À propos

Couple qui baguenaude dans les montagnes et sur les sentiers... GR10, GR11, GTA-GR5, GTJ-GR509, HRP, chemin de St Guilhem, Chemin des Bonhommes-GR107, Cami del Ultim Catar, Sentier cathare, GR7, Via Alpina...

Le long de la ligne de partage des eaux - GR7

Le GR 7 suit approximativement la ligne de partage des eaux qui sépare le versant mer Méditerranée du versant mer du Nord-Manche-Atlantique, des Vosges jusqu'en Andorre. Nous partons de Vienne (Lyon).
Du 28 août au 22 septembre 2020
26 jours

Il parcourt plus de 1500km des Vosges jusqu'en Andorre, puis continue au travers des chemins européens jusqu'au Portugal et pourtant, grâce aux mystères de la FFRP, il n'existe aucun guide pour le décrire. Mieux, la fédé elle-même renvoie vers les descriptifs de randonneurs l'ayant fait.

C'est le sentier de Grande Randonnée n°7 (GR7) qui part du ballon d'Alsace et s'arrête en pleine montage à la Portella Blanca, frontière entre l'Andorre, l'Espagne et la France (la France ne décrit que des portions du parcours sur SON territoire français, le reste du monde n'existant pas !).

C'était une idée il y a quelques jours qu'il faut transformer en projet en moins de deux jours. Car on ne part pas sur un tel périple sans se préparer un peu...

Nous décidons de faire l'impasse sur pas moins d'environ 20 cartes IGN et préparons tout à partir des cartes en ligne sur www.calculitineraires.fr (qui permet une visu précise des sentiers balisés, des refuges et cabanes sur www.refuges.info et de recherches sur internet.

Vu le temps imparti, nous ne pouvons réaliser la totalité du parcours (Amanda ayant catégoriquement refusé ma proposition de faire plus de 50km par jour... 😰🤪).

Nous "squattons" chez ma tante qui voit sa salle à manger envahie de matériel, de cartes, de walkbook... et deux fous qui parlent en langage codé, calculant des km, des D+, des parcours avec des ravitaillements, des bivouacs...

Tout est quasiment calé, il ne reste plus qu'à ranger son sac ! 🎒

Moto et matériel informatique restent chez ma marraine, mes tantes nous accompagnent demain matin à Castelnaudary et Manon nous transporte via BBCar jusqu'à Vienne, tout près de Lyon. Ce qui nous permettra de traverser intégralement le Parc Naturel Régional du Pilat et de rejoindre le GR7 au Crêt de la Perdrix dans 45km... (bein quoi ça fait moins de 50... et c'est bien comme 1ère étape ! 😜)

On vous embarque dans le sac avec nous pour une traversée de plus de 800km à travers les Parcs Naturels Régionaux du Pilat, des Monts d'Ardèche, des Cévennes et du Haut Languedoc.

Les sportifs le savent, avant de courir autour, il faut bien arriver dans le stade et s'installer dans les startingblocks !

Et là on a mobilisé tout le staff... Marie-Hélène et Nadou nous accompagnent à Castelnaudary Manon, notre covoitureuse nous récupère pour une traversée émérite jusqu'à Vienne en Isère (pour des poitevins... c'est étrange !). Émérite car entre la circulation, les embouteillages et les trombes d'eau, elle nous conduit d'une main de maître.

Nous pensions attaquer les collines sans attendre et bivouaquer hors de la ville mais les prévisions météo pour la fin de journée annoncent près de 24mm de réjouissances humides sur une nuit zèbrée de quelques orages en décoration.

Du coup... météo 1 - randonneurs 0.

Ce soir c'est Byzance, hôtel, resto et visite de la ville... sous la pluie. Peut-être la dernière nuit confortable alors... on profite !

Vienne est une bien jolie bourgade qui mêle maisons médiévales, château du XIIème et temple romain.

Et demain c'est jour de marché. L'un des plus grands du Sud de la France parait-il...

... mais nous serons déjà loin car demain, lever 5h !...

Aaaah la liberté des grands espaces...
29
août

Ce qui fut dit fut fait... lever 5h !

Les vendeurs du marché ne sont mm pas encore installés que nous avons déjà quitté la ville.

Nous remontons la berge du Rhône, large et majestueux, pour basculer sur l'autre rive et découvrir la partie "bord de fleuve" du Parc Naturel Régional du Pilat.

C'est une sortie de ville bucolique et maraîchère : des hectares de champs de laitues, carottes, céleris et cucurbitacées de tous genres, arbres fruitiers et... quelques mûres.

Le sentier, très bien aménagé, est ponctué de zones d'observation de la faune. C'est superbe et nous rêvons de voir les castors installés sur le territoire. Nous pensons à Christophe en vérifiant dans chaque mare la présence d'éventuelles nageoires !

La biodiversité de l'île du Beurre.

Après le plat, nous grimpons au milieu des vignes et des petits villages aux belles maisons de pierre. Nous croisons beaucoup de cyclistes, quelques rares promeneurs et à chaque col, un bar et des motards ! Lequel attire l'autre ???

Nous nous amusons des yeux en soucoupe qu'ouvrent les promeneurs lorsqu'ils nous demandent où nous allons et que nous répondons avec fierté... dans les Pyrénées ! "Ah ouais quand même" est la réponse la plus fréquente !

Nous continuons notre ascension entre forêt et chemins de bruyère, et c'est lorsque nous décidons de faire la sieste que débarquent les quads et les motos de trial !

Nous attaquons enfin la chaîne des crêtes que nous visions depuis ce matin. L'ascension est de plus en plus rude jusqu'au Col de l'Oeillon où la vue est extraordinaire.

La population augmente soudainement. Ici se croisent VTT, trottinettes électriques, parapentes et promeneurs que la proximité des parkings attire.

FX, attiré par un gâteau au chocolat banane, entame la conversation avec 4 personnes charmantes. C'est l'occasion de troquer un bout d'Aurochs contre un bout de gâteau et nous confirmons... il déchire !

Entre échanges et rires, nous parlons rando, voyage en Amérique du Sud et poids du sac et nous découvrons que ce site est le coin de prédilection de la sortie dominicale des Lyonnais.

Nous visons le chalet bourguisan repéré sur la carte en imaginant un coin plat pour la tente. Nous commençons à être fatigués, à avoir froid et nous décidons de nous poser pour préparer la soupe avant de monter la tente. Quelle bonne idée d'avoir attendu car débarque soudainement un troupeau de gars venu fêter l'enterrement de vie de garçon de l'un d'entre eux. Ils sont arrivés avec un chariot à roulettes, des tentes, un tipi, un brasero et de quoi fêter dignement l'événement. Adieu la nuit tranquille !


Mais c'est mal nous connaître ! La soupe avalée, nous repartons à la recherche d'un petit coin un peu plus calme. Au Col de la Chèvre nous découvrons des photographes immortalisant de leurs objectifs dignes de Roland-Garros un coucher de soleil plus que majestueux.

Nous trouvons un petit coin sympa sous les sapins, abrité du vent qui semble apporter nuages et froid. Nous découvrons que le carrefour à 50 mètres est le point de jonction avec le GR7 et nous réalisons l'ampleur de notre journée. Une journée incroyable de variétés de paysages. Nous en sommes enchantés.

Lorsqu'enfin installés dans notre sac de couchage, nous entendons le plic ploc caractéristique des gouttes d'eau qui tombent sur la tente, nous sommes heureux d'être à l'abri et au chaud.

Belle nuit en perspective.

40.98 km. 10h56 de marche. 1902mD+. 706mD-.

30
août

Ça s'est confirmé, il a plu toute la nuit et FX a retardé le réveil pour laisser le temps au ciel de finir de se vider ! On dit de ces journées qu'elles sont blanches tant la purée de pois est dense.

Le pliage est glacial, et les 1,3kg de la tente se transforment en 2,3kg ruisselants. Tout le matériel grand froid et humidité est de sortie ! Nous gravissons le Col de la Perdrix au galop tant la température est à la hauteur de la vue, proche de zéro...

Et après avoir descendu 200m de dénivelé, la station de ski de fond du Chabouret annonce 8°C. Tout arrêt est immédiatement sanctionné de frissons dans le dos. Le brouillard ajoute une ambiance quasi magique et l'on s'attend à voir surgir quelque farfadet de derrière les arbres. Mais ils sont restés cachés... le froid sûrement !

Long arrêt à Le Bessat, pour se réchauffer au café et rédiger le J1 de notre carnet. C'est en fait l'épicerie du village qui est magique, du bio, du vrac, des fruits... et que dire de la boulangerie dont le pain bio croustille à plaisir. Nous sommes le 30 aout, les cheminées fument et il est difficile de se décider à partir dans un tel frigo.

Les efforts et les forêts ça creuse et lorsque le loup à faim... il dévore !

Oui ici c'est le paradis du sportif. Nous traversons pas moins de 3 magnifiques espaces nordiques sur cette forêt de plus de 600 ha mais comme la neige se fait rare, les stations et les municipalités exploitent leur domaine en piste de VTT et en parcours de trail. Et ça a l'air de fonctionner car en ce dimanche nous croisons nombre de coureurs, marcheurs et pédaleurs.

Le vent offre quelques éclaircies qui nous permettent de nous réchauffer, de sécher la tente et d'admirer le paysage. La marche est rapide. Les pauses nombreuses car aujourd'hui on a les crocs et on dévore le bon pain et les fromages achetés ce matin.

Nous n'osons pas nous attaquer aux champignons croisés de peur d'une erreur et notre spécialiste n'est pas là, hein mon Christophe 😉🍄 (et aussi parce que nous trouvons étonnant de les découvrir si près du sentier sans que personne n'y ait touché !). Un peu plus bas, au milieu d'une horde d'autochtones grisés par la liqueur de poire locale, nous réussissons à faire l'acquisition de 4 œufs frais qui nous font saliver d'avance ! Les deux trouvailles se seraient sûrement bien mariées.

Nous repartons de plus belle à travers les cols et finissons par nous poser entre le Grand et le Petit Felletin, et notre tipi est bien caché, sous le panneau du GR7 !

Il nous semble que nous venons d'arriver en Ardèche. Le soleil se couche sur la cime des arbres, la lune brille presque pleinement et une vision totalement claire des étoiles nous laisse espérer une belle journée demain. Nous nous endormons sous les aboiements des brocards.

35,66km. 10h de marche. 1325D+. 1400D-

31
août

Il partait que quand on se couche le soir et que l'on voit les étoiles, il fera beau le lendemain... il paraît ! Les affaires de pluie et de froid sont à nouveau de sortie. En même temps, nos arsouilles de la veille nous avait prévenu... St Bonnet le Froid porte très bien son nom ! Tout y est fermé depuis... hier, WE qui marquait la fin de saison et le répit des commerçants.

Nous confirmons notre entrée en Ardèche et notre pérégrination entre forêt de feuillus, de résineux et grandes prairies d'élevage.

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C'est aussi la région d'élevage de... nos sapins de Nowel et de l'exploitation forestière de pins. A se demander si toutes les forêts n'y sont pas dédiées tant les arbres sont alignés.

Et que devine-t-on à l'horizon ? Selon les angles et la position, tantôt les Alpes en plein Est, tantôt le Mont Gerbier du Jonc et le Mezenc que nous attaquerons très bientôt.

