À propos

Couple qui baguenaude dans les montagnes et sur les sentiers... GR10, GR11, GTA-GR5, GTJ-GR509, HRP, chemin de St Guilhem, Chemin des Bonhommes-GR107, Cami del Ultim Catar, Sentier cathare, GR7, Via Alpina...

GR10 - La Grande Traversée

Notre première grande aventure pédestre à travers les Pyrénées en suivant le mythique GR10 entre Hendaye et Banyuls. Réalisé sur 2 années en 27 jours puis 20 jours, en couple et en autonomie relative.
Du 31 août au 28 septembre 2012
29 jours
1

En rangeant nos petites affaires, nous sommes retombés sur des vieilles photos, des topo-guides et un carnet griffonné. Cela nous a rappelé notre première aventure montagnarde. Tant pis pour la piètre qualité des photos, tant pis pour les bouts qui manquent, nous avons eu envie de la coucher sur le papier et avons du composer avec nos souvenirs et quelques photos glanées sur le net pour recomposer l'aventure. Laissez vous voguer sur cette traversée sur 2 ans entre 2012 et 2013.

Il est des jours comme ça dans la vie d'un couple, où...

Il est des jours comme ça dans la vie d'un couple où l'on se demande comment rompre avec les habitudes. Pas vraiment celles du quotidien puisque nous sommes l'un de ces couples qui étonne et détonne parce que nous ne vivons pas ensemble et que nous ne nous retrouvons que les week-ends.

Il est des jours comme ça dans la vie d'un couple où l'on réalise qu'il n'est nul besoin de vivre ensemble toute la semaine pour se créer des routines dont l'on a soudainement envie de se réveiller. Et c'est ce qui nous est arrivé aussi soudainement que l'orage sur la montagne un soir après une lourde journée de chaleur. Nous avions fait de nombreux périples en moto à travers l'Europe, mais ces voyages mettent le passager dans une situation de passivité lassante. Et puis voyager en moto c'est chouette mais c'est aussi particulièrement onéreux. Parce qu'il faut partir avec freins et pneus neufs pour avaler les 5 ou 6000km et refaire la même opération à l'arrivée !

Il est donc des jours comme ça dans la vie d'un couple où l'on se lance... "hey, on se fait un Braimstoring de nos rêves pour voir si on en a en commun ?", ultime pari d'un couple qui se cherche et joue tapis. Parti chacun dans son coin pendant un moment pour écrire sur un petit papier ce qui le ferait vibrer, quand les rêves furent étalés au grand jour, quelle surprise de découvrir que nous avions tous les deux écrit... "faire le GR10" !

Il est des jours comme ça dans la vie d'un couple où tu réalises que tu n'as plus fait de randos depuis tes années de scoutisme quand tu avais 10 ans, que tu n'as jamais dépassé des randos de quelques jours, que le sport est dans ta vie plus au stade de l'intention que de la réalisation. Et soudainement te vient la prétention saugrenue de traverser des montagnes pendant plus de 50 jours, avec un sac à dos, une tente et l'envie de le faire à deux.

Il est des jours comme ça dans la vie d'un couple où d'un bout de papier nait un projet qui, malgré sa folie initiale, germe en toi et pousse, comme on instille une idée qui ne te quitte plus ! Comme une vibration en toi, un truc qui monte et qui résonne. Comme une plante que tu bichonnes et qui grandit, dont tu n'es pas encore tout à fait sûr qu'elle va donner des fruits mais qui centre ton esprit et entretient tous tes espoirs.

Il est des jours comme ça dans la vie d'un couple où l'on se dit, comme un défi sur soi-même, comme un pari à deux... "c'est fou, c'est dingue, c'est surement irréaliste mais... et si l'on osait, mon amour ?"

Si on osait...  

Le premier pas c'est la décision, OK, mais le second c'est d'assumer !

Il faut rassembler les informations, comprendre les dangers, préparer et tester le matériel, et essayer de se préparer physiquement en comptant surtout sur son mental. Même si madame fait des randos tous les dimanches dans un club charentais et que monsieur a quelques restes de randos scoutes engagées... nous avons envie de rassembler tous les ingrédients pour que ce projet se réalise et soit une réussite.

Et pas facile quand on ne vit pas ensemble... tous les WE y sont passés !


Étape 1 : cerner l'adversaire !

Allez raconte... c'est quoi le GR10 ?

C'est l'un des plus célèbres sentiers de Grand Randonnée (GR) qui traverse les Pyrénées, de l'Océan à la Méditerranée. Historiquement décrit dans le sens Hendaye vers Banyuls, il est maintenant parcouru dans les deux sens et sa distance oscille selon les descriptions entre 850 et 920km. Il est intégralement balisé en blanc et rouge, alternant chemins, pistes, quelques portions de route et de nombreux sentiers de montagne. Le plus haut col est la Hourquette d'Ossoue dans le Vignemale (à 2 734 m d'altitude).

Il faut compter entre 45 et 60 jours pour le parcourir intégralement et c'est la raison pour laquelle la plupart des randonneurs le font sur plusieurs années. On ne le sait pas encore car on est en 2012 mais le futur record sera établi à 9 jours (2020) et nul doute que, la folie du "toujours plus vite" aidant, quelqu'un va bien réussir à le faire en moins de 48 h !!!

Sa principale difficulté réside dans le fait de quotidiennement passer par de hauts cols pour quasi systématiquement redescendre vers des lieux d'hébergements et de ravitaillement en village ou vallée. C'est ce qui en fait un sentier difficile non en accès, mais plutôt physiquement et mentalement. On finit par se demander pourquoi descendre si c’est pour remonter !

Calfeutré dans la partie française, le GR10 a un petit cousin, le GR11 (la Senda) qui reste cantonné en Espagne, et un grand frère, entre les deux, totalement sauvage et indépendant, la Haute Route Pyrénéenne. Nous avons réalisé les 3, n'hésitez pas à lire nos carnets.

Rouge: GR10 - Jaune: HRP - Bleu: GR11 

Étape 2 : faire son sac

Pour partir en rando quelques jours, bon ok, faire son sac, c'est fastoche. Mais quand on part sur plusieurs semaines, c'est une autre paire de manches ! Nous avons lu énormément de témoignages de randonneurs, de descriptifs de sacs, cherchant à composer notre paquetage idéal et avouons-le, nous sommes partis suréquipés comme des ânes de bâts ! On a pourtant passé un temps fou à peser, repeser et même à couper les manches de brosse à dents. N'importe quoi !!!

La méconnaissance, la peur de manquer, l'inconnu quant aux ravitaillements, la volonté d'avoir certains produits que nous n'étions pas sûrs de trouver en épicerie de villages de montagne... nous ont poussé à tester une méthode un peu particulière : nous nous sommes auto-adressé des colis en poste restante, en essayant de trouver les lieux les plus adaptés. Une aventure un peu hasardeuse, vous allez le découvrir !

Nous avons toujours voulu faire des choix de confort, et les choix alimentaires furent l'objet de belles batailles entre nous. Amanda était partie pour manger des raviolis pendant la totalité du séjour ("oui même froid on s'en fout" !), alors que FX aime varier, changer les textures et les saveurs, et équilibrer les apports pour permettre au corps de maintenir de longs efforts. Bref, nous sommes alors en 2012, le sac de la belle fait 14 kg eau et alimentation comprise, et FX porte un peu plus de 16 kg. Nous sommes très au-delà de la fameuse limite des 20% de son poids de corps !

Pour économiser du poids, nous avions fait le choix d'une technologie qui avait fait ses preuves... le Kodak jetable ! Donc nous n'avons que très peu de photos et d'une qualité... jetable !!! Notre portable de l'époque, un Wiko, n'est pas réputé non plus pour sa qualité photo !


Pour suivre le parcours, nous avons acheté les 4 topos-guide qui le décrivent parfaitement et pour gagner du poids, nous avons découpé les bouquins pour laisser l'inutile (couverture, pages touristiques...) et ne garder que l'essentiel, les cartes et les descriptifs (on gagne presqu'1 kg). Pour ceux qui ne connaissent pas les topos-guides, c'est ultra-confort : le sentier y est représenté en carte 1/50000ème avec des points repères décrits sur la page d'à coté, les croisements, jonctions, points d'eau, sites et points de vue, les courbes et dénivelés, et les infos pratiques croisés (camping, hébergements, ravitaillement, resto cafés, distri banque...). Bref le guide Michemuch du randonneur !

Étape 3 : se préparer physiquement

Il faut bien se l'avouer, physiquement, on est un peu ambitieux. On se décide comme ça d'un coup de tête alors que l'on a aucun entraînement. Amanda fait des sorties à la journée le dimanche avec son club de rando de retraités, mais FX a arrêté le sport il y a bien longtemps ! Alors pour se préparer (un peu) et tester le matériel acheté ou prêté (merci à Steph et Tom pour la tente), FX part 3 jours sur le plus haut sommet du coin... les Monts d'Ambazac et ses 702m d'altitude maximum !!!!!

Voilà, voilà... si ça c'est pas de la préparation !!!


Étape 4 : se lancer...

31/08/2012, les sacs sont prêts et la journée est speed ! Nous quittons le boulot, le sourire aux lèvres et le baume au cœur, comme deux idiots contents de leur blague, sautons dans le train de 16h32 (comme on est pas super sûrs de nous, nous faisons le choix de l'aller simple !).

Gare d'Angoulême - photo extraite de notre carnet HRP 2019... tout part toujours de là !...

L'aventure commence...

Repas dans le train, changement à Bordeaux, une petite siestouille et arrivée à Hendaye. Et c'est parti pour 40 minutes de marche pour se rendre au camping (parce qu'on ne le savait pas, mais il y a deux gares à Hendaye, dont une à deux pas du camping... nous on est arrivés à l'autre !). Au camping, c'est à la mode espagnole, on mange à pas d'heure, on commence par un Mojito basque (mais ça c’est parce qu'on ne connaît pas encore le Patxaran, cette liqueur de prunelles sauvages macérées dans un alcool anisé) et nous y rencontrons des gens adorables et Anthony, qui entreprend une traversée des Pyrénées en vélo avec sa petite remorque. On est à fond dedans.

Objectif : lever 5h, pour se rendre au Casino d'Hendaye, mettre les pieds dans l'eau pour marquer l'altitude zéro, et partir du célèbre panneau...

1
sept

Ah la vache !...

Ce qui fut dit, fut fait ! Lever 5h, le temps de plier le matériel, prendre le petit-déj, on n'est pas encore au point... nous quittons le camping à pas de loup et traversons une ville qui se réveille aussi.

Nous remontons toute la cote de la plage des Deux Jumeaux jusqu'au Casino d'Hendaye. C'est le point de départ officiel du GR10 et tout le monde se prend en photo devant le panneau qui le décrit. Pourquoi échapper à la règle !

Casino d'Hendaye 

Et c'est parti pour une traversée de ville. Nous croisons une épicerie et entreprenons notre premier stockage de bouffe ! Le sentier, parfaitement balisé, nous mène dans une montée progressive mais continue, à travers le Pays Basque et ses jolies maisons blanches fleuries aux volets rouges, jusqu'au... Col d'Ibardin et sa première Venta, au cœur de l’hôtel restaurant Elizalde. Une épicerie complète ! Si on avait su... on aurait pas chargé toute cette nourriture en bas !!!

Chacun son style! 

Même si nous réalisons déjà que nos sacs sont lourds et qu'on va en ch..., nous sommes euphoriques de partir ainsi à l'aventure sans réelle pression puisque nous n'avons pas d'autres objectifs que de vivre le moment. Nous sommes le 1er septembre, nous devons retourner au boulot le 1er octobre, nous sommes autonomes avec une tente, de la nourriture, de quoi traiter l'eau. Nous dormons où et quand nous voulons et nous n'avons pas défini de point d'arrivée précis.

Pour l'instant, c'est dans la terrible montée vers le Descargahandiko Lepoa (Col du Grand Escargas), où Amanda grimpe comme un cabri, que FX réalise que ça va vraiment être très dur si la gazelle gambade aussi aisément chaque jour !!! Alors que nous cherchons un emplacement pour poser notre premier bivouac, une silhouette élancée dévale la pente de la Petite Rhune au travers des fougères, d'un pas qui montre une maitrise et une aisance que nous aimerions avoir à cette heure !

