Carnet de voyage

Caminar en America latina

82 étapes
71 commentaires
"Pour voyager heureux, voyageons léger " C'est parti pour un an d'aventure à travers l'amérique latine en mode roots, sac à dos, tente avec option dreadlocks à la fin du séjour!
Janvier 2018
330 jours
Partager ce carnet de voyage
1

Ça y est nous y sommes! Après plusieurs mois de préparatifs, nous nous apprêtons à décoller ! Paris -Buenos Aires, en passant par Madrid, le tout pour 15h de vol, c'est long certes, mais c'est la promesse de nouvelles aventures !

2

Nous avons troqué la grisaille parisienne et ses 8°C hier contre le beau ciel bleu et les 28°C argentins, le pied! Trois jours de flânerie à déambuler entre les tombes célèbres du cimetière Recoleta, les parcs animés du cri des perruches et les différents quartiers de la ville.

3

L'été se termine déjà puisqu'après presque 4 jours à Buenos Aires nous attendons maintenant notre vol pour Ushuaïa : la ville du bout du monde.

30 min avant l'atterrissage, les tremblements de notre petit avion se font ressentir de plus en plus fort, nous montrant bien l'hostilité de ce territoire... Mais, malgré le vent, c'est sans encombres que nous nous posons après 4h de vol! Et les premières images ne sont pas pour nous déplaire...

Première galère dès le lendemain puisque tous les distributeurs de la ville sont vides ! Préférant économiser les quelques deniers qu'il nous reste, nous décidons de nous rendre au parc Tierra del Fuego à pieds plutôt que de payer 50€ de bus pour faire 20 kms!

L'occasion de rencontrer un local qui nous apprend que l'on peut resquiller l'entrée du parc (soit 30€) si l'on attend le départ des gardes à 20h... Qu'à cela ne tienne, en bons français que nous sommes nous attendons une bonne heure, cachés dans les fourrés, avant de pénétrer dans le parc et d'aller planter la tente face à la mer.

Mais, alors que nous étions seuls au monde la veille, le réveil se fait brutal et beaucoup moins glamour en raison du passage incessant de bus remplis de touristes... Nous nous dépêchons de fuir la foule pour une randonnée le long du littoral et plantons, une fois le soir venu, la tente dans une plaine, près d'une rivière où nous aurons la chance de voir passer un phoque !

Le retour sur Ushuaïa se fera en stop pour un délicieux repas de crabe... avant de galérer pour trouver un hébergement à un prix décent! Nous nous retrouvons à planter la tente à la frontale, dans les bois, en lisière de la ville... Joyeux anniversaire Myriam ! 🎂

4

Samedi 13 janvier: nous quittons Ushuaïa pour rejoindre en bateau l'île de Navarino et, de là, la ville de Puerto Williams où démarre notre prochaine randonnée. Une traversée de 40min à 100€ chacun (abusé, mais impossible de resquiller cette fois!) qui nous fait passer de l'Argentine au Chili.

Nous rencontrons en cours de route Émilie, une alsacienne péchue et solaire qui parcourt l'Amérique Latine depuis bientôt deux ans avec son sac de 25 kg sur le dos! Nous décidons de faire le circuit de Los Dientes ensemble. 5 jours de randonnée nous attendent, nous faisons donc le plein de noodles et de nourriture lyophilisée et en route !

Bon, nous étions prévenus certes, mais là nous avons eu l'occasion de le vérifier : en l'espace d'une journée en Patagonie les 4 saisons se succèdent (et bizarrement ce n'est pas l'été qui dure le plus longtemps...). Pluie, vents violents, neige, grêle, éclaircies (timides et surtout en fin de journée ) se succèdent et jouent avec nos nerfs! Heureusement la beauté des paysages réchauffe le cœur à défaut de réchauffer les doigts de pieds ! On ne se prive donc pas pour:

- Installer notre campement dans des endroits magiques

- Admirer des lacs à foison

- Glisser, s'embourber et se perdre dans des endroits accidentés et sauvages...

...et finir en beauté sous un magnifique soleil!

5

Ça y est, après une semaine passée à explorer l'Isla Navarino, nous voilà prêts à voguer vers de nouveaux horizons! Pour cela rien de tel qu'une petite traversée en bateau de 32h à travers le canal Beagle. Destination : Punta Arenas.

Malgré le confort de la première classe (imposée à tous les étrangers pour la modique somme de 200€...), la traversée est assez monotone et le temps n'est pas vraiment la partie. Ce petit intermède aura au moins eu le mérite de nous permettre de nous reposer!

6

Après une arrivée tardive à 23h15 à Punta Arenas et une nuit en camping, nous décidons de ne pas nous attarder dans cette ville sans charme. Une nouvelle randonnée, en bord de mer cette fois, nous attend. Réputée difficile et capricieuse car peu accessible sans voiture et soumise à trois endroits aux marées...

Alors pourquoi y aller?

Pour le défi d'une part (beaucoup se découragent et rebroussent chemin en cours de route), parce que l'endroit est sauvage et non touristique, que l'on peut y voir beaucoup d'animaux marins et parce qu'après tout, le Cabo Froward est la pointe la plus au sud du continent américain et que c'est un peu la classe d'y avoir été ! (Ça, c'est juste pour la frime!)

Et concrètement ça donne quoi?

Avec deux bus par jour (un le matin et un le soir ), nous décidons plutôt de miser sur le stop pour rejoindre le début de la randonnée situé à 70km de Punta Arenas. Et, par chance, nous n'attendons que 5min avant qu'une première voiture s'arrête pour nous faire gagner... 5kms! Heureusement la seconde est la bonne! Le contact est tellement chaleureux que le conducteur décide de faire un détour pour nous conduire jusqu'à notre destination ! Partis à 14h nous arrivons ainsi à 16h au grand départ grâce aux Nelson père et fils ! Le début de rando ne présente pas de difficulté particulière, même si marcher sur des galets avec un sac de 15 kg est le meilleur moyen de se fouler une cheville ! Les paysages sont superbes, les dauphins nous accompagnent et le soleil est de la partie ! Le bonheur quoi!

Là où ça se corse, c'est le deuxième jour! Levés à 4h afin d'arriver à temps pour la marée basse de 7h30, seul moyen de franchir le second rio, nous nous faisons surprendre par une rivière qui ne figure sur aucun plan! Avec une eau avoisinant les 5°C, nous mettons une heure à la franchir, chacun à notre façon... Renan nu comme un ver et moi dans ma combinaison en gore-tex ! Verdict : Renan gagne par KO! Je finis trempée jusqu'aux os, frigorifiée et prête à abandonner...

Finalement nous décidons de continuer et arrivons au rio tant redouté pour nous rendre compte que nos horaires de marées ne sont pas les bonnes et qu'il nous faut attendre 3h avant la marée basse... Nous plantons donc la tente sur la plage, histoire de rattraper le sommeil perdu mais elle manque de s'envoler plusieurs fois (avec nous à l'intérieur ! ) sous les rafales de vent! Le passage ensuite se fait plus facile (dur dur quand même de se mettre en maillot dans une eau à 10°C quand ça souffle!) et la route jusqu'au troisième rio se déroule sans encombres, sous le regard des dauphins et des phoques! Moment magique qui permet de relativiser les déconvenues et de ne pas penser au retour qui se fera par le même chemin... Ne reste plus qu'à planter la tente et attendre 17h la prochaine marée basse...

Après une bonne nuit de 12h (pour Renan ! ) nous attaquons le troisième jour ragaillardis et en forme! Malheureusement ça ne durera pas... Nous décidons de passer le rio 1h avant la marée basse et découvrons que l'eau ne dépasse pas le genou, easy!

Les choses se compliquent après... 4h 30 de marche non-stop à escalader des rochers, des arbres morts, à se confronter à des montées en forêt abruptes, le tout le ventre vide... Bref nous arrivons complètement épuisés au campement !

Une fois la panse bien remplie (à 16h... ça doit être le rythme latin!), nous nous attaquons au sommet où se situe la fameuse croix qui symbolise le Cabo Froward. 45min d'ascension pour arriver dans un brouillard à couper au couteau, des rafales de vent et une pluie battante! La loose!!! But we did it! Maintenant il ne reste plus qu'à se taper les mêmes galères en sens inverse!

Et voilà ! Le Cabo c'est fini! 1,5 jours au retour contre 2,5 à l'aller, la bonne gestion des marées (et surtout l'appel de la cerveza!) nous a donné des ailes !

Heureusement que Gabriela et Joseph ont eu pitié de nous et nous ont pris en stop jusqu'à Punta Arenas malgré nos vêtements plein de boue et nos tronches de déterrés!

7

Parce que nous ne sommes pas venus jusque là uniquement pour souffrir (vraiment ? !!), nous avons décidé de rester un jour de plus à Punta Arenas histoire de nous reposer un peu (accessoirement de prendre une douche ou deux...), de découvrir davantage cette "magnifique" ville (dont l'intérêt principal se résume à quelques vues prises du port...)

Mais surtout, surtout, de faire une petite excursion bien touristique et bien chère (pour le plus grand plaisir de Renan!). Parce que bon, être venus jusque là et ne pas avoir vu de pingouins c'est tout pourri quand même ! (Bizarrement, nos avis divergent sur la question...)

Bref, pour 85€ par personne (quand on aime, on ne compte pas, hein?), nous voilà embarqués pour une balade jusqu'à Magdalena Island où vit, 4 mois dans l'année, une colonie de 60000 manchots.

Nous sommes arrivés juste après la nidification, l'île était remplie de "petits" de 2 mois mais déjà presque aussi grands que leurs parents. Un moment magique où, pendant 1h, nous avons pu marcher sur un sentier entouré par ces petites bestioles attachantes...

Des fois, ça fait du bien de faire son touriste...

8

Après une nouvelle nuit pluvieuse sous tente dans le jardin d'Eduardo et une brève hésitation à savoir si nous rejoindrons notre prochaine étape en stop ou en bus, les conditions météorologiques pour le moins capricieuses nous enjoignent à opter pour la solution de tranquillité : le bus. Parce que même si le stop c'est rigolo et même si ça permet de faire de chouettes rencontres, les chances de réussites sont un peu revues à la baisse quand on a l'air d'un chien mouillé...

Après 3h de trajet nous arrivons donc secs et sous un magnifique soleil à Puerto Natales, une ville ceinte par les montagnes et la mer, beaucoup plus séduisante et agréable que Punta Arenas!

Malheureusement notre passage sera de courte durée puisque nous avons prévu de nous rendre dès le lendemain à Torres del Paine, le point d'orgue de notre premier mois de vacances et le seul que nous avons dû réserver 3 mois à l'avance !

Il s'agit en fait de l'un des parcs nationaux les plus prisé du Chili, à la fois le paradis et l'enfer du randonneur.

Paradis pour la beauté de ses paysages (aux dires de ceux qui l'ont fait!) et enfer pour ce que le Chili en a fait, à savoir une grosse usine à touristes, avec une entrée hors de prix (30€ pour randonner sur un site naturel, ça ressemble un peu à du racket...), des hôtels à 300$ la nuit pour les riches (mais seulement 200$ si tu choisis la tente en all - inclusive (enfin, toilettes communes tout de même, faut bien respecter l'esprit camping hein?!)), un emplacement pour la tente à 42$ pour les "pauvres" et surtout, l'obligation de réserver des mois à l'avance toutes tes nuits au risque de te faire refouler à l'entrée ! Un scandale pour le randonneur épris de liberté qui aime vivre au jour le jour, sans obligations ni contraintes! Il y a de quoi en décourager plus d'un...

Le parc offre une multitude de randonnées possibles mais les deux principales sont le W, la plus facile et donc la plus touristique, qui se fait en 4-5j et le O, plus sportif donc moins d'adeptes , qui fait une boucle à partir du W et se fait en 7-9j. Inutile de préciser celle que nous avons choisi...

Seul petit problème, Vertice (qui détient, avec Fantastico Sur et la Conaf, l'ensemble des campings du parc) n'a jamais répondu à nos mails de réservation. Nous nous rendons donc directement à leur agence afin de voir ce qu'il en est et apprenons que notre itinéraire est impossible à réaliser dans le sens prévu! En gros toutes nos réservations sont foireuses, ça commence bien!

Nous voilà partis à courir d'une agence à l'autre afin de tout modifier! Nous ne sommes pas encore dans le parc que le parcours du combattant a déjà commencé ! Heureusement tout se change sans aucun problème et à la dernière minute, contrairement à ce que l'on avait entendu dire... Il ne nous manque qu'une réservation mais nous décidons de voir sur place, au culot et sautons dans le bus de 11h30 qui nous conduira en 2h à destination.

Alors, au final, le Torres ça donne quoi ?

9

Jour 1: Mirador Las Torres

Distance : 19km / dénivelé +: 850m / dev -: 850m / temps : 5h

A peine arrivés que les paysages nous font déjà du charme...

Première surprise, le camping central Las Torres est loin d'être aussi plein que ce que nous redoutions. Après une vérification sommaire de nos réservations (il aurait été facile de s'installer ni vu ni connu...), nous plantons la tente en quatrième vitesse et nous lançons sur les chemins menant aux célèbres torres, censées être le clou du spectacle ! L'avantage de commencer tard notre randonnée c'est que nous sommes à contre-sens du flot de touristes! 3h de montée pour un spectacle grandiose...

Jour 2 : Camping Torres au camping Serón

Distance : 11km / dev + : 250m / dev - : 180m / temps : 3h30

Toute petite journée qui a plutôt des airs de balade dominicale, où nous marchons tranquillement en grignotant en chemin des myrtilles et un petit fruit rouge, légèrement amer, dont on ignore le nom et même s'il est vraiment comestible... (pour l'instant personne n'a été malade donc ça doit être bon!)

Malgré les quelques averses habituelles, le temps s'avère vraiment plus clément et plus doux que dans le sud, ça fait du bien! Arrivés au camping (à nouveau un bref contrôle des réservations qui aurait pu être évité...), nous trouvons le moyen de planter la tente juste à côté du groupe électrogène, parfait pour passer une nuit paisible dans un cadre bucolique...

Jour 3 : Camping Serón au camping Dikson

Distance : 19km / dev + : 480m / dev - : 440m / temps : 5h

Alors que nous sommes en train de faire chauffer le petit dej, les yeux encore collés par le sommeil, un américain à l'air sévère nous aborde pour nous refiler le déjeuner que lui a préparé le camping, à savoir un sandwich poulet/crudités avec de la vraie laitue et du vrai concombre et une barre de chocolat , le summum de la gastronomie quand on est abonné au lyophilisé pour une semaine ! Et qu'importe si l'on passe pour les vagabonds du Torres del Paine, on ne refuse jamais de la nourriture, c'est la règle en rando!

C'est donc le cœur léger et reconnaissants que nous entamons cette nouvelle journée, mais nous allons vite déchanter en arrivant au col... Un vent comme nous n'en avions jamais connu souffle par rafales, nous donnant l'impression de faire du surplace et nous obligeant à avancer courbés à 45°! Du jamais vu!

En chemin, nous passons un poste de la guardia qui vérifie nos réservations et refoule tous les gens venus en dilettante! Plus moyen de tricher cette fois! Rebelote à l'arrivée au camping, ça ne rigole pas! Et enfin, après 3 jours de marche, notre première douche chaude! Selon nos habitudes de vie plus "roots" c'est un peu de la triche, mais qu'est-ce que ça fait du bien!!!

Jour 4 : Camping Dikson au camping Paso

Distance : 19km / dev +: 1020m / dev -: 900 / temps : 8h

Grosse journée cette fois puisque nous avons prévu de sauter une étape. Les gardes nous annoncent 10h30 de marche, au final nous mettrons 8h à traverser deux vallées et le col John Gardner, dont la vue sur le glacier Grey est absolument spectaculaire !

Nouveau contrôle en pleine ascension, un ranger nous rattrape pour vérifier que nous sommes en règles car nous ne nous sommes pas déclarés au précédent camping, ça frôle le harcèlement ! (En fait, nous apprendrons plus tard dans la presse qu'un jeune a disparu il y a quelques jours sur la portion que nous sommes en train de faire...)

Toujours est-il que c'est la première fois pour nous deux que nous assistons à un spectacle aussi impressionnant ! Malgré un vent à décorner les bœufs, nous prenons le temps de nous poser pour admirer ce glacier de 28kms de long qui s'étend telle une mer gelée dont les vagues se seraient transformées en lames aiguisées et scintillantes.

Nous arrivons au camping Paso complètement rincés mais émerveillés par cette journée !

Jour 5 : Camping Paso au camping Paine Grande

Distance : 18km / dev +: 300m / dev -: 700m / temps : 5h

En quittant Paso pour redescendre sur le camping Grey nous rejoignons le chemin du W et donc tous les randonneurs du dimanche venus admirer le glacier... d'en bas! Le choc est violent après 2j sans croiser un pèlerin, voir à nouveau des dizaines d'êtres vivants bruyants et envahissants nous paraît un peu oppressant. Nous sommes peut être en train de nous transformer en deux ours mal léchés...🐻

A l'arrivée au camping Paine Grande, nous découvrons un site splendide en bord de lac et cerclé par les montagnes, mais envahi de tentes puisqu'il s'agit du point de débarquement de tous les gens venus en bateau depuis l'entrée du parc afin d'éviter les 6h de marche... Ça parle plus américain qu'espagnol par ici!

Nous passons une nuit avec un vent de folie! Au petit matin, lors du pliage de la tente, nous nous rendons compte qu'une des branches du mât s'est fissurée... Si notre maison nous lâche, c'est la cata! Pourvu qu'elle tienne jusqu'à la fin du trek!

Jour 6 : Camping Paine Grande au camping Italiano

Distance : 20km / dev + : 1270m / dev - : 1115m / temps : 5h

Afin d'éviter la foule, nous partons tranquillement en fin de matinée pour rejoindre le fameux camping gratuit pour lequel nous n'avons plus de réservation...

Le garde n'est pas commode et nous demande de lui expliquer en détails notre mésaventure dans notre mauvais espagnol... C'est long mais à force de sourires et d'airs innocents nous finissons par planter la tente... juste à côté de ce qui doit être les toilettes des rangers vu l'odeur qui se met à refouler quelques minutes après notre installation ! Nous avons le chic pour choisir les meilleurs endroits!

Petit aller/retour ensuite en 3h pour monter voir la Valle del francés et le Mirador Británico! Superbe!

Jour 7 : Camping Italiano à la fin!

Distance : 18km / dev +: 350m / dev -: 550m / temps : 4h

Ne sachant pas ce qui nous attend après la randonnée, nous nous levons à 6h afin de terminer au plus vite et nous donner ainsi de meilleures chances pour faire du stop... L'avantage c'est qu'il n'y a personne !

4h de marche au lieu de 5h30, sous un soleil de plomb, nous sommes à bout de forces mais tellement pressés d'en finir que nous mettons le turbo ! Et la récompense est là :

Au final, bien que touristique, Torres del Paine n'a pas ce côté Disneyland que nous redoutions. Au lieu de l'autoroute de touristes qui nous avait été annoncée nous n'avons eu, au pire, qu'une nationale et, au mieux, qu'une petite départementale périgourdine!

Le temps, bien que changeant et venteux, a tout de même été beaucoup plus doux que dans le sud avec 3 jours de grand soleil.

Et enfin, la beauté et la diversité des paysages méritent largement le détour et nous laisseront de beaux souvenirs!

10

Ça y est, Torres del Paine c'est fini! La prochaine étape se situe à El Calafate, en Argentine, soit à environ 5h de voiture de là où nous sommes...

Un bus pourrait nous y emmener directement, mais à 40€ par personne on se dit qu'il vaut mieux tenter le stop et nous partons plutôt confiants!

A raison puisque la première voiture qui passe s'arrête directement et les 5 argentins qui s'y trouvent proposent de nous prendre à l'arrière du pickup et de nous déposer à la frontière ! 1h de gagnée et une balade cheveux au vent à admirer les paysages, la classe!

Les choses se corsent à Cerro Castillo, dernière ébauche de civilisation aux allures de ville fantôme, où se trouve le poste de garde chilien. Sauf que 10km de no man's land séparent les deux postes frontaliers... 10km qu'il nous faudra faire à pieds puisque aucune des 12 voitures que nous avons dû croiser en 2h ne daignera nous prendre. C'est le jeu ma pôv' Lucette! Ça nous aura au moins permis d'observer la faune locale et notamment de voir des condors!

La vraie galère commence après... Alors que nous nous enregistrons sur le territoire argentin, deux retraités français qui voyagent en camionnette nous proposent spontanément de nous prendre et de nous déposer à la prochaine station service. Ravis, nous sautons sur l'occasion, pensant arriver dans une ville où nous pourrons dormir au chaud et faire un bon repas !

Sauf que 50km plus tard, nous nous retrouvons à la fameuse station qui s'avère être perdue au milieu de nulle part à 150 km de la ville la plus proche ! Il est 19h, les français sont repartis et nous sommes coincés là, donc soit quelqu'un s'arrête, soit nous plantons la tente en bord de route! Belle perspective !

20h15, toujours rien... Il commence à pleuvoir, la faim se fait sentir et le moral est en berne, quand une voiture, pleine à craquer, s'arrête. Une mère et ses trois enfants nous demande ce qu'on fait là et accepte de nous conduire à la prochaine ville qui se trouve à une heure de route ! C'est inespéré ! Nous voilà embarqués, Renan à l'avant et Myriam derrière avec Mia, 4 ans, sur les genoux, Péhoé, 9 ans, à côté et Valentina, 2 ans, qui dort dans son siège auto! Nous formons une joyeuse équipée !

Et c'est ainsi que nous arrivons à La Esperanza, escale imprévue dans notre itinéraire, sauvés de la tente et de la soupe lyophilisée par la bienveillance d'une maman soucieuse! (Avec en prime deux bananes parce qu'on a l'air de mourir de faim!)

Pas de photo cette fois pour les remercier, mais le coeur y est ...

11

Après un bon repas chaud et une nuit sans rêves dans un hôtel miteux (mais hors de prix!) où il devait faire 12°C et où les robinets fuyaient, nous berçant de leur douce (et très agaçante ! ) mélodie liquide, nous voilà prêts, malgré la déconvenue d'hier, à retenter le stop pour rejoindre El Calafate.

Au moment où nous prenons place sur une position hautement stratégique, un "convoi" de policiers (bon en vrai y'a une voiture et 5 flics hein...) met en place un barrage à 40m devant nous!

Bon, point positif: les voitures étant obligées de s'arrêter, elles sont à vitesse réduite quand elles passent à notre niveau et elles ont bien le temps de nous voir!

Point négatif : les conducteurs sont un peu énervés d'avoir perdu 10min et n'ont qu'une envie: repartir au plus vite!

Au bout de 45min, la chance nous sourit! Un homme s'arrête et nous propose de nous déposer à destination, seul souci, il n'y a pas de sièges à l'arrière, tout a été démonté ! En galant homme ,Renan s'assoit devant tandis que Myriam se cale dans un trou à même la tôle! Plutôt folklorique comme trajet! L'avantage c'est que Umberto étant chauffeur de taxi, il conduit très bien et surtout très vite ! Le trajet est bouclé en 1h au lieu d'1h30!

Toujours crevés de notre dernière rando, nous décidons de nous poser deux jours à El Calafate histoire de récupérer un peu, de faire des lessives (avec une machine, le luxe!!), de dormir dans un vrai lit et de fêter nos un mois de voyage avec des repas gargantuesques (les conséquences seront quelque peu désastreuses pour nos estomacs réduits après une semaine de rationnement...) et du bon vin!

Une fois requinqués, nous décidons de nous rendre au Lago Roca, un petit écrin de verdure paisible, bien moins prisé que son voisin, le Perito Moreno, et pour cause! Une seule route cabossée y mène et au bout il n'y a rien, si ce n'est la nature à perte de vue, ce qui ne semble pas intéresser grand monde... Un endroit parfait donc, si ce n'est que le manque d'affluence le rend forcément plus difficile d'accès... Du coup, pour ne pas galérer, nous prenons une navette qui y va directement.

L'endroit dans lequel nous arrivons est tellement agréable, qu'une fois la tente plantée nous décidons de remettre la randonnée initialement prévue au lendemain et de nous poser pour en profiter un peu.

Après une première tentative de pêche non concluante (nos deux raisins secs en guise d'appât n'ont visiblement pas trouvé d'amateurs...) et vite avortée (pêcher sous la pluie et dans le froid c'est moins rigolo d'un coup!), nous nous résignons à nous sustenter d'une énième soupe lyophilisée et nous couchons pour nous réveiller dans un froid inattendu ! Plus de 10°C perdus dans la nuit et des sommets enneigés, la randonnée va être sympa...

Et de fait, après 2h de montée et 1200m de dénivelé dans le froid et sous la neige, nous arrivons au sommet et nous retrouvons dans les nuages ! C'est con, paraît qu'il y a une vue à 360° sur toute la vallée qui permet de voir le Perito Moreno ! En ce qui nous concerne la vue se limitera à ça :

Et après 30 min d'attente dans l'espoir que le ciel se dégage, nos doigts bleuis nous invitent à redescendre illico presto, nous menaçant, en cas de refus, d'une vilaine amputation ! C'est évidemment après 1h de marche que le soleil décide de se pointer, offrant une vue panoramique aux chanceux qui auront choisi de dormir 2h de plus!

Alors que nous admirons tranquillement la beauté du paysage qui s'illumine progressivement, la blonde se rend compte qu'elle a oublié ses bâtons de marche au dernier coin pipi, soit 300m plus haut! Et là, c'est le drame! Après de douloureuses supplications, des larmes de crocodile et quelques roulades dans l'herbe haute, Renan prend pitié et se jette en courant dans la montée pour aller récupérer les bâtons abandonnés!

De retour au campement, le lieu est désert. Seul un couple avec leur petite fille pique - nique à proximité, peut-être notre seule chance de ne pas faire les 32 kms qui nous attendent à pieds... Renan décide d'y aller au culot et de leur demander directement s'ils peuvent nous prendre avec eux au moment de repartir, et ça marche ! 2h plus tard, après un "bon" repas et une sieste, nous voilà dans le break de Faviana et Ismaël.

Une fois arrivés à l'intersection désirée, nous partons pour 4kms à pieds, direction l'entrée du parc national Los Glaciares où se trouve le fameux Perito Moreno. Le parc étant fermé, nous espérons qu'il sera possible de resquiller les 40€ d'entrée... Et bien non! Un garde sort de sa guérite au moment où nous passons, nous informant qu'il est interdit de camper dans le parc et même d'y circuler à pieds! Ouuups! Quand on lui demande s'il est possible de planter la tente devant l'entrée, il nous invite à retourner d'où nous venons car tout est privé à proximité...

C'est ainsi que, 5min plus tard, nous nous trouvons à escalader des bosquets à flan de route qui nous cacheront pour la nuit... Nous plantons la tente entre les bouses de vaches avec l'impression d'être des fugitifs! "Pour vivre heureux, vivons cachés" il paraît...

Et nous voilà, après une bonne nuit de sommeil, prêts à nous rendre au Perito Moreno! Sauf que 33kms séparent l'entrée du parc du glacier, pas d'autre choix que de reprendre le stop... Nous sommes les seuls pèlerins à être venus sans voiture!

Placés stratégiquement au niveau du péage, nous prenons par surprise deux belges qui n'osent pas nous refuser leur aide... Première fois que j'ai l'impression de faire du forcing, ce n'est pas très agréable mais dans ce cas de figure: "nécessité fait loi"!

Bon, ça valait le coup quand même... Déjà impressionnés par l'immensité du glacier Grey au Torres del Paine, le Perito Moreno, que l'on peut observer sous tous les angles grâce à un système de passerelles, a cette beauté et cette majesté qui vous font sentir tout petit. Pis, le glacier avançant de 2m par jour, des blocs entiers de glace se détachent dans un fracas assourdissant ! C'est impressionnant!

Après avoir contemplé ce spectacle fascinant pendant 3h, il est temps de rentrer! La technique de Renan pour le stop ayant fait ses preuves, Myriam se lance dans le "voiture à voiture", guettant chaque visiteur sur le départ, et dégote notre carrosse au deuxième essai grâce à Ramiro y su novia! Un voyage musical et fort sympathique qui nous ramènera à El Calafate pour une dernière nuit avant de repartir pour de nouvelles contrées !

12

A en croire les guides et les divers blogs parcourus afin de préparer le voyage, El Chalten est à l'Argentine ce que le Torres del Paine est au Chili mais... en mieux!

Pourquoi ?

Tout simplement parce que ce village, situé idéalement au pied des montagnes, est le point de départ d'une multitude de randonnées dans le parc national Los Glaciares, qui sont réputées aussi belles qu'au Torres et sont censées être moins touristiques car elles attirent un public de randonneurs et d'alpinistes plus aguerris et surtout, que tout y est gratuit, que ce soit l'accès au parc ou le camping !

Bref, pas de prise de tête en terme d'organisation, une belle promesse de tranquillité et une bonne nouvelle pour le portefeuille ! Autant nous redoutions le Torres, autant nous étions impatients de découvrir El Chalten!

Et en vrai, ça donne quoi?

Il est 16h lorsque nous arrivons à El Chalten. La ville est sympathique, colorée et à taille humaine. L'artère principale alterne entre hôtels, restaurants, bars et boutiques de souvenirs... Moins typique que ce que l'on s'était imaginé, et pour cause ! Nous apprenons en fait que le village n'a été construit qu'à des fins touristiques, ça commence bien...

Si le cachet du lieu vient d'en prendre un coup, le temps en revanche est magnifique, sans doute la plus belle journée depuis le début du voyage, idéale pour randonner, malheureusement nous avons d'autres priorités avant de repartir en vadrouille!

Il nous faut d'abord réparer et remplacer certains éléments de notre équipement. L'un des arceaux de la tente menace toujours de céder... Par chance, le camping où nous sommes installés a la pièce que nous cherchons désespérément depuis une semaine! Moyennant un petit pourboire, le problème est résolu en l'espace de dix minutes! Ensuite, direction la maison de "Gina la hippie" afin de faire recoudre le pantalon en gore-tex de Myriam, déchiré sur 8 bons centimètres au niveau des fesses, pas mal pour l'aération mais pas génial pour l'étanchéité ! Enfin, nous parvenons à faire réparer les bâtons de marche de Renan!

Ça y est, nous sommes comme neufs après un mois et demi de voyage et prêts à repartir!

Jour 1 : El Chalten au camping De Agostini

Distance : 10,5km / dev +: 300m/ dev -: 50m/ temps : 3h

La première étape de notre randonnée étant assez courte, nous prenons le temps de faire des courses pour les quatre jours à venir, de déguster d'excellents empanadas et de glaner quelques infos pour la suite du voyage.

Nous partons vers 15h30 et sommes quasiment seuls sur la route. Tous les randonneurs que nous croisons sont sur le retour et vont à contre-sens, ainsi nous pouvons marcher à notre rythme et profiter des paysages, c'est parfait!

Le glacier Grande et la laguna Torre, où se trouve le camping, sont sublimes et le soleil couchant qui se reflète sur l'eau invite à la contemplation. Mais nous déchantons rapidement en découvrant le camping De Agostini...

Une trentaine de tentes sont agglutinées sur l'aire autorisée. Nous avons l'impression d'être parqués ce qui gâche quelque peu le côté sauvage et paisible du site... Et comme nous avons le chic de choisir le meilleur emplacement, nous plantons la tente à côté d'un groupe de quatre jeunes argentins qui se moquent visiblement du voisinage et ont décidé de faire entendre jusqu'à minuit leurs douces voix, qui ont à peine achevé de muer, et leurs rires gras! Le rêve !


Jour 2: Camping De Agostini au camping Piedra del Fraile

Dist : 27 km / dev +: 300/ dev -: 500 /temps : 8h30

Redoutant un départ massif de la foule de campeurs le lendemain, nous mettons le réveil pour 5h50... Dur dur pour la marmotte grincheuse du groupe dont la conception des vacances ne consiste pas à se lever aux aurores! Mais la mauvaise humeur s'estompe en 5min face au lever du soleil sur la lagune! Le site prend alors un autre visage et le moment, partagé avec trois autres lève-tôt, est tout simplement magique!

C'est le coeur léger que nous nous mettons en route vers le camping Poincenot, point de départ de la randonnée la plus prisée d'El Chalten : laguna de Los Tres qui donne sur le célèbre Fitz Roy. Nous sommes les premiers sur le sentier, le temps est magnifique et les paysages aussi. Ça ne pourrait pas être mieux!

Et en effet, ça va être pire, bien pire ! Ce n'est pas 30 mais 50 tentes qui squattent au camping Poincenot !

Il est 10h30, nous nous posons au départ de la randonnée pour une pause fruits secs et observons le passage de dizaines de touristes à la queue-leu-leu en l'espace de 20min. L'autoroute que nous redoutions tant au Torres del Paine est en fait à El Chalten ! La loose! Renan se transforme alors en ours grognon et se déclare prêt à prendre un aller simple pour le Groenland !

Après moult délibérations, nous optons pour une solution un peu moins radicale: nous laissons tomber Los Tres pour l'instant et filons vers un camping beaucoup plus éloigné, situé à la Piedra del Fraile, nous rajoutant ainsi 7h de marche supplémentaires...

Personne sur le chemin, le contraste est saisissant! Nous savourons pleinement le calme retrouvé et, après de longues heures de marche, nous comprenons enfin pourquoi nous étions seuls...

Le gérant du refuge qui nous accueille nous annonce qu'il faut payer 25€ pour pouvoir planter sa tente et faire les randonnées alentours ! Nous tombons des nues! Nous ignorions complètement qu'une partie du parc était privée (pourtant c'est monnaie courante en Argentine, tout le pays est privatisé ! ). C'est ça de faire les choses à l'arrache...

Bref, il est 18h 30, nous sommes debout et marchons depuis 6h du matin, il est hors de question de refaire les 2h de route en sens inverse, nous n'avons plus assez de force. Et en même temps nous refusons de payer aussi cher pour vivre comme des vagabonds et profiter de ce qui, à nos yeux, appartient à tout le monde! De guerre lasse, le gérant finit par nous autoriser à nous installer et si on ne veut pas payer, tant pis ! La situation est gênante mais nous ne nous le faisons pas répéter deux fois et plantons la tente avant qu'il ne change d'avis!

Jour 3: Camping Piedra del Fraile / Paso guardina / camping Poincenot

Dist : 21 km / dev +: 1460 / dev -: 1300 / temps : 10h30

Une grosse ascension nous attend, or les gardes annoncent de la pluie tout l'après-midi. Du coup, rebelote, à 6h15 nous sommes sur la route, le soleil est encore timide mais nous préférons partir tôt pour ne pas nous faire surprendre par le mauvais temps en montagne.

La montée est longue et raide, mais plus nous prenons de la hauteur et plus les paysages se dévoilent. Et même si le vent est violent et glacial, le soleil est là et nous comptons bien en profiter! Et puis, encore une fois, le spectacle en vaut la chandelle...

Nous redescendons vers 13h au campement, le temps de se remplir la panse et de faire une petite sieste et 2h après nous voilà repartis! Une longue marche nous attend puisque nous voulons retourner au camp Poincenot, mais pour l'instant le temps est toujours de la partie...

Plutôt que de prendre le même chemin qu'à l'aller, nous choisissons d'emprunter un sentier qui figure sur notre carte mais qui a été fermé par la guardia. Un panneau "Glaciar, peligroso!" est là pour dissuader les moins téméraires mais nous n'avons pas de temps à perdre alors nous fonçons... Le chemin passe par la forêt et permet d'observer les piverts tout en mangeant des myrtilles, sympa !

Les choses se gâtent vers 17h, au moment où une pluie torrentielle se met à tomber, doublée d'un vent qui souffle par rafales. Nous avançons à deux à l'heure. Nous sommes transis de froid, épuisés par notre marche du matin et la crainte de devoir rebrousser chemin et de se retrouver coincés par la nuit dans une forêt pleine d'arbres abattus par le vent n'est pas pour nous rassurer...

Et puisque ça peut toujours être pire, Myriam se rend compte après avoir traverser deux rios que le vent a emporté la cover-rain qui protège son sac de la pluie! Tout va être trempé, c'est parfait !

Le moral file direct vers les chaussettes et l'envie de se mettre en boule derrière un rocher et d'attendre que ça passe se fait de plus en plus vive (mauvaise option puisque ça mettra 10h à passer hein...). Heureusement Renan ne se laisse pas abattre et c'est avec l'énergie du désespoir que nous reprenons la marche pour arriver 2h plus tard au camping!

Il pleut toujours des cordes, nous nous empressons de planter la tente et, au moment où nous avons terminé, une illumination subite: "Dis, regarde la tente d'à côté, ce serait pas les crétins du premier soir?? On dirait le même rire débile ! "

Verdict?

C'était bien eux... Et bien, même sous la flotte ils ont réussi à mettre le bordel jusqu'à minuit, réveillant en nous une sombre envie de lacérer leur tente avec le couteau suisse...

Jour 4: Camping Poincenot à El Chalten

Dist: 14kms / dev + : 300m / dev -: 600m / temps : 4h

Malgré les fortes émotions de la veille, nous mettons le réveil à 6h30 afin d'éviter la foule que nous avions vue deux jours plus tôt...

Encore une fois, bien nous en a pris! Nous sommes sept lorsque nous arrivons devant le Fitz Roy après 45min du grimpette... Une fois repus de ce spectacle magnifique, qui n'est pas sans rappeler les célèbres Torres du Chili, nous redescendons tranquillement faire sécher nos affaires au soleil.

Puis nous repartons pour 2h de marche vers El Chalten, salivant déjà à l'idée de la bonne parilla qui nous attend même si, pour l'heure, nous sommes encore aux bolino!

Après ces 4 jours sportifs nous avons besoin de nous poser un peu et trouvons pour deux jours un camping pas cher (et bien pourri!) à l'entrée de la ville. Le temps tout gris et venteux du jeudi nous permet de planifier la suite du périple, de bien manger et d'aller faire une balade de 40min pour aller voir des condors.

Mais bon, y'en a une qui a toujours la bougeotte et dès vendredi c'est reparti pour une randonnée à la journée ! La carte annonce 9h de marche aller/retour mais tous les temps sont surévalués ici donc même pas peur! Après le petit déjeuner idéal du sportif, nous voilà partis à l'attaque du Loma del Pliegue Tumbado. Le temps est superbe et sans nos sacs de randonnée sur le dos nous courons presque sur les chemins ! Il nous faudra 4h aller/retour pour faire cette jolie balade où les 1000m de dénivelé se font sans efforts (ou presque ! )

C'est donc sur cette belle randonnée que nous terminerons El Chalten. Au final, c'est une étape qui n'est ni pire, ni mieux que le Torres del Paine. Sa position centrale, qui permet de faire des randonnées à la journée pour voir les principaux sites et ensuite de rentrer boire une bière, manger des pizzas et dormir au chaud en fait une vraie fourmilière à touristes puisque, qui dit facile d'accès dit beaucoup de monde. La gratuité des campings extérieurs à la ville favorise également cette affluence...

Les paysages quant à eux, sans être tout à fait les mêmes, se valent et sont aussi sublimes dans un parc que dans l'autre. Par contre, point essentiel, on y mange très très bien et pour des prix corrects!

A présent il nous tarde de voir autre chose!

13

Après avoir terminé notre dernière randonnée à El Chalten, notre itinéraire nous amène à repasser la frontière en direction du Chili.

Deux possibilités s'offrent à nous: prendre un bus, ce qui nous oblige à faire un gros détour pour ensuite revenir sur nos pas, le tout en 13h et pour 70€, ou alors, en donnant un peu de notre personne, une autre solution consiste à rejoindre le Lago del Desierto, situé à 37 km d'El Chalten, à le longer sur 12kms jusqu'à atteindre le poste de douane argentin et ensuite marcher 20km supplémentaires pour rejoindre la douane chilienne jusqu'à Candellario Mansilla. De là, un bateau nous amène à Villa O'Higgins en 2h30.

Seul petit problème, un français rencontré quelques jours plus tôt nous a appris que le bateau sensé faire la navette est tombé en panne et que les deux plus petits qui font également la traversée deux fois par semaine sont régulièrement annulés à cause du vent violent! Il a ainsi dû attendre une semaine à Villa O'higgins avant de pouvoir venir! Ça promet! Surtout que, selon lui, du côté où nous serons il n'y a rien, ni commerces, ni infrastructures donc pas moyen de se ravitailler...

Alors, plan galère ou plan pas galère ? ?

Et bien, comme nous avons tous deux le goût du risque (et surtout nous avons du temps devant nous!), nous choisissons de partir avec une semaine d'autonomie sur le dos direction le Lago del Desierto!

Ainsi, à peine redescendus du Loma del Pliegue Tumbado qu'il nous faut repartir pour 37 kms de marche si nous voulons atteindre l'embarcadère à temps pour le prochain ferry, soit lundi. Nous sommes vendredi et il est 17h, pas vraiment le meilleur créneau pour faire du stop en direction d'un cul de sac ! Et en effet, toutes les voitures arrivent en sens inverse!

Par chance, après 30 min de marche, un automobiliste s'arrête et propose de nous avancer de 10kms! Parfait, c'est presque 3h de gagnées à pieds! Mais après ça, plus moyen de trouver un stop, les voitures se font de plus en plus rares et la nuit commence à tomber... Après 10kms supplémentaires, nous déclarons forfait. La blonde boite et il reste encore trois bonnes heures avant d'arriver au lac.

Heureusement, nous trouvons un petit bout de terrain plat et plantons la tente en vitesse derrière un bosquet à 10 mètres de la route, sans voir que nous nous trouvons juste derrière un marais... Et là, gare aux moustiques ! A peine le temps de baisser sa culotte pour pisser qu'une dizaine de boutons idéalement situés ont fait leur apparition !

C'est la guerre! Sauf que ce ne sont pas les moustiques qui nous empêcheront de sortir le lendemain, c'est la météo ! Il pleut des cordes sans discontinuer, impossible de faire un pas dehors sans être trempé de la tête aux pieds ! La faim finit par nous faire sortir de notre tanière vers 13h. Nous profitons d'une brève éclaircie pour ranger tout le matos et repartons sur la route en mode chiens mouillés, résignés à faire les 15kms qui nous restent à pieds.

Nous levons le doigt sans conviction quand une camionnette, conduite par un couple de jeunes argentins, s'arrête et propose de nous prendre à l'arrière! C'est inespéré ! Grâce à Gonzalo et sa chérie nous avons une chance d'atteindre le camping qui se trouve à l'autre bout du Lago del Desierto, à 4h30 de marche!

L'aventure commence dans les sous-bois, sur un sol boueux aux racines traîtresses. Ça monte et ça descend inlassablement. Avec notre semaine d'autonomie sur le dos, nos sacs nous paraissent lourds et rendent la marche pénible. Et l'effort n'est même pas compensé par la vue qui pourrait être jolie si ce n'était pas aussi couvert (en vrai c'est joli quand même hein! Il est trop tôt pour être blasé ! )...

Lago del Desierto

Lendemain, rebelote ! Le temps est tout pourri! Nous traînons sous la tente jusqu'à midi et finissons pas sortir de mauvaise grâce. Il y a 20kms à parcourir jusqu'au poste de garde chilien, ce n'est pas grand chose, mais la pluie nous ôte toute motivation et toute énergie. Nous sommes fatigués sans faire d'effort, affamés alors que nous mangeons la même quantité que d'habitude, tout est déréglé... Le terrain est toujours aussi boueux et glissant, les chutes nombreuses (surtout pour la grosse maladroite qui n'en rate pas une pour tester sa robustesse ! ).

Nous réalisons que c'est la onzième nuit consécutive sous tente, ça commence à faire beaucoup... Ajoutée à la pluie continue, le moral en prend un coup! Heureusement, en fin d'après-midi le soleil fait une apparition timide qui nous permet de faire sécher nos affaires, de nous prélasser un peu et de faire une pause myrtilles!

Deux heures plus tard nous arrivons au poste de douane où l'on nous annonce que le bateau du lendemain est maintenu mais qu'il y a peu de places et que, étant les derniers arrivés, nous sommes sur liste d'attente. La bonne nouvelle c'est qu'un autre bateau devrait passer mardi, ce qui ne repousse notre départ que d'un jour si tout va bien! La mauvaise c'est qu'il n'y a qu'un endroit où camper et c'est payant! Pas cool quand on sait que l'on peut rester coincé plusieurs jours... Au moins, il y a un gîte où l'on peut prendre un repas simple mais chaud, nous ne risquons pas de mourir de faim!

Le lendemain, nous sommes 25 à guetter le bateau pour 17 places! Il finit par arriver vers 11h et repartira, une heure plus tard... sans nous! Il nous faudra attendre le suivant sauf que les pronostics ont changé, la météo ne sera pas bonne avant mercredi, voire jeudi... Qu'à cela ne tienne, nous en profiterons pour bouquiner, faire des lessives et prendre une douche... froide! (Enfin, seulement pour Myriam qui n'a pas pris le temps de comprendre comment elle fonctionnait! )

De retour au Chili!

Mardi: après une journée à glander et à jouer aux cartes avec le reste de la communauté, nous sommes de nouveau au taquet, sauf qu'aucunes nouvelles quant au prochain bateau... De nouveaux randonneurs ont fait leur apparition.

Afin de ne pas tourner en rond, nous décidons de nous dégourdir les jambes une petite heure et partons faire un tour qui durera... 6h! En vrais professionnels de la randonnée, nous n'avons pris ni eau ni bouffe avec nous et Myriam est en sandales! Bref, nous manquons quelque peu de crédibilité quand nous tombons sur Selina, la suisse, et Alfredo, le basque, qui sont dans la même galère que nous depuis dimanche et sont partis avec les mêmes intentions !

Nous nous joignons à eux pour une balade hors des sentiers battus (sous-entendu nous nous sommes perdus un bon nombre de fois!) vers la Bahia Esmeralda.

Bahia Esmeralda

Malgré le manque de balisage du terrain et les ronces omniprésentes (parfait pour ne plus JAMAIS "oublier" ses chaussures de rando !), ça valait le coup! Surtout qu'en revenant au campement la guardia nous informe qu'il n'y a pas eu de bateau aujourd'hui, donc pas de regrets ! "Pero, quisas mañana...", le "peut-être" n'est pas pour nous rassurer, mais nous gardons espoir, même si certains commencent à être à court de vivres...

Nous nous fournissons tous en œufs, pain et confiture de framboises au gîte en bas du camping, qui, bien évidemment, nous les fait payer une fortune et essaye de nous arnaquer à chaque fois... Toujours agréable de voir que la détresse de certains profite à d'autres...

Mercredi: aujourd'hui encore, on nous fait espérer un bateau qui ne viendra pas... Du coup nous restons tous coincés au camp, guettant le large comme des naufragés ! Les nerfs commencent à être à vifs. Nous sommes maintenant une trentaine à attendre, la situation est pesante. Nous sommes les plus anciens et donc les plus désabusés. Nous avons l'impression que les gardes prennent un malin plaisir à nous donner des informations erronées, peut-être pour se venger d'être dérangés toutes les 30 min par des randonneurs désespérés...

Et parce que ça peut toujours être pire, une bourrasque de vent vient fendre en deux l'un des arceaux de notre tente, déchirant par la même occasion la toile ! Heureusement, Alfredo et Renan parviennent à rafistoler le mât, nous aurons donc un toit sur la tête pour la nuit à venir, mais jusqu'à quand??

Il est vraiment temps que l'on quitte ce trou perdu! Demain normalement, mais ici on ne peut jurer de rien... Heureusement la journée se termine sur un splendide coucher de soleil qui donne au campement un air de tableau surréaliste !

Jeudi: 9h30. Ça y est, nous voyons le bateau à l'horizon ! ! ! Chacun se rue sur sa tente même si beaucoup ne partirons pas puisque nous sommes 40 pour 17 places... Heureusement, la liste des passagers se base sur l'ordre d'arrivée... Étant dans les plus anciens nous savons que notre place est assurée ! Nous allons enfin pouvoir passer à autre chose! Et, après une semaine coupés du monde et quinze nuits consécutives en tente, nous savons d'ores et déjà que ce soir nous dormirons dans un vrai lit et que nous fêterons notre libération au restaurant, accompagnés de nos compagnons de galère!

14

Après 2h30 d'une traversée plutôt agitée nous sommes arrivés au bout de la célèbre Carretera Austral! Plus que 8kms de bus pour parvenir enfin à Villa O'Higgins. Le retour à la civilisation se fait en douceur puisque nous avons l'impression d'avoir débarqué dans une ville morte... En même temps, ça ne fait que dix-neuf ans que le village est relié au reste du pays par la Carretera Austral! Ici, l'Etat donne des subventions aux habitants pour les inciter à rester, c'est dire! On pourrait se croire dans un western avec ces rues désertes, seulement parcourues par des chevaux, des poules et des chiens errants ! Une atmosphère qui n'est pourtant pas sans charme..

Avant que chacun ne reprenne sa route, nous nous retrouvons tous pour une dernière soirée, histoire de fêter la fin de notre mésaventure! Ce rendez-vous occasionnera malgré lui une forte hausse de la délinquance à Villa O'Higgins puisque, après 30min à peine, nous voilà délogés par la police du parc où nous avions élu domicile... (au Chili ils ne rigolent pas avec l'alcool sur la voie publique!)

Quant à nous, nous avons encore une journée à tuer avant le bus qui nous conduira à notre prochaine destination. Nous en profitons pour faire une petite balade de 5h afin de libérer la tension accumulée ces derniers jours... Nous serons accompagnés de Stinky pour l'occasion, notre chien à dread!

15

C'est avec impatience que nous pénétrons dans le bus qui nous conduira à Caleta Tortel... Il est 8h30, tout étant fermé dans la ville morte, nous partons le ventre vide sans savoir que le chauffeur du bus est en fait un fou du volant, accro à l'accélérateur malgré l'étroitesse de la route et la succession de virages en épingle! Le trajet, en dépit de la vitesse, nous paraîtra interminable et nous verra passer du blanc au verdâtre! Heureusement, l'arrêt pour prendre le ferry sera salutaire et permettra d'éviter une exposition peu ragoûtante de nos entrailles! Tout le monde n'aura pas cette chance...

C'est soulagés que nous arrivons à Caleta Tortel, jurant que nous ferons le reste du voyage à pieds ou en vélo (...ben voyons !). Ce village de pêcheurs, construit tout en hauteur, n'est relié à la Carretera Austral que depuis 2003 et semble figé dans le temps. Entièrement monté sur pilotis et relié par un système de passerelles, il offre un charme insolite et suranné. Les touristes y viennent pour la journée mais n'y restent guère plus car aucune infrastructure n'est adaptée pour les recevoir en masse, ce qui en fait un lieu encore très préservé ! (Plus pour longtemps au vu des constructions en cours...)

Ayant choisi de planter la tente au camping municipal gratuit situé au bout de la ville, nous en profitons pour nous imprégner de cette atmosphère de village sereine, qui invite à la paresse. De toute façon, il n'y a rien d'autre à y faire, ni commerces, ni loisirs. Un bon livre pour passer le temps et en guise de restaurant un repas chez l'habitant suffisent largement ! Cette petite halte en bord de mer nous offrira un bon bol d'air frais !

Caleta Tortel
16

Après 2h30 de bus, nous voilà rendus à Cochrane, le point de départ de notre prochaine randonnée. Cette fois, nous projettons de rejoindre la ville de Chile Chico, située à 154km à vol d'oiseau... à pieds! L'itinéraire nous ferait passer par trois parcs nationaux différents, réputés pour leur faune et la beauté de leurs paysages. Malheureusement, ce circuit n'étant pas touristique, peu d'informations circulent à ce sujet et aucune carte n'existe qui permettrait de planifier la totalité de notre parcours... A en croire les agences, l'itinéraire que nous avons trouvé sur Maps.me et Mytrail n'existe même pas! Ça promet!

Nous décidons donc de nous préparer en conséquence et prévoyons de partir avec une semaine de vivres. Renan a la bonne idée d'expédier nos affaires inutiles dans une poste restante, nous permettant ainsi de gagner 3,5kg sur nos sacs! Poids vite remplacé par des fruits secs, des gâteaux et du chocolat (nous ne voulons surtout pas risquer la pénurie et une nouvelle crise façon Lago Desierto!).

