Le projet du Tour de France des rencontres
La semaine dernière, j'ai eu la chance de rencontrer pour de vrai en exclusivité avant qu'ils ne partent à la rencontre leurs abonnés, le désormais binôme reconnu Fabrice et Briac. Entrevue très enrichissante entre trois voyageurs.
Voici la deuxième partie qui revient sur le moment où le Fabriac tour est né quelque part en Ouganda sur le tournage d'itinéraire bis.
i.travelling.quill: Nous allons donc switcher sur la deuxième partie de l'interview alors...
Comment est née l’idée du Fabriac tour?
Briac : C'est né en voyage.
Fabrice : Mettre un nom sur toutes ces personnes virtuelles, tu vois. Tous ces gens qui nous envoie des messages par les réseaux sociaux. Certaines fois on ne peut pas répondre... Alors, est-ce qu'on ferait pas ... Étant donné que tous les voyants sont au vert : on est médiatisé, nous avons du temps pour le faire, pas de contraintes familiales. Partir six mois sans femmes, sans enfants, c'est maintenant ou jamais ! Se donner du challenge, car je sais qu'il [Briac] aime ça. Même s'il doit serrer les dents. Aller à la rencontre des gens, quoi !
Briac : Ça a vraiment muri sur la fin du tournage d'itinéraire bis en Turquie. On s'est vraiment dit... De base on devait diffuser le prime en été car on tournait en mars et finalement avec la covid, c'est diffusé en ce moment. "Nous avons 6mois pour monter notre projet." Petit à petit ça s'est construit.
Fabrice : On s'est dit qu'on ne connaissait pas la France finalement ! C'était le moyen de connaître toute la France qu'on va quadriller et nous qu'avons beaucoup voyagé et bien on connaît pas assez nos racines.
Briac : Une culture, un terroir qu'on ne connait pas, en effet. Des gens surement très intéressants à découvrir...
Fabrice : Surtout aller à la rencontre des gens. Passer pas très loin de chez les gens, faire un bout de route avec eux.
Parce que rentrer chez soi c'est facile... Tu vois rentrer d'Ouganda avec 20 000 photos par exemple mais le soir tu es tout seul avec tes photos... J'aimerai partager davantage sur les réseaux sociaux par exemple. Après je suis limité car je ne sais pas trop m'en servir mais...on ne peut pas tout garder pour nous, on veut partager. Et on reçoit déjà beaucoup... des dessins d'enfants tout ça et du coup nous on partage une petite photo. Tout est basé sur l'échange, le sourire. Je dis toujours ...
Briac :[interrompt l'enthousiasme de Fabrice] Il n'y a jamais eu un binôme connu de télé qui est parti à la rencontre de ses abonnés encore.
Fabrice : à la base c'est pour nous aussi qu'on le fait, pour se faire plaisir, être ensemble, partager un moment. On a notre maison, on a la petite. C'est intimiste. Nous, notre camion et Freedom pendant six mois.
Un truc qui est parti de rien même si aujourd'hui ça nous dépasse. La ligue font de notre tour leur projet 2021.
i.travelling.quill : Oui vous avez peut être semé la graine du cocotier mais c'est vous qu'on va secouer, vous verrez !
Fabrice : C'est certain. Mais voilà c'est tout nous ! C'est brut de pomme. On ne s'est pas posé de questions. Contrairement à d'autres, je ne suis pas du style à tout marquer. On s'arrête à un supermarché pour prendre du thé parce qu'on a oublié et hop on repart. Au bout d'un moment on va être obligé de s'organiser. Mais ça nous dépasse !
Ludovic Daxhelet, ancien candidat emblématique de PE, avait lui aussi proposé une version française de l’émission : le French Tour en 2019... avez-vous échangé avec lui sur son expérience?
Briac : J'avais regardé oui mais absolument pas !
Fabrice : On les a contacté mais nous n'avons pas encore de nouvelles. On les aime bien mais on s'en passera s'ils n'adhèrent pas à notre projet.
Est-ce que l’idée d’être sponsorisés et le lien avec l’association de la Ligue contre le cancer est venue après l’envie de vous retrouver et de vivre votre aventure sur les routes de France à la rencontre des gens…?
Briac : A la base on devait le faire pour une association de chien d'aveugle de l’Isle-sur-la-Sorgue mais ils nous ont lâché. On avait le sentiment d'être trop contraint et ça ne s'est pas fait. Fin décembre on nous lâche, mince il faut qu'on trouve quelque chose... Puis on a eu un message de Globe Dreamers.
i.travelling.quill: Comment ont-ils entendu parler de vous?