"Il est bien trop tôt pour s'arrêter" nous déclare Mikel BONI à travers sa moustache de soixantenaire (voire plus !!?) et de continuer l’œil malicieux, "je vous voyais d'en-haut, vous avez bonne allure, et vous pourriez monter là-haut jusqu'au Cayolar d'Arrona Xola, une petite cabane bien connue mais non indiquée qui vous évitera de monter la tente ; suivez-moi, je vais vous montrer le chemin". Rassérénés par les belles flatteries, nous suivons notre charmant autochtone qui nous fait la conversation avec son accent chantant et nous indique que nous découvrirons notre havre de paix, après une sacrée côte, cachée derrière la barre rocheuse face à La Rhune.

Cette ultime grimpette est vraiment éprouvante et l'arrivée est une pure délivrance. Nous découvrons une petite cabane de pierres sèches, avec une estrade comme sommier et un petit placard où les visiteurs laissent quelques vivres pour ceux qui en auraient besoin. La vue est incroyable, nous sommes seuls au monde, et finalement déjà un peu plus avancés que prévu. Ce soir la cabane est à nous, et nous découvrons un luxe dont nous n’imaginions pas l'existence ! Nous bénissons Mikel pour cette trouvaille.

L'horizon sur l'océan et notre premier couchage à la Cabane Arrona Xola 
2
sept

C'était notre première nuit dans un Cayolar...

...et c'est chouette de dormir en dur ! On se sent protégé et c'est bien agréable. Nous espérons en trouver d'autres sur notre parcours. En sortant de la cabane et nous croyant seuls au monde, nous sommes ahuris de constater qu'aussi tôt, des personnes sont déjà en train de monter à La Rhune et en courant ! Mais on s'en fout on est heureux...

Pottokak
Pottokak (pluriel de Pottök) et Amanda (au cas où il serait utile de le préciser!) 

Allez savoir pourquoi, ce matin là, nous ne suivons pas le GR et nous nous retrouvons dans les fougères, sous les bois au milieu des Pottöks (prononcer Potiok). Héritage probable de la préhistoire, ce petit cheval basque sauvage a failli disparaitre et ne doit sa sauvegarde qu'à l’investissement dans les années 70 du maire de Sare, Paul Dutournier, fervent défenseur du patrimoine basque.

Et Amanda y perd ses lunettes de soleil... ça commence bien ! Nous traversons la voie ferrée du petit train à crémaillère de La Rhune que les hordes de touristes empruntent pour s'éviter tout tentative d'exercice physique ! Si vous croisez un Pottök avec des lunettes de soleil en montant à La Rhune... demandez lui de les rendre !

Nous continuons la moyenne montagne en direction de l'un des plus beaux villages du pays basque, Sare, ses maisons typiques, son fronton et... sa charcuterie épicée, un pur régal !

Ainhoa 

En ce jour dominical, nous avons rendu hommage au Seigneur et fait un sacré chemin de croix au-dessus d'Ainhoa, jusqu'à la Chapelle de l'Aubépine et ses stèles discoïdales. Nous nous ravitaillons à la source puis grimpons au Col des 3 Croix où nous posons notre bivouac. Le panorama vers la vallée de Xareta, La Rhune et l'Océan se mêle à la magie dont les lieux semblent transpirer.

"Cette chapelle dédiée à Notre Dame, a été édifiée sur le flanc de la montagne Atsulai. La Sainte Vierge serait apparue dans un buisson d’aubépines à un berger qui se serait écrié : « aranza zu ! » (en français : « vous dans un buisson d’aubépine ! »), d’où le nom de la chapelle. Depuis fort longtemps, les fidèles d’Ainhoa et des villages environnants montent en procession à la chapelle, le lundi de la Pentecôte. Un chemin de croix jalonne la petite route qui unit le village à la chapelle depuis 1886." (source https://www.xareta.eus/fr/quehacer/ainhoa_la_visite_du_village/16)

Chemin de croix...Chapelle de l'Aubépine 
3
sept

Nous commençons à prendre un peu de hauteur.

Nous profitons de la présence de la rivière Bastan pour une petite toilette, une lessive et une vaisselle, réalisant que la température de l'eau rend l'opération particulièrement efficace ! Nous croisons à nouveau l'un des plus beaux villages de France, Bidarray et son Pont d'Enfer.

On ne se rappelle pas tout de notre journée, juste qu'elle a été rude pour nous. Il fait chaud et nous aurions aimé nous désaltérer au bar. Mais le village est désert, c'est lundi et... tout est fermé. Quelques randonneurs attendent l'ouverture de leur hébergement à l'ombre des arbres.

Pont Noblia Bidarray
Hôtel de Bidarray
Bidarray 

Nous avons bien étudié la carte et nous savons ce qui nous attend, une grimpette qui s'annonce costaude : Bidarray, altitude 150m, Col d'Iparla 950m. Il est 17h, nous avons 800m de D+ à nous cogner et pour l'instant c'est le soleil qui cogne dur. Pour ne rien arranger, nous venons de charger nos sacs en eau (et pan 4kg de plus !) car aucune source identifiée sur le parcours (ce sont des crêtes).

Nous nous posons au Col d'Iparla, fiers de notre ascension. Pas un arbre, pas un brin d'herbe qui dépasse, un vent digne d'un col, raison de notre choix d'une cuvette pour planter la tente. "Est-ce vraiment une bonne idée", se dit intérieurement le boyscout ???

4
sept

Quelle nuit !

Alors dormir dans une cuvette sur un col, est-ce réellement une bonne idée ? Bein pas vraiment, surtout lorsqu'il pleut. Ce qui nous a permis d'éprouver notre matériel et nos nerfs, quand l'eau commence à entrer dans la tente ! Nous nous étions calés pour nous protéger du vent mais avec la sauce qu'on s'est prise toute la nuit... ça baigne !

Le réveil est donc difficile et la tente trempée pèse lourd dans le sac. Cette merveille qu'est le Pic d'Iparla se cache dans un brouillard impénétrable, qui par chance se lève de temps en temps pour nous permettre d'en découvrir les incroyables falaises. La luminosité diffuse de la brume fait mal aux yeux et le circuit sur ces roches glissantes n'est pas simplifié par l'humidité ambiante. Nous nous mettons en mode superhéros avec nos ponchos et étrennons la technique du grelot, cette petite pince à ligne bien connue des pêcheurs (voir notre carnet "Trucs et astuces"). Cela permet de s'entendre sans se voir et de ne jamais trop s'éloigner l'un de l'autre. Nous regrettons vraiment de ne pouvoir admirer le paysage.

Crêtes d'Iparla dans le brouillard
Borne Pic d'Iparla à 1044m
Ce que nous avons vu !                                                                   Borne Pic d'Iparla à 1044m 
Vautour Fauve

Nous sommes au cœur des prairies de la moyenne montagne et notre regard est attiré par une nuée au ras du sol et une forte odeur. Un troupeau de vautours s'affaire sur les restes d'un mouton, décidés à jouer leur rôle d'éboueurs des montagnes. La vidéo est de très basse qualité mais permet néanmoins de se rendre compte du nombre d'individus et de l'envergure des bestioles. Nous faisons les malins mais n'en menons pas large non plus, des fois que l'idée leur vienne de changer de cible !

La tente trempée, nous réduisons la journée pour la faire sécher au camping de St Etienne de Baïgorry. Nous profitons pleinement du Centre Info et de son ordinateur connecté pour tenir la famille au courant de notre avancée.

Et là, tout le monde nous le dit "faut jamais dormir à Iparla, c'est une cuvette hyper exposée" ! Oui, oui, on sait... maintenant !

Crêtes d'Iparla par beau temps
Ce que nous aurions pu voir...     Crêtes d'Iparla par beau temps     


Pas facile 10 ans après de se rappeler de tout...

... de tous les détails de chaque journée de ce GR10 et de chaque étape. Nous faisons le choix ici, de ne pas toujours détailler toutes les étapes, pour se centrer sur la narration des meilleurs souvenirs !

Nous avons aussi du picorer des images de droite et de gauche pour illustrer notre parcours. Nous avons essayé de bien noter les auteurs et sources.

5
sept

Journée bitume !

C'est ce qu'on retiendra de cette journée en particulier pour redescendre vers St Jean Pied de Port, lieu de passage connu de tous les randonneurs sur la route de St Jacques de Compostelle. Nous nous sentons complètement en décalage, presque des étrangers parmi ces randonneurs qui vont au Sud vers Roncevaux, alors que nous allons plein Est vers... la mer ! Nous ne sommes partis que depuis quelques jours mais nous nous sommes habitués à notre solitude et cette foule nous parait presque oppressante. On n'est pas dans le même trip, vite, repartir...

Col des trois abreuvoirs
Crêtes d'Handiamendi
Les trois abreuvoirs qui donnent le nom au carrefour et Crêtes d'Handiamendi 

Nous poussons donc le pas jusqu'au-dessus d'Estérencuby pour un bivouac à la sauvage au milieu du chemin à coté d'un champ à vaches.

Après presque 10h de marche, la nuit est méritée !

6
sept

Ça grimpe !!!

Nous le savions que ça allait monter et ça a monté, mais bien plus longtemps que nous ne le pensions.

Peu avant d'arriver au Chalet Pedro, nous croisons une jeune fille qui ne semble pas trop chercher la conversation et nous comprenons pourquoi quelques temps plus tard, lorsque le patron de l’hôtel restaurant débarque en pick-up pour nous demander si nous avons croisé sa cliente, partie sans payer !

Chalets d'Iraty

Après la halte boisson et gâteau basque, nous reprenons en visant les Chalets d'Iraty puisque la carte identifie le symbole caractéristique d'un camping. Mais quelle déception au col, pas de camping mais un gite bof, avec une gérante complètement obtuse pour qui mettre un symbole "camping" sur un lieu alors que le dit-camping est à 4 bornes, ne pose aucun problème éthique ! Grrrrr, nous pensions nous poser et nous ravitailler et même l'épicerie du Col est une misère totale ! Nous optons pour un étrange plat préparé en conserve auto-chauffante. Une expérience à vivre... ou pas !

Contrariés et agacés par cette mauvaise foi, nous décidons de quitter les lieux. Nous choisissons d'emprunter l'ancien tracé du GR10, devenu variante, pour rejoindre Larrau et son camping à quasiment 7 km. Au Col de Bagargiak, sous le regard ahuris des observateurs qui comptent les passages d'oiseaux, nous faisons varier la variante, en passant les barbelés et en suivant un azimut (un cap à la boussole, c'est pas compliqué, c'est tout droit !), en descente rapide mais efficace au milieu des ronces et des pentes à moutons ("que même les moutons avaient peur", selon Amanda).

Les derniers km de bitume sont effectués en stop et nous arrivons, à la nuit, dans un minuscule camping de montagne au milieu des caravanes et mobilhomes, et nous jurons un peu dans le paysage avec notre bivouac. Mais qu'importe, nous dévorons notre plat auto-chauffant et nous vous le confirmons... cette expérience n'a rien d’enrichissant !


Camping Ixtila à Larrau
Camping Ixtila à Larrau 
7
sept

Nous payons la longue et dure journée d'hier.

Nous sommes épuisés et courbatus, mais pourtant, il nous faut avancer car nous avons un sacré objectif aujourd'hui : il nous faut arriver à Arette avant samedi 11h, puisque nous y avons un colis en poste restante. Si nous passons ce délai, il nous faudra attendre jusqu'au lundi pour récupérer le colis !

Il y a là un passage que FX redoute rien qu'en lisant le guide : la passerelle d'Holzarté et la traversée des gorges d'Olhadubi. Rien de dangereux en soi, mais quand on a un vertige de fou, culminer 150 mètre au-dessus du vide est une sacrée épreuve... passée au pas de charge !!! Vous aurez peu de vue sur le bas (pas fou !) mais vous partagerez peut-être un peu des sensations de la traversée. Et non je ne mâche pas mon dentier mais une sucette pour essayer de me détendre !

La passerelle d'Holzarté... 
...acrophobes s'abstenir !
• • •

Nous croisons un gentil berger qui nous ravitaille et 2 messieurs passionnants avec qui la conversation s'engage.

Nous arrivons enfin aux fameuses Gorges de Kakueta à 18h. Une décision s'impose... il nous reste 5h avant Arette - La Pierre St Martin. Ça va être chaud pour le colis. En discutant avec le vendeur de boissons de l'entrée des Gorges, nous réalisons notre totale méprise. Il y a Arette - La Pierre St Martin et le village d'Arette, distants de... 25 km !! Quels idiots nous sommes ! Notre colis est donc à Arette, à 25 km. La décision est donc évidente... c'est parti pour du stop et ce n'est pas simple : pas moins de 4 voitures pour parcourir les 22km jusqu'au village.

