiser les uns les autres, David, Gentiane, Gaël. Et pendant que les uns rejoignent le refuge des Cortalets, nous entamons l'ascension des Crêtes du Barbet en face du Canigou. Chemin de traverse difficile au milieu des myrtilles et des isards.

Canigou coté Barbet
Isard
Vallée Canigou
Bière des Cortalets

Alors que nous sommes presque arrivés au sommet, les nuages qui menaçaient, explosent. Nous trouvons un trou où nous prostrer dans le chemin en position fœtale (des fois que ça serve à quelque chose !), observant l'évolution de l'affaire. Un autre nuage monte de la vallée ; l'espace entre chaque déflagration se réduit... nous prenons la difficile décision de redescendre.

Arrivés au refuge, juste le temps de prendre une bière et de raconter nos aventures à nos amis du matin, que nous retrouvons là, et la pluie s'invite. Puis la grêle. Il faut parfois savoir rebrousser chemin quand bien même il est difficile de se dire qu'il faudra tout recommencer demain.

Une nuit improvisée en refuge qui nous fera du bien.

Le Refuge des Cortalets est l'un des points de départ ou de passage pour le "Canigó", véritable symbole national en Catalogne, qui depuis 2012 est estampillé Grand site de France. L’écrivain Rudyard Kipling, qui séjourna plusieurs fois dans la région entre 1910 et 1926, se déclara lui-même « au nombre des loyaux sujets du Canigou ».


Difficile aujourd'hui d'imaginer le massif du Canigou comme un site d'exploitation minier. Pourtant le fer a fait vivre la montagne, la vallée du Conflent et celle du Vallespir. Des traces de mines antiques ont été mises au jour. Une activité en plein essor au moyen âge qui décline peu à peu à partir du XVIIIème siècle. Les mines du Canigou ne survivront pas à l'arrivée de l'industrialisation et des hauts fourneaux. Pourtant, le fer du Canigou était réputé. On raconte même qu'il ne rouillerait pas. Une qualité qui en aurait fait le matériau de prédilection des bâtisseurs des grilles du château de Versailles.


C’est au moment des fêtes de la Saint-Jean et du solstice d’été que le Canigou incarne véritablement une dimension identitaire. La tradition veut qu’à quelques jours du solstice d’été des centaines de randonneurs apportent au sommet du Canigou des fagots de bois, de sarments de vignes, qui dans la nuit du 22 juin sont embrasés avec la flamme gardée précieusement à Perpignan, au Castillet, depuis 1960. La flamme est ainsi symboliquement régénérée. Elle est ensuite redistribuée dans tous les villages du pays catalan et même au delà en Provence par exemple pour allumer les feux de la Saint-Jean. Comme un symbole de partage et de fraternité. Un rituel précieux aux yeux des Catalans du nord et du sud.

Le porteur du Fuego del Canigo
El Fuego del Canigo
Embrasement Fuego del Canigo
En 2018, lors de notre GR11, nous avions croisé l'un des porteurs qui était descendu du Canigou pour mettre le feu ! 
19
août

Ce n'est pas tout à fait ce qui était prévu !

En montant le Barbet
Depuis la Crête du Barbet
Il n'y a pas que nos ombres...
Depuis la Crête du Barbet 2
Portella de Valmanya
Le Canigou

Durée : 10h. 34,96km. 1785D+. 1695D-

Départ des Cortalets aux aurores et pleins d'espoir pour refaire les Crêtes du Barbet. Y a comme un air de déjà vu. Au début...

Vues de folie sur le lever de soleil, la quotidienne mer de nuage, le regard attentif des isards, le Canigou, le tout au sons des cris de réussite des vainqueurs de son ascension. Au col, le vent est costaud et glacial.

Nous descendons avec plaisir dans une vallée verdoyante, avec toutes sortes d'animaux dont les postulants à l'ascension du Sieur Canigou par la si redoutée cheminée. Y a de tout, du randonneur préparé au touriste intégral : "j'ai regardé la météo de Perpignan, oh faut enlever 15°, ça devrait le faire." Mais bien sûr !... et on ne vous parle ni des chaussures ni des sacs.

Carabe doré ?
Canigou
Collet Verd ?
Les Esquerdes de Rotja
Cabane Portella de Rotja
Au Refuge du Pla Guillem

Petite pause à Mariailles qui s'éternise car l'accueil est chaleureux et les conversations sympathiques. Beau moment de convivialité.

Nous redoutons de nouveau le ciel embrumé et l'annonce d'orage. Une éclaircie ? Et hop, nous galopons jusqu'au Pla Guilhem. Pause réconfort...

Une seconde éclaircie et nous osons la traversée des grands plateaux à découvert dans une purée de pois.

Nous avons failli rater la cabane de Rotja (blanc sur blanc, tout fout le camp !), occupée par une maman et son fils de 7 ans 1/2, qui en sont à leur 50ème jour de traversée. Chapeau !

L'arrivée de 2 nouvelles personnes et leurs chiens nous décide à continuer le parcours. Oui oui à 19h40... et alors ? Le soleil ne se couche que dans 2 heures, et le brouillard est presque dissipé. C'est décidé... on bombarde !

A la station de ski de Vallter, nous découvrons un improbable Foodtruck à la clara bienvenue (panaché espagnol), puis grimpette au refuge. On négocie la douche juste avant 22h et dodo en dortoir avec grand matelas communautaire. La nuit s'annonce difficile, ça ronfle déjà...


Demain, alerte orange sur l’Ariège, pluies dès midi et gros orages.

Mais qu'allons nous faire ? Suite au prochain épisode !

B&A, c'est le coin des Bricoles et Astuces

Grelot 1

Maria la citait dans l'un de ses commentaires... la clochette.

Mais alors à quoi ça sert ? Maria dirait "à faire passer les vieilles pour un chien-chien". Citons FX lors d'un séjour à Madère, expliquant à des touristes interloqués "oui, c'est pour ne pas perdre notre senior".


Blague à part, ce petit objet que l'on trouve au rayon pêche, peut s'avérer être un instrument de sécurité :

1. En cas de brouillard, comme en situation de marche en zone escarpée, la clochette permet de se repérer l'un l'autre juste à l'oreille. Cela présente plusieurs avantages :

- savoir que l'autre est proche sans avoir à se retourner sans cesse (ce qui peut créer des déséquilibres avec un gros sac),

- identifier la distance, en particulier l'éloignement et permettre au premier de cordée d'adapter le rythme,

- identifier une chute ou un déséquilibre de l'autre.


Grelot au pied

2. Vous plantez vos bâtons de marche autour de la tente, et tendez une corde sur laquelle vous accrochez votre grelot ou directement sur la tente pour éloigner les importuns qui veulent piquer les sacs la nuit (ce que nous avions oublié au Col de l'Ouillat) !


3. Demandez à Maria, tout le monde vous prend pour un troubadour et ça permet de créer le contact tant avec l'autochtone que le touriste !


4. Risque : être pris par un Patou pour 2 échappés et se faire intimer l'ordre de rentrer dans le troupeau par les canines du canin !

C'était le coin B&A. Aujourd’hui... le grelot !

20
août

Une journée pleine de surprises !

Durée: 5h55. 21km. 1358D+. 1978D-

La nuit en dortoir est réellement peu réparatrice, quasi blanche. La météo est très menaçante. Nous décidons de renoncer à l'aventure des 7 pics en 4h30 à cause du manque de visibilité et de l'annonce d'une pluie violente vers midi et d'un orage vers 14h. Nous calculons qu'à midi, avec un rythme soutenu, nous pouvons être passés de l'autre côté du Pic d'Eyne et ainsi être moins en altitude quand les éléments se déchaîneront.

Vers le Pic d'Eina
Col de nou creus... 9 nonnes égarées dans la tempête ?
Vers la Nuria ?

Cette étape a demandé beaucoup de concentration. Sortir carte et boussole dans le vent glacial, le brouillard et la pluie, lire et relire chaque point de détails car ici les panneaux et balisages sont rares. Et se tromper de quelques degrés sur la boussole peut tout changer.

D'ailleurs, soudainement Amanda annonce l'arrivée d'une énorme chauve souris :

• • •

- "d'où viens tu ?

-...?

- dónde vienes ?

Du brouillard ? Noooon...

- Ull de Ter

- hein ?? Nous aussi !!!! Y dónde vas ? (Et où vas-tu ?)

- Eyne !

- hein ?? Nous aussi !!!! Qu'est-ce que tu fous dans ce sens ?

- estoy perdido, hace una vuelta (je me suis perdu, j'ai fait une boucle)

- allez viens avec nous, on y va 3."

Notre nouvel ami catalan de près de 70 ans nous explique qu'il a fait l'impasse sur les cartes mais que du coup, le GPS ayant pris l'eau, ne l'aidait pas beaucoup ! En avant la troupe, la pluie c'est plus rigolo à 3.

Arrivés à un col, une nouvelle silhouette débarque de nulle part (Rémi)...

-" je crois que je me suis trompé", il regarde le catalan "mais je t'ai déjà vu toi !"

- "tu vas où ? À Eyne, toi aussi ???? Bon bein viens, on fait un bus !"

• • •

La pluie s'intensifie, le rythme aussi. Nous gravissons le Pic d'Eyne au pas de charge. Nous sommes trempés de la tête aux pieds et le froid est pénétrant. Nous attaquons la descente quasiment en courant, Rémi est ultra trailer et ce n'est pas un problème pour lui. Le catalan tire la langue. Dans la vallée, le chemin est une petite rivière, le brouillard s'est levé, l'orage n'est pas. Notre ami catalan nous fait signe de continuer car il est proche de son arrivée. Avec Rémi, mouillés pour mouillés, nous décidons de poursuivre jusqu'à Bolquère. Pensées pour Odile en passant au Cambre d'Ase, où elle apprit à skier il y a... fort fort longtemps !

Tant qu'à jouer au bus nous récupérons un chien égaré, transi, grelotant, totalement inconscient des dangers de la route, qui reste avec nous pendant plus d'une heure à chercher ses maîtres. Après appel au propriétaire grâce au numéro sur la médaille de son collier, ce dernier envoie quelqu'un pour récupérer l'animal sur le carrefour si dangereux du Col de La Perche où il a failli provoquer moult accident.

Nous arrivons ruisselants dans un hôtel restaurant dont les gens sortent repus et souriants. On a l'air de bien manger ici ! Douche chaude... hmmm. Nous liquidons tout le stock de papier journal de la maison pour sécher les sacs et chaussures. Et c'est notre jour de chance, ce soir c'est bombance : paëlla maison géante ! Youpi ! (surtout qu'on n'a pas mangé ce midi en fait !). La soirée s'annonce bien.

Demain nous attaquons les Bouillouses et le Carlit. Bivouac prévu de l'autre côté.

Un hôtel qui a du ressort car le mot de passe du wifi est "lassuspension" !
Bolquère
Allez ça, c'est fait...
A Bolquère, les municipaux s'éclatent sur la déco !
Une paëlla géante. Délicieuse.
Carn de parol (joue et langue), un pur délice.
21
août

Une 1/2 journée au sommet...

Ce sont les agents municipaux qui font toutes les sculptures en bois
Une montée sous surveillance du vautour
Le chemin de SuperBolquère aux lacs des Bouillouses
Estany de Pradella
Au loin le Carlit
Lac de Comassa

Durée : 7h08 (en une 1/2 journée !!!). 22,32km. 1758D+. 1175D-

On est trop bien dans cet hôtel et nous en profitons pleinement pour une grasse mat' et un bon petit déj'. Les gérants sont accueillants et prévenants, on se sent en famille et ça donne envie de rester.

Du coup départ 11h30 après délestage de poids à la Poste (les premières cartes de l'itinéraire rentrent à la maison, 250g c'est l'équivalent d'un saucisson de la superbe boucherie d'à côté !).

C'est parti pour les Bouillouses via le superbe Lac Ticou de Bolquère. FX ne trouvant plus ses lunettes se fait un A/R en courant et les retrouve juste là où il s'est arrêté pour caresser un chat (pensées pour Malau !), tout en bas !

Les Bouillouses, c'est pas le spot pour être tranquille. Les élevages sont multiples, vaches, chevaux et... touristes ! Il y en a partout, dans tous les sens...


Carlit - Vous voilà prévenus !

La montée des 2921m du Carlit, point culminant des Pyrénées orientales, est mythique et le panneau l'annonce dès le départ, ce n'est pas un trajet anodin.

Ce sentier qui grimpe sacrément, oblige à la concentration et quelques passages nécessitent d'y mettre les mains et de faire attention à son poids de sac. Mais en cette fin de journée, il n'y a quasiment personne ce qui permet de progresser plus aisément.

Le Carlit face Est
La descente du Carlit face Ouest
Estany dels Forats
L'eau est très présente ici
Proche Carlit
Le soleil se couche sur le Carlit depuis Etang de Lanoux

Le 360° qui s'ouvre à nous au sommet vaut largement les efforts de la montée. La gravière en descente (nous l'avions testée en montée lors du GR10 en 2013) nécessite tout autant d'attention et les genoux prennent cher !

Et nous aussi... Bivouac Etang de Lanoux
Bivouac près du barrage du Lanoux en regardant le Carlit s'éteindre. 
22
août

Journée de la Framboise...

Lever de soleil sur le Lanoux
Portella de la Cuma d'Engarcia
Coma d'En Garcia ?
Coma d'En Garcia 2 ?
Gratte moi l'encolure !
En approchant de l'Hospitalet-Près-l'Andorre

Durée : 7h20. 23,12km. 1818D+. 1760 D-

Lever en même temps que le soleil sur le Carlit. Nous apercevons des isards en montant mais difficile à capter sur un appareil photo de téléphone portable, car ils sont bien trop rapides, bien trop lointains.

Après avoir traversé la plaine aux chevaux, humide et très fraîche, nous suivons une piste qui nous fait passer au dessus de Porte-Puymorens, de la station de ski, du Col et de son tunnel... la civilisation ! Nous rejoignons un chemin que nous connaissons bien, le GR107, le chemin de Bonshommes qui relie Foix à Berga en Espagne (Jeep, tu te le tentes quand ? Nous c'était en 2016 !). En sous bois, il jongle avec la pente et les conduites d'eau jusqu'à L'Hospitalet-près-l'Andorre et regorge de framboises et de groseilles sauvages. Petite pause gustative qui rend la langue rose !

