La Polynésie francaise, vous en rêviez ? Nous l'avons fait pour vous!
A seulement 5h de vol de l'île de Pâques, il serait quand même dommage de ne pas pousser jusqu'à Tahiti, non?
Seul petit problème: le billet d'avion à lui seul explose notre budget mensuel! A 2000€ par personne le combo Santiago - Rapa Nui - Tahiti (+ le pass 5 îles) - Santiago, sur le coup, ça pique un peu...( bon, après, quand tu vois le prix d'un A/R Paris - Papetee, tu relativises! )
En même temps, si on doit attendre notre voyage de noces pour y mettre les pieds, on n'ira jamais, hein?!
Du coup, si on ne veut pas être obligés de rentrer en France dans deux mois pour cause de comptes en banque à sec, il va falloir faire des économies sur autre chose... Et, comme ce qui coûte le plus cher en Polynésie c'est l'hébergement, nous ferons donc l'impasse sur ce dernier! Ça tombe bien puisque nous sommes venus avec notre propre maison! Tant pis donc pour les motu de carte postale, perchés au cœur du lagon, à 500€ la nuit... Objectif : ne pas payer une seule nuit durant ces 3 semaines!
Alors, les backpackers sont - ils les bienvenus en Polynésie française, l'une des destinations les plus chères du globe?
Bon, clairement, l'arrivée à Papeete à 1h50 du matin, malgré l'accueil en musique des tahitiens, nous a directement catalogué "galériens"! Nous sommes les seuls, avec un autre couple, à voyager en mode sac à dos, on fait un peu tâche dans le décor...
Pour nous, pas de pension hors de prix pour venir nous récupérer à cette heure indue, pas de bus non plus pour rejoindre la ville... Du coup, nous nous retrouvons à dormir comme des clochards sur les bancs de l'aéroport, en attendant la première navette qui passe à 4h30, glamour ce début de voyage n'est ce pas?
A 6h, la ville est déjà bien animée ! Nous devons encore trouver un réchaud avant de partir randonner sur deux jours au cœur de l'île, mais cette tâche, simple jusqu'alors, relève du parcours du combattant dans une ville où le camping n'est pas vraiment à la mode...
Nous finissons par trouver notre bonheur et filons dare dare jusqu'à la vallée de Papeno'o où débute notre parcours. Mais à peine sommes nous arrivés qu'un policier, doté d'un fort strabisme, nous intercepte pour nous demander comment nous sommes arrivés là et pourquoi? Nous sommes visiblement les premiers randonneurs indépendants qu'il croise de sa carrière...
Il nous explique qu'il est dangereux de randonner ici sans guide car il n'y a pas de sentier et que des gens sont morts noyés il y a deux mois. Il a pour consigne de ne laisser passer personne sans autorisation signée du maire... Ça commence bien!
Mais, sous des dehors patauds, Olivier est un vrai gentil qui va tout faire pour nous obtenir le précieux papier ! Durant 1h30 nous allons le voir s'agiter, passer des coups de fil, faire des allers-retours inutiles entre la mairie et sa guérite jusqu'à ce que l'on obtienne enfin une entrevue avec le maire et l'accord pour partir! La situation, avec son côté burlesque, nous aura bien diverti et c'est presque à regrets que nous quittons notre nouveau copain ! (Il est toujours bon d'avoir un policier dans ses contacts ! 😜)
Il est 14h lorsque nous partons et déjà la chaleur moite nous colle à la peau et nous étouffe. Il va nous falloir un temps d'adaptation à ce nouveau climat... Le ciel, par ailleurs, est couvert et menace de craquer ! Et moi qui croyais qu'à ce prix il faisait toujours beau en Polynésie ? ? ? Il est trop tard pour se faire rembourser?
Arrivés au premier refuge, nous faisons la connaissance de Hiro, ancien SDF ayant élu domicile ici. Nous ne voulons pas nous imposer mais, trop content de voir du monde, Hiro nous accueille sans chichis et nous invite à rester avec lui pour la nuit et à partager son repas!