Dans le lot des transporteurs nous voyons débarquer un rutilant pick-up blanc flanqué d'énormes cornes de buffle sur la calandre. On tend le pouce mais on n'y croit pas une seconde et pourtant... elle s'arrête. On est complètement dégueulasses, la voiture brille de cuir blanc, le gars est courageux ! Nous découvrons un chauffeur ventripotent au point que sa bedaine, dans une voiture pourtant hyper spacieuse, frotte contre le volant. "Vous traversez les Pyrénées à pieds ? Eh beh moi ça risque pas, faut être fou, chacun sa monture !". La discussion est totalement décalée mais il nous conduit à la porte du camping.

Apéro au bar du village pour fêter notre réussite et la satisfaction de savoir que nous serons à l'heure pour le colis, puis retour au camping super équipé pour les randonneurs avec tivoli, tables et chaises, gazinière et lumière. Douche, repas de rois et dodo !

Car maintenant que nous sommes descendus dans la vallée, nous savons aussi que demain il faudra regrimper vers le Col !!!

8
sept

Du pire... au meilleur ! Attention grosse étape (entre 16h et 20h !)

Lever tranquille, inutile de se lever aux aurores, La Poste n'ouvrira pas plus tôt ! Des VTT sont à dispo dans le camping pour les randonneurs, vite, nous nous rendons au bureau de poste et yessss, le colis est bien là ! Nous récupérons l'essentiel et renvoyons le superflu. Quel beau ravitaillement !

Un petit café en regardant passer les énormes motos qui montent au col et c'est à notre tour d'en prendre la direction. Et là... c'est le début de l'enfer. Il fait une chaleur folle et la route bitumée ne présente aucun intérêt. Des panneaux indiquent les % aux nombreux cyclistes et nous subissons le même dénivelé. Des cohortes de camping car nous doublent sans ralentir, et dès que nous tendons le pouce pour nous faire embarquer, les connasses co-pilotes nous regardent négligemment et font "non non" du doigt. Quand on pense à la place qu'ils ont dans ces véhicules, pas un ne nous a accordé la moindre attention et il faut l'avouer, Amora déesse de la moutarde commence à nous monter aux naseaux. Et en plus nos réserves d'eau s'épuisent comme neige au soleil.

Panneau indiquant le numéro du lacet et le %age de pente
Lacets du Col de Arette La Pierre Saint Martin
On n'en finit plus de les compter ces lacets qui mènent au Col de La Pierre Saint Martin !!! 

Heureusement, une petite camionnette bétaillère qui venait de déplacer des moutons finit par nous faire faire un saut de puce, puis une toute petite bagnole rouge improbable, que nous prions de nous excuser pour l'odeur que nous véhiculons ! Et de découvrir que son conducteur est en stage à l'aéroport d'Angoulême. Incroyable. Parce que c'est chez nous, et parce qu'on nous ferait passer une piste d'atterrissage pour un aéroport !!!

Arrivés à la Pierre-St-Martin, FX a envie de se défouler sur tous les pneus de camping car du parking ! Nous nous calmons dans le seul lieu de vie du secteur, le café du coin et en dégustant une tarte aux myrtilles, nous voyons débouler de la montagne face à nous, toute une équipe de rugby en stage d'oxygénation active ! Ils ont la pêche et alors que nous hésitions entre le bivouac et le refuge Jeandel voisin, nous décidons sur un coup de tête de fuir cette station moche à la recherche d'un bivouac tranquille. Il est 16h et alors ? On charge en flotte, on y va quand même !

A l'assaut des pistes de la station, nous nous retrouvons au cœur des sols karstiques caractéristiques des pics d'Anie. Les roches sont fêlées, fissurées et prennent des formes aussi belles que dangereuses. Nous l'apprendrons plusieurs années après, c'est un haut lieu de la spéléologie française avec des salles incroyables (cf. aparté sur le réseau spéléo de la Pierre-St-Martin).

Sols karstiques de La Pierre Saint Martin 

Après les moments difficiles du début de journée, nous sommes totalement émerveillés par ce que nous découvrons, d'autant plus que nous sommes entourés de... marmottes qui gambadent partout d'une cavité à l'autre. "Quand soudain surgit face au vent, le vrai héros de tous les temps..." aussi éberlué que nous, un berger déboule d'un bosquet, journal sous un bras et canne dans l'autre, quasi chauve avec une grande mèche blonde parfaitement peignée qui traverse son front dans une vague stylée. La discussion est improbable et nous passons un excellent moment avec celui, qui tel le Prophète de Khalil Gibran, répond à chacune de nos questions en assénant ses vérités avec un accent du coin et une obsession pour son eau "elle est bonne mon eau !".

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Lorsque nous lui demandons conseil pour la météo, il répond : "oh vous savez, la radio elle vous dit quelque chose, le journal vous dit autre chose... moi je dis "tu sors, tu lèves le nez et tu vois bien le temps qu'il fait !""

Voulant profiter pleinement de son expertise, nous l'interrogeons alors sur la conduite à tenir en cas d'orage. Nous désignant un à un les arbres autour de lui du bout de son bâton : "Tu vois cet arbre là-bas, la foudre l'a fendu en deux. Tu vois celui-ci, l'orage lui a coupé la tête et l'a brulé... Moi je dis que quand tu te trouves au milieu de l'orage en pleine montagne, il n'y a qu'une seule chose à faire... prier !"

On lui demande alors ce qu'il fait là dans la montagne à cette heure. "beh je compte les moutons tiens !" et de nous apprendre que c'est bientôt la fin de l'estive et qu'il envisage une redescente prochaine en vallée avant l'arrivée de l'hiver.

Nous lui annonçons que nous allons vers la vallée de la Baïtch... "hey, vous allez chez le Louis. Donnez-lui le bonjour de la part d'André du Pescamou. Vous y serez en moins d'1h"... en oubliant de préciser que c'est en temps de berger, parce qu'en vrai on a mis 1h30 au moins !


Nous repartons donc à travers la montagne, forts d'une mission quasi sacrée. Pas le choix maintenant... faut aller chez Louis ! Nous nous retrouvons dans le passage un peu aérien du Pas de l'Osque, qui nécessite d'y mettre les mains et de prendre un peu d'attention. C'est du pur bonheur.

Petite grimpette du Pas de l'Osque
C'est plus de la rando... c'est de l'escalade ! 

Puis, après le passage d'une vallée verdoyante, c'est la Pas d'Azuns qui nous tire des larmes de joie quand nous découvrons les Orgues de Camplong.

Vue depuis le Pas d'Azuns 
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Nous arrivons enfin à la Cabane du Cap de la Baïtch : "Holla, y'a quelqu'un ? Vous êtes Louis ?"

"Et qui le demande ?", nous répond une voix tonitruante que l'on croirait sortie du Gouffre de la Pierre St Martin et dont nous découvrons bien vite la truffe proéminente et rougie par le soleil (et l'eau ?) : "Nous sommes randonneurs et nous devons vous transmettre le bonjour d'André du Pescamou".

  • Louis : "Andrrrré ? Du Pescamou ? Mais il était où et il faisait quoi ?", nous faisant découvrir à quel point il roule les "r"
  • Nous : "Il comptait les moutons pour redescendre."
  • L : "Il va redescendre." déclame-t-il avec l’œil malicieux de celui qui sait qu'il sera le dernier de la vallée à descendre, ultime défi entre les vallées.
  • N : "Et sinon, vous vendez du fromage ?"
  • L : "Eh beh oui, mais allez vous poser d'abord, on verra après. Et buvez de mon eau, elle est bonne mon eau. D'habitude les touristes, ils se mettent là-bas, vous verrez, vous serez bien."

Nous allons donc nous poser à l'emplacement désigné puis revenons à la charge pour le fromage. Louis est un sketch à lui tout seul. Une planche bloque l'entrée devant la porte parce "c'est ce con de chien, il me bouffe les touristes", nous narrant les exploits du-dit canin sur les mollets d'un traileur de passage. En entrant nous découvrons une ferme de berger de montagne. L'odeur du fromage est bien présente, les guenilles de couleur incertaine pendent et on regrette presque notre intention initiale, surtout lorsque Louis débarque avec un pèse bébé entièrement rouillé. Nous voilà rassurés lorsqu'il y dépose un papier tout propre et nous fait gouter un morceau du fruit de son labeur. Le fromage est à tomber ! Et le prix renversant (9-10€/kg, vu le coût dans la vallée, on se dit qu'en descendant la montagne, ce n'est assurément pas le berger qui s'engraisse sur la revente !).

  • Louis : "vous avez gouté mon eau, elle est bonne mon eau ?, et vous voulez des œufs ? "
  • Nous : "Vous avez des poules ???"
  • L : "Eh beh oui... des poules, des vaches, des brebis et des chevaux... mais l'année dernière ces connes de poules, elles me cachaient les œufs !"

Et nous voilà partis dans notre petit campement avec de quoi faire une omelette, non sans avoir auparavant gouté son eau et c'est vrai qu'elle est bonne ! Et c'est vrai qu'on y est bien avec une vue imprenable sur les Orgues de Camplong, le Col d'Anie, le Pic du Soum Couy. On se sent en même temps seuls au monde et rassurés par la proximité de Louis, minuscules dans cette immensité, et cela nous réconcilie après la montée au Col du matin. On se sent mieux ici et on est hyper contents d'avoir décidé de partir en montagne à 16h et de conjurer le sort. La récompense est majestueuse !

La Cabane de Louis 
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Le réseau spéléo de la Pierre Saint Martin

Le réseau de la Pierre St Martin constitue l'un des monuments de la spéléologie. Sous les sommets pyrénéens du Pic d'Anie (alt. 2504 m), du Soum Couy (alt. 2315 m) et du Pic d'Arlas (alt. 2044 m) se développe un massif karstique monumental de 140 km² qui abrite de très grands réseaux dont l'exploration initiée depuis 1892 se poursuit aujourd'hui encore. Les volumes que l'on y trouve sont remarquables, avec notamment la Salle de la Verna dont les dimensions exceptionnelles (260 m x 245 m x 195 m de hauteur) la place parmi les plus grandes salles souterraines au monde (le site de la Verna est aujourd'hui aménagé pour les visites touristiques : www.laverna.fr). L'histoire de l'exploration de ce réseau (...) force le respect tant l'abnégation des pionniers fut exemplaire avec des moyens parfois rudimentaires. Marqué par la tragédie en 1952 de Marcel Loubens, le réseau n'a cessé par la suite de révéler au fil des expéditions de nouvelles galeries et cavités insoupçonnées.

(source : http://ilua.free.fr/sdn/speleo/psm/index.htm).

La salle la plus monumentale découverte est l'immense salle de La Verna (...) ; on pourrait y rentrer dix fois la cathédrale Notre-Dame de Paris ; un vol de montgolfière y a même été organisé en 2003.

(source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouffre_de_La_Pierre_Saint-Martin).

9
sept

Sortie dominicale...

Nous nous sommes endormis en regardant le ciel, ébahis par le nombre de zébrures d'avions dans le ciel. Une nuit super calme et réparatrice.

Confiants en notre quasi solitude, nous sortons (à moitié nus !) de la tente avec l'intention d'une toilette matinale pour constater que... c'est une autoroute !! Ça sort de partout, des marcheurs, des coureurs... c'est dimanche et tout le monde "se fait l'Anie" ! Oups... la toilette attendra un peu !

Avant de partir, nous voulons saluer Louis. "Et tu es qui toi ?"... ah ouais quand même, hé oh Louis, on est les touristes qui ont couché là, mais vu le défilé vers le col et devant sa bergerie pour acheter du fromage, on comprend qu'il ait du mal à retenir tous les visages. Dans un moment de répit, nous lui marquons notre étonnement quant à la circulation aérienne nocturne.

  • Louis : "Oui je les regarde le soir en admirant les étoiles. Et des fois, j'aimerais bien qu'ils se télescopent ! Elles sont belles mes montagnes hein ? Tu as bu mon eau, elle est bonne mon eau !"
  • Nous : "Mais vous Louis, vous redescendez quand ? Et vous descendez à cheval ?"
  • L : "Eh beh non, en hélicoptère, té ! Dans 15 jours, le jour de mes... 70 ans ! Et le pilote, depuis le temps, je le connais bien, alors avant de retourner dans la vallée, il me fait faire un tour de mes montagnes pour que je les admire", nous lâche-t-il les yeux humides de l'attente de cet instant de magie.