Merci la nature !
C'est aussi ça les sentiers de montagne...
Papillon

Pause que nous continuons au snack du coin en ingurgitant viande, calamars et frites ! Quelques courses sommaires car peu de choix (nous n'avons pas vu un fruit ou un légume depuis Amélie-les-Bains) et l'immense descente doit donc maintenant se transformer en immense montée. Mais quelle montée ! Étangs, rus, ruisseaux, le chemin serpente au milieu de tout ça, entre cailloux et mottes d'herbes. Nous en prenons plein les mirettes.

Nous sommes dans des champs de bruyères, de longues herbes à pointes piquantes, des chardons en fleurs, quelques arbustes, des genévriers, des rhododendrons, des myrtilles, sans compter toutes les plantes que nous ne connaissons pas, des bleues, des blanches, des oranges, des jaunes et... des framboises, toujours et encore ! La pérégrination c'est aussi de la frustration... on a envie de s'arrêter, de cueillir et manger mais il faut... avancer !

Au-dessus de l'Hospitalet Près l'Andorre
Vallée de la Jasse de Brougnic
Vallée de la Jasse de Brougnic 2
Vallée de la Jasse de Brougnic 3
Estanh de Pedorrés
Cascade couillade de Pedorrés
Pensées spéciales pour Odile qui aime tant les bruyères.
La cueillette est bonne !
L'étang de Couart

Arrivés à l'étang de Couart, quelques bivouacs déjà en place, randonneurs et pêcheurs cohabitent en silence. Nous nous posons : homme monter maison, femme cueillir baies sauvages !

Toilette rapide dans l'étang glacé et surprise en préparation pour le petit déjeuner...

Au dodo...

23
août

De pics en rocs, de blocs en lacs, les genoux craquent...

Durée : 8h50. 17,6km de blocs ! 1647D+. 1688D-

Au ptit déj today c'est marmelade de framboises
Du bloc vers les étangs d'Albe
Etangs de l'Albe

Avant de partir du Couart, nous profitons pleinement de notre petite préparation surprise de la veille. "Chérie, il y a de la marmelade de framboises au p'tit déj !". Et ça, c'est du bonheur !

C'est une journée qui prête à la flânerie et à l'oisiveté, passant d'un lac à l'autre. Pour autant, ne nous y trompons pas, malgré les faibles dénivelés et kilométrage du jour, le chemin est ardu. Beaucoup de gros blocs qui imposent de la concentration, de l'équilibre, du flair pour éviter la pierre branlante qui peut générer la catastrophe. Alors même si c'est bon pour travailler ses appuis et développer sa proprioception, la chaîne chevilles-genoux-lombaires en prend un sacré coup. Les pas du soir sont moins assurés et les douleurs bien présentes. Les corps s'habituent mais quand même !

Un résumé du chemin de la journée
Encore un petit lac
Vallée de Fontargent
Vallée de Fontargente 2
Vallée de Fontargente 3

Au delà des douleurs, la vue dans ces montagnes andorranes vaut de se détourner des habituels cœurs urbains commerciaux (certains marcheurs de la HRP faisant le détour par le Pas de la Case pour le ravitaillement).

Un petit picnic
Des petits recoins magiques
Des cascades sauvages

Heureux de découvrir une cabane au loin. Déçus de la constater déjà occupée en s'approchant. Pas de surprise, on est vendredi et, en Andorre comme en Espagne, ces endroits se remplissent d'autochtones bruyants. Petite nuit en perspective...


Des champs de bruyères idylliques
Et encore du roc et du bloc
Le tout pour une vue de choc
En approchant du bivouac vers refuge Coms de Jan
24
août

Une montagne andorranne tout autant minérale que florale. Un régal...

Durée : 7h54. 20,3km. 2111D+. 1871D-

Nuit horrible pleine de ronflements et de bruits désagréables. Lever difficile et départ endoloris !

Nous passons les cols les uns après les autres, traversant une partie de l'Andorre toujours aussi charmante. Nous empruntons des sentiers typiques HRP, un peu plus hauts, en contournement des reliefs, moins balisés, moins connus. Très loin de ce que nous voyons à l'horizon, des stations de ski aux téléphériques déversant des flots de touristes qui veulent s'éviter la montée.

Un soleil radieux et chaud (UV11 annoncé aujourd'hui par les sites météo). Une petite rivière, un pont en bois, une odeur musquée, personne à l'horizon... une lessive s'impose et la toilette nous revigore. À une minute près, nous nous faisions taxer d'exhibitionnisme en pleine montagne alors que nous n'avions croisé personne depuis des heures !

Propres, frais et sentant bon (sur notre propre échelle de valeur !), nous sommes d'attaque pour une courte visite à la cantine du refuge voisin. Ce fut un refuge non gardé, c'est maintenant un magnifique endroit d'une trentaine de couchages. Vichy catalan et quiche à la courgette (enfin des légumes !) nous rassasient.

Repus, nous repartons de plus belle vers une nouvelle série de lacs que nous découvrons col après col. Pensée pour Christelle et son ascension du jour sur le Petit Vignemale, car nous aussi aujourd'hui nous avons mangé plus de 2000m de dénivelés positifs !

Nous nous posons au bout de nulle part, à deux pas de la frontière française et nous entendons les clarines des brebis qui semblent s'approcher de la tente. Mais les grelots sont en place ! 😉

Bonne nuit... ?

Bricoles & Astuces : mais que mangent-ils quand ils ne s'arrêtent ni en refuge ni en hôtel ?

Notre petit matériel :

▪un méga réchaud car difficile de trouver du gaz au dessus de 2000m !

▪une double casserole qui s'emboite et permet de tout ranger à l'intérieur

▪2 mini gobelets

▪2 assiettes qui peuvent servir de poêle

▪2 spork en titane (cuillère-fourchette ultralégère)

▪1 opinel chacun car ça coupe mieux !

▪nous avons même une serviette compacte qui une fois trempée dans l'eau fait 50 x 30 cm


Petit déj' :

céréales (donc vous aurez compris qu'il faut privilégier des muesli, flocons d'avoine...)

lait en poudre (ou tube de lait concentré quand on ne trouve pas)

café (ça aide pour les rencontres !)

sucre

• • •

Encas et déjeuner :

Pain

Saucisson et viande séchée d'Aurochs

Fromage

Chocolat

Fruits secs et barres de céréales


Dîner :

▪Toujours une base soupe bouillon cube

▪On y ajoute pleins de trucs :

- pain sec,

- vermicelles ou nouilles de riz,

- un "bidule" de la boite à malice...

▪selon la faim, nous complétons avec un riz à poêler, une semoule, une purée mousseline ou de châtaignes... (des aliments qui cuisent vite, pas de pâtes aux œufs par exemple)

▪Nous avons chacun en fond de sac un plat lyophilisé de secours (en cas que... comme disait Mère Grand !)

• • •

La boîte à malice :

Ce sont les petits plus qui donnent du goût et changent le quotidien :

▪sel aux herbes,

sel et poivre (merci à toutes celles et ceux qui les ont récupérés dans les plateaux repas plutôt que de les jeter et nous les ont donnés)

grains de poivre (il suffit de les broyer entre deux cailloux, c'est hyper pratique et ça nous donne pleins d'idées pour les prochaines fois)

champignons séchés et en poudre,

gofio (farine de plusieurs céréales, spécialité des Canaries... ça bourre bien!)

▪poudre de coco

herbes de Provence, grains d'anis, curry

▪sachets de Wazabi (merchi chuchi shop)

▪et bien sur l'indispensable huile d'olive... dans un pompot', le contenant magique, léger et qui résiste à tout !


C'était le coin B&A. Aujourd'hui... l'alimentation !

25
août

La voie de la raison... ou pas !

Notre bivouac était tout en bas !
Amanda en plein effort...

Durée : 10h31. 20,6 Km. 2685D+. 2475D-

Lever de notre bivouac où nous avons bien dormi. Aucune brebis n'est venue nous troubler et le mulot aperçu au moment du repas n'a rien grignoté.

Nous attaquons la journée directement par une grimpette, sous un paysage qui se réveille et nous émerveille. Névés et étangs se succèdent dans des cuvettes de pierrailles ardues à traverser. Nous parlions de la nécessité de la précision du pied, des appuis en constante sollicitation. Mais le plus dur reste quand le relief fait que le genou monte au niveau du bassin (en angle droit quoi !) et qu'il faut hisser tout ce poids, de marches en marches. Merci les bâtons, accessoires indispensables, qu'il faut savoir lâcher au bon moment pour s'agripper aux prises lors des phases plus verticales.



Arrivés au refuge du Fourcat, accueil plus que mitigé. Au précédent refuge, espagnol précisons-le, nous étions hors de l'heure du service et pourtant on nous a proposé cette superbe quiche à la courgette. Ici, côté français nous avons le droit à "pas plus qu'un café et vite alors". Ça nous tuera de ne pas savoir accueillir en France ! Et le conseil qui tue "passez par Riufred". Nous décidons donc un changement d'itinéraire pour suivre ce "bon" conseil. Nous découvrons les magnifiques étangs Picot après des passages de haute voltige. Vertigeux, s'abstenir ! Blocs après blocs, vallée après vallée, nous arrivons à l’Étang Soulcem et son énorme barrage. Nous questionnons autour de nous, les randonneurs, quelques autochtones. Par le Riufred ? Ça se fait mais c'est chaud : "Vous voyez la gorge là ? Faut la remonter à flanc de rivière, vous avez des gros sacs mais des bonnes chaussures. Ça peut passer..."

Nous allons au pied de la dite gorge, constatons que "ah ouais quand même..." et la providence met sur notre chemin un runner catalan qui descend du Pic d'Estats par le chemin que nous visons. Nous voyant avec notre chargement et après discussion, nous convenons que... nous ne le sentons pas ! Nous n'avons pas de descriptif, le sentier n'apparaît pas sur la carte. Bof !

La voix de la raison nous entraîne vers une autre voie. Ultime négociation catalane "tu peux nous descendre au village auquel notre parcours initial devait nous conduire ?" (à peine quelques kilomètres).

Pendant le trajet d'à peine 1/4 d'heure, les discussions dans toutes les langues du monde pour essayer de se comprendre, nous apprennent qu'il a fait 3h30 de route pour venir de Gérone, 4h de montée au Pico, photo, manger, pipi, 4h de descente et il s'apprête à rentrer à Gérone. Typiquement espagnol ! Tu montes, tu fais la tof, et tu redescends fier de ton exploit.

• • •

Bref, nous voici là où nous aurions du être, à Marc, que nous connaissons bien pour y être déjà passés lors du GR10 et du sentier de l'Ultim Catar. Nous buvons un coup au VVF du coin, discutons avec l'accompagnateur moyenne montagne du centre. Il s'étonne du conseil par le Riufred, vue la technicité du parcours.

Il est 18h ? Il faut 3h pour monter au refuge Pinet ? Et alors ? On est des oufs ou bien ? Un petit coup de fil au refuge pour dire qu'on est des oufs, qu'on arrivera tardivement et on négocie un panier pique-nique. Mais il nous est demandé de ne pas arriver après 21h.

A 20h, nous débarquons ruisselants et fourbus d'une sacrée journée, et mine de rien on vient de gravir 1000m de dénivelés positifs secs en 2h :


- "ah bein vous êtes en avance !

- oui madame, on avait faim !"

Pique-nique avalé, bivouac monté sur un petit replat bien sympa, petite toilette dans la pénombre, nous observons un ciel étoilé qui augure un lendemain des plus radieux pour l'incroyable ascension que nous avons prévue. Tadam... teasing...

26
août

Il y a le G7 et il y a nous... une journée aux sommets !

Lever de soleil depuis le plateau du refuge Pinet
Les bruneta espagnoles
Les +de 3000 pointent leur nez
On grimpe, on grimpe... sur Mars ?
Héhé on comprend pkoi ça caille !

Durée : 10h55. 21,87km. 2439D+. 2818D-

Pourtant il y avait un troupeau de gamins espagnols bien bruyants pas loin et bien figurez vous que nous avons dormi comme des loirs. Allez savoir pourquoi, la grimpette en accéléré de la veille ou les dénivelés accumulés ?...

Aujourd'hui c'est une sacrée journée pour nous, attendue comme des gamins le matin de Noël. Un sacré challenge devant nous et ceux qui veulent nous prendre pour des tarés trouveront de quoi satisfaire leurs argumentaires et opinions réunis !

Nous surveillons la météo depuis des jours, calant notre rythme et notre avancée à son bon gré pour éviter les pluies et orages annoncés, qui semblent reculer devant notre détermination.

Aujourd'hui nous nous levons aux aurores pour enchaîner 3 pics de plus de 3000m d'altitude : le Montcalm (3077m), le Verdaguer (3125m) et le Pica d'Estats (3143m sur toutes les cartes mais 3140,5m sur la plaque en haut, fallait il monter sur la croix pour les mètres manquants ?). L'Estats est le point culminant de la Catalogne et ils n'en sont pas peu fiers. C'est un défilé de pèlerins qui veulent tous leur photo. Nous n'avons pas dérogé à la tradition et bien sûr... Viva Catalunya ! Le 360° est à un tel point que tous les dictionnaires du monde ne sauraient trouver suffisamment d'adjectifs pour définir tant la vue que les émotions.

Verdaguer et Pica d'Estats vus depuis le Montcalm
Vue depuis le Montcalm sur L'Estats (le plus arrondi), à droite le Verdaguer et à l’extrême droite le Sotlo.
La photo précédente est la partie droite de celle-ci... histoire de bien se rendre compte de l'incroyable vue depuis le Montcalm.
• • •
Le Montcalm vu d'Estats
Bon bein 3 pics de plus de 3000... ça, c'est fait !

Mais c'est sans compter sur la suite. D'abord il faut en redescendre de ces sommets et les zigzags dans les petits cailloux roulants sont encore plus impressionnants vus d'en bas. On dirait des pistes de ski mais du genre piste noire cramoisie !

Les paysages changent complètement avec un retour de la verdure, des lacs et étangs, des fleurs, des animaux et des couleurs de montagnes qui oscillent du rouge à l'ocre en passant par des rouilles ferreux, des noirs volcaniques. Le cirque de Baborte est d'un paisible avec ses grandes prairies.

Nous continuons la descente qui, bien que magnifique, nous semble interminable. Serions nous fatigués ? Nous réalisons aussi que nous sommes passés sur les cartes espagnoles au 1/40 000ème (1cm=400m) ce qui pollue notre représentation habituelle avec nos 1/25 000ème (1cm=250m). Le bruit du torrent qui dévale nous indique que le bas est encore loin et le son en est parfois assourdissant.