Nous en profitons également pour nous procurer de quoi renforcer notre maison étant donné que certains arceaux menacent toujours de céder : du tube gaz 3/4 fera l'affaire... Après un dernier repas copieux et les embrassades de rigueur à la sympathique Ana Luz, chez qui nous avons logé, nous voilà en route pour la Reserva Tamango, située à 4kmS de la ville.

Jour 1 : de Cochrane à la Laguna Cangrejo

Dist : 8km / dev +: 900m / dev -: 50m / temps: 3h

Une fois arrivés à l'entrée (merci à Diego pour les 2kms gagnés !) et nous être acquittés du droit de passage, nous demandons au garde ce qu'il pense de notre itinéraire. Sans hésiter, il nous annonce qu'il est impossible et que le seul moyen de rejoindre le second parc, situé à 20kms, est de faire du stop! Mais comme, selon Renan, le stop c'est pour "les backpackers de mer**" (nous venons à l'instant d'en faire, mais nous fermerons les yeux sur ce détail...) et que les gardes ne connaissent pas leur propre parc et se cantonnent eux mêmes aux sentiers balisés, nous n'y accordons pas grande importance... Ce fût notre première erreur.

Il est 16h lorsque nous attaquons les 3h de montée, rendue pénible par nos sacs pleins à craquer. Mais plus nous prenons de la hauteur et plus les couleurs automnales de la forêt ressortent, offrant de magnifiques contrastes qui, associées à la chaleur, nous plongent en plein été indien! Et dire qu'il fait -8 à Paris... Après avoir traversé une forêt d'arbres poilus, nous finissons par nous poser au bord de la laguna Cangrejo. Nous n'avons croisé personne et campons seuls pour la première fois depuis longtemps, un vrai bonheur!

Jour 2: de la Laguna Cangrejo à la Laguna sans nom

Dist: 26km / dev +:600m / dev -: 800m / temps : 7h30

Ouille! Le réveil matinal pique un peu! Il fait froid et l'endroit est très humide, heureusement le soleil pointe son nez et permet de sécher un peu la tente! En tout cas, c'est l'une des nuits les plus tranquilles que nous ayons passé depuis le début du voyage ! Juste le bruit des oiseaux pour nous bercer, il n'y a rien de plus agréable ! Les 250m qu'il nous reste à monter nous amènent sur un joli lac de montagne, mais le plus beau se trouve dans la descente lorsque nous longeons des lagunes aux eaux turquoises, avec vue sur les montagnes enneigées et sur une multitude d'étangs.

Et, tandis que nous allons de merveilles en merveilles, le clou du spectacle fait son apparition ! Des guanacos sauvages (mais pas farouches pour autant!)! Ça fait deux mois que la blonde les guette en vain ! Le bonheur est à son comble !

Et le bonheur, ben ça rend idiot! Nous sommes à un point décisif de la randonnée : soit nous rejoignons la route et faisons du stop jusqu'au Parque Patagonia, soit nous empruntons le chemin qui "n'existe pas" en franchissant la montagne d'en face et faisons un gros détour pour rejoindre ce même parc à pieds par les sentiers... Or, dans un accès de faiblesse et, parce qu'elle a vu ses foutus guanacos et que le reste ne compte plus, Myriam laisse à Renan la responsabilité de décider de la suite du parcours et comme "la route c'est pour les backpackers de mer**", le choix était vite vu! Ce fût notre deuxième erreur...

Nous marchons 2h30 supplémentaires pour arriver à un étang où nous décidons de planter la tente. Le cadre est idyllique et comme nous sommes seuls encore une fois nous en profitons pour nous laver, faire une lessive et un feu! Cette journée touche à la perfection !

Jour 3: de la Laguna inconnue au no man's land

Dist: 20km / dev +: 700m/ dev -: 400m/ temps : 8h

Mais les choses se corsent le lendemain... Notre application nous indique qu'il n'y a pas de point d'eau avant 28kms... Il va nous falloir marcher vite si nous voulons atteindre le lac avant la nuit! Par précaution, nous faisons le plein avant de partir et nous chargeons de presque 6L, de quoi faire la cuisine et nous abreuver jusqu'au lendemain. Le sac n'a jamais été aussi lourd!

Mais la vraie difficulté commence lorsque, après avoir marché 1h30, nous tombons sur un refuge perdu au milieu de nulle part... L'endroit est charmant sauf qu'à partir d'ici le chemin disparaît complètement! Les traces GPS nous mènent au milieu des broussailles et se dirigent vers la forêt... Et au lieu de songer à rebrousser chemin, comme n'importe quelle personne sensée, nous nous obstinons à avancer, convaincus que le chemin va réapparaître d'un coup !

Ce fût notre troisième erreur puisque le chemin mettra deux jours à se rematérialiser... Deux jours de marche à l'aveugle, à sortir le portable toutes les 3 minutes pour voir si nous sommes dans la bonne direction, à escalader des obstacles en permanence, à pousser notre corps dans ses retranchements, à l'écorcher dans les fourrés d'épineux, à le tordre dans la pierraille...

Il est où l'chemin, il est oùùùù ? Il est pas làààà !

Nous faisons du 1,5km/h, la montée dans les sous bois est un véritable calvaire! Tout ça pour nous rendre compte en arrivant au sommet qu'il y a un lac! Pas d'eau? Vraiment ? ? C'est quoi cette blague??? Nous nous sommes chargés comme des bourricots pour rien! Bon, par chance, nous trouvons en chemin de délicieuses fraises ce qui aide à relativiser cette déconvenue ! Après tout, "quand l'estomac va, tout va!"

Bon à part ces "quelques" lacs il n'y avait pas d'eau hein...😬

A 18h, nous arrivons à bout de forces sur une zone suffisamment plate pour planter la tente et décidons d'en rester là pour aujourd'hui. Nous avons fait 17kms au lieu des 28 prévus...

Jour 4: du no man's land au camping Casa Piedra

Dist : 11km / dev +: 800m / dev -: 1000m / temps : 9h

Aujourd'hui nous sommes préparés à la difficulté du terrain. Nous savons qu'il nous reste 11kms à parcourir dans les mêmes conditions que la veille... Pour autant ce ne sera pas plus facile...

Et vient la chute de trop, celle où l'on se dit qu'on a souscrit à une assurance voyage pour rien car de toute façon on va crever dans ce fossé pourri à cause d'une cheville un peu tordue et qu'on mettra des mois à retrouver notre corps parce que personne ne peut se douter qu'il y a des gens assez stupides pour s'aventurer dans des endroits aussi hostiles... Mais comme on n'est pas vraiment seule, arrive le chéri qui est là pour sécher vos larmes, essuyer vos coups de gueule et vous aider à vous relever, et c'est reparti !

Et après 3h de lutte pour faire 4kms, voilà que l'on quitte enfin cette forêt diabolique pour rejoindre le sommet et son terrain à l'horizon tellement dégagé qu'il n'y a plus besoin de chemin, il suffit de suivre la bonne direction ! En guise de récompense, une vue panoramique à couper le souffle qui fait oublier en un instant ces deux jours de galère !

Le sourire est revenu ! Mais pas longtemps... Alors que nous sommes en train de descendre 900m de dénivelé, Renan profite d'une pause myrtilles de Myriam pour disparaître de son champ de vision! Et là, c'est le drame! Il faudra 30min et de nombreux cris de détresse pour que la morfale retrouve le bon chemin! Si on ne peut même plus joindre l'utile à l'agréable... Et enfin, après trois nouvelles heures de marche : la délivrance ! ! !

Jour 5: du camping Casa Piedra à la forêt

Dist : 26km / dev +: 650m / dev-: 200m / temps : 8h

Maintenant que nous avons rejoint le sentier officiel, tout devrait être plus facile... Sauf qu'il nous faut composer avec un épanchement du genou, un autre qui est mal foutu, un début de cystite, des chairs douloureuses car à vif en raison des dizaines d'échardes venues se nicher en leur sein, un estomac complètement barbouillé qui lâche en permanence des pets foireux pas très dignes d'une princesse (le régime fruits secs-bolinos-chocolat serait-il à incriminer ? ?). Bref, nous sommes en train de relâcher toute la tension accumulée ces deux derniers jours et nos corps en profitent pour nous laisser tomber! Nous ne sommes pas au bout de nos peines ! Néanmoins le spectacle matinal est plutôt engageant...

La Valle d'Avilès

Mais au fur et à mesure que nous avançons, la fatigue et la monotonie des paysages nous accablent... Après ces trois jours particulièrement intenses, cette portion paraît bien facile, presque fade et ne nous stimule pas... Mais c'est sans compter sur l'apparition soudaine de plusieurs rio à franchir! L'eau à 5°C parvient à nous redonner un bon coup de fouet!

Petit problème lorsque nous arrivons au refuge où nous comptions dormir et qui s'avère être complètement écroulé... Il va falloir revoir nos plans et pousser un peu plus loin la recherche d'un terrain adéquat... Et la photo du jour revient incontestablement à Renan pour sa capture d'un huemul, cervidé en voie d'extinction que nous avions fini par croire purement légendaire à force de le guetter en vain depuis deux mois ! Il n'en reste que 50 spécimens dans le parc et l'un d'eux était parmi nous! Un spectacle rare et de toute beauté ! De quoi faire de beaux rêves...

Jour 6: de la forêt à l'entrée du parc Jeinemeni

Dist : 20km / dev +: 400m /dev - 400m / temps : 7h

Autant il était rigolo et rafraîchissant de franchir des rio la veille, après une journée à transpirer, autant le matin à 8h c'est un peu moins drôle... Pas facile de se mettre dans une eau gelée quand on n'est pas encore bien réveillé! Mais bon, quand faut y aller, faut y aller!

Il nous faudra passer une trentaine de rivières avant d'arriver au Lago Verde dont la couleur turquoise parvient à illuminer un ciel aux nuages de plus en plus lourds... Si lourds que la pluie finit par percer pour ne plus s'arrêter ! C'est trempés jusqu'aux os que nous terminons la randonnée ! C'est bête, c'était sensé être là plus jolie partie de l'itinéraire...

Par chance, nous croisons en chemin Juan Sebastian et Diana, deux fous venus s'aventurer au parc Jeinemeni par ce temps! Renan, qui, en cas d'extrême nécessité, ne rechigne pas à être un "backpacker de mer**" saute sur l'occasion pour leur demander de nous ramener avec eux à Chile Chico qui se trouve à 60 kms d'ici! Et c'est ainsi que nous trichons et choisissons le confort d'un lit et d'un repas chaud à la marche sous la pluie et dans le froid!

Moralité: le masochisme a ses limites !

Au final, cette randonnée est, selon les critères de Renan basés sur le taux de fréquentation, l'une des meilleures que nous ayons réalisé! Nous avons vu plus de condors que d'êtres humains au cours de ces six jours et avons évolué en parfaite liberté, campant où nous avions envie ce qui est plutôt rare par ici!

C'est aussi, l'une des plus difficiles et des plus dangereuses en raison de l'absence de chemin et paradoxalement c'est l'une des plus fortes et des plus intenses que nous ayons faite pour l'instant ! Nous finissons certes épuisés mais remplis de belles images et de souvenirs forts!

17

Aaaah! Qu'il est bon de retrouver la civilisation après 6 jours de galères ! D'autant plus que Chile Chico, avec sa situation en bord de lac, bénéficie d'un micro climat! Autant il pleuvait des cordes au parc Jeinemeni, autant ici le soleil brille et le ciel est bleu, incroyable !

Après avoir trouvé un petit appartement à un prix dérisoire, nous décidons de rester une nuit de plus, histoire de nous remettre de nos bobos respectifs et d'en profiter pour organiser la suite du périple.

Finalement, après avoir essuyé un cuisant échec en matière de stop (2h à attendre dans le froid constituent notre limite!), c'est trois nuits que nous passerons dans cette petite ville tranquille! Impossible de trouver un chauffeur maintenant que les vacances scolaires sont terminées... Nous nous résignons à réserver un bus pour le lendemain matin de peur de rester coincés un jour de plus et nous consolons en fêtant nos 2 mois de voyage dans un bon resto!

18

Direction Puerto Rio Tranquilo pour notre prochaine escale! Durant 4h le bus va longer le lac Carrerra, offrant de jolis paysages, jusqu'à arriver à cette petit ville qui porte bien son nom et qui abrite un site classé Monument National : la Capilla de Mármol.

Ces grottes de marbre, issues de l'érosion, ont la particularité d'avoir été lissées et polies par le ressac du lac et forment aujourd'hui une merveille naturelle dont les couleurs varient à chaque instant en fonction de la luminosité et de la réverbération de l'eau.

Vues depuis la plage de Rio Tranquilo

A peine descendus du bus que l'on se jette sur nous pour nous proposer un tour! Après tout, nous sommes là pour ça... Mais cette précipitation annonce déjà l'ampleur touristique du lieu... Après 3h30 à attendre que le vent soit favorable, c'est la ruée sur les bateaux ! Le créneau étant court, tout le monde part en même temps! A raison de dix personnes par barques et d'une dizaine d'embarcations, nous voilà à cent en quête des fameuses grottes!

Pas vraiment ce que nous préférons, néanmoins la navigation est sportive (le bateau saute littéralement sur les vagues ! ) et apporte son lot de sensations fortes qui nous ravissent et, malgré un temps couvert et une luminosité en berne, les grottes offrent un joli spectacle ! Dommage que nous soyons à la queue-leu-leu...

19

Après deux jours sans grand intérêt passés à Cohaique, nous voilà à présent à Puerto Chacabuco, petite ville portuaire dans laquelle nous attendons le ferry qui nous conduira en 30h à Quellon, situé sur l'île de Chiloe.

Cet archipel est réputé pour sa culture, très axée sur les mythes et légendes, son architecture typique, sa gastronomie et surtout pour ses églises colorées que l'on trouve par centaines.

Tous s'entendent à dire que l'île aurait des allures de Bretagne avec ses côtes sauvages, escarpées et... sa météo ! Et effectivement, ils annoncent une semaine de pluie, ça promet!

Bilan dans une semaine...

20

Renan ne voyant pas l'intérêt de passer du temps sur une île qui ressemblerait à la Bretagne (c'est vrai après tout, pourquoi aller à l'autre bout du monde pour voir ce que l'on peut trouver à quelques heures de chez soi??), cette étape sera celle de Myriam! Le "je" est donc de rigueur.

Alors pourquoi, à mon sens, faut-il faire un crochet par Chiloe?

Hormis le fait que tous les prétextes sont bons pour aller sniffer des embruns (et non, y'a pas que la montagne dans la vie!), qu'il paraît que, quand on y a goûté, "la Bretagne, ça vous gagne" et qu'un peu de bruine n'a jamais fait fondre personne, voilà ce que j'ai aimé dans cette étape haute en couleurs :

- La traversée: certes 30h de bateau c'est long, mais c'est reposant et ça permet de bouquiner, d'écrire un peu et surtout de voir des paysages magnifiques sous un autre angle ainsi que des animaux marins (pour nous, pas de baleines mais des dauphins, des phoques et des manchots tout de même ! )

... enfin, à condition de ne pas dormir tout le trajet évidemment ! 😜

- La visite des églises : et oui, malgré sa superficie de seulement 8300km2, on dénombre sur le petit archipel de Chiloe plus d'une centaine d'églises et de chapelles dont 16 sont classées par l'UNESCO comme appartenant au patrimoine culturel de l'humanité !

Ces vestiges de l'évangélisation, entreprise par les jésuites au 17ème siècle, ont la particularité d'être bâtis dans le plus pur style chilote, c'est à dire avec les matériaux du coin, j'ai nommé: le bois et la tôle! Ajoutez à cela une bonne couche de peinture et des associations de couleurs originales (et parfois hasardeuses...) et vous obtenez un rendu à la fois gai et engageant! Cela donnerait presque envie d'aller à confesse! Toujours est-il qu'à côté de cette architecture colorée, chaleureuse et sans faste, nos églises en grosses pierres me paraissent bien austère ! Et puis, dans une région où il pleut 305 jours par an, ces lieux de culte apportent une pointe de couleur bienvenue ! En voici un petit aperçu !

- son histoire empreinte de folklore, puisque l'archipel serait né de la lutte titanesque entre deux divinités: Cai-Cai Vilu et Ten-Ten Vilu, le premier cherchant à punir les hommes en provocant des inondations tandis que la seconde tente de les protéger en élevant des barrières, créant à chaque affrontement un nouvel îlot... (et la marmotte, elle met le chocolat dans l'papier hein?!) On y rencontre également la figure du Trauco, sorte de satyre lubrique séduisant de jeunes innocentes pour ensuite les violer dans les bois (pratique pour expliquer des grossesses hors mariage!), qui trouve son pendant féminin en la Viuda, sorte de veuve noire qui attire les hommes dans ses filets et les conduit à la mort pour se venger d'avoir été abandonnée par l'un d'eux. Et tant d'autres figures tout aussi passionnantes...

- sa gastronomie, à base de poisson et de fruits de mer, est fabuleuse ! C'est sans doute la meilleure que l'on ait eu l'occasion de déguster depuis le début du séjour, mais aussi la plus surprenante... Voici quelques spécialités que nous avons eu le plaisir de découvrir (enfin, surtout moi en fait, Renan n'étant pas un aventurier de la fourchette!) durant ces quelques jours: le curanto, plat chilote à base de palourdes, de moules, de coquillages, de saucisses, de lard, de poulet et de pommes de terre, servi avec un petit bouillon, ça fait rêver n'est ce pas? Et bien, aussi étrange que cela puisse paraître, c'est bon! Le cancato, quant à lui est une spécialité locale constituée de deux tranches de saumons disposées en sandwich et dans lesquelles on trouve un mélange d'oignons, de saucisses et de tomates, le tout nappé de fromage ! Miam! (bon, je sais, sur le papier ça ne fait pas rêver mais en vrai c'est pas si mal hein...). La pichanga, que les chiliens dévorent avec enthousiasme, accompagnée d'une bière et d'un match de foot, se compose d'une montagne de saucisses découpées en rondelles et de viande de vache, le tout recouvert de frites, d’œufs durs, de légumes vinaigrés, de pain avec mayonnaise et de fromage ! Sans doute la meilleure expérience culinaire aux yeux de Renan qui, suite à ça, a juré de ne plus jamais se laisser entraîner par ma curiosité! Je ne comprends vraiment pas pourquoi... Le ceviche, poisson ou fruit de mer cru, mélangé dans une marinade à base de jus de citron, de poivron, d'oignons, d'épices et d'herbes aromatiques, sans doute l'un des plats les plus goûteux du voyage, à déguster directement sur le marché du port! Le mote con huesillo, une boisson à base de blé cuit, de jus de pêche et de pêche séchée ! Très sucrée mais vraiment rafraîchissante, idéale pour le goûter puisqu'il y a à boire et à manger! Et bien sûr, de délicieux poissons cuits en toute simplicité, dans des proportions faramineuses et pour des prix dérisoires !

- profiter que la saison touristique soit terminée pour dormir dans de supers endroits à des prix riquiquis! Que ce soit dans des hospedaje à 20€ la chambre double (contre 35-40€ en janvier/février ! ), ou dans des campings vides où nous avons pu squatter la salle commune et dormir à l'abri pour 8€ puisque nous sommes quasiment les seuls backpackers de l'île ! Finalement nous n'aurons eu à planter la tente qu'une seule fois! En même temps, la météo et la vue ce jour là étaient une invitation qu'il aurait été honteux de décliner!

- les palafitos de Castro, ces petites maisons colorées construites sur pilotis et qui bordent la côte sont un enchantement pour les yeux et donnent l'impression de vivre les pieds dans l'eau, tout comme ces maisons en bois aux couleurs éclatantes, capables d'illuminer le ciel le plus gris et qui sont à l'image de leur propriétaire : accueillantes.

- ses paysages marins qui ont certes un petit air de déjà vu, mais dont je ne me lasse pas et qui me rappellent la maison...

Enfin voilà quoi... Ça fait tout de même quelques bonnes raisons de se rendre sur ce petit caillou qui, malgré ses airs bretons, reste très marqué par ses identités mapuche et chilienne!

Après, qui dit voyage, dit galères, imprévus et déceptions et, en dépit de tous ses bons côtés, Chiloe aura aussi eu son lot !

Nous avons commencé par nous arracher les cheveux pour déterminer comment nous allions circuler sur l'île ! Celle-ci a beau ne pas être très grande avec ses 180kms de long sur 50kms de large, il est impossible de l'explorer à pieds! La plupart des touristes y consacrent 3 jours et louent une voiture, ce qui est sans doute la meilleure option pour voir un maximum de choses en un minimum de temps, ou ils passent directement par des tours organisés afin de voir l'essentiel.

La première option étant hors budget et la seconde hors de question, nous avions pensé louer des vélos, mais les prévisions météo nous ont vite dissuadé de choisir cette solution ! (le vélo, c'est comme la marche, c'est sympa quand il fait beau sinon c'est juste la misère !) Et au vu des dénivelés nous n'avons pas eu à regretter ce choix... (pourtant, je comprends pas, ça avait l'air tout plat sur la carte!)

Nous avons donc opté pour le bus! L'ensemble de l'île est plutôt bien desservi et les trajets ne dépassent guère 1,3€, permettant ainsi de voguer de ville en village, à condition de ne pas être pressé! En effet, dès les deux mois de haute saison terminés et les touristes partis, l'île retrouve son rythme insulaire et tout est ralenti !

Nous avons ainsi dû attendre 1h30 un bus pour rejoindre Cucao, petite ville située sur la côte ouest de l'île, face au Pacifique et qui fait partie du parc national de Chiloe, réputé pour sa nature et son caractère sauvage. Le rêve ! Sur le papier tout du moins... Car en arrivant deux français nous annoncent que l'entrée du parc est au prix d'une nuit en camping et qu'il n'a vraiment rien d'exceptionnel!Génial, 1h30 de bus pour rebrousser chemin? Certainement pas! Nous décidons à la place de longer le pacifique jusqu'à un mirador que nous n'atteindrons jamais... En l'espace de 5min une pluie diluvienne nous trempe jusqu'aux os et nous oblige à nous réfugier dans un abri bus où nous déjeunerons, penauds et résignés à prendre un bus en sens inverse... On ne peut pas dire que nous n'étions pas prévenus !

Rebelote lors de notre escapade sur l'Isla Lemuy! Nous parvenons à rejoindre la pointe de l'île après avoir attendu presque une heure le bus, pour finalement nous rendre compte qu'il n'y a pas grand chose à faire dans ce coin là... Ah si, un beau mirador (payant bien sûr, on est au Chili hein, tout est privatisé ! ), idéal pour le pique-nique !

Or le prochain bus est dans 3h... Super! Il ne nous reste plus qu'à tenter la bonne vieille méthode : le stop! L'avantage d'être sur une petite île c'est que l'entraide est de mise! De stop en stop nous parvenons à rejoindre la ville où il nous faut attendre le bus qui nous reconduira à Chonchi, sur l'île de Chiloe ! Sauf qu'à peine arrivés, on se rend compte que Renan a oublié son portable sur le banc du dernier abri bus... Nous arrêtons en urgence une voiture et demandons à la conductrice de nous aider! Elle accepte de déposer Renan à 1km de San Augustín tandis que je reste à Puqueldón avec les sacs... Le temps passe, l'heure du dernier bus approche et toujours pas de chéri ! Je me ronge les sangs... Il a tout l'argent mais pas de portable et j'ai tout le matos mais pas d'argent ! Quelle bêtise de s'être séparés à un moment critique ! Heureusement, le bus pour Chonchi arrive et Renan, victorieux, est à l'intérieur ! Tout est bien qui fini bien... pour cette fois!

Nous faisons la même erreur en nous rendant deux jours plus tard à Tenaún, dernière ville au bout de la route... Nous sommes coincés pour 6h et préférons tenter de nous déplacer de ville en ville plutôt que d'attendre bêtement... C'est ainsi que nous découvrons par hasard la jolie cascade de Tocoihue (privatisée bien sûr ! ) à côté de laquelle nous déjeunerons avec, en guise de dessert, des mûres succulentes ! (Elles poussent en abondance sur l'île et sont bien meilleures que les myrtilles!!)

Nous aurons ensuite la chance de tomber sur Patricio et Rosalia, un couple de chiliens en visite pour quelques jours sur Chiloe et avec qui nous irons découvrir l'Isla Aucar avant d'être déposés à Quemchi. Cette petite île, baptisée "l'île des âmes des navigateurs" par Francisco Coloane en souvenir de tous les marins disparus en mer, est rattachée à Chiloe par une passerelle et possède une atmosphère propice au recueillement.

Finalement, grâce à la gentillesse et à la bienveillance des chiliens, même les galères se transforment en bons souvenirs ! Il n'y a que contre le mauvais temps que nous ne pouvons pas lutter et comme ils annoncent de la pluie pour les 6 prochains jours, nous décidons d'abréger notre séjour et de modifier tous nos plans afin de voguer en direction du soleil et de la chaleur!

Les retrouverons nous??? Affaire à suivre au prochain épisode... 😉

21

Ça y est, après cinq jours sur Chiloe, nous quittons Ancud pour Puerto Montt, grosse ville carrefour qui nous permettra de prendre un bus vers notre prochaine randonnée !

Adolfo, le gérant du camping où nous avons passé notre dernière nuit, nous a mis en garde sur les dangers de cette cité, mère de tous les vices ! A l'entendre, on aurait presque l'impression de se rendre à Gotham City!

Et bien, nous n'aurions pas dû prendre ses avertissements à la légère... 2h de bus ont suffi pour que l'on nous dérobe la polaire et la veste en gore-tex de Renan, laissées sur le porte-bagages... Valeur du larcin: 400€! En dix ans de voyages, c'est la première fois que ça nous arrive! Par chance, le portefeuille ne s'y trouvait pas cette fois! Ne nous reste plus qu'à faire les boutiques afin de remplacer ce qui a disparu...

Mais partout où nous entrons, impossible d'essayer quoi que ce soit sans l'intervention d'un vendeur, tout est antivolé directement au portant, c'est du jamais vu ! Et quand Renan a le malheur de poser son sac à terre pour un essayage, la vendeuse le regarde atterrée et le prévient qu'il ne faut surtout jamais faire ça ici! Bonjour l'ambiance, ça annonce la couleur...

Une fois la nouvelle veste imperméable dégotée (Renan pleure intérieurement la gore-tex troquée contre ce k-way haut de gamme à 120€...) nous décidons de fuir cette ville au plus vite et prenons un bus de nuit qui nous conduira vers le nord.

Adieu Bariloche, Pucon et Villarica! Tous ces noms qui font rêver le randonneur et qui sont vendus par les guides comme le must du trekking. Les prévisions météo désastreuses nous font renoncer à toute tentative de nous y rendre. Si l'on veut du soleil, il nous faut quitter la Patagonie...

22

Après 11h de bus, nous voilà rendus à Talca. Renan nous a dégoté une petite randonnée de 100kms qui traverse les volcans à 2h de là. Assez peu d'informations circulent sur le net, ce qui est bon signe et annonce un endroit peu fréquenté. Ne reste plus qu'à trouver une carte et glaner ce que l'on peut à l'office du tourisme!

Mais avant de nous lancer dans les hostilités, nous décidons de nous soigner un peu et de profiter du temps magnifique chez Luis, qui tient une hospedaje avec piscine que nous avons eu pour une bouchée de pain! Ça valait le coup de modifier nos plans pour suivre le soleil!

Malheureusement nous déchantons dès le lendemain... Il pleut des cordes et les nuages, bas et lourds, ne laissent pas espérer d'amélioration.Tant pis, nous ne pouvons pas nous permettre de repousser le départ et partons donc pour 2h de bus, direction Vilches Alto.

Arrivés à l'entrée du parc Altos de Lircay, nous sommes accueillis par un gardien effaré de voir deux fous furieux, trempés jusqu'aux os, venus marcher par ce temps! Embêté, il nous annonce que le parc est fermé à cause de la mauvaise météo et qu'il est dangereux de s'aventurer sur les sentiers... Génial ! Ça fait deux semaines que nous n'avons pas randonné et les dernières galères nous ont laissé quelque peu amers, il est donc hors de question que nous subissions un nouvel échec !

Après quelques négociations, il nous autorise à rester au camping situé à l'entrée du parc afin que nous attaquions le trek le lendemain. Vendu! Il est 16h30 quand nous nous glissons dans la tente, impatients qu'un nouveau jour se lève sous de meilleurs auspices. Plus que 14h à attendre, ça va être long...

Jour 1: Du camping Antahuara au pied du volcan Descabezado Grande

Dist: 30km / dev +: 1300m / dev -: 1000m / temps : 9h30

Il est 7h30 lorsque nous nous mettons en route. Le ciel est dégagé et le soleil commence à poindre, c'est parfait ! Nos affaires de la veille étant encore trempées, Myriam tente une nouvelle méthode de séchage... pas très efficace malheureusement!

La montée en forêt est progressive et plus nous prenons de l'altitude, plus les arbres se font rares, nous offrant un panorama époustouflant sur la vallée. La pluie de la veille a laissé les sommets enneigés, créant une palette de couleurs variées qui sont un pur régal pour les yeux!

À 13h nous arrivons à un campement cerné de mûres, idéal pour une pause déjeuner ! Nous venons de marcher 20kms, il nous en reste encore dix si l'on veut arriver au pied du volcan avant la nuit et nous sommes affamés ! Pour la première fois en deux mois et demi de randonnées, nous nous offrons le luxe de spaghettis sauce bolo! Un repas des plus savoureux lorsque l'on est habitué aux pâtes à l'eau !

Nous rencontrons alors Pedro, un sympathique gaucho ayant l'habitude de sillonner le parc à cheval, qui nous apprend que l'itinéraire que nous avons prévu est dangereux en raison de la neige! Certains sentiers ne sont plus praticables et l'ascension du volcan, avec son sommet à 4000m, est juste à oublier!

Nous sommes complètement dépités par ces nouvelles et décidons de voir par nous mêmes ce qu'il en est avant de prendre une décision... Heureusement la beauté des paysages et la promesse des thermes situées au pied du volcan nous font relativiser.

Effectivement, plus nous nous rapprochons et plus nous prenons conscience que la neige est partout sur les hauteurs. Nous n'avons pas envie de prendre de risques inutiles et renonçons à notre projet d'ascension (Myriam avec moins de regrets que Renan sans doutes...). En guise de thermes, une petite flaque d'eau tiède nous attend ! 30kms pour ça ? ? Sniff!😢 Heureusement il y a un refuge, ce qui nous permet de faire un feu et de dormir à l'abri du vent!

Jour 2: Du volcan Descabezado Grande au rio Blanquillo

Dist : 8km / dev +: 500m / dev -: 0m / temps : 4h

Le lendemain, le lever de soleil illumine toute la vallée. Le panorama est incroyable, les dunes de sable côtoient les montagnes, les volcans enneigés et une prairie irriguée! Étonnant de voir autant de diversité sur un même plan!

Nous attaquons gentiment l'ascension dans le sable et la roche, mais déjà, à seulement 2200m, le paysage se recouvre de neige... Nous imaginons sans peine ce que ça doit être à 4000m d'altitude!

L'avancée dans la neige complique les choses, nous ne sommes pas vraiment équipés et nous allons lentement. Et comme si cela ne suffisait pas, une violente douleur à la jambe tétanise Renan! Chaque pas est une torture! La blonde essaye de le soulager en prenant son sac... mais renonce au bout de 200m!

Afin de limiter la casse, nous décidons de nous arrêter au prochain campement possible, en espérant qu'un peu de repos permettra à nos corps, poussés à bout lors de cette première journée, de récupérer. Il nous faudra 3h pour faire les 3kms qui nous séparent de notre futur bivouac...

Décidément, les choses ne se passent pas vraiment comme prévu... Cette pause forcée pourrait s'avérer dangereuse... En effet, ils annonçaient de grosses pluies pour jeudi, or, ici, qui dit pluie, dit neige. Et nous avons encore deux paso de 2700m à franchir d'ici là! Plus que deux jours devant nous!

Cette randonnée est en train de se transformer en course contre la montre... Si nous n'y parvenons pas, nous risquons de nous retrouver coincés par la neige sans possibilité de retour en arrière et sans moyen de prévenir qui que ce soit: bonjour l'angoisse !

Et comme si cela ne suffisait pas, le portable de Renan refuse de se recharger à la powerbank et reste désespérément éteint ! Or, c'est notre principal moyen d'orientation depuis le début du voyage! Nous nous fions constamment au GPS et aux cartes téléchargées, d'autant plus indispensables aujourd'hui que nous sommes dans un endroit où le sentier est recouvert par la neige... Ça ne pouvait pas plus mal tomber! C'est moi ou le sort s'acharne ? ?

Heureusement que nous avons acheté une carte 1/100 ! Le moment de tester les compétences de Renan en matière d'orientation à la boussole est enfin arrivé... Ce sera son heure de gloire... ou notre perte! Enfin, pas de panique, demain est un autre jour...

Jour 3: Du rio Blanquillo à l'Estero Volcán

Dist: 16km / dev +: 550m / dev -: 750m / temps : 8h

Étant donné le ralentissement de notre rythme et la jambe estropiée de Renan, nous préférons partir tôt afin de mettre toutes les chances de notre côté pour rejoindre notre prochain campement. Par chance, le portable a réussi à charger durant la nuit et s'est rallumé! (Finalement ce sera plus facile que prévu, Renan est un peu déçu...) Il va falloir être économes sur la batterie à présent...

Le réveil à 2300m d'altitude picote un peu, surtout quand il sonne à 6h30, mais au moins ça met direct dans l'ambiance !

La chance que nous avons, c'est ce soleil qui tape sans discontinuer depuis trois jours, tassant la neige fraîche lorsqu'elle est épaisse et la faisant fondre sur les zones les plus fines, facilitant ainsi notre avancée.

Nous ne sommes pas mécontents lorsque, en redescendant, la neige se raréfie car, même si c'est rigolo de marcher dans la poudreuse, c'est surtout éreintant ! Et puis, même si c'est très beau, ça uniformise complètement les paysages! Or, le décor dans lequel nous évoluons a mille teintes à offrir...

Alors que nous venons tout juste d'admirer un aigle du Chili, nous tombons par surprise sur un groupe d'une quinzaine de condors en train de se dorer la pilule au soleil! A notre approche, ils s'envolent dans un même élan pour aller tournoyer au dessus de nos têtes, le spectacle est tout simplement magique !

Après 5h de marche, nous arrivons enfin à la soufrière, où nous attendent d'autres thermes. Et effectivement, plus nous nous rapprochons et plus l'odeur d’œufs pourris se fait forte (et cette fois Myriam n'y est pour rien ! !)... L'endroit, situé à l'entrée d'un canyon, est charmant! La rivière (gelée ! ) côtoie l'eau (brûlante!) des bassins. Un petit bain de minuit s'impose...

... sauf qu'en explorant un peu le terrain, Myriam tombe sur les restes immondes d'une orgie! Deux sacs pleins à craquer de bouteilles d'alcool (vides évidemment ! ) ont été abandonnés là et, à côté, gisent les têtes décapitées de six chèvres... Yeux vitreux, grands ouverts, aussi inexpressifs dans la mort que dans la vie... Et tout autour ont été disséminés ce qu'il reste de leur membres: un bout de patte par ci, un estomac gonflé par la chaleur par là, une peau étendue...

Bref, la scène a des airs de sacrifice sataniste (version Brigitte Bardot, car du côté de Renan il s'agirait juste des restes d'un gros barbecue !) et fait froid dans le dos! En plus, vu l'état des viscères, le crime est récent! Il y a de quoi faire des cauchemars ! (Et de fait, la vision de ces yeux globuleux va hanter la blonde quelques nuits...) A cela s'ajoute une odeur de mort qui vous prend aux tripes et vous retourne l'estomac! Impossible donc de dormir ici! Et comme la jambe de Renan tient encore la route, nous repartons vers le lac de Mondaca situé à 6 kms de là.

Il est 16h lorsque nous arrivons à la rivière. Il nous faut la longer sur plusieurs kilomètres et la franchir à de nombreuses reprises. Le chemin n'est pas tracé donc nous escaladons les pierres au gré de nos envies, suivant une direction lointaine plutôt qu'un itinéraire précis. Le courant est fort et le niveau de l'eau relativement haut, nous perdons du temps à chaque traversée...

Et quand, enfin, Myriam parvient à traverser la dernière portion, c'est pour se rendre compte que ses deux chaussures ont DISPARU!!! Pas juste une, non, mais les deux ont réussi à se décrocher du sac auquel elle les avait sommairement attaché! Et là, c'est le drame...Incontestablement le prix du "boulet d'or " revient à la blonde, qui se voit déjà en train de faire son ascension du lendemain en sandales/chaussettes, dans 30 cm de neige, pour finir par se faire amputer des deux pieds! C'est un peu con quand même... Si la situation était déjà difficile et bien, nous le saurons, ça peut toujours être pire! Heureusement, s'il y en a une en pleine crise d'angoisse, l'autre parvient à garder son sang froid et décide de balayer le chemin parcouru en sens inverse, pas bête n'est ce pas ? A condition que les chaussures ne soient pas tombées dans l'eau bien sûr...

Au bout de 10min, Renan retrouve le pied gauche! Ouf! Plus qu'une amputation à redouter! Mais le pied droit est introuvable, malgré nos incessants allers et retours sur plus d'un kilomètre, impossible de revenir sur nos pas puisqu'il n'y avait pas de chemin... Après une heure et demie de vaines recherches, le soleil commence à décliner et Myriam est en train de perdre espoir. En plus de la valeur affective de la perte, puisqu'il s'agissait d'un cadeau, elle réalise que sa négligence vient de lui coûter l'un des éléments les plus indispensables de son équipement ! A moins d'avoir 5cm de corne sous les pieds (ce qui n'est pas encore mon cas !), un randonneur sans chaussures ne va pas très loin...

Et c'est au moment où l'on n'y croyait plus que Renan retrouve le pied droit, laissant place à des cris et des larmes de joie! Tant pis pour la laguna, il est trop tard pour la rejoindre! Une fois le dernier rio franchi, nous plantons la tente, dans l'euphorie et le soulagement que procure la conscience d'un drame évité de justesse!

Jour 4: Del Estero Volcán au camping El Bolson

Dist : 18km / dev +: 1300m / dev -: 1000m / temps : 6h30

Après une nuit sans sommeil (trop d'émotions, de beautés et d'horreurs dans une même journée pour la blonde!), nous repartons pour l'ascension tant redoutée! Nous sommes dans les temps et, finalement, les trois jours de soleil ont eu raison de la neige, excepté sur les deux cents derniers mètres. Nos inquiétudes étaient donc infondées, tant mieux! Nous redescendons sur une jolie lagune, perdue dans les montagnes, idéale pour déjeuner! Malgré le peu de neige, y'en a une qui est quand même contente d'avoir ses deux chaussures aux pieds!

Débute ensuite une longue descente vers la vallée qui nous conduira tout droit au Refugio El Bolson. Nous sommes à présent dans le Parque Ingles et sommes accueillis par Elvis, sympathique guardiaparque qui nous laisse dormir dans le refuge pendant que lui va sous la tente! Nous sommes au chaud, à l'abri du vent et le cabanon est plein de nourriture laissée par des randonneurs sur le départ, le pied ! !

Jour 5: Du refuge El Bolson à El Radal

Dist : 23km/ dev +: 0m / dev - : 1100m/ temps : 7h

Ça y est, jeudi est arrivé, avec des nuages, certes, mais sans pluie! Toute cette angoisse pour pas grand chose finalement ! Les 11kms qui nous séparent de la sortie du parc se font dans une forêt aux couleurs automnales. C'est au tour de Myriam de boiter, les 30kms du premier jour auront eu raison de nos corps! Démarrer aussi fort après deux semaines d'inactivité était vraiment une erreur de débutants que nous avons payé chère tous les deux...

Une fois sortis il nous faut encore parcourir 10kms pour rejoindre la prochaine ville où passent les bus. Nous en profitons pour faire quelques escales cascades des plus rafraîchissantes! Et c'est sur cette note aqueuse (mais non pluvieuse !) que s'achève notre dernière étape !

23

Afin de nous remettre de nos dernières émotions et de remplir nos ventres amaigris avec autre chose que des bolinos, des soupes et des gâteaux, nous filons à Curico, où a commencé la veille la Vendimia, c'est à dire la fête des vendanges ! Trois jours de fête, façon chilienne, nous attendent!🎉

Bon, vous l'aurez compris, notre nouveau régime alimentaire sera donc constitué exclusivement de vin, de viandes et autres petites douceurs bien grasses! Pas très sain tout ça mais en même temps, on se dit qu'on l'a bien mérité ! (5 jours de sport aident à déculpabiliser des futures orgies...)

Myriam se voit déjà aller de stand en stand pour goûter tout ce qui se fait de mieux dans la production locale, dans une ambiance à la fois festive et musicale, le tout pour un coût dérisoire!

Et bien... pas vraiment !

A peine arrivés, on s'aperçoit que tous les hébergements sont complets! Il ne reste rien à moins de 60€ la nuit, ça commence bien ! Certains ont tenté de planter la tente en plein centre ville et se font gentiment réveiller par la police au petit matin... Renan est attiré par l'expérience mais la blonde se montre plus frileuse. L'idée de camper en pleine ville, avec des gens alcoolisés dans tous les coins n'est pas vraiment rassurante...

A force de faire du porte à porte, nous finissons par dégoter une petite chambre miteuse, sans poignée, avec une planche de bois en guise de cloison et des puces de lit à la clé ! Le rêve ! Mais bon, à 20€ la nuit, nous n'hésitons pas une seconde !

Une fois les affaires posées, nous voilà partis en direction de la place des fêtes, prêts pour l'indigestion ! Mais quand nous découvrons les prix et la qualité des produits, nous savons tout de suite qu'il n'y aura pas d'overdose ici... Nous sommes tombés dans une espèce de foire de la consommation, où chaque stand propose la même chose à un prix prohibitif, où il faut monnayer la moindre dégustation de vin et où la musique traduit à merveille les goûts des chiliens pour la pop mielleuse!

Bref, nous avions prévu d'y passer trois jours, finalement un seul fera l'affaire! Adieu Curico!

24

Après 3h de bus, nous voilà rendus dans la capitale chilienne! Mais cette escale sera de courte durée puisque nous devons repartir le soir même pour l'Argentine...

Un petit aperçu sympathique néanmoins puisque nous y découvrons pour 4€, dans un petit boui-boui à proximité de la gare, la gastronomie péruvienne à travers l'un des meilleurs repas servis depuis le début du séjour! Vivement le Pérou !

Nous rejoignons ensuite en métro (très propre comparé à celui de notre capitale!) le centre ville, où les bâtiments coloniaux côtoient les HLM miteux dans une ambiance très décontractée et très jeune dans laquelle nous nous sentons tout de suite à l'aise!

Nous en profitons pour nous rendre chez le meilleur glacier de la ville (qui n'a pas volé sa réputation!) et c'est avec regrets qu'il nous faut prendre le chemin de la gare routière... Santiago, esperanos! Volveremos!

25

Il est 21h30 lorsque le bus qui doit nous ramener en Argentine démarre. La nuit va être longue, d'autant plus qu'à 1h du matin nous sommes réveillés pour aller nous déclarer à la douane. Nous sortons dans le froid, encore ensommeillés et nous attendons, attendons et attendons encore... Il faudra 2h30 pour vérifier tous les bagages et contrôler chaque personne! Un petit souci d'organisation pitètre ? Nous arrivons à Mendoza à 7h30, complètement rincés par cette nuit sans sommeil!

Heureusement, nous mettons peu de temps à trouver une auberge de jeunesse située en plein centre. Retour à la vie en communauté avec lits superposés en dortoir, ça nous change! Il y a un petit côté colonie de vacances qui n'est pas désagréable... Et le doyen de la chambre ayant passé la soixantaine, nous prenons même un p'tit coup de jeune!

Mendoza est réputée pour être la capitale du vin, fournissant 70 à 80% du pays, mais c'est surtout pour sa position que nous l'avons choisie! Ce plateau, entouré par les Andes, est l'une des régions les plus sèche et les plus ensoleillée du pays et les montagnes à proximité laissent imaginer de belles randonnées en perspective...

Malgré la sécheresse environnante, c'est une ville très verte, posée et où il fait bon vivre. Avec ses nombreux parcs, ses allées bordées d'arbres, abreuvés par un ingénieux système d'irrigation, et son rythme de vie "muy tranquilo", Mendoza invite au repos et à la farniente. Ça fait du bien de souffler un peu!

Alors bon, on rêvasse, on flâne. On fait un tour du côté du parc, qui n'est pas sans rappeler un familier mélange entre le bois de Boulogne (et pour cause, l'architecte est le même!) et Versailles... les palmiers en plus! Renan se fond parfaitement dans le décor et apporte sa petite touche française avec ses espadrilles/chaussettes, son maillot de bain et son indécrottable polaire autour de la taille...

Myriam, quant à elle, commence à explorer la route des vins à travers de délicieuses glaces saveurs Malbec et Moscatel... avant de passer ensuite aux choses sérieuses !

Mais après deux jours à alterner entre repos (mérité ! ), parillas (délicieuses ! ), recherches (infructueuses!), parcs (ensoleillés!) et dégustations de vins (bons... et moins bons! ), la culpabilité se fait sentir...

Cela peut paraître contradictoire, lorsqu'on a un an de vacances, de se dire que le temps nous est compté alors qu'il semble s'étendre à l'infini! Pourtant, cette conscience du sablier qui s'écoule et du temps qu'il faut rentabiliser en faisant le maximum de choses possibles est bien présente et empêche parfois de prendre le repos nécessaire...

Alors maintenant, on fait quoi?? En voilà une question qu'elle est bonne!

Nous avons trois semaines à combler avant de retourner à Santiago, ça en fait du temps! Sauf que, quand on cherche à se renseigner, on trouve assez peu d'informations sur les activités de la région...

A part la route des vins, que tout le monde fait du côté de Maipú car les bodegas se trouvent à seulement 45min de Mendoza, et une excursion dans le parc de l'Aconcagua, où l'on te fait payer 130$ l'entrée sous prétexte que tu vas voir le plus haut sommet d'Argentine, il n'y a rien! C'est incroyable ! Renan finit par trouver, grâce à un tour opérateur qui propose cette excursion à 800$ par tête, une randonnée qui traverse la frontière Argentine/Chili en 7 jours , en passant par la cordillère des Andes! Parfait! En plus ça nous évitera de renouveler le passage de douane catastrophique de l'aller!

Nous avons enfin une perspective, si ce n'est que le seul témoignage que nous trouvons sur internet est celui d'un italien qui a fait cette traversée seul... en neuf jours! Myriam est moins enthousiaste d'un coup... Neuf jours d'autonomie c'est long, ce sera lourd et pas vraiment reposant... En plus, à part ce blog, nous n'avons quasiment aucune information sur ce trek, pas vraiment rassurant tout ça... Mais comme nous n'avons rien d'autre à nous mettre sous la dent, il va falloir creuser cette piste. Nous quittons donc Mendoza sur un coup de tête.

26

A force de recherches, la blonde a fini par trouver une activité prisée des mendozans l'été, lorsque la chaleur est trop insupportable : les thermes de Cacheuta. Situés à une heure de la ville, dans les montagnes, ces eaux sont réputées pour leurs vertus thérapeutiques, c'est exactement ce qu'il nous faut!

Ni une, ni deux, nous remballons nos affaires, faisons quelques courses histoire d'avoir 5-6 jours d'autonomie et nous jetons dans le premier bus en partance pour notre destination !

A peine arrivés, nous plantons la tente et filons dans ce complexe balnéaire idéalement aménagé au coeur de la nature, où nous passerons 3h30 à nous prélasser entre bains à remous, bains à 35°C, puis 40, suivi de 15! (nous ne traînerons pas longtemps dans ce dernier!)

Des fois, ça fait du bien de buller !

27

Après cette petite pause thermale réparatrice, nous reprenons un bus pour Mendoza puis pour Tupungato, petite ville située dans la Valle de Uco, au pied des Andes et donc à proximité de notre future randonnée... Moins populaire que Maipú, car moins facile d'accès, cette partie de la région n'en est pas moins réputée pour la qualité de ses vignobles. Ici, pas de backpackers sans le sous, c'est davantage le tourisme de luxe qui prime! Les grands noms se succèdent sur le bord de route et proposent visite et dégustations... payantes, bien entendu ! Nous voilà prévenus !

Il est déjà tard lorsque nous arrivons, nous décidons donc de commencer notre expédition par une petite bodega familiale située au cœur de la ville: celle de Julio Cesar Coletto. L'entreprise est gérée par un couple charmant qui, malgré notre espagnol bancal, prend le temps de nous expliquer chaque étape de leur production. A deux employés seulement, tout est fait manuellement, de la cueillette, en passant par le pressage et jusqu'à l'étiquetage de la bouteille ! Nous repartirons bien évidemment avec un petit souvenir...

Après cette petite mise en bouche sympathique, nous décidons de ne pas en rester là ! Histoire de nous donner bonne conscience, nous nous rendons chez Francisco Belarde , dit "El Pancho", le seul loueur de vélos de la ville, afin de voir s'il est possible d'organiser une expédition bodega pour le lendemain ! La réponse est OUI! Et, mieux que ça, Francisco propose même de nous déposer avec les vélos à la prochaine ville, située à 38km de là, afin de nous éviter un aller - retour et surtout une grosse montée ! (Myriam le remercie intérieurement tandis que Renan regrette d'être privé d'une occasion de faire suer ses biscotos!)

Et c'est ainsi que nous nous retrouvons à planter la tente à Manzano Historico, le point de départ de notre future randonnée ! Dès le lendemain, nous en profitons donc pour aller à la pêche aux infos. Et là, grosse déconvenue ! Les guardiaparques nous disent qu'ils annoncent de la pluie pour dimanche (on est jeudi et sommes censés commencer la rando dès le lendemain...) et que ça peut être dangereux. Ils nous conseillent d'aller voir un guide de haute montagne qui a l'habitude de faire cette traversée, ce que nous nous empressons de faire. Ce dernier finit de détruire nos projets en nous annonçant que le circuit est interdit à partir d'aujourd'hui par la police car nous entrons dans l'hiver et qu'il peut s'avérer mortel en raison de l'altitude et de la météo changeante ! Si Myriam prend plutôt bien la nouvelle, soulagée de ne pas risquer sa vie pendant neuf jours, Renan voit déjà cet échec comme son plus gros regret de voyage...

Afin de faire passer la pilule, nous décidons de nous en tenir au plan initial et enfourchons nos vélos pour aller noyer notre chagrin dans l'alcool ! 38kms de descente nous attendent jusqu'à Tupungato dans un décor magnifique, où les yeux se régalent autant que les papilles. Qu'elle est grisante cette vitesse pour le randonneur accoutumé à ne jamais dépasser les 4-5 km/h!

Le premier arrêt se fait dans la bodega Salenstein, la plus vieille de la région et aussi la plus prestigieuse (et donc la plus chère ! ). L'architecture du bâtiment annonce d'entrée de jeu le faste et le bon goût des propriétaires... Un musée d'art moderne présentant des artistes argentins contemporains accueille les curieux. Tous sont venus en voitures de luxe, nous faisons un peu tâche dans le décor avec nos petits vélos de location...Mais qu'importe, l'accueil est chaleureux et nous décidons de goûter l'un de leurs grands crus!

"Un verre pour deux siouplaît, on est pauvres nous!". Force est de reconnaître que ce petit Malbec n'est pas mal du tout...

Cette dégustation express nous a mis l'eau à la bouche! Nous remontons donc en selle et nous hâtons vers la prochaine bodega: La Azul. A peine arrivés, nous découvrons que l'exploitation abrite un restaurant gastronomique. Au menu: 3 entrées, un plat et un dessert, chacun accompagné d'un vin de la maison évidemment ! A 32€ le menu, pourquoi se priver? ?