En effet, nous n'avions pas réalisé que c'était une solution. Et tous les ans, ce sont des membres de la famille qui redescendent les bêtes dans la vallée pour la fin de l'estive. un sacré personnage le Louis, dont nous gardons l'accent en tête et les émotions dans le cœur. Nous le quittons à regret mais il est déjà occupé à retenir le chien et vendre du fromage !

Les Orgues de Camplong, lors de notre HRP en 2019 

Nous descendons la vallée en longeant les monumentales Orgues de Camplong avec petite pause au Refuge de Labérouat, un centre de montagne plutôt imposant de la Ligue de l'Enseignement qui accueille des centres de vacances, des classes de découverte et les randonneurs de passage. Pendant que nous dégustons notre café, un coureur déboule, enfourche un vélo et descend à pleine vitesse vers le village. Le responsable du gite nous informe qu'il enquille ce manège depuis 3 jours, montée du village en vélo, puis au Pic d'Anie en courant, puis redescend en courant pour rentrer au village en vélo... wahou !

Nous suivons le mouvement à notre vitesse jusqu'à Lescun et profitons d'un excellent repas à l'auberge du village : un repas à table. Il fait très chaud et nous profitons pleinement du moment avant de repartir sous un soleil de plomb. Les passages en forêt sont de véritables soulagements de fraicheur qui nous mènent tranquillement mais surement vers le grand plateau de Lhers et sa petite aire naturelle de camping qui clôture sa saison. Il ne reste quasiment rien mais néanmoins de quoi faire une lessive, se boire une bière, du cidre et se poser.

10
sept

Journée aérienne

Patou

Lever 6h30, comme d'hab' ! Comme souvent en camping, pour ne gêner les voisins par nos bruits, nous allons plier notre matériel et refaire nos paquetages dans les sanitaires... et c'est parti !

Ça grimpe dans les bois de façon interminable passant de Lhers à 951m d'altitude au Col de Barrancq à 1601m. 3 patous déboulent soudain de nulle part et viennent vérifier dans notre entrejambe si nous sommes égarés ou non du troupeau. Pourvu que je sente pas le mouton, pourvu que je sente pas...

Et là nous recroisons nos deux aveyronnais, rencontrés il y a quelques jours ! Bein c'est dingue ça, comment c'est possible ? En fait, ils ont parcouru le GR10 plusieurs fois, dans plusieurs sens, idem pour le GR20 et une multitude d'autres sentiers. Ce sont des marcheurs chevronnés. Et depuis tout ce temps, ils ont identifié qu'il était plus agréable d'avancer de jours en jours vers la Méditerranée mais que le chemin était plus fun en allant vers l'Océan et permettait de ne jamais avoir le soleil en face. Donc chaque jour, ils se déplacent avec un camping car et une voiture, l'un à l'arrivée, l'autre au départ et remontent ainsi le GR vers l'Ouest dans la journée tout en se déplaçant tous les soirs vers l'Est... un truc de dingue ! Nous avons donc toutes les chances de nous recroiser régulièrement !!!

Nous descendons à Borce, dans la vallée d'Aspe pour un ravitaillement de folie à l'auberge communale qui fait aussi épicerie. Le lieu est incroyable, on est perdu au milieu de nulle part et ici, on trouve tout à l'unité, et même le débit internet (à très haut débit) laisse rêveurs les urbains que nous sommes ! L'accueil y est adorable et tout est vraiment pensé pour le randonneur en matière d'alimentation et d'accessoires, parfois vendus à l'unité. On y goute un Patxaran tout à fait sympathique !

Puis c'est reparti pour le célèbre chemin de la Mâture et sa vertigineuse ascension. Au bas du chemin, un petit panneau annonce la disparition d'un marcheur et sa description, nous rappelant les dangers de la montagne.

La Mâture 

Lorsque Louis XIV demande à Colbert de moderniser la Marine Royale, il est décidé d'ouvrir ce chemin dans la falaise en 1772 (sous Louis XV) pour permettre la descente des arbres de la forêt du Pacq à destination du port de Bayonne. Saignée de près d'un km dans la falaise au-dessus de la Gorge de l'Enfer, ce chemin, creusé par des bagnards, permettait le passage de bœufs pour tirer les troncs jusqu'à... épuisement de la ressource 6 ans plus tard !

Ce parcours ne présente aucune difficulté mais nécessite la plus grande vigilance de la part des randonneurs.

Chemin de la Mâture 

De l'autre coté de la gorge trône l'austère Fort du Portalet, chargé de protéger le Col du Somport et qui servit de lieu de détention pour nombre de personnalités politiques sous le régime de Vichy (Léon Blum, Édouard Dalladier, Paul Reynaud, Général Gamelin...). Pétain y fut par ailleurs incarcéré 3 mois par De Gaulle avant son transfert à la forteresse de l'Ile d'Yeu. Il est classé monument historique depuis 2005.

Fort du Portalet 

Nous arrivons fourbus à la cabane de la Baigt-de-Saint-Cours, déjà occupée par un couple. Ils ont prévu un parcours sur plusieurs jours et portent l'intégralité de leurs repas en mode lyophilisé (le sac de monsieur frise 20kg !). Madame est épuisée et part se coucher très vite. Lui est en train de manger en plongeant sa cuiller dans un sachet réchauffé qu'il maintient dans une housse isolante et lorsque nous lui demandons ce qu'il mange, il doit sortir le sachet de la housse pour lire le titre... ça ne fait pas envie ! Alors forcément quand il nous voit préparer nos entremets à la framboise que nous faisons refroidir dans l'eau glacée, il commence à porter attention à nos faits et gestes ! Quand nous tirons du cidre de notre Camel bag, il n'en croit pas ses yeux, et quand FX se lance dans la préparation d'un pavé de saumon cuit sur une face en se servant un coup de vin blanc, il hallucine totalement ! (on vient de ravitailler !!) et nous engageons la conversation. Puis tout le monde va dormir à l'étage de la cabane.

Une housse à sachet lyophilisé !  Et la Cabane Baigt-de-Saint-Cours, maintenant réservée au berger du 15/06 au 15/09
11
sept

On attaque des altitudes plus importantes

Nom de ... à lui seul, notre voisin de chambrée à fait la reconstitution historique d'une gare de triage de locomotives à vapeur, toutes générations confondues ! Le salaud ! Grrrr...

On repart à fond et... ça monte à fond aussi. Notre topo le précise : "La cabane marque l'entrée du GR10 dans la Parc National des Pyrénées ; elle est située à l'entrée d'un cirque que dominent à l'est et au sud les pics d'Aule, d'Ayous et de la Hourquette du Larry ; au nord, la silhouette imposante du pic de Sesques et du Capéran de Sesques."

Nous passons donc des 1560m de la cabane aux 2125m du Col de la Hourquette de Larry puis 2188m du Col d'Ayous. Le temps d'un casse-croute au milieu des chevaux, nous croisons... nos aveyronnais quotidiens, qui envisagent justement de se faire le Pic du Midi d'Ossau qui nous toise du haut de ses 2884m !!! Va-t-on se revoir ?

Et c'est reparti pour une belle descente vers les Lacs d'Ayous en jouant à "1, 2, 3... soleil" avec une marmotte (c'est elle qui a gagné !), l'occasion d'une petite baignade toilette expresse avant de s'engager vers Gabas, village d'affineurs d'Ossau Iraty particulièrement désert !

Vue sur le Pic du Midi d'Ossau du col d'Ayous
Vue sur le Pic du Midi d'Ossau du col d'Ayous 
Corniche des Alhas 
Falaise de la Tume

Nous grimpons au-dessus de la centrale électrique, pour une ascension colossale de 600m de dénivelés positifs en passant par l'impressionnante corniche des Alhas, un sentier taillé dans la roche au-dessus de la gorge de Sassouéou. La présence d'une main courante semble rappeler, s'il en était besoin, que le sentier est particulièrement vertigineux. S'en suit une série de lacets très raides à travers bois jusqu'à la falaise de la Tume, tout aussi impressionnante.

Nous arrivons tranquillement sur le grand plateau des cabanes de Cézy. Nous n'osons entrer dans les cabanes, mais voyant un berger au fond du cirque, nous allons à sa rencontre et il nous explique que la première baraque, sommaire, est destinée aux spéléologues et que nous pouvons y dormir. Nous sommes ici au cœur d'un réseau de gouffres et non loin d'une ancienne mine de cuivre.

Cabane Spéléo et Cabane de Cezy
Cabane Spéléo
Cabane Spéléo et Cabane de Cezy 
12
sept
Musaraigne

La nuit des petits rats...

La cabane est simple mais confortable. Elle présente une estrade basique sur laquelle nous avons dormi et durant la nuit, nous avons bien entendu que nous n'étions pas seuls et que ça galopait et grattait de partout ! La question du jour, une fois les sacs faits, est "Amanda, où est ton portable ? Euuuuh... dans le sac de couchage ?"

Nous suivons le chemin vers l'ancienne mine puis continuons notre grimpette vers le Col d'Arre (2465m). La végétation est disparate et laisse place au tout minéral, aux gravières et aux chemins rocailleux. Le temps est particulièrement menaçant mais ne nous empêche pas de croiser 3 isards perchés sur leur roc et de découvrir un poinçon qui marque les exploits des randonneurs. La menace se précise et nous montons maintenant dans un brouillard de plus en plus humide, qui finit par cracher son contenu... il pleut franchement !

Nous croisons les vestiges d'une ancienne mine inexploitée depuis 1913, que les gars du pays montrent en laissant rouiller les vestiges de câbles, poulies et autres morceaux de wagonnets. Tous les ans ils organisent des ramasses d'ordures en montagne mais mettent un point d'honneur à y laisser de quoi se rappeler qu'ici pendant près de 50 ans, cuivre et fer ont été exploités à force d'hommes et de bêtes, avant de découvrir les mines à ciel ouvrir d'Afrique et de tout abandonner ici.

Vestiges de la mine de cuivre du Col d'Arre

Nous redescendons petit à petit vers Gourette où nous débarquons, totalement ruisselants, dans ce qui nous semble le seul restaurant ouvert du coin. La Quebotte est un endroit bien agréable, où la patronne nous régale d'une garbure, d'un cassoulet maison et d'une multitude d'histoires locales. Nous apprenons que tout à l'heure, en face de nos 3 isards, il y en avait 19 autres et que notre hôte y chassait et en a rapporté un pour en faire du pâté !!! La sono passe Nadau et Esta (chants béarnais) en boucle... on est dans l'ambiance, on se sèche et se réchauffe petit à petit.

Mines d'Arre et d'Anglas
Mines d'Arre et d'Anglas 

Nous nous rendons ensuite au Refuge de Gourette où l'accueil est plutôt glacial. Un autre groupe est là, fort sympathique, et nous comprenons que la gérante a eu une mauvaise saison et s'avère fort mal aimable ! Tout le monde fait des allers et retours entre l'intérieur et les étendoirs à l'extérieur, elle râle car son chien n'a qu'une envie... se barrer ! Nous prenons notre repas ensemble et tout le monde va se coucher...

13
sept

Une journée humide !

Dès le matin, ça commence bien !!! La mégère à bouts de nerfs qu'est la gérante, gueule comme un putois parce que son chien s'est barré. Ou plutôt parce que "l'un d'entre nous" l'a laissé sortir. Il faut avouer que le-dit clébard ne veut que ça depuis hier et que quand on accueille des gens dans un refuge, il faut s'attendre à ce qu'il y ait des ouvertures de portes continuelles ! . Grand mal lui prend de venir engueuler l'un des gars du groupe, objet de ses accusations. Explications en règles, mais le gars est un costaud et sa femme nous le confirme "alors là, elle est mal tombée !"

Nous fuyons cette violence matinale pour nous retrouver sous la violence de la pluie et du vent. La montée est difficile au milieu des arbres et des fougères, que les balayages incessants de nos pas, secouent et vident de leur eau dans... nos chaussures. Bref on est trempés et gelés (oui oui on est en short !)

Poinçon et Edeilweiss 

Nous atteignons enfin le Col de Tortes (1799m) et nous avons beaucoup de mal à sortir le carnet pour le petit coup de poinçon (c'est rigolo cette mode !) tant le vent est glacial. Puis nous entamons une descente vertigineuse et particulièrement glissante vers les terres connues du Col du Soulor.