Nous croisons aussi des espaces de loisirs nautiques au Lac de Devesset (si si Tata, y a du vent et un véliplanchiste dessus !) où nous dévorons du gras sous forme de panini et frites. C'est bon pour le moral après tous ces villages aux vitrines closes.

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Pour répondre à Petit P. à travers Claire-Françoise, voici à quoi ressemblent fruits et feuilles du fameux arbre.

À St Agrève, nous nous précipitons dans la boucherie puis le supermarché du coin nous protège de l'averse qui menaçait et une courte négociation nous permet de recharger batterie et téléphone faute de soleil pour le faire par le panneau solaire.

Nous marchons encore un bon moment avant de trouver un coin propice à notre campement, hors des propriétés privées !

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Et sinon, comme écrit sur la vitrine...

...bonne rentrée à ceux qui rentrent !

38,6km. 8h45 de marche. 720D+. 1075D-.

1
sept

"Couché tard, levé matin, C'est pas ça qui fait du bien, De l'eau fraîche et du pain vieux, Ça ne rend pas vigoureux." chantait Malicorne lorsque nous gambadions encore en short (ah oui... on gambade toujours en short !).

Bref tout ça pour dire qu'on s'est levé tard vers 7h30 (oui tout est relatif disait Albert). Notre petit bivouac était très bien. Nous voilà repartis à travers forêts et champs avec la vision des reliefs à venir et pour une journée de rencontres, de découvertes et de culture.

Sur la route un chat caramel lové contre un chat blanc au pied d'un arbre, attire notre regard. Et c'est comme ça que nous nous retrouvons en grande conversation avec Etienne, collectionneur d'objets anciens et dont la grange pourrait faire l'objet d'un musée. Nous (re)découvrons une étable avec ses rateliers, une baratte, des peignes à myrtilles fabriqués par son grand-père, une trancheuse à betterave fort ingénieuse... et 2 superbes tracteurs qu'il retape petit à petit. Merci pour la visite de ce petit musée d'une vie rurale intense et précieuse.

Martine son épouse nous rejoint et nous profitons du café offert tout en continuant nos discussions. Merci à vous deux pour cet accueil fort sympathique. Il est temps pour nous de reprendre la route et pour eux de faire de la confiture de mûres et ramasser les patates. Et en plus nous repartons avec un petit chèvre local à faire frémir une robe de communiante.

100m plus loin, nous croisons son beau-frère (qui habite à La Couronne... incroyable !) présentement fort occupé à ramasser des "babets" au vue de la rigueur du temps ! En gros il ramasse des pommes de pins pour allumer la cheminée, c'est vous dire s'il fait chaud !

C'est ensuite un longue marche le long des forêts, des champs, un peu de route jusqu'à Fay-le-Lignon, objet du débat : doit on prononcer Fê ou Faille. En bon charentais, nous choisissons le second !

Ce village a la très charmante initiative de proposer un camping gratuit (si, si). Il est trop tôt pour camper mais c'est avec délectation que nous profitons pleinement de notre première... douche chaude ! Car jusqu'à maintenant, les rivières inexistantes nous ont forcé à des toilettes de chat avec moins de 25cl d'eau pour 2.

FX se précipite évidemment sur la charcuterie, occasion de découvrir l'AOP Fin Gras du Mezin. La race de vache Mézine a malheureusement disparu avec les espoirs de conservation de la race qui n'était alors pas la préoccupation du moment. Mais les éleveurs locaux ont souhaité valoriser une technique d'élevage reposant sur quelques races et une alimentation uniquement à base de pâturages et foins des flancs du Mont Mézenc. Et la viande est donc saisonnière de février à juin. Dommage pour nos papilles...

C'est aussi le territoire de la Truite de Mézenc qui vit dans le Lignon et dont nous croisons quels beaux spécimens.

Mont Mézenc, dont nous avons prévu l'ascension. En cours de route nous tombons par hasard sur une copie de la carte IGN de notre trajet (merci à celui qui l'a laissée pour nous !) et croisons un autochtone, pompier, qui nous voyant arriver avec nos gros sacs nous délivre moult conseil sur les sommets, leurs accès, accompagnés des commentaires sur les pilotes de parapente qui "pendulent" au-dessus de nos têtes. Nous continuons les yeux rivés sur le ciel de peur que l'un d'entre eux nous tombe sur le coin du museau (n'est ce pas Michel ? 🤕😜).

Nous retrouvons enfin les chemins que nous affectionnons tant, au milieu des genévriers et des bruyères, des couloirs de blocs et des sentiers à forts dénivelés.

2
sept

Seuls au monde... ou presque !

Lever 5h ce matin car nous aimerions voir le lever du soleil depuis le sommet du Mézenc. Nous étions au rdv au sommet. Pas le soleil ! Une purée totale. Seul le changement de luminosité nous laisse entrevoir que le Sieur à daigné se réveiller. Chacun son tour la grasse mat' ? Nous redescendons sans espoir de vision des vallées et nous l'avons vu le nez dans son nuage encore longtemps dans la matinée. C'est étonnant de passer de ce mont minéral à la luxuriante forêt de pins qui l'entoure telle une couronne.

Au col de la Croix de Boutières, nous rencontrons Joël VIAL, "un saint-chamonais atypique et passionné" citait le journal le Progrès dernièrement. Passionné d'ornithologie (entre autres !), il était à l'affût avec un téléobjectif gigantesque et il nous narre ces vallées et monts qui s'étalent devant nous, avec la verve et l’œil pétillant de celui qui est dingue de son coin. Il nous en décrit chaque Cret, chaque Suc, tous sculptés par un immense volcan.


Il a mangé de la Mézine, lui... de la vraie qui broutait plus de 350 variétés de fleurs et herbes, là où les actuelles se contentent d'une petite centaine, ce qui change indéniablement le goût. Il a parcouru le monde, à essayer de le changer, de se battre pour ses valeurs humanistes et de défense de la nature, mais avoue s'être un peu lassé face à la puissance et l'inertie des opposants. Il nous raconte que vu de Chine ou de Russie, la France parait comme un village et à l'étranger il semble que tout le monde s'étonne de la si grande créativité du-dit village tout en constatant sa grande fragilité à mettre en œuvre ses brillantes idées. J'espère ne pas trahir la vision de Joël.


Nous passons plus d'une heure avec ce passionnant bonhomme et l'on rêverait d'en passer plus et de se retrouver à refaire le monde en faisant ripaille à la découverte des saveurs des terroirs.

Nous continuons notre périple par les chemins de traverse qui évitent les routes au maximum. Mais force est de constater la difficulté d'un balisage parfois approximatif. Alors que sur les sentiers où le doute n'est pas permis, les pierres sont balisées au sol, chaque carrefour est source d'incertitude et nous oblige à une connexion du GPS, gourmande en énergie, qui nous crée quelques inquiétudes lorsque la jauge avoisine les 10%.

À Ste-Eulalie, nous découvrons un groupe de stagiaires en plein apprentissage de couverture de chaume en genets, une technique passionnante et très esthétique, qui permet chaque année de compléter son toit par repiquage de branches neuves. Le formateur le déclame haut et fort : "vous constaterez qu'à Ste-Eulalie, le mercredi, c'est couvre feu !". Ah oui on constate bien ! Heureusement que nous n'avions besoin de rien !

Mais les paysages restent superbes et les fleurs magnifiques. On ne peut que regretter l'absence de politique d'enfouissement des fils électriques qui mettrait encore plus en valeur les vallons. Ici, comme ailleurs, dans ces vallées battues par les vents, poussent de concert les éoliennes et les pancartes de leurs opposants ! Évidemment...

Nous sommes enchantés de découvrir (enfin !), une rivière où nous laver. On va finir par être propres tous les jours !

En fin de journée, nous nous lassons un peu de ces interminables forêts qui ne laissent que peu passer le discret soleil et sa chaleur. Les chemins sont parfois difficiles car les ravinements ont provoqué des tranchées escarpées. Certains autres sont des amas de pierres roulantes qui rendent les pas fastidieux.

Bref nous arrivons sur notre lieu de bivouac bien fatigués et contents de nous poser. Une maison voisine nous permet de charger nos batteries et nous offre une bouteille de Salvetat... grosses pensées pour Odile, la maman de FX, grosse consommatrice !


33,75 Km. 9h15 de marche. 870D+. 1320D-.

Homme affamé...
3
sept

Enfin de la montagne !

En quittant le bivouac, nous constatons ce que nous a appris hier notre voisine, nous sommes au cœur d'un volcan. Et les pierres en témoignent, les rouges, les ponces, les bombes et le craquement caractéristique du crissement sous la semelle.

En montant nous croisons une charmante bergère au teint buriné par le soleil et son troupeau docile de jolies chèvres chamarrées. Puis nous rencontrons notre 1ère GR7iste. Elle vient de Porta, notre destination, a mis 25 jours et avoue en avoir un peu ras le bol.

Une fois en haut c'est une explosion de paysages que nous aimons. Cette moyenne montagne avec ses prairies de pâturage, ses monticules qui laissent le champ libre à la vision des plus grands sommets.


Une rencontre improbable dans un restaurant de carrefour d'un village d'à peine 10 maisons, nous permet de récolter gratuitement le pain de la veille dont elle ne peut rien faire mais qui nous va parfaitement !

Nous sommes enchantés de tomber enfin sur des rivières à l'eau claire et coulante. De sacrées salles de bain et ça fait du bien par ce temps qui s'annonce différent des jours précédents.

Nouveau carrefour, nouvelle découverte improbable qu'est ce magasin de producteurs qui nous permet un ravito en viande rouge, fromage, sirop de Gentiane, purée de châtaignes et Bobo crème artisanale.

La nature reprend ses droits sur les panneaux du vieux GR7. Nous traversons des espaces nordiques envahis de camions qui attendent avec les pièces de puzzle du champs d'éoliennes en construction.

Au Col de Le Bez nous faisons de sacrées trouvailles. Carrefour muletier, il a toujours été un lieu de croisements, de passages et de rencontres.

D'abord un bar glacier aux succulents sorbets bio. Pourquoi se priver ?

Une cocasserie de l'histoire lors de la peste de 1720 : "(...) Dans le courant du mois d'octobre 1721, elle gagna le logis du Bes. C'était un lieu de passage fort fréquenté par les muletiers qui montaient le vin vivarais en Gevaudan et Velay (...).


Si les parties contaminées furent entièrement bloquées, on permit cependant la circulation du vin dans les autres parties du pays car le commerce était vital pour le Vivarais méridional. On autorisa donc à l'intérieur de la ligne sanitaire, le transport du vin jusqu'à des postes désignés, où des tuyaux installés entre les deux barrières qui fermaient la route, avec un entonnoir d'un bout et un robinet de l'autre, permettaient de vider les outres de la zone interdite pour venir remplir celles des muletiers du Velay, sans contact entre les hommes, les animaux et le matériel, donc sans infraction au règlement. Ce système dura plus d'un an et se révèla totalement efficace."

G. PAYSAN. "Maladies, médecines et pharmacopées populaires d'hier en Uzège et Vivarais".


On aurait 2 ou 3 leçons à prendre non ? Et ni masques ni plexi à l'époque !


Nous rejoignons ensuite notre bivouac en passant par une altisurface. Un aérodrome de montage dans une pente ! Encore un truc improbable et ça a l'air de tourner !