Bon, c'était à prévoir, pour nous, la route des vins s'arrêtera là ! Nous sortons de table avec la panse bien remplie et un sens de l'équilibre qui laisse à désirer... La conduite à vélo s'en ressent quelque peu d'ailleurs ! Mais comme nous sommes des adultes prudents et raisonnables, nous décidons de faire une petite sieste en bord de route, histoire de nous remettre de nos émotions...

Une fois requinqués, nous voilà repartis pour Tupungato. Par acquis de conscience, nous passons au poste de gendarmerie afin de demander plus de renseignements sur la randonnée que nous voulions faire. De nouveau, on nous confirme qu'il n'est plus possible de réaliser ce trek à cette période de l'année...

Déçus, nous sommes prêts à quitter la région pour aller voir ailleurs, mais lorsque nous en parlons à Francisco, il nous assure qu'il y a plein de balades à faire depuis Manzano Historico et nous propose de nous ramener là-bas. Sa bienveillance à notre égard et son amour pour sa région ont raison de nos doutes. Après tout, pourquoi pas? Des randos à la journée peuvent être tout aussi plaisantes et nous éviteront d'avoir à porter nos sacs! Et, avec l'aide de Francisco, nous voilà repartis pour Manzano, la ville de tous les fantasmes et de toutes les déceptions!

28
28

Après une nuit en camping sauvage, seuls au bord d'une rivière, nous voilà d'attaque pour rejoindre Portinari, où se trouvent la gendarmerie, le poste frontière et le départ de la plupart des rando du coin.

La route est jolie, mais 15kms c'est long! Surtout quand les voitures défilent... Et oui, nous sommes en pleine semaine sainte et les argentins ont cinq jours de congés qu'ils occupent en blindant leur pickup de bouffe, d'alcool et de matériel de camping afin d'aller se faire un bon asado (=un barbecue amélioré ) en montagne ! L'occasion est trop belle et nous décidons de tenter le stop afin de gagner du temps. Et là, qui s'arrête??... la gendarmerie ! Ça tombe bien, nous allons au même endroit !

Une fois rendus au poste, nous leur expliquons que nous cherchons une carte du coin et des idées de randonnées étant donné que l'on ne peut pas faire la traversée jusqu'au Chili... Et là :

- "Claro que sí! Pueden hacer la cruce, el tiempo está muy bonito ! "

Euuuh... On fait quoi du coup ? ?

Ce revirement de situation nous prend totalement de court! Nous sommes partagés entre l'envie de filer directement sur le sentier, sans nous retourner, de peur que les gendarmes ne changent d'avis (mais avec une autonomie de 3 petits déjeuners, 5 déjeuners, 6 dîners et rien niveau en-cas, cette option ne semble pas vraiment raisonnable...) et celle de s'en tenir aux balades à la journée (Myriam ne s'est pas du tout préparée psychologiquement à l'idée de souffrir pendant 9 jours...).

Finalement, la peur d'avoir des regrets et l'envie de relever un nouveau défi sont plus forts. Nous décidons donc de refaire les 15kms qui nous séparent de Manzano Historico en sens inverse afin d'aller nous ravitailler. Il nous faudra moins de 3 heures et 4 stop différents pour faire l'aller - retour ! En une demie journée nous avons déjà parcouru 45 km, pas mal non?

Il est 15h, nous sommes presque prêts. Il ne nous manque plus qu'une carte du chemin au cas où le portable de Renan nous lâcherait une nouvelle fois... Mais lorsque nous demandons aux gendarmes de nous en fournir une, ils se marrent et nous annoncent qu'en guise de carte, faudra nous contenter de ça :

Enfin, pas de soucis puisque le chemin est très bien indiqué, impossible de se perdre selon eux! Quand on connaît le peu de fiabilité de leurs informations il y a tout de même de quoi se méfier...

Jour 1: Du poste frontière de Portinari à l'autobus abandonné

Dist : 16km / dev +: 1100m /dev - : 0m / temps : 3h30

Une fois les passeports tamponnés, nous nous mettons en route. Nous avons dû laisser notre bouteille de vin, achetée à Julio Cesar, aux gendarmes, car beaucoup trop lourde pour nos sacs pleins à craquer! Ils n'avaient pas l'air mécontents de la transaction...

Nous avançons sur un chemin caillouteux, accessible en voiture (en pickup s'entend... vous pouvez oublier tout de suite votre petite Twingo si vous voulez accéder au paso sans perdre une ou deux roues dans l'affaire ! ). L'avantage de cette route, c'est qu'elle est facile, la montée est progressive en raison des nombreux virages et les 1100m de dénivelé passent (presque!) tous seuls.

Nous arrivons au refuge Scaravelli plus tôt que prévu. José et Guillermo, deux argentins venus faire le paso à moto, nous offrent le thé et nous passons un agréable moment en leur compagnie, profitant de leurs connaissances de guides pour glaner quelques infos sur ce qui nous attend!

Comme nous sommes encore en forme, nous décidons de monter 300m de plus, ce sera toujours ça de gagné sur la journée du lendemain ! Nous plantons la tente à proximité d'un bus abandonné et quelque peu défraîchi qui servait autrefois à transporter les mineurs. Mais à 3 300m d'altitude, une fois le soleil disparu, le froid s'installe vite et nous ne traînons pas longtemps avant de nous glisser dans nos duvets...

Jour 2 : Du bus abandonné au refuge Real de la Cruz

Dist : 22km / dev + : 1200m / dev - : 1700m / temps : 8h30

Nous nous mettons en route à 7h30, l'aube éclaire à peine le chemin et le froid, malgré nos couches de protection, nous pénètre jusqu'aux os. Nous devons composer cette fois avec une difficulté nouvelle: l'altitude. Le paso est situé à 4500m et, pour la première fois, nous sommes confrontés au problème du manque d'oxygène. Nous avançons à deux à l'heure, sommes essoufflés après chaque pas et le rythme cardiaque s'emballe, nous obligeant à faire des pauses fréquentes.

A cela s'ajoute une nouvelle menace: les nuages! Après 2h30 de marche sous un ciel dégagé, les cumulus se sont amoncelés sans crier gare dans la vallée et commencent à venir vers nous à toute vitesse! Nous connaissons tous deux les dangers d'une mauvaise météo en montagne et les nuages peuvent apporter avec eux la pluie, mais aussi la neige et la foudre ce qui, à cette altitude, peut s'avérer dangereux !

Bien qu'épuisés, nous essayons de presser le pas afin de pouvoir fuir de l'autre côté du sommet en cas de besoin! Heureusement, pour cette fois, la menace n'était pas réelle et les nuages finissent par stagner dans la vallée. Tant mieux, nous allons pouvoir profiter pleinement de la superbe vue qui s'offre à nous depuis le paso!

La descente se fait dans un paysage à couper le souffle! Les dégradés de couleurs sont incroyables et donnent l'impression qu'un peintre maladroit aurait trébuché sur les lieux et renversé sa palette !

Vient s'ajouter à ce tableau parfait la présence de guanacos sauvages (et farouches ceux là ! ) qui poussent à notre passage des cris d'alerte à la frontière entre le hennissement d'un cheval à l'agonie et une porte qui grince ! Loin d'être impressionnant, le spectacle est assez comique !

Mais, malgré la beauté du spectacle, la fatigue se fait sentir... Le changement d'altitude (3300m-4500m-2800m), même s'il a été progressif en raison de notre rythme, n'a pas été sans conséquences... Renan a une méchante migraine et Myriam est barbouillée. Il nous tarde d'arriver au refuge où, selon les deux motards de la veille, nous trouverons douches chaudes et lits pour la nuit!

Et, bien sûr, lorsque nous arrivons enfin, le refuge est fermé ! Les militaires qui le gardent ont déserté les lieux pour l'hiver, verrouillant tout derrière eux... Tant pis, nous squatterons donc dehors, avec trois argentins, et pour la douche... ça attendra !

Sauf qu'après discussion avec nos compagnons de galère, ils nous préviennent que le rio que nous devons passer le lendemain est infranchissable... Selon eux, le niveau est relativement haut et surtout, il y a beaucoup de courant! Effectivement, le bloggeur par lequel nous avions eu des infos nous avait prévenu, ainsi que la police... Les gens qui font cette traversée utilisent habituellement des chevaux pour franchir ce passage délicat sauf que là, les mules, c'est nous!

Pas le choix, si l'on ne veut pas avoir à revenir sur nos pas, il nous faut franchir le rio. A ce stade, on commence un peu à avoir l'habitude ! Myriam se lance donc. En slip et hop, c'est parti! Effectivement, l'eau monte jusqu'au popotin et le courant est plus fort que ce dont nous avons l'habitude mais, après plusieurs tentatives pour repérer le meilleur terrain, la blonde parvient, gelée certes, mais indemne, de l'autre côté ! Bon, ben y'a plus qu'à remettre ça le lendemain !

Refugio Réal de la Cruz

Jour 3 : Du refuge de la Cruz aux termas del Plomo

Dist : 26 km / dev + : 1200m / dev - :1000m / temps : 9h

Nous n'avons presque pas dormi de la nuit... Les argentins nous ont appris qu'ils annonçaient de la pluie pour aujourd'hui, quant à la météo du lendemain, ils l'ignorent... Du coup, nous avons imaginé les pires scénarios! Nous sommes censés camper ce soir juste au pied d'un cerro de 4000m et redescendre le lendemain sur des thermes. Mais, s'il pleut beaucoup, nous pouvons aussi nous retrouver coincés entre un sommet infranchissable et un rio tumultueux, joyeuse perspective !

Nous hésitons sur la marche à suivre, soit on fait demi - tour et nous rentrons avec les argentins (le plus raisonnable ), soit nous continuons et prenons le risque d'une catastrophe, surtout si la météo ne s'arrange pas... (absolument déraisonnable ! )

A 7h30 le ciel est déjà rempli de nuages... Aucun de nous n'ose trancher. On s'engueule, on se heurte. La tension est palpable et le trauma Altos de Lircay est encore frais dans nos esprits... Et le portable de Renan qui ne s'allume plus... Finalement, à 8h30, les nuages commencent à se disperser. Nous décidons de tenter quand même l'aventure. Les argentins nous traitent de "locos" ("fous" en espagnol ). Nous procédons aux adieux de rigueur, avec une photo pour le souvenir (peut-être la dernière de nous en vie!).

Et nous revoilà en slip, à franchir ce foutu rio avec les sacs cette fois! Heureusement, le niveau de l'eau est plus bas que la veille, l'eau glacée des sommets n'a pas encore eu le temps de fondre! Le passage est aisé, bien que toujours aussi froid, et nous donne bon espoir pour la suite! Le soleil se lève doucement et révèle un paysage aux couleurs de plus en plus éclatantes! De nouveau, l'émerveillement prend le pas sur la peur et la fatigue.

Après quelques heures de marche, le temps n'est définitivement plus menaçant. Nous décidons de nous arrêter déjeuner près d'une rivière et avons alors le plaisir d'une visite surprise...

De nouveau, un concert de cris mi-surpris, mi-effrayés se fait entendre. Il est 15h, nous avons encore 300m à monter pour arriver au prochain campement, soit une petite heure de marche. Or, si l'on en croit Maps.me, il ne reste plus que 3h de route jusqu'aux thermes, c'est jouable !

D'autant que, comme la blonde est une petite flippette et qu'elle redoute un changement de temps le lendemain, elle préfère boucler la randonnée tant que la météo est clémente ! Après tout, on n'est jamais trop prudent ! C'est dommage, car la beauté des paysages invite plutôt à la contemplation et à la balade... La nature est souveraine ici et resplendit de mille couleurs. Nous sommes seuls, libres et chanceux de pouvoir jouir d'un tel endroit, même s'il nous faut déjà repartir.

Objectif: prendre un bain chaud le soir même !

Ça y est, nous y sommes!!! Nous revoilà à 4000m d'altitude, avec cette fois un pied au Chili et un pied en Argentine. La vue sur les deux vallées est absolument imprenable ! Nous restons 30min à contempler le panorama avant que le froid ne nous invite à redescendre...

Malgré la fatigue, la descente n'est plus qu'une formalité. Nous sommes entraînés par l'excitation de la réussite, en un temps plus qu'honorable, d'un trek qui se classe d'ores et déjà comme l'un des plus beaux de notre séjour ! Un peu rageant tout de même d'avoir porté presque neuf jours d'autonomie quand quatre auraient suffi...

Les paysages sont encore différents de ce côté de la vallée, c'est incroyable une telle variété et une telle richesse !

Nous arrivons aux thermes au moment où le soleil se couche à l'horizon. A peine le temps de planter la tente que nous voilà immergés dans les bassins d'eau chaude, laissant nos muscles se détendre après cette journée intense.

Jour 4 : Termas del Plomo à Santiago

Dist : 10km / dev + : 250m / dev - : 400m / temps : 3h

La nuit nous a permis de relâcher toute la tension accumulée ces derniers jours. Il nous reste à présent 48kms à parcourir pour rejoindre San Gabriel, le prochain village où nous pourrons nous déclarer à la douane, soit deux jours de marche. Mais comme nous devons suivre une route, nous savons que nous aurons la possibilité de faire du stop donc nous prenons notre temps.

Renan en profite donc pour se replonger dans un bain chaud matinal, avec vue sur les montagnes et lever de soleil à la clé ! Puis nous partons pour une petite balade en direction de la Laguna del Pato avant de revenir déjeuner aux thermes.

Une fois rassasiés, nous nous mettons en route et marchons une petite heure avant d'être pris par un premier stop, puis un second, jusqu'à tomber sur Tobin, sympathique californien en vacances avec ses parents, qui nous déposera juste devant le poste de gendarmerie de San Gabriel! Voilà deux jours de marche gagnés grâce à son aide!

Tout ça pour nous entendre dire par un gendarme, visiblement déstabilisé par la situation (il semblerait que peu de gens passent la frontière ici par leurs propres moyens...), que nous sommes en illégalité et qu'il faut aller immédiatement à Santiago pour régulariser notre situation au PDI, la police d'investigation chilienne ! (L'équivalent du FBI quoi!😱)

Qu'il en soit ainsi ! C'est donc tout crasseux de poussière que nous sautons dans le premier bus pour la capitale !

Nota Bene: Pour la petite touche culture, cette randonnée que nous avons fait en 3 jours revêt toute une dimension historique pour les chiliens et les argentins puisqu'il s'agit du chemin emprunté par le général San Martin, héros national ayant contribué à libérer le Chili et l'Argentine du joug de la monarchie, avec son armée, deux siècles auparavant. Il lui faudra un mois pour rejoindre Mendoza! Bon, il avait une bonne excuse tout de même puisqu'il était accompagné de plus de 5000 hommes et femmes, tandis que nous n'avions que nos sacs à trimbaler ! Un monument lui est consacré à Manzano Historico.

29

Ça y est, déjà trois mois que nous arpentons les montagnes chiliennes et argentines, trois mois que nous faisons face à un climat imprévisible qui sied à merveille aux paysages sauvages et majestueux qui composent le sud de l'Amérique latine.

Et si nous faisons un petit bilan, où en sommes-nous ?

Top 3 des randonnées :

1 - La Cruce de los Andes / 2 - Altos de Lircay / 3 - Torres del Paine

Top 3 des villes les plus pourries :

1- Villa O'Higgins / 2 - Punta Arenas / 3 - Ushuaia

Top 3 des meilleurs restaurants :

1 - Bodega Casa Azul (Manzano Historico) / 2 - Nueva Galicia (Castro) / 3 - Parilla la Marca (El Calafate)

Top 3 des endroits les plus pourris où l'on a planté la tente :

1 - Camping Paso (Torres del Paine ) / 2 - Camping sauvage à Ushuaia / 3 - Camping Poincenot à El Chalten

Top 3 des pires galères :

1 - Stop entre le Torres et El Calafate / 2 - Passage de frontière au lago desierto / 3 - Perte des chaussures de Myriam à Lircay

Prochain bilan dans 3 mois... enfin, si Renan se motive!

30

Il est 21h lorsque nous posons enfin nos sacs dans une chouette petite auberge de jeunesse située en plein coeur du quartier Bellavista. Trop crevés, nous décidons de rester dans la clandestinité une nuit de plus, le PDI peut attendre, tandis que nos estomacs non!

Nous découvrons le lendemain, à la lumière du jour, que nous sommes dans le quartier des beaux - arts! L'ambiance est jeune, branchée et décomplexée, c'est un vrai plaisir de marcher dans ces rues colorées! Dommage que nous ne puissions nous attarder plus longtemps...

Quand nous arrivons enfin au PDI, c'est pour nous faire gentiment réprimander... Apparemment, lorsque l'on veut passer la frontière, il faut envoyer un mail une semaine avant pour les prévenir, ce qui implique bien entendu d'avoir du wifi, mais surtout d'avoir prémédité la chose et donc d'avoir été suffisamment informés au préalable, comme ce fût notre cas, n'est ce pas? Bref, nous y penserons pour la prochaine fois, pis sinon il reste toujours l'option pigeon voyageur, hein?

A présent que nous sommes en règles, nous nous empressons de retourner à la gare des bus afin de filer vers notre prochaine destination : Valparaiso !

31

A seulement 1h30 de Santiago se trouve une ville qui, lorsque l'on demande aux gens ce qu'il faut absolument voir au Chili, est sur toutes les lèvres: Valparaiso. Si Renan est sceptique (après tout, ce n'est qu'une ville! Et en plus, y'a même pas de montagnes!), Myriam, quant à elle, est impatiente à l'idée de voir si le charme opère...

Nous réservons donc quatre nuits dans une coloc située en plein cœur du Cerro Alegre, le quartier le plus animé du centre, réputé idéal pour une exploration de la ville... Finalement, nous y resterons une semaine !

Mais que s'est-il passé ? ?

D'une part, après trois mois à barouder non-stop, le besoin de se poser vraiment, de retrouver un semblant de routine, d'oublier les sacs de 15 kg et la tente, se faisait sentir. Pour ça, Valparaiso a tout ce qu'une grosse ville peut offrir: une vie animée, des commerces, des restaurants, des boulangeries, une histoire culturelle riche et un climat clément (enfin... sur le papier en tout cas! ). Et, petit bonus, elle est située au bord du Pacifique, ce qui ne gâte rien!

Mais Valparaiso, c'est aussi et surtout le berceau de la pop culture, le refuge de tous les artistes en vogue et le symbole d'une liberté d'expression exacerbée. Ici plane l'image d'une ville où tout est possible, où les bâtiments coloniaux peuvent côtoyer des bâtisses miteuses, à moitié effondrées, où la pauvreté, la misère et la saleté se vivent en couleurs, dans un paysage bigarré qui semble atténuer leur dureté, où les tags dégradants se glissent aux côtés de graffitis sublimes, véritables œuvres d'art, où les vestiges d'un autre temps se mêlent à une jeunesse branchée et virevoltante.

Bref, on l'aura compris, Valparaiso est une ville contrastée comme nous les aimons! Riche de ses différences, sublimée par ses maisons colorées et son street-art, atypique de part sa géographie puisqu'elle s'étend sur une quarantaine de collines, offrant des points de vue variés et sans pareil sur elle - même et sur l'océan !

Alors, plutôt que d'en parler pendant des heures (ce qui est tentant mais risquerait d'en faire fuir plus d'un ! ), voilà une (trop) petite sélection de photos qui parlent d'elles mêmes de Valparaiso et de ses portraits bouleversants de réalisme; ses escaliers colorés; sa faune murale... et aquatique!; ses maisons colorées; ses transports archaïques avec ses trolleys, ses ascenseurs et ses funiculaires; ses déclarations, ses contestations... bref, ses messages!; son architecture et ses œuvres faites de récup'.

Alors, certes, Valparaiso est réputée pour être une ville dangereuse (et de fait, des chiliens nous ont déconseillé le passage de certaines ruelles), envahie par les chiens ( pas toujours très sympas puisque Myriam s'est fait croquer un bout de fesse à deux reprises...) et sale ( effectivement, les poubelles se déversent littéralement dans la rue et les merdes de chiens abondent ! Les chaussures de la blonde en ont gardé des souvenirs...), mais, malgré tout ça, comment rester insensible au charme de Valparaiso et à son ambiance BoBo sans être ProutProut ?

Finalement, le seul regret (pour Myriam!) est de ne pas être resté plus longtemps afin d'explorer chaque coin et recoin de chaque ruelle! Malheureusement, dans une ville où l'on peut passer dix fois dans la même rue et toujours y découvrir un nouveau détail, une vie n'y suffirait pas!

Alors adieu et merci Valparaiso d'avoir été une source permanente d'émerveillement et de stimulation !

32

Il y a des endroits sur terre où l'on se dit que l'on n'ira jamais parce que trop loin, trop cher, trop inaccessible en somme. Des endroits sur lesquels on a trop d'a priori ou, au contraire, trop peu de connaissances pour qu'ils représentent un projet tangible. Jusqu'au jour où une occasion se présente et où l'on se dit enfin: "Pourquoi pas nous?"

Et voilà comment l'on se retrouve embarqués pour Rapa Nui, plus connue sous le nom d'île de Pâques !

Ça ne vous parle toujours pas??

Et si je vous montre ça ?

On a tous déjà vu ces étranges statues, que ce soit en couverture d'une brochure de voyage hors de prix, dans un livre ou un reportage. Moi perso, j'ai le souvenir de les avoir eu en main lorsque je jouais au jeu "Tintin et le piège du totem d'Hor". C'était donc des Moai??!

Mais, en fait, c'est quoi un Moai ? ? ?

Les Moai, ce sont ces statues réalisées dans de la roche volcanique, sur le même modèle et pouvant mesurer de moins d'un mètre jusqu'à presque dix mètres! Mais ce sont surtout les derniers vestiges d'une civilisation aujourd'hui disparue et qui a laissé derrière elle tellement peu d'informations que son histoire reste en grande partie soumise aux hypothèses et à l'interprétation.

Tout le mystère qui entoure Rapa Nui est soigneusement entretenu et contribue à attirer par milliers des touristes venus du monde entier (beaucoup de français et de japonais tout de même ! ) sur cette petite île chilienne perdue au milieu du Pacifique, à 3700km du continent le plus proche, afin d'essayer d'en percer les secrets...

Alors, y sommes-nous parvenus??

Ben, en vrai, on n'a pas trop essayé... Faut dire que les explications sur les sites sont assez succinctes et sans guide pour te raconter de jolies légendes, l'imagination s'en trouve un peu bridée... Et, comme on reste des backpackers sans le sous (mais à l'île de Pâques quand même !), nous avons donc dû nous contenter de la version, probablement moins romanesque, de notre guide préféré (gratuit surtout!), j'ai nommé : le Petit Futé !

Voilà donc pour la petite histoire :

Les Rapa Nui seraient en fait des polynésiens exilés, venus s'implanter sur l'île entre 400 et 800 afin de construire un nouveau royaume sous l'égide du roi Hotu-Matua. A sa mort, l'île est divisée en six portions réparties entre ses six fils. A partir de là, des clans vont se créer et, comme l'histoire est la même depuis la nuit des temps, chacun va vouloir tirer la couverture à lui et montrer qu'il a la plus grosse (je la fait courte hein!).

On entre alors, entre 800 et 1600, dans l'apogée du mégalithique où l'on se met à construire des statues à gogo, d'abord pour rendre hommage aux anciens et célébrer le culte du dieu Make Make, ensuite pour occuper la population masculine qui a une forte tendance à la baston ( s’entre-tuer quand on vit déjà dans une communauté réduite n'est pas forcément signe de pérennité ! ) et enfin pour montrer aux autres que c'est ton clan le plus fort parce qu'il a construit le plus grand Moai, et toc!

Et voilà comment l'on se retrouve sur une île habitée par plus de 1000 Moai... tous détruits aujourd'hui ! Et oui, comme je l'ai dit, la sculpture était un moyen de montrer son savoir faire et sa puissance, du coup, forcément, y'avait des voisins jaloux!

Alors, au moment où l'île s'est vue déchirée par des massacres et des guerres claniques, le grand jeu consistait à aller en douce détruire le Moai du voisin, qu'il avait pris deux ans à construire et autant à transporter (souvent en le cassant en route d'ailleurs!). Pas très sympas les Rapa Nui quand même!

Ceci expliquerait pourquoi, lors de la découverte de l'île, tous les Moai étaient brisés, face contre terre. Tous ceux que l'on peut voir aujourd'hui, se dressant fièrement dos à la mer, ont en fait été restaurés...

Malgré ça, il est impressionnant de se retrouver face à ses statues imposantes et mystérieuses, qui, même dans leur déchéance, dégagent une énergie incroyable. On comprend, en se baladant à travers les vestiges d'une histoire qui semble avoir été douloureuse, toute la fascination qu'exerce le site sur le voyageur curieux et toute la frustration liée aux questions qui restent sans réponse...

Mais c'est pas fini!

Voyant que le dieu Make Make n'a pas trop empêché les massacres et les intempéries de ravager l'île, les habitants décident, vers le 18ème-19ème siècle, de mettre un peu de côté son culte au profit de celui, plus concret, de l'homme-oiseau. Terminé donc les statues au crâne rectangulaire et aux proportions gigantesques! Dorénavant, le boss sera celui qui gagnera la grande compétition annuelle !

Et que faut-il faire pour cela??

Et bien, rien de plus simple, il suffit de trouver un œuf ! Enfin, pas n'importe lequel hein! Un œuf de manutara, cette petite mouette migratrice qui revient chaque année pondre sur l'île de Motu Nui, qui se trouve là, juste en face du village cérémoniel d'Orongo :

Lorsque commence la compétition au printemps, chaque chef de clan choisit son champion, qui part ensuite du village avec son petit baluchon pour se jeter au bas de la falaise, puis plonger dans le pacifique et nager à toute vitesse jusqu'à l'île tout en évitant de servir de repas aux requins!

Une fois arrivé entier (s'il a eu de la chance!), il ne lui reste plus qu'à attendre patiemment à l'abri d'une grotte que la mouette revienne nidifier. Commence alors la chasse aux œufs (on n'est pas sur l'île de Pâques pour rien hein!). Le premier à en trouver un doit ensuite faire le chemin en sens inverse de façon à ramener son œuf (entier, cela va de soi, l'omelette étant éliminatoire! ) à son chef qui l'attend pénard en haut de la falaise! Ce dernier est alors sacré homme - oiseau pour le restant de l'année et incarne aux yeux de tous le pouvoir religieux et politique, son autorité ne pouvant être contestée.

Cette solution a sans doute permis de mettre un frein à un certain nombre de guerres claniques, mais c'était sans compter sur le passage des négriers qui ont raflé 90% de la population pour la mettre en esclavage au Pérou (10% seulement en reviendra, porteuse de maladies qui finiront d'anéantir le reste des habitants ! ) et l'évangélisation de l'île par les colons, qui conduira à la destruction du patrimoine ainsi qu'à la perte et l'oubli des traditions. Autant de facteurs qui ont malheureusement contribué à déposséder Rapa Nui de son héritage culturel, mais aussi à augmenter la difficulté à interpréter son histoire, accroissant du même coup son mystère.

Ça, c'était pour la petite histoire ! Mais qu'en est-il de la nôtre alors?

A vrai dire, l'île de Pâques nous a laissé un sentiment un peu mitigé... Une fois nous être acquittés du droit d'entrée sur les sites (80$ chacun pour 10 jours tout de même...), nous pensions pouvoir aller où bon nous semble... et bien non! Nous sommes au Chili après tout et leur spécialité étant de tout privatiser, il est quasiment impossible de sortir des sentiers battus (enfin, si tu payes un guide tu as le droit évidemment ! ). Du coup c'est assez frustrant !

Par ailleurs, l'île ne possédant qu'un seul village (où le nombre de touristes doit être supérieur à celui des locaux ! ), tout y est hors de prix! Pour vous donner une idée, c'est sans doute le camping le plus cher de tout notre voyage (19€ pour planter la tente, eau froide et faut rajouter 1,5€ si tu veux en plus du PQ pour pouvoir t'essuyer les fesses quand tu vas aux toilettes, sympa ! ), une bouteille d'eau coûte 4€, quant aux restos, n'en parlons pas, un sandwich seul vaut déjà 10€! Bref, l'isolement et le tourisme ont rendu la vie sur place extrêmement chère et ont contribué à fausser les rapports entre les gens, nous donnant l'impression d'être des porte-monnaie ambulants...

Vues depuis la village d'Hanga Roa

Du coup, nous avons préféré faire l'impasse sur les petits plaisirs, utilisant la cuisine du camping pour nous préparer nos repas et, plutôt que de louer une voiture (60€ la journée !), nous avons levé le pouce et visité toute l'île en marchant et en faisant du stop, ce qui nous a permis de faire de belles rencontres, que ce soient des Rapa Nui ou des français, les plus prompts à s'arrêter ! Au final, ces 6 jours nous seront revenus à 386€ pour deux (en ayant fait nos courses à Santiago et non sur l'île heureusement ! ), pas si mal hein? (Bon faut pas oublier le billet quand même, comptez 350€ A/R par personne au départ de Santiago et vous voilà arrivés sur l'île de Pâques !). Petit bonus: c'était la saison des goyaves, qui poussent en abondance sur l'île ! La cueillette étant gratuite, nous avons pu faire le plein de vitamines !

Nous avons également été séduits par la beauté de certains sites naturels, tels que le volcan Rano Kau, les grottes encastrées, les côtes sauvages, la vue depuis le volcan Terevaka (plus haut volcan de l'île qui culmine à... 512m! On ne s'excite pas!), le coucher de soleil sur l'Ahu Tahai, la crique sauvage d'Ovahe et la superbe plage d'Anakena, dominée par les Moai les mieux conservés de l'île.

Et, si Renan est resté quelque peu hermétique au charme de ces gros cailloux sculptés et résumerait Rapa Nui à: "Business is business", Myriam, quant à elle, a été conquise par les histoires, la splendeur des vestiges et l'atmosphère mystérieuse et très solennelle qui règne encore sur l'île de Pâques!

A chacun de se faire sa propre opinion donc!

33

Pour cette étape, comme nous faisons une infidélité à l'Amérique latine, nous vous invitons à venir faire un tour sur notre nouveau blog :

https://www.myatlas.com/Excursionistas/les-excursionistas-en-polynesie-francaise-1

34

Terminés les lagons turquoises, la jungle luxuriante et les poissons au lait de coco! Nous voilà de retour au Chili... Le jetlag est violent avec ses 7h de décalage horaire et son petit coup de déprime post - Polynésie. C'est comme si les vacances étaient terminées, alors qu'il nous reste encore sept mois... La sensation est étrange et difficile à expliquer.

Nous décidons de rester quelques jours à Santiago afin de récupérer un peu, préparer la suite, flâner, faire une expo... Nous découvrons par chance une boutique de camping qui distribue MSR, la marque de notre tente. Grâce à la garantie, celle-ci accepte de remplacer gratuitement tous nos arceaux cassés, tordus ou fissurés ! C'est donc avec une maison presque neuve que nous pouvons enfin repartir, direction le nord du Chili! Après une ultime nuit dans un hôtel miteux, nous pouvons le dire : Ciao Santiago, cette fois c'était la dernière ! 😉

35

C'est après la bagatelle de 22h de bus que nous arrivons enfin à San Pedro de Atacama. Le changement de décor est saisissant. En l'espace d'une semaine, nous venons de passer d'îles paradisiaques et foisonnantes à un désert aride s'étendant à perte de vue!

Et, niché au coeur de ce désert, le village de San Pedro a tout d'une oasis... mais une oasis trèèès touristique! C'est devenu, en l'espace de dix ans, l'un des passage obligé de tous les tours opérateurs et donc l'un des sites les plus visités du Chili.

Le village, avec ses agences, ses restaurants et ses hôtels par dizaines n'a plus grand chose d'authentique. Tout y est hors de prix et comme la plupart des sites à visiter sont inaccessibles à pieds, les locations de 4x4 et les excursions sont le seul moyen d'explorer la région...Pour toutes ses raisons, nous avions décidé de ne pas nous attarder plus de 2 jours à San Pedro de Atacama, juste le temps de visiter les trois sites accessibles à pieds et de nous acclimater un minimum avant de passer en Bolivie (nous sommes tout de même passés de 520m à 2 300m d'altitude en l'espace de 22h!)

Et c'est ainsi que, à peine la tente plantée, nous voilà partis en direction de la Valle de la Muerte, ainsi nommée en raison des nombreux condamnés par la maladie (lèpre, etc...) qui venaient y mourir afin de ne pas contaminer le reste du village.

Nous rencontrons en chemin deux chiliens qui nous expliquent comment resquiller l'entrée... Ni une ni deux, nous voilà en train d'escalader par des chemins de traverse qui nous mènent tout droit au Pukará de Quitor! Parfait, nous n'avions pas prévu d'en faire la visite à cause du prix mais puisque nous y sommes... Les vestiges de cette ancienne forteresse, construite à flan de montagne, offrent un beau panorama sur la vallée, mais ils permettent surtout, pour les plus téméraires, un accès direct à la Valle de la Muerte!

Ruines du Pukará de Quitor

Avant de redescendre vers la vallée, nous décidons de reprendre des forces en déjeunant au sommet du site. Cette petite pause méritée va nous permettre de rencontrer Héloïse et Martin, deux jeunes français qui voyagent en van. Le courant passe tout de suite et ils nous proposent de nous joindre à eux pour explorer les environs ! L'occasion est trop belle pour la laisser passer! Nous nous donnons donc rendez-vous le lendemain pour une nouvelle aventure, sur les routes cette fois!

C'est ravis et le cœur léger que nous descendons dans la Valle de la Muerte. Nous sommes seuls, personne n'ose emprunter le chemin non balisé. Pourtant les paysages sont impressionnants et les couleurs incroyables! Nous en profitons pleinement pour errer dans le labyrinthe offert par le canyon et grimpons au sommet pour admirer le panorama.

Nous redescendons ensuite sur la Valle de la Luna, mais il est déjà tard et le temps nous manque pour aller la visiter. Nous nous contenterons donc de la vue offerte depuis les hauteurs... La tentative de stop pour rejoindre San Pedro sera un échec et c'est crevés mais contents de notre journée que nous rejoindrons le camping pour un repos bien mérité!

Le lendemain nous retrouvons donc Héloïse et Martin à la boulangerie française de San Pedro (de loin les meilleures viennoiseries et le meilleur pain depuis le début du voyage !) et sympathisons avec une famille de français qui désire poursuivre son voyage en Bolivie d'ici quelques jours... Pourquoi ne pas booker un tour ensemble ? Il est trop tôt pour se décider, mais l'idée va germer...

En attendant, nous voilà sur les routes à bord de Toto, direction la Laguna Chaxa! Cette dernière, peuplée de flamants roses, présente des dégradés de couleurs enchanteurs que nous n'avions encore jamais eu l'occasion d'observer !

Petite escale ensuite à Socaire, village de 300 âmes à peine situé à 3300m, afin d'habituer notre corps, par paliers, à l'altitude. En effet, une montée ou une descente trop rapide pourrait être responsable de la "puna", c'est à dire le mal des montagnes. A la clé, une méchante migraine (Renan n'y échappera pas!), des maux de ventre (ça, c'est pour Myriam), des hémorragies, voire la mort... (on n'en est pas encore là!). D'où l'intérêt de faire des pauses régulières ! Et pis le village, avec ses deux églises (pour 300 habitants... Faudrait pas se marcher dessus à la messe hein?!), a du charme. Finalement nous garerons le van quelques kilomètres plus loin, à 3700m d'altitude, pour une nuit qui sera courte (pour nous en tout cas!) et fraîche !

Après un réveil matinal, nous nous lançons à l'assaut des lagunes Miscanti et Miñiques, situées à un peu plus de 4000m d'altitude. Une fois n'est pas coutume, nous empruntons un chemin de traverse qui, s'il n'a rien de compliqué, est rendu pénible par l'altitude... enfin, pour les filles seulement! Obligées de faire des pauses tous les dix mètres tandis que les garçons tracent devant... C'est pas juste!! Heureusement, la vue au sommet nous récompense largement pour la peine endurée!

Nous aurons même le plaisir d'observer des vigognes (même famille que le lama et le guanaco mais plus petit et moins touffu) en train de tabasser un renard... Sous des dehors d'herbivores doux et mignons, sont pas très sympas les vigognes!

Nous poursuivons ensuite notre route jusqu'aux Piedras Rojas mais nous nous faisons fermement recaler à l'entrée du site, fermé pour cause de vandalisme (un crétin aurait tagué les fameuses pierres un mois auparavant, provocant la colère des locaux!). Il faudra donc nous contenter de la vue depuis le mirador, dommage!

Après une nuit en camping sauvage en périphérie de San Pedro de Atacama, nous retrouvons Alfredo, notre compagnon de galère du Lago del Desierto! Les retrouvailles sont joyeuses, ça fait du bien, quand on voyage aussi longtemps, de revoir des visages connus! Nous nous racontons nos dernières aventures, les siennes ne manquant pas de piment puisqu'il fait tout à vélo !

Tandis que Martin et Héloïse font faire une révision au van, nous retrouvons la petite famille de français. Notre planning correspond bien et nous décidons de booker un tour avec eux afin de rejoindre la Bolivie en traversant le sud Lipez et le salar d'Uyuni, notre prochaine étape.

Une fois les formalités réglées (avec en prime une petite bière devant le Madrid/Marseille !), nous repartons à bord de Toto, en direction du Cerro Toco dont nous avons prévu l'ascension le lendemain.

La route permet de monter jusqu'à 5200m, sauf qu'après une pause à 4600m, Toto fait des siennes et refuse de redémarrer ! C'est la merde, nous sommes coincés en pleine montée et la manœuvre risque d'être compliquée... Après plus d'une heure de vaines tentatives, Martin parvient à faire redémarrer le van et nous amène au bout de la route! Ouf!

Mâchant nos feuilles de coca afin de faciliter la respiration et l'acclimatation, nous nous lançons enfin dans l'ascension du Cerro Toco. 400m de dénivelé ce n'est rien a priori, sauf qu'à 5200m d'altitude tout est beaucoup plus dur. Le froid pénètre les doudounes, le corps se fatigue vite, le rythme cardiaque s'accélère et le cœur menace de lâcher à chaque pas... Bref, il nous faudra 1h30 pour parcourir les 2kms qui nous séparent du sommet ! Heureusement la vue est à couper le souffle !

Nous redescendons à toute vitesse, pressés de rejoindre la lagune Baltinache (Toto nous fait le plaisir de redémarrer tout de suite!) que nous n'atteindrons jamais à cause d'un léger problème de localisation... Tant pis, nous irons oublier cet échec au restaurant, rejoins par Alfredo, et nous en profiterons pour fêter l'anniversaire d'Héloïse !

Ainsi s'achève notre séjour à San Pedro de Atacama! Nous qui n'en attendions rien, nous devons bien reconnaître que, grâce à de chouettes rencontres, nous avons passé un super moment, loin du tourisme de masse (enfin j'exagère, puisqu'on était hors saison!) et des visites organisées !

Ahora, vamos a Bolivia !

36

La Bolivie, enfin!!!

Après quatre mois à osciller entre Argentine et Chili, il nous tardait de découvrir un autre pays d'Amérique latine.

Après San Pedro de Atacama, la Bolivie, située à seulement 50kms, venait donc tout naturellement dans la suite logique du parcours.

Aventuriers rêveurs et inconscients d'avant le voyage, nous avions imaginé traverser la frontière à pieds, puis remonter jusqu'au salar d'Uyuni en passant par le sud Lipez, soit environ 21 jours de marche. Pas mal comme programme, non?

Ça, c'était l'idée.

En pratique on s'est rendu compte que ce trek serait compliqué, voire dangereux puisqu'il traverse une zone désertique, avec peu d'eau potable (les lagunes qui jonchent le parcours sont bien souvent impropres à la consommation car elles ont une trop forte concentration en lithium, arsenic et autres merdouilles pas super bonnes pour la santé, voire carrément mortelles!) et très peu de villages pour se réapprovisionner.

Ajoutons à cela le mal des montagnes, puisque l'itinéraire s'effectue sur des plateaux situés entre 3000m et 5000m, et l'on obtient la combinaison parfaite pour mettre un terme au voyage de manière tragique et définitive ! Bref, la blonde n'était plus super chaude et Renan s'est mis à douter... Serait-on en train de s'assagir? ? ?

Du coup, nous avons fini par faire comme tout le monde: nous avons booké un tour opérateur dans l'une des trente agences basées à San Pedro... Mais, afin de limiter les mauvaises surprises, nous avons réservé avec Karine, Seb et Tom, leur fils de sept ans, rencontrés quelques jours auparavant à Atacama. La capacité maximale des 4x4 étant de 6 personnes, nous nous assurons ainsi d'avoir un chouette groupe durant les trois jours que va durer l'excursion!

A notre petit comité de français se joindra Jeff, sympathique Taïwanais, féru de treks et de photographie. On ne pouvait pas mieux tomber!

A 7h30 nous voilà donc en route, direction la frontière bolivienne. Une fois les formalités remplies et le petit déjeuner englouti, nous sommes confiés à Richard, un guide local, et répartis dans les différents véhicules.

Une vingtaine de 4x4 se lancent à l'assaut des pistes! Ça risque de manquer d'intimité tout ça... Heureusement, même si le parcours des agences est plus ou moins le même, les pistes sont nombreuses et la sensation de rouler à la queue-leu-leu disparaît vite.

Commence alors le début de ce qui va être un enchantement permanent pour les yeux! Force est de reconnaître que les paysages qui défilent derrière la vitre sont à couper le souffle. Leur immensité, leurs dégradés de couleurs et leurs reliefs nous laissent ébahis !

La première journée verra se succéder trois lagunes, toutes plus belles les unes que les autres.

La laguna blanca pour commencer, qui doit sa couleur à une forte concentration en borax, suivie de la Laguna Verde, dont la couleur change au gré du vent.

Laguna blanca

Pour finir par l'étonnante Laguna Colorada, dont les rives, teintées par les minéraux, sont peuplées de flamants roses:

Et, afin de varier les plaisirs, nous ferons également une halte aux thermes de Polques, au désert de Dali et aux geysers Sol de Mañana, avant de rejoindre notre refuge pour la nuit, situé à 4200m d'altitude, juste à côté de la Laguna Colorada, idéal pour un joli coucher de soleil !

Une première journée intense, mais qui va largement au-delà de nos attentes grâce à des paysages de toute beauté certes, mais aussi grâce à un groupe complice, sur la même longueur d'ondes et un guide patient, qui nous laisse le temps de profiter de ces instants qui, même s'ils sont balisés,restent magiques !

Le lever à 6h45 le lendemain pique un peu... Engoncés dans toutes nos épaisseurs, nous attendons que le 4x4 accepte de démarrer... en vain! L'altitude, le froid et le manque d'oxygène ont eu raison du moteur qui a gelé durant la nuit! Il lui faudra 1h30 avant d'accepter de reprendre la route...

Direction à présent l'arbre de pierre, une étonnante formation géologique au cœur du désert, qui se prête bien au jeu, pour le plus grand plaisir de Tom... et de Myriam, tous les deux âgés de 7 ans à ce moment là!

La traversée du désert se poursuit et nous laisse entrevoir une faune nouvelle pour nous, dans des paysages toujours aussi incroyables...

Et comme nous ne nous en lassons pas, nous enchaînons à nouveau avec des lagunes qui, si elles sont moins spectaculaires que la veille, restent tout de même superbes grâce à la flopée de flamants roses et aux montagnes qui les entourent.

Nous poursuivons entre canyons, prairies et petits villages jusqu'à arriver à un hostal de sel, notre logement pour la nuit.

Murs, meubles, sols sont en sel et annoncent notre prochaine étape du lendemain : le fameux salar d'Uyuni, le plus grand désert de sel du monde !

Cette fois, levés à 5h50 pour voir le lever de soleil sur le salar! Nous sommes tous prêts à décoller à 6h... ne manque que notre guide! Richard a la crève depuis 3 jours et manifestement une panne de réveil, c'est ballot !

On le fait chercher et partons sur les chapeaux de roues pour arriver juste à temps pour voir le soleil éclairer le salar et se refléter sur l'eau. L'occasion de faire une petite séance photo!

Nous filons ensuite vers la petite île d'Incahuasi, véritable épicentre touristique ! Si, jusque là, nous n'avions pas vraiment été incommodés par la présence de la foule, les choses changent un peu ici... Tout le monde semble s'être donné rendez-vous sur ce petit îlot envahi de cactus! En même temps, c'est vrai que c'est mignon...

Puis démarre la traditionnelle séance photo dans le salar, où, grâce à un horizon qui semble s'étendre à perte de vue, tu peux faire des photos rigolotes. Nous nous prêtons au jeu avec plus ou moins de talent...

Et c'est ainsi, après un passage au cimetière de trains d'Uyuni, véritable décor de western, que s'achève notre premier tour organisé! Ce n'était pas si mal finalement...

37

Après 7h de bus, nous rejoignons Sucre, la capitale constitutionnelle et juridique de Bolivie, réputée pour être la plus belle ville du pays.

De fait, l'architecture coloniale, avec ses colonades, ses arabesques et ses murs d'un blanc immaculé, tranche avec les autres villes poussiéreuses que nous venons de traverser... Ici, ce n'est pas la saleté mais bien la propreté qui saute aux yeux!

Ancien fief de la haute bourgeoisie espagnole, Sucre, la ville la moins bolivienne de Bolivie, a su conserver un charme suranné qui plaît tant aux occidentaux et force est de reconnaître qu'il y fait bon vivre et qu'il est agréable de flâner au gré des ruelles... D'autant plus que sa situation à 2700m d'altitude rend son climat beaucoup plus agréable qu'ailleurs ! Ni trop chaud, ni trop froid, avec le soleil en prime!

Par ailleurs, la ville foisonne d'églises, de musées et se distingue par sa richesse culturelle. L'occasion pour nous de faire une petite pause avec la nature et d'en apprendre un peu plus sur l'histoire du pays! Enfin... pas trop quand même, puisqu'il y en a un dans le groupe qui traîne des pieds comme un gosse dès qu'il s'agit de s'enfermer dans un bâtiment...

Du coup, nous passerons cinq jours à nous reposer et à déambuler dans les rues, profitant que la ville soit animée par les préparatifs de la fête nationale du 25 mai et par le défilé de toutes les écoles de la ville.

Nous en profiterons aussi pour déguster de délicieux chocolats, et oui, Sucre est aussi la capitale du chocolat, ça tombe sucrément bien!

Nous testerons également le cinéma en espagnol et sans sous - titres, voui m'dame, on est des fous! (heureusement, avec Star Wars c'est toujours un peu la même histoire donc pas très difficile à comprendre! Pis ça passe presque mieux en espagnol en fait...)

Nous chercherons désespérément à nous procurer de la coca afin de palier au mal de l'altitude pour notre prochaine rando et comprendrons, face au regard effarouché et gêné des gens, qu'on ne doit pas dire de but en blanc "¿Donde podemos comprar coca, por favor? " mais plutôt "¿Donde podemos comprar ojas de coca para facilitar la respiración en las montañas, por favor ?", ça évite de passer direct pour le petit occidental en quête d'un sniff pas cher...

Enfin, nous finirons tout de même par trouver notre bonheur au Mercado Negro, après 5 jours de recherches infructueuses ! Pas si facile de s'en procurer finalement...

Mais ce que nous avons préféré par dessus tout et dont nous ne nous sommes pas lassés, c'est d'aller faire le tour de l'immense marché de Sucre, où l'on déguste de succulents menus pour 1,5€, où les fruits sont aussi bons et savoureux qu'en Polynésie française, où les couleurs et les senteurs explosent à chaque étal et où les femmes sont encore en tenues traditionnelles.

Malheureusement, deux choses ont gâté notre séjour à Sucre et laisseront un souvenir en demie teinte :

- le cordonnier, censé réparer et redonner un coup de jeune à nos chaussures de randonnée, usées par 5 mois de marche, ne connaissait visiblement pas l'utilité du gore-tex et a transpercé à plusieurs reprises l'une des chaussures de Renan qui, en s'en rendant compte, a détruit ses lunettes de soleil dans un accès de rage! (Ben oui, au point où on en est, on peut bien renouveler tout le matos ! ).

Bon, pour la défense de ce pauvre monsieur, notre espagnol est tellement mauvais que nous avons été incapables de lui expliquer correctement ce nous voulions, ça nous servira de leçon!

- pour la première fois depuis le début du séjour, nous avons été confrontés à la réalité du racisme envers "los gringos" (nous en somme...). Entre insultes, mépris cinglant, refus de nous adresser la parole, l'animosité des boliviens (uniquement des boliviennes en fait!) a été vraiment blessante et suffisamment répétée en l'espace de si peu de temps pour donner envie à la blonde de fuir ce pays au plus vite...

Heureusement, nous finirons notre séjour à Sucre par une note positive avec un dernier verre en compagnie de Seb, Karine et Tom, nos amis du salar, mais c'est sans regrets que nous quittons cette ville, trop touristique peut-être, pour aller chercher plus d'authenticité dans les montagnes, en espérant que l'accueil y sera plus chaleureux...

38

Bon, c'est pas l'tout, mais ça va bientôt faire deux mois que nous n'avons pas randonné et y'en a un qui a les pieds qui le démangent (et, pour une fois, c'est pas la faute des mycoses...)!

Renan nous avait déjà dégoté une super rando qui devait nous faire passer clandestinement la frontière Bolivie-Chili mais, après des recherches plus poussées, il a découvert que la frontière était encore truffée de mines à certains endroits... C'est pas qu'on n'aime pas mettre du piment dans nos vies, mais marcher sans jambes c'est pas facile, alors on a préféré renoncer à cette aventure...

A la place, nous filons à Sabaya, point de départ d'une double randonnée. Il est 9h30, on vient de se taper 10h de bus, nos sacs font près de 17kg avec leurs 10 jours d'autonomie et leur plein d'eau, mais, même pas peur, on se lance direct dans le feu de l'action ! (Enfin, la blonde râle quand même pour la forme et parce que les bus de nuit n'ont rien d'une sinécure...)

Jour 1 : De Sabaya à Coipasa

Dist: 35km / Dev + : 45m / Dev - : 0m / Temps : 8h

Frustré d'avoir dû faire le Salar d'Uyuni en 4x4, Renan est décidé à réparer cet "échec" en nous faisant traverser un bout du deuxième plus grand salar au monde... à pieds cette fois!

La randonnée commence tranquillement au cœur de l'Altiplano, à 3700m d'altitude, dans un décor que nous avions déjà aperçu sans vraiment prendre le temps de l'apprécier. Entre plaines et montagnes, les lamas pullulent. Myriam s'extasie et mitraille ce qui n'est rien d'autre que le mouton bolivien après tout...

Feuilles de coca en bouche, afin de palier aux soucis de respiration et pour nous apporter un petit coup de boost, nous nous fondons dans le paysage, comme de vrais boliviens... le bronzage en moins ! Le problème des plaines, c'est que les paysages semblent ne jamais vouloir changer... Les kilomètres ont beau défiler, une certaine monotonie s'installe jusqu'à ce que, tout à coup, les prémices du salar apparaissent...

La fatigue commence à se faire sentir, mais nous sommes trop excités à l'idée d'avoir un désert de sel pour nous tous seuls pour nous arrêter en si bon chemin!

A l'inverse de celui d'Uyuni, ravagé par les allées et venues incessantes des 4x4 et par l'organisation du Dakar, le salar de Coipasa, pourtant à proximité, est encore préservé du tourisme! Quelle chance qu'il existe encore de tels endroits...mais jusqu'à quand?

En attendant, nous profitons pleinement de toutes les perspectives qu'il a à nous offrir, avec ou sans crevasses, sec ou inondé...

Salar de Coipasa

Mais l'heure tourne et le soleil décroît. Nous nous hâtons pour rejoindre le village de Coipasa, notre seule chance de nous ravitailler en eau et de ne pas dormir sous tente car ici la nuit peut descendre jusqu'à -15 !

C'est exténués que nous arrivons, in extremis, dans le village ! Perdu au milieu de nulle part, il a des allures de ville fantôme avec ses rues désertes, sales et inquiétantes... jusqu'à ce que l'on tombe sur le terrain de foot! Toute la ville semble s'être retrouvée là !