Heureux de pouvoir partager un moment avec quelqu'un qui connaît les environs comme sa poche, nous plantons la tente à côté de sa cabane !
Au contact d'Hiro, nous découvrons un mode de vie en parfaite osmose avec la nature. Il parvient à vivre en autarcie, chassant, pêchant et cueillant ce dont il a besoin dans cet immense jardin qu'est la jungle. C'est une source infinie d'anecdotes, de sagesse et de bon sens qu'il partage avec nous, nous donnant sans s'en douter une vraie leçon de vie... Myriam est sous le charme, tandis que Renan, malgré un brin de jalousie, fantasme déjà sur cette vie hors système.
Le moment est tellement agréable qu'il nous propose de rester avec lui le lendemain pour faire une randonnée avec l'un de ses amis guide. Vendu! Nous n'aurons pas de meilleure occasion pour sortir des sentiers battus si nous voulons découvrir la jungle.
Et c'est ainsi que nous faisons la connaissance d'Hervé, personnage haut en couleurs, aussi exubérant qu'Hiro est réservé ! Le contraste est saisissant et la rencontre tout aussi passionnante!
Cet hyperactif qui, s'il n'est pas dans la jungle, fait le tour du monde avec sa pirogue, a mille anecdotes et légendes a nous raconter sur son île, sa langue et sa culture. La rencontre est extraordinaire et d'une incroyable richesse. La pluie continue ne parvient pas à gâcher notre plaisir et nous explorons des endroits connus des locaux seuls, tout en goûtant les meilleurs fruits de notre vie. La journée nous laissera une impression irréelle et enchanteresse.
Hiro préparant coco et pamplemousses du "jardin"Après ces deux jours dans la vallée, c'est sans regrets que nous renonçons à notre traversée de l'île. Nous n'avons plus le temps et devons donc rebrousser chemin, mais ce que nous avons gagné à la place est infiniment plus précieux et s'annonce déjà comme une expérience de voyage rare et des plus enrichissante humainement ...
Après une halte au trou du souffleur et aux trois cascades, nous retournons sur Papeete où nous attend Arnaud, le seul couchsurfer a avoir accepté de nous héberger de tout le séjour ! Bien que récemment installé, il se montre disponible et prévenant et c'est un plaisir d'échanger avec lui nos expériences de voyage !
Sur son conseil, nous partons faire une marche qui nous conduira sur les hauteurs de Papeete avec vue dégagée sur Moorea, sa voisine. La balade est jolie mais elle sonnera le glas des sandales faites maison de Renan, qui se verra obligé de terminer la marche pieds nus, dans une humeur massacrante et sous les moqueries de la blonde...
Nous aurons ensuite la chance de faire la connaissance d'Anne, une polynésienne de cœur, et de son mari Christian. Un déjeuner suffit, le sens de l'hospitalité et de l'accueil polynésiens faisant le reste, pour que le couple nous propose spontanément de nous prêter leur maison secondaire située sur l'île de Raiatea.
Nous sommes désarmés par tant de gentillesse et de générosité... A nos yeux, c'est un cadeau d'une valeur inestimable qu'il nous est impossible de refuser puisque l'on sait pertinemment que notre budget ne nous permet pas de faire autre chose que du camping de tout le séjour et que cette expérience est vraiment une chance unique!
Cela ne fait que trois jours que nous sommes là, mais déjà nous sommes touchés par la confiance et l'accueil que nous réservent les polynésiens et nous pressentons intimement que ce voyage nous changera à jamais...
C'est donc sur ces belles rencontres et sous un ciel enfin bleu que s'achève notre trop court séjour à Tahiti... Les photos ne font peut être pas rêver (mauvaise météo oblige! ) , mais, pour une fois, ce ne sont pas les paysages que nous retiendrons, mais les visages et les cœurs en or que nous y avons trouvé...