Nous arrivons sur le très étonnant Pla de Boavi, immense plaine boisée comme une parenthèse au milieu de ces espaces escarpés. Une toilette furtive, un repas expéditif, la crainte de pluie et d'orage nous poussent à repartir pour rejoindre un plat près d'une cabane très sommaire. 1h30 de sentier en nocturne (sans lampe car la vue s'adapte et le pas reste sûr), montage de tente dans le noir et repos bien mérité après une telle journée et de tels dénivelés. Et nous tombons comme des fruits bien mûrs !

Les grands traits blancs, c'est la descente et faut être attentif !
Mais qui voilà en haut à droite ?
Le monstre des montagnes



En cette journée du 26/08, pensées particulières pour Annick.

Bon Anniversaire !

27
août

Des lacs, des lacs, des lacs...

Durée : 5h54. 15,07,Km. 908D+. 1335D-

Cette nuit, la pluie s'est invitée. Le réveil est humide mais seule la tente est mouillée. Nous grimpons au superbe refuge de Certascan vêtus de nos magnifiques ponchos jaune vert (cf. notre rubrique B&A, à venir sur les protections). Hoho, le gardien fait le ménage... mauvais souvenir... ah mais c'est l'Espagne, ça change tout !

2 cafés ? Es possible !

2 tostadas ? Es possible !

Rentrer dans la refuge tout juste nettoyé ? Es possible !

Sécher la tente sur le fil à linge ? Es possible !

Prendre de l'eau ? Es possible !

Des renseignements pour la prochaine étape ? Si si, es possible !

Charger en électricité gratuitement ? Es possible "y tou a lé Wifi gratis et wouala lé code" !

Ils sont forts ces espagnols. Quel accueil ! Ça nous réconcilie avec les refuges et nous restons 1 heure 1/2 avec ce très jeune couple adorable, en pleine préparation du repas de midi et du pain, le tout au son d'une musique pop rock super sympa. Nous quittons l'endroit à regret.

Nous descendons toujours sous un ciel mitigé mais sans pluie. La vue sur le cirque de Certascan est extraordinaire et les lacs à venir n'ont rien à lui envier. Nous croisons pas mal de monde et échangeons des conseils sur nos routes respectives. Tout le monde nous dit que nous sommes peu nombreux dans notre sens.

Ciel toujours menaçant
C'est aussi ça la montagne... des sentiers de rhodo
L'énorme chien du refuge de Certascan
Le magnifique cirque de Certascan

Après le magnifique hameau de Noarre, bien retapé mais quasi inhabité, nous arrivons à la destination prévue, le camping Bordes de Grau. Suffisamment tôt pour enquiller lessive tant attendue et un A/R à Tavascan pour ravitaillement. Du temps pour se poser, grand ménage de sac, douches chaudes, miroirs pour voir nos tronches de baroudeurs, apéro, bon repas... ça requinque avec des hôtes adorables, aux petits soins et pour qui, encore une fois, tout est possible. C'est presque mieux qu'à la maison.

Menaçant mais ça reste incroyable vu d'en haut
Cascade/ruisselade des Etangs blancs à bleus
Des sentiers stables et sinueux. Un plaisir pour les pieds
Murets de pierres sèches signe qu'il y eut de l'élevage
On vient de descendre de là bas
A l'approche du hameau de Noarre
Magnifique village...

La météo annonce toujours et encore 5 jours de pluie et d'orage mais comme dirait la gérante du camping "ils nous agacent la météo. Ici à cause des annonces météo tout le monde appelle pour annuler, alors qu'il a plu une journée en juillet et une en août. Je ne l'écoute plus."

L'importance des cabanes pyrénéennes comme celles de Noarre.

Noarre et les cabanes alentours sont les témoins d’un moment de l’histoire espagnole. Comment parler des Pyrénées sans aborder la guerre d'Espagne ? Que les puristes ne s'offusquent pas de ce que nous avons compris : une douloureuse transition d'une société à une autre, sur fond de misère, de droit à la propriété, d'anarchisme, de lutte des classes, d’opposition villes-campagnes et de conflit à venir en Europe s'étalant de 1931 au conflit de 36 à 39.

Les municipales de 31 propulsent les républicains dans les grandes villes, alors que les zones rurales, bien plus peuplées, restent majoritairement monarchistes. Le Roi s’exile au profit de la IIème République et les gouvernements se succèdent avec des volontés de réformes. Les oppositions s’exacerbent entre droite et gauche sur fond de révoltes sociales des anarcho-syndicalistes. En 34, l’une des insurrections ouvrières est « matée dans le sang » par un certain... Franco (1000 morts, 20000 arrestations) base d’une opposition entre ouvriers et pouvoir. En 36, le climat social et politique est délétère: un Front populaire élu de peu, sur fond d’abstention et d’irrégularités, tente de continuer l’œuvre réformiste mais tout oppose ceux qui ont peur d’une révolution prolétaire à ceux qui ont peur d’une dictature fasciste, et c'est l’enchaînement d'actions-représailles entre milices (ouvrières et nationalistes). Dans ce désordre, un groupe de militaires déclenche un coup d’état et au passage une véritable révolution dans le pays. Dans certaines zones, les ouvriers s’arment, saisissent entreprises et biens de l'Église, les paysans collectivisent les terres. Les patrons fuient, les autorités légales perdent tous pouvoirs. Syndicats et partis de gauche réorganisent les transports et militarisent des usines. La guerre éclate entre Républicains (les « rojos », une armée populaire non formée non encadrée, n’obéissant à aucun gouvernement) et les « nacionales » (ou franquistes, armée initiée par des militaires aguerris qui arrivent de campagne en Nord Afrique). Antagonisme idéologique qui oppose autant la société espagnole que les pays soutiens, sorte de répétition générale avant la 2nde Guerre Mondiale : Russie et Brigades Internationales en appui des républicains, Allemagne et Italie, des nationalistes franquistes.


Au final, 36 ans de dictature de Franco et dimmenses mouvements de populations (la Retirada), en particulier vers la France, par le biais de ces petits villages. Cest aussi une violence sans nom, des exécutions sommaires, fusillades, tueries, bombardements de civils. Chacun des camps peut se partager la palme de la cruauté... environ 400 000 morts.


Alors ? Où en sont-ils ?

Pour tous ceux qui ne voulaient pas tout lire et voulaient juste savoir comment avançaient les deux barjots dans leur montagne, voici un petit résumé simple :

- ça monte et ça descend, parfois beaucoup.

- c'est très beau de prendre de la hauteur.

- depuis Collioure, c'est :

■ environ 320 Km parcourus

■ environ 120 heures de marche

25 250m de dénivelés positifs cumulés

23 765m de dénivelés négatifs cumulés

Par rapport à nos estimations nous avions 2 versions, une longue en 38 jours et une courte en 35 jours. Le rythme actuel nous positionne dans la version courte mais les prévisions météo des jours à venir ne sont pas réjouissantes et peuvent nous retarder.

Petit traité de bobologie :

- poignées d'amour toutes rouges et enflées

- épaules en feu

- coups de soleil

- ampoules aux pieds

- voutes plantaires, talons, chevilles douloureux

- genoux qui tirent

- griffures multiples

-...

Tout va bien. Nous sommes fatigués mais nous avançons !

28
août

Immersion dans la vallée de l'ours.

Ces petits chemins entre les murets on adore.

Durée: 10h15. 24,9 Km. 1705D+. 1765D-

• • •
Au ras des gorges
C'est aussi ça le chemin et ça casse bien les pattes !
Dans la collection "mini fleurs"
• • •

Une dernière douche chaude, un expresso et c'est parti. Nous remontons à Noarre mais par un chemin différent. Nous rencontrons le seul habitant du village, un palois, dont les parents sont nés ici. Il nous en raconte l'histoire depuis son incroyable jardin. Et ses tomates qui grossissent mais ne rougissent pas, et ses courgettes gigantesques et il nous cueille une énorme salade. Génial, un peu de verdure !

Nous grimpons au sein de territoire de l'ours. Après la zone 51, nous entrons dans la zone 1 de l'ours. On ne sait pas ce que ça veut dire mais ça claque ! Le gars qui nous le révèle nous déclare avoir vu poils et excréments... la classe ! En tous cas le paysage est superbe et différent.

Arrivée au refuge Pujol que nous pensions connaître et puis... non. Ces refuges en métal se ressemblent tous. Le ciel, comme tous les jours à la même heure se couvre et nous fait douter. Bon... on y va quand même ! Ici commence un parcours d'orientation en suivant cairns et chemins d'animaux.

Nos pas font crisser les herbes longues et piquantes et soudain s'enfoncent dans des mousses ou trous d'eau. Nous rencontrons nombre de crapauds et grenouilles (pensées spéciales pour Lisou).

Descente complexe au milieu des blocs, des prairies, des genévriers. Ça fait mal aux pieds. C'est assez interminable. Nous arrivons à Alos d'Isil à la nuit tombante et nous nous attendions à un village désert. Que nenni. On joue à un espèce de jeu de quilles en bois sur la placeta. Il existe un championnat. On n'a pas tout compris mais ça occasionne sérieux, rires et animation.

Une négociation téléphonique nous amène dans le superbe refuge du village (il faut récupérer la clef dans l'extincteur devant la porte et laisser l'argent sur la table de la cuisine). C'est magique, on a une baraque d'une vingtaine de places pour nous seuls. Incroyable.

L'Espagne est réellement pleine de surprises.

Une belle nuit devant nous...

Le temps se lève...
... puis se couvre soudainement
29
août

Azimut 262°...

Refuge de luxe... pour 2 !

Durée : 8h39. 20,43km. 2247D+. 1456D-

Nous vous offrons une vue de l'intérieur du refuge. Nous constatons que le confort a quelque chose d'aliénant : on a du mal à le quitter et on a très vite envie de le retrouver. Nous mettons moins de temps à plier nos campements qu'à repartir d'une chambre où il y avait moins à plier et ranger. Départ tardif donc, l'église sonne 10h !

On est totalement hors balisage, hors sentier et avec notre carte au 1/50 000ème, l'orientation n'est pas précise. Nous devons régulièrement marcher à la boussole en calculant l'azimut (calcul d'un cap avec la boussole défini en degré. Il faut orienter sa carte au nord magnétique puis définir le point visé et calculer l'angle par rapport au nord).

Nous grimpons au col d'Airoto, la faim au ventre car nous faisons le constat que les seules céréales trouvées au dernier ravitaillement sont des cornflakes, aliment d'une inefficacité énergétique dépassant l'entendement. Ce n'est que du sucre qui est ingéré en à peine 1h et nous sentons que nos corps exigent bien plus.

Nous pensions, à tort, que le refuge d'Airoto était gardé et fantasmions tout du long sur un hypothétique steak saignant ! Finalement cela finit en petite pause courte, puis nous repartons car le parcours à venir est annoncé comme encore plus exigeant et que, comme chaque jour, le ciel devient menaçant.

Exigeant est un doux mot. La réalité c'est de l'azimut au milieu des blocs, des torrents, des zones boisées, de vallons en vallons à en perdre le Nord. C'est difficile physiquement et mentalement car il faut suivre un fil qui se réinvente à chaque pas.

Dernier col, nous nous pensions sortis des difficultés... c'était sans compter sur le troupeau à l'horizon et ses mégas patous. Pour une fois dans la journée, le sentier est clairement dessiné... au plus près du troupeau. La vision du berger nous rassure, nous essayons de contourner au mieux mais les énormes bestioles blanches foncent sur nous, agressives et grognantes. Amanda sent le souffle sur ses mollets (c'est con car son mollet allait bien !). Le berger ne bronche pas malgré l'alerte de notre présence. Nous sommes sommés de reculer et contourner encore plus bas, ce qui après une telle journée a tendance à alimenter la boîte à "ça me gonfle" !

Enfin, nous passons le vrai dernier col et rejoignons l'une de ces stations de ski mortes et glauques. Nous avons repéré une petite cabane proche (sous la ligne HT et au pied d'un télésiège !) qui nous accueillera pour la nuit. Ça gronde 1 coup, puis 1 éclair très lointain dans le ciel. Une visu rapide sur internet nous montre des impacts sur Barcelone et Madrid, et dans des vallées avoisinantes mais rien ne se passe vraiment pour nous.

Du bloc à gaver...
Salade à l'Aurochs !

Bilan du jour : c'est une journée qui exclut tout excès de confiance et qui te remet à ta place (et elle est toute petite !).

30
août

Journée bouffe !

Oh un steak...
On est bien d'accord !

Durée : 8h17. 20,99Km. 1435D+. 1590D-

Nous avons bien dormi dans cette petite cabane et ça requinque. On a un peu faim et ce ne sont pas nos Cornflakes de m... qui nous bouchent le coin ! C'est décidé, on se fait tous les refuges sur notre route et non seulement on y mange mais en plus on demande le panier pique-nique ! Et on stocke !

Au sommet nous retrouvons Joseva, notre chauve souris de l'autre jour et il est encore perdu ! Nous allons donc faire un brin de route ensemble et découvrir pleins de chose sur lui au cours de notre pérégrination commune.

Ce mec a un mérite fou. Il a les doigts de pieds dans un état pas possible et il continue. Nous apprenons que son cousin a été le gardien du Refuge de Certascan pendant 38 ans et lui pendant 3 ans et il est ravi que nous ayons tellement apprécié cet endroit. Il est vraiment rigolo avec son français plein d'accent et sa façon de parler de lui à la 3ème personne. Nous découvrirons aussi qu'il a fait partie des premiers objecteurs de conscience politique sous Franco et ça... c'est quand même couillu !

Nous sommes tantôt dans la partie nord tantôt dans la zona periferica du Parc d'Aiguetortes. C'est magnifique, nous connaissons un peu car nous l'avons parcouru par le GR11. Le bivouac y est strictement interdit et nombreuses sont les histoires sur les guardians qui surveillent à l'aube les campeurs en hélicoptère (et parait-il en drone) pour ensuite les verbaliser. A 350€ l'amende ça rend la nuit un peu chère. Nous irons donc au refuge ce soir. Nous sommes charmés par l'accueil du refuge de Saboredo et ses sandwichs à l'omelette, par celui de Colomers et sa salade catalane.