Briac : Je ne sais pas. C'est une jeune entreprise d'à peine 4ans...
Fabrice : Ils sont humains, c'est basé sur l'humain, la culture, l'associatif. Ils nous ont contacté.
Briac : On s'est dit deux trois jours après l'abandon de la première association que ...
Fabrice :[enchaîne] C'est un mal pour un bien, finalement. Car avec la première association ça manquait un peu de folie. Il nous fallait 24 000 euros pour financer un chien aveugle pour le remettre à un enfant malvoyant et ça nous paraissait être beaucoup de pression en six mois pour une idée partie du cul d'un camion en Turquie. Partir avec une pression c'est pas bon. Avec la ligue nous n'avons pas de pression. C'est que du bonus car notre objectif de départ était moins élevé !
Briac : On n'a pas commencé qu'on est déjà dans le bénéfice. Globe Dreamers nous a donc contacté deux trois jours après et nous avons choisi la ligue contre le cancer.
i.travelling.quill : Ils vous ont mis plusieurs propositions sur la table?
Briac : Non, on a réfléchi ensemble sur quoi on pourrait partir. Maintenant: pourquoi pas une grosse association pour l'engouement médiatique?
Fabrice : On ne voulait pas partir sur "la facilité de la maladie du cancer" par contre. Car on voulait d'abord jouer pour l'association de Frédéric Gayanne avec le concept On the road a game. (des gens qui n'ont pas pu faire Pékin Express]. Je devais être parrain avec les chanteurs Dave et Grand corps malade avec le côté humain et aide aux animaux qui nous touche et si on gagnait le jeu, on nous demandait le nom d'une association. On a finalement continué dans cette lignée. On the road a game a été reporté mais on est reparti de notre idée de départ pour monter notre Tour de France des Rencontres.
Briac : En trois mois, on a remonté le projet avec la Ligue : banderoles, flyers, ils sont au top !
Fabrice : La déception de la première association... il a fallu qu'on se remotive et puis finalement on a rebondi. Et puis ce n'est pas plus mal : nous sommes tous concernés par le cancer finalement. Briac est concerné dans sa famille. Moi aussi, j'ai perdu mon père, ma maman a été affecté, elle en sort tout juste, un ami d'enfance aussi a été touché ...
Ça m'a permis de retrouver contact avec un ami de 20ans qui fait du sport et qui organise la course Courir au féminin aussi. Cela va se greffer à notre parcours vers début juin si tout va bien... Mon ami Jérôme Michallon est en train de tout organiser à Salaise-sur Sannes.
i.ravelling.quill : Ah oui? Au Mans nous avons aussi les Demoiselles du Bugatti, faudra venir à l'automne pour Octobre rose et le mois contre le cancer du sein... après votre tour de France des rencontres !
Briac : Ouais on pourra venir ! Si on prend pas de vacances après notre TDF de 6 mois !
Vous êtes-vous mis des impératifs, une ligne de conduite individuelle et en binôme pour ce TFD (ne pas avoir recours au camion quand ce sera trop dur par exemple etc.) ?
Briac : Moi j'ai un objectif personnel c'est de garder 25k/h de moyenne sur ce tour de France, y compris les cols qu'on va grimper. J'aimerai progresser car j'adore le sport et les challenges. Je n'ai jamais fait de vélo, 600 bornes dans les jambes à tout casser. Le Mont Ventoux tout ça, c'est un vrai challenge sportif que je me lance car je ne suis pas taillé. Partir 10 000 kms comme ça ... pendant 6 mois... ça risque d'être dur... mes fesses vont en pâtir c'est sûr ! Je suis habitué à la selle de cheval car j'ai fait de l'équitation mais le vélo c'est autre chose.
Et surtout rapporter des fonds pour la ligue. C'est l'objectif principal...
Fabrice : Ça va être un truc incroyable. Chaque chose a sa place chez moi et Briac est bordélique. Si on réchappe déjà de 6 mois ensemble, alors on est prêts à tout. Si tu veux tester tes amis, pars en bateau avec eux par exemple, ça peut être un vrai test.
Briac : [sourit] Je ne prends pas beaucoup sur moi pourtant avec toi Fab' ! Mais j'avoue... tout à l'heure encore je cherchais les clefs du camion alors qu'on venait juste d'arriver ici.
Fabrice : Non mais tout est comme ça en 5minutes t'en a déjà mis partout. La laque par terre etc...
i.travelling.quill : Peu importe avec qui on part de toute façon on est obligé de prendre sur soi.
