Notre périple sur la magnifique île de Koh Rong terminé nous voilà de retour à Phnom Penh pour quelques jours en attendant notre vol pour Manille.
Comme promis première étape, notre récit de la visite du musée du génocide S21.
Dans l'enfer Khmer rouge...
Commençons par le commencement, un point de contexte s’impose. J’essaye de simplifier pour que ce ne soit pas trop long mais c’est tout de même important de comprendre comment l’arrivée d’un tel régime sur lequel on reviendra plus tard est possible.
Le régime Kmer rouge (L'Angkar)
Plus de ville
En 48h les Khmers rouges ordonnent, sous prétexte de bombardements américains imminents, l’évacuation totale de Phnom Penh… 2,5 millions de personnes (y compris les malades sur leurs lits d’hôpital). Dans le même temps toutes les villes du pays sont évacuées vers les campagnes et les rizières. L’évacuation fera à elle seule 400 000 morts… Principalement des enfants et des personnes âgées.
Les villes sont pour les khmers rouges le berceau d’une éventuelle contestation de la révolution comme il l’appelle donc pas de ville = pas de contestataires.
L’année 0 pour le Kampuchéa démocratique, la nouvelle appellation du Cambodge sous le règne Khmer rouge.
Esclavagisme
L’ensemble des militaires sont exécutés, le peuple vivant dans les villes (peuple nouveau) est considéré instruit donc dangereux, ils sont conduits dans des « villages spéciaux ». Les autres, le peuple ancien, sont priés de retourner dans leur village natal pour suivre les ordres de l’Angkar (Le nom donné à l’autorité Khmer rouge). Les conditions y sont déplorables, retour à l’âge de pierre, les digues sont élevées à main nue, les charrues tirées par des hommes. Les rations de riz quotidiennes sont limitées au strict minimum, la population est affamée.
Génocide
Pas d’hôpitaux (situés dans les villes et donc interdit d’accès), pas de médecin, considérés comme instruits ils sont exécutés, les citoyens du peuple nouveau est condamné à ne pas vivre longtemps…
Des meurtres de masse sont commis, toute personne susceptible de connaitre une langue étrangère est exécutée, tous les jeunes aux cheveux longs sont exécutés, tout signe d’instruction peut vous conduire à la mort, le simple fait de porter des lunettes peut entrainer une exécution !
A la fin du régime Khmer rouge on atteint les 2 millions de mort… Soit 25% de la population du pays !
Qui sont les Khmers rouges ?
4 étudiants envoyés en France en 1960 pour faire leurs études… Ils sont sensibilisés au marxisme dans les milieux étudiants autour de la Sorbonne. Pol Pot le chef des armées est considéré comme le leader, il admire Staline et Marx mais aussi Hitler. Sympa !
On rappelle que le régime Khmer rouge était en vigueur entre 1975 et 1979… Il n'y a vraiment pas lontgremps!
Pol Pot a été arrêté en 1997, les procès ouverts en 2009…
Certain ancien Khmers rouges sont encore proches du pouvoir aujourd’hui…
Voilà pour le point de contexte, un peu plus long que ce que j’aurais voulu mais j’étais lancé.
Pour la chute des Khmers rouges et l’avènement de la démocratie au Cambodge je vous invite à lire notre ami Wikipedia, je suis fatigué 😉.
Tout ça nous emmène à cette fameuse prison Khmer rouge, S21.
C’est un ancien lycée (tout un symbole au vu de l'aversion des Khmers rouges pour la culture) transformé en centre de torture et d’extermination plus qu’en prison… ou 20 000 personnes dont 2 000 enfants y sont passés. On dénombre seulement 12 survivants…
Ce n’est pas le seul centre de la sorte, on ne les dénombre même pas, mais c’est le plus accessible et le plus emblématique car au cœur de Phnom Penh il a été en parti transformé en musée.
L’Angkar l’utilisait comme centre de purge de son régime et y enfermait tous les potentiels opposants au régime sous n’importe quel motif, réel ou inventé : femmes, enfants, familles entières avec leur bébé… Cambodgien ou étranger, 3 français ont été enfermés puis tués ici.
On vous torturait, parfois jusqu’à 3 fois par jour jusqu’à ce que vous avouiez, n’importe quoi mais il fallait avouer.
A gauche les cellules individuelles lorsque vous subissiez la torture sinon les gens étaient enchaînés les uns aux autres allongés sur le dos dans de grandes cellules collectives.
Les barbelets au niveau des coursives extérieures ne sont pas faits pour éviter les évasions mais pour empêcher les suicides.
Les gardiens qui avaient entre 10 et 23 ans étaient endoctrinés par les cadres de l’Angkar ce qui les rendait encore plus impitoyables…
Je ne vous décrirais pas la visite de la prison en détail, vous l’imaginez horrible et difficile, elle l’est. Vous êtes accompagné par un guide audio, très bien fait, qui vous relate les faits et des témoignages. La visite a duré 3h...
Les lits et les chaines utilisés pour la torture sont encore en place ainsi que la potence à laquelle on pendait les détenus par les pieds. Un nombre inimaginable de photos retrouvées sur les lieux sont exposées, les gardiens prenaient des photos à l’arrivée et à la mort de chaque prisonnier pour justifier auprès de sa hiérarchie que le boulot était fait. D'innombrables dossiers et pages d’aveux ont été retrouvés sur le site.
Duch, ex prof de maths était le directeur des lieux, il fait partie des survivants khmer rouge. A son procès il a été condamné en 2010 à 35 ans de prison… Puis en appel à la prison à vie.
Si vous passez par Phnom Penh cette visite est incontournable !
Dans un premier temps les détenus, après avoir été torturés, étaient exécutés sur place. Avec le nombre croissant de victime, ils ont été acheminés par la suite dans des champs d’extermination qui se visitent également, les « killing fields ». On y dénombre pas moins de 129 fosses communes…
Les exécutions ne se faisait pas par balle par soucis d’économie mais à coup de cross. Ils n’hésitaient pas à fracasser les bébés contre les arbres...
Nous avons passé notre tour sur ce coup, c’est loin de Phnom Penh et à notre retour de Koh Rong on n’avait pas la foi de se renoircir l’esprit.
Sans transition, la suite de notre séjour à Phnom Penh a été nettement moins glauque.
Pour notre premier soir on a retrouvé… Ben et Baptiste ainsi qu’un autre couple de Français et une française pour quelques bières. Ça nous a permis de se dire au-revoir, on se sera suivi un moment !
La journée on a arpenté les différents marchés, bien moins authentiques que celui de Kampot mais nettement plus grands.
Le marché central ou tout se vend... Le marché Russe, un peu moins grand mais tout aussi sympa.
L’occasion (pour Léa) de ramener quelques souvenirs.
Le dernier soir on a décidé de tout de même fêter noël avec un peu de retard, Ben nous ayant fait la pub d’un super resto français on a sauté le pas… Et on s’est régalé !
Notre séjour au Cambodge se termine… déjà !
On prend notre vol pour les Philippines demain, du coup grasse mat et aéroport au programme de notre dernier jour en terre Khmer.