On nous propose une partie mais nous sommes trop lessivés et ne rêvons que d'un lit douillet... Un villageois nous conduit alors chez Flora, où nous dormirons d'un sommeil profond et sans rêves après ces 35kms de marche...

Jour 2 : de Coipasa au bivouac dans la plaine

Dist : 28 km / Dev +: 0m / Dev -: 0m / Temps: 7h

Après 12h d'un sommeil de plomb, nous quittons Flora pour revenir vers Sabaya en passant par le Lago Coipasa... que nous n'atteindrons jamais! Le salar étant inondé, nous marchons plus d'une heure dans l'eau avant de nous résigner à rejoindre la route de peur que les dégâts sur nos chaussures soient irréparables... Tant pis pour le lac!

Néanmoins, l'effet de miroir provoqué par l'eau est incroyable, on dirait que le ciel et la terre se sont fondus l'un dans l'autre!

Les distances semblent s'étendre à l'infini et la fatigue de la veille est encore bien présente. De plus, avec nos sept litres d'eau sur le dos, nos sacs jouent contre nous et nous meurtrissent le dos et les hanches... Après deux mois sans rando, la reprise est douloureuse, comme si nos corps ne gardaient pas en mémoire les efforts passés et redécouvraient chaque fois la douleur dans toute son intensité...

Par ailleurs, les allers - retours n'ont jamais rien de très stimulants, les paysages étant connus, nous décidons donc de ne pas reproduire la même erreur en ménageant nos muscles fatigués cette fois (en fait, il est déjà trop tard...). Après 28kms, nous nous arrêtons donc pour bivouaquer au cœur de la plaine.

Jour 3 : du bivouac à Sabaya

Dist : 15km / Dev +: 0m / Dev - : 0m / Temps : 3h

La tente a gelé durant la nuit! Heureusement, avec nos supers duvets, nous n'avons pas du tout ressenti le froid! A voir s'ils sont aussi efficaces sur des altitudes plus hautes...

Les 15kms qui nous séparent de la ville ne sont qu'une formalité, mais il nous tarde d'arriver afin de nous laver de tout ce sel qui ronge les chaussures, les tissus et les chairs. Ce soir, ce sera un bon repas chaud et une nuit à l'hôtel avant de repartir demain pour la suite de la randonnée, direction le nord cette fois et le parc national de Sajama, réputé pour être l'un des plus beaux du pays !

Jour 4 : de Sabaya à Tunapa

Dist : 25 km / Dev +: 65m / Dev - : 40m / Temps : 6h30

La nuit a été rude... Finalement il a fait plus froid dans la chambre d'hôtel que dans la tente, c'était bien la peine! Dehors tout a gelé, même le tuyau du camelbag ! Ça va être pratique pour boire ! Pour nous réchauffer, nous petit déjeunons sur un trottoir de la bonne soupe chaude de quinoa façon Matilde et en route!

Cette petite halte dans la civilisation nous a permis de voir que l'accueil des boliviens n'a plus rien à voir avec celui de Sucre! Ici, les gens sont souriants, curieux, te disent bonjour dans la rue, t'accompagnent sur un bout de chemin pour faire la conversation, bref, c'est ça que nous étions venus chercher et nous l'avons trouvé, ouf!

Après quelques kilomètres, nous traversons un cimetière inca (sans vraiment savoir de quoi il s'agit alors...). Le site est impressionnant avec ses tombeaux ouverts qui laissent apercevoir les restes de cadavres humains... Malheureusement sa présence en bord de route a facilité les dégradations et les ossements éparpillés se mêlent aux ordures des locaux...

Nous poursuivons tranquillement sous le regard curieux des lamas...

Au détour d'un virage se découvre au loin Sajama, le volcan aux neiges éternelles qui culmine à 6542m et qui sera notre point de chute d'ici 4 jours, si tout va bien...

Avec cette plaine qui s'étend à perte de vue, les paysages deviennent vite monotones... jusqu'à ce que l'on quitte enfin la route pour une piste qui nous conduit au cœur du décor!

Tout à coup, les montagnes s'animent de couleurs rouges et ocres, les cailloux laissent place à des variations entre épineux, rivières aux milles ramifications, dunes de sable et même des villages abandonnés font leur apparition! Le tout sur fond de troupeaux de lamas évidemment, pour le plus grand plaisir de la blonde ! Nous qui pensions que nous allions nous ennuyer!

Malgré tout, après 6h30 de marche, il nous tarde d'arriver à Tunapa ! C'est, encore une fois, la promesse d'un repas chaud et d'un lit douillet qui nous aide à tenir et à supporter le poids des sacs.

Mais, lorsque nous arrivons enfin, le village semble désert... Ne manque plus qu'un ballot de foin balayé par le vent et l'on se croirait presque dans une ville morte du far-west!

Nous errons dans les ruelles, à la recherche d'un signe de vie, mais rien! Toutes les portes sont cadenassées et la ville semble figée dans un entre - deux. S'en est presque inquiétant... Qu'est ce qui peut pousser tous les habitants d'une ville à abandonner ainsi leurs biens? Une guerre? Une épidémie ? ? Des essais nucléaires ? ? ? Il n'en faut pas plus pour que l'imagination de la blonde s'emballe ! 😱

Tant pis, nous sommes trop épuisés pour pousser plus loin... Nous élirons donc domicile dans la seule maison non cadenassée... Et pour cause, elle n'a pas de porte! Au moins, les quatre murs étant là, nous serons à l'abri du vent ! Ne reste plus qu'à essayer de trouver le sommeil dans ce climat des plus angoissant... (enfin, ça c'est pour Myriam, car Renan pourrait dormir absolument n'importe où ! )

Jour 5 : de Tunapa au bivouac dans un champ

Dist: 25 km / Dev + : 150m / Dev - : 50m / Temps: 6h

Bon, aucun fantôme n'est venu troubler notre sommeil cette nuit! Ça, s'était pour la bonne nouvelle! La mauvaise en revanche, c'est que tous les robinets d'eau potable ont gelé dans la nuit! Impossible donc de se réapprovisionner avant le prochain village... en espérant qu'il soit aussi bien alimenté!

Pour le savoir, il nous faudra marcher 3h, entourés de dunes de sables, de montagnes colorées et face aux monts enneigés... Y'a pire comme vue!

Lorsque nous arrivons enfin à Villa Tunari, l'impression de pénétrer à nouveau dans une ville morte se fait sentir... Mais à tort cette fois puisque nous sommes accueillis par Claudia et Iacinto, qui nous offrent volontiers à boire en échange d'un brin de conversation !

Décidément, le contact avec les boliviens hors des villes touristiques n'a plus rien à voir avec celui que nous avons connu à Sucre! Nous sommes sous le charme de la gentillesse des gens qui, s'ils ne comprennent pas forcément pourquoi nous prenons plaisir à tout faire à pieds, chargés comme des mules (Myriam non plus ne comprend pas toujours...), alors qu'il y a des lamas à profusion pour porter nos charges, sont ravis néanmoins de pouvoir échanger avec nous!

Rebelote 7kms plus loin avec Filipa, qui nous montre son élevage d'alpagas et s'amuse de l'air émerveillé de la blonde face à ces petites bêtes poilues!

Cette fois, nous avons fait le plein d'eau ! A partir de maintenant, il n'y a plus de village pour se ravitailler avant 40kms! Il nous faudra donc tenir 2 jours avec les 7L que nous avons sur le dos.

Ça devrait le faire, si ce n'est que la blonde a perdu en cours de route une bouteille d'un litre... Le boulet est de retour! Et comme en plus elle boite, c'est Renan qui s'y colle pour rebrousser chemin et récupérer la précieuse ressource!

Plus le temps d'aller plus loin et surtout, plus l'énergie! Nous plantons donc la tente dans un réservoir d'eau vide afin de nous protéger des rafales de vent (enfin, c'était l'idée, dans les faits ça n'a pas protégé grand chose...)! La nuit promet d'être fraîche...

Jour 6 : du bivouac dans le réservoir à Kotasi Grande

Dist : 25km / Dev +: 120m / Dev -: 110m / Temps : 6h / Alti: 4016m

La nuit fut courte... Entre les rafales de vent et les douleurs musculaires, Myriam n'a quasiment pas fermé l’œil et le résultat donne une blonde ronchon...

Aujourd'hui, rien ne trouvera grâce à ses yeux... Entre les vingt bornes qu'il faut parcourir pour changer enfin de paysage (pour une fois, on serait mieux à vélo !), l'ennui qui découle de cette monotonie, le rythme, trop lent en raison de la douleur, qui rend la marche encore plus interminable... Bref, l'envie d'en finir au plus vite se fait sentir mais, vu notre avancement, nous risquons de devoir prolonger le plaisir au moins 3 jours supplémentaires... Super!

Heureusement, Renan est là pour rééquilibrer la balance ! Nous n'avons pas croisé un touriste depuis 6 jours et, rien que cela suffit à le satisfaire ! Ajoutons-y les conditions plutôt rudes : rationnement en eau, nécessité d'économiser le gaz donc utilisation du réchaud à bois façon Robinson Crusoé, vent de face en journée et nuit froide, donc bonne occasion de démontrer la qualité du matos et vous avez un homme heureux ! Il en faut pour tous les goûts...

Et, comme une fois n'est pas coutume, nous retombons sur un village abandonné pour passer la nuit... Ce n'est pas ce soir que nous aurons un lit douillet et un bon petit repas maison, sniff...

Jour 7: de Kotasi Grande à Sabay Kollu

Dist : 30km / Dev +: 50m / Dev - : 100m / Temps : 7h / Alti : 3910m

Ça caillote grave!!! La tente, l'eau et les doigts de pieds de Renan sont congelés au petit matin ! Dur dur de s'extraire du duvet dans ces conditions... Néanmoins, cette nuit a permis à Myriam de reprendre des forces et donc de la mettre dans de meilleures dispositions pour la journée à venir (finie la mauvaise humeur? Vraiment ? ?)

A peine sommes nous sur la route que déjà les paysages nous enchantent ! Pas de vent cette fois pour nous faire obstacle, ni de nuages pour ternir les couleurs éclatantes du décor ! Nous traversons de nouveau des hameaux déserts et des champs remplis d'alpagas et on ne s'en lasse pas!

Mais le clou du spectacle se révèle alors que nous pénétrons au cœur des montagnes... Ici se cache une lagune aux couleurs incroyables, entre un beau vert glauque (comme dirait Gégette!), un blanc éclatant et des variations de bleus, le tout envahi par une colonie de flamants roses ! Que demandez de plus ? ? Ah oui, et en plus c'est gratuit et... nous sommes seuls pour admirer ce magnifique panorama! C'est pas un peu la classe ça ? ? Bref, l'endroit est idéal pour une petite pause déjeuner !

Et, comme si cela ne suffisait pas, nos pas nous conduisent tout droit à notre premier site inca, vieux de 800 ans! Ces Chullpas sont en fait les tombes de l'élite inca et servaient également de lieu cérémoniel.

Ce qui est incroyable, c'est de voir dans quel état de conservation sont ces tombeaux alors même que le site est laissé en libre accès (et, non, contrairement à ce que pensait la blonde, les monuments n'ont pas été tagués! )! Bon, en même temps, vu le nombre de gens que nous avons croisé, ça aide... Les boliviens ont bien raison de garder l'endroit secret!

Après cette journée remplie de merveilles, il ne nous reste plus qu'à trouver un spot pour la nuit... Mais, pour cela, il nous faudra franchir un rio glacé, recroiser des chullpas et des lamas, jusqu'à arriver au village abandonné (mais, au vu du chaton et des poules qui s'y trouvent, l'est - il vraiment ? ?) de Sabay Kollu et enfin y élire domicile dans des ruines...

Jour 8 : de Sabay Kollu à Chachacomani

Dist : 27km / Dev +: 384m / Dev -: 50m / Temps : 6h30 / Alti : 4300m

Réveil nuageux ce matin... Pour la première fois depuis que nous sommes en Bolivie, le ciel est menaçant. Cela donne aux paysages un aspect encore plus sauvage.

Les couleurs sont plus tranchées, plus sombres, jusqu'à la Laguna Macaya qui empreinte à la nue ses reflets gris. Même les flamants roses paraissent plus ternes! Ce nouveau décor a néanmoins un certain charme...

Arrivés au village de Macaya, nous sommes surpris de voir autant d'êtres vivants! Une quinzaine de personnes, c'est plus que tout ce que nous avons croisé depuis une semaine ! Nous en profitons pour faire le plein d'eau, acheter une petite douceur et filons parcourir les 23kms qui nous séparent de prochain village.

Commence alors un trajet interminable... De nouveau, nous sommes confrontés à la monotonie du paysage, d'autant plus que, loin de s'améliorer, la météo capricieuse voile l'essentiel et nous offre même quelques épisodes neigeux ! C'est le pompon !

C'est long, mais c'est looooong ! 15kms à lutter contre le vent, le froid et la neige, on a déjà connu mieux! Heureusement quelques lamas viennent égayer notre routine...

Jusqu'à ce que nous finissions par arriver dans un vrai village avec de quoi se restaurer et se loger, ouf! (Bon, en vrai, rien n'est prévu pour le touriste mais, grâce à la pitié des habitants, nous logerons dans la chambre des enfants d'une bolivienne ! ). En espérant que, demain, le temps sera meilleur pour rejoindre Sajama dans de bonnes conditions...

Jour 9: de Chachacomani à Sajama

Dist: 13km / Dev +: 50m / Dev -: 50m / Temps 3h30 / Alti : 4300m

WTF??! C'est quoi cette mauvaise blague ? ? ? Voilà le paysage que nous découvrons au petit matin en ouvrant la porte...

Il a neigé toute la nuit, recouvrant l'intégralité du paysage d'un manteau blanc cotonneux ! Et la blonde qui se plaignait que cette randonnée était monotone... C'était sans compter sur les caprices de la météo !

N'empêche, cette neige arrive vraiment au mauvais moment... Il nous reste encore 27kms à parcourir dans des endroits complètement paumés avant d'arriver à destination. En plus, il fait froid, les chaussures de Renan ne sont plus étanches et on n'y voit pas à 20m! S'il arrive quoi que ce soit, c'est la merde!

Nous quittons donc, sous les flocons, la sécurité du village pour nous lancer, peu confiants, dans un décor où le blanc s'étend à l'infini, donnant une étrange sensation de vertige et de perte de l'espace...

Alors que nous marchons depuis deux heures, le bruit, inespéré, d'un moteur se fait entendre! Un regard suffit pour se dire "On le tente ? Ouais, c'est de la triche mais tant pis, le temps est trop pourri pour prolonger la galère ! ". Et, par chance, Arias Gonzales s'arrête, trop curieux de savoir ce qui a poussé deux fous à sortir par ce temps! Il nous déposera sur la route principale, à l'entrée du parc Sajama. 10kms de gagnés pour nous, plus que 11!

Le guardiaparque à l'entrée se fend la poire en nous voyant arriver et, après avoir écouté notre périple, veut absolument se prendre en photo avec nous (enfin, juste avec Renan en vrai...). Bien, nous passons vraiment pour des bêtes de foire...

Nous y voilà enfin! Le célèbre parc qui abrite le plus haut volcan du monde, culminant à 6500m, et que l'on a prévu d'escalader dans les jours qui viennent... Sauf que le Sajama est invisible, complètement masqué par les nuages et la neige qui tombe sans discontinuer... C'est pas de bol hein?😑

A la place, il faudra nous contenter de l'affreux nandou des neiges et du lama en tenue de camouflage...

Après 3kms, une voiture s'arrête à nouveau et nous propose de nous déposer en ville... Bah, après tout nous avons déjà triché une fois alors on n'est plus à ça près, n'est ce pas?

Et c'est ainsi qu'après 9 jours de randonnée, nous arrivons enfin à destination, gelés, crevés, sales (ça fait 6 jours qu'on ne s'est pas lavé, un record de cracrassitude ! ) et affamés! Tout ça pour s'entendre dire que la neige récente a rendu le terrain instable et dangereux et donc qu'aucune des activités prévues ne sera possible... Super...

Tant pis, nous en profiterons pour squatter un vrai lit pendant deux jours, finir "Crime et châtiment", manger et boire du vin avant de prendre un bus pour La Paz... en espérant que ces derniers circulent malgré la neige...

Bon, pour ceux qui se poseraient la question, la polaire et le bonnet au lit c'est pas pour le "style", c'est juste que le chauffage n'existe pas en Bolivie... Ici, t'as le droit à 6 couvertures et basta! Après t'as plus qu'à te geler les fesses, même en étant à l'intérieur ! Le célèbre "Sortez couverts" (du lit!) n'a jamais eu autant de sens que dans ce pays...

Jour 10: Sajama

Dist : 12km / Dev +: 700m / Dev -: 700m / Temps : 3h / Alti : 5000 m

Changement de programme ! Alors que nous avions prévu de glander toute la journée en attendant le bus du lendemain à 6h, le ciel se dégage!

Impossible de laisser passer cette occasion (peut être la seule!) d'aller explorer les environs et de découvrir les magnifiques paysages qui entourent le village de Sajama.

Nous décidons d'aller randonner du côté du volcan, dont la cime est encore sous les nuages mais, peut être qu'avec un peu de chance, elle se découvrira le temps de notre ascension...

Plus les minutes passent et plus le décor se dévoile... Dire que depuis 3 jours nous n'avions rien vu de toutes ces merveilles...

L'ascension, qui avait commencé en douceur, se fait plus raide. Nous avons oublié nos feuilles de coca à l'hôtel, c'est bête, à 4900m d'altitude, ça nous aurait bien aidé ! Heureusement, la vue sur le Sajama est incroyable et, lui qui était si timide depuis quelques jours, se dévoile enfin dans toute sa grandeur...

Néanmoins, nous ne nous attardons pas en haut. Le froid nous fait redescendre en vitesse, avec en prime une vue incroyable sur toutes les montagnes environnantes ! Nous reprenons espoir. Finalement, si le temps se maintient, ça vaut peut être le coup de rester quelques jours de plus afin de faire la randonnée prévue initialement...

Jour 11: Adios Sajama!

Bon, nous avions misé sur une amélioration de la météo et nous avons perdu... Il y a trop de choses à voir en Bolivie pour que nous nous attardions plus longtemps ici dans l'espoir, incertain, de pouvoir randonner... Dommage, au moins aurons-nous eu la chance de voir le Sajama et tant pis pour son ascension !

Avant de partir, Myriam se fait interviewer pour témoigner de l'inactivité que connaît le parc de Sajama en raison de la neige... Seraient-ce nos premiers pas à la télévision bolivienne ? ?

Pressés de mettre les voiles, nous nous arrangeons avec une locale pour nous faire déposer sur la route principale, à 12kms de là, et décidons de tenter le stop pour rejoindre La Paz... Buena Suerte !

39

Après six jours passés en mode zombies à La Paz, la capitale la plus haute du monde, où nous ne quittions la chambre qu'entre deux siestes, pour remplir nos ventres affamés (quand Renan n'était pas en train de vomir ses tripes ou Myriam plongée dans ses lectures!), il est temps de reprendre du service!

Seul petit problème : la météo ! Les deux randonnées que nous comptions faire sont malheureusement soumises aux intempéries pour les 7 prochains jours. Dérèglement climatique oblige, ce qui est habituellement la saison sèche en Bolivie, s'est transformé en saison des pluies! Et, bien évidemment, personne n'avait jamais vu ça! C'est bien notre veine !

Sauf que la pluie à plus de 4000m d'altitude, ben nous on sait ce que ça donne! Et la neige, ça a beau être joli sur les photos, ça reste froid! Alors cette fois on préfère passer notre tour!

Nous décidons donc, pour tuer le temps, de nous rendre à Copacabana (pas au Brésil hein! Oublions tout de suite les mini bikinis, les plastiques de rêve et la plage paradisiaque, on est en Bolivie là...)!

Cette petite ville portuaire est située au bord du célèbre lac Titicaca, connu pour son nom qui fait rire les enfants, mais surtout pour être le plus haut lac navigable du monde, puisqu'il se trouve à 3900m d'altitude (avec le plus haut volcan et la plus haute capitale du monde, la Bolivie détiendrait-elle le record de la folie des hauteurs ? ?).

L'avantage, surtout, c'est que le secteur bénéficie d'un micro climat qui devrait nous permettre d'éviter les intempéries à venir! Enfin, ça c'est sur le papier...

Sitôt arrivés, nous déjeunons d'une truite (qui finira malencontreusement par terre pour Renan!), la spécialité de la région, puis nous profitons du soleil pour nous lancer dans l'exploration de la ville et de ses environs.

L'endroit étant très vallonné, il est facile de prendre de la hauteur, franchissant ainsi la barre des 4000m, et d'avoir une vue dégagée sur les montagnes et sur le lac, qui semble s'étendre à l'infini, telle une mer d'eau douce... Avec ses 180 kms de long et ses 60 kms de large, pas étonnant que l'on n'en voit pas le bout!

La ville, toute en montées et descentes, s'avère agréable à parcourir sans les hordes de touristes qui débarqueront en juillet -août ! Les bâtisses non achevées sont légion, comme partout en Bolivie, et témoignent d'une volonté de se développer rapidement... C'est encore le bon moment pour venir !

Jour 1: De Copacabana au phare

Dist : 22km / Dev +: 200m / Dev - : 100m / Temps : 6h / Alti : 4000m

Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes fin prêts pour partir randonner direction la pointe de la côte. L'itinéraire suit une piste et longe le lac Titicaca tout du long, offrant de jolis points de vue sur la baie ainsi que sur la célèbre Isla del Sol, réputée pour être l'un des berceaux de la mythologie Inca.

Malheureusement, un conflit oppose actuellement le nord et le sud de l'île (encore une histoire de gros sous liés au tourisme, super!). Du coup les deux tiers de l'île sont inaccessibles aux étrangers... Nous ferons donc l'impasse sur la visite et nous contenterons d'observer l'Isla del Sol de loin! Tant pis!

Mais cette petite frustration est vite oubliée face à la beauté des paysages. Nous sommes les seuls à faire ce trajet à pieds, avec nos gros sacs, suscitant la curiosité de boliviens à vélo qui s'arrêtent pour faire la discussion. Et notre tranquillité est à peine troublée par le passage de quelques taxis transportant les locaux au bout de la route.

Mais ce qui nous séduit le plus (enfin, surtout la blonde!), c'est d'assister à ces scènes paisibles de la vie paysanne, qui nous changent de l'indifférence grouillante de la ville.

Nous observons (et sommes observés ! ) avec plaisir ces tranches de vie quotidienne qui répondent à des besoins primaires répétitifs mais tellement essentiels: nourrir les bêtes, moissonner les champs, récolter, pêcher. Bref, c'est la campagne, c'est beau et on s'y sent bien! (A quand notre exploitation de lamas???)

Et, tandis que nous nous arrêtons face au lac pour une pause déjeuner bien méritée, nous sommes rejoints par un nouveau compagnon de route... Entre vagabonds, on se flaire de loin n'est ce pas? Nous baptiserons ce dernier: Charly!

Arrivés à Yampupata, la route s'achève. Maps.Me nous indique de rebrousser chemin, c'est mal nous connaître... Les cultures en terrasse abondent sur la colline et un sentier permet de serpenter entre elles. Nous l'empruntons afin de prendre de la hauteur et trouvons l'endroit idéal où planter la tente!

Nous camperons donc face à l'Isla de la Luna avec, sur notre gauche, l'Isla del Sol, que demander de plus?? Ah si... je sais... qu'ils arrêtent leur musique poussée à fond en mode boîte de la night, parce que dans un décor aussi beau, ça jure un peu ! L'Isla del Sol essaierait - elle de compenser sa baisse de fréquentation par des activités "branchées "?? Quel dommage!

En tout cas, nous n'avons plus aucun regret de ne pas y être allés... Ce que nous en entendons d'ici suffit largement à nous renseigner sur l'ambiance qui y règne...

Jour 2: du bivouac à Copacabana

Dist : 22km / Dev +: 100m / Dev -: 200m / Temps : 6h / Alti : 4100m

Si la journée a été magnifique, la nuit sera plus agitée... Nous nous réveillons sous la grêle. Charly a trouvé refuge sous l'abside de la tente et attend patiemment que nous donnions le feu vert pour plier bagages... Sauf qu'il nous faudra patienter jusqu'à 10h avant d'avoir une accalmie ! Vive les micro climats !

Nous reprenons la route sous les nuages cette fois, longeant les crêtes, escaladant les cultures en terrasse, jusqu'à repérer un endroit au bord du Titicaca où nous pourrons déjeuner.

C'est l'occasion pour Renan d'une petite baignade expresse dans le lac Titicaca (rappelons tout de même que c'est l'hiver en Bolivie, que nous sommes à presque 4000m d'altitude et que la température de l'eau doit avoisiner les 10°C maxi...)! Quel crâneur, même Charly ne s'y est pas risqué !

Le retour sur Copacabana se fait ensuite tranquillement. Stimulé par un trop plein d'odeurs, une ribambelle de compagnons qui lui ressemblent et de la nourriture à gogo, nous perdons Charly à notre entrée dans la ville, ainsi va la vie du plus fidèle ami de l'homme... Tant pis, pour nous ce sera hôtel et bonne truite pour ce soir!

Jour 3: de Copacabana à Yunguyo

Dist : 16km / Dev +: 50m / Dev -: 50m / Temps : 4h

Comme nous n'en avons pas encore eu assez, nous avons décidé de rejoindre Tiwanaku, notre prochaine destination, à pieds, ce qui représente la bagatelle de 120 kms...

L'intérêt, c'est que nous pouvons continuer à longer le lac Titicaca, mais de l'autre côté cette fois et qu'il nous faut passer par la frontière péruvienne (le lac étant partagé entre les deux pays ! ), ce qui nous donnera un petit avant goût de la suite du programme !

A peine nous sommes nous mis en marche que trois nouveaux chiens s'incrustent! Décidément, si ça continue, on va vraiment se transformer en punks à chiens! Renan est ravi! C'est donc en compagnie de Riri, Fifi et Louloute que nous vagabonderons.

De nouveau, les paysages sont superbes. Nous longeons les cultures tout du long, face à des agriculteurs étonnés.

Et, alors que nous pensions être au complet, l'oncle Picsou se joint à nous! On doit renvoyer une drôle d'image avec nos quatre chiens qui ne nous quittent pas d'une semelle !

Après un déjeuner pour 1,5€ dans le petit village de Kasani, nous marchons encore une demie heure et passons la frontière ! Ça y est, nous sommes officiellement au Pérou... avec nos 4 chiens! (Bon ils sont entrés clandestinement, mais chuuut, faut pas l'dire! ).

Mais à peine arrivés que le groupe se disperse! Riri se fait caillasser pour avoir tenter de croquer la poule d'un péruvien furieux, Picsou préfère retourner en Bolivie, Fifi s'en va draguer la gueuse et Louloute se fait chasser par Renan...

Nous voilà de nouveau seuls et comme nous venons de gagner une heure en raison du décalage horaire, nous décidons de nous faire un petit film primé en langue Aymara, qui est un dialecte local, au même titre que le Quechua... Heureusement, les sous-titres sont en espagnol !

Le film, qui retrace l'histoire d'un vieux couple vivant isolé dans les montagnes et confronté à la dureté extrême d'une vie qui se résume à survivre, est bouleversant et nous rappelle les petits villages montagnards que nous avons pu croiser durant nos treks en Bolivie...

Yunguyo

Le lendemain, nous décidons de modifier nos plans. La route ne permettant pas de longer le lac Titicaca nous ne voyons pas l'intérêt de nous rendre à Tiwanaku à pieds. Nous stoppons donc un bus pour nous rendre à Desaguadero, la ville frontière, au plus vite.

L'endroit est grouillant de vie, complètement à l'opposé de Yunguyo! Nous profitons du marché avant d'aller faire tamponner nos passeports, sous le regard étonné des douaniers péruviens face à un passage aussi bref... Qu'ils ne s'inquiètent pas, nous reviendrons !

Ne reste plus qu'à sauter dans le premier bus pour Tiwanaku !

40

Vieille de plus de 4000 ans, la culture Tiwanaku fascine aujourd'hui encore historiens et archéologues... et pour cause!

Comme pour l'île de Pâques, de nombreux mystères entourent cette civilisation qui s'est développée durant 3000 ans, de -2000 jusqu'au XIème siècle, avant de disparaître subitement. Quand on sait que la civilisation inca a duré à peine deux siècles, on comprend l'influence qu'ont eu les Tiwanaku sur les autres peuples andins...

Ils ont laissé derrière eux un héritage immense et surtout des connaissances incroyables dans les domaines de l'agriculture, des sciences (astronomie, mathématiques, ingénierie...) et de la construction.

Les scientifiques ne comprennent toujours pas comment il leur a été possible de réaliser des constructions aussi techniques et précises sans les outils que nous possédons aujourd'hui!

En Bolivie, c'est justement la ville de Tiwanaku qui concentre actuellement le plus grand site de vestiges de cette civilisation. Malheureusement, les intempéries, les conquistador avides d'or, les chercheurs en quête de prestige et même les locaux, inconscients de leurs richesses, ont eu raison des lieux...

Pour exemple, la pyramide de Akapana, censée être construite sur 7 niveaux, a été détruite par les espagnols dans l'espoir d'y trouver de l'or, les pierres des temples, parce qu'elles étaient taillées dans une symétrie parfaite, ont servies à la construction de ponts et d'habitations, les statuettes ont été récupérées par les locaux pour décorer leur jardin et, de toutes les portes sacrées, seules se dressent aujourd'hui la puerta del sol et la puerta de la luna...

Bref, il ne reste plus grand chose de l'ancienne cité mythique! Et, pour essayer de compenser ce qui avait été perdu, l'état n'a rien trouvé de mieux que de coller entre elles de vieilles pierres avec du béton ! Ça donne envie n'est ce pas? Mais... Que vois - je? ? ? Ne serait - ce pas un Moai ? ? ? Pas tout à fait non... Mais il y a tout de même un petit air de famille! Les interprétations sont ouvertes...

Néanmoins, malgré toutes ces dégradations, nous avons été impressionnés par les restes de magnificence qui perdurent sur le site, par la précision de la taille des pierres ainsi que par l'aura dégagée par les statues.

Il y a quelque chose d'émouvant à se balader entre les vieilles pierres de cette ancienne cité, parvenue, au temps de son âge d'or, à dompter les éléments et à dominer les andes dans un environnement pourtant hostile à l'homme...

Et, pour couronner cette visite, nous terminerons par un défilé coloré et musical dans les rues de Tiwanaku !

A présent, retour à La Paz !

41

Cette fois, nous ne nous attardons pas à La Paz. Après deux jours, nous prenons un colectivo pour La Cumbre, située à 4 650m d'altitude, qui est le point de départ de l'une des randonnées les plus prisée de Bolivie.

La raison ?

Elle emprunte un ancien chemin inca depuis les sommets enneigés jusqu'aux portes de l'Amazonie, soit 50kms de descente ! Elle est donc accessible aux sportifs du dimanche (dont nous faisons partie visiblement étant donné les courbatures que se paye la blonde au niveau des fesses depuis 2 jours!)!

Jour 1: De La Cumbre à Chucura

Dist : 15km / Dev +: 200m / Dev -: 1300m / Temps : 3h30 / Alti max : 4900m

Bon alors, petite rectification : avant de commencer à descendre, il va tout de même falloir grimper 200m! Nous avoisinons presque les 5000m, avec une vue imprenable sur les montagnes et les lagunes environnantes. Pas dégueu cette petite mise en bouche...

Voilà, maintenant la partie plaisante peut enfin commencer (enfin, pour la blonde! Car, comme on peut s'en douter, Renan préfère de loin la difficulté de la montée et l'incomparable plaisir de sentir l'odorante sueur recouvrir son corps d'athlète...)!

Nous laissons progressivement la neige derrière nous pour rejoindre la vallée verdoyante avec ses lamas, ses moutons et ses viscaches.

Mais alors que nous nous enfonçons au cœur de la vallée, nous découvrons que les nuages, bas et compactes, ont envahi les lieux... Inutile dans ces conditions de pousser plus loin notre avancée, nous n'y voyons pas à 10m!

Après nous être acquittés du droit de passage de 20 bolivianos (soit 2,5€ par personne ) au village de Chucura (soit disant pour l'entretien des ponts, mais quand on voit dans quel état ils sont, il est permis d'en douter...), nous plantons la tente sur une ancienne culture en terrasse, à l'abri de la route. La nuit, si elle n'est pas froide (nous sommes à présent à 3 600m d'altitude ! ), risque d'être humide...

Jour 2 : de Chucura à Bella Vista

Dist : 24km / Dev +: 500m / Dev - : 1800m / Temps : 7h / Alti max : 3600m

Tadaaaaaa!

Le soleil a chassé nuages et humidité pour laisser place à une journée magnifique, on ne pouvait rêver mieux!

Nous reprenons la route jusqu'à atteindre le lit de la rivière. L'endroit est idéal pour une pause déjeuner. Pour la première fois depuis que nous sommes en Bolivie, nous avons la sensation d'avoir chaud! Les 2500m d'altitude y sont évidemment pour quelque chose mais ça fait un bien fou de pouvoir se prélasser au soleil!

Nous nous arrêterons 2h pour en profiter pleinement (et accessoirement pour faire fonctionner le nouveau réchaud à bois fait maison par Renan!).

Par contre, la montée pendant la digestion, c'était pas prévu! La blonde se sent un peu flouée quand elle comprend qu'au lieu d'une "petite" descente tranquille, elle aura en fait droit aux montagnes russes! Enfin, c'est sans doute le prix à payer pour jouir de beaux panoramas...

Plus nous descendons et plus la flore se fait luxuriante. Les montagnes s'habillent de vert, de rouge et de jaune et la végétation se diversifie pour le plus grand plaisir des yeux!

Alors que le soleil est en train de décliner, nous trouvons un endroit en bord de route pour bivouaquer... en compagnie des moustiques qui font apparemment partie du package "chaleur/humidité/forêt"! Ça par contre, ça ne nous avait pas manqué...

Jour 3: de Bella Vista à Coroico

Dist: 15km / Dev + : 200m / Dev -: 800m / Temps : 4h30 / Alti max : 1800m

Il reste 25kms avant Coroico, notre point d'arrivée. Nous partons tôt afin d'y être pour le soir. Si les paysages ne semblent pas tellement différents de la veille, on sent pourtant une réelle différence au niveau de la faune et la flore.

Les papillons et les oiseaux multicolores font leur apparition, côtoyant aigles est condors, tandis que les arbres fruitiers se diversifient! Quel plaisir de marcher sur un chemin bordé de bananiers, d'avocatiers, de papayers,de mandariniers et d'orangers ! Il y en a pour toutes les envies et nous pouvons grignoter sans complexes, pour le plus grand plaisir de la blonde !

Après 15kms de marche, nous rejoignons la route où un colectivo nous propose de nous conduire jusqu'au village de Coroico ! Parfait, cela nous évite une belle montée et d'avoir à continuer sur la route!

Alors, si cette randonnée est sans doute la moins impressionnante et la moins sportive que nous ayons fait depuis le début du voyage, ces 3 jours nous aurons tout de même permis de nous approcher de l'Amazonie, mais surtout de nous remettre en selle avant d'attaquer une randonnée qui s'annonce beaucoup plus difficile et exigeante dans les jours qui viennent...

42

Après une nuit sans sommeil à La Paz (la blonde s'est littéralement faite bouffer par les punaises de lit et, par solidarité, Renan est lui aussi resté éveillé...), nous décidons de repartir sans tarder pour notre prochaine rando !

Un gros morceau nous attend cette fois puisque Renan nous a dégoté 3 treks autour de la Cordillère Royale qu'il a bien l'intention de compulser en un seul... Soit, grosso modo, la bagatelle de 3 semaines de marche... La blonde est ravie (peut être pour ça qu'elle n'a pas dormi d'ailleurs...)!

Enfin, même s'il y a quelque chose d'angoissant à se retrouver coupé du monde aussi longtemps, l'expérience relève du défi et s'annonce comme une réelle aventure ! Difficile donc de décliner une telle proposition... Et puis, il y a toujours la possibilité de s'arrêter en cours de route si l'envie nous prend!

Bien évidemment, comme presque personne ne fait ça par ses propres moyens, aucun transport public ne se rend au départ de notre randonnée. Il nous faudra donc, pour la première fois, avoir recours aux services d'un taxi. Moyennant 30€ la course, nous nous retrouvons à bon port après 1h de trajet pour faire 26kms (ça en dit long sur l'état des routes...)

Le cadre est absolument sublime ! Le Huayna Potosi, l'un des sommets les plus prisé des touristes car dépassant les 6000m sans toutefois présenter de difficulté technique, domine la lagune de toute sa hauteur.

Quant à l'eau alentour, elle est teintée d'une incroyable couleur rouge en raison des mines de cuivre situées sous les montagnes.

Avec nos 9 jours d'autonomie sur le dos, la randonnée débute par une ascension de 600m qui devrait nous faire franchir un paso à 5 100m. Le problème, c'est qu'il est déjà 14h quand nous attaquons la marche, or il fait nuit à 18h30, ce qui nous laisse peu de temps finalement... D'autant plus que le panorama se prête à la flânerie...

Nous ne nous méfions pas, prenant notre temps, jusqu'à ce ce la blonde commence à sentir l'effet de la puña (le mal des montagnes )... Nausées, tournis, vision trouble, autant de symptômes annonciateurs qui signifient qu'il faut redescendre au plus vite afin de retrouver une altitude plus clémente.

Le problème, c'est que nous sommes plus proches du sommet que du point de départ... Mais plus nous montons et plus la neige et la boue freinent notre avancée... Malgré les larmes de la blonde, nous décidons de continuer, mais l'effort fourni nous laisse sans forces au sommet avec un soleil qui décline de plus en plus vite.

Dans l'urgence, nous redescendons de 200m sur une zone déneigée et plantons la tente sur un petit sentier, à 4900m d'altitude. Nous n'avons jamais dormi aussi haut et redoutons le froid nocturne, mais au moins le malaise a été évité !

C'est le début de la randonnée et la blonde est déjà au bout de sa vie... Ça commence bien!

Jour 2: du bivouac à la Laguna Chiar Khota

Dist : 20km / Dev +: 400m / Dev -: 500m / Temps : 6h / Alti max : 4750m

Finalement, malgré l'altitude, la nuit n'a pas été aussi froide que ce que nous redoutions. Bon, le fait est que nous n'avons presque pas dormi (il faut toujours une ou deux nuits d'acclimatation...), mais la journée s'annonce belle et nous motive à sortir le nez de la tente.

Seulement, alors que nous ne sommes en marche que depuis 10min, la blonde dérape sur une plaque de verglas et s'étale tête la première sur le sol, écrasée par le poids du sac! Glamour l'aventurière, n'est ce pas ?

Plus que de la douleur, c'est de l'ego blessé que jaillissent des larmes de crocodile. La journée commence à peine qu'on assiste déjà à un drame ponctué de "je déteste cette rando de mer**!"; "je veux rentrer à la maison ! " (on évitera de lui rappeler qu'elle n'a plus de maison, hein?...).

Bref, on ne se rend pas compte comme ça mais, la marche, pratiquée à un bon niveau, c'est comme n'importe quel sport, c'est 50% de physique et 50% de mental (voire plus...), or, quand il y a une fissure dans le mental, tout le reste en pâtit et on peut oublier direct la performance... Difficile dans ces conditions de faire preuve d'assurance et d'avancer l'esprit léger...

Heureusement, après 30min d'ascension, la neige s'estompe et l'avancée se fait plus aisée, jusqu'à parvenir au sommet, contents de nous et ignorants encore que le plus dur est à venir...

Comme d'habitude, le panorama est à couper le souffle. Le chemin, tout en descente à présent, traverse de petits villages, tantôt abandonnés, tantôt non, jusqu'à arriver à la magnifique laguna Tuni, où nous décidons de nous arrêter déjeuner. Malgré les 4 600m d'altitude, le soleil chauffe et nous invite à la farniente et à retirer quelques couches (encore un prétexte pour Renan de jouer les exhibitionnistes!).

Nous reprenons la route jusqu'à pénétrer au cœur de la Cordillère Royale, au pied de la laguna Chiar Khota. Il est 16h, le soleil est en train de disparaître derrière les montagnes, le froid revient et la blonde ne se sent pas de se lancer dans une ascension de 500m de dénivelé à cette heure tardive... Renan ne l'entend pas de cette oreille et une dispute éclate. Décidément, cette randonnée est source de tensions !

La fatigue accumulée, l'altitude et le froid sont largement responsables de cette situation et nous font nous poser des questions quant à la suite du parcours...

Après bientôt 6 mois de voyage, nous pouvons dire que le climat en Amérique du sud est bien plus rude que ce que nous avions imaginé, surtout en haute montagne. Que ce soit en Patagonie où nous devions affronter la pluie, le vent et le froid ou en Bolivie, où le froid va de paire avec la puña, ces conditions de marche n'ont rien de très reposantes... Le pire c'est que ce n'est pas près de s'arranger au Pérou, en Équateur et en Colombie !

Du coup, il serait peut être temps de trouver une alternative plus reposante pour la suite... Nous plantons donc la tente à 4 800m d'altitude, frigorifiés au point de ne pas être capables, pour le deuxième soir consécutif, de sortir faire à manger. Tant pis, nous nous contenterons d'un peu de viande séchée...

Toujours est - il que l'idée d'un voyage différent est lancée, pour le reste, la nuit porte conseil...

Laguna Chiar Khota

Jour 3: de la laguna Chiar Khota à la laguna Ajwañi

Dist : 16km / Dev +: 800m / Dev - : 800m / Temps : 7h / Alti max : 5100m

Tu connais le "Tu glisses? Tu meurs!"???

Et bien, il s'agit d'un nouveau jeu de l'extrême qui consiste à perdre ton chemin mais t'obstiner quand même jusqu'à te rendre compte que tu évolues à flan de falaise, sur une neige fraîche et instable, avec un sac de 15kg, et que le moindre faux pas t'entraînerait définitivement vers des abîmes sans fond... Excitant, non?

Voilà donc à quoi nous nous sommes adonnés de bon matin... Autant être honnêtes, on n'a pas trop kiffé... Muscles bandés à fond, fesses serrées et petite goutte de sueur pendant les 200m qu'a duré notre ascension... Mais bon, la bonne nouvelle c'est que personne n'a perdu!

Avec son chemin enneigé et ses dénivelés de fous compte tenu du paso à 5100m, la laguna Juri Khota nous aura donné du fil à retordre!

Du coup, pour varier les plaisirs, après le "Tu glisses ? Tu meurs ! ", nous avons décidé de jouer aux montagnes russes... Tu montes, tu descends, tu remontes, tu redescends jusqu'à ce que mort s'ensuive... Un petit jeu qui aura raison des nerfs de la blonde qui finit encore en pleurs...

Bon, en vrai on n'attendra pas de crever de fatigue pour s'arrêter hein? Après 7h de marche, on tombe sur un refuge au bord de la laguna Ajwañi. L'endroit est de toute beauté et pour 5€ le gîte, il serait dommage de s'en priver...

Mais grosse désillusion quand on nous montre la "chambre". Pas de lit, pas de chauffage, juste de quoi poser ton duvet sur des blocs de polystyrène !

Parfait, on est au top! Bon allez, on relativise ! Au moins nous n'aurons pas à monter la tente, pis y'a l'électricité donc de quoi recharger tous les appareils qui menaçaient de tomber en rade, ce qui nous aurait bien mis dans la panade...

Jour 4: de la laguna Ajwañi au lago Jankho Khota

Dist : 20km / Dev +: 1000m/ Dev - : 900m / Temps: 8h30 / Alti max : 5000m

L'avantage d'avoir dormi avec un vrai toit sur la tête, c'est que la sortie du duvet est moins difficile! A 7h30, le soleil n'a pas encore pointé le bout de ses rayons que nous sommes déjà dehors... et ça caille!

Commence alors le parcours du combattant... Il nous faudra 5h30 pour parcourir 10kms! Le chemin, toujours enneigé, nous oblige à avancer avec prudence.

Malgré nos précautions, nous nous retrouvons de nouveau à jouer à "Tu glisses? Tu meurs ! ", et cette fois Myriam a bien failli perdre lorsqu'une plaque de neige s'est détachée sous ses pieds!

Par chance, de bons réflexes et beaucoup de chance ont permis d'éviter un drame.

Mais du coup, nerfs en pelotes obligent, une nouvelle crise de larmes éclate, pour le plus grand plaisir de Renan... La blonde réalise que, cette fois, on a visé trop haut et qu'elle n'a pas le niveau pour cette rando. En dépit de l'acclimatation, l'altitude reste une réelle difficulté et transforme chaque pas en une pure souffrance, annihilant du même coup tout le plaisir de la marche.

Renan, exaspéré par ces crises à répétition, propose de rejoindre la route principale afin de prendre un bus pour La Paz, mais l'orgueil l'emporte sur la douleur et nous choisissons de poursuivre la randonnée...

Ça va, plus que 5-6 jours de torture...

Heureusement, la beauté des paysages parvient à compenser, temporairement, la douleur ressentie.

S'ensuit une longue descente. Nous nous arrêtons au bord d'une rivière pour déjeuner et en profitons, malgré la température de l'eau qui doit avoisiner les 5°C, pour nous décrasser de ces 3 jours qui ont été intenses. Cette propreté retrouvée nous redonne un bon coup de fouet!

Les 300m de dénivelé qui nous attendent ne nous impressionnent pas! D'autant plus que, cette fois, la route est adaptée aux passage de camions! Finie la neige et les sentiers de 30cm de large! Nous profitons pleinement de cette montée facile et progressive dans un décor à couper le souffle !

Après ces 8h30 de marche, nous décidons de planter la tente dans une maison isolée, dont la construction, sans toit, sans porte et sans fenêtres (typiquement bolivien!), semble interrompue depuis un moment... La journée de demain s'annonce décisive pour la suite du parcours...

Jour 5: du lago Jankho Khota à... La Paz

Dist : 9km / Dev +: 250m / Dev -: 600m / Temps : 2h30 / Alti max : 5000m

La nuit a été glaciale en raison de l'humidité et, de fait, le ciel habituellement dégagé du matin est aujourd'hui couvert de nuages... Va-t-on vivre un Sajama bis? ?

Mais pas de quoi s'inquiéter, le bleu domine encore lorsque nous nous mettons en route pour passer notre dernier col à 5000m d'altitude.

Mais c'est au moment d'amorcer la descente que nous découvrons que les nuages, bas et gris, s'accrochent à la vallée et se massent de plus en plus.

Leur couleur ne présage rien de bon et l'inquiétude commence à poindre... Nous avons fait un peu plus de la moitié de la randonnée et il nous reste environ 3 jours et demi de marche sur de petits sentiers avant de rejoindre Sorata. Mais si par malheur nous sommes pris par la pluie et la neige, nous courrons le risque de rester coincés au milieu de nulle part, dans le froid et sans savoir combien de temps...

Pour la première fois, la raison prend le pas sur le goût de l'aventure et nous décidons, en voyant probablement la seule voiture de la journée, de l'arrêter pour demander des informations à son chauffeur...

Omar, éleveur de lamas du coin, nous apprend qu'il risque effectivement de pleuvoir et que le chemin que nous voulons emprunter est "muy peligroso". Il se rend justement à La Paz. Nous n'hésitons pas longtemps avant de sauter à l'arrière du pick-up pour 2h30 de route qui nous ramèneront au point de départ...

C'est la première fois que nous abandonnons une randonnée. Renan est écœuré et accepte mal cet "échec", quant à la blonde, elle pleure (étonnant n'est ce pas?) mais de frustration cette fois...

La "randonnée des larmes" nous laissera un arrière goût amer et le sentiment de quelque chose d'inachevé... Ça y est, le froid et le mauvais temps ont eu raison de nous, il est temps de quitter la Bolivie...

43

Fondée en 1548 par les espagnols, La Paz a su dompter les montagnes et ainsi devenir la capitale la plus haute du monde.

Dominée par le mont enneigé de l'Illimani, qui culmine à 6465m, cette ville tentaculaire commence à 3200m d'altitude et s'étend jusqu'à plus de 4000m! Cette particularité, si elle offre de magnifiques points de vue sur la ville, est aussi la raison d'une grande diversité et d'une grande inégalité entre les quartiers.

Avec parfois jusqu'à 10°C d'écart entre le haut et le bas, un air plus respirable à 3200m qu'à 4000m, et bien ce sont les riches en bas et les pauvres en haut!

Ainsi, El Alto concentre une population certes populaire mais aussi plus colorée, grouillante et composée de différentes ethnies vivant la plupart du temps dans des bâtiments inachevés, tandis que le centre de la ville se compose du quartier des affaires et du quartier historique avec ses édifices coloniaux, sa population moderne et davantage occidentalisée.

Avec toutes ses particularités, La Paz est une ville pour le moins atypique, bigarrée et aux multiples facettes, qui nous a séduit pour plusieurs raisons...

Déjà, nous avons adoré que le téléphérique remplace le métro pour parcourir les différents quartiers de la ville (et oui, compliqué de mettre en place un transport souterrain quand on a une ville construite à flan de montagne!). Ça a le mérite d'être propre, sans odeurs et d'offrir une vue époustouflante sur les environs !

Nous avons aimé flâner et manger dans les marchés, qui pullulent dans la ville et réunissent toutes les catégories sociales, offrant un incroyable ballet de couleurs, d'odeurs et proposant un choix aussi éclectique que surprenant, allant du vieux sécateur rouillé, en passant par la paire de baskets usagées, jusqu'au fœtus de lama et aux philtres en tout genre!

Pour ne citer que ceux là, le marché aux sorcières, très touristique, est un vrai cabinet de curiosité, tandis que le marché de El Alto, connu pour être l'un des plus grands d'Amérique du Sud, est un véritable souk à ciel ouvert, peu fréquenté par les occidentaux mais offrant un choix défiant toute concurrence !

Nous en avons aussi profité pour mettre de côté la gastronomie bolivienne qui, même si elle est bien meilleure que ce à quoi nous nous attendions (et bien plus équilibrée qu'au Chili et en Argentine ! ), finit quand même par être assez répétitive avec ses menus à base de soupes de pâtes et ses plats de riz ou de patates bouillies! A ce régime là, pas étonnant que l'on alterne entre cacas mous et pas de cacas du tout!

Du coup, nous avons saisi cette occasion pour faire une cure de cuisine internationale savoureuse, raffinée, voire gastronomique pour des prix plus que raisonnables (pour un occidental s'entend...), alternant restaurants italiens, vietnamiens, suisses (une raclette et une fondue au chocolat en Bolivie ? Et oui, c'est possible ! ), cubains, mexicains... Bref, un régal pour les papilles et des estomacs qui nous remercient !

Par ailleurs, la blonde a adoré le spectacle de dizaines de chiens en pyjama dans la rue! Après tout, c'est vrai qu'à 3 600m d'altitude, ben fait pas bien chaud! Ce serait dommage que les "mascotas" boliviennes attrapent un rhume des coussinets ! Et question mode canine, on trouve de tout! Du pyjama intégral avec juste une ouverture au niveau du trou de balle, au t-shirt design, en passant par le manteau fourrure-capuche! Bref, si le ridicule ne tue pas, on en a la preuve grâce à nos compagnons à quatre pattes (malheureusement peu de photos pour illustrer ce propos, nous n'avons pensé qu'à la fin à immortaliser ce véritable phénomène de société...)

Nous avons aussi aimé arpenter les allées de l'immense cimetière de La Paz, étonnant et fascinant avec ses tombes empilées les unes sur les autres, façon HLM, qui, loin d'être glauque, est illuminé par les fleurs, les graffitis et offrandes en tout genre, et bénéficie, comme le reste de la ville, d'une vue imprenable sur les montagnes !

Nous avons également adoré l'ambiance festive de La Paz (et de la Bolivie en général ! ), où à chaque coin de rue peut poindre un orchestre ou un défilé. La danse et la musique sont deux des piliers culturels du pays et tous les prétextes semblent bons pour les mettre en oeuvre... Pour notre plus grand plaisir !