Col de Tortes depuis Gourette
Col de Tortes depuis Gourette 
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Le soleil fait quelques rares apparitions au gré de la descente vers Arrens-Marsous que nous traversons en courant pour arriver avant la fermeture des commerces. Ah le Proxy et ses articles en tous genres !Nous attaquons la lente remontée par le Col des Bordères, Estaings et longeons le gave jusqu'au Lac d'Estaings. Petite pause directement chez le producteur pour acheter du miel.

FX connaît bien la région, il a été animateur dans un centre de vacances entre Arrens et le Col du Soulor pendant plusieurs années et embarquait des troupes d'enfants en mini-camps vers ces vallées pour aller découvrir isards et marmottes : "Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait derrière... et là... je vais enfin savoir !"

Lac d'Estaing
Lac d'Estaing
Lac d'Estaing 

Au lac, le restaurant est ouvert et l'accueil est franchement sympa, ça nous change de ce matin ! Tout est possible : la bouteille de Jurançon, les quelques tranches de jambon, le pain... Montage de la tente au camping et rencontre avec un artiste plasticien musicien électro machin... douche et dodo !!!

14
sept

Températures extrêmes... et retour à la civilisation

Ça caille ! Nous sommes levés depuis plus d'1h et notre voisin en camping-car nous annonce "il fait 3,5°C maintenant, mais tout à l'heure c'était 2 !" Nul besoin de thermomètre pour comprendre que ça caille vraiment sévère. Le pliage de la tente est un enfer pour les doigts et les corps que nous tentons de réchauffer en nous tapant les pieds par terre ! Même la douche bouillante n'y fait rien !

Après la sapinière... les herbes hautes de montagne ultra glissantes ! 


On ne sait pas si c'est du au vin blanc d'hier soir ou aux 300m de D+ dès le départ dans la sapinière de l'Escale, mais la montée est particulièrement verticale et fastidieuse. Et c'est loin d'être fini puisqu'on passe des 1160m d'altitude du Lac aux 2242m du Col d'Ilhéou. C'est vraiment super dur, mais quelle récompense en haut. On se retourne dans tous les sens, on admire, le 360° est absolument époustouflant. Mais le vent reste glacial.

Au fur et a mesure que nous redescendons vers le Lac du même nom la température augmente et c'est sous un soleil de 40° que nous entamons un pique-nique tardif. Une journée toute en extrêmes de températures. Un café géant au Refuge d'Ilhéou et hop, on repart. Les touristes par le gros chemin gravillonné et nous, par le GR10, de gravières en champs de pierres, puis à flanc de montagne.


A quelques encablures, nous voyons une vache tenter le saut de l'ange... le temps que nous arrivions à son niveau, nous constatons qu'elle les a bien rencontrés et git devant nous la langue pendante, et que le ciel est déjà cerclé de volatiles nettoyeurs qui attendent notre départ du lieu pour entamer leur œuvre. Quelle incroyable capacité de détection !

Nous descendons à fond vers Cauterets, avec petite halte à la ferme basque pour un achat choisi de saucisson. Nous ne l'avons pas précisé, mais nous n'avons pas de montre et pour préserver nos téléphones, nous les maintenons éteints. De fait... nous ne savons jamais l'heure ! FX part en courant pour la connaitre et découvrir nos marges de manœuvre pour faire des courses. Allez c'est parti pour une petite page de réclames... Nous ne résistons pas à un arrêt au magasin de la célèbre marque Ballot-Flurin (miel bio et dérivés). Nous repartons avec du miel, un baume magique et le shampoing dont rêve Amanda depuis des lustres ! Puis nous poursuivons par diverses courses au magasin bio de Cauterets, une galopade au Catena du coin pour une bouteille de gaz et Chez le Sherpa, pour acheter un matelas (puisque celui de FX est percé depuis le 4ème jour !!!).

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Gare de Cauterets 

Il ne reste plus qu'à trouver où dormir ! Le 1er camping, hyper luxueux est complet et ne saurait que faire de simples randonneurs ! Le second, plus simple, nous permet d'enfin nous poser et déguster un superbe Pacherenc, un riz pilaf aux champignons, tomates, oignons, poivrons et apéro saucisson. Non à la bouffe lyophilisé en rando, NA ! Et puis... la douche bouillante à souhait et on sent bon...

Un bon repas accompagné d'un bon vin... ou l'inverse ! 


♫ Il en faut peu pour être heureux

Vraiment très peu pour être heureux

Il faut se satisfaire du nécessaire

Un peu d'eau fraîche et de verdure

Que nous prodigue la nature

Quelques rayons de miel et de soleil ♫

...

15
sept

Le choix de la montagne...

Lever humide et tardif vers 9h... On lambine. On traîne. On vise la Poste pour nous renvoyer des affaires inutiles. FX retourne au magasin pour changer de matelas car en plus de ne pas être auto-gonflant, il est en revanche fait d'une matière, elle, particulièrement gonflante, qui donne l'impression de dormir dans un sac plastique et qui fait une bruit du tonnerre à chaque mouvement. Le petit chéri a déjà le sommeil suffisamment difficile pour ne pas en ajouter !

Hésitation... thermes ? Oui ? Non ? Eh bien non, donc retour au camping ou tout a bien séché. Pliage et départ et maintenant... on a une montre et on minute tout ! Même qu'elle fait "bip" toutes les heures (va falloir trouver comment couper ça... ça va être pénible !).

Le GR10 présente à cet endroit deux itinéraires pour se rendre à Luz-St-Sauveur : l'un par le le Col de Riou (en 7h), l'autre par la Hourquette d'Ossoue, le Pont d'Espagne, le Lac de Gaube, passe au pied du Vignemale, devant Gavarnie, puis remonte lentement vers St Sauveur et Luz. Il faut environ 20h pour effectuer ce parcours et c'est évidement celui que nous choisissons !

Superbe montée dans les bois vers le Pont d'Espagne avec halte obligatoire pour se ravitailler en Génépi ! Nous passons le fameux pont au galop en ne faisant pas la photo devant la cascade, que les nuées de touristes présents empêcheraient presque de voir, pour faire la leur !

Cascade du Pont d'Espagne à Cauterets 
Ascension vers le Lac de Gaube 

On grimpe. On a la caisse et on va vite. On vise la Cabane du Pinet et nous redoutons que les deux randonneurs que nous apercevons devant nous "piquent" la place alors... on accélère comme des malades et on leur met une sacrée longueur ! L'arrivée au Lac de Gaube est purement magique. On charge en eau potable. On croise les bivouacs "hors règles" puisque nous sommes dans le PNP (Parc National des Pyrénées) et que le bivouac n'y est toléré qu'entre 19h et 9h. On s'en fout, on trace comme des fous vers "notre" cabane, qui s'avèrera être "notre" pour toute la nuit !

Cabane du Pinet au dessus du Lac de Gaube
Cabane du Pinet au dessus du Lac de Gaube 

Nos poursuivants passent devant sans même la voir. Royal !!! Un petit chocolat/génépi, une soupe de nouille à la viande d'Aurochs, oignons, poivrons, un morceau de fromage et un morceau de cake plus tard... nous nous délectons d'une infusion aux agrumes fort réparatrice, et nous attaquons nos étirements quotidiens. Et zou... au dodo !

16
sept

Au sommet du GR10 nous entrons en Pays Toy

Réveil 6h30, merci la montre ! Pliage assez rapide, départ 8h pour le plus haut col du GR10.

1ère étape : arrêt au bout de 30 minutes car 4 isards traversent tranquillement le chemin devant nous donc forcément... on regarde !!

2ème étape : après avoir parcouru à peine 50m, 2ème troupeau de 4 isards au-dessus de nous sur la gauche. Arrêt aux stands, safaris photos, etc, etc...

3ème étape : encore 4 autres, non, non, pas les mêmes, ils sont beaucoup plus haut ceux-là !

4ème étape : ah bein maintenant c'est les marmottes. On n'avance pas mais c'est vraiment trop classe !

Cache-cache avec les marmottes ! 
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Nous finissons par arriver au refuge des Oulètes de Gaube (2151m) pour contempler le Vignemale et ses glaciers qui domine toute la vallée du haut de ses 3298m. C'est beau ! Petit pique-nique face au géant, et on quitte le lieu. C'est l'autoroute, le refuge de 80 places était plein hier soir. Qu'est-ce qu'on était bien dans la cabane du Pinet !

Face Nord du Vignemale (3298m) depuis le Refuge des Oulètes de Gaube

On avance petit à petit vers le pied du Petit Vignemale. Les glaciers grondent car la glace craque et fond sous la chaleur et le poids... impressionnant ! La montée est rude dans les pierres, entre graviers, grosses caillasses et énormes blocs, on ne fait jamais les mêmes pas. Nous finissons par passer la Hourquette d'Ossoue, le plus haut passage de notre aventure GR10 à 2734m d'altitude.

En cours de chemin, nous croisons des marmottes (encore !), à chaque fois un peu plus près ! On croise aussi des gens avec qui nous causons le temps d'une pause. Nous regardons ceux qui s'attaquent au Vignemale, véritable autoroute de piétons, pendant que nous suivons notre traces blanches et rouges qui nous font redescendre.

Pause au Refuge de Baysselance, le plus haut des Pyrénées, une assiette du berger, un café, un bout de ravito et c'est reparti pour une descente comme Amanda les adore ! Après une chute sur le cul et une traversée de torrent, nous atteignons le Lac d'Ossoue. Là, tout le monde reprend sa voiture sauf... nous, qui continuons notre petit bonhomme de chemin. A l'endroit le plus improbable (près de la Cabane de Lourdes), nous croisons une file d'une centaine de personnes qui reviennent du Lac de la Bernatoire, lieu de rencontre ancestral des espagnols et des français pour rappeler les engagements du Pays Toy (prononcer Toï).

Petit Vignemale (3032m) depuis la Hourquette d'Ossoue 

Nous nous permettons de partager ici le contenu du Topo Guide (la Traversée des Pyrénées, Pyrénées centrales, réf. 1091), car nous n'avons rien trouvé de mieux pour expliquer ce qu'il se passe ici :

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"Dès le IXème siècle, les montagnards barégeois mettant à profit l'accès difficile et l'isolement de leur pays réussirent à arracher au Comte de Bigorre, dont ils dépendaient, une charte écrite - les Forts de Bigorre - qui leur accordait - moyennant une redevance annuelle - une quasi indépendance. Cet isolement du reste du royaume de France amena les Toys à se tourner tout naturellement vers leurs voisins Espagnols, les montagnards de la vallée de Broto. Vallée limitrophe sur le versant sud des Pyrénées, la circulation se faisait par le port de Gavarnie (ou Boucharo) 2270m.

Au cours des siècles, ces relations n'allèrent pas toujours sans heurts. En effet, les montagnards de Broto, pasteurs et éleveurs, comme les Barègeois, habitaient une montagne sèche et pauvre en pâturages. Ils avaient toujours été attirés par les riches herbages de la haute vallée de Barèges, qu'ils considéraient comme faisant partie de leur patrimoine et qu'ils utilisaient en conséquence.

Ces pâturages devinrent donc sujet de discorde entre les deux communautés et l'histoire du pays Toy est pleine de litiges, de querelles et même de guerres entre les montagnards des deux vallées pour la possession de ces pâturages.

Ces guerres se terminaient par des trêves et des traités de paix. Ces traités sont connus sous le nom de Lies et Passeries. Le premier traité remonte à 1390. Mais il faut attendre le 16 avril 1862 et le traité de délimitation des frontières signé à Bayonne entre Napoléon III et la reine d'Espagne, pour que le sort des pâturages de la montagne de Gavarnie soit définitivement réglé.

Dès lors, les Epsagnols de Broto ont la possession entière depuis le 11 juin de chaque année de "trois quartiers" de la montagne de Gavarnie (ce qui correspond aux pâturages des vallées de la Canaou, du Pla de la Coume, du Pla de Lourdes, de Saucé-Dessus, de la montagne de Sécres).

Chaque année les troupeaux espagnols n'arrivent en France que vers le 20 juillet, après la fonte des neiges, car ils passent la frontière à 2330m au col de la Bernatoire. L'arrivée des troupeaux espagnols est chaque fois l'occasion d'une festivité franco-espagnole avec rassemblement montagnard autour de la cabane pastorale de Lourdes.