Ce soir au camp c'est apéro au sirop de Gentiane, macreuse de bœuf à la purée de châtaignes et fromage de chèvre. Un festin !

Et que font deux randonneurs le soir après manger pour se détendre ? Bein ils gravissent le Col voisin en tongues sous le soleil couchant puis un ciel étoilé splendide. La lune brille si fort que nous n'avons même pas besoin de lampe...

34km. 9h30.

4
sept

Du meilleur au pire, journée en 1/2 teinte.

On l'a vu se coucher, nous voulions aussi le voir se lever. Hardi petit, nous voilà dès 6h30 à gravir le sommet. Et cette fois, il était bien au rdv. C'est magique, indescriptible et les photos sont difficiles à faire pour rendre la poésie de ce moment.

Tout au long de la ligne de séparation des eaux, des artistes ont posé des œuvres dont le sens nous a parfois échappé. Ici Gloria Friedmann a posé un phare bleu en bois qu'elle pense comme "une tour refuge qui représente à la fois l'art du trait et l'art du retrait et qui révèle un site emblématique des contrastes qui caractérisent la ligne de partage des eaux : les pentes raides du versant méditerranéen rencontrent le doux vallonnement du coté atlantique." Des leds s'allument à l'entrée du visiteur et après avoir gravi l'escalier en colimaçon, on y découvre une rotonde paisible et des caisses de livres sur les cultures locales, la faune et la flore... On imagine que par mauvais temps ce pourrait aussi être un abri qui permette d'affronter tornades et bourrasques.

Nous suivons le sentier de crêtes et c'est du pur bonheur. La vie est belle, l'horizon magique, le sentier paisible et les km ne se font pas sentir jusqu'à l'abbaye de Notre-Dame des Neiges (🎼 libérééée 🎶 délivréééééée🎵). Monastère cistercien célèbre puisqu'il a accueilli Stevenson, aussi connu pour ses écrits (L'Île au trésor (1883), L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886)...) que pour son récit Voyage avec un âne dans les Cévennes (1879) un des premiers livres présentant la randonnée et le camping comme des activités de loisirs (et premier essai décrivant des sacs de couchage).

Mais aussi pour Charles de Foucauld qui y prit l'habit, devint Marie-Albéric et célébra sa première messe. Une petite chapelle très épurée lui est totalement dédiée, que nous n'avons pu prendre en photo car une célébration se préparait. "Vous pouvez participer. Euh, non non..."

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Et puis les abbayes sont aussi fantastiques pour leur... magasin et leurs produits Monastic. Pâtés du Père Roger, chips de châtaignes, nonnettes et nougat de l'abbaye, pain (béni ?), il y a même du muesli ! On peut le dire, c'est divin !

Et puis l'abbaye c'est aussi du vin que nous voyons défiler par cartons sur des chariotes à roulettes jusqu'aux coffres de voiture. On se croirait en Andorre.

L'abbaye a sous-traité l'activité et les chais sont maintenant destinés à des expos, dont celle, époustouflante, de cet artiste japonais. Nous vous laissons grossir la photo pour découvrir la sens de son œuvre mais c'est incroyable de minutie et de patience. Parcourir tous ces chemins, récolter tous ces échantillons, avec une quasi gêne, les faire sécher avec autant d'intimité, pour ensuite reconstruire une carte de la Loire et ses affluents. Quelle idée folle, très proche, nous semble-t-il, de l'art du jardin japonais où chaque chose à sa place.

Il est beau ce mec avec ses petits tas. Nous avons trouvé sa démarche très émouvante. Cette œuvre nous parle et fait sens pour nous, un peu comme notre pérégrination, où nous récoltons sensations et émotions pour les partager ici avec vous. Le talent artistique en moins !

Bref, on y a passé presque 2h et c'est pas comme ça qu'on fait 50 bornes dans une journée.

Nous rejoignons La Bastide Puylaurens pour compléter le ravitaillement en gaz, eau et faire sécher la tente.

Deux options, GR7 en haut, GR70 en bas. Devinez... Grand mal nous a pris, piste, route, chemin d'éoliennes, peu d'horizon, le tout sous un soleil de plomb. Dans ces circonstances c'est le mental qui fait avancer, et là, il a trouvé de quoi bien se forger !

Un seul mot pour résumer l'aprem... "chiant". Répétez le 3 fois, ajoutez "à mourir" et vous êtes encore loin de la vérité. Si on repasse dans le coin c'est avec de la peinture grise pour le débaliser !


C'est pieds et dos en compote que nous nous posons sur un pauvre coin de chemin sans la petit rigole espérée pour se laver et faire dégonfler les pieds.

Y a des jours comme ça...

37km. 8h30.

5
sept

On en prend plein les mirettes !

Nous quittons notre bivouac et direct dans l'pentu, ça réveille le randonneur ! Les volumes que nous voyons à l'horizon s'approchent et nous découvrons une région que nous ne connaissons pas. Et c'est magnifique.

Nous grimpons jusqu'au Mont Lozère qui accueille demain l'arrivée d'une compétition cycliste féminine. Donc ça commence à s'installer. D'un côté les camping-car, de l'autre les barrières, les rubalises et les tonnelles ! Nous découvrons une superbe chapelle posée au milieu de la montagne. Dommage que nous ne puissions entrer, elle se marie à merveille dans le paysage.

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"Bienvenue en Lozère, le pays où poussent des pierres !" nous déclame un adorable papy croisé dans le charmant hameau reculé de Salarials. Tout y est de pierres et de lause, même les coqs sur les toits.

Nous pérégrinons le long d'une ancienne voie romaine et ses constructions restent des œuvres ingénieuses, résistantes et esthétiques, tel le Pont du Gard. Il fait chaud et le bain calme les cuisses qui chauffent sous le soleil et les pieds sous les km !

Les promeneurs nous questionnent et s'interrogent de notre barda.

Nous gravissons le Col au dessus d'Aubaret où nous plantons la tente, dans un sens, face au soleil couchant, puis dans un autre à cause du vent.

Puis vers 1h du mat', las d'entendre claquer la toile sous les bourrasques, nous entreprenons de déplacer la tente à l'abri de la forêt toute proche. Opération effectuée en virtuoses dans le noir en moins de 20 minutes et sommeil trouvé dans la foulée !...

31,77km. 7h35.

6
sept

L'entrée dans les Cévennes.

Au réveil, seuls au monde à contempler le paysage. Puis vinrent... les cueilleurs de champignons, sacs et paniers à la main qui s'enfouissent à la va vite, presque coupables, dans les bois. À moins qu'ils ne redoutent que nous découvrions leurs coins secrets ! Mais nous avons des kms à parcourir. On dirait des pistes de skis entre les arbres, ça monte, ça redescend et surtout... ça remonte. On fait un mini détour au Signal de Ventalon et on a eu raison car on s'en prend plein la face visuellement (et aussi parce que ça souffle sévère !). Quelle vue sur les chaînes environnantes.

C'est toujours une merveille de découvrir des mini fleurs de rien faire leur vie au milieu de la rocaille. 

Au Col de Jalcreste, pause café au bar hôtel restaurant. C'est drôle de voir les vieilles photos qui le montraient avec sa station service, point stratégique sur cet itinéraire bis très fréquenté entre Alès et l'autoroute.

Nous assistons à un défilé de staff cyclistes (Tour de France ou course féminine, on ne sait, mais c'est bariolé !).

La montée continue, les cols s'enchaînent. On ne croise pas un godillot jusqu'à... la jonction avec le Stevenson. Alors là... il en sort de partout, tout seul, à deux, avec un âne ou sans, des qui disent bonjour, d'autres qui l'esquissent en gardant précieusement le cerveau entre leurs 2 écouteurs. Mais ce n'est pas non plus la foule des grands jours et nous avons de longs moments rien qu'à nous.

On se paye même le luxe d'avoir du beurre. Une mini plaquette dans la gamelle en alu engoncée au fond du sac et ça le fait très bien. Ah un bon jambon beurre à midi. Ça vous requinque un bonhomme ça !

Voici l'une des magnificences de la nature. Des petits graviers sont retenus sur le dessus d'une pierre et l'eau les fait rouler sur eux-mêmes. Petit à petit l'abrasion aggrandit la cavité, jusqu'à produire de véritables trous. Nous en avions vu d'immenses lors d'un précédent périple.

Certains paysages sont une pure merveille. Et la redescente, parfois digne d'un retour de Woodstock... bad trip ! Les 7 derniers km sont interminables sur un bord de route. Mais l'espoir d'un camping nous fait bombarder et nous nous posons dès 16h. C'est Dimanche c'est relâche. L'occasion de faire la lessive, se doucher, se laver les cheveux (pour ceux qui en ont 😋), rattraper les rédactions en retard, recharger les batteries et se poser un peu. Et comme c'est une ferme, ce soir c'est festin : radis beurre, soupe de pain à l'ail et aux champignons, œufs brouillés aux champignons, jambon braisé et thé vert au citron. Il faut nourrir la machine et c'est bon pour le moral.

Et puis ici, le gérant nous le dit, on ne risque rien: "Région la moins contaminée de France, on est 80000. Plus petite densité de population de France !"

On avait remarqué. Comme quoi la distanciation...

Elle est pas belle la vie ? 


30,46km. 7h.

C'est pas si mal pour un jour de relâche !

Grosses pensées pour Marie-Hélène et Nadou qui suivent le parcours sans réussir à écrire les commentaires et qui nous envoient des petits textos de soutien. Super sympa. On vous aime !

7
sept

Aller plus haut...

Ce n'est que ce matin que nous découvrons le petit bourg de Barre des Cévennes. Nous sommes en plein fief camisard, cette révolte des paysans de régions à forte implantation protestante (dont les Cévennes et le Poitou). Louis XIV révoque l’Édit de Nantes et interdit le protestantisme. Entre assemblées clandestines et répressions, conversions forcées puis guérilla, massacres de prêtres et de familles, vengeance et répressions, bourgs entiers de soutien aux camisards brûlés... c'est l'escalade et c'est comme d'hab' avec les religions... ça ne finit pas bien ! Cela va jusqu'à la décision de dépeuplement des Cévennes pour isoler les camisards. De l'exil, du bûcher, des exécutions, galères et déportations en Amérique... n'oublions pas le fondement des religions... paix et amour. Bref !

Ensuite, après une frayeur sur les premiers km en bord de route, c'est un réjouissement de sentiers en plaines et sous-bois qui aboutissent souvent sur des vues à couper le souffle.

Nous faisons aussi la connaissance, complètement par hasard, du lézard ocellé, le plus grand lézard d'Europe. Un sacré morceau d'une bonne trentaine de cm et des couleurs vertes et jaunes.

À couper le souffle les paysages qu'on vous dit... 


Outre les capacités artistiques naturelles des bergers pour abreuver leurs troupeaux, la Région a développé ici aussi un programme artistique sympa.

Après une magnifique sieste perdus au milieu de nulle part (on n'a pas croisé un chat de la journée), nous attaquons l'ascension du célèbre Mont Aigoual. Face au panneau indiquant le mont à 5,5 km et 1h50, nous sommes pris d'une soudaine frénésie compétitive et avalons les 400m de D+ en... 50 minutes. Juste pour le fun... On est dans notre élément là, ça grimpe sévère, des monotraces, de la pierraille... miam ! Et ça vaut le détour...