Briac : Oui t'es obligé de prendre sur toi mais c'est bien parce que ça me fait vraiment apprendre... à me canaliser et il m'aide beaucoup là-dessus. J'adore partir avec Fabrice parce que j'apprends beaucoup, il me canalise.
Fabrice : C'est vrai parce que Briac c'est la désorganisation. Mais lui aussi m'apporte beaucoup... il me tire par le haut c'est un jeune il me dit "vas-y Fab', vas-y Fab'" quand j'en chie sportivement, on a fait des chronos tous les deux". Mais la promiscuité, la fatigue pendant 6mois, on peut faire beaucoup plus de choses quand même à deux.
Briac : Par exemple, je veux monter le Ventoux sans mettre le pied à terre. Fab' me dit "c'est pas gagné", mais je veux le faire !
Fabrice : Je n'ai pas de ligne de conduite vraiment.
Qu'on ne se blesse pas déjà sur 6 mois ça serait bien. Qu'il n'y ait pas d'accident. Qu'il ne nous arrive rien à tous les trois enfin tous les quatre maintenant car on a notre cameraman et je serai le plus heureux des hommes !
Après il faudra bien s'entendre car on va vivre ensemble H24 sur une longue durée... Mais on y est, c'est une belle aventure je trouve. Avec des challenges au bout en plus !
Briac : On ne peut plus reculer maintenant !
Fabrice : Les gens nous le rendent tellement bien ! Beaucoup de gens nous attende déjà, Béthune ça va être grandiose, le gars qui organise notre arrivée ne dort plus depuis des jours.
Briac : Les Sables d'Olonnes on a délégué, pareil ça va être super bien organisé par Colombe Bernard !
Fabrice : Et ensuite, un bon moyen personnellement juste peut être car j'ai tendance à être dans ma bulle et en vieillissant je prends des manies, il y a des petites choses qui me manquent, des petites manies,
i.travelling.quill : Sortir du petit confort?
Fabrice : Non, pas vraiment le confort ça je m'en fou mais j’ai des petits tocs alimentaires. J’attends beaucoup de cet itinéraire pour travailler sur moi, voir comment je m’en sors. Comment je réagis : sans mon petit thé vert le matin, ces petites choses car je ne vais pas pouvoir faire comme je veux pendant 6 mois.
Briac : Le thé c'est gérable mais le cocktail qu'il se fait le matin : curcuma, gingembre, bicarbonate de soude, jus de citron et vinaigre de cidre... [rires]
Fabrice : C'est délicat, je ne vais pas imposer aux gens quoique ce soit. J’irai pas jusqu’à dire que je dois me soigner mais… j’en attends beaucoup là dessus. Je suis attaché à beaucoup d'habitudes car on devra s'adapter là où on atterrira le soir.
i.travelling.quill : Attends Fabrice tu as le droit d'avoir tes petites manies. Tous les sportifs en ont et pour garder l'endurance sur six mois il faudra bien garder une bonne hygiène de vie !
Fabrice : Oui mais... je ne veux pas importuner ceux qui nous ouvrirons leurs portes. Je ne ferai pas mon casse-pieds !
Voilà je finis, des challenges surtout : les gens nous attendent, ça va être une belle aventure !
Briac, tu es ultra motivé pour le projet on le voit dans tes diffusions sur les réseaux mais es-tu physiquement bien préparé pour ce défi?
Briac : Clairement pas... La préparation physique Fab' l'a déjà mais moi pas du tout. Deux semaines un peu intenses chez Fabrice et c'est tout : c'est parti pour six mois à vélo. 20 jours en Ardèche et hop 6 mois en vélo direct. Ça me stresse un peu...
i.travelling.quill : Le crash test quoi !
Briac : Bien sûr ! La répétition des efforts me fait peur... J'ai beau avoir le mental, la fougue et l'envie mais le corps pourra peut être me dire stop ! Quand t'as jamais fait de vélo et que tu te mets à en faire tous les jours ... T'es pas à l'abri d'une tendinite...
Fabrice : Il lâche rien franchement. Après peut-être revenir sur une hygiène de vie mais ça viendra au fur et à mesure. Je lui ai fait un premier test sur 100kms...
Briac : Qui m'a éclaté !
Fabrice : Mais d'autres auraient baissé les bras ! Il l'a fait, il n'a rien lâché. Il faudra peut-être qu'il murisse encore à 23 ans mais c'est normal. Et déjà il change... Avant-hier on a du aller dans une friterie faire découvrir notre projet et moi je mange pas gras, je suis sportif et c'est mon quotidien de faire attention mais Briac... on a pris des photos pour faire plaisir, il a mangé pour faire plaisir à tout le monde. Et il m'a dit : "pourquoi j'ai mangé ça, je vais pas bien le digérer". Et c'est bien, il se rend compte que je raconte pas que des conneries et ça n'apporte rien énergétiquement...
i.travelling.quill : Avec Fabrice comme coach tu vas être au top dans 6mois Briac !