Les paysages sont toujours aussi dingues et on rencontre un paquet de monde ici. C'est une sacrée croisée de chemins. Nous croisons aussi les stigmates d'une ancienne importante activité minière.

Le refuge est assez rempli, c'est bruyant, chacun racontant ses aventures. Cela augure une très courte nuit...

Le Parc Nacional d'Aigüestortes i Estany de Sant Maurici a été créé en 1955 et c'est l'unique parc national espagnol de la communauté autonome de Catalogne et sa surface est quasiment équivalente à celle de l'Andorre !

Comme souvent en Espagne, ce parc est un lieu de défi et le chemin Carros de Foc en est l'exemple type. En 1987, quelques gardiens des refuges de la zone, de façon spontanée, ont décidé de faire le tour du Parc en un seul jour, simplement pour des visites de courtoisie aux autres refuges. Personne ne sait d'où est tiré le nom Carros de Foc ni qui a conçu l’idée mais depuis l’itinéraire est devenu un grand classique des Pyrénées.

Aucun problème dans le parc, tout est balisé partout !

31
août

D'Aigues Tortes au Val d'Aran.

Durée : 7h55. 19,21Km. 2262D+. 1898D-

Bon ça se confirme les refuges c'est pas pour nous. Ça ronfle, ça fait la crêpe, en gros personne ne dort sauf celui qui ronfle et c'est chacun son tour !

Petit déjeuner gargantuesque. Et c'est parti. D'un côté, la voie rapide par le GR11. On connaît. De l'autre, la montée vers les lacs del Mar et del Rius... devinez... on est monté ! Et c'est sans regret, quelle vue, quel calme, quelle immensité. Longer et contourner les lacs s'avère assez simple, avec quelques grimpettes de temps en temps nécessitant d'y mettre les mains. Nous croisons un sympathique couple de hollandais gigantesques déjà croisés plusieurs fois et partageons conversation et petit café au col.

Nous rejoignons Hospitau de Vielha que nous connaissons car le GR11 y passe. Puis grimpette à la cabane de Molieres et l'histoire semble se répéter avec ce troupeau de brebis qui s'étale d'une montagne à l'autre. Gros flip de savoir si chien ou pas... eh non ! Ouf !

• • •

On est samedi... mais veille de la rentrée alors selon FX peut être qu'il n'y aura pas tant de monde dans la cabane... bon bein, on arrive... une famille avec 3 gosses. Joseva vient d'y arriver aussi. Un autre français, Serge.

Dissuadés de planter la tente par quelques gouttes, nous prenons place dans les alcôves de cette petite cabane en métal posée sur son promontoire. Pendant le repas nous sommes rejoints par 3 filles et un chien qui viennent passer un WE à la montagne, quelle idée ! La nuit venue, 2 français pointent leur nez puis repartent mystérieusement...

Bref, nous sommes 11 et un chien dans moins de 15m²... C'est très bien fait ces trucs... mieux qu'un refuge. On a même la lumière au solaire. Dingue !

Ça prend du temps, mais chacun trouve sa place (y compris le chien) et étonnamment le calme s'installe.

On est au milieu de la montagne, au pied du Tuc de Molieres, on est les uns sur les autres mais tout va bien...

1
sept

Jour du milieu tout près du toit des Pyrénées, l'Aneto.

Durée : 6h20. 15,86Km. 798D+. 1426D-

Alors donc à 11 dans 15m² ? On s'en sort plutôt pas mal, on n'a pas si mal dormi. La famille catalane se lève aux aurores et le père "drive" son petit monde dans un calme incroyable.

Cabane de Molières
• • •
Vue sur le Tuc de Molières
Montes Malditos avec l'Aneto dans ses nuages. On voit bien l'ancien glacier
Amanda en pleins ascension...
Les dents du Macizo de Ixalenques vers le Pico de la Tallada
Merci Serge de nous avoir guidé jusqu'ici.
Tuc des Molieres, un 3000m de plus.

Objectif ce matin le Tuc de Molieres, un col escarpé et très vertical. Nous montons en compagnie de Serge que nous avons rencontré hier soir. Il connaît parfaitement le secteur et c'est hyper sécurisant pour ce passage qui sur la fin frise l'escalade. C'est vraiment impressionnant de gravir cette crête et de se retrouver à califourchon sur le sommet, une jambe de chaque coté. Nous remontons avec Serge jusqu'au Tuc à 3010m (et un 3000 de plus !) et nous ajoutons des couches de vêtements au fur et à mesure de notre ascension et de la chute de la température. Arrivés au sommet, personne ne parle, la vue sur ces montagnes en dents de scie est époustouflante. La nature crée des œuvres incroyables et le ciel ajoute une ambiance très particulière. Nous constatons que la petite famille catalane, doublée dans la montée, avance à bon rythme et qu'ils vont tous gravir le Tuc. Quel mérite, la petite dernière doit avoir 5 ans !

• • •

Nous redescendons par d'immenses dalles qui gardent les traces de l'ancien glacier aujourd'hui entièrement disparu. Nous descendons d'une traite jusqu'à la Besurta en traversant des champs de marmottes. Le terrain à cet endroit est étrange, fait de failles, de cavités, on y entend l'eau ruisseler de toute part.

Tuca de Ixalenques
Serge au milieu de ce qui fut un glacier
Par le Malh des Pois o la Forcanada
Valle de l'Escaleta
L'Aneto la tête dans sa couronne !

Le nombre de touristes au m² s'intensifiant, nous soupçonnons la proximité d'un parking. Après un sacré soleil, comme chaque jour, le temps se gâte et la pluie menace, alors c'est décidé... comme aujourd'hui, si nous calculons correctement, c'est "jour du milieu", nous nous offrons une nuit au superbe hôtel d'Hospitau de Benasque, avec spa, jacuzzi et tutti quanti (le plus fou, c'est que même en 1/2 pension... c'est moins cher qu'en refuge !).

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C'est depuis le jacuzzi en mode privatif avec vue panoramique sur la montagne que nous constatons qu'il pleut et que nous avons pris une superbe décision en nous arrêtant ici. La douche bouillante est un régal, les bains bouillonnants un délice pour nos muscles endoloris.

Serge nous rejoint et nous passons une très agréable soirée tous les 3 dans cet hôtel complètement dingue, à la décoration chargée, aux sculptures parfois ubuesques, à la gigantissime cave à vin, aux multiples recoins, au musée en sous-sol...


Restaurant de l'Hotel Hospitau de Benasque
C'était une sacrée chouette journée avec notre ami Serge. 
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La commune de Benasque, outre la présence de la fameuse station de ski d'Aramón Cerle, est aussi au coeur du parc naturel Posets-Maladeta l'un des points de départ obligatoire pour l'ascension du Mont Aneto, point culminant des Pyrénées. Ce qui lui vaut le surnom de "Chamonix espagnole".

C'est aussi un ancien point de passage important entre France et Espagne, et les "Hospitau", lieux d'accueil des passeurs, sont très présents au cours des siècles. Petit aperçu de notre gîte...

Hotel Hospitau de Benasque
L'un des très nombreux salons
Piscine spa et détente
Quelle cave à vin

Bricoles et astuces, la salle de bain et la buanderie.

En itinérance longue durée longue distance il faut accepter 2 choses :

- oui, tu vas te salir et puer

- oui, il est 21h, ça caille, tu claques des dents et pourtant, tu vas te mettre à poil et te faire une toilette en un temps et une consommation d'eau records (on a réussi à se laver à 2 avec 25cl !).

Alors bien sur, nous profitons de toutes les occasions et toutes les "baignoires" naturelles pour nous laver et en particulier les pieds. Rappelons que l'eau y est glaciale...


Mais il est indispensable de se laver avant de se mettre dans le sac de couchage au risque de passer une très mauvaise nuit. En effet, la sudation due aux efforts physiques dépose une mince couche de sel sur la peau. Léchez-vous le bras et vous verrez...

La caractéristique du sel est de retenir l'eau. Du coup, si vous gardez cette très mince pellicule sur vos épaules, le soir venu, quand l'humidité arrive vous vous transformez en absorbeur et n'arrivez jamais à vous réchauffer, engoncé dans une moiteur toute désagréable. Il vous faut donc agir !

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Plusieurs possibilités et accessoires à notre disposition (parce que nous aimons le luxe !) :

▪une cuvette autoportante (comme les piscines) qui contient jusqu'à 10l d'eau pour un poids à vide de 180g. Ajoutez 2 casseroles d'eau chaude et vous avez une mini baignoire.

▪un gant de toilette ultra light et qui gratte bien (ça fait gommage en mm temps !)

▪un savon multi usages BIO certifié pour ne pas détruire les micro organismes aquatiques. Multi = savon, shampoing, lessive et vaisselle. Petite odeur de savon de Marseille.

▪une serviette micro fibre ultra absorbante (euh... y compris la mauvaise odeur, du coup il faut la laver régulièrement).

▪notre trousse de toilette : 1 dentifrice et 1 brosse à dents chacun (quand même !). Elles sont en bambou, particulièrement légères + 1 rasoir (euh non non... pas pour FX !)



Pour la lessive, nous lavons tous les deux jours short, t-shirt et chaussettes. Nous les attachons avec des épingles à nourrice sur le sac pour le séchage.

Ce qui vous donne une idée de notre garde robe : 2 shorts, 2 t-shirts, 2 paires de chaussettes de marche. Au gré des occasions nous utilisons une machine à laver. Pour l'instant, une seule fois depuis le début.

C'était le coin B&A. Aujourd'hui... être (à peu près) propre en rando !

2
sept

Une extraordinaire montée sauvage. Accueil embrumé au col.

Notre hôtel digne du Seigneur des Anneaux
Vall de Remuñe
Des isards au loin
Suivre les petits cailloux dans le Vall de Remuñe

Durée: 6h32. 12,27km. 1820D+. 1011D-

Mais quelle nuit dans ce charmant hôtel. Ça fait un bien fou. Et le petit déjeuner est à la hauteur du reste, complètement dingue. Il y en partout, de tout et de toutes les sortes. Des céréales, des boissons, des confitures et des crèmes chocolatées, de la charcuterie mais pas seulement quelques tranches dans une assiette, non, des saucissons et chorizos entiers pendus au clou avec la planche et le canif, des fruits, des laitages, des viennoiseries et les traditionnels œufs brouillés avec une purée de tomates et même les gousses d'ail entières. Bref, on se gave et il est difficile de quitter l'endroit. D'autant plus que le temps maussade, le froid et le vent n'incitent pas à la promenade.

Nous allons finir par traverser le ciel
Et maintenant des grandes plaques
La montagne semble arrêter le brouillard
Forca de Remuñe
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Et pourtant, c'est parti pour une ascension dans un vallon magnifique. Nous rencontrons tous les stades de la montagne. Partant d'un Pla, nous grimpons en forêt de pins, de rhododendrons et de myrtilles, puis les chemins se transforment en mini rivières qui deviennent des torrents et nous remontons ainsi de pla en torrents jusqu'au bout d'un cirque. C'est toujours là que le randonneur à la journée pique nique puis s'en va, alors que le randonneur au long court se dit "bon... par où je passe !?". Nous sommes toujours sidérés de découvrir des passages improbables parfois périlleux dont on pense depuis le bas que ce n'est pas possible et dont on constate, une fois en haut que... bein si ! Il faut avouer qu'avec des gros sacs certains passages sont quand même impressionnants.

Les paysages que nous découvrons sont assez indescriptibles. C'est totalement minéral, on navigue de blocs en plaques, de cairns en lecture de cartes, chaque col laissant apparaître une nouvelle vallée et de nouveaux horizons, des étangs bleus, des blancs et surtout... des vides. Et, il devrait y avoir beaucoup plus de névés...

La progression est lente et on a l'impression d'être dans un autre monde, sur une autre planète. Le dernier col avant de basculer vers le refuge du Portillon (Jean Arlaud) est particulièrement impressionnant, très vertical, normalement enneigé (mais là rien !) et en zig zag dans des petits gravillons qui rendent les pas complexes. Il faut assurer ses appuis, accepter glissades et déséquilibres, contrôler les mouvements, vérifier chaque pierre car l'une d'entre elles peut causer beaucoup de problèmes. C'est physique, c'est technique et ça demande concentration et maitrise de soi. Au sommet, nous sommes soudainement submergés par un brouillard venu du nord, porteur de froid et d'humidité pénétrante. Nous descendons donc dans le brouillard, ne voyant les autres randonneurs qu'au dernier moment et sans voir le paysage du Portillon qui nous entoure. Quel dommage !

Arrivés au refuge, une bonne assiette de charcuterie dans la salle à manger chauffée nous requinque (vive la proximité du barrage qui alimente en électricité !). Il reste 4h30 jusqu'à notre bivouac prévu mais quand même, rater tout ce paysage, ça nous mâche ! Serge arrive au refuge et plante sa tente juste à côté ; nous décidons de faire de même et de profiter du très beau temps annoncé pour l'étape aérienne du lendemain.

Nous découvrons que le couple de hollandais croisés la veille est aussi là. Nous commençons à constituer un groupe de fidèles qui parlent dans toutes les langues autour d'une bière, des étapes, de la préparation de chacun, des émotions du jour... ne sachant pas le prénom de FX, ils l'ont surnommé "p'tit café" !

Demain lever 5h45...

La lac bleu
Le lac blanc
Nous devons monter dans la brèche là haut à droite (Collado de Litterola)
La vue depuis le Collado
Redescente sur un névé simple de Litterola
Au-dessus du Lac du Portillon d'Oô
3
sept

Neiges éternelles... plus si éternelles...

Au Lac du Portillon d'Oô
Col des Gourgs Blancs, Pic Gourdon

Durée: 10h13. 24,63km. 2649D+. 3488D-

Ce qui fut dit fut fait... lever 5h45. Il faut rattraper ce qui n'a pu être fait hier et on a prévu une énorme journée, 11h de marche. Nous nous réveillons en constatant que la condensation de la tente a givré. Ça caille quoi !

Nous suivons les recommandations du gardien pour le démarrage. Quand on voit le paysage qui nous entoure, on se dit qu'on a bien fait d'attendre. Le cirque du Portillon est majestueux et nous ne pouvons que constater à quel point le glacier est en train de se transformer en une petite plaque de neige. Nous avons vu les photos en 1927... c'est incomparable, il n'en reste quasiment rien. Et ce sera la même chose toute la journée. Nous sommes sensés traverser des névés, il n'y en a pas et les randonneurs équipés regrettent le port de leur matériel (crampons et piolets).