Nous vous épargnons les photos de la non moins célèbre station météo qui s'y trouve. Sa construction a duré 7 ans à raison de 70 jours par an. L'entrepreneur a été totalement ruiné et a fini comme simple ouvrier sur le chantier.

Nous continuons cet itinéraire du GR7 le long de la ligne de partage des eaux dont nous voyons les traces régulièrement.

Nous aimons aussi beaucoup cette comparaison. 
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Sinon pour celles et ceux qui se demandaient "il est où le bonheur, il est où ?". Bein ici, donc il peut arrêter de le chanter !

Ce soir après une grosse journée nous tombons sur un... camping aux douches bouillantes, on y resterait des heures !

40,68Km. 9h de marche. On est bien cuits !

8
sept

Sur les traces de St Guilhem le Désert.

Sur les traces de St Guilhem, bon ok, c'est écrit sur les panneaux, mais on a beau l'avoir déjà parcouru, on ne reconnaît rien ! C'est pas beau de vieillir ! 🧓👵

On s'en fout, c'est magnifique.

Petits chemins variés en sous-bois, sur du sol d'humus dont nos pieds se régalent de la mollesse, puis du chemin forestier plein de racines, puis des sols plus rocailleux en descente, du feuillus, du résineux, du droit, du tortueux, ça monte et ça descend... la forêt nous sort le grand jeu et nous fait son show. Du coup FX aussi, le pied dans la racine, les bâtons sont restés sur place, le bonhomme a dévalé de 5m se récupérant sur ses pieds... 🤡 "et voiiiiilaaaaa... tadam, prochaine représentation à 16h30 !". Cela confirme une excellente proprioception !

Puis nous faisons la rencontre à la maison forestière des Cévennes, d'un "grande z'oreille" et ses 4 petits qui batifolent entre hautes herbes et cage à poules voisine. Très drôle et pas farouches !

Et c'est reparti pour une descente infernale, nous rapprochant de paysages façonnés, en espaliers où poussent tranquillement les oliviers. Aulas est un village tranquille, médiéval, où les habitants profitent pleinement de la fraîcheur des multiples ruelles. Petite pause les pieds dans la rivière et nous repartons en visant Le Vigan pour un ravitaillement. Nous restons consternés de ne rien reconnaître de ce chemin !

Ravitaillement = prise de poids du sac ! Ça tombe bien, on s'attaque à une très sévère montée. Et franchement on arrive en haut complètement liquides ! On ruisselle totalement mais quelle sacrée montée, superbe et parfois difficile, les appuis fuyant sur les terrains sablonneux. Vraiment une montée qui nécessite de la concentration et de la détermination.

Nous découvrons des forêts ravagées par la pyrale du buis, ce papillon et sa chenille qui dévorent les feuilles laissant des branches décharnées. Ce qui, multiplié par des milliers d'arbres laisse un paysage de désolation.

Après une semaine de bivouacs sauvages, serait-ce une semaine bourgeoise ? Ce soir encore nous découvrons un camping municipal à Montdardier. Les sanitaires, neufs, nous laissent à nouveau apprécier le vrai plaisir d'une douche bouillante.


Et comme à chaque fois qu'il y a eu ravitaillement, ce soir c'est festin. Saucisses purée. Ah si si, ça pour un randonneur, c'est un festin !

31km. 7h10. Pas si mal pour un jour de ravitaillement.

9
sept

Journée t-shirt mouillés !

Nous découvrons un peu mieux Montdardier avant de partir. Un nouveau village converti de force au catholicisme lors des fameuses "dragonnades" organisées suite à la révocation de l’Édit de Nantes. Bon alors convertis en apparence mais les rassemblements protestants continuent en secret.

Le berger rencontré hier soir au camping nous avait dit que la majeure partie de la population était embauchée jusqu'à très récemment dans les mines de la faille de St Bresson. Le zinc, le plomb et l'argent sont exploités entre Montdardier et St-Laurent-le-Minier jusqu'à la fermeture des mines en 1990 et faisait vivre le village qui tente aujourd'hui de sauvegarder école, poste, épicerie, bar et camping.

Nous repartons enfin, tardivement, les t-shirt encore humides du lavage d'hier soir, à la découverte des grandes Causses des Cévennes et du Larzac, aux buis dévorés, donc ! Le spectacle est assez désolant, ces arbres décharnés, croqués jusqu'à la moelle. Les papillons sont partout. Et l'effet est renforcé par une étrange luminosité annonciatrice d'une dégradation... plic ploc très gentillet au début, nous finissons par nous prendre une bonne rincée qui nous met en mode running pour rejoindre un coin abrité du village à 2km, donc t-shirts bien mouillés !

Un casse croûte et un p'tit café et ça repart, jusqu'à la fabuleuse Navacelles, cet incroyable village posé au milieu des méandres tortueux au cœur des Gorges de la Vis. Site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en juin 2011, au titre des paysages culturels de l’agropastoralisme méditerranéen.

D'abord contemplée d'en haut, nous entamons la piste très verticale aux multiples panneaux d'alerte sur les dangers d'une descente par temps humide. Ça tombe bien, c'est pas comme s'il venait de tomber des cordes. Mais nous avons une chance insolente, le soleil ayant repointé le bout de son museau.

Nous attaquons donc une descente vertigineuse où l'on se demande parfois où passe le chemin. Mais on connaît ce genre de terrain, c'est notre domaine et nous atteignons vite le village. FX se fait même une descente en version trail de fou, à fond dans les cailloux.

Et nous constatons que le village est envahi de pyrales. Partout. Sur les murs, les volets, les tables, les cadavres jonchent le sol et ça s'envole lorsque le garçon de café déplie le parasol. Une calamité qui vient jusqu'à goûter le t-shirt d'Amanda !

Bon bein du coup on profite du café, de sa limonade bio, de ses sirops de serpolet et lavande faits dans le village voisin et de ses grandes salades. Aaaah des crudités !

Bon c'est pas tout ça, mais on est au fond d'un canyon et on a une gorge à remonter Allez c'est reparti.


Nous longeons d'abord le fond du canyon et découvrons une "levada" si chère à Maria, ces canaux maçonnés à flanc de montagne pour descendre l'eau vers les villes depuis les montagnes. Celle-ci est grandiose.

Vient ensuite la véritable grimpette, occasion de littéralement liquéfier les tee-shirts car le soleil tape maintenant dur !

Nous traversons des plateaux encore épargnés par la fameuse dévoreuse et c'est quand même bien plus joli.

Pour une fois, nous n'arrivons pas trop tard mais totalement fourbus au village de La Vacquerie, que nous avions déjà croisé lors de notre périple sur St Guilhem et y découvrons... un camping minimaliste aux lavabos extérieurs et au gardien inexistant. Bein posons nous...

37,5Km. 8h10 de marche.

Nous venons de passer la barre des 400km en 12 jours. Nos pieds sont en compote !

10
sept

Journée ravito !

Nous partons du village attaquant directement dans la forêt, où les pyrales ont ici aussi fait leur œuvre. Nous sommes insistants sur cette bestiole mais c'est qu'elle est omniprésente, elle s'envole sur votre passage, virevoltant devant vous jusqu'à venir sur vous. Les cadavres et moribonds jonchent le sol et les buissons et puis, ces immensités décharnées, ça change le paysage. Nous avons croisé hier soir un autochtone qui expliquait à un groupe de passage "il n'y aura plus jamais de buis ici !".

Mais ça mis à part, le paysage reste incroyable. Nous sommes dans les Causses du Larzac, les fameuses. Celles du siège de la révolte contre l'extension de la zone militaire en 1973 (abandonnée en 81) et des projets coopératifs qui en découlèrent. C'est aussi le siège, 30 ans plus tard de Larzac 2003, un mouvement alterpenseur "d'autres mondes sont possibles"...

Ah ça on en a vu des trucs zarbis en Charente après la tempête de 99, mais de là à poser un bateau sur les hauts plateaux du Larzac... on nous avait dit que la mer n'était pas loin mais quand même !

Ensuite, nous jouons avec de jeunes bambis. Nous sommes contre le vent, et réussissons à les approcher assez prêt en nous figeant dès qu'ils lèvent le nez. 1 2 3... soleil ! 1 2 3... soleil !


Déboulant sur un plateau, nous sommes impressionnés par cette vague de nuages à l'horizon déferlant par dessus la montagne, telle une invasion viking.

Même forêt sur 500m: chemin gentillet, descente casse goule, petite sente sinueuse entre les pins droits comme des i majuscules. 

Nous avançons ainsi de forêts en petits villages tous plus jolis les uns que les autres et les plantations nous rappellent que la Méditerranée se rapproche. Grosses pensées pour Laurence... on est un peu dans ton pays là !

Nous adorons ces assemblages en pierres sèches. Quel travail pour réussir à en faire un improbable mur tant les tailles sont totalement différentes et pourtant... ça tient !

Chemin faisant nous arrivons ainsi jusqu'à Lodève pour un ravitaillement et un détour gustatif par la renommée Épicerie Paysanne devenue Épicerie Fleury. En effet, le cardinal Hercule de Fleury, précepteur puis ministre d'État de Louis XV est natif de Lodève.

Le Comte d'Argenson (1696–1764), ministre de la guerre sous Louis XV, dans ses Mémoires : « Comme on plaisante ici sur les choses les plus sérieuses, il court un épigramme sur le Cardinal dont je n'ai retenu que le trait. La France est un malade que, depuis cent ans, trois médecins de rouge vêtus, ont successivement traité. Le premier (Richelieu) l'a saigné ; le second (Mazarin) l'a purgé ; et le troisième (Fleury) l'a mis à la diète. »

L'épicerie-cantine est tenue par un vigneron et son épouse. Le concept est original, on choisit parmi une liste de plats vendus dans l'épicerie, ils vous le réchauffent et vous le servent. L'occasion est trop belle, faites péter le cassoulet et les tripes à la catalane avec haricots cuisinés !

Repus et le ventre bien tendu, nous quittons la ville en longeant le petit canal et on constatant qu'avec un Toy... on se gare partout et surtout n'importe comment !

Nous grimpons totalement seuls au monde jusqu'à Valquières où nous croisons un ancien en train d'affuter son couteau serpette sur un angle de mur, "comme avec les faux". Il nous propose d'aller bivouaquer sur un bout de terrain dont il a propriété à la sortie du village en omettant de préciser qu'il est sacrément pentu.

FX s'en va repérer d'autres espaces dans le village. Une jeune maman cherchant à épuiser son bambin dans une course effrénée dans la rue avant d'aller dormir, fait alors une proposition difficile à refuser.

Et c'est ainsi que nous nous retrouvons en quelques minutes dans le sublimissime camion aménagé de leur troupe de cirque, n'ayant échangé que quelques mots. Affairés à leurs occupations parentales, nous n'avons ni l'occasion de discuter ni même de simplement connaître leur prénom. Un petit dépliant et quelques photos plaqués au mur nous laissent penser que peut-être leur troupe appartient au collectif http://theatredelaterre.org/.

C'est notre première nuit en intérieur. Elle est royale (deluxe, bien sur, en hommage à la compagnie de théâtre de rue). Merci à ces inconnus pour ce moment de réconfort offert le plus naturellement du monde.

37,67 Km. 7h55.

Pour une journée avec ravito et resto, on n'est pas des manches quand mm. L'appli de suivi indique des moyennes de plus de 5km/h avec des pointes à 6 !

11
sept

Désert de vacances, des airs de vacances...