Briac : les tablettes de chocolat vous verrez où elles vont être ouais !
Concrètement, comment vous êtes-vous préparé pour ce Tour de France des rencontres ?
Briac : Le but est de ne rien sortir de notre poche au final. Le côté pécuniaire et recherche de sponsors, nous allons essayer de le développer avec la lumière médiatique qui nous permet d'avoir quelques petites choses. Mais c'est primordial quelque part, on en a trouvé mais peut-être pas assez encore.
Fabrice: On ne veut pas gagner de l'argent mais on ne veut pas trop en dépenser non plus. Si on avait voulu être riche avec la télévision on l'aurait fait. Si on doit sortir un billet de 1000 euros sur 6 mois parce qu'on a pas pensé à tout ça va encore mais... pas beaucoup plus. Mais le jeu en vaut largement la chandelle !
i.travelling.quill: Rappelons que vous n'avez pas gagné Pékin en plus.
Fabrice : On ne roule pas sur l'or non et si on avait gagné on aurait tout bouffer je pense. Je serai parti directement pour un tour du monde c'est sur ! Dans la vie ça va, ça vient. J'ai toujours jonglé dans ma vie...
Briac : On est pas à l'abri de belles opportunités sur le Tour de France mais aussi d'un gros flop !
Fabrice : Mais non ! Non ! Moi je pense que oui on aura de belles retombées ! Mais il ne faut pas que ça vienne de nous, on a donné notre projet et maintenant ceux qui voudront nous rejoindre le feront !
i.travelling.quill : Quand on est un tout petit peu voyageur et quand on a fait Pékin Express, on a une autre vision du confort après... Le confort c'est relatif non?
Briac : Oui mais on pourra pas dormir tous les soirs...
Fabrice : sur une planche en bois par exemple... enfin bon ... C'était pourquoi qu'on disait ça déjà?
[Interruption plateau du petit frère de Briac chez qui nous nous sommes invités pour réaliser l'interview, faute de bar, restaurant ouverts]
Fabrice, comment penses-tu gérer les potentielles difficultés du défi que vous vous êtes lancé avec ton expérience de baroudeur et de sportif assumé ?
Briac : Vous pouvez répéter la question ? [rires]
Fabrice : Il n'y a rien qui me fasse peur, je suis dur... Je suis dans la douleur, même s’il faut rester 6heures sur un truc je le fais, il n'y a rien à prouver mais… je suis assez dur au mal. Récemment je me suis fait des sorties à vélo où j'ai serré les dents avec des jeunes. On m'a dit : "pourquoi tu te mets dans cet état". Et c'est vrai, je n'ai rien à prouver encore une fois... Mais je suis prêt ! Je n'ai pas peur et si je peux apporter mon expérience à Briac... J'ai loin d'avoir raison sur tout mais ça va être facile. Après je ne sais pas ce défi de tous les jours... 20km/h... l'accumulation.
Briac : Le cameraman conduira le camion pour nous aider à réaliser le défi sportif et les bénévoles de la ligue qui le conduiront aussi pour faire de belles images.
Fabrice : Thomas Voekler nous suivra sur un bout de chemin. Laurent Brochard, ancien champion du monde cycliste va nous acceuillir chez nous en Ardèche, nous faire visiter son petit musée il nous a dit... Tout de suite on a eu quelques réponses positives à notre projet.
Je ne suis pas inquiet sur l'aspect physique du projet mais le côté logistique me stresse...
... Le côté logistique et organisation, c'est pas ma came tu vois...
Briac : Moi aussi je stresse, c'est beaucoup de boulot mine de rien... Rien de préparer... ce n'est pas possible. Il y a les accueils dans les villes à organiser avec les rencontres avec les comités de la ligue, les invités surprises etc... Et j'ai même peur de ne pas trouver les 10 000€ pour la ligue tu vois... ça, ça me stresse !
Fabrice : on aura besoin de pause car déjà avant de partir on en a besoin. Je suis un solitaire. Ce soir par exemple on est pas déjà parti que ... on est chez le papa de Briac, on va être tranquille, pouvoir se raser de près, souffler parce que la semaine a été phénoménale : les interviews, les préparatifs du camion, des vélos, les entrainements... J'aime les gens mais il arrive un moment, j'ai besoin de calme.
i.travelling.quill : Le soir des fois tu prendras des baskets pour aller évacuer de la journée pendant le TDF des rencontres.