Il n'empêche que les paysages sont grandioses et les montagnes qui nous entourent révèlent une puissance silencieuse. Par moment nous avons la sensation de marcher sur la lune. Nous passons une matinée totalement minérale. Très éprouvante physiquement, les corps souffrent de ces blocs à répétition, il faut avoir la cheville ferme et souple à la fois pour amortir les passages de blocs en blocs. Les genoux font mal.

Les étangs créent du végétal qui rompt avec la monotonie de la pierre, et petit à petit le décor change et verdit. Nous évitons le refuge de la Soula et empruntons un passage en balcon assez impressionnant. Arrivés à la cabane prévue initialement comme hébergement de la veille, les jambes disent non et pourtant il faut gravir le Col d'Aigues Tortes très vertical. Après ce que l'on a fait ces derniers jours, l'ascension, en cette fin de journée, n'est pas tant difficile qu'éprouvante.

La descente vers Viados est interminable mais nous en connaissons une partie qui est commune au GR11. Décidément, les moutons transhument à la même heure que nous et nous font redouter d'hypothétiques patous.

Vallée des Gourgs Blancs (Lac du Milieu)
Toujours difficile chemin
Lac des Isclots ou de Caillauas
C'est la vue sur le passage de la 2ème photo de cette mosaïque
Passage sous le Pic de Quartau par la Coue Longue
Passerelle pour aller vers Prat Caseneuve sans descendre à La Soula

Nous arrivons à Viados totalement fourbus, ne sentant plus nos pieds. Lors de notre GR11, nous nous étions arrêtés pour boire une clara (bière + soda, le panaché espagnol). Cette fois-ci, apprenant que le camping que nous visions n'existe plus, nous prenons douche, souper et nuit dans le refuge hiver. Nous n'avions ni prévenu, ni réservé, nous sommes 10 minutes avant l'heure du repas mais... pas de problème, c'est l'Espagne ! Les patrons sont adorables, le serveur uruguayen est pire que bip bip le coyote et nous sympathisons avec nos voisins de table. Le repas est copieux, soupe puis des légumes (aaaaah des patates et des haricots verts !) puis un plat de viande puis un laitage. On se bâfre totalement et FX finit dans les bras de la cuisinière en lui disant que c'est aussi bon que chez mémé. Elle est ravie.

Vallon d'Aigües-Tortes
Le Grand Bachimala ?
En resdescendant par le Bal d'Añes Cruzes, vue sur le Massif des Posets
Massif des Posets
4
sept

Journée ravito !

Notre dodo... trop cool ! Cabane hiver du Refuge de Viados.
De sacrées piscines mais genre cryothérapie

Durée: 10h13. 24,63km. 1525D+. 2390D-

Les amis rencontrés hier soir partagent une partie de leur petit déjeuner trop copieux avec nous et c'est bien agréable. Nous connaissons le début du sentier (GR11) que nous quittons très vite pour une montée magnifique le long d'un torrent un peu en azimut pour couper. C'est toujours un moment important d'arriver à un Col. La vision change, les perspectives avec et nous pouvons deviner le chemin passé ou à venir avec plus de recul (ou pas, des fois c'est juste découvrir qu'il y a un autre col !). C'est aussi découvrir si cette nouvelle perspective nous offre suffisamment d'accès mobile pour les nouvelles aux parents et lire vos commentaires sur nos publications.

La descente est d'autant plus étonnante que des ouvriers sont en train de fabriquer le chemin devant nous. Royal non ? Ils préparent en fait une piste pour Mountain Bike, et franchement s'imaginer là à vélo, 2 réactions... Amanda : "oh my God !", FX : "oh my kif !"

Bielsa c'est la promesse du steak tant fantasmé et du ravitaillement. La moitié des resto est fermée et l'accueil de la cafétéria de la place est plus que mitigé (sûrement l'influence de la France toute proche !). Nous trouvons enfin de quoi satisfaire nos appétits, suffisamment de réseau pour régler le problème des relives qui ne fonctionnaient plus et rattraper d'un coup 3 étapes de retard !

Les pâtes de coing Hellios... con Vitamin C, trop la classe !

Puis le choix difficile des aliments beaucoup moins adaptés à des randonneurs qu'à des ravitailleurs d'alcool et de tabac. Toujours pas de muesli (pensées pour David... on ruse, ce matin c'était tartine de confiture, banane, cannelle). Et puis résolument il y a des trucs de dingues en Espagne, comme ces confitures façon vache qui rit. Franchement quelle trouvaille ! Dommage que le pain lui, soit si bof !

C'est pas le tout de se recharger comme des mules, c'est qu'il faut repartir et franchement, 8km de route dont 200m sous un tunnel (interdit aux piétons) ça nous jambonne quelque peu... aucun intérêt à remonter ce tronçon de contrebandiers (ce qui historiquement était d'ailleurs le cas !) qui viennent se ravitailler dans les supermercados aux promesses de bouteilles plus grandes, moins chères et aux nombreux goodies. D'ailleurs dans ces supermarchés, tout y est "super". Trouver un truc en petit format est un défi !

Coucou !
C'est aussi ça la HRP
La vague de nuage déferle depuis la France
Stigmates des mines dans la Vallée de Barrosa

Nous faisons donc un brin de pouce tendu. Les français passent en nous faisant le petit "non non" du doigt, caractéristique flagrante du conducteur qui veut te faire croire qu'il va s'arrêter bien avant l'endroit où tu vas alors que tu sais très bien, toi qui a la carte au 1/25ème qu'entre ton emplacement actuel et ta destination, il n'y a même pas un endroit pour s'arrêter pisser ! C'est un couple espagnol qui s'arrête, qui ne comprend rien à ce que l'on dit et qui s'inquiète de savoir si nous ne sommes pas en train de les détourner pour se faire ramener en France. Ils s'étonnent que nous nous arrêtions au pied de la montagne et nous regardent nous éloigner vers les sommets. 1h45 annoncées vers la Cabane de Barrosa. Nous avons 21 jours dans les pattes, le chemin est facile et même avec des sacs surchargés nous dévorons le parcours en 1 heure.

La France semble vouloir envahir l'Espagne d'une vague brumeuse blanche que Tata Stef adorerait surfer (oui, on sait, c'est pas du surf, c'est de la planche !)

La cabane annoncée comme sommaire est parfaite, avec table, chaises, estrade pour dormir et même des bougies. Repas aux chandelles et repos bien mérité.

5
sept

Randonneurs dans la brume...

Durée : 6h48. 20,25km. 1831D+. 2037D-

C'est dur de sortir d'une telle cabane (merci aux bénévoles du club alpin de Toulouse qui l'ont retapée avec leurs fonds propres) quand le temps est si frais. Nous avons tout de même la chance de découvrir les montagnes environnantes et après quelques lacets, ô magie, un immense troupeau d'isards (sur la photo de la page suivante, nous en avons compté 22).

Ensuite, fin des émissions pendant au moins 3h. Nous revêtons nos habits de scaphandriers et plongeons dans la brume humide, à moins que ce ne soit l'inverse !

Au-delà du manque de visibilité c'est aussi l'attention que cela nécessite en particulier sur les tronçons de gispet qui deviennent glissants. Nous inventons des montagnes magnifiques à défaut de les voir. Le passage du Col de Barrosa (Barroude) nous ramène en France dans un froid glacial. Le brouillard se lève un instant nous faisant découvrir une vallée totalement rayonnante qui nous laisse penser que nous sommes en Irlande (on suppose car nous ne sommes jamais allés en Irlande !!!). C'est furtif mais qu'est-ce que c'est beau.

Sierra Ruego face à nous
Lever de soleil sur la Cabane de Barrosa
Le brouillard nous envahit
Bêêêêêêêêêhhhhh....
Sous surveillance depuis le Puerto de Barroseta
On vous laisse compter...

Petit pique-nique chocolaté sur l'ancien refuge de Barroude qui a brûlé en 2013 (plus de 40 impacts de foudre recensés) et que certains randonneurs cherchent encore au vu de l'obsolescence de leur guide qui le décrit comme l'étape du soir.

En redescendant, nous passons sous la masse nuageuse découvrant des blocs et des vallées et il nous semble deviner au loin le Vignemale que nous croiserons dans quelques jours.

Les Lacs de Barroude. Cet endroit a quelque chose d'irlandais, n'est-il pas ?
Bienvenue en France !
Un joli passage par la Hourquette de Chermentas et la Hourquette d'Héas
Cabane des Aguilous
Vallée des Aguilous
Vue sur la Crête des Aguilous
La Hourquette s'est dégagée
Notre Yourte à La Chappelle d'Héas
Arrivée à la Chapelle miraculeuse d'Héas. Arrêt à l'auberge de la Munia séduits par la promesse d'une nuit dans une yourte.
Petit pont en pierres à coté de la maison d'Henri Paget dit Chapelle, chasseur et guide des grands pyrénéistes. 
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La Chappelle miraculeuse

Lieu de miracle, Héas est un sanctuaire situé au pied du Cirque de Troumouse à 1500m d'altitude . Des bergers suivirent à plusieurs reprises 2 blanches colombes, l'une se dirigeant sur le clocher de Poueylaün, dans le Val d'Azun, l’autre au lieu même de la chapelle actuelle. Ils furent convaincus que par ce signe, la Vierge Marie manifestait sa volonté de voir élever en ce lieu une chapelle.

Un petit sanctuaire fut installé et cherchant un statue, les bergers allèrent dérober, par pure dévotion, celle de ND de Pinède en Espagne, pensant que le motif du vol le rendrait excusable.

Les propriétaires se mirent en chasse et récupérèrent leur madone, en épargnant miraculeusement les bergers qui s'étaient endormis. A leur réveil, les bergers, déçus, découvrirent une belle source au-dessous du rocher où ils avaient posé la statue. Miracle, une statue aussi belle que le Vierge aragonaise leur apparut, qui fut installée dans la chapelle.

Reconstruite à plusieurs reprises pour accueillir un nombre grandissant de visiteurs et déjà considérée comme miraculeuse, la légende de la Vierge de Troumouse fut confirmée lors de l'avalanche de 1915 : alors que la Chapelle fut détruite, on retrouva la statue de la Vierge enfouie dans la neige, intacte par miracle.


6
sept

Qu'il est plaisant de rencontrer des amis dans le Cirque de Gavarnie.

Durée : 8h14. 29,28Km

Sortir de notre lit mongol avec couvertures et couette est difficile... surtout quand il fait 3° ! Et pourtant il faut s'activer car nous avons rencart dans la montagne ! Nous partons enfin. 1h de route puis nous grimpons vers la Hourquette d'Alans, croisant moult intrigués par nos bardas, notre panneau solaire, notre rythme affirmé... il faut expliquer, narrer, détailler et pendant ce temps notre rencart prend racine (ou froid !) au sommet. Nous avalons cette montée pour retrouver avec grand plaisir Christelle et Fabien qui nous ont rejoint depuis Gavarnie.

Retrouvailles, causette, pique-nique face au cirque et à la brèche de Roland. C'est paisible, convivial et nous arrivons à nous exclure de la foule. Puis nous descendons ensemble à Gavarnie, repartant chacun à ses obligations, certains au boulot, les autres au ravitaillement !

Donc, c'est à nouveau chargés comme des bourriques (enfin avec du muesli !) que nous grimpons pour 3h jusqu'à la Cabane de Lourdes. Petite émotion en reprenant ce chemin que nous reconnaissons puisque c'est le GR10 emprunté il y a 6 ans dans l'autre sens.

La cabane est malheureusement toujours aussi abîmée mais vue la température glaciale nous ne faisons pas les difficiles. La joie du ravitaillement c'est que ce soir c'est festin... saucisse de Toulouse et aligot. Léger quoi !

Cirque d'Estaubé
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Grand et Petit Astazou. Au fond Gavarnie et la Brèche de Roland
Un steak sous cloche en montant vers la Hourquette d'Alans
Le Cirque de Gavarnie et sa cascade
Nous avons retrouvé "mais bien ssurr" sans son sac à main ! (Granges de Holle)
7
sept

Autour du Vignemale

Durée : 8h11. 24,86km. 3439D+. 3516D-

Ce n'est jamais agréable une nuit dans une cabane poussiéreuse mais vue la température extérieure, toujours 3° ! Ça pique partout ! Dans de telles conditions le démarrage est toujours difficile et nous avons du mal à réchauffer nos membres, surtout les doigts.

Nous passons la cabane d'Ossoue que la proximité du parking a transformé en dépotoir. C'est d'ailleurs le truc totalement incompréhensible. Puisque le parking est à côté et que tous ces décérébrés vont donc rentrer chez eux en voiture, pourquoi tout laisser dans une cabane qui n'en fera rien ? Mais inutile de leur poser la question, ils n'ont pas la réponse !

Nous sommes au pied du Vignemale, que nous allons vous offrir sous toutes les coutures. Il est beau, impressionnant et nous toise. Il nous double-toise même, de son Petit et de son Grand. Alors évidemment c'est WE donc c'est l'autoroute. Le refuge de Baysselance et sa capacité d'accueil de 58 couchages annonce complet et 103 couverts ce soir. Même topo au refuge des Oulettes de Gaube. Ce qui ne nous empêche pas de goûter les Genépis locaux. Nous avons le temps de contempler les dégâts sur le glacier dont la disparition semble inexorable.

Belle vue dès 7h le matin
Vignemale
Vignamale
Vignamale
Vignemale
Le lunaire Refuge de Baysselance
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Le chemin horizontal dans la gravière des Arratilles, c'est notre route !

Les progressions sont lentes car il y a du monde, c'est le GR10 et les règles de priorité nous obligent à souvent laisser le passage à des groupes à la progression gastéropodesque. Nous le quittons enfin pour une brève incursion en Espagne dans le dos du Vignemale, retrouvant solitude et tranquillité.

Après des gravières dont RFF rêverait pour faire du ballaste de voie ferrée, nous basculons dans la riante et verdoyante vallée de l'Arratille. L'eau y coule sur des toboggans, la végétation est luxuriante. Myrtilles, pins, rhododendrons et même les buis sont de retour.