Avant les premières neiges, vers le 15 septembre, les troupeaux regagnent la vallée de Broto par le même chemin."

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Nous sommes le 16 septembre et nous voyons défiler ce troupeau qui a dû participer à la chouille du retour des bêtes en Espagne ! De notre coté nous continuons jusqu'à la Cabane de Saucé-Dessus. Repas frugal : soupe, foie gras, fromage et cake. C'est dimanche, le cuistot fait relâche, mais bénéficie néanmoins d'un soin massant au miel.

Cabane de Soucé-Dessus et sa commis de cuisine ! 

Nous regardons nos étapes à venir... on est fous, on vise Bagnères-de-Luchon dans 7 jours !

17
sept

Transition

Après une nuit par terre dans un refuge qui ressemble à une planque de l'ETA avec sommier métallique et batterie fournie pour torture en tous genres, nous décollons aux aurores. Direction Gavarnie sans opter pour la variante qui amène en plein cirque (nous redoutons surtout le cirque des autobus de vieux crachant leurs retraités en tennis et canne fournie, obstruant le passage (comme au Pont d'Espagne) de leurs appareils photos crépitants.

Au fond... la Brèche de Roland 
Cirque de Gavarnie 

Nous longeons la montagne d'en face, découvrant chaque fois que nous nous retournons un cirque de plus en plus grandiose. Le voir de loin lui confère encore plus de majesté. Au passage nous cueillons un crocus en souvenir de ces parterres qui jalonnent nos chemins (les couleurs variant d'une vallée à l'autre).

Après cette montée caniculaire, enfin du frais et une gigantesque descente à travers bois jusqu'à la centrale hydroélectrique fierté des Pyrénées. Et là... le goudron, pendant des km... jusqu'à Luz-St-Sauveur. Aucun intérêt... on tend le pouce ! 3h de gagnées, qui nous permettent d'arriver en plein jour avec les magasins ouverts alors que nous pensions arriver à l'arrache à la nuit.

Du coup, c'est courses tranquilles, douches chaudes et décrassantes puis piscine... pendant 10 secondes vue la température de l'eau. Dîner à l'auberge de jeunesse : garbure, truite rose et gâteau à la broche. C'est plus une rando, c'est un parcours gastronomique !

18
sept

Va-t-on réussir à se faire des thermes ?

Réveil de bon matin mais tranquille. Préparation pour les thermes de Luz et après un coup de fil... déception, les thermes ne sont ouvertes aux non-curistes que de 16h à 20h... si on avait su ça hier soir ! Donc pliage et départ après s'être vengés en faisant pleins de courses (de fromages !!!).

Super montée un peu raide. Nouveau choix entre deux parcours, l'un par la montagne, l'autre, le GR10F par la vallée. A la bifurcation, un panneau annonce de prendre le GR10F (on suppose un éboulis sur l'autre parcours), qui passe par les petits villages tout à fait charmants, mais quelle galère ! Balisage incertain, pluie qui nous surprend, 1h de détours à nous perdre et enfin, arrivée à Barèges. Le temps est vraiment maussade mais nous montons la tente près du gave dans la brume du camping.

Nous allons enfin faire un tour en ville direction les thermes. C'est étrange, on reconnaît plein de trucs dans ce village, les magasins, les restos et là... on a attendu la navette, et là, une résidence dans laquelle on a du réserver un truc... mais d'où viennent ces souvenirs, qui ont bien l'air de nous être communs. C'est un truc de fou, serait-on déjà venus ? Pour skier ? Quand, combien de temps... impossible de se rappeler, un truc de dingue ! C'est pas beau de vieillir !

On arrive aux thermes et là... "c'est trop tard !"... argggggggghhhhhh scrogneugneu !!! Attention FX va commettre un meurtre, quand soudain Marie-France, la "dame de l'accueil", décroche son téléphone magique et fait montre de tous ses talents de négociatrice pour nous décrocher les derniers soins de la journée. C’est la course vers les peignoirs, les claquettes, le tout en sous-vêtements que nous faisons passer pour des maillots de bain ! Enfin un truc qui va être propre !!!!

Thermes de Barèges
Thermes de Barèges

Et c'est parti avec Jeannette pour 3 cycles de 10' de bains hydromassants et ça... ça te rappelle où t'as mal et ça te déchire de partout ! En sortant, il fait nuit et il pleut. Arrêt au bar pour reprendre les grammes perdus et bonne popote sous le tivoli mis à disposition dans le camping.

La nuit s'annonce particulièrement humide !

19
sept

On baigne...

Réveil mouillé... nous avons condensé sous la couverture de survie. Donc longue séance de pliage sous le tivoli protecteur, heureusement qu'il est là ! Départ sous capes et dans le brouillard, arrêt au marché de pays pour un morceau de fromage de plus, détour par la boulangerie afin d'acheter une gourmandise pour l'offrir à notre bienfaitrice d'hier à l'accueil des thermes (on est comme ça nous et elle est enchantée de l'offrande !) et hop, c’est le départ !

On monte, on monte, dans le brouillard... on ne voit rien ! Ah si d'un seul coup, deux bergers au secours d'un veau qui vient de naître et que la mère a abandonné, le croyant mort dans les cailloux. Ils le réchauffent et le frottent avec de l'avoine pour que la mère, attirée, vienne le lécher et donc reprendre contact avec lui. Nous ne connaîtrons pas l'épilogue de l'histoire mais ça avait l'air bien compliqué !

Réserve Naturelle du Néouvielle 

Nous poursuivons notre parcours le long d'un petit torrent, c'est vraiment beau même si le brouillard est toujours présent. On se régale d'un petit taboulé près de la Cabane d'Aygues-Cluses et mine de rien nous avons déjà gravi quasiment 900m de D+. Et c'est pas fini jusqu'au Col de Madamète à 2509m. S'ouvre alors à nous la réserve naturelle du Néouvielle et ses multiples lacs et aires naturelles de camping.

Question... on s'arrête et on bivouaque ou poursuit-on, ce qui nous impose 3h de marche supplémentaire pour sortir de la zone protégée du parc, où le bivouac sauvage est strictement interdit. Finalement, le brouillard revient, le froid nous transit et nous faisons le choix de bifurquer vers le Refuge du Lac de l'Oredon dont nous sommes certains de l'ouverture. Au bout d'une bonne heure de marche, sans aucune visibilité, nous arrivons au chalet : l'accueil est sympa, la cheminée crépite, on a une chambre pour 2 et on peut enfin faire sécher fringues et tente ! Du luxe et du réconfort à l'état pur, surtout après 1/2 bouteille de Madiran et du Patxaran !

Lac d'Orédon 
20
sept

Traversée de station de ski

On se lève avant que le réveil ne sonne, car oui, le refuge c'est bien mais, le 1er levé réveille toute la cambuse ! Mais ce n'est pas grave car nous avons bien dormi et nos affaires sont sèches en partie. Un café vite fait et départ dans un froid glacial.

Il a givré cette nuit, c'est dire ! Ce qui confère à la nature environnante un aspect aussi étrange que le son qui crisse sous chacun de nos pas.

Gla-gla !!! 

Très vite, nous nous réchauffons dans la montée vers le Col d'Estoudou (2260m) avec la ferme intention de nous rapprocher du soleil ! Il nous accompagnera toute la journée jusqu'à brûler FX du coté droit (épaule, jambe et visage... trop stylé !). Nous passons le Lac de l'Oule et la partie haute de la station de ski de St-Lary, le Col du Portet et rejoignons la vallée par Vielle-Aure.

• • •

A ce stade, nous nous dépêchons d'atteindre le village de St-Lary pour aller aux thermes et là, "aujourd’hui exceptionnellement, on ferme plus tôt car il y a cours d'Aquabike". A croire que tout le monde veut nous empêcher d'aller aux thermes, mais on est tenaces et on obtient 1 "pass dernière heure" alors qu'il ne reste que 3/4 d'heure, mais cette fois-ci le "maillot de bain" de FX ne passe pas le contrôle, et il faut en acheter un au distributeur pour enfin profiter des grottes d'eau de St-Lary !!! Nous profitons jusqu'à la dernière minute, sortie rapide. Nous nous arrêtons dans un magasin de sport où le gars nous explique qu'on peut s'auto-suffire en montagne, du moment qu'on connaît les plantes !... nous on sait que la cueillette c'est long, et que pour vraiment se nourrir il faut y passer un temps considérable, ce qui ne permet pas d'avancer et de parcourir les mêmes distances.

On file au Carrouf montagne du coin acheter de quoi se faire un bon repas... un peu de poisson pour changer. On arrive au camping, pas de gardien. On s'installe, on se fait un bon repas, de bonnes bières, du vin de figue et on profite pleinement des luxueux sanitaires avant d'aller se coucher.

21
sept

Le plus bel espace aqualudique rencontré...

Lever 6h30 comme d'hab'. Comme souvent, pliage dans les sanitaires pour éviter de déranger les voisins, une dernière douche chaude, une causette en allemand et c'est parti ! Toujours pas de gardien... tant pis, ce sera camping gratos pour cette nuit. Comme nous avions dévié notre route jusqu'à St-Lary, il nous faut retrouver le GR10. Nous ne suivons heureusement pas les explications farfelus d'un autochtone, et nous partons à l'opposé, pour rejoindre le GR dans l'un des charmants villages qui domine St-Lary. Pas de café à l'horizon, mais nous remarquons entre autre, les allées de l'église d'Azet en demoiselles. Nous grimpons par le Col du Couret de Latuhe, en jouant à cache cache avec la route, mais... où est passé le GR10 ?

Et... oups... l'heure !? Nous ne serons jamais à La Poste avant midi. Une seule solution : Amanda prend le topo guide et suit le parcours de son coté, FX calcule l'azimut et va tout droit à Loudenvielle. Oui oui, tout droit, en pleine pente, et alors, où est le problème ? C'est surtout lorsqu'il déboule en courant à travers les fougères au milieu d'une piste d'envol de parapentistes, totalement médusés de voir qu'un mec prend la même direction, mais sans voile, qu'il réalise que c'est vraiment, mais vraiment pentu ! On s'en fout... La Poste... le colis... mon précieuuuux ! Arrivée à 11h15 devant le bureau postal... Amanda y arrive à peine 20 minutes plus tard, en stop, dépitée de n'avoir pas trouvé les traces du GR10 !

Nous réceptionnons notre petit ravitaillement, reconditionnons le retour, quelques douceurs glacées, quelques courses et c'est reparti... ? Non, nous avons trop envie de profiter du magnifique espace thermoludique... ouvert ! C'est un endroit incroyable où les créateurs se sont éclatés. Chaque espace est aménagé autour d'un univers, entre les sculptures totem de l'espace amérindien, les thermes romains, son caldarium, son frigidarium et les superbes mosaïques du hammam, et les bains japonais aux 3 températures dont la plus chaude à... 40°C.

On recroise 2 gars que nous rencontrons depuis quelques jours, et qui ont débuté le GR comme nous le 1er/09 et comptent le boucler le 17/10. Jusqu'à savoir qu'ils s'appelaient en fait Jean-Yves et Glen, le bordelais et le breton (du Limousin), nous les avions baptisés "les furieux". Nous sommes chaque jour devant, car nous marchons plus longtemps et nous levons plus tôt, mais ils tracent comme des malades. Nous pique-niquons tranquillement ensemble et montons au Centre de Montagne de Germ, un lieu extraordinaire où chaque pièce, chaque objet chiné de-ci de-là est une invitation au voyage. C'est un lieu d'accueil de groupe, de libre expression, bref c'est chouette et on s'amuse comme des petits fous dans le fauteuil de barbier qui vient directement de Cuba ! Nous on bivouaque à coté et on profite de la douche, et on passe une soirée sympa avec un groupe de salariés Airbus en séminaire.

C'est incroyable... nous sommes une véritable épicerie ambulante !
22
sept

La tête dans les nuages

Ah les petites habitudes... lever 6h30 !

En montant à Germ hier, nous avions déjà gagné 400m de D+ (alt. 1339m). Pour se mettre en jambes dès le matin, on s'en prend 400 de plus jusqu’à à la cabane d'Ourtiga (alt. 1753m) puis encore 400 jusqu'au Couret d'Esquierry (2131m).

Mais franchement quel pied de prendre de la hauteur pour découvrir une telle mer de nuage sur la vallée. C'est cotonneux, ça donne envie de voler !