Nous partons de notre roulotte de luxe pour descendre dans une vallée dont l'on pourrait croire le sol destiné au seul usage du central de Roland Garros.

Un troupeau de grandes Zoreilles se fait une joie de nous accueillir !

Nous allons de villages en bourgades et de hameaux en patelins. Les constructions humaines sont parfois surprenantes, nichées dans des recoins improbables comme le Château de Dio (dont le seigneur était le père du Cardinal Fleury).

C'est une journée tranquille où nous profitons d'un pressing libre service pour faire la grande lessive de milieu de parcours (vêtements, sacs à viande....).

Puis au Pont du Diable sous lequel nous nous baignons, puis nous prélassons, en préparant notre superbe dessert avec des pommes ramassées dans un champs.

Qui a dit qu'en camping itinérant on ne mange que du lyophilisé ?

- chinez quelques pommes que vous faites revenir au beurre façon compote.


- faites fondre 2 Carambar (achetés dans une boulangerie il y a 2 jours) dans le jus de pommes généré. Versez sur la préparation de pommes.


- ramassez quelques noisettes et broyez les entre deux pierres que vous saupoudrez sur la préparation, avec du sucre (vanille parce qu'on en a !).


- dégustez tiède avec un petit café (la boule de glace vanille quoi que fort désirée, n'est ici pas envisageable !).


Vous êtes mûr pour la sieste !

Sieste pendant laquelle le linge finit de sécher dans les arbres. Le pont porte joliment son nom puisqu'en remontant de notre sieste, la moitié d'un arbre mort tombe dans l'eau dans un fracas assourdissant juste à l'endroit où... nous nous baignions 1h avant. Comme quoi pour chaque diable il y a un ange qui veille !


Et pour chaque descente, il y a aussi une montée ou... l'inverse. Bref on monte et descend jusqu'à atteindre Lamalou-les-Bains. Et si cette ville était une question, nous pourrions répondre "à peu près partout !"

Un peu de saucisson, un morceau de boudin catalan, une pâtisserie et quelques boules de glaces plus tard, nous gravissons les pentes sous un ciel qui met très vite ses menaces à exécution. C'est un déluge ! Les curistes en short et chemisette sont trempés et nous leur affirmons, cachés sous nos ponchos "ah c'est ça les villes thermales, l'eau est partout !".

Nous continuons notre ascension humide au dessus de Combes jusqu'à une cabane de chasseurs. Une grande chasse est organisée demain. L'un des leurs est déjà là dans son camping car et nous propose... de dormir dans la cabane ! Gazinière, matelas, évier... le luxe quoi ! Seuls les rongeurs dans les murs perturberont notre sérénité !

12
sept

Vue sur mer !

Nos hôtes avaient prévenu. C'est l'ouverture de la chasse et il y a du sanglier au programme. Rassemblement des troupes prévu à 7h. Du coup lever matin et départ de notre troupe à 6h30 en cherchant le chemin à la frontale.

Chasseurs, traileurs, randonneurs se partagent en bonne intelligence la beauté des lieux. C'est une journée d'une diversité incroyable. Les surfaces, les volumes, les revêtements, la vue, tout change tout le temps à chaque coin de chemin.


Nous avions omis de vous dire que Lodève annonçait notre entrée dans le Haut-Languedoc. Tout comme nous avons oublié de nos cours de géographie que le Massif Central descendait si bas et qu'il gardait ici des dénivelés encore très affirmés. On le voit d'ailleurs à l'horizon, il descend encore bas et la plaine reste lointaine. Puis soudain au détour d'un col...

... elle est là ! Mais si si j'vous jure, au fond là, c'est elle, la Méditerranée ! Et dire que nous n'y allons même pas !

Et il n'y a pas que la mer à l'horizon. On le devine plus difficilement sur la photo mais il est là au fond, le Grand Canigou qui va rester un point de mire important de notre journée.

Nous reprenons notre chemin, croisant de moins en moins de monde jusqu'à... carrément plus personne !

Forêts, tourbières, champs de bruyère, petits hameaux privatisés, les chemins se durcissent, balcons vertigineux, pierres fuyantes, herbes glissantes, il faut parfois progresser en équilibre sur des murets effondrés et lutter contre d'agressifs rhododendrons. C'est long, technique, et il fait extrêmement chaud, ce qui rend le pas plus lent. Les corps sont éprouvés et nous nous effondrons au sommet d'un col dans une sieste improvisée au milieu des genets inconfortables pour tenter de faire baisser la température corporelle !


Au détour d'un chemin nous découvrons de Refuge de Bourdils, un havre de paix totalement désert, laissant à notre bon vouloir, table et fauteuils, hamacs, toilettes sèches toutes propres... et nous découvrons à l'arrière du bâtiment une totalement improbable douche... chaude ! Un système de pompe électrique puisant dans un bidon puis par le truchement d'une chaudière à gaz nous délivre une eau délicieusement tiède. Quel bonheur de se laver ! Et en plus le savon d'Alep est fourni. Il est des petits délices comme ça dans la vie dont on ne sait profiter que lorsque l'on en a été privé pendant plusieurs jours !

Il est 18h, ce qui est encore un peu tôt pour un arrêt et nous devons nous forcer un peu pour repartir d'un endroit si calme et reposant. Nous marchons encore une bonne heure et décidons de planter le bivouac à l'abri du vent dans une petit bosquet d'arbres. Après quelques jours d'embourgeoisement, c'est un retour fort agréable aux fondamentaux ! Assis au milieu des grandes herbes, nous dégustons notre soupe quand une tête aux oreilles grandes ouvertes et pointues fait une apparition, aussi intriguée que nous. C'est un petit chevreuil qui reste en observation un long moment avant de partir en aboyant...

A mes chères tantes Nadou et Marie-Hélène, qu'il nous tarde de retrouver pour un festin en famille... nous sommes en retard sur le programme et ne serons pas aux Cammazes demain soir ! Plutôt mercredi !...


30,06Km. 8h19. Notre plus petite journée en km mais 1654D+ et 1293D-.

13
sept

En pistes... pour la journée du coeur !

Amanda prend FX en train de prendre la 1ère photo... 

C'est tout l'intérêt d'être à un col.

On savoure le lever du soleil avec un peu de hauteur.


Et puis ensuite vinrent... les pistes !

Celles qui emmènent aux éoliennes, celles qui contournent les éoliennes. Bref il n'y en a que pour ces moulins bruyants aux alarmes sonores et aux changements de cap grinçants. Et vu la vitesse à laquelle elles tournent, ne nous faisons pas croire quelles produisent quoi que ce soit à part du bruit ! Les dégâts sur les forêts pour créer des routes pour apporter les éléments du puzzle sont considérables.

Et que dire des chemins de randos qui sont purement détournés. Je hais ces sales bestioles !

Heureusement, de temps en temps pour rompre avec la monotonie des pistes (que nous avons la chance de voir passer en sous bois), nous découvrons un immense lac, un col à la vue majestueuse, un troupeau de jolies bestioles...

Très peu de photos aujourd'hui mais plein de rencontres. Très peu car le téléphone manque de jus et aussi parce que nous envoyons du lourd !

En se trompant de chemin nous déboulons dans un ancien relais de chasse, la Villa St Hubert, où nous sommes accueillis comme des princes, eau de source, électricité pour le tél, petits cafés et droit de traverser la propriété pour rejoindre le GR plutôt que de faire le tour. Royal !

Quelques km plus tard nous arrivons dans le hameau des Molinets intégralement transformé en gites et espace nature. La propriétaire, ceinture de reins autour de la taille, s'échine sur son ramassage de pommes de terre et nous fait cadeau d'un morceau de pain congelé, denrée qui se fait rare dans notre stock alimentaire.

Nous arrivons enfin à Labastide-Rouairoux, notre première ville depuis des lustres mais nous n'avons aucune illusion car nous sommes dimanche ! Lorsque nous apercevons l'enseigne "pain" illuminée, avec le mot "ouvert" en dessous, nous avons d'abord du nous pincer, puis ce sont nos yeux qui ont brillé, nos ventres frétillé et notre carte bleue chauffé ! Et pan... un pain de 2 en plus dans le sac !

Puis en remontant, de l'autre côté, après avoir traversé l'une de ces nationales de ville à vous couper en deux, nous tombons nez à nez avec de charmants autochtones subjugués par tout déplacement supérieur à la distance allant de la porte à la boîte à lettres ! Et pan... 5 litres d'eau en plus dans le sac !

Quand on vous dit qu'on est des mulets (marcheurs ultra lourd et têtus) !

Il est 18h30 quand nous quittons notre charmant couple pour une ascension qu'ils jugent himalayesque. Nous avons du pain, de l'eau, de la nourriture et du jus... on avance en ce disant qu'il serait pas mal d'atteindre le col pour la nuit.

Arrivés à Bressou, nous sommes accueillis par un majestueux étalon et son maître qui nous indique où nous installer pour la nuit et nous offre la précieuse électricité pour recharger téléphone et batterie, et accès à de l'eau pour se laver. C'était bien la peine de porter tout ça !

Le montage de tente, la toilette et le repas sont expédiés aussi vite que les corps exténués dans les sacs à viande.

Nous sommes enchantés de ces rencontres, comme des petits cadeaux aux bons moments. Nous avons trouvé tous ces gens adorables et cela nous interpelle. Qu'est ce qui fait qu'en entrant dans une propriété privée, on nous offre deux cafés au lieu de nous envoyer les chiens, ou qu'on veut nous offrir des bouteilles en plus des nôtres. Nous nous plaisons à penser que nous y sommes un peu pour quelque chose, en provoquant la rencontre et en entretenant le contact. Une bien belle journée.

Le ciel est limpide, il va faire beau et chaud demain...

Quand on dit qu'on n'a pas fait semblant aujourd'hui, c'est que nous venons de battre notre record avec 44,18 km parcourus en 9h20, 1090D+ et 1330D-.

14
sept

Au son de vent...

"Vous pourrez récupérer votre batterie demain matin si vous voulez, je me lève à 7h30" nous déclarait notre hôte voisin hier soir. À cette heure nous marchons déjà depuis près d'une heure. Nous avons quitté notre abri très agréable aux aurores et nous parcourons les chemins forestiers d'un bon pas, cherchant les marques aux intersections à la frontale.

Nos pas crissent sur les aiguilles de pins, bruissent dans les feuilles de hêtre, craquent sur les branches, roulent sur les cailloux et les pommes de pins. Les forêts sont d'une grande variété et découvrir le lever du soleil à travers les branches droites comme des rangées de hussards en haie d'honneur sur notre passage révèle quelque magie

Nous débarquons à Sales qui s'éveille doucement à l'image de ce rastafari aux interminables dreadlocks qui hésite encore entre rêve et réalité en voyant débarquer deux hurluberlus déjà bien trop actifs à une heure où il convient de piquer du nez dans son café au lait en écoutant les infos, beuglées par un vieux transistor, et dont le contenu nous paraît en total décalage avec nos vies d'itinérants reclus du monde.


Nous croisons le jeune charpentier du patelin, qui nous explique que le village est siège d'une association à but de développement culturel, artistique et de tout projet porteur de sens en termes de développement local. D'ailleurs ce mardi (mince, c'est demain !), aura lieu, comme tous les mardis d'été, un marché de producteurs du territoire. Quelqu'un vient faire à manger et la participation est libre. Ça fleure bon les néo-ruraux aux espaces collaboratifs. D'ailleurs il nous propose de nous rendre à la Grange Co, où nous avions croisé notre rasta, espace ouvert avec café à disposition et où tout le monde semble le bienvenu.