Nous sommes tombés sous le charme de l'artisanat bolivien et en avons profité pour faire une session shopping afin de renouveler toute notre garde robe d'hiver avec des vêtements en alpaga!

Une première pour Renan, grand spécialiste de la vente en ligne, qui a pu se rendre compte que, oui, faire les magasins est presque plus fatiguant que randonner!

Et enfin, nous nous sommes pris au jeu en assistant à un spectacle de catch avec des cholitas (terme qui désigne des boliviennes issues de la culture aymara et vêtues de la traditionnelle pollera, jupe triplée de jupons, ainsi que du bombín, couvre chef ressemblant à un chapeau melon et de longues nattes). Même si c'était pour de faux, les voir se crêper le chignon sur un ring, arbitrées par un juge véreux, s'est avéré être un bon moment de rigolade!

Et pis, pour la petite histoire, ce show, très prisé des boliviens (et des boliviennes !), a été mis en place pour protester et lutter contre la violence faite aux femmes, qui constitue un véritable fléau en Bolivie (environ 70% des femmes sont battues...). Dans chaque scénario, c'est la cholita qui gagne face à l'homme, pas de surprise donc mais un bon moyen de redonner confiance aux boliviennes...

C'est sur cette dernière note que s'achève notre séjour en Bolivie, sans doute la destination la plus belle, la plus froide et la plus riche culturellement (avec la Polynésie ! ) de notre voyage...

À présent, direction le Pérou !

44

Après 14h de bus, nous débarquons à Cusco, sans doute la ville la plus touristique du Pérou en raison de sa position stratégique à côté de sites majeurs tels que El Valle Sagrado, la Rainbow Mountain et... le célèbre Machu Picchu!

Dans l'immédiat, c'est ce dernier qui nous intéresse. Si les façons de s'y rendre sont nombreuses, c'est évidemment l'une des plus ardues et donc des moins empruntées qui nous attire!

Le site accueillant un "quota" de 2500 personnes par jour, on se doute que l'on ne sera pas seuls au monde, néanmoins, avec ses 9 jours de marche annoncés pour parcourir 140kms, le trek qui y mène ne devrait pas non plus ressembler à une autoroute, contrairement au trek de l'Inca, plus connu mais aussi plus réglementé où seuls 200 "élus" peuvent partir quotidiennement pour 4 jours de randonnée, moyennant la somme de 450$ (comprenant porteurs et guides, of course!).

Après 2 jours de "repos", où Renan a été malade comme un chien, nous décidons tout de même de faire les 3h15 de bus qui nous séparent de Cachora, petit village situé à 3000m d'altitude, qui sert de point de départ à notre randonnée.

Nous trouvons une hospedaje pour la nuit et, comme Renan s'ennuie, il en profite pour briser son filtre à eau (ce petit truc un peu utile qui nous permet de boire n'importe quelle eau sans tomber malade depuis le début du voyage !) et, en voulant s'asseoir pour le réparer, passe à travers la chaise, rentrant ainsi dans une rage folle et destructrice (petit, mais nerveux le chéri!)! Ça commence bien!

Toutes ces émotions fortes (ajoutées à un repas "un peu" gras) ont fait empirer son état et, après une nuit passée à se vider par tous les trous, il lui est impossible de trouver l'énergie nécessaire à la marche...

Nous sommes donc coincés un jour de plus dans ce "pueblo" qui a déjà trop vu de touristes pour que les rapports avec les gens soient totalement désintéressés... Preuve en est les prix excessifs des hébergements, les entourloupes et ce petit vieux à trois pattes qui, sous prétexte d'accompagner la blonde durant sa promenade, essaye de lui soutirer à la fin 1 sole, gâchant du même coup une rencontre jusque là sympathique...

Bref, dans ces conditions, nous préférons limiter les échanges au strict minimum et gardons la chambre, Renan pour faire une sieste de 24h et Myriam pour s'évader loin d'ici grâce à de jolies lectures telles que "La tresse" de Laetitia Colombani et "Nos richesses" de Kaouther Adimi (à lire par tous les amoureux des livres! Et oui, libraire un jour, libraire toujours ! ).

En espérant que demain sera un jour meilleur...

Jour 1: De Cachora au camping Santa Rosa Alta

Dist : 23km / Dev +: 800m / Dev -: 1400m / Temps : 7h / Alti max : 2900m

Enfin une nuit normale ! La première depuis 4 jours, ouf! Pas de temps à perdre, il faut vite profiter de cette accalmie ! A 6h30, nous voilà donc en route avec, pour tout vêtements, un débardeur et un short ! Ce qui pourrait sembler n'être qu'un détail, est pour nous le signe d'un renouveau ! Après le trauma bolivien, le froid serait -il enfin derrière nous??

Après 2h de marche, accompagnés de Tobie, notre nouveau compagnon de route, nous rejoignons le mirador de Capuliyoc, et sommes prêts à amorcer une descente de 1400m de dénivelé, pour le plus grand plaisir de Renan...

Sans surprise, nous croisons une multitude de touristes à contre - sens, venus faire l'aller-retour jusqu'au site de Choquequirao, beaucoup moins connu que le Machu Picchu car accessible uniquement à pieds (pour le moment du moins, puisque le projet de construction d'un téléphérique existe depuis quelques années et menace de venir dénaturer ces ruines préservées jusque là du tourisme de masse...) et néanmoins près de trois fois plus grand que le Machu...

Bien sûr, tous ont loué les services de muletiers (à 10€ la journée, pourquoi s'en priver?? Ah oui, je sais... parce que nous sommes "mazeaud"... ou radins! Faut voir!). Peu importe, avec nos gros sacs, nos joues à peine rosies par l'effort et notre gros chien, on a vraiment l'air d'être des vrais de vrais, des durs, bref, on a un peu la classe!(de notre point de vue tout du moins ! 😜)

Après 2h30 de descente, nous atteignons enfin le lit de la rivière, l'occasion d'un bon bain rafraîchissant pour la blonde et d'une pause déjeuner bien méritée avant d'attaquer la montée...

C'est là que commence la partie moins sympa... Renan regrette déjà le froid et souffre de la chaleur écrasante (Myriam non, évidemment ! Faut pas déconner, depuis le temps qu'on l'attend, on va pas se plaindre hein!)...

Sauf qu'ici, qui dit chaleur dit moustiques ! Et ceux là sont particulièrement fourbes... Sous leurs airs de moucherons inoffensifs, ils te pompent plus de sang que pour une analyse sanguine! Bon, je sais qu'on ne peut pas tout avoir mais quand même...

Nous décidons cette fois de ménager nos forces et, après 700m de dénivelé, plantons la tente dans un camping, préférant profiter de la fraîcheur matinale du lendemain pour parcourir les 700 autres mètres de montée qui nous séparent de Choquequirao...

Jour 2: camping de Santa Rosa Alta à Choquequirao

Dist : 13km / Dev +: 1300m / Dev - : 500m / Temps : 6h / Alti max : 3100m

Qu'il est bon de pouvoir se lever tôt sans grelotter ! Bon, les jambes de Myriam ont doublé de volume à cause des piqûres de moustiques et Renan, après 4 jours de vidange, a les batteries complètement à plat, mais à part ça, nous sommes au top!

Nous attaquons donc la montée tranquillement, toujours escortés par Tobie (qui s'obstine à nous suivre alors que nous lui avons fait comprendre que nous n'avions pas prévu la pâtée dans nos sacs et donc qu'il n'aurait rien!), et, après 2h, nous finissons par atteindre le petit village de Marampata. De là, nous pouvons d'ores et déjà apercevoir les ruines de Choquequirao. Malgré la distance, le site, construit à flan de montagne, semble grandiose!

Il nous faudra encore 1h30 pour atteindre le camping situé au cœur des vestiges! L'endroit est idéal pour partir explorer les environs débarrassés des sacs!

Après une pause déjeuner face aux montagnes, nous nous lançons à l'assaut du site mais, déjà, le corps de Renan s'insurge ! Depuis 5 jours maintenant, il oscille entre normalité et grosses baisses de tension, accompagnées d'aigreurs d'estomac et de rejets violents... Et comme nous ne parvenons pas à en trouver la cause, impossible d'y remédier ! Cela commence à devenir inquiétant et pourrait être la cause d'un nouvel abandon de la rando, même si Renan, entêté comme une mule, s'y refuse...

Nous verrons demain, en attendant nous profitons d'avoir le site quasiment pour nous tout seuls ! A peine une vingtaine de personnes croisées de tout l'après midi, c'est inespéré ! Actuellement, seul 30% du site environ a été mis à jour, mais le peu qui nous est dévoilé permet déjà de sentir l'envergure de Choquequirao! Les ruines sont en excellent état, ne manque plus que les panneaux explicatifs pour savoir de quoi il s'agit! Par contre, mieux vaut avoir de bons mollets pour la visite car, pour aller d'un endroit à l'autre, ça grimpe et ça descend sec!

Après 4h de visite, nous voilà de retour à la tente, contents mais affamés... comme Tobie visiblement, qui profite d'un moment d'inattention pour nous voler notre repas ! La blonde se jette sur lui pour le lui arracher de la gueule au risque de se faire mordre! (Tout ça pour du riz même pas cuit!) Décidément, il va falloir trouver une solution pour qu'il ne nous suive pas... Nous ne pouvons pas l'emmener avec nous jusqu'au Machu, à 140kms de chez lui, alors que nous n'avons rien pour le nourrir !

Espérons qu'une âme charitable acceptera de le prendre avec elle demain pour le ramener à Cachora...

Jour 3: du camping de Choquequirao au camping de Maizal

Dist: 13km / Dev +: 1600m/ Dev -: 1440m / Temps : 6h / Alti max : 3300m

Bon... Tobie est toujours de la partie, Renan a beau le proposer à chaque randonneur qu'il croise, le chien refuse de nous lâcher d'une semelle ! Il monte même la garde quand on va aux toilettes !

C'est donc à 3 que nous repartons explorer une nouvelle zone des ruines, profitant en passant du soleil qui se lève sur la vallée ! Le fait d'avoir dormi au pied du site nous permet de jouir de ce moment privilégié seuls, l'instant est magique ! Mieux vaut en profiter, ce ne sera pas la même au Machu Picchu...

Ruines de Choquequirao

Après une "petite" montée de 400m, nous entamons de nouveau une descente de 1200m! Décidément, avec ses dénivelés de malades, cette randonnée a des allures de GR2 (célèbre randonnée sur l'île de la Réunion, aussi surnommée la "diagonale du fou"!)...

Nous passons à côté de Pinchaunuyoc, un autre site archéologique! En même temps, il est normal que le trajet en regorge étant donné que nous nous trouvons sur un ancien chemin inca!

Une fois arrivés à la rivière, nous en profitons pour nous rafraîchir et déjeuner avant d'attaquer une nouvelle montée bien raide puisque nous devons monter 1400m en seulement 4 kms ! Heureusement, Renan est en pleine forme aujourd'hui et la blonde suit sans problèmes ! Finalement, tout paraît plus facile après la difficulté liée à l'altitude de la Cordillère Royale !

C'est donc (presque ) en pleine forme que nous arrivons au camping de Maizal ! Il n'est que 15h30 mais nous décidons d'en rester là pour aujourd'hui. Il nous faudra faire une grosse étape demain si nous voulons réussir à distancer les 9 autres randonneurs qui font le même parcours que nous (dont 5 avec des mules...).

Jour 4: du camping de Maizal au bivouac à au pied de l'Abra Yanama

Dist : 16km / Dev +: 1800m / Dev -: 650m / Temps : 8h / Alti max : 4300m

Cette fois, pas question de marcher derrière des mules! Nous mettons le réveil à 4h45 et à 6h15 nous sommes les premiers à partir! Ça valait le coup de faire une croix sur la grasse mat' puisque nous ne croiserons pas un seul touriste de la journée !

La contrepartie, c'est qu'à cette heure matinale les nuages sont encore dans la vallée donc, niveau points de vue nous devrons faire l'impasse sur les beaux panoramas... Bon, au moins, avec un ciel aussi couvert nous ne souffrons pas de la chaleur!

Les 1100m de dénivelé, sur une pente raide et boueuse, complètement défoncée par le passage incessant des mules, nous font arriver sur les rotules au paso!

Renan est au bout de sa vie (chacun son tour, na!), complètement épuisé par notre régime alimentaire en dents de scie... Depuis le début du séjour il a dû perdre 10 kgs, si ce n'est plus... Et cette perte se ressent cruellement dans l'effort. Il est peut-être temps pour nous de nous poser un peu afin de retrouver un équilibre et de nous remplumer! (Enfin, c'est un "nous" qui exclut la blonde, dont le poids reste désespérément stable malgré l'effort... La vie est injuste ! )

La vue valait largement l'effort fourni...

Après cette montée de la mort, nous redescendons sur le petit village de Yanama où nous attend un bon déjeuner. L'occasion de nous poser durant deux bonnes heures afin de profiter du soleil qui pointe enfin son nez!

Tobie tente au passage de bouffer l'un des cochons d'inde (engraissé comme un porcelet et considéré comme un met de fête!) qui se balade en liberté dans la maison de notre hôte! Ça la fout mal mais la pauvre bête est affamée et finir nos assiettes ne lui suffit plus visiblement...

Cela dit, il nous reste plus fidèle que jamais, malgré le régime auquel il est soumis! Pas un jour ne passe sans qu'un péruvien n'essaye de nous le racheter (Renan, ce chacal, a d'ailleurs voulu le brader contre un déjeuner à 5€!), mais il ne quitte pas la blonde d'une semelle et ne répond qu'à sa voix et ça, ben c'est un peu la classe!

Nous reprenons la route tranquillement. Les 700m de montée passent tous seuls cette fois, dans des paysages qui ne cessent de changer!

Nous décidons de pousser le plus loin possible afin de réduire la grimpette du lendemain et surtout pour être pénards pour la nuit et finissons par planter la tente à 4300m. Fait moins chaud d'un coup!

Normalement, nous avons fait le plus dur, les 55kms restants devraient être beaucoup plus tranquilles, c'est donc rassérénés et confiants que nous nous couchons, conscients que le Machu Picchu n'est plus qu'à 2-3 jours de marche...

Jour 5: du bivouac au pied de l'Abra Yanama au camping

Dist : 28 km / Dev +: 550m/ Dev -: 2500m / Temps : 8h / Alti max : 4650m

La journée commence délicieusement avec le spectacle de Tobie se jetant sur les excréments fraîchement pondus par Renan pour les dévorer ! Hum, on va éviter les léchouilles aujourd'hui... Bon, la vision n'a certes rien d'alléchant, mais au moins tout le monde aura pris son petit dej ce matin!

Nous ne nous attardons pas sur la scène du crime et nous lançons dans l'ascension de l'Abra Yanama. Le ciel est bien couvert et ne permet pas d'avoir une vue dégagée sur les environs. Dommage, ça avait pourtant l'air magnifique... Au moins, la montée est facile et c'est à peine essoufflés que nous arrivons au sommet, à 4 650m! Ça y est, maintenant on peut dire que le plus dur est derrière nous!

La descente rejoint une route, ce qui nous permet d'accélérer l'allure. Malheureusement les nuages s'amoncellent à toute vitesse eux aussi et les gouttes finissent par percer! Rien de bien méchant, mais il n'est jamais très agréable de marcher sous la pluie...

Nous en profitons donc pour faire une petite pause déjeuner en mode squatteurs dans la ville de Collpapampa.

Plus nous descendons dans la vallée et plus les paysages se font luxuriants. Fraisiers, fruits de la passion, bananiers, fougères et tant d'autres que nous ne savons pas reconnaître font leur apparition. Le chemin est vraiment plaisant et change de tout ce que nous avons pu voir avant.

Nous avons bien avancé aujourd'hui, il ne nous reste plus que 27kms pour terminer la rando! Mais la nuit ne va pas tarder à tomber. Nous décidons de planter la tente dans un camping qui semble géré par... des enfants! 4 garçons entre 2 et 14 ans nous accueillent et proposent de nous faire à manger, c'est surréaliste ! Aurait - on pénétré dans "le pays des enfants perdus"??

Myriam, en bonne Wendy, s'occupe des plus jeunes, tandis que l'aîné cuisine. Tobie est une vraie source de fascination et d'attraction mais, face à l'excitation des enfants, il finit par donner un coup de dents plus effrayant que douloureux mais qui aura le don de mettre la tribu (et la blonde ! ) dans tous ses états ! Heureusement, une fois la peur passée, l'incident est vite maîtrisé mais nous nous sentons dépassés par toute cette marmaille qui s'agite, inconsciente des dangers qui l'entoure...

Nous finissons enfin par souffler avec l'arrivée de la maman qui suffit à calmer toute la joyeuse équipe ! Renan qui se plaignait du manque d'authenticité du Pérou est servi!

Très vite, le sujet en vient au Machu Picchu et... à Tobie ! Et là, Teresa nous apprend qu'à Aguas Calientes, la ville où nous nous rendons, passage obligé avant le Machu, ils tuent les chiens errants car ils sont trop nombreux à suivre les randonneurs et à atterrir dans ce petit village où ils sont ensuite abandonnés...

Le couperet tombe à cette nouvelle... Notre hôtesse propose de garder Tobie avec elle, Renan est d'accord. La blonde, quant à elle, se décompose. Malgré tout l'attachement que nous avons pour ce chien qui nous suit depuis maintenant 5 jours, quel autre choix avons nous ? C'est un crève-cœur d'avoir à le laisser, mais nous savions que ça arriverait et mieux vaut un environnement en pleine nature, avec d'autres animaux, qu'une ville hostile...

C'est donc le cœur lourd, ce soir, que nous nous couchons...

Jour 6: du camping à Machu Picchu Pueblo

Dist : 27km / Dev +: 1200m / Dev -: 1500m / Temps : 8h / Alti max : 2800m

Le moment tant redouté est arrivé... Dans notre lâcheté, nous laissons à Teresa le soin de passer la corde autour du cou de Tobie. C'est le seul moyen de nous assurer qu'il ne nous suivra pas, mais la scène n'en reste pas moins déchirante. Passer la laisse à un chien vagabond, épris de liberté et de grands espaces, est contre - nature...

Un dernier regard nous permet de capter l'incompréhension dans les yeux de Tobie avant de nous enfuir sans nous retourner. La blonde, en bonne chouineuse, ne peut retenir des larmes de crocodile qui sont de circonstance sous ce ciel pluvieux...

Nous nous éloignons au plus vite et passons par des plantations de café (Renan en profite pour récupérer quelques grains histoire de voir si on peut en faire pousser sur le balcon...) et commençons la montée sous un ciel qui ne cesse de changer. En l'espace de 5 min la vue se modifie complètement!


Sympa la vue, n'est ce pas ?

Y'a pas a dire, aujourd'hui, le cœur n'y est pas. Entre le mauvais temps qui masque les paysages (on est censé pouvoir voir le Machu d'ici, la blague!) et l'absence de notre compagnon à quatre pattes, la montée paraît bien pénible... En plus, notre randonnée ayant rejoint depuis la veille le trek du Salkantay, beaucoup plus touristique, la fréquentation s'en ressent fortement...

Il est où l'Machu, il est oùùùù?

Nous décidons donc de forcer l'allure afin d'abréger la rando et parvenons, vers midi, à Hidroelectrica, point d'arrivée de tous les bus à destination du Machu. D'ici, il faut encore marcher 2h le long des voies ferrées (pour les pauvres, les riches peuvent prendre le train pour 34$ les 10kms!), avant d'atteindre le village au pied du Machu.

Mais lorsque nous arrivons, nous découvrons que le match France/Belgique a commencé depuis 15min !

Depuis le début, nous sommes complètement déconnectés de la coupe du monde (pour le plus grand regret de Renan...), mais le timing cette fois est trop parfait pour le laisser passer! Nous déjeunerons donc dans un espèce d'attrape-touristes insipide mais doté d'une TV!

S'ensuivent ensuite 2h de marche, en compagnie de dizaines d'autres touristes, jusqu'à arriver, sous la pluie, au village du Machu.

Pas besoin de chercher un hébergement, puisque c'est l'hôtelier qui vient à nous pour nous proposer une chambre privée pour 11€, parfait! Ne nous reste plus qu'à dormir 24h d'affilée pour nous remettre de ces 6 jours de marche éreintants !

Bon en vrai, nous sommes aussi affamés qu'épuisés donc priorité aux estomacs ! Nous en profiterons pour fêter nos 6 mois de voyage dans un restaurant gastronomique tenu par un français ! A 25€ le menu entrée +plat + dessert +vin, nous avons l'un des meilleur dîner de notre séjour ! Comme quoi, les lieux touristiques peuvent réserver de bonnes surprises...

Jour 7: Machu Picchu

Dist : 13km / Dev +: 800m/ Dev - : 800m / Temps: 4h / Alti max : 3300m

Et voilà, le jour J est enfin arrivé ! A 6h à peine, la blonde est déjà au taquet pour aller acheter les billets et foncer vers la cité mythique ! Enfin, ça c'était avant de mettre le nez dehors (les chambres d'hôtels n'ont pas de fenêtres, pratique...) et de découvrir que les nuages ont envahi la vallée et qu'on n'y voit rien! L'enthousiasme s'en trouve refroidi d'un coup!

Pire, en allant au guichet, on nous apprend que les 1750 entrées de la matinée ont été vendues et qu'il faut donc attendre 10h pour acheter les entrées de l'après midi ! OK... Il est 6h30, il y a déjà 20 personnes à faire la queue, nous savons ce qu'il nous reste à faire... Plus que 3h30 à attendre sous la bruine...

6 jours de marche et 80€ d'entrée pour voir le Machu sous la flotte, ça fait rêver n'est ce pas?

Pour tuer le temps, Myriam part explorer ce village aux allures de Disneyland... mais sans Mickey ! On se croirait dans un décor en carton pâte, version inca, où tout est fait pour que le touriste consomme (avec des prix 3 à 5 fois plus chers qu'ailleurs évidemment! ), tout ce que nous aimons !

Et dans ce temple de la consommation, adapté aux goûts occidentaux, nous dégotons une boulangerie française avec de vrais pains au chocolat et des croissants! Même les prix sont parisiens d'ailleurs ! Enfin, après 6 mois de voyage, on ne va pas se refuser ce petit plaisir chauvin... Tiens, ici aussi les chiens ont des pyjamas...

A 10h15 nous sommes en possession du graal! Nous avons 1h45 pour rejoindre l'entrée. Pour ça, deux options :

- la flemmarde : pour 24$ l'aller-retour par tête de pipe, un bus t'amène en 30min à destination.

- la sportive : tu utilises tes pieds pour parcourir tout seul, comme un grand, les 3,3kms qui te séparent de l'entrée et tu fais marcher le cardio sur les 450m de dénivelé qui t'attendent sous la forme de 1767 marches (à la louche hein, on va pas pinailler sur quelques marches...)! C'est gratos et en prime tu te muscles les fesses!

Temps annoncé : 1h30-2h... Enfin, ça c'est pour ceux qui ne viennent pas de marcher 6 jours avec un sac de 15kgs... Parce qu'avec notre entraînement façon Rambo, le trajet depuis le centre ville est bouclé en 45min ! Bon, l'inconvénient d'avoir tracé, c'est qu'on se retrouve comme des couillons à devoir attendre 45min que commence notre tranche horaire...

C'est justement le temps qu'il faut au ciel pour se dégager... Aurait - on de la chance finalement ?

Nous y voilà enfin ! La mythique cité perdue, découverte par Bingham en 1911, se dévoile dans toute sa splendeur! Force est de reconnaître que Choquequirao ne fait pas le poids à côté de la grandeur du Machu Picchu... Malgré le monde, difficile de rester insensible à l'ambiance qui règne ici. Nous flânons entre les ruines, écoutant en passant les explications, parfois très romanesques, des guides.

Malgré la réticence de Renan, écœuré par tous les selfliistes, la blonde parvient à lui faire prendre une photo de la célèbre vue (ben vi, nous aussi on est des touristes après tout!). Au détour d'un temple, nous tombons sur la petite touche "Disney" du site: le lama! Après des jours à explorer la région, nous savons pertinemment qu'il n'y a pas de lamas dans le coin, seulement des vaches, des porcs et des moutons... Ils en ont donc importé quelques uns sur le site afin de faire plaisir au touriste et pour la photo bien sûr! Ce détail "fake", un brin affligeant, a le mérite d'amuser la blonde qui se prête sans problème au jeu du cliché !

Néanmoins, même si Renan a "légèrement" traîné les pieds, la visite des vestiges du Machu Picchu restera un moment impressionnant de notre voyage!

Jour 8: du Machu Picchu à Ollantaytambo

Dist : 32kms / Dev +: 600m / Dev -: 100m / Temps : 7h30 / Alti max : 200m

Pour venir et repartir du Machu, c'est un peu le parcours du combattant... Si tu as les moyens et que tu ne veux pas t'embêter, il y a le train qui t'emmène jusqu'à Ollantaytambo pour 60$ (l'aller ! ) en classe inférieure (200$ la première classe...). Sinon, la plupart des gens retournent à Hidroelectrica à pieds (soit 2h), puis doivent prendre 3 colectivos différents pour rejoindre Cusco (soit environ 10h de bus...). Bref, ça ne fait pas rêver!

Mais en cherchant un peu, la blonde découvre une autre alternative : marcher 30kms le long de la voie ferrée, jusqu'au village de Piskacucho et, de là, prendre un colectivo pour Ollantaytambo, la ville qui clôture El Valle Sagrado.

Renan n'est pas hyper chaud pour cette solution en raison des nombreux trains qui circulent sur cette ligne et des tunnels étroits qu'il faut franchir en évitant de tomber nez à nez avec une locomotive ! Mais difficile de résister à l'entêtement de la blonde et, à 6h30, après un dernier pain au chocolat, nous voilà lancés sur les rails!

Une fois n'est pas coutume, il ne fait pas très beau ! Nous avons vraiment eu de la chance d'avoir du soleil pour le Machu ! Sur ce trajet, pas de touristes, seulement des péruviens pressés et des chiens agressifs!

La route, bien qu'un peu monotone, est parsemée de vestiges incas! Finalement le trajet est beaucoup moins dangereux que ce que nous avaient dit les locaux. Les trains s'annoncent systématiquement et la place à côté des voies est suffisante pour marcher sans risque. Au final, nous n'aurons à franchir que 2 tunnels, les autres pouvant être contournés sans problème !

Au bout de 20kms, un chemin de randonnée fait son apparition et nous permet de quitter les rails. Nous entrons dans une vallée entourée de montagnes. Les paysages se font plus beaux et plus variés. Cette fois, sur les ruines, pas de lamas mais des vaches et des porcs! Nous avons bel et bien quitté Disneyland !

Nous arrivons vers 15h à Piskacucho. C'est ici que commence la route, ce qui nous permet de prendre dans la foulée un colectivo pour 6 soles à deux (soit 1,6€) et de rejoindre Ollantaytambo, où nous attend une bonne douche chaude!

Ça y est, maintenant nous pouvons dire que notre trek est terminé! Il nous aura fallu 8 jours pour aller au Machu, le visiter et en repartir à pieds !

Si ce n'était pas la plus jolie randonnée du voyage, ça reste une belle expérience et un beau défi qui nous a permis de sortir des sentiers touristiques pour un site réputé comme étant l'une des merveilles les plus visitées au monde! Alors, certes, nous en avons un peu bavé, mais le sentiment d'avoir "mérité" le Machu valait bien que l'on transpire un peu...

45

Hum, après avoir quitté le très touristique Pueblo de Machu Picchu, nous atterrissons dans une ville qui l'est tout autant: Ollantaytambo. C'est un peu l'escale obligée pour ceux qui vont ou qui reviennent du Machu, d'où l'impression qu'il y a plus d'occidentaux que de locaux par ici...

Avec ses restaurants et ses hostals à chaque coin de rue, la ville manque cruellement d'authenticité... Enfin, on ne va pas chipoter non plus... Après une semaine de nourriture lyophilisée, on n'a pas dit non à une petite pizza, c'est vrai...

Cette ancienne citadelle inca, considérée comme la limite del Valle Sagrado, se visite à condition d'avoir acheté au préalable le fameux boleto turistico à 70 soles (environ 18€), qui donne accès à quatre sites en dehors de Cusco. Pas le choix: soit tu payes pour les 4, soit tu ne peux rien voir!

Le côté "vente imposée " ne nous emballe pas des masses et comme nous n'avons pas l'intention de parcourir toute la région afin de voir les sites qui y sont éparpillés, nous allons devoir faire l'impasse sur cette visite... Et pis, niveau ruines, on a un peu eu notre dose...(surtout l'ours grognon pour qui un caillou est un caillou, point barre!)

Du coup, nous choisissons l'option pas chère, qui consiste à aller voir les vestiges de Pinkuylluna, situés sur la colline en face de la citadelle d'Ollantaytambo, et qui offrent une vue sur cette dernière ! C'est gratuit et largement suffisant pour nous!

Mais ce qui intéresse surtout la blonde, c'est la visite des salinas de Maras, situées à tout juste 10kms de la ville! N'entrant pas dans le boleto turistico, elles peuvent se visiter de manière indépendante, moyennant un droit de passage de 10 soles (soit 2,5€).

Nous prenons donc un colectivo qui nous dépose à un croisement sur la route menant à Cusco. De là, il n'y a plus qu'à marcher 3kms pour atteindre les fameuses salinas. L'avantage c'est qu'il n'y a pas de route pour y aller, du coup les bus touristiques arrivent par l'autre côté et nous ne croisons personne lors de notre ascension !

De loin, nous avons l'impression de voir une montagne recouverte de fientes de mouettes, ce qui laisse Renan sceptique quant à l'intérêt de la visite...

Mais plus nous nous rapprochons et plus le spectacle improbable de ces terrasses de sel, nichées en pleine montagne, devient impressionnant, et ce malgré un temps toujours aussi maussade!

Les salinas, résultat d'une forte concentration en eau salée dans le sol, étaient déjà exploitées au temps des incas et fournissent aujourd'hui encore le pays en sel.

La visite est rapide mais vaut vraiment le détour. A présent, il ne nous reste plus qu'à prendre un bus pour rejoindre Cusco en 2h et profiter d'un repos bien mérité... ou pas!

46

Jour 1: De Tinke aux thermes d'Upis

Dist : 14km / Dev +: 650m / Dev -: 0m / Temps : 3h30 / Alti max : 4470m

Sitôt rentrés, sitôt repartis ! Pas de temps à perdre, la météo doit se dégrader dans 4 jours et nous avons réservé un bus pour Lima dans une semaine, hors la blonde veut absolument voir la montagne aux sept couleurs avant de quitter la région de Cusco!

Hors de question pour Renan de booker un tour, il nous faudra donc marcher 60kms pour nous y rendre ( bon, on vient de se faire 180 bornes alors on n'est plus vraiment à ça près...).

Nous sautons dans le premier bus pour Tinke (ratant en passant la finale de la coupe du monde...) et, 3h plus tard, nous arrivons dans cette petite ville au marché coloré où femmes et hommes sont vêtus en costume traditionnel.

Ça nous change de tous les déguisements que nous avons pu voir jusqu'à présent ! Nous sommes les seuls touristes à manger au marché, coude à coude avec les locaux et l'on nous dévisage comme des créatures venues d'un autre monde!

Les 13 premiers kilomètres de la randonnée se font sur une route et passent par la campagne, nous offrant de jolis paysages champêtres dans lesquels évoluent vaches, porcs, poulets... et alpagas, enfin! Des vrais de vrais, pas déguisés pour faire une photo avec le touriste en échange de quelques soles!

L'Ausangate, dont l'ascension est prisée des alpinistes et des randonneurs en quête d'un sommet à plus de 6000m, se dresse fièrement devant nous, bien que sa cime soit cachée dans les nuages.

De nouveau, les difficultés liées à l'altitude se font sentir (c'est fou comme on oublie vite!)... La pente a beau être progressive, le souffle ne suit pas et la fatigue se fait rapidement sentir (altitude ou manque de repos??). Il est temps que l'on arrête la rando en haute montagne, sinon on est bons pour rentrer le mois prochain !

Heureusement, des thermes sont là pour détendre les muscles douloureux à notre arrivée. En bon flemmards, nous posons la tente sous le auvent, juste en face des bassins, nous assurant ainsi d'être les derniers et les premiers à profiter de cette eau régénératrice qui se trouve être pile poil à la bonne température ! Finalement, à presque 4500m d'altitude on peut avoir chaud !

Jour 2: des thermes d'Upis au bivouac au pied des montagnes

Dist : 22km / Dev +: 1000m / Dev -: 600m/ Temps : 8h / Alti max : 4900m

Notre abri nous a protégé du gel cette nuit ! Nos maillots en revanche n'ont pas eu cette chance et ont gelé sur le banc où nous les avions oublié, oups !

Malgré le froid, le temps est au beau fixe et nous permet de voir l'Ausangate en entier cette fois !

7h 15, nous nous mettons en route pour 400m de montée progressive, longeant les montagnes.

Plus nous nous élevons et plus les paysages se font spectaculaires ! Entre sommets enneigés, glaciers et lagunes, nous avons l'impression de revoir des bouts de Patagonie (le soleil en plus!) !

Ça faisait longtemps que nous n'avions pas fait une rando avec d'aussi beaux points de vue... (depuis un mois en fait avec la Cordillère Royale ! )

Aigles, oies andines, viscaches, guanacos et troupeaux d'alpagas viennent compléter le décor...

... ainsi que Sirius qui se tape l'incruste depuis la veille malgré nos menaces! Renan a beau lui jeter des cailloux pour l'enjoindre à faire demi - tour, rien n'y fait, le chien nous suit à distance ! (Pour les sensibles, je rappelle que le chéri n'y voit rien et ne risque pas de toucher la pauvre bête, inutile de prévenir Brigitte ! ). Aucun attachement pour celui - ci, n'est pas Tobie qui veut...

Mais le clou du spectacle arrive après le déjeuner, une fois la laguna Ausangate passée. Les montagnes se colorent alors de rouge et de vert, offrant un contraste magnifique avec le bleu du ciel ! Serait -ce un petit avant goût de la montagne aux 7 couleurs ?

Même les alpagas sont colorés, en mode punks! Nous poussons un peu plus loin, mais avec l'altitude la blonde fatigue plus vite et les 1000m de montée de la journée se font sentir dans les pattes. Nous décidons donc de planter la tente sur une zone plate et découvrons un peu plus haut une montagne aux étranges couleurs... Serions nous au pied de notre objectif ? Difficile à dire avec la lumière qui décline... Nous en saurons plus demain... enfin, si nous survivons à cette nuit à 4900m d'altitude...

Jour 3: du bivouac au pied des montagnes à la route

Dist : 24km / Dev +: 550m / Dev -: 1300m/ Temps : 7h/ Alti max : 5030m

Ça y est, nous sommes à deux pas de la Rainbow Mountain. Nous partons tôt dans l'espoir d'éviter les touristes, mais c'était sans compter sur les 400m de montée qui nous attendaient...

Nous avons deux paso à plus de 5000m à passer! Au final, il nous faudra deux heures de grimpette avant d'arriver au fameux mirador! Merci à l'ancienne clopeuse d'avoir ralenti le groupe!

Heureusement, les paysages valent vraiment le coup et, ceux -là, nous n'aurons pas à les partager !

A 9h nous y sommes enfin... comme 40 autres touristes ! Ça pourrait être pire, mais Renan est blasé! Enfin, le spectacle de cette "montagne arc-en-ciel" n'en reste pas moins impressionnant !

Il est temps pour nous de quitter cet amas grouillant de selfliistes qui ne cessent d'augmenter pour poursuivre notre route direction la Valle Roja, située à côté de la Rainbow Mountain, complètement oubliée des touristes alors que sa beauté vaut au moins celle de sa voisine !

Une fois nous être acquittés du droit d'entrée, nous nous retrouvons seuls face à cette merveille naturelle.

Mais après ces deux belles montées, les batteries sont à plat. Nous nous installons près de la laguna Hampococha pour une pause déjeuner qui sera de courte durée... La blonde ne peut plus rien avaler. Après deux randonnées consécutives, la simple vue des bolinos lui donne envie de vomir ! Il est grand temps de changer notre régime alimentaire...

45min ont suffi pour que le ciel se couvre de nuages! Pas grave, nous avons vu l'essentiel ! Une dernière montée et un dernier passage au dessus de 5000m et nous voilà lancés pour 1200m de descente !

Il nous faudra tout juste 2h30 pour rejoindre la route et de là prendre un colectivo pour Checacupe, puis un autre pour Cusco. En tout, 10 min d'attente, quelle efficacité !

Au final, cette randonnée est sans doute l'un des meilleurs rapports qualité / temps de notre voyage! En seulement 60kms (soit 2,5 jours de marche), nous avons vu une diversité impressionnante de paysages, de faune, avec en prime des thermes naturels et du soleil! Et malgré ça, cette randonnée, pourtant accessible, ne figure pas dans les guides! C'est à n'y rien comprendre ! Enfin, on ne va pas se plaindre, hein?!

47

Sans doute la région la plus touristique du Pérou puisqu'elle abrite les célèbres ruines du Machu Picchu, ainsi qu'un nombre incalculable de vestiges disséminés à travers El Valle Sagrado, Cusco est aussi l'une des villes les plus appréciée des occidentaux pour sa richesse culturelle, son aspect "propret", et ses services adaptés aux goûts étrangers (restaurants vegan ultra BoBo qui pullulent, offres de massages à chaque coin de rue, boutiques souvenirs à chaque mètre...).

Bref, avec ses bâtisses coloniales, ses rues blanches et fleuries, sa population occidentale plus nombreuse que sa population péruvienne, Cusco nous a beaucoup fait penser à Sucre, en Bolivie. Sauf qu'ici, tout est axé sur le tourisme et le business...

La moindre visite est payante, que ce soit les monuments religieux ou les musées. Les vendeurs ambulants te sautent dessus en permanence pour te vendre à la sauvette un tableau, un bijou ou un pull en (faux) alpaga. Les restaurateurs te crient dessus comme des poissonniers pour que tu viennes manger chez eux (pas très efficace soit dit en passant...). Les tours opérateurs sont légion et tentent par tous les moyens de te vendre quelque chose et des péruviennes en costume traditionnel (qui fait plutôt déguisement dans cette ville qui n'a plus rien d'authentique...) se baladent dans les rues avec leur agneau et leur "baby alpaga" et te proposent une photo moyennant quelques soles...

Quand on débarque tout juste de La Paz, le contraste avec la Bolivie est un peu violent et la sensation d'être pris pour un porte - monnaie ambulant n'est pas des plus plaisante...

Néanmoins, en raison de sa position stratégique, Cusco fût notre point de chute durant 3 semaines afin d'explorer la région. Et s'il y a quelque chose qui nous a séduit, c'est sa cuisine raffinée et variée, juste mélange entre gastronomie péruvienne et influences européennes (sans doutes les meilleures pizzas de tout le voyage!).

Car oui, ce que nous attendons avant tout d'une ville, c'est d'y trouver une douche chaude et de quoi nous remplumer entre deux randonnées (chacun ses critères ! ).

En plus de ses excellents ceviche, son alpaga cuit à la perfection, ses fondants au chocolat à se damner, nous avons pu goûter également le fameux cuy al horno! Vous vous demandez ce que c'est ? ? Le voilà en image:

Alors oui, c'est vrai que manger du cochon d'inde n'a rien de très naturel pour nous (surtout quand on en a soi-même élevé et qu'ils ont fini non pas dans notre assiette, mais dans une boîte en carton au fond du jardin! ), mais, on ne va pas se mentir, c'était trop bon! La texture du lapin et le goût du poulet, pas si exotique finalement !

Nous avons aussi apprécié le côté festif de la ville. Comme partout en Amérique latine, tout est prétexte à défiler en costume et à faire jouer la fanfare et on ne s'en lasse pas! Et puis la blonde s'est prise de passion pour les chiens en pyjama (et même sans ! ) et s'amuse à les traquer, or Cusco en regorge!

Alors, même si nous n'avons pas été séduits par l'ambiance de la ville au point de ne pas avoir envie de consacrer du temps (et de l'argent ! ) à visiter ses nombreux sites, Cusco n'en reste pas moins un pôle culturel majeur et un excellent centre de rayonnement pour explorer les environs !Et puis, ça nous aura permis de revoir une dernière fois les copains du salar d'Uyuni avant leur retour en France !

A présent, après avoir côtoyé ce qui se fait de plus touristique, nous aspirons à plus d'authenticité et décidons donc de partir pour le nord du Pérou, délaissé par les étrangers...

48

Qu'il est loooong le trajet Cusco - Lima en bus! Environ 22h dans un huis - clos roulant, ça ne fait pas rêver ! Alors, afin d'adoucir notre calvaire, nous avons décidé de voyager avec la Rolls Royce des compagnies : Cruz del Sur, réputée pour être aux bus ce que Emirates est aux avions... Et pis, grâce à la magie d'internet, on parvient même à avoir des places en super promo à 20€ au lieu de 70€ (c'est peut être à ce moment là que nous aurions dû nous méfier...).

Tout avait pourtant bien commencé... Service à bord impeccable, écran TV individuel, menu pré - établi en fonction des goûts de chacun, wifi ouvert...

Ça, c'était sur le papier... Dans les faits, l'écran de la blonde ne fonctionne pas, internet non plus d'ailleurs! Nous avons les meilleures places, à savoir celles à côté des toilettes... qui refoulent bien sûr ! Et, malgré le petit papier qui précise "Solo para orinar", visiblement certains ne comprennent pas l'espagnol... ou prennent un malin plaisir à enfreindre les consignes, ce qui donne lieu à des odeurs ignobles qui stagnent pendant 10min! Et, cerise sur le gâteau, le bus va prendre 8h de retard sans qu'aucune annonce ou explication ne soit donnée... Un simple arrêt nous avertissant que, si l'on veut s'acheter un truc à manger, c'est maintenant ou jamais, car rien n'a été prévu en cas de délai supplémentaire! Très pro !

Au final, il nous faudra 30h pour rejoindre la capitale... Vive les aléas du voyage !

Et Lima dans tout ça, ça donne quoi ? ? ?

Si Cusco nous avait semblé trop touristique pour refléter réellement l'âme du Pérou, Lima, quant à elle, en exprime toutes les contradictions !

Cette ville tentaculaire (la plus grande au monde construite sur un désert!) concentre en son sein pas moins de la moitié de la population du pays, voui m'dame ! Pas étonnant donc qu'il y ait autant de mixité et d'inégalités... Ici, une rue suffit à te faire passer du quartier bobo au bidonville!

Difficile d'appréhender une ville aussi grande et d'en saisir son essence quand on ne dispose que de 3 jours... Comme la plupart des touristes, nous avons donc choisi de rayonner dans les quartiers réputés pour être les plus agréables (et les plus riches!) : Miraflores, Barranco et San Isidro.

Si ce n'était les cevicherias à chaque coin de rue, on pourrait se croire dans un pays occidental tant l'architecture et la population diffèrent de ce dont nous avons l'habitude ! Ici, pas de cholitas en tenue traditionnelle, ni de baby alpaga en laisse mais des gens dans le vent, soudés à leur portable ou baladant leur chihuahua (en revanche, eux ont toujours droit à leur pyjama ! ).

Celle que l'on surnomme à juste titre "la ville grise" (il semblerait que les liméniens ne voient le soleil que 2 mois dans l'année, pas très différent de Paris en somme!) s'avère plutôt agréable à parcourir avec sa promenade en bord de mer et ses quartiers parsemés de parcs!

Au détour d'un arbre, on peut découvrir des choses complètement folles comme des "pets party", dans lesquelles des chiens invitent leurs amis canins pour fêter leur anniversaire autour d'activités telles que puzzles, goûter de chips, sauts dans des anneaux de feu (non, là j'invente !)... On se croirait presque aux États-Unis (ou au Japon ! )!

... ou encore des gallinazos, une espèce de vautour qui peuple la côte et s'occupe de nettoyer les poubelles gratos! Ça change des pigeons! Par contre, quand ça a décidé de te mitrailler, ça ne fait pas semblant ! La blonde en fera les frais alors que ses cheveux étaient encore propres du matin et fleuraient bon le shampoing... Dégoûtée!

En plus des parcs, les graffs, les maisons et les églises colorées du vieux centre et du quartier de Barranco, viennent égayer quelque peu la grisaille environnante.

Mais ce qui intriguait le plus la blonde, c'était cette réputation de "capitale gastronomique de l'Amérique latine", rien que ça ! Pour un estomac sur pattes, toujours en quête de nouvelles saveurs, ce titre pompeux était la promesse de nouvelles découvertes gustatives !

Malheureusement, ces dernières ont commencé tristement dans un Chifa (un des nombreux restaurants chinois qui pullulent au Pérou ) avec un plat aussi suspect que mauvais...

Alors, pour rattraper cet échec, nous décidons pour la première fois de réserver chez Astrid&Gaston, un restaurant gastronomique tenu par un chef réputé pour être l'un des 50 plus grands mondiaux!

Avec un menu à 120€ (par personne, of course ! ), composé de 15 plats, plus 30€ pour trois verres de vin, on se dit que c'est une folie, certes, mais que c'est aussi une expérience que nous n'aurons peut être jamais l'occasion de réitérer et qu'il serait dommage de ne pas la vivre au moins une fois!

C'est donc vêtus de notre plus belle tenue (Myriam, en sa qualité de fille, a la chance d'avoir une robe en réserve qu'elle peut assortir à ses belles baskets trouées, tandis que Renan cache la misère sous son pantalon de pluie...) que nous nous rendons, à pieds (tout le monde est venu en taxi sauf nous bizarrement...), dans le fameux restaurant...

Loin d'être prout - prout, le cadre se veut plutôt sobre mais chic dans des tons verts et boisés. Le patio, avec sa cour intérieure et ses balustrades d'époque, a plus de charme. Même les toilettes sont classes!

Le menu, avec ses intitulés poétiques, reste assez mystérieux, mais tant mieux, nous aimons les surprises! 4 entrées, 8 plats et 3 desserts vont se succéder pour un repas qui va durer 3h30. C'est pire qu'un repas de famille ! Alors, verdict ?

Et bien, malgré des produits de qualité et des plats inventifs aux présentations soignées, force est de constater que nous avons été plutôt déçus par l'expérience... Seuls trois-quatre plats ont su nous surprendre et nous emballer.

Sinon, pas d'explosion des papilles, pas de révolution gustative ni d'étoiles dans les yeux, juste des plats somme toute assez classiques, bien réalisés mais au final beaucoup trop chers et prétentieux au vu du plaisir éprouvé... Peut être nos palais ne sont - ils pas assez fins et entraînés pour une cuisine aussi raffinée, toujours est - il que les restaurants gastronomiques, ben c'est pas pour nous! Ça plombe le budget pour un résultat loin d'être satisfaisant ! Et pis, comme si ça ne suffisait pas, la blonde a passé la nuit à agoniser en essayant de ne pas vomir son repas à 150€! Sympa le souvenir !

Au final, la valeur sûre sera toujours la cuisine locale et familiale, à 2€ le menu, où l'on te sert un ceviche ou un lomo saltado copieux et savoureux ! Pas besoin de se compliquer la vie pour bien manger!

Et voilà, Lima c'est déjà fini! Il aurait été intéressant d'y consacrer plus de temps afin d'explorer des quartiers moins touristiques, mais c'était sans compter sur la météo tristounette (et l'amour de Renan pour les grosses villes!).

Nous repartons donc pour 9h de bus direction le nord. Nous ferons l'impasse sur Huaraz et la Cordillère Blanche, réputée pour offrir les plus belles randonnées du Pérou, en raison de la mauvaise météo annoncée. Nous n'avons pas envie de nous retrouver de nouveau confrontés à la pluie et au froid pour voir des lagunes ! Direction donc la mer !

49

Cette fois, les 10h de bus nous ont conduit à Trujillo, la "ville de l'éternel printemps", où nous sommes censés trouver chaleur et soleil... Mouais... Pour nous, pas de printemps ! Plutôt un automne grisâtre dans la lignée du temps que nous avions à Lima, nous sommes ravis...

Enfin, pas grave! Pas besoin de soleil pour aller visiter des ruines! Car si Trujillo est appréciée pour sa douceur de vivre et ses "casonas" colorées, elle est surtout connue pour la richesse de son patrimoine historique.

Construite sur d'anciens sites pré - incas, la ville et ses environs comptent un grand nombre de vestiges Moche (prononcé [motché]), civilisation qui domina sur la côte péruvienne entre 100 et 700, et Chimú, qui lui succéda entre 900 et 1500. Et, comme nous avons quand même un peu de chance, le soleil fait son apparition au moment où nous décidons d'aller visiter la Huaca (=temple) de la Luna, ancien témoignage de la culture Moche.

Le temple du soleil, faisant l'objet de fouilles, nous n'en verrons que l'extérieur. Celui de la lune en revanche nous réserve quelques belles surprises avec ses fresques colorées qui sont d'origine (chose assez rare au Pérou pour être mentionnée, la plupart des ruines ayant été restaurées avec plus ou moins de finesse...).

Une conservation qui s'explique par le fait que chaque monarque qui mourrait était emmuré avec ses biens à l'intérieur du temple. Pas de lumière ni d'oxygène donc pour dégrader les fresques. Son successeur quant à lui, construisait un nouvel étage à la pyramide, perpétuant ainsi le cycle.

Huaca de la luna

Le lendemain, nous assistons aux répétitions pour le défilé de la fête nationale de l'indépendance du Pérou qui aura lieu le 28 juillet. L'occasion pour nous de voir représentés tous les corps de l'armée péruvienne dans leurs uniformes, dont certains sont un peu flippants quand même...

Au cœur de la ville se trouve la Huaca Esmeralda, ancien temple Chimú cette fois, largement détruit par les intempéries (tremblements de terre et tsunamis) et, contribuant à sa dégradation, le passage des touristes à même les ruines, seul moyen de le visiter! (notre archéologue préférée serait folle en voyant ça!)

A 5kms de la ville se trouve Chan Chan, ancienne capitale Chimú construite intégralement en adobe (briques de terre séchée), qui rayonna du IXè au XVè siècle.

Bien que fortement dégradée et en grande partie ensevelie sous le sable, la ville parvient tout de même à impressionner. Sur les 28 palais que comptait la cité, nous ne visiterons que celui de Tschudi qui conserve encore les restes d'une ancienne muraille haute de 13m (soit disant pour empêcher l'invasion des vikings, mais les explications des guides sont parfois un peu douteuses...) et des bas reliefs en bon état où il est encore possible de distinguer formes animales et végétales.

Malgré les 1h de visite guidée en compagnie de Teresa, il nous reste encore 5h à tuer avant de reprendre le bus. Nous décidons donc de nous faire une petite session ciné dans le centre commercial du coin...

Le choix est assez limité et, si la blonde penche plutôt pour les dinosaures, c'est Renan qui l'emporte avec Mission Impossible 6! Une belle bouse mais qui a le mérite d'être accessible même pour un débutant en espagnol ! Décidément, ce n'est pas une année où nous verrons des chefs-d'oeuvre...A présent, direction le nord pour une petite semaine de farniente au soleil et à la plage !

50

Après 10h de bus, nous voilà enfin à Mancora, THE station balnéaire du Pérou ! Mais pas question de nous attarder ici!

Un français rencontré à Cusco et installé dans le coin depuis 20 ans, nous a conseillé un petit village de pêcheurs situé à 30kms de Mancora, garanti 100% authentique, sans touristes et paradisiaque !

Ni une ni deux, nous sautons dans le premier colectivo trouvé et filons à Cancas pour découvrir ça :

Alors, pour le côté "authentique" je suis d'accord, le "sans touristes", ben je comprends pourquoi... Par contre, le "paradisiaque", là je ne vois pas mais alors vraiment pas où il se trouve!

D'accord, Google météo nous a menti aussi en annonçant un grand beau soleil toute la semaine, mais, même sous la grisaille, la mer c'est beau! Mais pas là... Là, c'est tout triste, tout glauque et ça donne un peu envie de prendre ses jambes à son cou, malgré les 10h de bus...

