Ce matin, si la montre de Papa sonne à 5h30, je me réveille, malgré tout, sans aucune difficulté car je vais, aujourd’hui, réaliser un de mes rêves ! En effet, nous allons attaquer, ensemble, l’ascension d’un volcan encore en activité culminant à exactement 2.847 mètres.
Du coup, quand notre guide, Paolo, vient nous chercher, Papa et moi, à l’auberge à 6h du matin, nous sommes fin prêts même s’il nous manque bien quelques heures de sommeil… Nous avons, en plus, la chance de n’être que deux avec lui, ce qui nous permettra ainsi d’aller à notre rythme pour atteindre le cratère du volcan Villarrica.
Après un quart d’heure de route, nous nous arrêtons pour nous équiper en vêtements de montagne, à savoir, par exemple, une bonne paire de chaussures adaptables aux crampons, des gants chauds, un sac à dos digne de ce nom, un coupe-vent, un casque ou, encore, un sur-pantalon.
Après que Papa ait signé une décharge de responsabilité et payé l’excursion, nous reprenons la route un autre quart d’heure pour arriver, enfin, au pied du téléphérique, qui est, en fait, un télésiège ! Si Papa, au départ, n’était pas très chaud pour le prendre voulant faire la randonnée dans son intégralité, il a été convaincu, la veille au téléphone, par le guide car cela nous permettra sûrement d’arriver les premiers au sommet et de monter seuls, loin devant les autres groupes de touristes.
Et effectivement, nous arrivons bien 1/2 heure avant les autres équipées devant le « téléphérique », et sommes les deux premiers à l’utiliser et à entamer l’ascension vers le sommet d’où s’échappent de fortes fumerolles.
Il est, bien entendu, très surveillé aujourd’hui. De février à novembre 2015, il a même fait l’objet d’une vigilance de tous les instants, les vulcanologues s’attendant à une forte et imminente éruption. Finalement, celle-ci interviendra en mars 2015, sans que cela ne dure plus de 10 minutes. La population de la région, sur ses gardes, a rapidement pu être évacuée (3.000 personnes tout de même !) et aucun dégât n’a été déploré en raison de cette très courte durée éruptive.
Du sommet du télésiège (1.550m), qui nous fait gagner 500 mètres de dénivelé, au sommet du volcan, nous devons marcher 4 km, avec un peu plus de 1.000 mètres de dénivelé.
Nous débutons, tout d’abord, ce trek dans les cailloux volcaniques, avant, assez vite, de chausser des crampons pour monter dans de belles portions enneigées.
Si le volcan n’est pas très haut, il possède, pourtant, tout au long de l’année, des neiges éternelles sur lesquelles, l’hiver, il est parfaitement possible de skier. Il existe, pour ce faire, une station aménagée avec une petite dizaines de pistes praticables. La randonnée est vraiment incroyable. Le temps est vraiment merveilleux. Il n’y a pas un pet de vent - un petit peu, cependant, en approchant du cratère. La température est idéale pour ce type de marche.
Et que dire du panorama qui s’offre à nous ? …
En contrebas, on distingue clairement le lac Villarrica et les villes de Pucòn et Villarrica, le lac Caburga, la chaîne des 7 volcans Lanin, Llaima, Quetrupillan...
Avec Papa, nous avons bien conscience que nous vivons, et partageons, à ce moment précis, un véritable instant de grâce. Nous essayons de le graver dans nos mémoires et dans nos cœurs, et profitons de chaque seconde passé à admirer ces paysages époustouflants.
Malheureusement, tout a une fin. Nous devons redescendre en raison des épaisses fumerolles émises par le volcan - et qui sont assez importantes aujourd’hui, aux dires de Paolo - et afin de laisser la place aux autres groupes qui, progressivement, arrivent dans la dernière ligne droite de leur ascension. Dans notre descente, nous en croisons, d’ailleurs, quelques uns et pique-niquons même avec 3 autres équipées. Ils sont bien plus nombreux que nous, et nous mesurons encore plus la chance que nous avons eue de n’être que deux avec Paolo.
Si la montée nous aura pris 3 petites heures, la descente sera, quant à elle, beaucoup plus rapide car nous utiliserons : des luges ! Forcément, nous ne nous faisons pas prier et dévalons les nombreux endroits enneigés à l’aide de ces petites luges en plastique que nous plaçons sous nos fesses, nous servant des piolets pour freiner et mieux négocier les virages. Car il s’agit clairement de véritables pistes de luge qui ont été aménagées à la « façon bobsleigh » ! Inutile de préciser que nous avons littéralement « kiffé » !
Grace aux luges, nous regagnons donc le bas du télésiège en une bonne demi-heure. Nous remontons, ensuite, dans la voiture qui, après un bref arrêt pour rendre une partie du matériel, nous dépose, enfin, et en tout début d’après-midi, à l’auberge. Nous y retrouvons Maman en train de profiter d’une bonne connexion internet pour publier plusieurs journées supplémentaires de notre tour du monde sur le blog familial.
Si, après une bonne douche, je préfère rester tranquille me reposer dans le salon de l’auberge, Papa, de son côté, accompagne Maman pour aller au bord du lac Villarrica, au niveau de la Playa Grande de Pucón. Installés à l’ombre, sous les arbres et à proximité de quelques tables de massage esseulées, ils profitent du spectacle offert par les vendeurs de bouées qui, à l’instar de vrais bibendum, portent celles-ci autour de leurs bras et jambes, les loueurs de matelas, et autres parasols, se déplaçant sur le sable avec leurs parasols et haranguant le moindre touriste en quête de place sur le sable, et, pour Papa, par les femmes qui dévoilent plus facilement leurs fesses que leurs seins - les sud-américaines semblent être plus adeptes du string que du bikini !...
Sur le chemin du retour vers l’auberge, ils s’arrêtent au niveau de la Poza Mirador, petite étendue d’eau d’où partent quelques excursions lacustres, et d’où on peut admirer le cône presque parfait du volcan Villarrica, et de la grande place où se trouvent de grandes statues en bois représentant les Mapuche, ancienne civilisation ayant habité la région avant l’arrivée des colons espagnols.
Le reste de la journée se déroule sereinement dans le salon de l’auberge, où nous dînons tôt, avant de prendre, un peu avant 20h, le chemin du terminal des bus de notre compagnie de transport qui nous va nous conduire, de nuit, vers Valparaiso. Ce trajet constitue notre dernier voyage en bus de nuit. Une page de notre tour du monde est en train de, progressivement, se tourner...