Nous approchons du refuge Wallon, un des seuls non CAF (Club Alpin Français, la Caisse d'Allocations Familiales n'ayant aucun intérêt ici !) et ça se voit ! La commission de sécurité ne s'est pas bien passée, la capacité a été réduite et des travaux exigés. Ce qui ne change rien à l'accueil fort sympathique des hôtes... et en plus la troupe de troubadours "Spectacles à dos", de joyeux savoyards venus découvrir les Pyrénées, y finit son tour de chant. L'ambiance est conviviale et chaleureuse, et ça tombe bien car le froid s'installe. Le bivouac est rapidement posé et nous nous réfugions dans la salle hors sac pour le dîner. Ce soir c'est riz au jambonneau et ça requinque son bonhomme ! Nous avions récupéré des gousses d'ail du petit déjeuner gargantuesque de l'hôtel d'Espitau de Benasque (si si, il y avait des gousses d'ail au petit déjeuner) et franchement ça fait du bien dans les plats et dans les papilles.

Vignemale vu de l'Espagne ! A gauche, nous sommes passés par le Col des Mulets
Vallée de l'Arratille
Un des lacs d'Arratille
Le Gave d'Arratille
Vallée et Gave des Arratilles
A l'approche de la Vallée du Refuge Wallon
Récompense de la journée. Si si on l'a trouvée entre 2 rochers dans la montagne

Nous finissons la soirée dans la salle commune, requérons les conseils du gardien pour l'itinéraire de demain, discutons un peu avec nos ménestrels, en dégustant un Génépi tord-boyautesque, avant de rejoindre la tente pour une nuit annoncée comme glaciale.

Brrrrr....

C'est bien de bouger, mais la prise électrique, elle, reste accrochée au mur !

Partir et donner des nouvelles c'est donc avoir un portable, et donc de l'électricité. Et puis, il faut de l'éclairage.

Côté électricité :

• une batterie de 10 000 mAh avec 2 sorties USB (les smartphones ont besoin de 2.1A, les montres se contentent d'1A)

• des câbles + 1 chargeur Fast Charge

• un panneau solaire 16W (3 cellules photovoltaïques)

Nous attachons le panneau sur le sac et les branchements sont simples: la batterie est alimentée par le panneau, et le téléphone par la batterie. Il faut éviter le brancher directement le téléphone sur le panneau solaire car l'énergie est variable et le téléphone passe son temps à s'allumer et s'éteindre, consommant plus d'énergie qu'il n'en récolte. Souvent nous branchons le téléphone éteint pendant la nuit.

Le Samsung S7 prend entre 20 et 30% de la PowerBank pour une charge à 100%. La montre prend 5 à 10% pour une charge à 100%.

Côté éclairage, 2 solutions économes en poids :

• la mini Petzl. Elle fait le job en étant économe en pile (lithium donc encombrement minimal)

• une barre de Led en USB à moins d'1€ chez Action et ça... ça brèche un max. Ça éclaire à fond en utilisant très peu d'énergie de la batterie. Elle prend environ 10% par heure d'allumage.

Chargement en cours !...
Téléphone sur powerbank sur panneau solaire
Moins d'1€ chez Act... et ça envoie bien !

Nous cherchons d'autres solutions en particulier avec l'énergie éolienne. Si vous avez des idées car ce qui est développé actuellement en la matière reste lourd et encombrant.

Les inconvénients rencontrés sont principalement liés à la fragilité des câbles, des embouts et des trous d'alimentation des appareils. Et le tout... merci soleil car sans lui... pas d'énergie !

C'était le coin B&A. Aujourd'hui... l'énergie

8
sept

Retour au minéral

Durée : 6h57. 18,25 Km. 2050D+. 1610D-

Nous nous réveillons dans un froid glacial. Il fait 1,4°C selon le gardien et la tente est totalement givrée. Difficile de la rouler tant c'est du carton et la glace la rend lourde. Au refuge, nos troubadours de choc nous confient une missive à déposer au refuge d'Ayous... une mission... chouette !

Nous grimpons le col de Fâche et profitons du rayon de soleil pour un séchage et du ruisseau pour une toilette. Ça fait du bien de se sentir propres.

Nous bifurquons sur une variante espagnole par la vallée de Respomunso. Nous croisons la route empruntée par le GR11 et profitons du refuge pour un dégustation de gâteaux de la Buena Maria. C'est reparti sur une sorte de canal à flanc de montagne (tu vois Maria, on peut marcher dessus sans tomber dedans !) qui nous mène jusqu'à un immense lac que le niveau d'eau si bas a coupé en 2. Nous croisons les nombreux stigmates d'exploitations minières puis gravissons un col délicat dans la gravière (nous apprendrons 2 jours plus tard qu'un espagnol est décédé la semaine dernière en gravissant le col d'à côté, brrr ça fait froid dans le dos).

Nous arrivons juste avant la brouillard au minuscule refuge d'Arremoulit, un petit endroit charmant, dans son jus. Le réfectoire contient à tout casser 15 personnes. La gardienne est absolument adorable. Les dortoirs sont si petits qu'il y a un tivoli à côté en guise de dortoir et les toilettes sont à l'image du lieu, minimalistes. Nous bivouaquons à côté et discutons longuement avec d'autres HRPistes partis d'Hendaye il y a 12 jours. Échanges de conseils, sur les passages difficiles, sur le matos, les trucs et astuces des uns et des autres...


Vallées et lacs après La Fache
Oh une levada... pensées pour Maria. Après le rfuge de Respomuso
10
sept

Retour au milieu pastoral (et donc au fromage !)

Lac d'Arremoulit

Durée : 9h35

Décathlon nous a bouffé toutes les données donc aucune info de temps ni de distance. Grrrr je vais les tuer !

Notre bivouac au pied d'une falaise nous a protégé du froid et de l'humidité. Nous attaquons par le passage haut c'est-à-dire le fameux passage d'Orteig. La gardienne a prévenu "si vous regardez bien où vous mettez les pieds et que vous tenez bien la corde, ça passe, mais faites attention parce qu'il y a 200 mètres de gaz en dessous".

C'est très impressionnant mais ça se passe assez facilement. Nous descendons et retrouvons les immenses troupeaux de toutes sortes (brebis, chevaux, vaches). Nous rencontrons les bergers et ravitaillons en fromages, on va bientôt pouvoir faire un plateau !

Nous découvrons le beau Jean-Pierre, le nom donné au Pic du Midi d'Ossau et vous y avez droit sous toutes les coutures. Il est impressionnant. Nous prenons des variantes à travers prairies pour rejoindre le refuge d'Ayous et nous acquitter de notre mission.



Nous savons que demain il neige avec limite pluie neige autour de 1800/2000m. Nous voulons donc passer ce dernier col avant de nous poser et nous découvrons la magnifique cabane du Larry plus basse et mieux protégée.


Superbe soirée avec Marie qui est venue pour quelques jours, totalement amoureuse du lieu. Nous achetons encore du fromage à Jean-Baptiste, l'adorable berger voisin.


Nous nous endormons au son des clarines des 1000 têtes voisines et du crépitement du feu dans le poêle. Grâce à lui nous avons pu faire chauffer une immense bassine d'eau. Toilette à l'eau chaude... que c'est bon (les 3 refuges précédents n'avaient pas de douches !).


Nous sommes avertis...
L'impressionnant Passage d'Orteig
C'est qui le point vert sur le passage !?
Passage d'Orteig, la concentration est de mise !
A l'entrée de la vallée de l'Arrious
Moutons de Socques
Le Jean-Pierre... Pic du Midi d'Ossau
Le Jean-Pierre... Pic du Midi d'Ossau, autre angle de vue
Vue depuis la Cabane du Larry
Vue depuis la Cabane du Larry
10
sept

Il pleut, il pleut bergers, rentrez vos blancs moutons !

Durée: environ 8h. Environ 25km

C'était annoncé et nous avons bien fait de laisser une bûche dans le poêle cette nuit car ce matin, il a neigé sur les sommets. Notre calcul de passer tous les cols de plus de 1800m et de redescendre à la cabane était le bon.

Nous prenons la route dans un brouillard glacial et nous sommes même saupoudrés de quelques flocons pendant un court instant. Peu de photos aujourd'hui, à l'image de notre visibilité. Nous passons notre journée à croiser des bergers avec qui les discussions vont bon train. Entre les vêlages de 3 vaches que le berger veut vérifier (les mères cachent les veaux dans les bois), les redescentes de troupeaux de brebis et les agnelages à venir, et donc les rassemblements à organiser avec les bêtes perdues, mélangées... il y a de quoi causer un moment. Et on en croise des bergers ! (Amanda en a compté 7).

Arrivés sur la route du Somport, c'est trop tentant. Nous savons qu'il y a un restau épicerie en haut. Un pouce tendu et en quelques secondes une HRPiste en plein dépôt de ravitaillements nous emmène au sommet. Oui car en effet, nombreux sont ceux qui se font une traversée des Pyrénées d'abord en voiture pour se déposer des colis à des points stratégiques environ tous les 7 jours pour éviter de porter. Mais nous on est des têtus, on est des mulets, on porte et en plus on est économes et écolos !

Repus et le ventre bien tendu, et le pouce aussi pour retourner au point initial et chose incroyable c'est l'ancien, le papy, le berger de 75 ans qui nous ramasse dans le coffre du C15 pourri dont la fenêtre est un ciré et dont la chienne est à 2 doigts de mettre bas à côté de nous.

Le vent frigorifique, le brouillard qui s'intensifie et la pluie qui s'installe rendent la fin de journée difficile et interminable, nous faisant même rater le col et approcher dangereusement de falaises abruptes. Nous nous réfugions (c'est le sens du lieu) au fort sympathique Refuge d'Arlet (prononcer comme Laguillet ou Gruss !).

Il a neigé sur l'Ayous
Zoomez sur la montagne au fond... il a bien neigé !
Ça résume pas mal la journée...
Val d'Espélunguère et sa terre rouge. Ça va finir par nous péter dessus !
Ça a pété !
Le refuge d'Arlet joliment croqué.

Il est 20h30, le service est terminé depuis 2h, tout le monde nous regarde, on ruisselle, on grelotte et on est accueillis comme chez maman. "On est un refuge ici, prenez deux minutes pour vous poser et dites nous si vous voulez manger qu'on vous prépare ça...". Ça fait plaisir à entendre et quelques minutes plus tard, on nous sert un plat mijoté pour 4 dont on se délecte jusqu'au dernier grain de couscous, avant de nous préparer à affronter le dortoir bondé...

12
sept

Un vent à décorner les béliers.

C'est enneigé au fond. (Col de Saoubathou)
Le Pic d'Anie a le nez dans l'anis !
C'est vraiment bien tombé en haut

Durée: 9h28. 33,15km.

Pour les dénivelés c'est comme pour les manifs avec la version selon les orga et celle selon la police. La montre dit "1650D+/2010D-", Runtastic dit "3532D+/3859D-". On a envie de croire le second, c'est bon pour l'ego et ça correspond bien avec ce que pensent les pieds et jambes.

Nous profitons du refuge Arlet jusqu'au dernier instant. La nuit y fut courte comme dans tous les refuges mais son abri fut salvateur vu le son du vent toute la nuit. Et ce n'est pas fini, il va souffler toute la journée. Certes c'est une bonne nouvelle car il chasse les nuages mais sur la crête, il est tellement vif qu'à chaque pas la jambe qui se lève vient cogner le mollet de l'autre, et que dire des bâtons qui nous font des croche-pattes permanents. Il faut lutter, chercher un équilibre qui suit le sens du vent et du vide. Et le sac ne fait qu'ajouter à la prise au vent. Un véritable combat qui est usant pour le moral et pour le corps.

Nous effectuons une incursion en Espagne et la toilette au lac se fait en express entre deux nuages et en priant pour une accalmie du vent.

Les majestueuses Aiguilles d'Ansabère se dressent couronnées et nous les contournons en direction du Pic d'Anie. Le berger d'Ansabère nous regarde goguenard lorsque nous lui annonçons que nous continuons... "d'habitude, ils s'arrêtent ici, c'est l'étape de demain ça". Oui mais... on est fous ou bien ? Des cueilleurs de champignons nous donnent eau et biscuits et "quand même c'est loin votre cabane". Oui mais... on est fous ou bien ?

Un instant bergers... ou moutons...
Les Aiguilles d'Ansabère
Les orgues de Camplong
• • •
Cabane de Lacure

Nous poursuivons et nous avons bien fait, la cabane est un musée de pastoralisme et un havre de paix. Offerte à notre seule présence, nous en profitons pleinement et avons beaucoup de chance car au vu de l'affiche sur la porte... ce sera occupé très rapidement. C'est un lieu complètement hétéroclite avec des dessins, des peintures, des sculptures sur toutes sortes de supports. Magique...

L'intérieur de la Cabane de Lacure... un vrai musée !
Plein de jolies choses.
12
sept

Bienvenue dans le karstique

Durée: 9h57. 33,15km. 2157D+, 2498D-

Quelle cabane ! Avec plus de lumière nous découvrons mieux encore les petites décorations de-ci de-là. Et que dire de la vue en sortant. Les grandes orgues si chères à notre fameux berger Louis, rencontré à la bergerie juste à côté il y a 6 ans lors de la traversée par le GR10. Il avait 70 ans et maintenant a du cesser son activité. Il était totalement amoureux de cet endroit.

Aujourd'hui nous allons traverser les champs de cailloux au pied du Pic d'Anie. C'est totalement torturé et l’œil est attiré dans tous les sens par les reliefs, les dessins sur les pierres, des formes étranges. C'est très beau et les isards vous coupent devant le nez.

Totale rupture avec l'arrivée à la station de ski de la Pierre St Martin. C'est vide et mort. Les troupeaux s'y précipitent, autant de brebis que de camping car ! Nous trouvons quand même un petit snack et nous nous délectons du menu du jour en discutant avec nos voisins de table intrigués par notre barda et sûrement notre odeur !

Détour au refuge pour un mini ravitaillement et c'est parti pour un tronçon de 8km de goudron (beurk) et un long parcours sur la crête frontière avant de se poser dans une cabane sommaire. Il est tard, nous avons beaucoup marché, nous sommes fatigués mais ça commence à sentir le picotin...

Les orgues de Camplong
Les grandes orgues de Complong 
Les orgues de Camplong et le Pic d'Anie à gauche
Pic d'Anie
La Montée dans le massif d'Anie
Au coeur des Arres d'Anie
Au coeur des Arres d'Anie
En montant vers le Port d'Ourdayté
Otchogorrigagna coincé dans son nuage


Tous les ans, cet endroit de la Pierre Saint Martin est le témoin du renouvellement d'un accord de paix ancestral pour l’usage des pâturages et des sources de cette zone.