À notre plus grand étonnement, notre rasta sort de sa torpeur et vient discuter avec nous de notre périple en se roulant une dread d'une main et une clope (avec des vitamines ?) de l'autre. Sa voix est calme, posée et concentrée et la conversation est fort agréable et nous nous auto-affligeons de notre jugement hâtif sur les apparences.

C'est l'inconvénient majeur de la pérégrination, nous aurions adoré rester un peu pour en découvrir un peu plus sur ce projet collaboratif sûrement très intéressant, et participer bénévolement au marché... ça nous connaît !

Nous reprenons notre périple et découvrons la stèle marquant la frontière entre l'Hérault, le Tarn et l'Aude, et jadis celle entre les trois diocèses de Castres, Narbonne et Saint Pons. D'où son nom de Fontaine des 3 évêques. Fontaine... sans eau !

Nous découvrons ensuite les œuvres humaines et celles que la Nature forge elle-même très bien. Les cloches sont en fait des amplificateurs de boîte à meuuuh et à bêêêh. On se met dessous on actionne un mécanisme et le son sort. Très drôle en pleine nature !

Nous approchons le Pic de Nore dont la fusée de Tintin diffuse la TV dans les contrées environnantes jusqu'à parvenir dans la vallée de l'Arnette. Ses eaux douces ont permis l'établissement, au milieu du XIXème, de l'activité de délainage (technique pour séparer peau et laine), laquelle a fait la renommée de la petite ville de Mazamet et facteur de prospérité économique jusqu'à la fin du XXème. Il doit subsister 1 ou 2 usines car nous avons vu des peaux dans une benne.

Nous grimpons jusqu'à Hautpoul, dont la création est attribuée aux Wisigoths (mais il semble y avoir trace d'une activité romaine antécédente), citadelle convertie au catharisme, détruite par Simon de Montfort après 4 jours de siège puis reconstruite, qui domine toute la vallée de Mazamet et dont la passerelle suspendue attire les touristes en mal de sensation.

"Au son du vent" avons nous sous-titré car il est incessant depuis notre lever, fait frémir les feuilles et craquer les branches comme de vieilles portes grinçantes.

Nous avançons d'un bon pas jusqu'au lac de Montagnès, sa base de loisirs, ses restos, son parc accroc branches... une vraie petite station balnéaire perchée ! Après calculs, nous pensons pouvoir pousser encore un peu ce soir pour parcourir la plus grande distance possible, ce qui nous permettrait d'arriver aux Cammazes dans l'après-midi du lendemain, pour nous poser, faire quelques courses à Revel et profiter de la famille. Nous nous lavons sous les douches de plage, dinons et... c'est reparti pour une marche de soirée. La cabane conseillée par un habitant, célèbre (pas l'habitant, la cabane !) pour ses pèlerinages et son omelette pascale (on ne connaissait pas la tradition de l'omelette du lundi de Pâques !) est totalement ravagée par la connerie humaine, déchets, immondices, tags... bref inutilisable.

Nous continuons donc à la recherche d'un espace de bivouac et la rando devient vite nocturne car nous vous parlions de vent, bein devinez... on se retrouve dans un gigantesque élevage d'éoliennes vrombissantes. C'est ultra bruyant et presque flippant. Certains à-coups dans la régularité, associés aux ombres des pales qui nous frôlent nous laissent parfois croire que l'une d'entre elles va se détacher et nous couper en rondelles pour se venger de tout le mal que l'on dit d'elles. Nous tombons par hasard à 21h15 sur une cabane de chasse miraculeuse que nous décidons d'investir malgré les vibrations de nos moulins à vent qui portent jusqu'ici. Le sol est sale mais la pièce grande et nous installons nos literies sur les tables.

Il est grand temps de se reposer car aujourd'hui on a explosé les records et les pieds nous le crient : 47,09 Km en 9h48 pour 1386D+ et 1273D-.

15
sept

Comme qui Rigole...

La nuit fut... agitée de toutes parts. Les éoliennes ne s'arrêtent pas la nuit et nous avons même cru qu'elles allaient transpercer notre gite d'un soir. Et en effet Valch, dormir sur une table lit à peine plus large que le matelas crée toutes les conditions mentales de l'angoisse de la chute inopinée pendant le sommeil qui du coup reste assez superficiel.

Ajoutez à cela les petits cris d'une marmaille que nous identifions comme des bébés oisons de type hulottoïde dont nous avons du perturber le refuge...

...secouez et vous voilà avec une nuit peu réparatrice après autant de km.

Mais la perspective d'être ce soir aux Cammazes et de retrouver la famille nous enchante et nous booste pour un départ à 6h45 pétantes. D'après nos calculs de randonneurs frénétiques, en tapant dans le dur nous pourrions arriver entre 15h et 16h.

Nous déboulons à Arfons, village tout à fait charmant, avec mini camping municipal et son église typique du Lauragais avec une représentation extérieure de la grotte de Lourdes avec Vierge, Bernadette et mouton en prime.

Mais Arfons est célèbre aussi pour ses "soeurs bleues", communauté de la Congrégation des Sœurs de ND de l’Immaculée Conception de Castres, créée en 1936 par la Bienheureuse Jeanne Émilie de Villeneuve Cette congrégation compte actuellement 700 religieuses et œuvre dans 16 pays, où elle a une ample activité sociale avec quelque cinquante collèges dans lesquels sont inscrits chaque année environ 35 000 jeunes. Elle gère plusieurs maisons d’enfants abandonnés,

est présente aussi dans des hôpitaux et se met au service de familles en difficultés. À Rome elle dispose d’une résidence pour l'accueil des pèlerins. Jeanne Emilie de Villeneuve a été béatifiée, le 5/07/09, à Castres. Arfons accueillait l'une de ces maisons de jeunes jusqu'en 85.

Arfons enfin c'est... son épicerie multi services ! Et quand on dit multi c'est vraiment multi. Joffrey, le jeune gérant ouvre en fonction de ses horaires de chauffeur de bus scolaire, une épicerie très bien achalandée, qui fait aussi boulangerie, bureau de poste, vente de gaz, fromage et charcuterie à la coupe et... café ! Et ça défile... les habitués s'y retrouvent, comme au bar des bons copains, ça se claque la bise, ça parle de la lutte contre l'éolien industriel car ici tout le monde râle contre ces gigantesques parcs au milieu du Parc Naturel Régional (ah bein y a pas que nous !), ça parle foot un peu, virus un peu plus et surtout nous tombons sur le gars qui a fait tous les chemins de St Jacques et a même été sur un coup de tête en Bulgarie, "ouais j'étais un peu énervé !". Le tout avec son magnifique chienchien "il porte la tente, je porte ses croquettes !"

Encore une fois, repartir est difficile tant c'est sympa. Mais nous avons un objectif en tête. Nous arrivons sur une placette où l'ancien café est devenu, chose incroyable dans ce petit village, un restau thaïlandais cambodgien dont nous apprendrons plus tard la grande renommée. Nous découvrons aussi un graff'art qui n'est pas sans nous rappeler celui de Sales.


Nous quittons enfin ce charmant patelin, traversons les forêts à la recherche de la retenue d'eau du Lampy et débute alors une interminable et sinueuse rando le long de la fameuse Rigole. Si nous avons bien tout compris Riquet a créé le Canal du Midi pour relier Méditerranée et Atlantique avec d'ingénieux systèmes d'écluses et d'alimentation en eau grâce aux nombreuses rivières de la montagne noire et au non moins ingénieux système de retenues d'eau et de rigoles. Mais ce sont les ingénieurs de Vauban qui ont perfectionné les systèmes pour en régulariser le débit.

Il y a donc 3 rigoles :

- celle de la montagne depuis la Prise d'eau d'Alzeau, passe par le Lampy, les Cammazes et St Ferréol en suivant le cours du Laudot,

- celle de la plaine issue de la rivière Sor,

- toutes deux se rassemblent à Les Thomasses pour former la Grande Rigole, qui alimente le Canal du Midi au Seuil de Naurouze.


Chemin facile à suivre sur 12km et qui nous permet une régularité quasi militaire entre 5,8 et 6,1 km/h. Des machines, que les rares promeneurs regardent passer en se demandant si c'est une compétition ou de la marche nordique !

• • •

La rigole est assez majestueuse, dessinant son chemin tel un tortillard des montagnes,... sans s'arrêter ! Quelques panneaux rappellent qu'en 1748 un effondrement inexpliqué de la rigole a du être consolidé sur 100 toises (environ 200m). Elle nous laisse deviner par endroit son magnifique fonds dallé. Et l'arrivée au niveau du barrage des Cammazes nous réjouit car annonce la proximité du camping et la possibilité d'enfin se poser. Il est 16h et nous avons parcouru 39km en moins de 7h.


Nous prenons le temps de faire la lessive, nous laver et Nadou (tante de FX), notre taxi personnel, nous attend pour nous descendre "à la ville" pour un ravitaillement colossal (gaz, charcuteries, riz à poêler...). Ça fait bizarre de se retrouver au volant au milieu des voitures...

Nous récupérons Marie-Hélène (autre tante et marraine de FX) et nous voilà tous attablés au snack, réouvert rien que pour nous, du Camping de la Rigole aux Cammazes, très vite rejoints par Chantal, la fille de Nadou (donc cousine de FX, suivez un peu !).

Les discussions vont bon train. Le moment est très agréable et permet aux revelloises de profiter de la fraîcheur (après les chaleurs étouffantes en ville) et de visiter notre studio avec balcon ! Merci à elles pour ce chouette moment de partage.

Lisa a fêté ses 15 ans et Muriel ses 40 ans ce mercredi 16.🎂🎁🎉🎈

16
sept

Journée relâche !

Dur dur de quitter ce chouette camping et ses adorables boules criantes. Chouette aussi parce que nous étions les seuls campeurs et que rayonnent un silence et un calme propices à la grasse matinée.

Dur aussi parce que nous sommes partis d'ici il y a presque 3 semaines, que la sensation de la boucle bouclée est grande et que l'envie de se poser, après tous ces km et toutes ces journées longues, est bien là. C'est une bonne école de la motivation que de se dire qu'il faut continuer pour mieux revenir dans quelques temps pour un vrai repos.

Et puis Elles sont là, toutes proches, à nous toiser, nous provoquer, nous haranguer "allez viens si tu l'oses". Elles sont bien là de l'autre côté de cette grande plaine suffocante du Lauragais... les Pyrénées. Elles nous attirent comme un aimant. Bougez pas, on arrive !

Avant de partir, nous découvrons dans les Cammazes, les fameux chaudrons qui servaient à fabriquer le charbon de bois, technique importée par les immigrés italiens au temps de la prospérité du lieu. La vie des charbonniers était terriblement précaire aux fonds des bois à surveiller les chaudrons nuit et jour pendant 2,5 jours pour obtenir le fameux morceau noir !

En chemin nous croisons 3 membres de la Fédération locale de Rando Pédestre (FFRP) en pleine "expertise". C'est-à-dire en repérages pour la création de chemins de petite randonnée (PR). Nous échangeons sur nos pratiques, sur le balisage, sur le dispositif d'éco-veille Suricate (où nous allons signaler les problèmes de marquage) et du topo guide du GR7 en pleine reconstruction !