Nous visitons tout de même quelques hospedaje, dans l'espoir d'en trouver une avec une terrasse les pieds dans le sable, mais même pas! Les chambres sans fenêtres sont toutes plus sordides les unes que les autres et nous incitent définitivement à fuir.

Nous reprenons donc un taxi pour nous rendre à Punta Sal, le "coup de cœur " du Petit Futé. Déjà, l'endroit est plus touristique avec ses hôtels et ses restaurants ce qui, pour une fois, n'est pas pour nous déplaire! Mais, forcément, les prix sont en conséquence...

Nous tombons en plus en plein week-end de fête nationale puisque le Pérou célèbre son indépendance. Du coup, les prix ont flambé et se sont vus multipliés par deux, voire trois! Pas de bol!

On finit par nous conseiller d'aller voir chez Jerry, le seul endroit accessible aux backpackers sans le sous...

Première (bonne) surprise : l'auberge de jeunesse donne sur la plage!

Deuxième (bonne) surprise: le courant passe tout de suite avec Jerry (de son vrai nom Gerardo) touché par "les bonnes ondes" que dégage la blonde et nous n'avons pas à négocier longtemps pour qu'il nous laisse dormir dans un dortoir pour 10€ la nuit!

Mieux que ça, quand nous lui demandons où il faut aller pour manger un bon poisson, il nous propose de nous installer à sa table pour déguster "en famille" un délicieux ceviche préparé par Marco!

Et voilà comment, en plus d'avoir trouvé un petit coin de paradis, on se fait de nouveaux amis!

Faut dire que Gerardo, en tant que chaman, est un personnage haut en couleurs, à la sensibilité exacerbée, très branché anges, spiritualité, gardiens et extraterrestres. Et, comme il a trouvé en la blonde une oreille attentive, ça donnera lieu à des conversations surréalistes entre les deux, l'un défoncé au San Pedro (cactus contenant de la mescaline, dont la consommation donne des hallucinations et crée une hypersensibilité, ce qui s'est confirmé à plusieurs reprises...) et l'autre complètement sobre!

Nous aurons même droit à deux séances privées de spiritisme où Gerardo tentera d'éradiquer de notre corps et de notre esprit toutes les mauvaises pensées qui s'y trouvent, afin de nous montrer la voie... Et que l'on y croit ou non, peu importe, le tout est de "sentir" les choses. L'ours terre à terre et pragmatique du groupe passera visiblement à côté de l'exercice !

Mais, entre deux conversations mystiques, nous avons pu profiter que le soleil se lève pour prendre le petit déjeuner les pieds dans le sable, buller dans les hamacs,

nous baigner et marcher le long de la plage tout en observant passer les baleines, les pélicans, les frégates et les gallinazos (toujours aussi moches!)...

Pour finir par un joli coucher de soleil... Elle est pas belle la vie?😎

Alors certes, Punta Sal n'est pas la Polynésie, mais pour nous qui étions en manque de chaleur et de soleil (il n'aura duré que 2 jours cela dit...), c'était bien suffisant pour recharger les batteries et nous permettre de faire de vraies belles rencontres aux côtés de Gerardo, Fioré et toute la clique!

51

Quand on voyage au jour le jour, sans planifier, on est tenu d'accepter que tout ne se goupille pas toujours comme on voudrait... C'est comme ça que, pour avoir raté le dernier bus de justesse, on se retrouve coincés une nuit à Piura.

Pas grave! La ville est immense et regorge de restaurants! Nous décidons de nous faire plaisir et choisissons l'un des mieux côtés sur le net. De fait, le repas est largement à la hauteur de nos espérances et nous enchante. Ça se voit, n'est ce pas?

Ouais... Ben la photo a été prise avant de savoir que nous étions au début d'une vilaine intoxication alimentaire... (la faute au poulpe à tous les coups!) Et voilà comment d'une nuit, on se retrouve à en passer trois dans un hôtel pouilleux où visiblement l'architecte n'a pas jugé bon de mettre une porte de séparation entre les toilettes et le lit... Pratique quand tu vas te vider à peu près toutes les 15min! L'autre a droit au concert et aux odeurs en direct! Là, tu sais que si ton couple survit à ça, c'est que c'est du solide!

Alors, après avoir passé 2 jours cloîtrés dans la chambre à agoniser, on va pas se mentir, Piura ne nous aura pas laissé un souvenir impérissable... À part une jolie Plaza de Armas, nous n'en aurons pas vu grand chose... Voilà pour l'article trivial du mois! Pas passionnant certes, mais ça fait aussi partie du voyage!

Prochain défi : survivre aux dix prochaines heures de bus qui nous attendent...

52

Défi relevé ! 10h de bus sans vomito ni diarrhée ! Et oui, la vie est faite de petites victoires personnelles...

Nous voilà donc arrivés à Pedro Ruiz, petit village situé aux portes de l'Amazonie. De là, nous espérons trouver certaines infos indispensables à la suite de notre périple... Malheureusement, nous allons vite comprendre qu'ici, rien n'est simple... Soit les gens s'en foutent royalement et ne sont pas disposés à nous aider, soit les infos que nous obtenons sont contradictoires! C'est pas gagné tout ça! Et, évidemment, ce n'est pas ici que nous pourrons compter sur internet...

Pour la première fois, nous sommes vraiment livrés à nous-même et il va falloir composer avec ce que nous avons. Nous décidons donc de rejoindre Cohechan, point central entre le site archéologique de Karajia et notre prochaine rando.

La ville n'a beau être qu'à 68kms de là où nous sommes, il nous faudra quand même prendre 3 colectivos différents et passer à nouveau 4h sur les routes avant d'atteindre notre destination ! Décidément, la patience et le lâcher prise semblent être les mots d'ordre en Amazonie! Impossible de contrôler quoi que ce soit ici! Nous qui rêvions d'aventure, on dirait que nous sommes au bon endroit !

Après une nuit dans une chambre d'une sobriété monacale, nous décidons de nous rendre en colectivo à Karajia, malgré l'état de Renan qui a passé sa nuit à repeindre les toilettes...

Le site est petit et se visite en faisant une petite boucle d'à peine une heure qui conduit à d'étonnants sarcophages d'argile, mesurant 2m et posés à flanc de falaise. Ces anciens vestiges issus de la culture Chipuric (autour de l'an 1000) sont impressionnants et paraissent un peu incongrus dans ce paysage champêtre!

Site de Karajia

Une fois la visite terminée, nous reprenons un colectivo pour Cohechan où nous espérons trouver un transport pour nous emmener dans la Valle d'Huaylla Belen, où débute notre randonnée. Les habitants du coin nous invitent à patienter, nous assurant qu'une "camioneta" (un pick-up en gros) ne va pas tarder à passer...

Après une heure d'attente, le fameux pick-up arrive enfin, plein à craquer ! Évidemment, en tant que "gringos", nous ne sommes pas prioritaires... Nous le regardons donc s'en aller, perplexes et ne sachant pas s'il vaut mieux commencer à marcher ou attendre encore un peu. Mais les locaux nous rassurent en nous disant qu'un autre ne va tarder à passer... Qu'à cela ne tienne ! Renan est à fond dans son livre sur l'auto-suffisance et la blonde est captivée par les confessions d'Adría et meurt d'envie de découvrir comment tout cela va finir (au passage, si vous n'avez pas lu Confiteor, de Jaume Cabré, il est grand temps de réparer cette erreur, c'est un petit bijou de lecture ! )...

Et voilà comment l'on se retrouve à attendre 2h le pick-up suivant... plein à craquer évidemment! Encore un qui nous passe sous le nez!

Il est 16h 30, nos chances de rejoindre le début du trek (situé à 18kms) avant la nuit sont nulles à présent... Dire que si nous n'avions pas été aussi flemmards nous y serions déjà ! Les locaux nous assurent qu'un autre véhicule va passer d'ici 21h mais pas question de reproduire la même erreur une troisième fois! Il est grand temps de s'activer !

Jour 1: De Cohechan au bivouac près d'un champ.

Dist : 5,5km / Dev +: 260m / Dev -: 0m / Temps : 1h15 / Alti max : 2950m

C'est donc un peu agacés d'avoir perdu 3h que nous nous mettons en route. Nous avons très peu d'informations sur cette rando si ce n'est que, à en croire le Petit Futé, ce sont "les paysages les plus extraordinaires de la région" et que "le trek n'est pas bien marqué et il est périlleux de le tenter seul". Ils préconisent donc de passer par une agence qui te facture 450$ les 5 jours de marche... Mouais, ils disent ça à chaque fois de toute façon !

C'est un début en douceur puisque le soleil déclinant nous oblige à planter la tente au bout de 5,5kms aux abords d'un champ... Nous avons un peu l'impression de redécouvrir notre maison après de longues vacances. Mine de rien, ça fait déjà 17 jours que nous ne l'avons pas utilisée! On dirait que l'on s'embourgeoise...

Jour 2: du bivouac à Congon

Dist : 25km / Dev +: 500m / Dev -: 1500m/ Temps : 8h / Alti max : 3200m

Reprise des bonnes vieilles habitudes avec un réveil matinal à 6h. L'avantage avec l'Amazonie c'est que, s'il y fait humide et moite, au moins il n'y fait pas froid, même à 3000m!

Nous nous mettons en route, la blonde est aux commandes et, ça ne rate pas, au bout d'un kilomètre nous nous rendons compte que nous ne sommes pas sur le bon chemin et qu'il faut revenir à la case départ, ça commence bien!

Le reste du trajet se fait sans encombre. Fidèle à sa réputation, "la vallée des nuages" est encombrée de cumulus, ce qui donne une atmosphère plutôt envoûtante aux paysages . S'ajoute à cela la délicieuse odeur de menthe sauvage qui embaume le chemin et le vol des vautours qui, s'ils ressemblent à des dindons boiteux au sol, s'avèrent aussi majestueux que les condors dans les airs!

Au moment où nous amorçons la descente sur la Valle d'Huaylla Belen, le soleil fait une apparition timide et illumine le fleuve aux reflets d'argent qui serpente dans la vallée. Le spectacle est enchanteur!

L'endroit semble idéal pour faire une pause déjeuner au bord de l'eau, si ce n'est le terrain complètement inondé par endroits qui prend la blonde par surprise. Sans crier gare, elle se retrouve embourbée jusqu'au genou dans la vase! Bon, ben finir toute crottée dès le deuxième jour: check!

Et, terrain humide oblige, les moustiques sont de la partie, aussi féroces et voraces que ceux de Choquequirao sauf qu'ici nous sommes dans une zone de paludisme donc on rigole un peu moins à chaque piqûre... Le reste de l'après midi nous permet de faire une première incursion dans les hauteurs de la forêt amazonienne où, déjà, la flore se fait luxuriante.

Endroit rêvé pour une pause déjeuner ?

Après 1200m de descente, nous arrivons sur les rotules dans le petit village de Congon. L'endroit est paisible et les gens accueillants. Il a beau n'être que 16h, nous décidons d'en rester là pour aujourd'hui et de profiter d'un hébergement bon marché et d'un repas chaud avant d'affronter les 1300m de montée qui nous attendent le lendemain... L'occasion au passage pour la blonde de terminer "Confiteor" et de confirmer ses premières impressions : lisez - le!

Jour 3: de Congon au bivouac sur la crête

Dist : 17km / Dev +: 1650m/ Dev -: 250m / Temps : 8h30/ Alti max : 3350m

Après un copieux petit déjeuner préparé par Ofelia, nous sommes d'attaque pour la grosse montée qui nous attend... mais pas pour longtemps ! Entre les violentes baisses d'énergie de Renan, toujours malade, et la blonde qui saute les repas du midi car elle ne peut plus avaler un bolino sans avoir la gerbouille, nous avons vite les batteries à plat!

De plus, l'humidité ambiante a rendu le terrain boueux et glissant, freinant grandement notre progression, ce qui n'est pas pour nous remonter le moral... Les 1600m de montée semblent interminables et la brume, qui semble vouloir s'installer durablement, ne permet pas vraiment d'admirer le paysage...

Et, comme si ça ne suffisait pas, la pluie décide de nous rendre une petite visite! Là, c'est sûr, on est au top! Dans ces conditions, pas étonnant que l'on avance à deux à l'heure!

Du coup, voyant que le timing est trop juste pour rejoindre le village de Choctamal, nous décidons de planter la tente en plein milieu du chemin, à 4kms de là... Adieu lit douillet et bon repas chaud et copieux! A la place nous aurons droit à une vieille soupe de fromage bien chimique et un petit nid froid et humide à 3350m d'altitude... Espérons qu'un péruvien ne décide pas de passer par là avec ses vaches d'ici demain sinon je ne donne pas cher de notre maison...

Jour 4: du bivouac sur la crête à Qusango

Dist : 25km / Dev +: 400m / Dev - : 900m / Temps : 7h/ Alti max : 3350m

Quelle poisse! Il a plu toute la nuit et ça ne semble pas vouloir s'arrêter... En plus, avec cette brume, on n'y voit pas à trois mètres! Pas très engageant tout ça!

Après une demi-heure d'attente et d'espoirs déçus, on comprend que les perspectives d'amélioration sont quasi nulles. C'est donc équipés de notre "armure" en Gore-tex (enfin, plus pour Renan qui, petit rappel, s'est fait voler sa veste à Gotham City ) que nous décidons de prendre le taureau par les cornes et d'affronter la pluie. Les 4kms de descente jusqu'à Choctamal se font à toute allure et nous permettent de rejoindre la route principale.

Se pose alors la question de savoir si "on continue ou si on prend un bus et on se casse au plus vite de ce pays où il pleut tout le temps??". Malheureusement pour Renan, la blonde ne veut rien lâcher... Il reste à peine 20kms pour finir la rando et, même si le plaisir de la marche est amoindri du fait de cette météo capricieuse, l'envie d'aller jusqu'au bout est la plus forte.

Une décision qui nous permettra de rencontrer Sarah et Lola, deux péruviennes pétillantes qui nous offrent des fruits en échange d'un brin de causette! Finalement, nous passerons une demi-heure alignés tous les quatre en rang d'oignons sur le banc à papoter en regardant passer les mobylettes! Moment charmant et précieux !

Éclaircies et bruine se relaient de manière imprévisible tandis que nous reprenons la route jusqu'au petit village de Maria où nous en profitons pour faire un nouvel arrêt histoire de déguster la traditionnelle "trucha frita con arroz y papas", qui accompagnent absolument tous les plats au Pérou et en Bolivie ! (pas étonnant qu'on soit constipé...)

De là, plus que 8 kms avant d'arriver aux ruines de Kuelap et une petite montée de 150m pour la fin! Il est trop tard pour visiter le site, notre tente étant une vraie serpillière, nous cherchons donc un endroit chaud et sec pour la nuit et nous retrouvons chez Mercedes, dont la maison se situe dans le petit village au pied du site.

Parfait! Et au menu: Cuy (cochon d'inde ) avec... riz et patates ! Ça change! N'empêche, c'est le deuxième cochon d'inde que nous mangeons, dans une version plus rustique cette fois (Mercedes nous a laissé la tête, les pattes et mêmes les testicules...), mais c'est toujours aussi bon!

Au fil de la discussion, la famille de Mercedes, qui travaille sur le site de Kuelap, nous apprend que l'endroit accueille presque 1400 personnes par jour en cette période de vacances péruviennes! C'est beaucoup plus que ce que nous pensions, il va donc nous falloir partir tôt...

Jour 5: Kuelap

Dist: 15km / Dev +: 300m / Dev -: 1300m / Temps : 4h / Alti max : 3050m

Nous y voilà enfin ! Il est 8h20 quand nous arrivons à Kuelap. Le site a ouvert depuis 20 min mais nous sommes seuls avec les employés sur les lieux! On nous apprend que les tours opérateurs sont tous calés sur le même créneau et que les touristes arrivent plutôt vers 10h-10h30 par le téléphérique. Ça nous laisse donc 1h30 pour en profiter pleinement, ce qui est largement suffisant étant donnée la taille du site.

Construite au sommet d'une montagne, cette ancienne cité Chachapoyas est l'une des plus grande du Pérou. Comme d'habitude, il n'en reste que des ruines mais, contrairement au Machu Picchu où pas un brin d'herbe ne dépasse, celles-ci sont encore recouvertes de végétation, ce qui donne un côté plus authentique, moins artificiel aux lieux.

Enfin... Sans doute plus pour longtemps puisque Kuelap est en train d'être restauré et qu'à cette occasion les pierres sont passées au karcher! Ça ne rend pas pareil d'un coup...

Et, parce que nous sommes tout de même sur le site le plus touristique du nord du Pérou, trois lamas ont été placés là pour la photo alors que nous n'en avons pas vu un seul de toute la randonnée ! Allez, on ne va pas bouder, ce sont peut-être les derniers du séjour !

10h15: Nous quittons Kuelap alors que des grappes de touristes arrivent, essoufflés (et oui, malgré le téléphérique il y a tout de même une montée de 100m pour arriver en haut! Dur dur après un chicharron bien gras et une bouteille d'inka cola!😆). Nous l'avons échappé belle!

A présent, ne reste plus qu'à redescendre les 1300m de dénivelé qui nous attendent jusqu'à Tingo, sauter dans un colectivo pour Chachapoyas, manger un bout pour se remettre des virages qui nous ont rendu malades, reprendre un bus jusqu'à Pedro Ruiz et booker le trajet pour le lendemain.

Bon, avec la blonde aux commandes nous ne manquerons pas de prendre des chemins de traverse et de nous perdre, ce qui mettra Renan dans d'excellentes dispositions... Au moins ça pimente un peu, sinon c'est pas drôle...

Au final, malgré un temps mi - figue, mi - raisin, cette randonnée nous aura permis de faire une bonne coupure avec les transports, d'aller à la découverte de nouvelles cultures pré - incas, mais surtout de faire de belles rencontres, changeant, par la même occasion, notre regard sur les péruviens.

Ici, les relations sont plus simples, sans chichis. Les gens sont curieux, souriants et accueillants et se moquent clairement de faire du business puisqu'ils vivent très bien sans touristes, du coup les prix s'en ressentent et sont divisés par deux ou trois par rapport au sud. Les paysages, quant à eux, sont typiquement ceux de la jungle : touffus, verts, exotiques, chargés d'humidité et d'odeurs intrigantes.

La randonnée, contrairement à ce que suggérait le Petit Futé, est très bien balisée (à condition d'avoir Maps.Me et un GPS bien sûr ) et il est (presque!) impossible de se perdre... Un bon moyen donc d'explorer la région et d'aller à la rencontre de ses habitants quand on a du temps devant soi!

Le Pérou ne se résume donc pas à la région de Cuzco, même si elle détient actuellement les sites archéologiques les plus intéressants (mais combien encore sont à découvrir, enfouis dans la jungle du nord??), et a beaucoup à offrir dans des endroits plus reculés.

Cette première approche nous a donné envie de nous enfoncer plus profondément dans l'Amazonie...

53

Y'a des jours comme ça où on ferait mieux de rester couché... Et pourtant, il nous tardait de rejoindre Tarapoto, haut lieu de villégiature niché au cœur de l'Amazonie, où les péruviens viennent se reposer durant leurs vacances.

A 7h pétantes, nous sommes devant l'agence où le bus doit nous récupérer une demi-heure plus tard, pas trop réveillés mais tellement impatients... Après vingt minutes , on vient nous annoncer "una mala noticia": le bus a un "problème technique" (en vrai, la compagnie pratique le surbooking et le bus est complet...) et il nous faudra prendre le prochain à 9h30. C'était bien la peine de se lever aux aurores !

Résignés, nous décidons de tuer le temps dans un café et revenons faire le pied de grue dès 9h. A 10h, ce qui n'est rien d'autre qu'un mini van, daigne enfin faire son apparition ! Pas trop tôt ! Mais le chauffeur, parti depuis tout juste une heure de Chachapoyas, a visiblement une fringale et décide de se faire un petit almuerzo (soupe+plat) pendant que ses passagers cuisent dans le véhicule, sympa!

Quant à nous, il semble bien embêté pour nous placer... Ne reste qu'un siège potable, la blonde se retrouve donc sur un strapontin miteux et sans dossier! Ce n'est pas comme si nous avions 7h de trajet devant nous... Ça risque d'être long...Et pour compléter la tableau, nous sommes évidemment tombés sur un fou du volant! Renan est à l'agonie à l'arrière tandis que la blonde résiste, trop occupée à observer le comportement entrecoupé de TOC de son voisin de voyage !

Après 3h de virages, nous nous arrêtons pour une pause déjeuner à Moyobamba, d'où nous aurons du mal à repartir en raison d'une grève qui bloque l'axe principal... Décidément, se rendre à Tarapoto se transforme en parcours du combattant !

Au bout d'une heure, le barrage finit par céder et, cette fois, nous repartons sans traîner. Il est 19h quand nous arrivons enfin! Pas envie de perdre une seconde de plus, nous prenons donc un tuk-tuk pour nous conduire à notre hôtel avec piscine, réservé pour les trois prochaines nuits. Une fois sur place, nous commençons tout juste à relâcher la pression quand on nous annonce qu'il y a un souci et qu'en fait l'hôtel est complet ! Bon ben, quand ça veut pas, ça veut pas!

Nous nous connectons en vitesse à Booking et réservons un hôtel un peu plus cher mais à prestations égales, situé à l'autre bout de la ville. Après 30min de marche, nous y sommes enfin et, comme l'histoire est vouée à se répéter, on nous dit qu'il y a eu un bug avec Booking et que l'hôtel est complet mais sera disponible à partir du lendemain... Là, maintenant, on hésite entre le rire et les larmes...Résignés, nous nous réfugions dans le premier hôtel trouvé, sans piscine, sans petit dej mais sans prise de tête ! Allez, demain est un autre jour...

A midi pétantes, nous voilà de nouveau dans l'hôtel tant fantasmé, espérant que cette fois sera la bonne... Et, de fait, la suite répondra tellement à nos attentes que nous passerons 5 jours à glander à l'hôtel, alternant entre piscine, transat, dégustation de spécialités de la selva et de tous les parfums chez le glacier du coin, lecture intensive et nouvelle intoxication alimentaire pour Myriam (on est sympa, cette fois on vous épargne les photos!).

Bref, après 7 mois de voyage, nous avons enfin l'impression d'avoir de vraies vacances! Pas très intéressant donc mais tellement boooon!

54

Après une semaine de repos, nous voilà fin prêts pour de nouvelles galères et ça tombe bien parce qu'elles ne vont pas tarder !

En 2h30, nous voilà à Yurimaguas, "petite" ville dont l'intérêt principal réside dans sa position stratégique au bord du Rio Huallaga. De là, il est ensuite possible de rejoindre Iquitos, ville prisée des touristes car aux portes de la selva et dotée d'infrastructures tout confort. Mais ce qui nous intéresse, c'est Lagunas, beaucoup plus petite, donc beaucoup moins touristique et, nous l'espérons, moins chère pour organiser un trek au cœur de l'Amazonie...

Pour y aller, deux possibilités :

- prendre un bateau rapide à 40 soles qui relie les deux villes en 5 heures

- prendre una lancha (bateau de marchandises ), deux fois moins chère, dix fois moins confortable et deux fois plus lente! C'est évidemment l'option que nous avons choisie...

Après une prise de contact avec le capitaine, nous convenons d'un départ à 21h. Le trajet doit durer 10h donc nous arriverons suffisamment tôt à Lagunas pour organiser la suite de l'aventure...

En attendant, nous tuons le temps en ville. C'est jour de fête et tout le monde est dehors. Brian, Quinto et Ulis sont en train de siroter leur bière devant chez eux (pas la première visiblement ! ) et nous invitent à les joindre! On ne se le fait pas dire deux fois et voilà comment nous nous retrouvons en pleine conversation de bourrés !

Nous repartons en prime avec un contact sur Lagunas: Maritas s'occupe d'organiser des expéditions de qualité semble-t-il dans la jungle, parfait !

Tandis que nous flânons dans la ville, nous sommes sidérés par le nombre de personnes qui nous accostent et ne nous lâchent pas pour nous vendre un tour à tout prix. Nous n'avions pas connu ça depuis Cusco et ça ne nous avait vraiment pas manqué !

Arrivée 20h, nous nous rendons au bateau pour nous entendre dire qu'ils n'ont pas fini de le charger et qu'il faut "dos horas más". Bon, ok, on aurait dû le voir venir... Pas grave ! C'est l'occasion d'aller siroter une petite bière à la tienda du coin...

Nous y rencontrons Arnaldo, grosse figure politique de la région, qui nous invite à boire une bière et avec qui nous avons une discussion animée qui durera... 3h! Décidément, ils savent recevoir dans le coin!

23h20, le bateau démarre enfin... pour s'arrêter dans le port situé 3kms plus loin! A ce rythme là, on n'est pas prêts d'arriver! Finalement, nous partirons à 1h du matin! Quand on vous dit qu'il faut être patients dans ce pays! 12h de voyage, dans un hamac de fortune (généreusement prêté par l'équipage, ouf!)...juste à côté du moteur! Difficile de décrire l'intensité du bruit, le résultat étant qu'à l'arrivée, la blonde est sourde comme un pot et a gagné deux acouphènes !

En prime, nous avons droit à un petit déjeuner maison préparé avec l'eau... du fleuve (qui est quand même marronnasse...)! C'est le moment de vérité: nous allons réellement pouvoir tester la résistance de notre organisme !

Allez, on va pas se plaindre ! Un lever de soleil sur le fleuve, ça n'a pas de prix! On voulait de l'aventure et bien nous l'avons ! Et ce n'est que le début...

55

A peine débarqués de la lancha, nous partons en quête de Marita, notre seul contact pour l'Amazonie.

Après quelques allers-retours infructueux, où nous nous faisons mener en bateau par un chauffeur de moto-taxi voulant à tout prix nous vendre un tour, nous tombons enfin sur ce petit bout de femme au rire facile et au sourire franc, qui nous invite à déjeuner avant de parler affaires! Y'a pas à dire, en voilà une qui sait y faire!

Une fois repus, nous en profitons pour discuter longuement sur le programme qui nous attend, la durée du séjour et le prix évidemment !

L'idéal étant de partir le plus longtemps possible afin de s'enfoncer au plus loin dans la selva, nous partons sur l'idée d'un trek de 8 jours (4 jours pour l'aller et 4 jours pour le retour ). Mais, au fil des différents échanges, nous découvrons qu'il existe un itinéraire de 22 jours permettant de traverser toute la réserve Pacaya Samiria afin de rejoindre Nauta, la ville juste avant Iquitos!

On éviterait ainsi de faire un aller-retour, tout en explorant l'intégralité du parcours et en prime nous serions seuls puisque la plupart des touristes partent pour des excursions de 4-5 jours... Le programme est vraiment alléchant !

Si la blonde redoute un peu la monotonie et l'aspect potentiellement répétitif d'une excursion de 3 semaines dont la majeure partie se fait en pirogue, Renan, quant à lui, est excité comme une puce à l'idée de jouer les aventuriers en terrain hostile! Difficile de résister face à tant d'enthousiasme... Et puis, tant qu'à être là, autant faire les choses à fond! L'occasion ne se représentera sans doute pas de sitôt !

Après négociations du prix, nous tombons d'accord sur 110 soles (contre 150 initialement) par personne et par jour (soit 29€). Le prix, qui comprend absolument tout, est des plus attractif sachant que nous serons seuls, accompagnés de deux guides et de deux pirogues, une pour nous et une seconde pour les provisions, rien que ça !

Seul problème, nous n'avons pas suffisamment d'espèces pour payer, sachant qu'il n'y a pas de banque à Lagunas et qu'ils ne prennent pas la carte... Heureusement, quand il s'agit d'argent, il y a toujours moyen de s'arranger... Nous nous acquittons donc de la moitié de la somme et ferons un virement du reste une fois arrivés à Nauta. Ce n'est pas plus mal, ça nous assure d'arriver entiers à destination !

A 7h pétantes le lendemain, nous sommes devant l'agence, prêts à en découdre avec les anacondas et les jaguars ! Mais un des guide manque à l'appel... Il nous faudra attendre 3h avant de nous mettre en route, direction l'embarcadère situé à 30 min de là en moto-taxi (et oui, "ponctualité" est un mot qui n'existe pas au Pérou, ici seule compte la patience !).

Une fois le bateau chargé, nous embarquons sous la coupelle d'Aquiles, tandis que Segundo est chargé du transport de nos vivres. Dès lors, nous pénétrons dans un tout autre monde. La pirogue, de part son fond plat, nous donne l'impression de raser l'eau. Le décor se referme sur nous et nous enrobe. Nous glissons silencieusement sur la surface tandis que des bruits inconnus jaillissent de toute part.

Très vite, l'oreille alerte d'Aquiles détecte des frailes, petits singes proches des capucins, qui bondissent de branche en branche au dessus de nos têtes. Un peu plus loin, c'est un boa endormi sur sa branche qui attire son attention ! Ses capacités d'observation et d'écoute sont incroyables! Nous nous sentons comme deux aveugles face à cette végétation touffue où le camouflage est de rigueur! Heureusement que l’œil aguerri du guide nous montre où tourner le regard!

Après un moment, un nouvel enjeu, qui se répétera au fil des jours, apparaît : trouver notre repas du midi qui se cache quelque part dans cette eau marronnasse !

Si, à nos yeux, le fond du rio semble opaque, visiblement, pour notre guide, il n'en est rien! Armé de sa "flecha" faite maison (= harpon ), Aquiles atteint sa cible du premier coup, nous assurant par la même occasion un déjeuner de rois! Décidément, à côté de lui, nous avons vraiment l'air d'aventuriers de pacotille !

Une fois la peau du ventre bien tendue, nous repartons vers notre refuge pour la nuit. Il est 17h et les "lobos del rio" (sorte de loutres géantes), font leur apparition et nous ouvrent la voie, pas mal comme escorte !Une multitude d'oiseaux multicolores, dont de magnifiques aras jaunes et bleus, se montrent avec le crépuscule et, quand la nuit tombe enfin, les bruits sont décuplés et résonnent dans une étrange cacophonie.

Nous n'avons rien fait de la journée et pourtant nous sommes épuisés en arrivant au campement où nous papotons avec d'autres français avant de rejoindre les bras de Morphée, impatients de découvrir ce que nous réserve la journée du lendemain...

Réveil à 5h30 pour ce deuxième matin et, pour une fois, la blonde ne râle pas, un vrai miracle!

Le jour se lève à peine quand nous embarquons, c'est l'heure où les oiseaux chassent. Hérons, martins pêcheurs, aigles et perroquets nous offrent un magnifique ballet coloré.

Déjà, Aquiles est à l'affût! Capable d'imiter la plupart des animaux de la selva, il entre en grande conversation avec des loutres géantes, dans un concert de meuglements assez comique ! (après 3 semaines, nous parviendrons nous aussi à "communiquer" avec ces drôles de bêtes ! )

Si la plupart des animaux disparaissent à notre approche, notamment les crocodiles dont on entend seulement le plongeon précipité, notre guide, rapide comme l'éclair, parvient tout de même à attraper une mini tortue et nous la présente, pour le plus grand plaisir de Renan!

Nous en profitons pour pêcher notre petit déjeuner. Au menu: piranhas ! Impatients de participer, nous réclamons chacun une canne. Verdict : 1 pour Myriam contre 0 pour Renan! Y'en a un qui se contentera d'un œuf ce matin...

Alors que les garçons sont en train de faire un feu, nous sommes rejoints par Gaëtan et Andy, deux français rencontrés la veille, qui sont là pour 6 jours. Le courant passe bien et les guides étant de la même agence, il est décidé que nous passerons les deux prochains jours ensemble.

Débute alors un nouveau concours de pêche, où chaque guide donne le meilleur pour faire gagner son équipe (et accessoirement assurer le repas du midi!). Nous l'emportons par KO grâce à la dextérité d'Aquiles (un vrai pro de la pêche au harpon!) et de Segundo! Grâce à eux, nous aurons ainsi l'occasion de goûter de nouveaux poissons, tous plus succulents les uns que les autres!

Durant l'après midi, nous avons droit à une "lluvia loca", c'est à dire une "pluie folle". En gros, il pleut des cordes alors qu'au dessus de notre tête, le ciel est bleu et dégagé, trop bizarre! Ce sera la première d'une longue série...

Au programme ce soir, une expédition nocturne dans la selva! La perception de ce qui nous entoure change radicalement et c'est avec prudence que nous avançons dans cet environnement nouveau où les bruits semblent décuplés...

L'avantage c'est que les yeux des animaux s'éclairent de rouge au contact de la torche, permettant ainsi de les repérer plus facilement. Nous parviendrons de cette façon à voir un "zorro" (sorte d'opossum), des araignées velues et peu ragoûtantes (aux yeux de la blonde tout du moins!), un serpent et même une grenouille géante dégotée par la blonde! A 22h, personne ne rechigne à aller se coucher. On peut dire que les journées sont bien remplies ici!

Comme nous campons deux nuits au même endroit, nous n'avons pas d'impératifs aujourd'hui. Après un petit déjeuner fait de poisson frais, nous partons en expédition dans la jungle avec Gaëtan et Andy.

De jour, la végétation s'avère beaucoup plus impressionnante et l'on se rend vraiment compte de l'immensité des arbres centenaires! Difficile d'apercevoir des animaux dans ces conditions... À la place, nous avons droit à un cours passionnant sur les plantes et les arbres médicinaux ! L'occasion de tester des baumes, de boire à même les branches et de goûter des larves bien juteuses, nichées dans un fruit...

Hakuna Matata comme dirait l'autre ! Et ben, malgré un aspect peu appétissant, la petite saveur de lait et de noisette de la larve a un petit goût de reviens - y!

L'après - midi est tranquille elle aussi. Après une petite sieste digestive, nous partons en pirogue explorer les environs. Un anaconda de 6m de long somnole dans l'eau et s'échappe à toute vitesse à notre approche, dans un remous qui nous permet d'apprécier sa puissance...

Hum... Entre crocodiles, piranhas, raies venimeuses et anacondas, la baignade dans le rio n'est vraiment pas préconisée... Il faudra sans doute se contenter d'une toilette de chat pendant trois semaines !

Nous profitons de notre sortie pour récupérer de l'écorce de "chanchocaspe", un arbre à partir duquel nos guides comptent concocter un remède pour Renan, toujours dérangé par les diarrhées. A peine l'a-t-il ingurgité qu'il se met à vomir et depuis... plus rien ! Plus de problèmes de digestion depuis 3 semaines ! Si nous avions su, nous serions venus plus tôt en Amazonie !

Après 2 jours d'aventure à 7, nous nous séparons de Gaëtan, Andy et Eduardo. Tandis qu'ils retournent à Lagunas, nous poursuivons notre chemin jusqu'à Nauta.

A peine nous sommes nous mis en route, que nous apercevons une étrange créature qui tente de traverser le rio... Il s'agit en fait d'un paresseux dont les mouvements, tellement lents, donnent l'impression qu'il est en train de se noyer!

D'un geste précis, Aquiles s'en saisit et le remet sur une branche ! Le paresseux étant une proie facile pour les crocodiles, nous préférons ne pas assister à un bain de sang de bon matin... Nous nous amusons allègrement devant l'air complètement ahuri de l'animal.

En longeant la rive, nous nous arrêtons au niveau d'une plage et Aquiles nous montre qu'il s'agit en réalité d'un lieu de ponte pour les tortues.

Il déterre un nid et nous propose de manger les oeufs... Ne sachant pas s'il s'agit d'une blague ou s'il est sérieux, nous préférons nous abstenir et recouvrons bien vite le trou (il s'avère qu'il était sérieux ! ).

Après une pause déjeuner passée à se faire dévorer par les moustiques et à observer les paiches (plus gros poisson d'Amazonie, pouvant peser 150kg), nous repartons pour nous poser quelques kilomètres plus loin dans un refuge de guardiaparques. Le lieu étant abrité et doté d'un hamac, nous décidons d'y passer la nuit et de nous reposer. Une fois la sieste terminée, nous partons pêcher avec Aquiles... Sans succès ! Pas si facile finalement... Malgré la voracité des piranhas, il ne suffit pas de plonger l'appât dans l'eau pour réussir à ferrer!

Par ailleurs, le temps commence à tourner à l'orage et le tonnerre se fait entendre au loin... Se mêle à ses grondements un étrange brouhaha proche du rugissement d'un lion... Plutôt inquiétant même si, en nous approchant, nous découvrons qu'il s'agit en fait de "monos rojos"(singes rouges). Mieux vaut rentrer avant que ça n'éclate! Grâce à notre guide nous aurons tout de même un piranha pour 4, c'est mieux que rien!

Durant le repas, nous avons droit à un petit cours d'histoire régionale à la suite duquel nous apprenons qu'il y a de cela 15 ans, le parc se trouvait sur la route des narco-trafiquants. Aquiles nous explique que l'endroit était alors extrêmement dangereux. Il connaît de nombreuses personnes ayant disparu à cette époque et il est lui-même tombé sur des cadavres en parcourant la jungle! Voilà qui est rassurant ! Allez faire de beaux rêves après ça !

Le lever aux aurores nous permet d'observer singes rouges, singes laineux et toucans effectuer une danse aérienne tandis que dauphins roses et paiches géants tournent autour de la barque !

Nous avons même la chance de voir un crocodile courir à fond les ballons pour se jeter dans le rio (en général nous n'avons droit qu'au "plouf ! " sonore, déjà bien impressionnant !).

Mais après ça, plus rien... Peut-être est-ce à cause de ce ciel qui se fait de plus en plus noir et commence à gronder?

Alertes, nos guides ne perdent pas une seconde. Nous accostons rapidement et dressons un campement de fortune juste au moment où des trombes d'eau se mettent à tomber! Et comme ça ne semble pas vouloir s'arrêter, nous en profitons pour déguster un succulent poisson à la parilla! L'avantage c'est que nous savons maintenant comment faire un feu avec du bois mouillé !

L'occasion pour Aquiles de nous raconter une de ses nombreuses histoires dont il est friand... C'est ainsi qu'en partant des "monos rojos", aussi appelés "mono coto" en raison des relations incestueuses que ces singes entretiennent entre eux, nous en arrivons à parler de l'inceste au Pérou, visiblement très fréquent dans les petites communautés, un bon terrain d'étude pour Freud !

1h30 plus tard nous pouvons enfin nous risquer sur le bateau sans risquer de couler à pic (ah oui, nous avons omis de préciser que nos embarcations prennent l'eau depuis le début, obligeant Aquiles à écoper régulièrement...)! Après avoir croisé de nombreux singes, nous arrivons au refuge qui nous hébergera cette nuit.

Le problème avec le bateau, c'est que nous sommes inactifs et somnolents tout le trajet, du coup nous avons encore la patate quand nous accostons, contrairement à nos guides qui triment depuis le petit matin !

Nous parvenons tout de même à convaincre Aquiles de nous accompagner pister les singes rouges une petite heure. Mais, à la place nous ne trouverons que des moustiques, le seul animal de la selva que tu n'as pas besoin de chercher puisque c'est lui qui te trouve !

Pour se venger, notre guide nous propose de jouer au "Petit Poucet". Ne reste plus qu'à retrouver, seuls, le chemin jusqu'au refuge. Pas si facile de retomber sur nos pas malgré le passage de la machette... Heureusement pour nous, ce n'est pas ce soir que nous dormirons au cœur de la jungle!

Pas de bol, malgré un réveil matinal à 5h30, il pleut des cordes. Personne ne bouge, attendant que la pluie cesse... en vain ! Tant pis pour l'expédition dans la jungle, à la place ce sera lecture ou sieste selon les goûts de chacun et, puisque nous ne pouvons pas aller à eux, ce sont les animaux qui viendront à nous, comme ce charmant petit scorpion qui n'a l'air de rien comme ça mais dont la piqûre laisse un brûlant souvenir à sa victime...

À 11h, nous profitons de l'accalmie pour partir explorer les environs mais pas grand chose à se mettre sous la dent à part deux petits singes et la trouvaille d'un "Catawa", un arbre capable de ralentir les effets du sida... Qui sait? Leurs connaissances des plantes et de leurs vertus sont impressionnantes et, si parfois certaines explications nous paraissent fantaisistes, il est tentant de se dire que la nature est bien faite et qu'il y a peut-être un remède à tout...

En attendant, la pluie a fait monter l'eau du rio et créé de nouveaux ruisseaux dans lesquels nous nous embourbons sans cesse... Ça coûtera une paire de chaussettes propres à la blonde !

Après le déjeuner, nous repartons pour une nouvelle expédition dans la jungle mais cette fois, rien de rien ! La pluie a fait se terrer les animaux... Nous devrons nous contenter d'un tapir... Ou du moins ce qu'il en reste! Espérons que nous aurons plus de chance demain...

Au petit déjeuner, nous goûtons la masamora, une soupe à base de poissons-chats pêchés dans la nuit! Un plat typique, délicieux et savoureux, même si manger du poisson matin, midi et soir commence à être un peu lassant... (pour la blonde du moins ! )

Aujourd'hui ce sera journée barque. Les paysages ne variant pas, Myriam en profite pour bouquiner tandis que Renan somnole à l'arrière.

L'inactivité commence à nous peser, nous demandons donc à nous occuper de tout pour le déjeuner. L'ours gère le feu tandis que la blonde s'occupe de préparer un ceviche de "pesgato" (le fameux poisson-chat!).

Mais nos deux guides ont bien du mal à déléguer et ne peuvent s'empêcher d'intervenir! Renan prend la mouche quand on lui montre comment placer les bûches, tandis que la blonde, résignée, écoute les conseils d'Aquiles... pour découper un oignon !

Allez, on ne va pas se vexer pour si peu! Et puis, avec ses loutres et ses dauphins, le spot choisi pour déjeuner est plus que sympathique !

L'après-midi alterne entre éclaircies et "lluvia loca". Décidément, le temps est complètement fou ici!

Nos deux rameurs commençant à fatiguer (à juste titre!), nous cherchons un gîte pour la nuit. Ils semblent se diriger tout droit vers un nouveau refuge de guardiaparques déjà envahi par une dizaine de personnes... L'endroit ne nous fait vraiment pas rêver, surtout après deux nuits passées en communauté, nous préférerions un lieu plus sauvage et moins bruyant. OK, qu'à cela ne tienne, nous allons être servis!

Aquiles nous dégote un coin de forêt isolé où tout est à construire ! Parfait, si ce n'est les fourmis mangeuses d'hommes qui tombent des arbres en mode kamikazes pour venir nous mordre sans interruption! Nous voulions du sauvage et de l'authentique, nous l'avons ! C'est à se demander s'il ne l'a pas fait exprès pour calmer nos envies d'aventure...

Le lendemain, c'est la journée crocodiles! En 2h de pirogue, nous sommes rendus à la quebrada qui mène à "la boca de los crocodiles"( "la bouche des crocodiles"). A en croire Aquiles, l'impressionnant reptile pullule dans ce petit rio débouchant sur un lac. Plus de 5000 spécimens ont été comptés sur cette simple portion !

Il nous tarde de nous y aventurer! Mais, le moment venu, les crocodiles se font timides. Deux petits yeux dépassent à peine de la surface et, sans l’œil exercé d'Aquiles, nous ne verrions rien!

Il en profite d'ailleurs pour nous faire une nouvelle démonstration de pêche au harpon en attrapant un magnifique poisson-chat ! On sait ce qu'on va manger ce soir!

Mais plus nous avançons, plus l'heure tourne et plus les crocodiles sortent de leur cachette... On fait un peu moins les fiers quand on longe des spécimens de 3m, soit la taille de notre barque!

Quand on sait qu'un crocodile de 7m peut rompre une embarcation d'un coup de queue, on y réfléchit à deux fois avant de s'y frotter... C'est d'ailleurs la vue d'un reptile de 5m qui nous enjoint à retourner au campement au plus vite. La blonde n'en mène pas large chaque fois que la barque est secouée par le passage d'un animal...

Et comme si nous n'en avions pas eu assez, Aquiles nous propose de ressortir de nuit, au moment où les crocodiles sont les plus nombreux, afin d'expérimenter des sensations un peu plus fortes!

La blonde est ravie... Mais, après tout, nous sommes là pour vivre de nouvelles expériences donc autant aller jusqu'au bout, quitte à finir dans l'estomac d'un reptile !

Avec la frontale, des dizaines de points rouges font leur apparition, ce sont autant de crocodiles en train de guetter le poisson... ou le touriste ! Le spectacle est impressionnant. Mais ce qui l'est plus encore, c'est de voir Aquiles s'amuser à donner un coup de rame bien senti entre les yeux de la pauvre bestiole, au risque de l'énerver et d'avoir à gérer une rebuffade... Pas très rassurant tout ça !

Là où l'on hallucine vraiment, c'est lorsqu'il plonge sa main dans l'eau et en ressort un bébé de 4mois, tellement apeuré qu'il reste paralysé ! L'occasion pour nous de toucher pour la première fois la peau douce d'un croco qui n'a pas fini en bottes ou en sac à mains! Au moins, cette journée aura été riche en émotions !

12h de barque nous attendent aujourd'hui, nous obligeant à nous lever aux aurores. Mais, avec le dos en vrac de Renan, ça risque d'être trèèès long !

Enfin, c'était sans compter sur l'arrêt dans un refuge tenus par des guardiaparques qui sont bien copains avec nos guides. Du coup, changement de programme ! On restera là pour ce soir et nous irons randonner dans la jungle. Ce sera moins plan-plan et moins douloureux pour l'ours cabossé que de rester toute la journée le cul vissé dans la barque !

Après une douche en compagnie des dauphins, nous partons en quête des singes rouges qu'il est facile de trouver grâce à leur cri particulièrement reconnaissable.

Le reste de la journée sera placé sous le signe de la détente. Nous en profitons pour sympathiser avec Ivan, le guardiaparque, qui accepte de nous emmener avec lui à 2h du matin pour récolter les œufs de charapas, la plus grosse tortue d'Amazonie.

Mais avant ça, Aquiles et Ivan ont décidé de se prendre une cuite au masato, un alcool local à base de yucca (= manioc) fermenté. Le réveil risque de piquer un peu...

2h du matin, tout le monde se lève. Les têtes enfarinées d'Aquiles et d'Ivan sont à mourir de rire! Plus sages la veille, nous sommes quant à nous en pleine forme pour aller observer les charapas pondre en compagnie d'Armando et d'Ivan.

Le spectacle n'a lieu qu'une fois par an et crée l'événement en raison de l'important programme de préservation des tortues mis en place. Les œufs sont récoltés dans la foulée et enterrés ensuite dans une plage artificielle le temps de l'incubation puis remis à leur place d'origine pour l'éclosion, évitant ainsi de grosses pertes dues aux nombreux prédateurs tels que les serpents, jaguars, loutres, iguanes, etc.

Après 1h30 en bateau à moteur, nous arrivons donc sur la fameuse plage et découvrons le spectacle impressionnant d'une dizaine de tortues à l'oeuvre. Il faudra encore attendre quelques heures qu'elles terminent avant de pouvoir récupérer les œufs, le temps de finir notre nuit sur la plage en somme et de retrouver nos guides, que les 3h de pirogue (sans moteur !) ont bien fait dessaouler!

Le reste de la journée se résume en d'interminables heures passées sur le bateau à bouquiner pour la blonde tandis que l'ours somnole, et à cramer comme deux œufs sur le plat! Heureusement, une violente tempête a décidé de venir nous rafraîchir, et c'est sous la bruine que nous finirons notre sieste!

Nos guides auront pagayé de 2h30 du matin à 16h, avec deux pauses d'une heure, ça ressemble un peu à de l'esclavagisme tout ça...

En tous cas, la journée aura été riche en belles rencontres entre tortues géantes, mono rojos, dauphins, lobos del rio et "achunis" (sorte de petit marsupial), nous sommes ravis!

La suite dans le prochain article...

56

Durant les 11 derniers jours de notre périple, une certaine routine s'est installée.

Nous avons trouvé notre rythme de croisière avec un réveil matinal, histoire d'échapper un peu plus longtemps à la chaleur écrasante, canoë durant 3-4h avant de dresser un campement rapide pour le déjeuner, puis de nouveau canoë sur plusieurs heures, ou marche dans la jungle, avant de monter la tente avant la tombée de la nuit (vers 18h) dans la forêt (quand nous ne sommes pas dans un refuge de guardiaparques).

Les journées ayant tendance à se ressembler, il serait rébarbatif de se lancer dans une narration au jour par jour. Voici donc un bilan après ces 3 semaines d'aventures hors des circuits classiques et en totale immersion au cœur de la nature.

- Le safari :

Avec ses plus de 2 millions d'hectares, la réserve de Pacaya Samiria offre un terrain de jeu suffisamment grand pour que certaines espèces demeurent invisibles... L'observation des animaux, quels qu'ils soient, relève purement du hasard et de la chance (ainsi que de l'habileté du guide évidemment ! ).

Adieu donc jaguars, maras et lamantins ! Mais qu'importe, nous aurons tout de même pu côtoyer un nombre impressionnant de créatures, aux couleurs chatoyantes et rivalisant d'étrangeté, dont nous ne soupçonnions pas l'existence comme par exemple:

- les insectes, fascinants mais pas toujours très sympas... (bizarrement se sont souvent les plus petits qui font le plus de mal!)

- les oiseaux multicolores, dont le chant (parfois à la limite de la cacophonie ! ) nous a accompagné tout du long.

- les papillons, dont les motifs compliqués rivalisent de beauté.

- les lézards, scorpions, iguanes (friands d’œufs de tortue et traînant souvent près des refuges où ils sont conservés...) et grenouilles, dont le chant nocturne annonce une belle journée à venir!

- ainsi que les animaux moins exotiques tels que la chauve-souris, l'écureuil et même le rat!

Une faune riche et variée donc, à laquelle s'ajoutent les sept espèces différentes de singes que nous avons rencontré, ainsi que de nombreux dauphins gris et roses, des crocodiles de toutes les tailles, des tortues, des paresseux et des loutres géantes à foison !

Ce spectacle animalier, dont il est impossible de se lasser, nous a émerveillé tout du long et nous laissera un souvenir impérissable...

- Les paysages :

S'il peut s'avérer un brin répétitif, le cadre offert par la selva n'en reste pas moins magnifique à contempler.

Le fait d'alterner entre déplacements sur l'eau et balades dans la jungle, permet de varier les points de vue ainsi que les découvertes. Ici, tout n'est que nuances de verts et de marron déclinés dans tous leurs dégradés. Un panorama particulièrement reposant en somme, bien éloigné de tout ce que nous avions pu voir jusqu'à présent.

Et, cerise sur le gâteau, de superbes couchers de soleil sur le rio offrant des panels de couleurs incroyables !

La météo en revanche, c'est autre chose! Elle ne cesse de faire des siennes, passant d'une chaleur suffocante à une purée de pois fraîche et alternant averses tropicales avec pluie continue sous la tempête ! En trois semaines on peut dire que nous aurons tout eu, ne manquait que la neige!

- Parenthèse libraire :

En plus d'admirer les paysages, toutes ces heures de pirogue nous ont permis de nous livrer à nos activités préférées, à savoir :

- dormir pour Renan

- lire pour Myriam, au grand dam d'Aquiles, qui ne comprend pas comment on peut passer sa journée, sa nuit (et parfois même son repas!) plongé dans un livre! Visiblement inquiet (et bourré en prime! ), il a d'ailleurs conseillé à Renan de changer de chérie car la sienne a visiblement un problème et risque de finir complètement myope d'ici quelques années... Sympa, ça fait plaisir !

Toujours est - il que, pour ceux qui cherchent leur prochaine lecture, voici une petite sélection, pas toujours très gaie, mais néanmoins prenante et de qualité (avis complètement subjectif bien entendu !):

- Kafka sur le rivage, de Haruki Murakami, pour ceux qui aiment les univers de l'étrange, à la frontière entre fantastique et onirisme.

- Dans le grand cercle du monde, de Joseph Boyden, petit bijou sur la fin d'un monde, celui des indiens d'Amérique victimes de l'évangélisation.

- Le diable tout le temps, de Pollock, un roman à la noirceur enveloppante dans lequel les pires rebus de la société américaine se sont donné rendez-vous.