Cette pierre délimite la frontière entre 2 territoires. Les habitants de Barétous et de Roncal l'ont choisi pour être le lieu symbolique où ils renouvellent tous les ans cet accord écrit sur le Traité du Tribut des Trois Vaches de 1375. Fidèles au rendez-vous, chaque 13 juillet, les élus des deux vallées, après que les Béarnais aient accepté de payer le montant de trois vaches, superposent leurs mains sur la borne et proclament trois fois "Pax Avant", scellant ainsi le renouvellement de ce vieux traité de paix.

En montagne on rencontre de drôles de panneaux et nous ne nous rappelons pas les avoir étudiés lorsque nous passions notre permis ! Alors saurez-vous retrouver ce qu'ils indiquent ? Devinez donc...


Celui de gauche parait assez évident, quoi que... mais celui de droite, hein dis hein dis ?

13
sept

Le jour le plus long... et ça bombarde !

Durée: 11h07. 38,37km. 3042D+. 3374D-

Cabane sommaire mais avec ce qu'il faut pour se reposer. Nous croisons heureusement le berger voisin pour remplir en haut potable car vu les troupeaux l'eau de la rivière est déconseillée pour la consommation. Il nous informe qu'aujourd'hui c'est le grand départ. Il nous explique qu'à défaut de personnel et à cause de la circulation grandissante sur la grand route, les troupeaux redescendent maintenant en camion ! Nous assistons depuis le col au grand rassemblement, c'est impressionnant de maîtrise et de coordination. On n'y croit pas mais tout loge dans les cases !

Cayolar d'Ardané Gagnekca - Comment ranger les moutons. Leçon 1
Comment ranger les moutons. Leçon 2... et voilà !

Les montagnes sont moins hautes, les pentes moins abruptes, les pelouses tondues par les moutons (à faire pâlir un jardinier de green de golf, les crottes en plus), les mûres remplacent les myrtilles, les genets et fougères les rhododendrons, les milans apparaissent... bienvenue dans la moyenne montage et le pays basque.

Vue sur le Pic d'Orhy
Maman je t'aime...

Nous avons choisi une variante par les grandes étendues du pays basque espagnol où nous ne croisons quasiment personne. Nous suivons les traces du magnifique GR12 et franchement suivre un balisage aussi bien fait, c'est d'un reposant !

Nous traversons ensuite le magnifique forêt d'Iraty (pensées spéciales pour Dominique). Les genêts griffent les mollets, mais comme nous visons un endroit pour ce soir qui est loin, nous avons décidé de bombarder toute la journée sans se poser de question et nous avançons bon train. Vous nous imaginiez tarés, c'est pire que ça. Nous venons de marcher pendant 11h et arrivons, après presque 40km, dans la pénombre, dans une cabane où ça dort déjà !

Forêt d'Iraty
Forêt d'Iraty
La foudre...

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Nous avalons les sachets de lyophilisés que nous gardons toujours en secours en fond de sac. C'est riz à la normande et semoule à l'orientale, et très vite corps à l'horizontal car il faut l'avouer ce soir les pieds font mal. Nous venons de prendre 1 jour d'avance sur notre projection courte...

14
sept

Chemin balisé de pèlerins et de palombières.

Durée: 7h. 29,57km. 1666D+. 2280D-

Nuit difficile pour FX entre les douleurs plantaires et les ronflements du seul mec dans cet immense pièce marbrée qu'est le refuge Azpegi. On sent que la journée de la veille a été longue, qu'elle a laissé des marques et qu'on va le payer. Mais l'attrait de la mer est trop grand et nous visons un village sur lequel, comme d'habitude, nous fantasmons 1001 choses en croyant nous rappeler y être déjà passés.

Aujourd'hui ça tombe bien, tout est balisé et c'est facile. Nous rejoignons l'autoroute des hordes de pèlerins de St Jacques de Compostelle qui souffrent dans cette montée des Pyrénées en direction de Roncevaux. Cela fait 1 mois que nous marchons, nos corps, quoi qu'endoloris, sont affutés et nous croquons un par un tout ce petit monde à une vitesse folle (certains se retournent pour vérifier s'ils ne sont pas arrêtés !). Ce chemin nous fait rigoler car il y a une balise tous les 50m avec une indication SOS 112 et des flèches tellement énormes que lorsque nous les voyons avec cartes et boussole à hésiter, nous ne pouvons nous empêcher un léger rictus. Mais il n'y a pas de petits et de grands marcheurs, seulement des gens qui se bougent. Et pour certains la souffrance est visible, l'effort en est d'autant plus méritoire.

Trop contents de suivre des balises, nous en oublions que ce n'est pas notre route et en sommes quittes pour un petit détour. Notre chemin est maintenant simple, c'est crête frontière et palombières.

Nous arrivons à Aldudes sans reconnaître le village que nous imaginions. Amanda, prise d'un doute, court jusqu'à l'église et revient toute émue... il y a 3 ans, nous avions entamé une HRP par l'Ouest et avions été arrêtés net par une tempête nocturne, orage et vent violent qui nous avaient obligés à lever le camp au milieu de la nuit et à nous réfugier sous un porche d'église. Notre aventure s'était arrêtée là sur les conseils des autochtones car la région était en alerte orange pour les jours suivants et nous l'avions constatés à St Jean Pied de Port lorsque la ville fut plongée dans le noir et inondée. Ce porche d'église salvateur c'était... ici à Aldudes. Du coup, on y reste pour la nuit et nous campons dans le champs derrière l'épicerie. Ce soir nous avons conjuré le sort et nous fêtons ça avec un festin. Toujours pas de douches chaudes et ça commence à se sentir (dans tous les sens du terme).

Une tombe perdue au milieu de nulle part
La Tour romaine d'Urkulu (à gauche)
C'est beau le pays basque
Roncevaux, un incontournable pour les coquillards !
Aldudes

Petite précision avant le dodo, l'église sonne tous les 1/4h et deux fois à l'heure pile. Chouette...

Le premier panneau de notre code de la route était donc bien une alerte de la masse piétonnière compostelliste !

Le second panneau annonce en effet ce que l'on appelle un passage canadien pour permettre le passage des véhicules, empêcher celui du bétail et, je le confirme, niquer les pieds des autres !

15
sept

Océan en vue !

Aldudes, fort joli village. Remarquez le mout' qui prend la pose...
C'est sur ce col que nous avions pris la fameuse tempête
Une plante qui dit "vas y touche moi qu'on rigole" !
Une mer mais pas encore l'océan !
Typique du pays basque, chemin, murets, Borda

Durée: 9h09. 40,44km. 2316D+. 2465D-

Bon a priori FX était tellement crevé qu'il n'a pas entendu les cloches tous les 1/4h ! C'est journée "revival"... nous revivons notre descente de montagne de la tempête de 2015 mais en montant sauf que... il fait beau et chaud dès 8h, qu'on envoie du lourd, et que maintenant le chemin est balisé avec des panneaux à tous les carrefours, trop facile !

Elizondo est à 4h10, nous y sommes en 3h et nous délectons de pâtisseries, de tortillas et de pinxos. Bref, on reperd notre avance mais c'est trop bon ! Décidément cette pâtisserie de bourges d'Elizondo où tout le monde rentre le petit doigt en l'air et le balai dans... nous y débarquons systématiquement crasseux ! Mais punaise quel régal ! Bon c'est pas tout ça mais pour atteindre les ambitions du jour, comme dirait l'ami Benji "va falloir envoyer du steak".

Les kilomètres défilent, les fougères aussi. Le ciel moutonne et les moutons nous regardent passer en trombe. Juste le temps de faire sécher la tente sous une éclaircie de plomb et nous repartons. Un moment le ciel se noircit et menace. Nous adoptons la stratégie des messagers de l'ancien temps, mi-marche, mi-course. Le coach serait fier (ou fou ?) de nous voir courir avec de tels poids sur le dos. Mais ça paie car nous devançons le ciel noir qui finit quand même par nous craquer sur la tronche ! Mais très brièvement et à un endroit relativement sécure.

Nous enfilons les kilomètres sans sourciller (ça c'est pour le film parce qu'en vrai ça commence à tirer de partout). Mais nous savons qu'il y a un petit hôtel à moins de 50 boules au Col de Lizuniaga, au pied de La Rhune. Nous avons appelé pour réserver en annonçant une arrivée après 21h. Le pari est fou mais notre stratégie à la Philippidès nous fait débarquer à l'hôtel à 20h. L'accueil est à l'espagnole, comme à la maison, rien n'est un problème et la vue sur La Rhune est incroyable !

Enfin... enfin... enfin... une douche bouillante. La sensation d'être enfin propres. C'est fou. Mais ça fait surtout un bien fou car mine de rien on vient encore d'enquiller 40 bornes mais... en 9h !

Nous avons droit à une superbe salade composée et un gâteau basque qui nous revigorent. Puis nous rejoignons la chambre pour commencer à recenser la liste des endroits qui nous font mal !

Les belles fermes basques - Elbete
Sortis d'on ne sait où ni pour quelle raison !
L'église d'Elizondo
L'église d'Elizondo
Jeunes poulains très timides

Parce que les agressions sont multiples et que qui veut aller loin...

Se protéger du soleil, parce que plus on va haut... plus ça cogne dur, prévoyez :


🌞 un couvre-chef, si possible anti UV. Plusieurs optent d'ailleurs pour des chapeaux ou casquettes avec des protections de nuque type casquette saharienne (ça protège bien mais attention aux coups de chaud). La casquette est d'autant plus pratique qu'elle retient la capuche des vêtements de pluie.

🌞crème solaire of course, à gros indice de protection qu'il faut remettre plusieurs fois dans la journée (au risque d'avoir le nez de clown... hein FX ?!)

🌞 beaucoup optent pour le pantalon pour protéger cuisses, mollets et arrières des genoux, mais on vous l'a dit, on est têtus !

🌞lunettes obligatoires indice 3 mini, certaines zones sont très claires et éblouissantes.

🌞 une bonne ruse c'est d'avoir des manchons ou une chemise dont on enfile les manches par dessus le sac.

🌞🌞🌞 et surtout de l'eau ! Il faut boire, un peu, très souvent, et se mouiller régulièrement la tête et la nuque (tremper le chapeau dans l'eau). Même si l'eau pèse, elle est essentielle par temps chaud. Par exemple, par temps très chaud FX boit une petite gorgée à la pipette du CamelBag environ toutes les 10 minutes. Nous utilisons les sources en vérifiant la sortie d'eau (courante, sort du sol ou pas...) et l'environnement (élevages ou animaux contaminants). En cas de doute, nous traitons avec des pastilles (Aquatabs ou Micropur Forte). Cela donne un goût chloré évidemment et assèche un peu la bouche mais c'est sécurisant.

🌞🌞🌞🌞🌞 La meilleure protection reste... la non exposition ! Une bonne sieste à l'ombre entre 13h et 15h ne génère que des bénéfices !

Les guêtres
Le mega couvre-sac de D4
Collection automne hiver 2019
Le super poncho tarp de Sea to Summit
Notre pharma

Se protéger du froid :

❄ on est têtus donc toujours en shorts mais on ne craint pas le froid sur les jambes.

❄ le principe pour le froid c'est de protéger les extrémités, donc bonnet et/ou tour de cou. Le tour de cou type Buff c'est génial, ça sert à tout (tour de cou donc, mais aussi cagoule ou bonnet ou bandana ou taie d'oreiller en bourrant sa doudoune dedans !...). Ça se roule dans une poche et ça se lave et sèche facilement.

❄ les gants. Amanda a des sous-gants en soie synthétique très légers mais peu efficaces. FX a des gants de cyclisme en néoprène, pratiques pour faire la vaisselle dans l'eau froide ou rouler la tente pleine de glace (mais pas longtemps car le froid finit par traverser). Mais il ajoute pour la chaleur... sa paire de chaussettes avec du Merinos. Bein, ça fait le job !

❄ les manchons de running, nous avions un doute mais c'est vraiment bien tant pour le chaud que le froid. Facile à mettre et enlever, et à rouler dans une poche. Cela nous a permis de réguler facilement les variations de température. Idem, lavage et séchage rapides.

❄ une doudoune Simond, légère et qui sert à tout. Blouson, coussin ou couvre pieds.

❄ une polaire. Ça prend un peu de place, ça se lave et se sèche mal, ça absorbe un peu toutes les odeurs mais cela fait partie du système 3 couches de protection contre le froid.

❄ et pour la nuit (qui peut aussi nous servir de jour en cas de froid important) nous avons des sous vêtements techniques longs haut et bas (type sous-vêtements de ski).

❄ pour compléter le kit nuit nous avons : des matelas autogonflants qui isolent du sol, de bons sacs de couchage en duvets et plumes, des sacs à viande thermolite (une fibre synthétique creuse qui permet de gagner des degrés, en plus de protéger l'intérieur du sac de couchage).

Se protéger de l'eau :

🌧 être en short facilite une partie du problème. Nous ne mouillons ainsi que notre peau et pas de vêtements à faire sécher.

🌧 pour protéger les affaires dans le sac : tout est en sac zip (nous utilisons des sacs zip à curseur, mais Ikea fait des sacs à double zip sans curseur qui nous semblent aussi fort intéressants) ou sac poubelle. Dès que l'eau pointe son nez nous utilisons un sursac à dos (le très épais de chez D4... qu'ils ne font plus !)

🌧 l'imperméable, 3ème couche de notre oignon anti-froid. Amanda utilise un Quechua Helium série ultra light. En cas de forte pluie ça finit par traverser sur les zones de frottements. FX utilise un Millet DryEdge qui présente l'avantage de s'ouvrir sous les bras.

🌧 vous avez ainsi l'oignon anti froid c'est à dire la multiplication de couches, respirante, thermique et anti pluie. La principale difficulté restant que le souhait est de garder le chaud en se protégeant de l'eau entrante tout en souhaitant faire sortir celle que l'on génère !

🌧 pour finaliser le tout et contredire tout ce qu'on vient de dire en créant un sauna portatif... le poncho Monsieur Ouille ! Indéniablement c'est moche, c'est un peu chiant, on se transforme en montgolfière au moindre coup de vent mais c'est quand même super pratique pour protéger la zone entre le porteur et son sac et éviter les entrées d'eau par le dos. Et l'eau glacée qui ruisselle dans le cou... et puis les nôtres ont cet avantage d'être multi usages puisqu'ils peuvent s'ouvrir entièrement et devenir ainsi un tapis de sol, une bâche, un auvent et même un tarp (une tente minimaliste).