Fabrice : Tu me comprends tu vois !
Comment avez-vous mis entre parenthèses vos vies professionnelles et personnelles pour ce TDF?
Fabrice : Ça, c’est facile ! Je n'ai pas vraiment de vie professionnelle ni personnelle d'ailleurs... Je me suis démuni de tout pour me ressourcer à l’essentiel. Plus ça va et moins j'ai besoin de choses. Je suis dans un pays où on a encore besoin de beaucoup de choses mais on a pas besoin de grand-chose au final. Ma maman tout simplement et je me rend compte que ça me suffit. Ma maman va bien aujourd'hui je pars l’esprit libre.
Côté pro, je suis surveillant de baignade, maitre nageur tout est fermé pour l'instant donc... pas de contraintes là non plus !
Briac : Pour ma part, j’ai du démissionner du restaurant du Château de Saumur où j'avais un poste de responsable de salle (mais je l'ai fait avant le 2e tournage de Pékin, congés sans soldes pris en mars-avril mais avec la coupure.)
i.travelling.quill : Au final tu n'as plus travaillé depuis quand?
Briac : Début septembre. Ce qui m'a permis de me mettre à fond dans notre projet.
Fabrice: On ne peut pas se lancer dans un tel projet si on a des comptes à rendre. Il faut avoir l'esprit libre !
Briac : Ma famille ne va pas me manquer, il ne m'ont pas énormément manqué sur Pékin donc là ça va être pareil même si je serai content de les retrouver après et côté sentimental je suis pas encore trop attaché non plus...
Fabrice : Moi je suis fils unique, je vis avec ma maman pour l'instant, je suis détaché de tout ça. J'ai des cousins mais je suis aux antipodes de beaucoup de clichés. Je n’ai pas peur de tout quitter. J'insiste sur le fait qu'il faut partir l'esprit libre. On n’a pas de compte à rendre et c’est tant mieux sinon on ne pourrait pas gérer ce projet.
Briac : Je n'ai pas peur de tout quitter pour vivre un truc de malade !
i.travelling.quill : Il faudra faire attention à certaines choses quand même...
Briac :[se met à chanter Nekfeu] Tout seul, on va plus vite, à plusieurs, on va plus loin. Je viserai le soleil quoique tu me dises, quitte à ce que je ne vois plus rien.
Fabrice : On te fais confiance. A plusieurs on est plus forts !
Vous avez connu des galères dans Pékin Express... et sur le papier un Tour de France devrait être plus facile : En terme de confort, que pensez-vous qui va vous manquer au quotidien ou avez-vous des craintes par rapport à ce projet ?
Briac : [rire spontané]… Ahahah pas forcément !
Fabrice : On est dans l’inconnu c’est ça qui est bien. Et on aime ça !
Briac : Moi je pense que je vais plus en chier sur le TDF que sur Pékin.
Fabrice : Oui parce qu'il va falloir gérer la fatigue, manger tout ça...
Briac : et puis surtout il faut gérer le côté où l'on va rencontrer les fans ça va être prenant.
i.travelling.quill : Avec Pékin express, vous l'aviez déjà ce côté prenant... le stop, la recherche de logement ...
Fabrice : La journée à Bethunes par exemple sera exceptionnelle j'en suis sûr et le soir on sera content mais... encore, on sera dans une famille et il ne faudra pas être trop fatigués pour leur faire plaisir... On n'en dira pas trop en avance qu’on sera là à telle heure et tel endroit car on ne veut pas que toute la famille débarque. Déjà avec le covid puis... le côté voyeurisme : "regarde, il y a les mecs de Pékin..."
Briac : On veux pas les cousins, les trois frangines et tout le monde qui débarque non plus…
i.travelling.quill : C'est là où le covid peut avoir du bon... Vous ne pourrez pas trop déborder.
Fabrice : Un truc d’une semaine pas de problème encore. Je te l'aurai fais sur une jambe et on aurait tenu le rythme mais là on a même pas prévu assez de moments de repos pendant les six prochains mois... On va voir !
Briac : On a prévu 20-25 jours d'étapes et quelques jours de repos entre...
Fabrice : Mais on ne les aura même pas car entre les étapes on a la route pour le prochain grand départ. Cependant, on pourra compter sur la ligue pour nous dégoter un petit hôtel pour bien nous reposer entre les étapes car au bout de 25jours... Les gens bouffent l’oxygène, il ne faut pas se mentir...