Nous avançons lentement. Il fait très très chaud et les moments d'ombre sont rares. Le chemin est fastidieux pour traverser cette plaine, beaucoup de routes, de chemins agricoles...

Nous croisons le très étonnant sanctuaire Notre-Dame de Bassens. Rasé, avec sa vierge noire qui se ballade en attendant, reconstruit avec les donations populaires. C'est vraiment posé dans un champ au milieu de nulle part avec sa très officielle reconstitution de... la grotte de Lourdes avec Bernie et son moutmout'... et les gradins devant, et tout et tout. Ce sanctuaire fait apparemment l'objet de pèlerinages annuels le samedi de l'ascension et représente la preuve de la ferveur lauragaise et populaire à la Vierge.

Nous atteignons enfin le Canal du Midi que nous longeons sur plusieurs km en servant de ravitaillement aux moustiques locaux, semble-t-il assoiffés de sang frais !

Nous installons notre camp près d'une écluse et après l'avoir dégusté froid ce midi sur du pain, nous dévorons le Melsat chaud avec du riz (saucisse de pain, d’œufs et de porc) et surtout avec délice !

25km. 5h30.

Plus petite journée mais pas si mal en une aprem !

17
sept

J'étais sur la route toute la sainte journée...

...et j'ai senti le doute en toi s'immiscer !!!

Nous avons enfin traversé les 4 parallèles, la 113, le Canal, la voie ferrée et l'autoroute, puis nous sommes sur des routes à tracteurs, longeant les champs de melons en fin de vie, et de tournesols en cours de moisson, d'autres sont déjà déchaumés et nous voyons parfois se former quelques tourbillons de poussière. Nous longeons aussi quelques figuiers (beaucoup de blancs) dont nous nous régalons.

Même les baliseurs ne savent plus où poser les marques tellement c'est désert ! Les poubelles semblent être considérées comme faisant partie du paysage !

Nous traversons des villages dans la torpeur de la sieste et nous avons trouvé plus forts que nous à chat perché !

Il y a néanmoins toujours un groupe d'anciens, assis à l'ombre à palabrer, avec toujours un mot gentil à notre attention mais que l'idée même de faire notre périple épuise encore plus. Il y a aussi ceux qui se relayent comme au café associatif de Villasavary avec ses 2 tarifs, adhérent et tout public. Le concept est géant pour continuer à faire vivre un bar dans le village. Mais comme d'habitude, ça manque de volontaires et ce sont les retraités qui s'y collent. Les jeunes y viennent... comme clients, le samedi soir !

Nous rencontrerons enfin le E4 chemin européen de notre GR7, et des croix, des croix, à tous les carrefours, les croisements, symboles de la ferveur populaire locale en la matière. Les Pyrénées sont là, sous notre nez et nous nous languissons de les atteindre. Elles semblent si proches et en fait... non !


C'est aussi l'occasion, au détour d'un sommet venté de découvrir le F3F. C'est une discipline reconnue avec des planeurs radio-commandés qui effectuent du vol de pente, c’est-à-dire que le planeur utilise la portance dynamique créée par le vent rencontrant un relief. Le jeu consiste à être chronométré sur une distance de 1 000 m entre 2 plans (bases) espacés de 100 mètres (soit 5 allers retours et 9 virages) après une prise d’altitude de 30 secondes maximum. Les pilotes volent les uns après les autres, évitant ainsi tout risque de collision. Le concurrent est placé au centre de deux “bases” espacées de 100 m et n’a le droit à aucune aide à part pour le lancer du planeur. Un juge à chaque base donne un “beep” au passage du planeur indiquant qu’il a franchi cette base. Ce “beep” est relié à un chrono qui, en plus de gérer le temps maximum de prise d’altitude, décompte le nombre d’aller-retour et s’arrête automatiquement à la fin du “run”.

Et vous savez quoi ? Demain à cet endroit, c'est le Championnat de France ! Nous avons le droit à une petite démo des meilleurs ! Impressionnant !


Nous croisons aussi la jolie ville de Fanjeaux, célèbre à plusieurs titres. Tout d'abord parce que Guilhabert de Castres, évêque cathare, s'y établit mais aussi parce que son évêque cistercien et surtout son chanoine, le futur Saint Dominique y menèrent long débat contradictoire entre leurs religions respectives. La légende dorée raconte que ne parvenant pas à se départager, les adversaires, Catholiques romains d'un côté, Cathares de l'autre, décident d'avoir recours à l'arbitrage de Dieu et allument un grand feu où sont jetés toutes les thèses et les écrits des deux parties en présence. L'histoire de la scène, d'origine catholique et écrite quelques années plus tard, rapporte la destruction de tous les écrits Cathares, tandis que le mémoire de Dominique de Guzman fuse par trois fois du feu, brûlant une poutre que l'on peut voir aujourd'hui dans la Chapelle de Fanjeaux. Ce qui étaya bien évidemment par la suite sa future canonisation. Il crée une communauté de religieuses à Fanjeaux puis créera les Dominicains quelques années plus tard.

Et puis Fanjeaux fut aussi le quartier général de Simon de Montfort pendant la Croisade albigeoise.


Nous reprenons le chemin, un peu lassés par les interminables routes.

Nous arrivons enfin à Mirepoix, les pieds saisis et la fatigue saisissante. Le boulanger du coin tient aussi 3 fois par semaine un FoodTruck et nous y récupérons une salade composée et 2 sodas pour nous rasséréner. Nous débarquons dans un camping de mobil-home vers 21h et trouvons une petite place, une douche chaude et un sommeil prompt !

42,7km. 9h30 de marche.

Il faut avouer que le plaisir de la rando se trouve émoussé au gré des km parcourus et des douleurs grandissantes aux pieds. Et comme diraient nos amis outre-Atlantique, c'est un peu "plate" (ennuyeux) !

18
sept

0. comme zéro pointé !

Ah Mirepoix... quelle ville, quel endroit, qui ne donne qu'une envie... y flâner sur sa place, sous ses arcades. Ce que nous faisons très bien, une bonne partie de la matinée. Nous nous extasions sur les sculptures de la Maison des Consuls toutes plus fantasmagoriques les unes que les autres.

Nous vous épargnons l'histoire de Mirepoix, il y aurait trop à dire. Si ce n'est (c'est le prof d'histoire du collège qui nous l'a raconté) que Mirepoix était auparavant construite en bas près de la rivière et qu'une immense inondation a ravagé la ville et provoqué sa reconstruction plus en hauteur.

Et puis toutes ces maisons à colombages du 15ème mais pour lesquelles la datation vient de révéler récemment que les bois sont plutôt du 12ème, signe d'une réutilisation dans les reconstructions.

Les soirées dans cet endroit doivent y être fort sympathiques et la multitude de cafés en atteste.

Nous prenons le temps de visiter la cathédrale, majestueuse avec ses plafonds et murs entièrement peints et son grand orgue que l'on croirait suspendu dans le vide. On ne sait plus où regarder tant il y a à voir.

L'ancienne voie ferrée allant de Bram à Lavelanet a été transformée en voie verte et permet aujourd'hui de relier le Canal du midi à Montségur en 65km. Bon super, pas de voitures et les villages que nous croisons sont tous plus charmants les uns que les autres. Mais pfiuuuu qu'est-ce que c'est long 20km de piste cyclable. C'est d'un monotone, sans rien de spécial et ça tape, tape, tape (mais pas ce refrain qui te plait... plutôt les pieds à qui ça déplait !). La salariée d'un bureau touristique local confie qu'elle trouve ce chemin ennuyeux pour les marcheurs. Bref on s'emm... un peu !

• • •

La pluie s'invite à la partie mais nous étions prévenus et nous nous amusons beaucoup de ces longs tunnels qui s'allument sur notre passage. Trop classe ! On ne peut s'empêcher de jouer un peu... "1, 2, 3 soleil" et paf... ça s'allume. On n'a pas grandi !

Agacés par les 20km de tchouctchouc piéton, nous regardons un peu mieux les cartes et découvrons de quoi nous énerver un peu plus encore. La route entre Chalabre et Puivert met 9km là où le GR7 en met 20 ! Au 21ème jour de marche, quand on a mal aux pieds, c'est le genre du truc qui énerve. Marcher oui, mais marcher pour marcher, non. L'eau ferrugirruginnnneuuuuse, oui...

Nous décidons de couper le fromage et tant qu'à aller tout droit, nous prenons les petites routes et chemins de détour qui nous permettent d'arriver à Puivert avant la nuit. Passant devant Chez Marius, le bar associatif à 19h14, Amanda déclare "il n'est pas question de boire un coup tant que nous ne savons pas où dormir !".

Si ce n'est que ça... 10 minutes plus tard, nous avions une chambre, un grand lit augurant une douce nuit et une douche bouillante qui vous revigore au Gite des Marionnettes, un superbe endroit en plein cœur du village. L'accueil s'y fait tout en douceur, ici on est habitué aux randonneurs, avec espace de vie commune, cuisine à disposition, canapés... et beaucoup de marcheurs du Sentier Cathare qui relie Foix à Port-la-Nouvelle et que nous avons fait en 2016.

A défaut du camping dont nous avions appris la fermeture le 15/09, c'est notre premier vrai lit depuis le début du séjour, et franchement ça fait un bien fou. Ça redonne la pêche après cette journée morose.

Et puis nous voilà repartis Chez Marius car ce soir, au bar asso, c'est soirée Jamaïcaine. Youhouuuu le Dieu Ganja est avec nous ! Un rasta (encore un !) et sa compagne ont préparé une assiette composée pour 10 balles avec riz, salade composée, croquettes de pomme-de-terre et acras. Et un tiramisu maison pour finir (non non... pas un space tiramisu !). Ici c'est "Covi'détendu", sur fond de reggae. On paye, pas un masque à l'horizon puis... on va se servir.

La musique est bonne. La nourriture aussi. Le tonique à l'eau de source de Fontestorbes (la source intermittente voisine) est excellent. Bien que nous sentions ses douces effluves, nous n'aurons pas l'occasion de saluer Marie-Jeanne (allez savoir, ça aurait pu soulager les pieds ou faire oublier qu'on en avait !). Ils sont forts ces rastas, l'accueil amical, l’œil sympathique, l'envie de te détendre. Tout pile ce dont nous avions besoin. En fait on avait aussi besoin de rencontrer des gens, ce qui était devenu rare ces derniers jours.

Et ce grand lit... qui nous appelle...

33km. 7h30.

Demain ça ira mieux, on attaque la montagne !...

19
sept

Enfin un peu de grimpette !

La nuit a été réparatrice d'autant plus que ce village a l'excellente idée de couper la sonnerie des cloches de l'église durant la nuit. 1er vrai lit avec un vrai matelas depuis 3 semaines, ça le fait !

Après avoir pris le temps de la discussion avec notre hôtesse, nous attaquons la petite montée vers le célèbre château cathare de Puivert. Au cœur de la vallée du Quercorb, il est souvent prénommé le "château des troubadours et voici ce que relate ce très bel article de 2015 de La Dépêche sur le château :

«Puivert, un château fort en pente douce dédié à la poésie et à la musique, écrit ainsi l'écrivain et poète occitan, Claude Marti. Il fut la maison des trobadors. Dès le XIIe siècle, les trobadors, «ceux qui trouvent» eurent envie de chanter autre chose que des cantiques… Ils furent les premiers à oser s'émerveiller de la douceur du printemps, du vol menu d'une alouette et de la haute chevauchée des nuages ; les premiers à oser célébrer les amitiés et les amours terrestres. Nombreux furent ceux qui firent halte en ce lieu, à Puivert, lo puèg verd, la verte colline : ils étaient ici chez eux».