Mer de nuages matinale sur le Val Louron 
Lac d'Oô et sa cascade (qui vient du Lac d'Espingo)

Le Couret passé, c'est la descente vers le Val d'Astau (alt. 1139) au milieu des marmottes et des moutons prêts à nous bouffer les serviettes de toilette ! Aux Granges d'Astau, on se délecte d'une tarte aux myrtilles maison et on en profite pour acheter de l'Hypocras avant d'attaquer la montée vers le Lac d'Oô (alt. 1492m). Et on mène ça tambours battants en doublant tout le monde, on a la pêche ! Parce que l'endroit est LE spot des toulousains en Week-End, qui viennent se garer aux granges, montent au lac, font les photos et redescendent en nous disant "vous n'avez encore rien vu, ça grimpe fort !". Et c'est vrai !

Mais on ne s'arrête pas, on continue. Nous croisons un couple allemand qui monte au Refuge d'Espingo avec deux gosses. Le plus petit dans le dos du papa, mais le plus grand est tellement cramé que sa maman décide de le porter entre son sac et son dos en passant ses jambes dans les bretelles.

Les isards nous observent...

De notre coté, on continue la grimpette par la Hourquette des Hounts-Secs (2275m). Un isard au milieu du chemin, un troupeau au-dessus à nous observer ? Ok, on bivouaque là, perdus, seuls avec le soleil qui se couche sur la vallée en toute majesté.

... on s'est un peu installés chez-eux !
23
sept

1/2 journée...

Douce nuit mais très ventée. Direction Superbagnères et le périlleux passage du Col de la Coume de Bourg (alt. 2272m) et le topo-guide prévient : "⚠️> Randonneurs, de la Hourquette des Hounts-Secs à l'arrivée à Superbagnères, soyez extrêmement vigilants, vous allez emprunter un sentier peu large dans des pentes abruptes..." A bons entendeurs ! (depuis l'été 2016, suite aux divers accidents sur le secteur, le GR10 a été dévié sur ce tronçon).

Longue discussion avec le berger local qui va bientôt entrer dans sa nouvelle bergerie en construction, mais vit en attendant dans sa caravane. Nous suivons en partie les stigmates de l'ancien train à crémaillère de Bagnères, pour enfin parvenir dans la ville d'eau, un jour de marché et de ravitaillement pour nous. Nous baguenaudons tranquillement. Les thermes ne nous font pas envie après l'espace incroyable de Loudenvielle. Après nous être installés au 1er camping, nous décidons de nous poser cet aprem.

Amanda va voir un spectacle de folklore pyrénéen et FX se fait un cinoche, rassemble des infos à la SNCF pour identifier les gares sur notre futur trajet (nous sommes à 1 semaine de la rembauche, déjà !) et ravitaille.

Le vent se lève et annonce l'orage.

24
sept

La montagne est à nous...

Après une nuit d'orage à prendre l'eau sous la tente et à essayer de finir la nuit dans les sanitaires du camping, nous nous levons fatigués et résignés, en pliant les affaires trempées dans le sac.

Départ vers la gare, habillés en corbeaux avec nos grandes capes de pluie noires pour prendre notre billet retour de dimanche prochain à Tarascon vers 14h. Difficile à atteindre selon nos estimations, mais avec un peu de pouce tendu, ça devrait le faire.

Il est tard, il faut absolument entamer notre grimpette car il y a un max de dénivelé aujourd'hui. Bagnères frise les 630m d'altitude et c'est parti dans le brouillard pour atteindre Artigue (alt. 1230m), la Cabane de Saunères (1660m, où nous recroisons "nos furieux" en train de prendre un repas chaud !) puis la Crête rocheuse de Crespés (1888m) et sur le Plan de Montmajou (1947m) avant d'atteindre la frontière espagnole que nous longeons dans le brouillard en suivant les bornes frontières jusqu'au Pic de la Bacanère (2193m, borne 401).

Requinqués par le cidre sorti du sac, et les quelques arcs-en-ciels et percées qui nous laissent l'opportunité d'admirer la vue sur Luchon et les vallées, nous visons Fos (environ 530m d'altitude)...

Pic de Bacanère 

Associez quelques fautes d'inattention et un manque flagrant de marquage et vous nous retrouvez un peu avant Fos dans la cabane scoute d'Artiguessans à allumer un feu pour faire sécher toutes nos affaires, encore trempées de la nuit précédente et que la météo du jour n'a pas permis de faire sécher.

C'est vraiment chouette un feu, ça revigore. D'autant plus que nous arrivons à la fin du mois de Septembre et que les nuits sont de plus en plus fraîches. Quel bonheur, parce que mine de rien, quand on a dit que ça montait, on vient juste de se faire un petit 1560m de D+ et autant en D-... c'est ça le GR10, plus de 3000m de dénivelé dans une journée !

25
sept

Au pays de l'Ours !

Tout est sec, même la tente. Nous plions et partons sous un beau soleil et ça redonne le moral ! Nous espérons toujours atteindre Fos rapidement afin d'y prendre un café, mais nous découvrons vite que c'est une ville aussi morte que son poste douanier ! La boulangerie, célèbre pour ses brioches, est fermée le mardi et le mercredi... pas de bol ! Direction Melles, célèbre pour la réintroduction de l'ourse Melba. Nous espérons y trouver le réconfort d'un café mais il est fermé le... mardi ! C'est un complot... pas de café aujourd'hui.

La pause pique-nique est aussi l'occasion de se retirer les tiques ramassées dans les sous-bois. Nous avons peu mangé ce midi et la grimpette vers le Col d'Auréan (alt. 2176m, quand on vous dit qu'on fait les montagnes russes !) est particulièrement difficile. On a besoin de sucre, de beaucoup de sucre, ça nous aide à atteindre le sommet. Les champs de myrtilles sont là pour nous revigorer ! Au sommet, il fait vraiment froid et nous décidons de rejoindre le Refuge de l'Etang d'Araing et d'y passer la nuit. Le gardien, très jeune, est adorable. Nous découvrons ses vins maison de toutes sortes (dont un vin de citron différent du notre mais excellent !).

Nous partageons notre repas avec 3 clientes et de longues discussions s'entament sur la vie en montagne, la gestion des refuges et celle de l'eau, si précieuse ici. Le gardien nous explique qu'il la capte dans le lac voisin, qu'il a déjà du changer 3 fois l'emplacement de captage dans la saison et qu'il va fermer faute de ressources. D'ailleurs ici, la douche est minutée et c'est 3€ !

En guise de dessert, il installe la longue vue pour nous permettre de visualiser ce que nous entendons au loin... le brame du cerf ! Le son résonne dans la montagne et nous découvrons à travers la lentille deux jeunes biches broutant, le dos négligemment tourné vers l’importun, l'air de rien... bref... elles bichent !

26
sept

Au milieu des mines et du brouillard

Ce matin, le temps est à nouveau dans le brouillard au départ du refuge. Nous repartons en mode batman avec nos capes et l'une des filles qui fait le parcours en solo à d'ailleurs chaussé ses godasses directement avec des sacs plastiques !

Cette météo donne un aspect tout particulier aux bâtiments de l'ancienne mine du Bentaillou que nous traversons. Le titre de l'ouvrage de Claude DUBOIS, "Mangeuses d'hommes" (L'épopée des mines de Bentaillou et de Bulard en Ariège, Ed. Privat, 2015) laisse imaginer la difficulté des conditions dans ces mines. Celle du Bentaillou a été exploitée pendant près d'un siècle (sur 80 ans entre 1853 à 1953) sans réelle rentabilité, alors que sa voisine du Mail de Bulard (alt. 2350m, c'est elle l'officielle "mangeuse d'hommes" du fait du nombre considérable d'accidents de l’exploitation vertigineuse de cette mine de mai à octobre) a réussi pendant les 18 ans de son exploitation à éponger, par la grande qualité de son minerai, les dettes chroniques de sa voisine.

Nous sommes le 26 septembre et la rembauche approche à grands pas. Nous passons notre temps à regarder la carte dans tous les sens, à calculer, à faire des scenarii. On ne sait pas trop combien de temps il va nous falloir pour regagner la vallée, et le retour par Tarascon nous parait de plus en plus ambitieux !

Nous entretenons nos hésitations tout en traversant les forêts domaniales de Biros puis de Bonac.

Ce que l'on peut vous dire, c'est que quand on traverse des forêts pas temps de pluie, on a l'impression qu'il pleut tout le temps ! Hors bois, c'est la pluie direct sur vos tronches. Dans les bois, les branches ploient sous le poids de l'eau qui continue à vous goutteler gentiment dans le cou ! Nous croisons pleins de cabanes toutes plus sympas les unes que les autres et nous passons notre journée à l'image de ce GR10, à monter et descendre entre 900 et 1900 m d'altitude.

Et nous devons vous l'avouer, 10 ans après, nous avons beaucoup de mal à reconstituer la fin du périple tant le final vient effacer tout le reste par son coté surréaliste !

27
sept

Un finish en apothéose ! Dernière soirée surréaliste !

Maison Valier

Nous faisons une pause à la superbe Maison Valier, une grande auberge, gite, restaurant, semble-t-il renommé, et nous prenons le temps d'une très longue discussion avec les gérants, adorables, sur la problématique de l'ours dans les Pyrénées, sujet qui nous interroge depuis notre passage à Melle. Chacune défendant son camp sans aucune concession : on est pour ou on est contre ! Et en bons urbains ignorants que nous sommes, nous avons un mal fou à nous forger une opinion et surtout à choisir un camp ! Nous abordons souvent le sujet, en toute simplicité, avec ceux que nous croisons et petit à petit, nous commençons à comprendre les paramètres de la problématique. La discussion avec ces commerçants et habitants de la vallée est particulièrement riche sur le sujet.


Nous sommes le 26 septembre et la rembauche approche à grands pas. On regarde la carte dans tous les sens, on calcule, on recalcule, on doute, on remet en cause nos analyses... on ne sait pas trop combien de temps il va nous falloir pour regagner la vallée, car il est difficile d'estimer le temps et les aléas pour rejoindre un coin de civilisation qui nous permette ensuite d'accéder facilement à une vallée munie de transports.

Nous entretenons nos hésitations au cours de la journée dans notre traversée des forêts domaniales de Biros puis de Bonac. Nous croisons pleins de cabanes toutes plus sympas les unes que les autres et nous passons notre journée à l'image de ce GR10, à monter et descendre entre 900 et 1900 m d'altitude.

A force d'analyse de la carte, des courbes, des dénivelés, des temps de marche... nous savons maintenant que pour rejoindre Tarascon (comme initialement prévu) il faut aller dans la vallée d'Auzat/Vicdessos et cela nécessiterait environ 50h pour y arriver, sans compter le temps entre Auzat et Tarascon soumis à l'incertitude du "stop" pour se rendre à la gare. En 4 jours, même si nos corps sont maintenant habitués aux efforts soutenus, l'ambition parait forte et les marges de manœuvre, bien faibles ! Alors c'est décidé... pour cette année, on en reste là !

Pour notre dernière nuit en montagne, nous faisons le choix de nous poser à la Cabane du Clot d'Eliet, une petite cabane toute mignonne au creux d'un joli vallon. C'est rigolo pour notre dernier soir de se retrouver ainsi tous les deux dans cet endroit enchanteur. Comme dans les fermes anciennes, la porte s'ouvre avec une partie haute et une partie basse, et nous découvrons l'intérieur de notre futur palace : une grande table, une cheminée, une "chambre" sous les toits où l'on accède grâce à l'échelle. Mais c'est le luxe !! Comme souvent, nous commençons par ranger et faire une peu de ménage dans notre logis d'un jour. Et soudainement une voix arrive de l'extérieure, avec un accent fort "ah mais y'a du monde !"

La cabane du Clot d'Eliet 

C'est un berger qui est descendu de la montagne en voyant une moitié de porte ouverte à la cabane. Et de nous expliquer que certains idiots, visiteurs de cabane, sortent en laissant les portes ouvertes, une vache y entre puis se retournant avec l'agilité d'un pachiderme dans un magasin de porcelaine, referme alors négligemment la porte d'un coup de fesses et s'y retrouve enfermée. "La dernière fois, une a crevé dedans et quand il faut te la sortir de là, c'est pas simple, alors maintenant quand je vois que c'est ouvert, je viens voir !" Tu m'étonnes !