Briac : Il faut dire que parfois les gens sont gentils mais ... ils posent une question et finalement n'écoutent pas la réponse...
i.travelling.quill : C'est normal les gens vous verront en dehors de leur écran de TV, on ne peut pas leur enlever cette joie de vous rencontrer, de vous voir en vrai ... mais il faut bien qu'ils se disent que vous êtes des gens lambda...
Briac : Exactement ! C'est dur de trouver le juste milieu. Avec les gens que je connais j'arrive à me canaliser mais avec ceux que je connais moins... Je m'énerve vite ! Je suis capable de rentrer dans le buffet quand c'est nécessaire..
Fabrice : Oui mais attention... On ne veut pas décevoir. Les gens nous envoient beaucoup de messages positifs sur les réseaux, on essaie d'y répondre mais c'est compliqué et on n'a pas envie qu'ils se disent : ils sont sympas à l’écran, mais dans la vraie vie c'est autre chose. On n’a pas envie de décevoir ce côté-là !
i.travelling.quill : Je pense que les gens comprendront que vous aurez votre journée dans les pattes...
Briac : Oui je pense et ça Fab' il sait bien l'expliquer calmement.
Fabrice : Après itinéraire bis [qui est diffusé en ce moment] ça se calmera aussi un peu...
Briac : Il faut dire qu'on a bien choisi notre moment pour partir en même temps qu’itinéraire bis aussi
Dans quel état d’esprit partez-vous pour ce TDF? Motivés, à bloc, craintifs?
Fabrice : Motivés, pour nous, pour la ligue. On a un challenge de ramener des fonds. Et puis, je suis un boulimique de la vie, c'est unique ce projet dans une vie !
On le vit pour nous, on provoque les choses. Ce n’est pas une vie lisse. C'est ce que j'aime moi, pas de routine. C’est incroyable !
Briac : Conquérant, au-delà du challenge, pour le côté perso et sportif ... J'ai toujours regardé le tour de France, j'aime le vélo et là je me dis « je vais faire mon tour de France » !
Fabrice : Faut vivre chaque jour comme le dernier, sur un lit d’hôpital quoi…
Briac [pousse la chansonnette] : Vivre chaque jour comme le dernier ... Palalapapapa !
Fabrice : Non mais c'est vrai, je ne savais pas que c'était une chanson !
i.travelling.quill : les punchlines de Fabrice !
Pensez-vous avoir tout imaginé au moment de lancer le crowdfunding sur GlobeDreamers?
Briac : Non, l’agenda se remplit mais on a peur du budget. On avait un peu sous estimer, il va nous en manquer un peu. On ne fait pas de frais : coupe faim, sandwich ... on ne va pas beaucoup dépenser.
Fabrice : Oui c'est vrai... On ne fera pas de frais je te le garantis... Jambon-beurre le midi s'il faut... des amandes, des noix... Des coupe-fins en cas de grosses fringales avec notre partenaire Feed mais on va quand même se faire un repas chaud par jour. Mais bon c'est surtout l'essence, autoroute, ça va vite monter je pense...
Briac : il va nous manquer un peu de fonds. Car le crowdfunding on avait prévu 5000 de financement personnel et le reste pour la ligue mais...
Fabrice : Oui c'est ça... les premiers 5000€ sont pour notre organisation mais on a prévu un peu juste. Un billet de 2000€ en plus nous soulagerait. Ça va passer même si on doit mettre au bout mais bon tu vois ça peut aller vite : 40 balles à décathlon par ci par là.
Briac : Surtout qu'on ne part plus que tous les deux mais notre caméraman qui vient avec nous maintenant...
Fabrice : Déjà tu vois on ira le chercher à Valenciennes, hop un billet de train en plus... Puis faut qu'il mange le garçon, moi je me contente de quelques noix mais les jeunes ils vont pas s'en contenter... Ça ne va pas se jouer à grand chose tu vois on n'est pas à la rue et on n'est pas exigeant mais une toute petite rallonge... serait la bienvenue. On verra !
i. travelling.quill : Ne vous inquiétez pas, d'autres sponsors vont venir se greffer c'est sûr !
Fabrice : Cet été ça va être sexy, tu verras ! Je connais la région par cœur où on va passer ça va être sympa !
i.travelling.quill : Oui j'ai hâte de vous suivre sur votre parcours pendant les vacances scolaires. Mais je me suis toujours dit que la France je la gardais pour plus tard parce que tant que j’ai la santé je pars loin, et la France je me la réserve pour plus tard quand j'aurai moins les moyens de me déplacer.