🌧 enfin, vous aurez sûrement remarqué sur de nombreuses photos que nous portons des mini guêtres. Elles protègent le haut de la chaussure et la chaussette, évitent l'entrée de petits cailloux, terre et herbes qui veulent absolument s'immiscer dans vos godasses. Elles retardent l'entrée de l'eau dans la chaussure en cas de pluie et... sa sortie quand celles ci sont mouillées ! Elles rendent d'immenses services et on ne peut regretter qu'une chose à leur sujet... qu'aucune des marques essayées n'ait pu prouver la résistance des passages sous la chaussure ni celle à l'abrasion du tissu sur l'intérieur du pied.


Et les autres protections ? Une trousse à pharmacie très complète avec entre autres :

• désinfectant • bandes, compresses, pansements • médicaments simples (paracétamol, maux de ventre...) • pinces anti tiques (le pied de biche) • pansements anti ampoules • crèmes incontournable : solaire, brûlure solaire OsmoSoft, vegebom (crème magique, en mini tube c'est génial, si vous en trouvez, achetez en masse !), bobo bosses de chez PureEssentiels (idem en mini format, c'est incroyable pour toute bosse ou contusion, Maria s'en rappelle après son plongeon dans une levada de Madère), 1 baume du tigre et surtout la fameuse crème Nok, le produit le plus dégueulasse du monde mais tellement efficace (promis Christelle, on va tester le beurre de karité pur) • une couverture de survie chacun • des capotes car avec la promiscuité en refuge, ou un cheval un peu pressant, ou une chèvre isolée... faut être prévoyant !

16
sept

El ultimo dia et que d'aventures !

Durée: 7h02. 28,25km. 1712D+. 1934D-

Océan en vue !
La borne 22... dernier regard sur la montagne à touristes.
Allez... il ne reste plus que ça !

Aaah les nuits en hôtel. Dur dur de sortir du lit. Ça sent la fin et pourtant il reste une journée entière de marche. Voir La Rhune n'est pas suffisant, il faut la gravir et nous la dévorons littéralement. Nous nous en félicitons dans la 1ère venta puis dans la 2ème puis... bein, faudrait y aller un jour ! Bien que rempli de hordes de touristes crachés par le petit train, nous nous attardons face à cette vue de la mer qui nous laisse croire qu'il y en a pour peu de temps. Et pourtant c'est à un peu plus de 6h.

Comme on est des fous, le chemin classique n'est pas pour nous. Nous dévalons le sentier à moutons au pied de l'antenne sous le regard incrédule des touristes qui lézardent au sommet, notre barda attirant toujours autant de regards et de questionnements. Nous étions d'ailleurs les seuls en haut avec un tel accoutrement qui nous attire même la sympathie des serveurs des venta, habituellement désabusés par les nuées de mangeurs de bocadillos arrivés sans efforts.

Et où nous mène ce sentier hasardeux ? Bein, vers une autre venta, tiens ! Allez c'est parti pour un lait de brebis caillé au miel. Bon à force d'attendre il est 17h quand nous arrivons au Col supermarché d'Ibardin où les nuées d'acheteurs frénétiques en quête d'alcools et de cigarettes moins chères viennent avidement remplir les coffres. Nous fuyons le lieu en 4ème vitesse et attaquons une partie connue qui impose le GR10 comme chemin quasi unique vers l'océan. Il faut accélérer pour ne pas arriver en nocturne et nous entamons une petite séance de footing en finish. La traversée de la ville est interminable comme à chaque fois.

Nous foulons enfin le sable, l'eau est le signe de l'aboutissement de notre projet.

Nous enlevons les chaussures et allons mettre les deux pieds dans l'eau. Ça y est c'est fait... nous avons rallier la Mer et l'Océan par la montagne en une seule fois. FX en saute de joie oubliant que sa sacoche de ceinture est ouverte. Lunettes et smartphone en profitent pour manifester eux aussi leur joie et faire un plongeon. Amanda a juste le temps de repêcher le téléphone mais au revoir les lunettes, cotisation personnelle pour la presbytie des poissons âgés ! Décidément, FX et les lunettes.

Nous rejoignons l'hôtel prévu ce soir et comme si nous n'avions pas le droit de profiter de notre soirée tranquille, l'hôtel ne trouve pas notre chambre et s'avère complet. "Allez manger, je règle vous problème". C'est donc trempés d'eau de mer et crasseux que nous cherchons désespérément un restaurant un lundi soir... eh beh oui... bienvenue en France ! Pendant le repas, Amanda reçoit un appel pour nous annoncer que nous serons logés à l'hôtel... Serge Blanco (pensées aux rugbymen... et aux mafioso !).

Le téléphone de FX passe la nuit dans un sachet de riz et nous espérons une résurrection car c'est de lui que vous avez toutes ces nouvelles et toutes ces photos !

Nous nous couchons avec un mélange de bonheur et de vexation...


Thirty-thrreeee, drei­und­dreißig, treinta y tres... trente trois !

33 jours pour traverser de mer à océan par les Pyrénées.

Georges Veron le rédacteur de la 1ère HRP prévoyait 42 étapes entre Hendaye et Banyuls. D'ailleurs ce livre est en rupture d'édition et en vente plus de 270€ sur Amazon. Si quelqu'un l'a chez lui, qu'il le mette sous cloche !

D'autres éditions ont été publiées depuis en France et à l'étranger. Pour préparer notre itinéraire nous nous sommes principalement inspirés de Trans'Pyr, de Jérôme Bonneaux qui le parcourait en 45 étapes et de Trek des Pyrénées de Céline et Sébastien Dupont qui le décrit en 43 étapes.

Nous avions aussi reporté un 3ème trajet chopé sur le net, d'un mec qui l'avait fait en 35 jours, que nous avions baptisé "le trajet du fou".

À l'aide de ces 3 itinéraires, parfois communs parfois variants, nous avons travaillé longuement en les reportant sur les photocopies couleurs HD des cartes IGN 1/25 et Rando Alpina 1/25 que nous avions achetées (ça en fait un paquet !).

Nous aurons parcouru environ 805 km en 275 heures de marche pour un dénivelé de presque 66 000 mètres positifs et donc négatifs puisque nous partons de 0 pour arriver à 0 !


• • •

Les moyennes quotidiennes :

24,39 km 8h20 2000 mètres de dénivelés +/- • une vitesse moyenne de 2,93 km/h.

Hors des moyennes, nous avons marché :

9 jours plus de 8h • 5 jours plus de 9h • 5 jours plus de 10h • 1 jour à 11h ... et...

10 jours, moins de 20 km • 15 jours entre 20 et 30 km • 7 jours à plus de 30 km • 1 jour à 40 km


Nous avons perdu :

• 1 filet poubelle (à Airoto, il est dans les blocs !)

• 1 Tupperware pliant (si vous en avez un non utilisé... on prend ! Et sinon il est dans le meuble cuisine du Refuge de Molières, si vous y passez...)

• 1 bonnet taille enfant aux alentours du Pic Carlit, quelque part dans les rhodos...

• 1 chèche (si vous passez à l'hôtel Hospitau de Benasque...)

... non parce qu'on perd des trucs mais on sait où !

• 1 adaptateur USB type C (alors là... si vous le trouvez, gardez le c'est cadeau !)

•... les bonnes manières et les usages de la vie en société !

Et...

• • •

Avant :

• Mme ne dira pas son poids (c'est une fille, ça ne crache ni son poids ni son âge !)

FX regrettait ses 70 kg mais c'était bien le chiffre annoncé par sa balance


Après :

au moins 3 kg de perdus pour Madame

FX a effectué la pesée à 65, soit 5 kg de perdus (youpiiii !)


Donc oui, nous ne sommes pas peu fiers d'avoir réalisé cette aventure en 33 jours arrivant ainsi bien avant nos prévisions et nous laissant tout le loisir du farniente (et reprendre des kg grâce aux tapas espagnols !).

30
août

Parce que les histoires ont une fin et qu'il faut savoir finir en associant ceux qui ont participé à la réussite de l'aventure comme dénoncer ceux qui ne l'ont pas facilitée, nous voulions donc rédiger cette petite bafouille très personnelle et totalement subjective !


On ne remercie pas :

♤ Le gardien du refuge de l'étang Fourcat pour son "2 cafés ? Mais vite fait alors" ou son "de l'eau ? Y en a partout en montagne. " ou encore ses bons conseils pour utiliser la gorge du Riufred, peu adaptée à notre niveau et notre chargement.


♤ Tous les cons qui laissent leurs déchets partout et qui sont persuadés qu'un mouchoir en papier c'est naturel donc qu'on peut le jeter dans la nature. Ce sont souvent les mêmes qui laissent aussi leurs noms gravés dans les cabanes !


♤ Les bergers qui en te voyant laissent leurs patous te sauter dessus plutôt que de le rappeler, persuadés que la montagne est à eux et que tout intrus est un agresseur qui mérite les crocs dans les mollets.


♤ Les Cornflakes pour l'ensemble de leur œuvre.


♤ Le service clients de La Poste qui pour 4,99€ + une fortune la minute :

- "J'ai du oublier mes lunettes à l'agence postale de Bolquère.

- Ce que je peux faire, c'est leur envoyer un mail et ils vous rappellent demain.

- Laissez tomber, je crois que vous n'avez rien compris à la notion de service !"

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On remercie :

♡ Commençons par remercier ce précieux objet qu'est... 📱... le smartphone ! À la fois téléphone pour joindre les proches, ordinateur et appareil photo qui nous ont permis de rédiger ce carnet et partager ce que nous avions sous les yeux, mais aussi de vérifier la météo, de réserver des refuges, de rechercher des informations. C'est aussi notre DataCenter, où nous avons stocké copies de nos descriptifs en cas de destruction des versions papier, et surtout c'est notre GPS pour les fois où, doutant de notre position, nous avons pu nous géolocaliser, pour nous rassurer et nous orienter. Et dernière fonction et non des moindres, il a pris son 1er cours de natation, l'attrait de la mer et du surf sûrement !


Frédéric à l'Ermitage Notre-Dame de la Consolation de Collioure, qui accepte des réservations 6 mois avant par simple mail sans acompte et te sert huîtres et vin blanc à 23h.


♡ L'Hotel LASSUS pour tout. Prix raisonnable, paëlla géante et petit déjeuner à volonté. FX avait perdu ses lunettes, un simple coup de fil et la gérante s'est déplacée dans les commerces voisins et la Poste pour vérifier si elle les trouvait.


♡ Les Postières de Bolquère qui appellent les randonneurs pour convenir du lieu de livraison le plus adapté, en utilisant leurs tournées et font tout pour être arrangeantes. Et qui n'auront sûrement pas, cette année encore, de prime pour les féliciter de leur conception très engagée du service public.


♡ L'accompagnateur montagne du village vacances de Marc qui nous tuyaute sur les bons chemins et nous emmène avec son WV ancestral sur le parking de départ des rando nous faisant gagner une heure.


♡ Le Camping Bordes de Grau pour son accueil d'une gentillesse "comme chez mémé" et qui s'extasie de nos 3 mots baragouinés en espagnol .


♡ Tous les refuges espagnols (Borda de Sorteny, Certascan, Saboredo, Viados...) pour qui rien n'est jamais un problème et qui trouvent toujours des solutions à tout. Mais aussi pour leur accès Wifi gratuits, chose que les refuges français semblent ignorer. À l'ère du numérique et des GPS connectés, il serait temps que la France fasse une avancée hors du Moyen-Age.

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Les refuges français dont...

• Le gardien du Refuge du Portillon pour ses conseils sur le départ du sentier, ses plateaux de charcuterie gargantuesques et son amabilité. Quand on lui raconte nos expériences avec les gardiens de refuge français, sa réponse en dit long..."eh oui, il y a de tout !"

• Le gardien de Baysselance qui fait un super gâteau montagnard avec son pain dur trempé dans du chocolat et des fruits.

• Le refuge Wallon et son Genépi oublié dans la cave.

• Le refuge d'Arremoulit et sa gardienne qui vous accueille tout en douceur (et une bière... hmmm). C'est l'ancienne gardienne de feu le refuge de Barroude (feu est le bon mot) qui lutte judiciairement pour faire valoir ses droits, depuis 5 ans !...

• Le couple du refuge d'Arlet, qui nous voit débarquer à 20h30 dégoulinants et qui nous accueille à bras ouverts alors que le service est fini depuis 1h et nous fait un plat du jour cuisiné avec couscous pour 4 personnes qui nous revigore. On leur raconte certains refuges... "ahhh les CAFistes..."


♡ Le palois de Noarre pour sa gentillesse et sa salade qui nous a tenu 3 jours.


♡ Les voitures qui s'arrêtent quand on fait du stop. Dont cette HRPiste qui nous laisse son rab de Muesli !


♡ "Le papy" du Somport, et son C15 pourri, 75 ans et l’œil partout pour surveiller les troupeaux de tout le monde.


♡ Merci à Maitre Mario, notre basque de cœur pour son accueil sympathique avant notre retour à la maison. Au plaisir de nouvelles aventures...


♡ Tous les amis rencontrés sur ce chemin (Rémi, David et Gentiane, Joseva...) et un énorme coup de cœur pour Serge qui nous a guidé sur le Molières nous montrant ce qu'est la connaissance de la montagne et que nous avons pu retrouver sur Hendaye le jour de son arrivée (c'était fugace mais quel plaisir de se revoir. On garde le lien amigo !)


♡♡ Vous tous qui nous avez suivi de près ou de loin, avec ou sans commentaires. Si pérégriner seul est une démarche que nous apprécions aussi, narrer son aventure dans un tel carnet est une expérience que nous avons trouvé incroyablement riche, certes contraignante, mais qui entretient notre propre mémoire.


♡♡♡ Merci à nos parents de nous avoir constitué ce patrimoine d'envie, d'amour des paysages et le potentiel physique qui nous a permis de le réaliser.


♡♡♡♡ Merci Dame Nature pour tes richesses, tes beautés, tes couleurs, tes formes, tes merveilles... et tes facéties.


♡♡♡♡♡ Et pour nous avoir permis de vivre toute cette aventure dans les conditions les plus facilitantes possibles (et grosses pensées au passage pour Hélène)...

...merci l'Univers !