- La mort est mon métier, de Robert Merle, où comment mettre en place la solution finale grâce à des hommes dépourvus de conscience... Un roman glaçant !

- L'invention de Morel, de Bioy Casares, étrange roman fantastique à la limite entre du Kafka et du Wilde.

- La fête au bouc, de Mario Vargas Llosa, passionnant roman sur la dictature de Trujillo en République Dominicaine.

Voilà pour la parenthèse libraire!Pour ceux qui le désirent, Renan peut aussi faire une parenthèse construction de moteurs d'avion, mais c'est uniquement sur demande !

- Les activités dans la selva:

En parallèle de l'aspect détente et safari, ces trois semaines dans la selva nous aurons permis de nous essayer à de nouvelles activités telles que:

- la pêche (au final il y aura 1 partout pour les gringos, Aquiles détenant incontestablement le record !)

- la réparation de bateaux avec de la glaise (précaire mais efficace quand ton moyen de transport menace de sombrer ! ). Peut-être une technique à essayer sur les avions pour Renan...

- cours de pagaie pour Renan, afin de rendre les journées en barque moins monotones et plus sportives... Nous n'avons qu'une pagaie? Qu'à cela ne tienne, nous allons en construire une nouvelle ! Après tout, ce ne sont pas les arbres qui manquent! Et, une heure plus tard, tadaaa ! Voilà un homme heureux !

- cours d'espagnol gratuits, dispensés par Aquiles qui en avait visiblement marre qu'on lui irrite les oreilles avec nos nombreuses fautes et qui n'a pas hésité à nous corriger et à nous faire répéter 3 fois le même mot!

On peut dire que, grâce à lui, notre espagnol s'est un peu amélioré (enfin, surtout celui de Myriam, Renan ne comprenant qu'un mot sur 8, il a préféré se faire passer pour un taiseux ! (ce qu'il est au demeurant!)

- cours de botanique et de médecine durant lesquels nous sommes partis à la découverte de la flore locale, avec une explication détaillée sur les nombreuses vertus des plantes et des arbres des environs.

Ainsi, si le remède pour soigner Renan s'est avéré efficace contre les problèmes de digestion, il en existe une quantité d'autres permettant de soulager les rhumatismes et les douleurs musculaires (avec le Sanango), mais aussi les fractures et les difficultés respiratoires (avec le Renakija), le sida, ou encore les reins et le diabète (avec le Wasahi) pour n'en citer que quelques uns...

- Le folklore dans la selva:

Les péruviens ont beau être très très catholiques, leurs croyances sont néanmoins toujours marquées par les légendes et le folklore. A les écouter, mieux vaut ne pas contrarier un esprit (dont le chant ressemble étrangement à celui d'un oiseau...) au risque de subir des conséquences néfastes...

De la même façon, ils redoutent le "yacuruna", homme blanc métamorphosé en dauphin rose pour attirer les jeunes filles au fond de l'eau...

Quant au "chullachaki", le doyen de la selva, il faut se méfier de ses tours et malices, il est capable de prendre l'apparence de ton guide et de te perdre dans la forêt (un bon moyen de se déresponsabiliser en cas d'accident ? ?).

Mais le plus surprenant est peut être le "Chicharron machaco", papillon extrêmement vénéneux et mortel, dont le seul antidote connu est d'avoir une relation sexuelle avec le sexe opposé... Visiblement assez commode pour les hommes qui veulent tirer un coup sans discutailler pendant des heures!

Bref, les histoires racontées par Aquiles, qu'elles soient réelles ou fictives, sont nombreuses et ont su captiver la blonde autant que ses romans !

- Nos guides :

Quant à nos deux guides, nous ne pouvions pas rêver mieux pour partir ainsi à l'aventure ! Entre le discret et taiseux Segundo et l'exubérant Aquiles, au rire facile et à la langue bien pendue, le duo se complétait à merveille !

Pour le coup, nous qui nous targuions d'être des aventuriers, ils nous ont bien montré que nous pouvions aller nous rhabiller ! Eux, ce sont des vrais de vrais, qui ont grandi dans la selva et qui en connaissent tous les secrets. Des mecs qui n'ont pas peur de marcher pieds et torses nus dans la jungle tandis que toi tu t'es couvert de la tête aux orteils, hésitant presque à sortir tes moufles (malgré les 40°C!) pour échapper aux moustiques !

Des durs qui ont déjà passé des nuits dans la jungle, sans lumière, sans vivres, sans rien et qui sont même pas morts! Des gars qui n'ont besoin de rien d'autre qu'une machette et un harpon pour t'ouvrir un chemin, te construire un feu, un abri et te ramener à bouffer... Bref, y'a pas à tortiller, on ne joue vraiment pas dans la même catégorie !

Mais bizarrement, ces mêmes hommes qui suintent la virilité, se sont aussi conduits comme deux mères poules, toujours aux petits soins avec nous, soignant avec précaution nos bobos ( la blonde s'est plusieurs fois transformée en "ceviche humain", recouverte intégralement de citron afin que ses plaies, dues aux moustiques, ne s'infectent pas!), allant jusqu'à masser Renan pour soulager son dos endolori, s’inquiétant du plus petit rictus qu'ils voyaient passer sur notre visage et allant jusqu'à se transformer en vraies belles mères maniaques dès que nous voulions nous rendre utiles et donner un coup de main!

Incapables de déléguer, chaque initiative de notre part s'est vue reprise et moquée allègrement jusqu'à finalement couper tout désir d'intervenir... On a très vite compris que les boss, c'étaient eux et qu'il valait mieux nous cantonner au rôle d'observateurs...

Mais tout de même, insinuer qu'on ne sait pas couper un oignon, plier des draps ni couper du bois pour le feu, c'est un peu vexant! La blonde a fini par mettre le holà en refusant qu'on lui lave ses petites culottes, y'a des limites à la fin !

Alors certes, ne pas prendre de décision autre que celle qui consiste à dire ce que tu veux manger, ne rien faire, te laisser balader, c'est reposant et ça fait du bien après 8 mois à vivre au jour le jour et à crapahuter, mais c'est aussi hyper frustrant et ça manque cruellement de dynamisme !

Malgré quelques petites randonnées dans la jungle, nous avons passé la plupart du temps dans la barque et l'absence de sport a fini par se faire sentir, nous mettant un peu à cran (en plus de nous empâter, ce qui est une bonne chose pour Renan mais qui n'était pas nécessaire pour la blonde...). Enfin, difficile de leur en vouloir tant le désir de nous faire plaisir était flagrant!

- La cuisine de la selva:

En plus d'être de supers guides, de supers mamans, des professeurs patients et des surhommes capables de ramer pendant 10h, ce sont aussi de vrais cordons bleus, capables de cuisiner le poisson sous toutes ses formes: en ceviche, à la plancha, à la parilla, en soupe, mijoté, cuit dans une feuille de palmier... Un pur régal même si, après 3 semaines, la blonde sature un peu et rêve de poulet et de steak saignants!

Et, lorsque nous avons commencé à pénétrer dans les zones où le poisson était rare, ils se sont débrouillés pour nous dégoter des mets plus exotiques, comme une tortue terrestre, à la chair ferme et goûteuse, assez proche du bœuf... Ou encore des crocodiles, qu'ils ont délicieusement grillé à la parilla. Y'a pas à dire, nous sommes vraiment dans un autre monde!

Et, quand il n'y avait ni poisson, ni croco, restait encore les classiques, mais efficaces, spaghettis aux œufs et à la sauce tomate ! Bref, on ne risquait pas de mourir de faim!

- Les péruviens et l'alcool :

Nous avions déjà eu l'occasion de le constater mais là, nous en avons eu la confirmation : les péruviens ne tiennent vraiment pas l'alcool !

Quelques verres d'aguardiente, sorte d'eau de vie locale (sans doute frelatée étant donnés ses effets...), pas très forte, et qu'ils mélangent à du coca, suffisent à les faire passer du Docteur Jekyll à Mister Hyde ! La transformation (physique autant que mentale ) est effrayante mais nous a permis de vivre quelques scènes au final assez drôles !

De superman, Aquiles s'est transformé en une sorte de déchet humain, déblatérant sur les femmes, leur duplicité et leur dangerosité. A l'en croire, il est risqué au Pérou d'avoir une maîtresse (il en cumule une dans chaque port, soit dit en passant... ), car si l'autre le découvre, elle n'hésite pas à te poignarder ! Et le voilà, exhibant fièrement sa cicatrice de survivor !

C'est au tour des homosexuels d'y passer ensuite! Il s'apitoye sur le fait qu'ils sont de plus en plus nombreux au Pérou. La raison? Les femmes coûtent trop cher à entretenir du coup les hommes préfèrent devenir gays pour en profiter aussi!

En ben, on en aura appris des choses sur la culture péruvienne ! Allez, pour la peine on va y aller mollo pour notre dernière soirée ensemble et on se contentera de bières...

- Bilan:

Pour résumer, ces 22 jours de traversée en pirogue de Lagunas à Nauta nous aurons permis de vivre une véritable immersion au cœur de la selva, loin des touristes (pas un seul rencontré sur 18 jours! ) et de la civilisation (pas d'internet, ni d'électricité!).

Étant donné le faible niveau du rio à cette période de l'année, nous avons pu échapper aux croisières touristiques, obligées, quant à elles, de se limiter à l'entrée de la réserve, ouf!

Une expérience unique et inoubliable qui implique de se déconnecter complètement du superflu en ce concentrant sur l'essentiel : pêcher son repas pour s'alimenter, construire son campement pour la nuit, prendre le temps d'observer et d'écouter ce qui nous entoure...

Malgré quelques longueurs, cette traversée restera un moment fort de notre voyage, nous permettant de rompre avec tout ce que nous connaissions et dont nous avions l'habitude. Nous sommes redevenus des aventuriers novices et ressortons grandis et enrichis de ce superbe moment et des belles rencontres que nous avons fait!

Seule ombre au tableau : les moustiques et les taons qui ne nous ont pas laissé un instant de répit ! Bilan après 3 semaines :

- 362 boutons pour Myriam (difficile à évaluer sur la photo mais, j'vous jure, le compte y est! )

- moins d'une centaine pour Renan

La blonde (en plus d'avoir pris du poids!) ressemble à une plaie géante ! Ses doigts, déjà boudinés de base, ont doublé de volume! Mais bon, c'est sans doute le prix à payer pour vivre une expérience extraordinaire...

57

De Nauta, il est possible de rejoindre en moins de deux heures Iquitos, la capitale amazonienne du Pérou et le passage obligé, pour nous, si l'on veut sortir du pays en passant par Santa Rosa.

Vanté dans tous les guides comme étant le point de départ des excursions dans la Selva, Iquitos, bien que sans charme, regorge d'infrastructures touristiques et ne se prive pas pour faire flamber les prix !

Après 2 mois dans le nord du pays, à croiser un touriste tous les 36 du mois, le contraste est violent ! Nous décidons donc de fuir au plus vite et prenons un bateau prévu à 4h du matin, direction la frontière ! ( bon, en vrai on poireautera de 2h30 à 5h, mais c'est la norme au Pérou !

58

Après 12h de bateau rapide, nous voilà arrivés au cœur de "las tres fronteras". C'est ici que le Pérou, la Colombie et le Brésil se rejoignent pour se partager un bout d'Amazonie.

Direction le poste de douane de Santa Rosa où nous écopons d'une amende pour être restés deux mois et onze jours dans le pays... Normalement, en tant que français, nous avons droit à 3 mois mais certains douaniers réduisent sournoisement ce droit en notant sous le tampon un nombre de jours inférieur... La blonde est furax devant cette injustice mais impossible de négocier, ne reste plus qu'à lâcher nos derniers soles avant de prendre une barque qui nous conduit, en 10min, à Leticia, en Colombie !

Ce sera un passage express pour nous, le temps de déguster la spécialité locale: la "bandera paisa", et de profiter du savoir-vivre colombien...

... avant de passer à Tabatinga, ville jumelle de Leticia (mais située au Brésil !) et d'entamer, à nouveau, des jours et des jours de bateau...

Adieu donc Equateur et Colombie! C'est triste à dire mais le temps nous manque... Et puis, deux mois et demi ne seront pas de trop pour visiter un pays qui mesure 16 fois la France!

Seul problème: nous ne parlons pas un mot de portugais ! Espérons que ce ne sera pas un frein pour la suite...

59

Près de 3000km nous séparent de Belem, capitale de l'état du Pará située au bord de l'Atlantique. La voie fluviale étant le seul moyen pour s'y rendre ( enfin, y'a bien un petit aéroport mais, vu les prix, ce n'est clairement pas pour nous!), autant dire qu'il ne vaut mieux pas être pressé ! Et comme il est impossible de faire le trajet d'une traite, nous devrons donc le découper en trois étapes.

Pour cette première partie, nous embarquons à bord de l'Esmeralda afin de nous rendre, en 4 jours, à Manaus, ancienne cité coloniale aujourd'hui capitale de l'Amazonas, le plus grand état brésilien.Pour l'occasion, nous avons investi dans nos premiers hamacs! Et oui, si les repas sont compris avec la traversée, mieux vaut venir avec ton propre "lit" si tu ne veux pas te retrouver à dormir à même le pont !

A peine avons nous embarqué que l'on se fait déjà remarquer! Un chien policier s'acharne sur nos sacs, nous obligeant à tout déballer sous le regard curieux des brésiliens... Au final, on nous confisquera nos feuilles de coca, illégales au Brésil, oups, nous les avions oubliées !

Mis à part ce petit incident, la traversée sera paisible et un brin monotone avec des repas désespérément tôt chaque jour: 6h30 - 7h le "café da manhã", 10h30-11h "l'almoço" et 16h30-17h le "jantar".

Heureusement de nouvelles rencontres (pas très brésiliennes cela dit, en dehors de Nayara...) viennent égayer le quotidien. Pis avec les 800 pages du guide à lire, les siestes, bercés par le mouvement du hamac, et les superbes couchers de soleil sur le fleuve, finalement ces 4 jours passeront plutôt vite!

Seul bémol : le froid! Nous aurions dû nous douter en voyant les brésiliens armés de leurs couvertures en polaire que ce n'était pas pour les 35°C de la journée... Les nuits sur le bateau sont fraîches et nous l'avons appris à nos dépends... Si la blonde a fini par cumuler duvet + hamac, Renan a opté pour l'option "bonhomme Michelin", revêtant toutes les couches que contenait son sac!

Ça y est, après 4 jours de bateau, le port de Manaus est en vue! Il nous tarde de renouer avec la terre ferme! Mais, avant même d'accoster, des brésiliens passent parmi les passagers pour savoir si des gens veulent se rendre à Santarem (notre prochaine étape). Le bateau part dans la demi-heure pour un prix plus qu'attractif de 35€ pour deux, mais il faut faire vite!

Ni une ni deux, sans réfléchir, nous prenons nos affaires, faisons des adieux précipités à nos compagnons de croisière et sautons dans le hors-board censé nous déposer à notre prochaine correspondance (bon, en fait, il s'agissait d'un "taxi boat", mais ça, on le découvrira un peu plus tard...).

Mais, au lieu de nous y conduire directement, l'embarcation fait des tours et des détours inutiles, faisant naître un doute quant au départ imminent du cargo... Là, on se dit qu'on s'est, peut-être, un peu trop précipité... Au bout de 20min, le bateau revient à son point de départ, à côté de l'Esmeralda, et nous annonce que, si l'on veut descendre, il faut payer les 35 € pour le "taxi-boat" pirate!

Un gros malabar au regard de tueur nous bloque l'accès au quai. Face à cette arnaque grossière, le ton monte et les insultes fusent dans les deux langues. Portugais et espagnol se heurtent dans un véritable dialogue de sourds. Nous sommes comme pris au piège et la peur commence à nous gagner.

Dans une tentative désespérée de s'échapper, la blonde prend son sac, se faufile derrière Renan et fait mine de vouloir sauter les 1,5 m qui la séparent du quai.

Visiblement, cette soudaine détermination fait son petit effet et, préférant éviter un accident, les 4 hommes rapprochent enfin l'embarcation, nous libérant dans un concert d'injures (à tous les coups, nos racketteurs ont compris que la blonde, en voulant sauter, était capable de trébucher lamentablement, de rater le quai, s'assommant du même coup sur le mur de béton et mourant bêtement noyée!)!

Le cœur battant à tout rompre, nous ne demandons pas notre reste et filons nous réfugier dans le bateau qui nous conduira à Santarem. Nous découvrons qu'il ne part que le lendemain... Il fallait s'en douter ! En tout cas, cette mauvaise expérience nous servira de leçon ! Si, jusque là, l'Amérique latine nous avait parue bien "safe", le pays des favelas nous invite à nous montrer plus prudents...

Pour nous remettre de nos émotions, nous profitons de cette nuit forcée à Manaus pour faire un tour de la ville, assister à un ballet (gratuit ! ) à l'opéra et nous gaver de pizzas (formule à volonté, pas très bon pour la ligne mais bon pour le moral!).

60

Cette fois, pour avoir passé la nuit sur le bateau, nous sommes les premiers à bord du Bartolomeu IV ! Et, quand on voit le nombre de personnes qui affluent à chaque instant, ben on est bien contents d'avoir eu le luxe de choisir notre place!

Le bateau a beau être deux fois plus petit que sur le trajet précédent, ça ne l'empêche pas d'être deux fois plus rempli! De loin, avec tous ces hamacs suspendus, le pont doit offrir un superbe festival d'étoffes colorées ! Plus un cm2 n'est disponible ! Au moins, on peut dire que les brésiliens savent optimiser l'espace !

Quelques minutes après avoir quitté Manaus, nous observons un phénomène assez surréaliste. Le Rio Solimões et le Rio Negro se sont rejoints pour former l'Amazone mais, au lieu de se mélanger, les deux rivières courent l'une à côté de l'autre, offrant, sur quelques kilomètres, un nouveau fleuve dichromatique ! Ça y est, maintenant on peut le dire: nous sommes en train de descendre le plus long fleuve de la Terre!

Profitant d'être les seuls étrangers du bateau, nous tendons l'oreille pour écouter les brésiliens parler et réalisons le fossé qui nous sépare... Autant, à l'écrit, l'espagnol et le portugais n'ont pas l'air si éloignés autant, à l'oral, ça n'a plus rien à voir!

Avec leurs "che" à tout va et la rudesse du ton, c'est à peine si nous arrivons à saisir un mot! Loin d'être aussi chantant et fluide que l'espagnol, leur accent a plutôt des sonorités allemandes ce qui complique grandement la communication... Bref, cette fois, si on veut s'en sortir, il va falloir bosser un peu!

Arrivés à Santarem, nous apprenons que le prochain bateau pour Belem est soit le lendemain, soit 4 jours plus tard... Clairement, l'idée d'enchaîner avec deux jours de bateau supplémentaires ne nous enchante pas. La dernière traversée a été pénible en raison du bruit permanent, de la promiscuité et de la saleté. Une pause serait donc plus que bienvenue!

Armés de tout notre barda, nous parcourons la périphérie de la ville en quête d'un hôtel accessible et finissons par en trouver un! Mais, quand on s'enquiert d'une chambre, le personnel se montre embarrassé et confus. Nous ne comprenons rien à leurs explications entremêlées de rires gênés (plutôt moqueurs en fait!). Mais, à force de les faire répéter, on saisit qu'on se trouve en fait dans un "love hôtel" et qu'ici les chambres se louent à l'heure ! C'était donc pour ça ces grands panneaux "interdit aux moins de 18 ans"?? !

Face à l'air ahuri de la blonde au moment où elle comprend enfin de quoi il s'agit, les rires se font plus francs et c'est amusés par notre propre naïveté que nous repartons en quête d'un hébergement plus adapté à nos besoins...

Le lendemain, plutôt que de moisir dans une ville sans charme, nous décidons de prendre un bus direction Alter do Chão, vantée dans Le Petit Futé comme étant la "Caraïbe des eaux douces", rien que ça ! Et bien, contre toute attente, le guide a tenu ses promesses. C'est un vrai coin de paradis, niché au cœur de l'Amazonie, que nous découvrons ! Nous ne pensions pas qu'il était possible de rencontrer de tels endroits en pleine jungle...

Ici, pas d'eau aux couleurs marronnasses, mais des eaux bleues à 30°C et un sable blanc qui invitent à la baignade et à la farniente et que l'on partage avec les iguanes et les vautours (et quelques touristes tout de même ! )! C'est l'endroit idéal pour terminer "Rouge Brésil" entre deux baignades, un verre de caïpirinha à la main... Bref, ces 3 jours de détente dans un cadre idyllique nous auront remis d'aplomb pour notre dernière étape en bateau !

61

Ça y est, notre aventure en Amazonie touche à sa fin. Il nous aura fallu une semaine complète de bateau pour parcourir les 3000kms qui nous séparaient de l'Atlantique.

Une semaine à dormir sur le pont, en hamac, à se laver avec l'eau du rio, à faire une cure de fruits et légumes achetés au marché, à faire de nouvelles rencontres, à lire, à dormir à toute heure du jour et de la nuit, à se laisser gagner par la torpeur collective qui règne sur les bateaux et à observer des villages, tellement isolés que les enfants viennent récolter les restes des passagers envoyés dans des sacs plastiques par dessus bord...

Durant ces deux derniers jours de traversée, nous voyagerons avec Marc, sympathique p'tit Suisse rencontré à Alter do Chao, qui commence tout juste son périple en Amérique pour une durée de... 3 ans!

A notre réveil, le deuxième jour, nous apercevons enfin Belem! Belem ? Vraiment ? ? ? Parce que là, de loin, on a plutôt l'impression d'avoir traversé l'Atlantique et d'arriver tout droit sur New York ! On ne s'attendait pas tout à fait à rencontrer ce genre de "city" aux portes de l'Amazonie...

Enfin, l'illusion disparaît vite... Déjà, nous ne sommes pas dupes, il manque la statue de la liberté! Pis, niveau architecture, on sent que la ville se cherche encore... Les bâtiments coloniaux côtoient d'anciennes propriétés colorées aux murs de faïence, à la mode portugaise, mais souvent laissées à l'abandon.

Et en guise de buildings, se sont plutôt de vieilles tours HLM délabrées qui tentent de toucher le ciel... Pas très sexy tout ça ! Sans parler de la crasse! Ce sont des pros en Amérique latine pour t'aménager une promenade sympa le long des docks et te "cacher" la déchetterie à la fin!😅

Heureusement, les quelques parcs et jardins botaniques qui parsèment la ville permettent de renouer avec l'esprit de la selva! On y trouve les différentes espèces endémiques qui y poussent ainsi qu'une partie de la faune, difficilement visible de près dans la jungle. L'occasion pour nous d'entrer en contact, pour la première fois, avec les pattes velues d'une mygale...(on est sympas, on vous épargne la tête de Myriam a cette occasion ! )

Et puis, pas question de quitter la région sans un petit tour au marché où, entre deux stands de potions en tout genre, on peut déguster certaines spécialités locales telles que le tacacá, soupe de manioc énergisante à base de crevettes, le vatapá, crevettes au lait de coco servies avec du riz, ou encore le maniçoba, plat à base de maniva (feuilles de manioc cuisinées pendant une semaine) et servi avec du porc et des haricots. Miam!

A présent, direction le sud! Si Marc poursuit sa route en stop, pour nous qui sommes redevenus des bourgeois, ce sera bus!

62

Après 12h de bus, nous avons enfin quitté l'état de l'Amazonas pour celui du Maranhão et sa capitale : São Luis.

Avec ses maisons carrelées de faïence (en cours de restauration pour la plupart) et ses couleurs pimpantes, c'est bien la première ville brésilienne à laquelle nous trouvons du charme!

Mais bon, soyons honnêtes, ce qui nous a retenu deux jours à São Luis, ce ne sont pas vraiment ces jolis témoignages d'architecture portugaise, mais plutôt le Senac, ce restaurant d'école hôtelière, au service 4 étoiles avec serveurs en livrée et pianiste en fond sonore, où, pour 10€ par personne, on te propose un succulent buffet à volonté préparé par de futurs chefs! L'occasion pour la blonde de goûter la boisson locale: la Guaraná Jesus, sorte de Red Bull bien chimique mais dont les Ludovicences sont visiblement très fiers !

Disons qu'avec la randonnée difficile qui nous attend, nous avons opté, cette fois, pour le réconfort avant l'effort !

63

Nous y voilà ! Après un mois et demi sans randonner, nous sommes fin prêts à reprendre du service !

Cette fois, notre terrain de jeu sera le Parque Nacional dos Lençóis Maranhenses, décrit dans les guides comme "la perle du Brésil" et qui est au pays ce que le Machu Picchu est au Pérou, le Torres del Paine au Chili, le salar d'Uyuni à la Bolivie et le Perito Moreno à l'Argentine, rien que ça !

Avec de telles références, il nous tardait donc d'aller observer par nous - mêmes cette merveille naturelle constituée d'un désert de dunes parsemé de lagunes à l'eau translucide.

Seul problème, malgré son attractivité, nous trouvons très peu d'informations sur ce parc et, quand il y en a, elles sont contradictoires ! Certains prétendent qu'il est strictement interdit de camper et de randonner dans le parc sans guide ( à 500-600€ par personne les 5 jours, l'excursion organisée ne s'adresse pas vraiment à notre bourse...) et d'autres que l'on peut camper à condition de demander une autorisation à São Luis (oups! c'est trop tard pour nous!)...

Là où tout le monde est d'accord, c'est pour dire que c'est dangereux! En même temps, traverser un (petit) désert, on s'en doute, demande un minimum de précautions... Seul un témoignage, vieux de 2009, parle d'un trek en autonomie et sans guide, c'est donc possible !

Comme d'habitude, nous décidons de nous rendre sur place afin de récolter des informations plus fiables. Barreirinhas étant la porte d'entrée du désert la plus accessible, c'est de là que nous partirons!

Bonne nouvelle: a priori rien ne semble interdire ni le trek en solo, ni le camping ! Sans nous le déconseiller franchement, les locaux nous mettent toutefois en garde sur les dangers de partir sans guide. A les écouter, trois jeunes se seraient perdus 5 jours (avec tout juste 3 jours de vivres sur eux!) et une jeune randonneuse serait morte de déshydratation... Pas très rassurant tout ça, mais difficile de faire la part entre réalité et légende urbaine...

Et, information essentielle, il y a, semble-t-il, encore de l'eau dans les lagunes ! La saison des pluies courant de février à juin, nous sommes actuellement en saison sèche et le principal risque pour nous serait de tomber sur des lagunes asséchées et de ne pas pouvoir nous réapprovisionner en eau! Cette bonne nouvelle nous décide donc à tenter l'aventure...

Nous allégeons notre sac au maximum, laissant au camping duvets, doudounes et même chaussures de randonnée (apparemment inutiles pour marcher dans du sable...), faisons quelques courses et quittons Barreirinhas pour entrer dans la réserve qui se trouve de l'autre côté du rio.

Jour 1: De Barreirinhas au bivouac à la Lagoa Azul

Dist : 15km / Temps : 5h

Il est 11h lorsque nous nous mettons en marche et, déjà, la chaleur est accablante. La blonde maudit le triple couillon qui lui a assuré que l'on pouvait sans problèmes marcher en chaussettes ou en tongs dans le sable... Ce dernier est tellement brûlant qu'il lui a cramé la voûte plantaire en l'espace de 30min! Et les sandales, doublées de deux paires de chaussettes, suffisent à peine à apaiser la chaleur!

Pas facile, qui plus est, de se mouvoir dans le sable avec un sac de 15kg! Et oui, parce que si nous l'avons allégé avant de partir, c'était pour mieux pouvoir l'alourdir, futé n'est ce pas?

Terminées les nouilles instantanées et les soupes lyophilisées! Nous tentons l'alimentation saine en rando et trimbalons pâtes, boîtes de sardines, carottes, tomates, concombre, pommes et oranges en plus des 2,5L d'eau pour "le cas où"... Pas étonnant avec tout ça qu'on ait gagné quelques kilos!Et attention, c'est pas des légumes nains ici, la mode étant plutôt au transgénique, une carotte géante peut te caler jusqu'au soir!

Après 7kms, nous apercevons enfin les dunes dont le sable, plus blanc, est aussi moins chaud et permet de se déchausser sans risques. Une petite montée plus tard et hop!, nous voilà arrivés au sommet, soit 20m environ, ça ne rigole pas ! Mais cela suffit pour bénéficier d'une jolie vue sur les dunes environnantes et sur les lagunes aux eaux translucides. Le spectacle de la Lagoa Azul est de toute beauté !

Évidemment, nous ne sommes pas seuls à profiter du panorama... Trois 4x4 ont fait le trajet, déversant une trentaine de touristes sur les lieux. Enfin, ce désagrément n'en est pas vraiment un puisque les tours se cantonnent aux deux premières lagunes. Il suffit donc de s'éloigner de deux dunes pour se retrouver seuls au monde !

Les lagunes se succèdent sans fin, rivalisant de beauté. L'eau est à la température idéale et cette fraîcheur est la bienvenue avec ce soleil de plomb!

Et, puisque nous avons le temps, nous décidons de tester tous les bassins! Pragmatiques, nous passons donc à la randonnée pieds nus et en maillot de bain histoire de ne pas perdre de temps entre chaque baignade! Ça, c'est la classe!

Mais le soleil décroît et il nous faut trouver un spot pour la nuit. Le problème, c'est ce vent incessant qui souffle par puissantes rafales et s'engouffre entre les dunes. Impossible de trouver un abri potable dans ces conditions ! Nous optons donc pour "le moins pire", croisant les doigts pour que notre maison ne se déchire pas pendant la nuit...

Jour 2: de la Lagoa Azul à Atins

Dist : 18km / Temps : 7h

La chaleur de la veille nous a servi de leçon! Réveil à 4h45 cette fois afin de profiter de la fraîcheur matinale pour marcher ! L'occasion d'assister au lever du soleil... derrière les nuages! L'avancée dans les dunes est lente et pénible. Ça monte et ça descend sans cesse, le vent nous fouette le visage et le sol se dérobe sous nos pieds à chaque pas...

Nous décidons donc, pour aller plus vite, de sortir du désert et de le longer sur sa périphérie autant qu'il est possible.

Cette sortie nous permet de tomber sur des arbres fruitiers inconnus mais dont les fruits, pour les avoir vus sur les marchés, doivent être comestibles. Et, de fait, cette saveur particulière, qui oscille entre l'acide et le sucré, est délicieuse ! Pis surtout, le fruit contient énormément de jus, idéal donc pour l'hydratation quand il fait 35°C!

Renan en pleine "dégustation" d'un caju

Nous finissons par rejoindre la "route" (comprenez: du sable avec quelques traces de pneus un peu plus marquées que les autres...) qui mène à Atins, point de départ de la randonnée qui nous intéresse et qui traverse tout le désert (et oui, ces 2 jours de traversée n'étaient rien d'autre qu'une mise en bouche mazeauchiste...).

Le village, avec ses allées de sable et ses airs de farniente, est visiblement le rendez-vous des kite-surfeurs et, quand on voit la puissance du vent et la force des vagues, on comprend pourquoi! N'empêche, c'est la première fois que nous avons l'occasion de nous baigner dans l'Atlantique depuis le début du voyage et, même s'il est impossible de s'éloigner du rivage de plus de 2m sous peine d'être emporté, nous n'allons pas la laisser passer!

Après quelques bières bien méritées, on se dit qu'on est bien là quand même... Est-ce que ça vaut vraiment la peine de poursuivre la randonnée, de suer sang et eau pour des paysages qui seront probablement très similaires à ceux que l'on vient de voir? Surtout que nous ne sommes même pas sûrs de trouver d'eau sur cette portion! Rien n'est indiqué sur notre carte hormis des oasis situées à plus de 30kms d'Atins...

Bof... Nous sommes moyennement motivés pour souffrir plus longtemps finalement et décidons de retourner sur Barreirinhas le lendemain en 4x4. Après tout, c'est la fin du voyage et on a plutôt envie de se ménager. C'est qu'on se fait vieux et usés !

Mais, durant toute la soirée, l'idée du défi manqué va nous titiller. Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de traverser un désert en solo tout de même!

Et puis, au pire, on se dit que si on ne trouve pas d'eau le premier jour et bien nous n'aurons qu'à rebrousser chemin !

Jour 3: de Atins au bivouac dans le désert

Dist : 28 km / Temps : 9h

Et voilà comment à 5h30 le lendemain matin, on se retrouve de nouveau sur la route avec nos boîtes de sardines, nos carottes et nos pommes, prêts à en découdre avec le désert !

Le lever du soleil entre dunes et verdure est toujours aussi enchanteur.

A quelques kilomètres de la ville se trouve une pousada où vit Jenifer, chaleureuse vénézuélienne qui nous invite à faire le plein d'eau chez elle. L'occasion pour nous de renouer avec l'espagnol et de profiter qu'elle soit guide dans le coin pour obtenir quelques informations supplémentaires.

Elle nous confirme que les traces GPS que Renan a téléchargées sont bonnes et passent par différentes lagunes. En attendant, il nous faut longer la mer sur 15kms avant de nous enfoncer dans les dunes ! Et c'est sur un dernier "Bonne chance, vous êtes complètement fous!" que nous repartons, rassurés.

L'avantage de cet itinéraire, c'est que l'avancée est beaucoup plus aisée. Le sable est compact et ne se dérobe pas sans cesse! Et puis, la balade dans des paysages marins, loin d'être monotone, a toujours eu quelque chose de revigorant. Des cabanes, à moitié ensevelies sous le sable pour certaines, parsèment le chemin, offrant un peu d'ombre salutaire. Nous en profitons pour faire une pause déjeuner frugale avant de bifurquer vers les dunes.

Et là, le spectacle des lagunes asséchées n'est pas très encourageant...

Il n'en faut pas plus à l'imagination débridée de la blonde pour s'imaginer rampant dans le sable, à la recherche d'une goutte salvatrice et finissant dépecée par les charognards, ses os s'imprimant dans le décor comme un élément naturel du désert... (un peu trop de western peut-être? ?)

Enfin, l'inquiétude est de courte durée puisque, très vite, nous tombons sur un premier bassin! Par précaution, nous remplissons nos camelbag à ras bord et en profitons pour prendre un petit bain (ok, c'est vrai, avec ses 30cm de fond, on a plutôt l'air de patauger que de se baigner!). Les lagunes s'enchaînent ensuite, l'eau ne sera finalement pas un problème sur ce trek!

Après 28kms de marche, la fatigue se fait sentir. La blonde, à peine posée sur le sable, s'endort dans l'instant, en mode baleineau échoué ! Bah, le spot est pas mal après tout! Nous renonçons donc à atteindre l'oasis de Baixa Grande, située à 5kms de là et plantons la tente à proximité de la dune, espérant ainsi nous abriter du vent...

Mais que nenni ! Rien ne nous avait préparé aux rafales qui vont suivre, menaçant à tout moment de faire céder les arceaux ou de déchirer la toile de notre maison... C'est pire qu'en Patagonie ! Impossible de fermer l’œil de la nuit dans ces conditions ! Le sable s'engouffre même par la moustiquaire, en dépit du double toit! A 5h à peine, nous décidons donc de ne plus tenter le diable et replions en vitesse tout notre barda.

Jour 4: du bivouac à l'oasis Queimada dos Britos

Dist: 15km / Temps : 6h

Après 1h30 de marche, nous arrivons sur Baixa Grande. Perdu au milieu du désert, un gîte accueille les voyageurs de passage. Nous en profitons pour remplir nos camelbag avec de l'eau pure (toujours mieux que l'eau croupie de certaines lagunes!) et profitons de cet instant de fraîcheur au milieu des biquettes, oies, vaches et cochons avant de repartir.

A nouveau, les lagunes, asséchées ou non, se succèdent. Le désert offre un paysage de courbes à la pureté incroyable. A l'horizon, rien d'autre que du sable blanc à perte de vue. Le sentiment de solitude et d'immensité qui s'en dégage est apaisant et nous savourons ces instants précieux. Pas d'ombre en revanche sur le chemin alors que l'estomac gronde. Tant pis, nous déjeunerons donc en plein soleil, perchés sur un arbre mort qui continue à se dresser fièrement sur le sable.

Il est encore tôt quand nous repartons, la chaleur est à son comble, l'heure est donc davantage à la baignade qu'à la marche. D'autant que certaines lagunes, avec leurs dégradés de bleus et de verts, ne sont pas sans rappeler les lagons paradisiaques de Polynésie...

Sauf qu'ici, il y a des pièges ! En s'approchant du bord pour tâter la température de l'eau, le sable se dérobe sous les pieds de la blonde et la voilà immergée jusqu'aux hanches!

Cet incident serait anodin si le téléphone ne se trouvait pas dans la poche du pantalon à ce moment là... Et oui, s'il y en avait bien une capable de noyer son portable dans un désert, c'était elle : Bridget Jones comes back! Et voilà comment on se retrouve avec un portable en moins et, par la même occasion un GPS hors service! Espérons que celui de Renan ne nous lâche pas d'ici la fin, sinon nous risquons de nous ajouter à la liste des "portés disparus " du désert...

Allez, on ne va pas pleurer pour si peu! Un petit plongeon et hop, c'est reparti! Enfin... c'était sans compter sur les sables mouvants dissimulés sur le chemin... Et voilà la blonde (toujours les mêmes qui se font remarquer ! ) de nouveau enlisée! Heureusement qu'il n'y avait pas beaucoup de fond car c'est allé très vite et pas évident de ressortir du sable quand on est embourbé sur la moitié du corps! Un peu flippant tout ça, va falloir faire attention où on met les pieds !

Après ça, pas de nouvel incident. Nous arrivons à 14h30 à l'oasis Queimada dos Britos et décidons d'en rester là pour aujourd'hui.

L'occasion de faire sécher le portable de la blonde tout l'après-midi au soleil, de continuer la lecture des "Trois mousquetaires", de faire la sieste et de papoter avec José qui nous a gentiment offert de l'eau !

Jour 5: de l'oasis au bivouac près d'une lagune

Dist: 25km / Temps : 8h

Le ciel est particulièrement chargé ce matin, ça sent la pluie...

Et, ça ne rate pas, après une heure de marche une première averse nous tombe dessus! C'est fulgurant et bref, mais ça a le mérite d'humidifier le sable et de le rendre plus compact sous nos pas, nous permettant d'avancer plus vite!

L'avantage avec ce vent, en plus de nous éviter de cuire sur place, c'est qu'il chasse vite les nuages! Nous arrivons ainsi sur la dernière oasis avec un beau ciel bleu en toile de fond!

Le village de Santo Amaro se rapproche et, de loin, nous apercevons déjà ses antennes... Nous profitons donc de nos dernières lagunes paradisiaques tandis que 11 hommes tentent en vain de sortir un 4x4 enlisé dans le sable! (Et voui, y'a pas qu'à la blonde que ça arrive d'abord ! )

En chemin, la blonde trouve un portable tombé dans le sable mouillé ! C'est la providence ! Voilà de quoi remplacer son petit Samsung mort noyé (mais en train de ressusciter à force d'exposition au soleil !)! Ah... Ben non en fait... C'est le portable de l'ours qui a sauté de sa poche! Heureusement, le sien est étanche ! (On a vraiment un souci avec les téléphones sur ce trek...)

Comme l'idée de dormir au village ne nous emballe pas vraiment, nous décidons de planter la tente à 4kms de l'arrivée, derrière une dune et à l'abri du vent afin de profiter une dernière fois du plaisir de cette immensité et de cette solitude...

Jour 6: du bivouac à Barreirinhas

Dist : 15km / Temps : 3h

À 7h30, nous voilà rendus à Santo Amaro, la fin de notre trek. Maintenant, ne reste plus qu'à prendre un 4x4 pour retourner sur Barreirinhas et récupérer nos affaires!

Difficile de comprendre les explications des habitants quant aux horaires des véhicules mais nous finissons par trouver le croisement où ils sont censés passer. Malheureusement nous venons d'en rater un! Nous nous installons donc sur la terrasse du coin et patientons, patientons, patientons...

Renan en profite pour aller se faire raser la barbe et, au moment où il est entre les mains du coiffeur, un 4x4 passe enfin! Zut! Faudra encore attendre le suivant! Sauf qu'il n'y aura pas de suivant...

Après 1h d'attente, nous nous résignons à faire la route à pieds (soit 40 kms jusqu'à la route principale!), optant pour le stop en chemin. Enfin... Pour faire du stop, encore faut-il qu'il y ait des voitures ! Décidément, on n'a pas de bol! Deux passent sans s'arrêter, mais la chance nous sourira à la troisième, après tout de même 2h de marche sur le bitume !

Et c'est pas fini! Il nous faudra encore attendre 1h30 avant de tomber sur un brésilien, musique à fond, qui accepte de nous mener à destination ! Il conduit sur les chapeaux de roues (115km/h sur une petite départementale...) une véritable poubelle qui n'a plus de poignées sur les portes arrières ! Autant dire qu'en cas d'accident, on n'est mal barrés si on veut s'échapper ! Enfin, l'avantage c'est que nous y serons pour midi finalement ! Bon, on est un peu rouillés sur le stop mais, finalement ce n'est peut-être pas au Brésil qu'on va reprendre hein...

Voilà comment s'achève un trek qui s'est montré à la hauteur de sa réputation ! Une expérience incroyable, dans des paysages à couper le souffle, avec l'impression permanente d'être seul au monde.

Par ailleurs, randonner pieds nus et se baigner dans le plus simple appareil, sans crainte d'être observé, offre une sensation de liberté extraordinaire et décuple le plaisir!

Finalement, traverser un désert nous aura coûté 25€ contre 1200€ avec un tour organisé et, franchement, ça valait le coup!

64

A peine avons nous rejoint Barreirinhas et récupéré nos affaires laissées en pension au camping qu'il nous faut repartir!

Notre prochaine destination, vantée pour être l'un des "must" du Brésil (selon le Petit Futé ! ), est difficile d'accès. Il faut prendre pas moins de cinq transports différents pour s'y rendre donc nous n'avons pas une minute à perdre!

Le temps de manger un bout et nous voilà dans le pick-up qui nous conduit à Paulino Neves. De là, nous rencontrons un brésilien qui se rend également à Tutóia et qui nous invite à le suivre. On se retrouve alors à bord de la voiture d'un particulier qui, moyennant finance, accepte de nous déposer. Une fois arrivés, il nous apprend qu'il faut attendre le lendemain pour nous rendre à Parnaíba.

Face à notre portugais très limité, il se charge de nous trouver une pousada et de nous organiser la suite du trajet, ce que nous laissons faire avec reconnaissance.

Départ à 4h30 le lendemain pour arriver à 7h à Parnaíba où nous trouvons tout de suite un bus pour Camocim! Cette fois, nous avons 2h d'attente avant le prochain bus. Nous en profitons donc pour faire un tour du côté du port dont le charme nous fait regretter de ne pas pouvoir rester un peu plus longtemps...

On touche au but ! En 1h30 nous arrivons à Jijoca. De là, les 4x4 emportent les touristes par vagues sur les pistes de sable blanc jusqu'à Jericoacoara, petit havre de paix, prisé des BoBo fortunés aussi bien que des hippies sans le sous!

En ce qui nous concerne, ce sera ambiance hippie! Nous plantons notre tente dans le camping où Marc nous a devancé d'une journée ! Finalement le stop est 10 fois plus efficace que les transports en commun par ici!

Et comme nous ne sommes pas tout à fait des hippies fauchés, nous décidons d'aller fêter la fin de notre randonnée en s'offrant une bonne langouste au resto! Et toc! Jeri, comme l'appellent les gens du coin, c'est THE village touristique idéal. Cadre charmant entouré de dunes de sables d'où l'on peut admirer le coucher de soleil (principale attraction touristique du coin à laquelle nous ne couperons pas, pour le plus grand plaisir de Renan...), grande plage animée qui est le théâtre de matchs de foot et de capoeira, falaises escarpées qui gardent encore un côté sauvage, et surtout, une offre hôtelière impressionnante étant donnée la taille du village, des boutiques à chaque mètre et des restaurants à gogo (auxquels évidemment nous ne résisterons pas longtemps...), le tout dans un cadre artificiel mais charmant !

Bref, c'était peut-être le parcours du combattant pour y arriver, mais ces 3 jours de pure détente entre balades en bord de mer, mise à jour du blog, caïpirinhas et bonnes bouffes étaient une récompense bien méritée après nos 5 jours de régime "carottes-tomates-concombres"!

65

Après 3 jours de détente, nous voilà prêts à quitter le doux cocon de Jericoacoara. Mais, plutôt que de reprendre un pick-up, nous optons cette fois pour la marche afin de parcourir les 15kms qui nous séparent de Jijoca. Cet effort, a priori inutile, est motivé par la possibilité d'une halte à la Lagoa Paraiso (lac Paradis ) et dans un petit restaurant réputé pour sa langouste...

Sauf que nous ne trouverons jamais le fameux restaurant (merci Maps.Me!) et que la lagune, avec toutes ses infrastructures, ne nous fait vraiment pas rêver...

Heureusement, des âmes charitables s'arrêteront en chemin, sans que nous ayons rien demandé, pour nous conduire à Jijoca, où nous attend un bus pour Fortaleza.

Nous n'y passerons que la nuit, préférant fuir au plus vite cette grosse ville sachant que le premier tour des élections est aujourd'hui et que le climat est tendu à cette occasion...

Un bus nous conduit en 2h à Beribe d'où il nous faut encore marcher 4 kms pour aller à Morro Branco, similaire, selon le guide, à un "petit Etretat".

Encore une fois, une voiture s'arrête et se propose de nous emmener à destination! Décidément, le "stop sans avoir l'air d'en faire" fonctionne drôlement bien par ici! Et voilà comment nous nous retrouvons à faire une visite guidée du coin en compagnie d'Elena et de Roberto, deux brésiliens adorables!

Une fois l'estomac bien rempli, nous nous lançons donc sur le chemin des falaises. Si la ressemblance avec Etretat est contestable, la beauté de ces dégradés d'ocres sur fond bleu suffit à charmer la blonde!

Renan, en revanche, est en mode "marre d'être un backpacker " et joue les blasés, ne trouvant aucun intérêt à cette petite randonnée sur la côte ... Dommage! Mais il en faut pour tous les goûts après tout!

Une fois arrivés à Praia das Fontes, il nous faut encore faire 6 kms pour retourner à Beribe. Nous marcherons la moitié avant qu'une voiture ne s'arrête pour nous épargner le reste sous ce soleil de plomb!

Confiants dans le stop brésilien, nous nous mettons en tête de tenter notre chance pour nous rendre dans la prochaine grande ville, à 64kms de là. Sauf que lever le pouce à 1h de la tombée de la nuit n'était pas vraiment une brillante idée... Nous ferons chou blanc cette fois et reviendrons, la queue entre les jambes, à la gare... pour prendre un bus! Allez, pas grave! On ne peut pas gagner à tous les coups!

66

Cette fois, notre nouveau saut de puce nous conduit à Canoa Quebrada, charmant petit village en bord de mer, bordé de falaises et de dunes. Un petit Jericoacoara en somme, mais avec des prix 2 fois moins élevés et 3 fois moins de touristes !

Le camping de Martin est, à l'image de la ville, accueillant, tranquille et coloré. Il y fait bon vivre et l'envie de rester une semaine nous démange...

Malheureusement, la fin du voyage approche et l'heure n'est plus à la farniente si nous voulons continuer à explorer les différentes facettes du Brésil...

Un petit tour sur la côte, un passage par le Broadway brésilien avec ses boutiques et ses restaurants et une nouvelle dégustation de langoustes (ben voui, on n'est pas des experts après tout, faut donc qu'on en goûte beaucoup afin de pouvoir comparer...😜) et nous voilà prêts, après deux jours, à repartir... Dommage ! Nous nous sentions bien ici... Canoa Quebrada restera certainement un de nos coups de cœur balnéaire du Brésil...

67

Cette fois, nous optons pour le bus de nuit, plus économique en termes d'argent mais surtout de temps!

Nous arrivons ainsi au petit matin à Natal et sautons dans la foulée dans un bus pour Tibau do Sul.

De là, nous décidons de marcher le long des 7kms de plage qui nous séparent de Pipa, station balnéaire prisée des brésiliens. La balade est jolie avec ses falaises rosées d'un côté et ses dauphins de l'autre!

Mais nous déchantons vite en arrivant sur Pipa... L'endroit grouille de touristes, les prix s'envolent et nous avons atterri dans le camping le plus pourri de toute l'Amérique latine !

Bon, ben ça fait trois bonnes raisons de ne pas s'attarder dans le coin, n'est ce pas ?!

Ajoutez à cela un resto, vendu comme le "must" du romantisme et de la gastronomie raffinée (l'absence de clients et de la cuisinière à notre arrivée aurait tout de même dû nous mettre la puce à l'oreille quant à la fraîcheur des produits...), et qui te sert, à la place du crabe frais, une espèce de pâtée de poisson sans goût et, en guise d'huîtres gratinées, des moules au fromage et là, on a même une quatrième raison de fuir! Bon, j'exagère un peu, le poisson et la paëlla qui ont suivi étaient excellents !😆 L'addition en revanche a été un peu plus difficile à digérer...

Dommage, les plages étaient pourtant belles mais, comme sur toute la côte, pas du tout adaptées à la baignade en raison des vagues et du courant... C'est donc sans regrets que nous quittons Pipa pour une destination un peu moins balnéaire...

68

Pour compenser le camping tout naze de Pipa, nous avons décidé de nous faire plaisir cette fois en réservant une hospedaje avec piscine à Olinda, ancienne ville coloniale située à 8 kms de Recife.

Cette petite "folie" (bon, à 25€ la nuit avec petit dej compris on ne s'est pas ruinés non plus, hein?!) s'est révélée être un véritable petit paradis niché au cœur de la vieille ville! Et le must, ce sont ces petits singes curieux (un brin voyeurs peut-être ? !) qui viennent t'épier quand tu te baignes dans leur abreuvoir ! Trop mignons!

Et Olinda dans tout ça ? ? Et bien c'est tout simplement la "grosse" ville qui nous a le plus enchanté depuis trèèès longtemps ! Réputée pour son carnaval, Olinda la bien nommée ("Ô linda" signifiant "Ô la belle") nous a séduit par sa douceur de vivre contagieuse, ses sourires à chaque coin de rue, ses églises noircies par le temps, mais surtout par le charme de ses maisons colorées qui égayent le paysage urbain tout au long de l'année !

Ce fut également l'occasion de déguster des spécialités locales telles que la marmite de poisson et crevettes au lait de coco, un régal !

Et la crêpe de tapioca fourrée au chocolat... et au fromage ! Et oui, ils n'ont peur de rien ces brésiliens ! Cela dit, si l'on ferme les yeux sur le double suicide calorique, la blonde doit reconnaître que le mariage fonctionne plutôt bien...

Allez, Olinda c'est déjà fini, mais le rendez-vous est pris pour le carnaval...

69

Après 2 jours passés à recharger nos batteries, c'est confiants que nous nous mettons en route direction Maragogi ! Sauf qu'aujourd'hui, c'est, comme qui dirait, "un jour sans"...

Après un dialogue de sourds de 10min avec le contrôleur de bus pour lui expliquer où nous voulons aller, il finit par nous dire que tous les bus mènent à la gare routière donc "pas de problème!". Sauf que, si "tous les chemins mènent à Rome", ben, dans la réalité, tous les bus ne vont pas à la gare routière inter-états...

Et voilà comment nous nous retrouvons, comme deux andouilles, à Recife, certes, mais dans la mauvaise gare! Bon, pas grave, un contrôleur sympa nous indique le métro et nous permet de frauder afin de rejoindre la rodoviaria ! Sauf que, lancés comme nous sommes, nous descendons à la mauvaise station et perdons à nouveau 10 minutes pour nous faire expliquer comment rejoindre la gare...

Allez, cette fois c'est la bonne! Après 45min de métro nous arrivons enfin à la rodoviaria ! Tout ça pour s'entendre dire que les bus pour Maragogi partent du centre de Recife... Et là, c'est simple, t'hésites entre t'effondrer dans la gare en pleurant tout ton soûl, quitte à te donner en spectacle, où juste tabasser le mec porteur de la mauvaise nouvelle, quitte à t'attirer de nouveaux ennuis...