La discussion avec lui est super agréable et il l'entretient, tranquillement appuyé sur son bâton. Nous lui demandons conseil quant à nos projets de retours en vallée, ce qui finit de nous convaincre que nous sommes au-dessus de la bonne vallée pour redescendre. Puis évidemment nous parlons à nouveau de l'ours et il nous donne pleins de détails que nous n'avions par perçus ou compris jusqu'alors. Alors oui en effet, l'ours est une composante de la montagne, qui a été réintégré là sans réelle concertation avec les éleveurs, mais était-elle réellement possible tant le débat oppose et tranche les opinions ? Et notre berger de convenir que le dialogue était alors fort difficile à établir entre ces camps clivants.

Alors oui c'est vrai, ceux qui perdent des bêtes peuvent se faire indemniser, mais ils ne peuvent l'être qu'en fournissant la preuve que l'attaque est bien attribuée à l'un des ursidés et ça... c'est pas simple ! Il faut trouver les stigmates, les carcasses, les traces de dents, les preuves ! Et, nous raconte-t-il, certes, le gros poilu ne ponctionne qu'une bête pour se nourrir, c'est la nature, mais le problème, c'est les 50 autres moutons qui ont eu peur et se sont jetés dans le vide ou ont perdu leur petit. Et ça... ça ne laisse pas de trace mais ça traumatise un troupeau. C'est vraiment super intéressant de discuter de ce sujet avec lui parce qu'il le fait avec beaucoup de calme, sans énervement. On comprend son avis ; il défend son troupeau, son travail et c'est légitime. C'est vraiment chouette de finir la journée sur ce genre de discussion sujette à toutes les oppositions, dans une calme et une sérénité, entre adultes qui partagent des avis.

Nous finissons par réaliser que nous n'avons plus vraiment d'avis sur le sujet. L'ours et le loup sont là. Les troupeaux, les éleveurs et les berges aussi. On peut tenter de refaire l'histoire, de jouer avec les dates pour savoir qui de l'un ou de l'autre était là le premier, qui a "dérangé" l'autre. On peut imaginer ces bêtes majestueuses dans les livres depuis le confort douillet de son sofa en tenant l'une d'elles en peluche dans ses bras et tenir nombre de discours sur l'environnement, la nature, les équilibres... On peut aussi imaginer la détresse, l'amertume et la colère de ceux qui sacrifient des heures, de la passion à s'occuper de troupeaux et de découvrir au petit matin une carcasse sanglante et le fruit du labeur dévoré. Bein oui... l'ours, ce n'est pas que Nicolas et Pimprenelle, Paddington, Petit Ours, ou la tendresse du Roi Iorek Byrnison lorsque Lyra s'endort doucement dans son pelage chaud (A la Croisée des Mondes) .

Puis le berger retourna à ses activités et nous aux nôtres. Lui son troupeau, et nous à ramasser du bois dans les environs avec la ferme intention de se faire un chouette petit feu en cette fin septembre où les nuits sont bien plus fraiches. Nous commençons à nous installer tranquillement, décidés à transformer nos stocks de bouffe en grand festin du dernier soir, quand soudain... la porte s'ouvre dans un grand fracas qui nous fait sursauter.

"Oh punaiz, con, mais y'a du monde !", nous débite d'un trait notre visiteur du soir avé un accccccennnt de Toulouuuuzzzz à couper au couteau, con... Vous l'avez bien en tête l'accent là ? Oui ? Parce qu'à partir de là, c'est comme ça, non stop jusqu'au lendemain, c'est le show, on ne contrôle plus rien, et c'est du grand délire !!! "Ah beh je vais chercher du bois pour mettre dans le feu", et v'la notre compagnon de cabane parti en quête de combustible pendant que nous essayons de rassembler notre campement, histoire de lui laisser un petit coin tranquille. Oui, on prend vite nos aises après un mois de rando en mode roots ! Finie la soirée en amoureux, faut redevenir un peu civilisés et partager l'espace !

Revoilà notre ami avec 3 bouts de branches de genévrier totalement vertes (euh... ça va fumer ça, non ?!!) et la mine réjouie de celui qui a découvert le Graal : "oh punaizzz j'ai trouvé des champi !". On imagine déjà la poêlée de cèpes et... nous découvrons que notre énergumène secoue fièrement un bocal empli d'exemplaires à longue tige et chapeau pointu typique du Psylocybe, cher à Billy Ze Kick et Les Gamins En Folie ! "Ma copine elle connait pas, elle va être contente que je lui en rapporte".

Le mec parle tout le temps (si si, plus que FX... c'est possible !!!). Et le voilà parti à nous narrer ses aventures, en prenant à peine le temps de respirer entre chaque phrase. "Eh oui, c'est que je suis monté pour aller à la pêche, parce que je pêche, et je pêche à la mouche, et je fais moi-même mes mouches" et c'est parti pour la démo de toutes les mouches fabriquées et comment il s'y prend et les couleurs, et les plumeaux, les trucs, les astuces... Et il sort des trucs de son sac de baroudeur tantôt pour illustrer son propos, tantôt pour se préparer ce qui ressemble à son futur diner et qui nous laisse... totalement sur le cul !... Il est 22h, le mec nous parle de la nature, des grands espaces, et il se fait en fait un petit déj' avec du lait chocolat dégueu, de la brioche de grande surface et des Miel CradPops de chez CornFlakes Company !!! Il est totalement... décalé et part en live !!!

Le voilà parti à sortir feuilles à rouler, tabac "et ça vous dérange pas ?"... de toute façon on n'a pas le temps de répondre qu'il est déjà en train d'attaquer un joli collage à 3 feuilles (que les amateurs savent reconnaitre et qui ne laisse que peu de doutes sur les intentions du fumeur ! 😉). Nous assistons donc à une démo de roulage de spliff en règle tout en tenant la conversation et on vous jure que tout est vrai !, "eh beh oui, c’est que je bossais pas ce WE, alors comme ma copine elle connait pas, je me suis dit, je vais aller lui chercher des champignons hallucinogènes, mais j'emmène quand même la cane à pêche au cas où, alors hop, j'ai débauché, j'ai attrapé mon sac au vol, j'ai sauté dans mes godasses et je suis monté et me voilà."

Il vient d'allumer son calumet et pompe dessus comme un bronchiteux chronique sur sa pompe à oxygène, faisant rougeoyer la braise, et déversant dans la pièce les douces effluves de Jeanne la Marie. C'est de la bonne... ça se sent !!! Puis soudainement, il nous tend la bâton de paix en cadeau de partage des nouveaux amis qu'il vient de se découvrir à travers nous, sauf que... "euuh désolé, on fume pas !" Un grand blanc s'installe, que notre nouvel ami - qui semble ne pas les aimer beaucoup - s'empresse de combler : "Ah ouais ? Naaaaaan, c'est pas possible ??? Ah beh je pensais... ", découvrant, apparemment à sa plus grande stupeur, que ah bon, il y en a qui ne fument pas, mais comment c'est possible ??? et de conclure "ah m... va falloir que je fume tout alors !?"...

... ce que donc... il fit !

Sauf que se taper tout seul une cigarette de joie prévue pour 3... ça fatigue !!! Et après, on vous le confirme... il était bien bien fatigué !!! Après moult palabre, le sommeil gagnant et les esprits s'embrumant, il est convenu de rejoindre le... dortoir ! Nous grimpons l'échelle et chacun se trouve un petit coin quand soudainement...

... "oh merd... je me suis trompé de sacdecouchage (oui oui vu comment il prononce, ça a l'air d'être en un seul mot !), j'ai pris celui qui ferme pas... put... je vais me geler les c...!" C'est sur cette dernière crise de rire que tout le monde se laisse envahir, qui dans les bras de Morphée et qui dans les limbes du Dieu Ganja ! Quelle journée !!! Mais ça... c'est sans compter sur lendemain !!!

28
sept

Retour en fanfare

La nuit fut paisible... en tous cas pour nous !

Au réveil, notre voisin frigorifié tentait désespérément d'allumer un feu avec ses branches de genévrier et lorsque nous l'avons quitté, il était plus proche de la fumigation que du réchauffage. On connaissait le fumage du hareng au bois de hêtre, il y aura dorénavant la recette du pêcheur au bois de genévrier !

Nous voilà partis pour une longue descente sympathique jusqu'à la ville. Et comme ce n'est plus vraiment de la rando et que nous ne savons pas combien de temps nous allons mettre pour rentrer, nous tendons le pouce. Par sauts de puce, nous avançons tranquillement jusqu'à St Girons sans trop savoir la suite du programme. Il y aurait un bureau SNCF pour des départs du TER... qui est en fait un bus mais le bureau est fermé jusqu'à 14 ou 15h. Vu le temps à tuer nous prenons le temps de rapporter moult charcuterie locale et de faire la promotion de notre morceau d'Aurochs (et oui il en reste encore au bout de 27 jours et il est toujours bon !) chez le boucher charcutier avec qui nous faisons des échanges : Aurochs contre saucisson ariégeois !

Bon bein maintenant... faut attendre ! En nous rapprochant de la gare routière pour essayer de comprendre les horaires des futurs bus, nous constatons qu'un jeune fait du stop. Il nous affirme que cela marche plutôt bien dans le coin alors ma foi... osons... un bout de carton dans une benne, l'emprunt d'un marqueur dans un magasin et c'est parti pour s'aérer les pouces au ras de la station service. Le jeune a été pris très vite et dès notre carton en place il s'est écoulé moins de 10 minutes avant de trouver un carrosse ! Dès l'ouverture des portières, c'est ambiance Bollywood et nous sommes à deux doigts de dire "euuh non non c'est bon". L'encens brûle dans le cendrier et le sitar c'est bien mais un peu... entêtant !

"Oui bonjour, nous revenons d'un WE rainbow avec quelques amis et nous vous déposerons à Toulouse avec plaisir moyennant quelques roupies"... ah les babosses... le cœur sur la main et la main sur ton portefeuille. On est tous frères surtout si c'est toi qui paie ! Allez pour 20 balles, vue la distance, ça le fait !

C'est parti pour un très long périple avec ce couple plus âgé que nous pour un voyage initiatique au pays des Arcs-en-Ciel... mais l'ambiance entre eux n'est pas si zen. Nous comprenons qu'ils sont "sur un projet communautaire" (ouais ok... comme tous les babs !), qu'ils doivent tous acheter une propriété pour lancer leur nouvelle dynamique de vie en dehors des codes... tous ? Euuuh alors en fait on comprend que Monsieur a le fric et que tous les parasites autour ont plein d'idées dont la plus importante est bien sur le partage des richesses... tu m'étonnes ! Donc évidemment on sent que Monsieur a 2 ou 3 résistances à entretenir ce qui ressemble à un sacré lot de morbaques. Et Mme de lui reprocher son grand manque d'ouverture et son esprit étriqué. On est morts de rire et on doit se pincer pour ne pas exploser ! On ne s'attendait pas à ça en descendant de la montagne !

Bon et on confirme, la musique indienne, au bout d'un moment, surtout quand on roule à 70km/h "pour pas dépenser", ça tape sur le système !


Nous arrivons enfin à Toulouse et nos hôtes nous déposent au pied d'une bouche de métro en plein quartier du Mirail. C'est pas si mal, il est 15h et on ne s'attendait pas à y être si tôt en quittant notre cabane ce matin. Nous voilà dans le métro vers la gare et c'est lorsque nous sentons les regards se poser furtivement sur nous que nous réalisons que nous ressemblons à deux harpies, en shorts et crades, qui puent sûrement un doux mélange de transpiration, d'encens et de genévrier brulé, tannés par le soleil, les jambes griffées et qui plus est, FX réalise que les gens fixent son couteau fixé dans le bretelle de sac à dos. Bref... on inspire pas la confiance ! Et on confirme avoir la sensation de jurer un peu dans le décor. Mais dans le même temps, cette masse grouillante, inamicale et distante nous effraie un peu. Et tout ce bruit, et cette attention de tous les instants qu'il faut avoir pour ne pas perdre le fil... c'est violent !

Bref en deux temps trois mouvements, nous voilà dans le train puis chez nous. Qui eut cru que ce fût si rapide de descendre de nos montages ! Et quel finish !


C'était notre première aventure de grands randonneurs. On était partis sans savoir ni où nous arriverions ni si nous serions capables. Sur le chemin du retour, nous formulons la promesse de reprendre l'année prochaine à St Girons pour terminer ce GR10 jusqu'à la méditerranée.

Après cette première expérience, en 2013, nous ne le savions pas encore, mais nous sommes piqués par le virus et les aventures randonnesques ne font que commencer...