Fabrice : Je suis d'accord avec toi. Tu n'es pas journaliste mais tu vois tu l'a dis : la santé c’est le plus important, quand tu l’as plus tu te rends compte que c'est vrai : c'est quand tu ne l'as plus que tu te rend compte !
Le fait qu’on vive une période compliquée n’a-t-il pas paradoxalement attisé ou favorisé cette envie de voyager?
i.travelling.quill : le fait qu'on vive une période compliquée depuis un an et demi, est-ce que ça vous a donné le temps de cogiter, le manque de lien social, de voyage d'aventures
Fabrice : 18 mois ouais.
Briac : Si vraiment, ça donne beaucoup plus envie de voyager cette période, la vie est vraiment courte, et vraiment on a envie de faire ce beau voyage en France.
Fabrice : Moi pareil ... je passe l’hiver à Bali depuis 13ans, et là une coupure cette année avec le covid, c'est le 1er hiver depuis plus de 10ans que j'ai passé ici. Je pars trois mois l'année la-bas en général. Décembre, janvier... je déteste les passer ici en France.
i.travelling.quill : Waoo Bali c’est un petit paradis sur terre !
Fabrice : J'y vais là-bas car j'adore ! Il est pas chiant mon copain en plus, ça ne me coute rien, juste le billet d’avion. J'ai plein de copains là-bas, je vais à Ubud, je fais du surf à Canggu, je monte dans les rizières, j'habite à Kerobokan... Les repas ça ne coûtent rien. Je voulais pas le croire et un jour il me dit : "prend la voiture tu verras ce que c’est la fête pour le jour de l’an, t’as les clefs tu fais ce que tu veux." Je ne voulais pas aller au resto, tu vois je ne suis pas le plus grand des fêtards mais pour l'ambiance je voulais voir ce que ça faisait... et en plus ça ne sert à rien d’acheter à bouffer quand tu peux cuisiner. Mais il a insisté : "Fab', va au resto ça te coûtera moins cher. Je ne voulais pas le croire mon pote. Alors que un nasi goreng même pas 2€ ça coûte rien. Le scooter 50€ le mois quand j'arrive à discuter, il y a une atmosphère là-bas. J'étais en manque de voyage... Ici l'hiver a été long. Je l’ai trouvé long le temps. Je passe pas un hiver complet en France depuis 10ans.
i.travelling.quill : Je connais ça l'hiver au soleil, ça me rappelle des souvenirs en famille, pendant une période on partait au Sénégal pour noël.
Fabrice : les sénégalais sont collants non ? Je me souviens là-bas d'un voyage : ils étaient 30 au cul à vouloir mes chaussures, ahah ! T'as fait la Casamance ?
i.travelling.quill : Non, plutôt Saly, plus touristique.
Fabrice : Ah oui, mais aujourd'hui c'est glauque... Et Bali tu as aimé?
i.travelling.quill : Oui j'ai adoré ça reste un de mes voyages préférés car c'est la seule île non musulmane d'Indonésie.
Fabrice : Il y a une atmosphère particulière là-bas hein ? A part les Australiens qui foutent un peu le bordel, ahah !
i.travelling.quill : Oui mais encore les Australiens quand on est chez eux c'est carré. Mais c'est vrai qu'à Bali ils sont en touristes.
Fabrice : Ouais, ils cherchent la bagarre à Bali ! Comme les anglais...un peu ils sont alcoolisés tout ça...
i.travelling.quill : Oui comme toujours les touristes qui partent dans les pays étrangers ne sont pas les meilleurs ambassadeurs...
Fabrice : ils arrivent avec un énorme pouvoir d'achat et ils sont incorrects avec les filles, avec les locaux... c'est dommage !
Depuis le moment où l’idée est née pendant le tournage d’itinéraire bis, le Fabriac Tour a-t-il essuyé plusieurs obstacles depuis sa concrétisation?
Tous les deux : Oui, des modifications ont du être apportées... Sur l'itinéraire déjà.
Fabrice : Sur le fond pas tellement mais...
Briac : Par exemple on devait partir de Belgique... On ne peut pas... On avait prévu un truc sympa dimanche à Lille on ne pourra pas le faire car ils sont reconfinés... avec des anciens de Pékin Express...
Fabrice : Clairement, on va devoir se mettre des cotons-tiges dans le nez tout le temps.. Nous étions censés participer à On the road a game qui est reporté, finalement on fait notre tour de France des rencontres à la place. J'ai un ami qui organise Courir au féminin, pareil reporté. C'est pénible car beaucoup de personnes s'usent pour tout organiser et tout est annulé ou reporté.