Bon, finalement, en personnes civilisées et "bien comme il faut", nous choisissons l'option 3: changer de destination ! Et voilà comment l'on se retrouve dans un bus pour Cabo de Santo Agostinho qui doit nous conduire, après un changement doublé d'une heure d'attente, à Porto de Galinhas, station balnéaire réputée pour ses piscines naturelles...

Bref, avec un départ à 7h du matin et une arrivée à 13h pour parcourir 60kms, on ne peut pas dire que l'on ait brillé par notre efficacité cette fois...

Et quoi? Vous croyez que les galères se sont arrêtées là ? ? Tsss! Espèces de naïfs ! On vous a dit que c'était une journée sans...

"Que merda!" comme dirait les gars du coin ! En plus d'arriver dans un lieu surpeuplé (genre Antibes en plein mois d'août, mais en pire selon l'ours!), de rater les fameuses piscines parce qu'on est en pleine marée haute, ben on nous apprend qu'il n'y a aucun bus pour faire la liaison avec Maragogi, pourtant située à seulement 80 kms de là ! Seule possibilité selon les locaux: retourner à Recife et reprendre un bus pour Maragogi ou faire appel à un taxi à 200 reais (soit 47€) la course... La blague!

Dépités, nous plantons la tente dans un camping et décidons d'aller faire un tour au milieu des paires de fesses dénudées et des bidons graisseux qui débordent des maillots... (mais, comme on est sympas, on vous met plutôt la photo de la paire de fesses!) On observe tranquillement le ballet incessant des vendeurs de glaces, de churros et même de maillots de bain (ben vi, y'a toujours un couillon pour venir à la plage sans son maillot après tout!)!

Et on se dit que, quitte à se faire les 80 kms à pieds, il faut vraiment que l'on quitte la "ville des poulets" au plus vite! (ah oui, "galinhas" signifie "poule" en portugais, nom de code qui servait à avertir qu'une cargaison d'esclaves venait d'arriver à une époque où l'abolition avait été déclarée... Ça, c'était pour le cours d'histoire, c'est gratuit, ne me remerciez pas!)

Allez, demain est un autre jour après tout...

70

Cette fois, nous sommes préparés à affronter une journée galère ! Pas question de revenir sur nos pas, ce sera donc marche et tentative de stop dans l'espoir de rejoindre Maragogi avant la nuit...

Armés de nos gros sacs (est-il vraiment nécessaire de préciser que nous sommes les seuls backpackers de la ville et que l'on fait un peu tâche parmi tous ces gens qui se baladent en maillot de bain dans la rue ??), nous partons tôt afin de maximiser nos chances.

Mais, avant de sortir de la ville, la blonde décide de s'offrir un petit réconfort en faisant un crochet par la boulangerie du coin. Et c'est cette pause gourmande qui va changer la face de notre journée (qu'on m'amène le crétin qui a dit un jour que la gourmandise est un vilain défaut !).

Nous rencontrons alors Ronaldo, ancien militaire à la retraite (il maîtrise l'anglais et l'espagnol, ça aide pour la communication ! ), qui, intrigué par nos sacs, veut savoir où nous allons ainsi chargés... Nos explications le laissent pantois et, prenant à cœur notre situation, il décide de nous aider à trouver un taxi au "prix locaux" et non au "prix gringos". Il nous demande de lui faire confiance et de l'attendre dans un coin afin de ne pas perturber les négociations.

Alors on attend, on attend... Mais au bout de 45min, on commence à se dire qu'il a sûrement dû abandonner et rejoindre la plage et qu'il faudrait peut-être que l'on s'y mette si on veut sortir de là! Et, au moment où nous nous résignons, on le voit arriver, le sourire aux lèvres... Il a réussi à nous dégoter un chauffeur qui accepte de faire la course pour 100 reais, soit deux fois moins cher que le prix annoncé initialement!

Après tout ce temps passé pour nous aider, nous ne pouvons pas refuser sa proposition ! Finalement la journée s'annonce moins galère que prévu...

Nous quittons donc Ronaldo avec force remerciements et montons dans la voiture de José Vicente, sympathique brésilien, curieux et bavard, plus concentré sur la conversation que sur la route, ce qui nous a occasionné quelques petites frayeurs...

Il est tout juste 11h lorsque nous arrivons enfin à Maragogi. José interpelle un passant pour savoir s'il y a un camping ou un hôtel pas cher dans le coin mais la réponse de l'homme n'est pas très encourageante... Nous sommes en plein week-end de pont et les prix ont flambé ! Rien à moins de 400 reais (soit 90€) la nuit selon lui!

Devant nos têtes déconfites, l'homme propose de nous héberger chez lui contre 50 reais. L'occasion est trop belle pour la laisser passer et c'est avec plaisir que nous acceptons l'offre de celui qui se fait appeler "le Samouraï" (nous ne connaîtrons jamais son vrai nom!).

Le temps de préparer la chambre (nous avons hérité de la chambre de ses deux fils), il nous invite à aller faire un tour du côté de la plage. Ça a beau être moins peuplé qu'à Porto de Galinhas, on se dit qu'on commence à en avoir un peu marre de la plage et des galères et qu'il serait peut être temps de laisser tomber la côte pour passer à autre chose... Mais, si nous devons quitter la mer, une dernière dégustation de langoustes s'impose !

Nous demandons donc à Samouraï où nous pouvons en trouver de bonnes mais il déclare, catégorique, que c'est beaucoup trop cher au restaurant et que "não vale a pena"! Le mieux, c'est encore d'aller en acheter au marché pour qu'il nous les prépare! Et, pour éviter qu'on nous fasse un "prix spécial gringos", il décide de nous accompagner ! Trop fou!

Nous voilà, arpentant pendant une heure les rues de Maragogi, à la recherche de tous les ingrédients nécessaires, tout en faisant plus ample connaissance avec le Samouraï (ancien prêtre tombé dans le bouddhisme, flic à la retraite, prof de capoeira et de ju-jitsu, voilà un homme qui ne manque pas d'histoires à raconter !).

Une fois nos 1,5kg de langoustes achetés, pour la modique somme de 40 reais (soit 9€!), nous repartons voir si Kaba et Enzo n'ont pas mis le feu à l'appartement ! Et, pendant que la blonde s'occupe du petit Enzo (ou plutôt finit la sieste avec lui!), les hommes se mettent aux fourneaux ! Mais attention, réussir de bonnes langoustes nécessite une tenue spéciale...

Vous en aviez rêvé toute votre vie? Et bien nous l'avons eu! Le cuisinier sexy en slip / tablier (les tatouages sont en bonus!) n'est plus un simple fantasme à présent ! Dommage que Renan n'ait pas voulu jouer le jeu... Après une heure passées à mijoter, de délicieuses effluves se font sentir (la plaquette de beurre fondu n'y est sans doute pas étrangère!)... Il est temps de passer à table... et de se régaler !

Bon, y'a pas à dire, quand ils n'essayent pas de te séquestrer sur un bateau, les brésiliens sont des hôtes exceptionnels et de fins cordons bleus !

Après une bonne nuit de sommeil, nous avons en prime la surprise de découvrir qu'un petit déjeuner gargantuesque nous attend! Jus de fruits maison, fruits frais, saucisses grillées et brioches sont au menu! Décidément, tant de gentillesse et de générosité nous laissent sans voix! Andrea et le Samouraï nous traitent comme leurs enfants, nous préparant même un casse-croûte pour le bus!

Et Renan, qui a eu l'imprudence de dire qu'il devait s'acheter des tongs, se retrouve avec celles de Samouraï aux pieds! Et, pour qu'il n'y ait pas de jaloux, la blonde hérite également d'une nouvelle paire, c'est surréaliste !

Afin que nous n'oubliions jamais notre passage à Maragogi (comment serait - ce possible de toute façon ? ?), ils nous font cadeau d'artisanat local, composé de sable et de coquillages de la plage, de graines et de bois sculptés. Décidément, nous n'avions pas ressenti une telle alchimie et une telle gentillesse avec des locaux depuis la Polynésie ! Ça nous semble incroyable de retrouver ça dans un pays où l'on ne parle même pas la langue et où l'on se dépatouille péniblement avec un mauvais "portuspagnol"!

C'est donc à regrets que nous faisons nos adieux à toute la petite famille qui a su, en un jour, transformer notre voyage et notre perception du Brésil...

Avant de monter dans le bus pour Maceió, le Samouraï nous met en garde contre la ville "la plus dangereuse de tout le Brésil" et menace le chauffeur de nous laisser à bon port car "nous sommes de la famille" et ça, ben c'est un peu la classe!

Au revoir Maragogi, ce n'est pas pour tes eaux turquoises et ta plage interminable que nous reviendrons un jour, mais bien pour notre nouvelle famille brésilienne avec qui nous aurions aimé passer plus de temps...

71

L'heure n'est plus à la farniente ! Nos pieds nous démangent (et c'est pas la faute aux mycoses pour une fois!) et nous rêvons de retrouver le calme et la sérénité que seule peut nous apporter la nature et son immensité dépeuplée.

Nous décidons donc de ne pas nous attarder à Maceió, dont le littoral bleu turquoise invite pourtant à la détente, et achetons, à peine débarqués, un billet pour un bus de nuit direction Salvador.

Cela nous laisse largement le temps pour flâner le long de la côte en sirotant de délicieuses coco fraîches et pour nous perdre dans le quartier ghetto de la ville (merci Maps.Me et ses "raccourcis" )! 20min passées à serrer les fesses dans un dédale de ruelles interminables, sous le regard surpris et un brin hostile des habitants, avec une vieille odeur d'égouts tout du long! Bah, c'est pas comme si Maceió avait été classée "ville la plus violente du Brésil " en 2010...

Le lendemain, après 600kms, nous nous réveillons donc à Salvador. Surnommée "la Rome noire aux 365 églises", le centre de la vieille ville est classé au Patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. Bâtisses coloniales, maisons colorées, restaurants et boutiques de souvenirs se partagent l'espace offrant, ça et là, de jolies vues sur la mer du haut de leur forteresse. Façades rénovées et façades délabrées se mélangent donnant de la ville une image contrastée.

L'influence africaine, résultat d'une longue période d'esclavage, est particulièrement présente ici entre capoeira dans la rue, costumes traditionnels, fresques murales et cuisine bahianaise aux accents exotiques. Nous avons ainsi eu le plaisir de retrouver notre école hôtelière préférée : le Senac, qui possède également un restaurant à Salvador proposant, pour à peine 13€, un buffet à volonté composé d'une quarantaine de spécialités de la région... (est-il besoin de préciser que nous avons tout goûté jusqu'à l'implosion?...). Mais, malgré tous ces charmes, nous ne ferons qu'un passage express à Salvador. Il nous tarde de rejoindre notre prochain départ de randonnée et, dès le lendemain, nous voilà de nouveau dans le bus en direction du centre du pays cette fois...

72

Nous y voilà ! Après 6h de bus nous arrivons enfin à Lençois, petite bourgade paisible et colorée, située au cœur de l'état de Bahia et point de départ de notre prochaine randonnée...

Cette fois, sur les conseils du guide et de TOUS les brésiliens que nous avons pu rencontrer, nous décidons de nous attaquer à un nouveau parc national, réputé dans tout le pays pour être "LE paradis du randonneur".

"T'aimes la nature? T'aimes marcher ? Tu DOIS aller à la Chapada Diamantina!". C'est clair, non?

Mais, au fait, c'est quoi une "chapada diamantina"??

Et bien ce sont ces formations rocheuses, surmontées de hauts et larges plateaux avoisinant les 1200m d'altitude (ben vi, on est au Brésil là, c'est fini la Cordillère des Andes et ses sommets à plus de 6000m!), qui surplombent des vallées et qui étaient exploitées, fût un temps, pour leurs précieuses mines de diamants... Hum... Intéressant... Avec un peu de chance nous tomberons peut-être sur un ancien gisement qui fera notre fortune et nous permettra de voyager pour le restant de nos jours...

Bon, comme d'habitude, c'est toujours la même rengaine: "guide obligatoire"; "chemins non balisés"; "risques de se perdre et de mourir dans d'atroces souffrances, dévoré vivant par un puma" (OK, ça, ce n'est pas dit explicitement, mais, en gros, c'est l'idée !). Sur place, évidemment, personne ne nous dit que c'est interdit, juste que c'est "muito perigoso" et qu'il faut faire attention, la routine quoi!

Renan ayant trouvé des traces GPS qui traversent la totalité du parc sur 230kms, soit environ 10 jours de rando, nous décidons de ne pas traîner plus longtemps à Lençóis. Après un petit déjeuner gargantuesque préparé par Silvia, nous filons acheter nos 7 kgs de fruits et légumes pour les deux prochains jours et nous mettons en route...

C'est bien la verdure, c'est frais, c'est sain mais qu'est ce que c'est louuuurd ! ! !Si ça continue, on est bons pour se reconvertir en vendeurs ambulants ou se transformer en lapins géants!🐰🐇

Jour 1: de Lençóis à Águas claras

Dist: 21km/ Dev +;- : 500m /Temps: 5h

Il est 11h lorsque nous commençons à marcher. Le temps est couvert, nous épargnant ainsi de grosses chaleurs. La montée, quant à elle, est progressive et se fait en douceur sur un sentier parfaitement balisé (on est loin des chemins cachés sous la jachère annoncés par les guides...).

Cette fois, nous avons troqué le sable et les lagunes de Lençóis-Maranhenses pour un paysage beaucoup plus vert et escarpé qui, s'il est agréable, nous semble bien banal comparé à tout ce qu'on nous en a dit... Ce qui est agréable en revanche, ce sont tous ces petits bassins gorgés d'eau qui invitent à la baignade et permettent de se rafraîchir quand le soleil commence à taper un peu trop fort! Après seulement 5h de marche, à slalomer entre les chapadas, nous décidons d'en profiter un peu pour faire trempette et plantons la tente à côté des Aguas Claras. Voilà une rando qui commence en douceur !

Jour 2: Aguas Claras à Caete-Açu

Dist : 22kms / Temps : 6h

En regardant un peu notre itinéraire, on s'est rendu compte que nous étions passé, la veille, à 5 kms de deux sites "phares" de la Chapada Diamantina... Quelle bande de nazes! Du coup, pas question de refaire la même erreur aujourd'hui ! Cette fois, nous veillons à bien pointer la Cachoeira da Fumaça, malgré le détour de 10 kms qu'elle nous fait faire.

Avec ses 420m, il s'agit de la plus haute cascade du Brésil, rien que ça ! Alors on grimpe, on grimpe, pendant 1h, impatients d'admirer cette merveille de la nature. Et quand nous arrivons enfin, nous restons bouche bée... Tadaaaaaa ! Impressionnant n'est ce pas???

Quoi? Keskispasse?? Comment ça vous ne voyez rien???

Ah... ben vi... La blonde aussi la cherche... Mais, avec plus de 400m de vide, il y a de quoi avoir le vertige !

Verdict: une petite flaque d'eau croupie stagne au pied de la falaise, seule vestige de la cascade disparue... Après 2 mois sans pluie dans la Chapada Diamantina, le parc est quasiment à sec, c'est pas de bol, hein?Bon allez, c'est pas comme si nous avions fait un détour pour venir...

Notre motivation en prend un sérieux coup! Entre des paysages assez répétitifs, pas exceptionnels et le manque d'eau, on se dit que ça ne vaut peut-être pas le coup de pousser plus loin finalement... À quoi bon marcher 10 jours si le cadre ne nous enchante pas?

Mais, au moment où nous décidons de renoncer et de rejoindre Lençóis, nous rencontrons Alex, sympathique brésilien qui fait la rando en sens inverse et qui nous enjoint à poursuivre car les paysages à venir sont "exceptionnels"!

Il n'en fallait pas plus pour nous convaincre ! Rassérénés, nous rejoignons le petit village hippie de Caete-Açu où 80% de la population est végétarienne (véridique !) et porte des dreadlocks (contestable...) et où nous trouvons une chouette hospedaje histoire de nous consoler de notre petite déception...

Jour 3: de Caete-Açu à la Cachoeira dos Funis

Dist : 27kms / Temps : 7h

A 6h, nous voilà partis. Deux heures plus tard, la chaleur est déjà écrasante. Nous en profitons pour nous rafraîchir à la cascada Angélica avant de commencer notre petite ascension...

Plus nous montons et plus le ciel se couvre de nuages. Et, lorsque l'on regarde à l'horizon, la pluie semble inévitable... C'est pas de chance, c'est justement là-bas que nous allons !

Ça ne rate pas, nous finissons par rejoindre la zone humide. Après 2 mois sans pluie sur la région, fallait que ça se mette à tomber pendant notre rando, c'est bien notre veine! L'heure est donc à la gore-tex ! Ça faisait une éternité que nous n'avions pas sorti les vêtements de pluie!

Nous rejoignons au plus vite la Cachoeira dos Funis et plantons la tente en hauteur, au cas où l'eau monterait durant la nuit... Et bien nous en a pris! Le sol est tellement sec qu'il n'absorbe pas toute cette pluie qui tombe sans interruption !

A 2h, nous sommes réveillés par les éclairs et par le clapotis qui heurte la tente... Si ça continue à ce rythme, nous allons devoir remballer en catastrophe pour ne pas finir inondés! Par chance, le terrain étant en pente douce, l'eau finit par s'évacuer. Nous l'avons échappé belle ! Mais cette fois, c'en est trop, la météo est contre nous et nous décidons donc d'abréger la rando pour retourner à Lençois au plus vite...

Jour 4: de la Cachoeira dos Funis au bivouac au sommet

Dist : 15kms / Temps : 4h30

A 6h, la pluie n'a toujours pas cessé. Nous patientons donc tranquillement. La blonde a mis de côté "Les bienveillantes" de Jonathan Littell, trop plombant par ce temps qui l'est déjà bien assez à lui seul, pour relire la saga Harry Potter et retrouve avec délice l'émerveillement de ses 13 ans pendant que Renan en profite pour prolonger sa nuit! A 10h, nous bénéficions d'une brève accalmie que nous mettons à profit pour replier le matos et filer sans demander notre reste. La pluie battante a laissé place à une petite bruine cinglante et continue. Les nuages sont bas et offrent peu d'occasions d'admirer le paysage...

Décidément, notre passage dans la Valle do Paty, censée être l'une des merveilles de la Chapada Diamantina, ne nous laissera pas un souvenir impérissable...À 15h, nous sommes arrivés à un sommet. Évidemment la vue est masquée mais nous avons encore l'espoir d'une amélioration et, plutôt que de rejoindre le prochain village situé à 9 kms de là, nous décidons de planter la tente et de nous poser pour bouquiner le reste de l'après-midi (ça, c'est l'effet Harry Popo!).

Seul problème: nous n'avons plus d'eau! La prochaine source n'est pas avant plusieurs kilomètres. Seules quelques flaques subsistent de la nuit précédente... Voilà une bonne occasion de tester notre filtre! Pour la peine, c'est Renan qui s'y colle! Miam! De la bonne eau marronnasse ! Nous en profitons également pour faire "sécher" nos affaires sous la bruine, c'est toujours mieux que de dormir dans une serpillière !

Jour 5: du bivouac à Andaraí

Dist : 12km / Temps : 3h

Bon, c'est beau l'espoir mais, des fois, c'est peine perdue...Loin de s'être amélioré, le ciel est encore plus couvert que la veille! La cascade que nous pouvions voir hier est aujourd'hui cachée dans la brume... Y'a pas à dire, on est au top!

Nous nous empressons donc de terminer la rando et arrivons au petit village d'Andaraí dans la matinée. C'est l'heure du marché et, ici, les prix défient toute concurrence ! Pour 5 reias (soit 1,2€), nous repartons avec 6 ananas, de quoi faire une bonne cure de vitamines et re - remplir nos sacs qui étaient enfin vides !

Alors que nous attendons un bus pour quitter la ville, un automobiliste nous propose de nous déposer, moyennant finance, directement à Lençóis, devant notre auberge... Vendu ! Nous sommes impatients de rentrer et d'aller fêter la fin de cette rando, sans aucun doute la plus pourrie de tout notre voyage, dans un bon restaurant. Rien de tel qu'une caïpirinha, de délicieuses croquettes de poisson et une moqueca (spécialité bahianaise accompagnée de riz, de haricots et de manioc pilé) pour se remonter le moral!

Jour 6: Cachoeira da Primavera

Dist : 6kms / Temps : 1h30

L'ami Suisse nous a rejoint ! Nous qui pensions fuir la Chapada Diamantina au plus vite, nous décidons de rester quelques jours supplémentaires pour passer un peu de temps avec Marc venu, lui aussi, randonner dans le coin (il ne va pas être déçu ! ). Par chance, le temps semble vouloir s'améliorer, il serait donc dommage de ne pas en profiter... Qui sait? Peut-être qu'avec un peu de soleil, notre expérience dans le parc nous laissera un meilleur souvenir... Ce sera donc une journée cascades! Nous profitons de la proximité de la Cachoeira da Primavera pour aller y faire un tour et nous rafraîchir dans ses eaux fraîches et claires.

Rien de tel qu'une belle journée pour nous redonner le goût de l'aventure ! Nous décidons donc de prolonger notre séjour trois jours de plus, le temps de faire les points que nous avions raté lors de notre première rando... Espérons que le temps se maintienne jusque là...

Jour 7: de Lençóis à la Cachoeira do Pai Inácio

Dist : 11kms / Temps : 2h30

Cette fois, la flemme de refaire le même trajet que la première fois! D'une part, nous le connaissons déjà et, d'autre part, il n'était pas très intéressant ! Nous optons donc pour la solution des feignants et prenons un bus qui nous dépose, en 20min, au pied du Pai Inácio, l'une des chapadas les plus prisée du parc car facile d'accès et offrant une vue imprenable sur la vallée... De fait, on ne va pas chipoter, la vue est vraiment chouette et offre un panorama à 360° sur tout le parc !

Il est 16h, nous sommes seulement 6 à profiter du spectacle, mais des grappes de touristes commencent à monter afin d'assister au coucher de soleil sur la Chapada. C'est le signe pour nous qu'il est temps de descendre rejoindre Marc qui nous attend à la Cachoeira do Pai Inácio, histoire de passer une dernière soirée ensemble autour d'un bon feu de bois avant que chacun ne reprenne sa route...

Jour 8: de la Cachoeira do Pai Inácio à Lençois Dist : 25kms / Temps : 7h

La journée commence par des adieux à l'ami Marc. Après un mois et demi à se suivre, s'échanger des conseils et tenter de se retrouver, on sait que c'est sans doute l'une des dernières fois que nos routes se croisent... en Amérique latine du moins!

A présent, direction le Poço do Diablo, réputé pour sa succession de bassins et ses toboggans naturels. Mais avant d'y arriver, il nous faut parcourir 6 kms pas très agréables sur une nationale où les camions se succèdent à fond de train, nous enfumant allègrement de leurs gaz d'échappement... Pas très bucolique cette partie...

Heureusement, le spectacle qui nous attend l'est beaucoup plus lui! Malgré le manque de pluie, la rivière est loin d'être asséchée et les bassins s'enchaînent jusqu'à former le Poço do Diablo !

Avec la chaleur écrasante de la journée, l'endroit est parfait pour se prélasser tout en se rafraîchissant !

Après plusieurs heures à faire trempette, c'est à regrets qu'il nous faut repartir... Mais il nous reste encore 15 kms à parcourir pour rejoindre Lençóis et Marc nous a dit que le chemin était loin d'être évident car complètement laissé à l'abandon... Si le début ne présente pas de difficultés, les choses se gâtent lorsque nous arrivons dans les hauteurs... Ronces et pierres branlantes se partagent le terrain, faisant totalement disparaître ce qui faisait office de sentier! Du coup, l'utilisation du GPS devient indispensable... La blonde s'y colle, téléphone à la main, œil de lynx pointé sur l'horizon plutôt que vers ses pieds (grosse erreur quand on sait à quel point elle est maladroite!), et là, c'est le drame!

Une pierre sournoise se dérobe, la blonde perd l'équilibre et, entraînée par le poids du sac, s'écrase face contre terre sur un lit de cailloux... Enfin... presque... Dans un réflexe instinctif, la main (celle qui tient le téléphone, évidemment, sinon c'est pas drôle!) vient protéger le visage et c'est donc le portable qui s'écrase face contre terre sur le tas de cailloux...

Et voilà, après la tentative de noyade à Lençóis-Maranhenses, la blonde vient d'achever définitivement son téléphone! L'écran est brisé, désespérément noir et ne donne plus signe de vie... Fini le blog, les conversations sur whatsapp, le temps perdu sur Face de bouc et sur Am-stram-gram... Pis c'est pas à Lençóis qu'on a une chance de le faire réparer... Renan prend la relève pour nous guider mais c'est écorchés vifs et le moral dans les chaussettes que nous finissons la randonnée...

Jour 9: de Lençóis à la Cachoeira Sossego

Dist : 12km / Temps : 3h

Un bus de nuit doit nous conduire, à 23h, à Valença. Nous décidons donc de tuer le temps en nous rendant à la Cachoeira Sossego (la "cascade paradis"), située à 6 kms de Lençóis. Nous traînons en chemin, convaincus que la distance sera vite avalée. Mais c'était sans compter sur l'absence de chemin...

Tous les groupes que nous croisons en sens inverse sont accompagnés d'un guide et on comprend vite pourquoi... Le sentier disparaît régulièrement sur des rochers qu'il nous faut escalader, contourner sans cesse, ce qui nous fait perdre un temps fou!La balade n'en reste pas moins agréable, mais l'heure tourne et, la cascade n'a beau se trouver qu'à 700m, nous nous résignons à rebrousser chemin et nous contentons d'une petite baignade dans un bassin qui n'a, certes, rien de paradisiaque, mais suffit amplement à nous rafraîchir !

Pour nous remonter le moral après ce demi échec, nous décidons d'aller déguster une délicieuse spécialité locale: la carne do sol, littéralement "viande du soleil", préparée à la parilla et accompagnée d'une purée de manioc, de riz et de haricots.

Et c'est sur ce dernier repas que s'achève notre aventure en demi-teinte dans la Chapada Diamantina. Peut-être la mauvaise météo y est-elle pour quelque chose, sans doute avons-nous aussi vu trop de beautés naturelles durant ce voyage pour ne plus nous émerveiller à la moindre occasion, mais clairement, nos attentes ont, cette fois, été trompées. C'était joli, certes, et il est toujours agréable de se balader au cœur d'un parc naturel assez peu fréquenté, mais la Chapada Diamantina restera néanmoins l'une de nos randonnées les moins intéressantes et les moins spectaculaires... Elle aurait sûrement été parfaite en début de voyage mais, pour une conclusion, elle s'avère décevante. A présent, retour à la mer, la valeur sûre du Brésil!!

73

Après une (très ! ) courte nuit, interrompue par un changement de bus à 4h du mat', nous arrivons à Valença. De là, il nous faut prendre un bateau pour rejoindre l'île de Boipeba, réputée pour sa douceur de vivre et son charme encore authentique. Exactement ce qu'il nous faut après 10 jours de rando!

Nous choisissons d'y aller en lancha, c'est l'option économique à 3€ (et donc lente!) qui fait la traversée en 4h au lieu d'1h30 (sans compter le traditionnel retard, of course!). Mais peu importe, les paysages sont sympas et rappellent assez l'Amazonie (enfin, quand on prend la peine de les regarder...).

A peine arrivés, nous sommes séduits par l'ambiance qui règne ici. Les voitures étant interdites sur l'île, tout se fait avec une mule, un buggy ou un "tracto-bus" , pas mal pour éviter les nuisances sonores et réduire la pollution !

A l'heure où le Brésil est secoué par le second tour des élections présidentielles (qui a lieu dans 2 jours!), nous avons, semble-t-il, trouvé le refuge idéal pour fuir le tumulte et les débordements potentiels! Ici, l'heure est plutôt à la bière (ou à la caïpirinha, c'est selon!) et au "peace and love"! Et même la grisaille et la pluie ne parviennent pas à entamer notre bonne humeur! D'ailleurs, l'avantage d'être sur une île, c'est que ça ne dure pas! Dès les premiers rayons de soleil, la ville s'illumine et les plages reprennent leurs allures paradisiaques.

Au programme de ces 4 jours donc :

- cours de hatha-yoga offerts par l'hôtel et farniente dans les hamacs,

- balades et pique-niques (en mode "zéro déchets" puisque ce sont les crabes qui finissent nos restes!) sur la plage... sans tenir compte des horaires des marées ! Oups!

- dégustation de délicieuses spécialités locales telles que la salade de poulpe, les salgados (sortes de tapas à base de fromage, de patates douces ou de yuca, souvent frites), la traditionnelle moqueca de poisson et, évidemment, la langouste grillée à savourer les pieds dans le sable, face à la mer...

- découverte de la fève de cacao, appétissante de l'extérieur... mais beaucoup moins de l'intérieur (l'aspect rognons crus est un peu éloigné de l'idée qu'on se fait du chocolat...)! Bon d'ailleurs, pour info, ça ne se mange pas cru... La blonde s'est obstinée et a été malade, ça lui fera les pieds!

Heureusement, les mangues sucrées et juteuses ont permis de rattraper cette mauvaise expérience ! (Quant à l'art de les manger élégamment et sans en mettre partout, on repassera, on n'a toujours pas compris la technique ! )

Bref, y'a pas à dire, l'île de Boipeba s'est révélée être une vraie parenthèse reposante dans un voyage qui l'est, au final, assez peu...

74

Puisque nous avons encore 5 jours à tuer avant de rejoindre Rio de Janeiro, nous décidons de nous rendre à Itacaré, petite cité balnéaire prisée des surfeurs. Comme souvent sur la côte, les maisons sont colorées et l'ambiance décontractée, un brin hippie. Nous profitons que la météo soit superbe pour randonner le long de la côte et rejoindre des criques peu fréquentées. Les ouistitis et les perruches nous accompagnent tout au long de ces paysages magnifiques, que n'ont pas encore envahi des armées de parasols colorés et de transat!

Au retour d'une après-midi de farniente et de baignades, nous quittons le sentier pour escalader les rochers et aller de plages en plages, le trajet en bord de mer est ainsi plus sportif et moins monotone...

Sauf que, après un bond maîtrisé (pour une fois!), la blonde se rend compte que son appareil photo s'est fait la malle ! En même temps, ça faisait plus d'un mois que la fermeture de la housse était cassée et qu'elle ne tenait que par un malheureux élastique... Pas étonnant qu'à force de tenter le diable, le pire finisse par arriver!

Cette fois, pas le temps de pleurer ! Il est 16h30, nous avons donc 1h30 pour retrouver ce fichu appareil ! Mais, plus le temps passe et plus l'espoir s'amenuise... Nous balayons les rochers sur environ un kilomètre mais rien n'y fait. La lumière se met à faiblir et la marée est en train de monter...

La blonde commence à craquer... L'appareil contenait une carte mémoire de plus de 12.000 photos, soit une année de voyage et de souvenirs... Et, on a beau se dire que, ce qui compte, se sont les souvenirs qu'on a dans la tête, ben, dans les faits, les photos sont tout aussi précieuses! Alors oui, il y a toujours les sauvegardes faites au jour le jour sur le cloud mais ça reste des photos compressées et d'une qualité moindre, ce qui ne suffit pas à consoler la blonde...

Au bout du quatrième aller-retour, on sait que ce sera le dernier... Il fera bientôt nuit et se retrouver coincés par la marée haute sur des rochers escarpés ne fait pas vraiment partie de nos plans...

C'est donc animés par l'énergie du désespoir que nous arpentons une dernière fois les failles et les recoins formés par les rochers et, par miracle, la blonde finit par tomber sur le précieux objet ! Bon ok, le flash s'est cassé dans la chute, mais au moins l'appareil a évité d'atterrir dans une flaque d'eau salée, ce qui lui aurait été fatal!

La tête du soulagement ? ?😅

Des larmes de soulagement jaillissent d'un coup. Le rire se mêle aux cris et aux bonds hystériques. Alors oui, on le savait déjà, la blonde est un boulet en puissance, mais, ça se confirme, elle a aussi une chance insolente (ce qui ne l'empêchera pas de changer de carte mémoire pour la suite et de renforcer la sécurité de son étui, juste au cas où...)!

Alors, forcément, après tant d'émotions, rien de tel qu'un petit remontant! Direction donc le "Marley's", le bistrot-gastro de Kevin, sympathique belge (et excellent cuisinier!) avec qui nous avons sympathisé la veille. Du bon vin, une cuisine savoureuse et créative, un brownie accompagné d'un sorbet au citron vert fait maison et nous voilà prêts à repartir pour de nouvelles aventures!

75

Parce qu'on a la bougeotte et qu'il est difficile (pour la blonde!) de passer plus de deux jours à ne rien faire au même endroit, nous revoilà partis pour Porto Seguro, d'où nous prenons un ferry pour rejoindre la petite station balnéaire d'Arraial d'Ajuda.

L'ambiance, très touristique, est toujours plus ou moins la même : maisons colorées, restaurants à gogo, boutiques souvenirs. Bref, rien de particulier qui mérite qu'on s'y arrête...

Même la plage, pourtant longue de plusieurs kilomètres, ne présente aucun intérêt, hormis celui de nous offrir un coin à l'ombre des palétuviers pour notre pique-nique végétal...

Une étape pas très intéressante donc mais tranquille. Seul "événement notable" (et je pèse mes mots!) : Myriam décide de renouer avec l'açaí... Kezako?? L'açaí, c'est un peu THE dessert national. Il est au Brésil ce que le fromage est à la France (enfin, un truc comme ça...). Les brésiliens raffolent de cette petite baie amère, à mi-chemin entre le fruit rouge et le chocolat, qui pousse sur les palmiers.

Que ce soit en jus, en glace, nature ou avec des fruits, des céréales et un nappage chocolat, ils en consomment à toute heure du jour et de la nuit. Impossible de faire une rue sans tomber sur quelqu'un qui te vend ton açaí dans un gobelet de 200ml à 1L!

Bref, après sa mauvaise expérience à Alter do Chao, la blonde avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus! Sacrilège ! C'est comme dire à un français que, non, tu n'aimes pas le fromage, ça crée un malaise direct (bon, on fera une exception pour vous beau papa...)!

Du coup, nous avons profité d'être dans le meilleur "açaí bowl" de la ville (ils disent tous ça !) pour retenter l'expérience et là... révélation ! Le goût n'a plus rien à voir (on l'ignorait mais chaque région a sa propre recette!). C'est indescriptible et, avouons le, succulent !

Allez, pas de regrets, nous avons encore trois semaines pour rattraper le temps perdu !

A présent, direction Rio de Janeiro!!! Enfin... si le bus daigne se montrer... Ah oui, c'est vrai, nous sommes dimanche... Plus que 3h à attendre avant le prochain et ensuite c'est parti pour 17h de trajet, le kif!

76

Ça y est, nous y sommes! Après 27h passées dans les transports, nous pénétrons enfin dans celle que l'on surnomme, en dépit de ses 1000 favelas, la "Cidade Maravilhosa" ("Ville Merveilleuse"), à savoir la mythique Rio de Janeiro.

A moins d'un mois du vol qui nous ramènera en France, l'heure n'est plus aux économies (enfin... ça dépend pour qui!). Pour l'occasion, Renan nous a dégoté un hôtel trois étoiles, avec salle de sport, buffet continental au petit dej, roof top et tout le tintouin, en plein cœur de Lapa, réputé pour être le quartier le plus animé pour sortir le soir.

Dans une ville où de nombreux logements ne sont même pas reliés à l'eau courante, se retrouver dans un hôtel luxueux, équipé d'une piscine sur le toit et situé en plein quartier populaire, offre un contraste assez déroutant, à la limite de l'indécence... Et pourtant, ce sont justement ces contrastes qui définissent le mieux Rio, eux qui la rendent à ce point unique, insaisissable et obsédante.

Ici, la misère ne se cache pas, elle fait partie du décor. Une rue suffit pour passer d'un quartier aisé, dont les murs de 3m de haut cachent de luxueuses demeures, à une favela où les baraques, faites de tôle ondulée, tentent de se faire une place sur le terrain escarpé, envahi par la jungle...

De la même façon, l'extrême urbanisation qui semble envahir l'espace sans retenue, n'empêche pas la nature d'avoir une place prépondérante au cœur de Rio.

Avec ses plages qui s'étendent sur plusieurs kilomètres d'un côté, son immense lac d'eau salée au centre et la forêt de Tijuca (plus grande forêt urbaine du monde) de l'autre côté, la ville s'est développée au milieu d'un véritable joyau naturel.

Impossible donc, malgré les buildings, la pollution et la saleté propres aux mégalopoles, de se sentir longtemps oppressé ou à l'étroit quand il suffit de faire quelques stations de bus pour s'évader et se retrouver à randonner en pleine jungle, en compagnie des toucans, des singes et des agoutis (bon, pour voir ces petits rongeurs, pas besoin d'aller très loin, n'importe quel parc fera l'affaire)!

Mais, ces charmes là, Rio ne nous les a pas montré tout de suite... Notre arrivée sous un ciel gris et plombant, nous a rendu les bâtiments encore plus vieux et décrépis qu'ils ne l'étaient déjà. La saleté et la misère apparentes nous ont surpris, quant à Lapa, nous n'avons pas su voir le charme qui se cachait derrière ses façades crasseuses et vieillottes...

Et quand en plus la pluie s'y met, ben là, y'a plus qu'à s'enfermer à l'hôtel en pestant et en se disant que, décidément, la réputation de Rio est surfaite !

Alors, oui, c'est vrai, quand on dit "Rio", on pense tout de suite: "Copacabana", "Christ Rédempteur", "Pain de sucre", "carnaval", "fiesta", "soleil" et "bombasses en bikini sur la plage"!

Mais, dans les faits, on est bien loin de ça et, faut bien dire qu'on se sent un peu floués ! Parce que le Corcovado dans les nuages, c'est sympa, mais ne rien voir après s'être tapé 600m de dénivelé, c'est moche... Quant à la farniente sur la plage, ben avec la pluie c'est tout de suite moins sexy...

Du coup, que faire à Rio quand le temps est tout pourri?

- alors, tu peux bouder pendant 2 jours en décidant de ne plus sortir de l'hôtel, où il fait chaud et où le lit est douillet. L'occasion de se reposer vraiment et de profiter des nombreux équipements mis à ta disposition comme... la salle de sport! (bon, la piscine en roof-top t'oublies par contre, elle fait pas trop rêver sous la pluie...)

- tu peux aussi sortir en quête d'un bon resto (ils sont légion à Rio!) afin de remplumer ton homme qui a perdu plus de 10kgs en 10 mois et pour te remonter le moral car, comme chacun sait, la grisaille ça déprime !

Rien de tel donc qu'un Senac, un bon japonais ou encore un p'tit resto français pour te rappeler les saveurs du pays et pour te dire que tu n'as pas perdu ta journée !

- pis tu peux aussi te dire que, après tout, tu n'es pas en sucre et que ce ne sont pas quelques gouttes qui vont te faire fondre! Surtout que l'hôtel te prête volontiers un parapluie ! Plus d'excuse donc pour rester cloîtré...

La blonde en profite pour faire enfin réparer son portable et se lancer dans une chasse aux graffs, notamment du côté du "porto maravilho", cette promenade le long des docks où de nombreux artistes ont laissé leur empreinte tel que le célèbre brésilien Eduardo Kobra, connu pour ses fresques de portraits gigantesques et colorés.

- et, quand le temps commence à s'améliorer mais n'est pas encore assez dégagé pour justifier une expédition sur les hauteurs, reste encore l'option églises et musées. Ils sont nombreux à Rio et gratuits certains jours de la semaine. Une bonne occasion donc de se cultiver à moindre frais!

Petit tour dans l'étonnante cathédrale Metropolitana, aux arcos da Lapa, au museu do amanhã et à celui des arts, au palais impérial avec un coup de cœur (pour la libraire du groupe du moins!) pour le Real Gabinete português de Leitura et son impressionnante bibliothèque !

Finalement, entre repos et expéditions culturelles, notre première semaine à Rio est passée à toute allure!

A moitié convaincus par notre séjour, nous songeons à migrer vers d'autres cieux, mais la météo semble vouloir changer radicalement, nous invitant à rester...

Après tout, pourquoi pas? Il serait dommage de partir sans avoir vu les deux symboles de la ville: le Corcovado et le Pão de Açucar.

En revanche, déçus par le quartier de Lapa, nous décidons d'investir un nouveau territoire, plus tranquille, plus propre et surtout plus proche de la nature : Botafogo.

On passe ainsi de l'hôtel 3 étoiles prestigieux à la maison carioca typique dans une ambiance familiale qui nous correspond beaucoup plus!

Pendant 4 jours, nous allons profiter du temps splendide pour multiplier les randonnées, marchant jusqu'au Morro da Urca et à la Praia Vermelha pour avoir une vue directe sur le Pain de Sucre, empruntant des chemins qui n'en sont plus vraiment, faute d'entretien, et qui débouchent sur... des favelas ! Merci Maps.me... Par chance, celle de Babilonia étant pacifiée, il n'y avait pas de danger!

Nous avons grimpé jusqu'au fort du Morro do Leme afin de profiter de la vue sur le Pain de Sucre et sur les plages de Leme et de Copacabana,

puis sommes redescendus nous rafraîchir dans l'eau glacée de l'Atlantique, observant d'un œil amusé le sport de plage national : l'altinha!

Tous les 3m, des groupes de 3 à 5 personnes se passent la balle. Le but du jeu? Ne pas la laisser toucher le sol! Et interdiction d'utiliser les mains, évidemment ! Ils peuvent y passer la journée et, force est de reconnaître qu'ils sont doués!

Pendant 1h30, nous avons marché dans la jungle, en compagnie des toucans et des singes, les 600m de dénivelé qui nous séparaient du Corcovado et de son célèbre Christ Rédempteur. Si la randonnée elle - même est super, l'arrivée façon Disney, parmi des centaines de selfiistes fraîchement débarqués de leur minibus climatisé, nous a un peu refroidi... Heureusement, la vue sur Rio, malgré la brume de pollution, est absolument imprenable !

Puis nous avons traversé une seconde favela, celle de Vidigal (elle aussi pacifiée, ça évite les frayeurs !), en connaissance de cause cette fois, afin de rejoindre les Dois Irmaos et de jouir d'un nouveau point de vue sur la ville,

avant de rejoindre la plage qui borde le Sheraton et de se poser en compagnie des habitants de la favela (au moins, en moule-bite y'a pas de danger, on est tous égaux... à quelques centimètres près s'entend!). Pis, quitte à squatter les plages, nous en avons profité pour faire un tour du côté de celles de Leblon et d'Ipanema.

Toujours en quête de street-art, nous avons parcouru en long, en large et en travers, les parties de la ville les plus accessibles, avec un coup de cœur pour le quartier de Santa Teresa et l'escalier Seladon.

Et si nous avons retrouvé Charly au cours de nos errances (et oui, qui aurait cru qu'il se cachait à Rio??), nous avons aussi rencontré de nombreux chefs d'oeuvre de l'art de rue!

Finalement, ces quelques jours de soleil auront suffi a transformer notre première (mauvaise) impression de Rio en un véritable engouement pour cette ville aux multiples facettes, capable de contenter les attentes les plus diverses!

Amoureux de la nature, fêtards, épicuriens, amateurs d'art, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. C'est incontestablement la ville la plus complète et qui a le plus à offrir de tout notre voyage et c'est maintenant à regrets qu'il nous faut repartir...

Quoi de mieux pour conclure cet article qu'une photo qui illustre à merveille la vie carioca ? Et, comme on est sympas, on ne vous a pas mis la plus moche... Parce que bon, si le string est la norme au Brésil, il est loin d'être l'usage exclusif des bombasses... Dans la réalité ce sont plutôt les popotins flageolants et débordant de tous les côtés qui sont légion...

Allez, celui - là c'est cadeau!

77

A 20min de Rio de Janeiro, de l'autre côté de la baie de Guanabara, se trouve Niterói, petite station balnéaire dynamisée par l'oeuvre de l'un des plus grands architectes brésiliens : Oscar Niemeyer.

Aussi étrange que cela puisse paraître, si les nuages restent agglutinés au dessus de la "Cidade Maravilhosa", Niterói, quant à elle, bénéficie d'un magnifique soleil !

C'est exactement ce qu'il nous faut pour nous remonter le moral et pour découvrir les paysages sous leur meilleur jour!

A peine descendus de l'embarcadère, nous nous lançons donc sur le "Caminho Niemeyer". Ses oeuvres sont éparpillées dans tout le Brésil et la côte de Niterói en compte sept à elle seule.

Myriam est excitée comme une puce (la réapparition du soleil y est sans doute pour quelque chose...). Elle saute, trottine, photographie à tout va jusqu'à se rendre compte que le portable de Renan, qui était dans sa poche, a disparu...

C'est ce que l'on pourrait appeler la loi des séries... Après son téléphone et son appareil photo, voilà qu'elle s'en prend aux affaires des autres maintenant !

Et nous voilà repartis en sens inverse (on commence à avoir l'habitude des allers-retours ! ), avec une blonde paniquée et un ours résigné, scrutant le sable blanc à s'en faire mal aux yeux, psalmodiant d'inutiles prières et demandant aux gens s'ils n'auraient pas vu notre fidèle compagnon...

Clairement, on nous laisse peu d'espoir quant à nos chances de réussite... Entre les joggeurs et les marcheurs, les passages sur la plage sont nombreux et les gens honnêtes un peu moins...

Mais pas question de renoncer pour autant ! Et, encore une fois, la chance va nous sourire... Le portable gît, face contre le sable, à un kilomètre de là.

D'ailleurs, en regardant nos photos après coup, on s'est rendu compte que le déserteur était sur l'une d'elles! Ça nous aurait fait un drôle de souvenir si nous ne l'avions pas retrouvé ! Soulagés, nous pouvons reprendre notre balade. Myriam a désormais l'interdiction de toucher à tout ce qui pourrait compromettre la suite du voyage, dur dur mais un peu justifié quand même...

Le parcours commence par la visite du MAC. Par chance, ce jour là, l'entrée est gratuite. Si les 3 expositions qui se battent en duel n'ont rien d'exceptionnel, la vision de ce musée en forme de soucoupe volante, perchée au bord de la falaise, vaut à elle seule le détour.

Ces formes futuristes épurées (avec une touche de rétro tout de même), toutes en courbes et en volumes, sont la marque de fabrique de l'architecte et donnent à son oeuvre un caractère facilement identifiable. Ainsi, sur près de 5 kms, nous alternons paysages côtiers et œuvres d'art, sympa le musée à ciel ouvert !

Si cette journée nous a permis de fuir de grisaille carioca (nom donné aux habitants de Rio), elle nous aura également permis de faire nos premiers pas dans le monde de l'architecture... pour le plus grand plaisir de Renan!

78

Mais qu'on est bêtes parfois !

A toujours vouloir nous débrouiller par nous -mêmes, voilà comment on se retrouve à mettre 10h au lieu de 3h pour rejoindre Ilha Grande depuis Rio! Et le pire dans cette histoire, c'est que ça nous est revenu plus cher que si nous étions passés par une agence pour organiser le transfert, la grosse loose!

Pas mécontents d'arriver enfin, après une journée perdue entre trois bus différents et un bateau, nous découvrons que nous sommes tombés en plein week-end "feiriado" ! Du coup, l'île est envahie de brésiliens selfiistes en string et moule-bite dans la rue et les prix ont triplé! Tout ce qu'on aime quoi!

Le premier camping que nous essayons nous propose 100 reais (soit 24€) pour dormir dans notre propre tente, c'est de la folie !

Nous sommes complètement blasés et, au moment où nous décidons d'aller voir ailleurs si nous y sommes, la pluie se met à tomber... Serait-ce un signe? Une invitation à repartir illico-presto??

Par chance (ben voui, il en faut bien un peu quand même !), voyant nos gros sacs et nos airs dépités, un local nous propose de venir chez lui où il loue pour 60 reais une petite chambre...

Vendu! C'est sommaire certes, mais ça a le mérite d'être abrité et à un prix raisonnable ! Et puis, Abel est un hôte charmant, fier de nous montrer qu'il a appris le français grâce à sa vieille méthode Assimil... sur cassettes! Voilà une belle version collector !

Jour 1: de Vila do Abraão à Freguesia de Santana

Dist : 15kms / Dev +: 400m / Dev -: 400m / Temps : 4h

Autrefois refuge de pirates et ancienne léproserie, Ilha Grande est présentée dans les guides comme un petit coin de paradis, sauvage et à l'abri de tourisme de masse. Bon, de ce côté là, on a vite déchanté...

Mais une randonnée fait le tour de l'île en 4-5 jours et permet de rejoindre des coins plus reculés, accessibles uniquement en bateaux puisqu'il n'y a pas de routes sur l'île. Nous comptons là-dessus pour fuir la foule...

Après une bonne nuit de sommeil, nous nous mettons en route sous la grisaille et nous retrouvons à suivre des grappes de touristes venus se baigner dans la Cachoeira da Feiticeira, ça commence bien...

Heureusement, après ça, la foule se fait plus éparse et nous avançons tranquillement dans la moiteur collante des sous-bois.

Mais, à chaque fois que nous arrivons sur une nouvelle plage, nous sommes précédés par des bateaux amarrés, pleins à craquer, musique à fond façon jet set... C'est désespérant! On commence à se dire qu'on s'est peut-être plantés et qu'il serait bien de finir cette rando au plus vite mais c'était sans compter sur la pluie... Heureusement, nous trouvons refuge dans une école abandonnée et, même s'il n'est que 16h, nous décidons d'en rester là pour aujourd'hui.

Nous installons donc la tente dans la salle la plus "épargnée" du bâtiment, entre les vieilles merdes séchées (au moins il n'y a pas l'odeur ici...) et les mouchoirs usagés et croisons les doigts pour qu'aucun squatteur ne vienne s'incruster... C'est glauque, certes, mais au moins nous resterons au sec cette nuit!

Jour 2 : de Freguesia de Santana à Praia Vermelha

Dist : 17kms / Dev +: 400m / Dev -: 400m / Temps : 6h

A la lumière du matin, notre refuge nocturne nous paraît encore plus sordide... Nous nous empressons de remballer et mettons les voiles direction la plage où un petit bain matinal s'impose histoire de nous décrasser de tous ces miasmes...

Par chance, après une nuit de pluie, le soleil semble avoir décidé de s'imposer aujourd'hui.

Nous alternons entre plages et montées dans la jungle et rencontrons finalement assez peu de monde. Tous les touristes, moins nombreux dans cette partie de l'île, sont agglutinés sur les plages pourvues de restaurants, délaissant les sentiers de randonnée.

Mais, même si nous apprécions le calme retrouvé, un certain ras-le-bol, lié à notre condition de backpacker, s'est installé...

Entre la pluie, la moiteur ambiante et la chaleur étouffante, nous n'en pouvons plus de porter notre gros sac et de suer à longueur de journée ! Pour ces deux dernières semaines, nous aussi nous avons envie de nous dorer la pilule sur la plage!

Pour la peine, la blonde se console à coups de sacolé, ces petites glaces aux fruits prisées des brésiliens et vendues sur chaque pas de porte. Bon, on a un peu l'impression de sucer un préservatif mais qu'est ce que c'est booon!

En attendant, nous sommes résignés à finir notre boucle et tentons de rendre notre marche aussi agréable que possible en prenant de longues pauses et en profitant du paysage, qui n'est pas sans rappeler celui de la Réunion.

Pour cette nuit, nous avons trouvé l'endroit parfait pour camper, caché dans la jungle, tout en étant à deux pas de la plage! C'est le signe qu'il est temps de s'arrêter ! Décidément, ce n'est pas sur cette rando que nous repousserons nos limites !

Jour 3: de Praia Vermelha à Praia Aventureiro

Dist: 7kms / Dev + : 600m / Dev -: 600m / Temps : 2h30

Cette fois, nous partons tôt afin d'éviter la chaleur. Le temps est superbe, ce qui rend l'effort un peu moins pénible.

Après 200m de montée et une bonne suée, nous arrivons dans le p