Nid d'hérétiques

«Des trobadors, poursuit Marti, nous reste l'ombre légère et les mots ailés qu'aucun pouvoir n'arriva à mettre en cage… et puis, dans une salle du château, sculptées sur les culots de la voûte, les silhouettes de huit instrumentistes : cornemuse, tambourin, vielle, psaltérion, luth et cithar. Depuis ce temps d'aujourd'hui où nous cherchons nous aussi la note juste, salut à vous les musiciens !»

Puivert fut notamment intimement lié, depuis le XIIe siècle, à l'illustre troubadour Peire d'Alvernha dont la «galerie littéraire» fut imaginée en ce lieu lors d'une grande réunion artistique, explique Arnaud Mignard, le propriétaire actuel.

Au reste, ce bel âge s'éteint lorsque s'alluma la croisade contre les Albigeois. Le castrum originel appartenait en effet aux seigneurs de Congost, une famille cathare. Considéré comme un nid d'hérétiques, le château ne résista que trois jours au siège de Thomas Pons de Bruyères-le-Châtel, lieutenant de Simon de Montfort, en novembre 1210.

Pile un siècle plus tard, en 1310, c'est son petit-fils, Thomas de Bruyères, qui ordonna les travaux de reconstruction donnant au château de Puivert son visage actuel."

La Dépêche - 2015

Puivert c'est aussi 3200m² de cour d'honneur et une apparition dans le diabolique final de la Neuvième Porte, adaptation du roman de Polanski avec Johnny DEPP, mais aussi 10 ans plus tôt dans la Passion Béatrice de Tavernier, avec Bernard-Pierre DONNADIEU et Julie DELPY.


Nous suivons quelques temps le Sentier Cathare, jusqu'à Nebias où vient miraculeusement de rouvrir un commerce. La café restaurant propose aussi une mini épicerie, à la demande des habitants du village qui, maintenant qu'elle est là... continuent de s'approvisionner au camion épicerie qui passe de temps en temps ! Les paradoxes humains !

Nous empruntons les jolis chemins boisés, et les grandes prairies, grimpant petit à petit vers les montagnes qui se dessinent... tout autant que les nuages se font plus menaçants !

Nous nous posons à l'arrache au milieu du chemin, au Col de Clause, et pendant que nous préparons le repas, quelques flash apparaissent dans le ciel, dont nous cherchons à définir la provenance et... la destination !

Avec du réseau, nous avons les yeux rivés sur les cartes d'impacts foudre et il semblerait que ce soit Montpellier qui prenne cher, ainsi que quelques nids entre Castres et Castel. Nous surveillons attentivement le foyer sur Foix et Pamiers, voisins.

32,57Km. 7h40.

20
sept

De la vraie montagne, de la vraie pluie et de vraies erreurs !...

Ça a continué à flasher une grande partie de la nuit sans qu'aucun grondement ne parvienne jusqu'à nous. Nous attaquons dans les chemins de forêt et ça grimpe jusqu'à la Vallée de Sault puis jusqu'à Rouze et Mijanes. Nous essayons d'imaginer la vie dans ces villages de montage et elle nous semble bien rigoureuse !

Nous faisons de bien improbables rencontres avec des porcins tout noir mais ce ne sont pas des gascons (il est où ton tourniquet de poils sur le dos, hein ?) mais on en mangerait quand mm !

Le cheminement est agréable mais le ciel de plus en plus encombré.

Nous reconnaissons les paysages que nous aimons, loin de la civilisation, avec des prairies d'herbe grasse, des chemins à peine dessinés, des ruisseaux à l'eau claire et fraîche. Et les récompenses sont là, marmottes et isards sont bien là et toujours aussi difficiles à photographier.

Ça y est nous attaquons nos premiers pierriers et ça grimpe sévère en suivant les traces du GRP qui semblent supplanter celles de notre GR7 sur quelques km. Et les douleurs des étapes précédentes se réveillent...

Arrivés à Porteille de Barbouillère, nous suivons bêtement le GRP sans faire attention. Nous avions des captures d'écran du passage que nous avons lu de travers en commettant des erreurs d'interprétation. Erreur que nous payons cher en nous enquillant dans un passage particulièrement aérien en même temps que la pluie s'annonce. Pas rassurant...

Et nous voilà partis dans un paysage qui ne nous rappelle rien de ce que nous avons sur nos copies d'écrans. Pour résumer, nous nous sommes complètement trompés de vallée, et découvrons celle du Laurenti, tout à fait charmante par ailleurs. Mais nous perdons plus de 4h à nous égarer, à chercher notre chemin, pour revenir enfin au Col et grâce à quelques secondes de réseau, à comprendre notre erreur et retrouver notre chemin. Indéniablement une carte IGN donne une vision d'ensemble que toutes les copies d'écrans ne pourront remplacer.

Nous arrivons dans la vallée à plus 21h, sous la pluie, harassés de fatigue, perclus de douleurs et le moral en berne en réalisant que notre arrivée au Refuge d'En Beys tant espéré n'est pas pour ce soir.

Il nous faut des ressorts d'ingéniosité pour monter la tente sous la flotte sans tremper ce qui est sec. Mais nous passons l'épreuve avec succès, mangeons dans la tente pour la première fois en plus de 3 semaines et nous endormons en peu de temps au milieu des vaches et des clarines dont c'est le territoire.

36,67km. 12.40h de marche.


L'erreur coûte cher en énergie !

21
sept

Et fin du voyage...

Il a plu toute la nuit, le vent a soufflé et nous nous demandons s'il est bien raisonnable d'attaquer les gravières dans ces conditions. Il n'y a qu'à peine 30km à parcourir pour cette dernière étape mais le ciel n'est pas attirant et des orages sont annoncés sur notre vallée prévue de destination.

Nous avons tous les deux des douleurs partout et avons chuté à plusieurs reprises hier sur les herbes mouillées et les gravillons terreux. Sans casse mais chevilles, genoux et talons renvoient quelques signes de "ça commence à bien faire" !

C'est dans une tente ruisselante de flotte que nous prenons la décision, difficile, de s'arrêter là malgré l'attrait de la montagne.

En redescendant, cherchant dans le ciel, qui semble se dégager un peu, les réponses à nos hésitations, nous croisons un professionnel qui monte en pick-up faire des chemins et nous confirme "c'est vrai que ce n'est pas très engageant et avec les orages, ça peut être 17h ou 14h, je sais pas quoi vous dire".

Inutile d'entreprendre une telle ascension si c'est dans la douleur et la peur de se prendre l'orage sur la tronche. Nous sommes un peu tristes mais nous ne sommes que de simples marcheurs et une fois passée la détestable sensation que l'ego nous renvoie, de n'avoir pas été tout à fait au bout, rappelons nous simplement que le bout, en fait c'est toi qui le décide ! Donc fi de l'ego, qu'il reste dans son coin à bouder.

C'est décidé... on redescend et en plus on est dans la bonne vallée, celle d'Orlu donc d'Ax-les-Thermes, donc du train !


Quelques centaines de mètres plus loin nous croisons un couple en... gyropode, en mono roue quoi ! Le truc absolument complètement inimaginable à cet endroit : "bein si, Google Map nous a dit qu'il y avait une route par là pour aller à Font-Romeu".

Euuuh comment te dire... là c'est un cul de sac, c'est la montagne et t'es pas près d'arriver à Font-Romeu par là ! Ils font 1/2 tour en nous informant qu'une camionnette de livraison est sur le parking juste en dessous


Nous galopons jusqu'au site. Cécile du Syndicat intercommunal est là pour nettoyer l'aire de repos et les sanitaires. Elle se propose de nous redescendre à Orlu. En discutant dans le camion, elle comprend notre parcours, notre émotion de quitter le lieu et sans rien nous dire nous dépose... à l'entrée d'Ax en disant "la gare est au bout de la rue".

Merci merci merci 1000 fois à cette Cécile, première et seule fille à être embauchée dans cette team de techniciens de maintenance uniquement composée de mecs et de chasseurs ! Dans l'équipe depuis 2 ans, elle commence tout juste à s'y faire une place. C'est dingue !

Il est 9h15. Un TER part à 9h25 de l'autre bout de la ville. On voulait des vacances sportives ? C'est parti pour un run de malade tout en cliquant frénétiquement sur le smartphone prêt à commander les billets à la dernière seconde. Amanda réussit à se faire prendre en stop sans tendre le pouce (l'apanage du petit cul ? ou de la jeune fille en détresse ?) et le 4x4 passe devant FX en disant "désolé mais je crois qu'elle va arriver avant vous ! ". 9h24... tout est possible, on passe outre les ampoules et les douleurs, en mode "sprint de ta vie", tout en cliquant sur "valider" sur l'appli SNCF et 'engoufrage' ruisselant de sueur dans le TER à 9h25 en criant "j'ai les billets !"

"Vous avez le temps, on part en retard, il y a des travaux sur la ligne", déclare de contrôleur médusé par cette arrivée fracassante. Ah les joies de la SNCF, irrémédiablement toujours en retard, qui fait qu'à 9h30 nous sommes en chemin, billets en poche pour Castelnaudary où nous arriverons à 13h.

C'est toujours incroyable de réaliser le temps qu'il nous faut pour monter et de constater combien redescendre en ville est d'une rapidité folle !


Bref, c'est le dernier jour. Toutes ces rencontres opportunes pour rentrer en quelques heures nous laissent croire que la décision de la raison était la bonne.


Pour les stats, en excluant la micro marche du dernier matin pour rentrer (3,92 km en 1h !), nous aurons donc effectué :

🚶‍♀️810 km sur 23 jours 🕛 191h de marche (presque 8 jours) ⛰ 24500m D+ et 24200m D-

soit une moyenne de 35,2 km/jour et 4,23 km/h.

Nous avons osé 2 étapes de moins de 30 km, 9 de plus de 30km, 7 de plus de 35km, 4 de plus de 40km et une fameuse de 47,5km.




Que retenir de ce parcours ?

Le GR7 n'a plus de descriptif depuis plusieurs décennies et c'est bien dommage car ce chemin mérite d'être mieux connu et parcouru par de plus nombreux randonneurs. Mais il mérite aussi quelques aménagements. Les villages et paysages croisés nous ont vraiment beaucoup plu mais certains chemins sont parfois tellement abîmés par l'exploitation forestière ou éolienne qu'ils perdent de l'intérêt voire deviennent lassants. Et c'est bien dommage !


Et puis, nous l'avons dit plusieurs fois au cours de ce carnet, la pérégrination, par définition, impose le mouvement. A plusieurs reprises, nous avons eu plusieurs fois envie de nous arrêter quelques jours pour discuter, prendre le temps, aider par-ci, donner un coup de main par-là...

Ce pourrait être une idée de prochain périple. Prendre un cap et s'arrêter en proposant nos services ou notre aide au gré des opportunités et des besoins...


Pourquoi pas... ça se réfléchit...

...ou au contraire, ça se fait sans réfléchir...