L'avantage qu'on a avec le TDF des rencontres c'est qu'on n'a pas de dates vraiment... enfin si mais pas de réelles contraintes. Je veux dire par là qu'on peut décaler de 2-3 jours. Si on doit faire que 4 étapes au lieu de 6 c'est possible... C'est flexible quoi !
Briac: On a quand même un calendrier à respecter mine de rien maintenant. Mais si on chope la covid ça va être embêtant. Et puis ... les échéances arrivent vite : 15 juin réouverture des camping normalement...
Fabrice : Notre grand départ de Belgique a été annulé déjà.. Du coup on reporte ça à la fin de notre TDF, on prévoit une semaine que pour eux.
Comment allez-vous faire face au contexte sanitaire lié à la Covid-19 durant votre TDF ?
i.travelling.quill : Quelles sont les modifications que vous avez dû apporter à votre projet initial vis-à-vis des conditions sanitaires que nous vivons en ce moment, les anticipations que vous avez dû mettre en place, les obstacles que vous avez rencontrés pendant la préparation du TDF, les contraintes liées au confinement et au couvre-feu à 18h…
Briac : En résumé, on va devoir s'astreindre à un test PCR tous les trois jours...
Fabrice : Quoi ? Tous les trois jours ? Ah non je vais perdre une narine !
Briac : Ah mais on aura pas le choix Fab', je vais t'y traîner s'il faut !
Fabrice : Non mais on ne va pas se morfondre, ça n'est pas dans notre caractère. On ne va pas rester dans notre canapé encore longtemps. Bien sûr on fera ce qu'il faut pour mener à bien notre projet mais si je choppe le covid je me soignerai... et puis c'est tout !
Et je n'aime pas trop le fait qu'on nous ait infantilisés avec cette crise sanitaire.
Qui sont-ils pour nous dire comment nous comporter ? Je suis gentil comme garçon mais franchement je n'aime pas le ton pris...
i.travelling.quill : Mais c'est peut-être l'esprit français révolutionnaire qui appelle à être si strict. Je veux dire par là que ... les contacts que j'ai d'amis partout dans le monde... On a beau dire : Le français est rebelle et n'aime pas qu'on lui dicte quoi que ce soit... En Australie, par exemple ils ont été confinés beaucoup plus longtemps que nous et avec un déconfinement très progressif ... pour autant ils n'ont pas mouffetés car ça part du bon sens de respecter les règles et les gestes préconisés par les scientifiques...Ils ont joué le jeu, sans faire de vague. Les règles n'ont même pas eu besoin d'être rappelées auprès des citoyens, c'est du bon sens !
Briac : Oui l'open d'Australie est maintenu malgré tout... La terre se meurt de toute façon, alors peut-être que la nature est en train de nous dire quelque chose !
Fabrice : Il faut bien mourir de quelque chose de toute façon, alors prenons un peu de recul ! On veut faire un pied de nez à ce Covid avec notre projet... Ne pas oublier qu'il y a d'autres maladies dont le cancer qui sont bien plus graves et mises entre parenthèses pendant cette crise sanitaire.
i.travelling.quill : Il y a eu du bon dans ce confinement aussi, il ne faut pas l'oublier : la nature qu'a pu reprendre un tout petit peu de ses droits, une bouffé d'oxygène prise avec l'arrêt de la société de consommation...
Briac : Ah mais bien sûr !
i.travelling.quill : Il y a eu une certaine prise de conscience, un élan de solidarité mais on voit déjà que c'est un peu oublié...
Fabrice : je suis d'accord, on parle le même langage... Je pensais vraiment qu'il y aurait une prise de conscience. Un avant et un après covid et finalement non... Les gens sont individualistes, agressifs... l'élan de solidarité je crains qu'il ne dure pas... Le français aime placer son argent, une vie étriquée... S'ils nous reconfinent je pars, et j'emmène ma mère loin de tout ça ! Surtout vous les jeunes, vous brider comme ça c'est difficile !
Briac : Le covid ne facilite rien c'est vrai on a hâte de retrouver une vie normale... Concernant notre projet : on va aller à la rencontre des habitants donc faudra faire attention. Gel hydroalcoolique en veux-tu en voilà.. Porter le masque au maximum !
Fabrice : Oui voilà, tout est dit qu'est-ce que tu veux que je te dise : il faudra se plier aux normes, pas le choix ! Et vraiment, on veut défier cette période COVID, ramenez du bonheur aux gens qui souffrent depuis des mois...
Restez connectés pour la dernière partie de l'interview... Avenir, à venir ? Que nous réserve le duo FaBriac pour ces six prochains mois et quels sont leurs ambitions ?