Par Eris49
L'automne, une saison des plus magnifique qui sublime la nature Québécoise. De Quebec, je choisi de partir à sa découverte à travers le paysage de Gaspésie.
Octobre 2017
10 jours
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Une des premières étapes de mon voyage en Gaspésie est le Parc National de Gaspésie.

Ce parc est immense ! Rien qu'a partir du moment où j'y entre, j'ai encore 20 min de voiture pour arriver au point d'information.

Mon billet et mon plan en main, j’ai décidé de faire le tour du Mont Albert : 17,4km, 850m de dénivelé pour 6 à 8h de marche. Seulement, il me faudra être rapide. Il est déjà 11h et à l’accueil m'a informé que si je mettais plus de 3h pour monter au sommet, fallait même pas que je tente le tour en entier sinon je reviendrai dans le noir à mes risques et périls.

Pas de soucis, le défi est lancé. Ascension du Mont Albert en moins de 3h, top Chrono !

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Le sentier est réputé difficile. Ok je leur accorde, il est difficile !

Après 1km de marche j’arrive à bout de souffle au premier belvédère… Mais c’est quoi ce sentier ?! Je vais mourir. La mort m’appelle. Elle est là, elle m’attend. Plus que 4km… Jamais, impossible… Je continue pourtant, doublant même quelques personnes. Je regarde ma montre, « en moins de 3h », je suis dans les temps.

La montée semble interminable. Monter. Toujours monter. Je m’arrête un moment pour reprendre des forces. Horreur ! Je ne trouve pas mon petit kit de survie : mes sachets de sucrettes. Je vide mon sac. MP3, lunettes de soleil, perche à selfie. Le matos parfait du touriste est bien là mais celui du randonneur demeure aux abonnés absents. J'ai vidé mon sac la veille et je n'ai pas tout remis. Quel idiot ! Je check mes rations : 2 pommes et 2 barres de céréales. Car forcément, je n’ai pas non plus prévu de sandwich. Elle s’annonce difficile cette randonnée. Je me rationne à une demi barre de céréale, et reprend ma route.

Au fil du trajet, mon corps se met en mode économie d’énergie. Mon cerveau ne semble plus irrigué, mon cœur donne tout ce qu’il peut à mes jambes et mes yeux. Peut-être même juste un sur deux pour ces derniers. Je soupçonne mon corps d’avoir compris qu’il n’aurait pas sa barrette de sucre... Je marche tel un robot et pourrais passer près d’un cerf, d’un ours ou d’un éléphant que je ne le remarquerais même pas. Je sens aussi toute la colère qui émane de mes jambes. Elles sont furieuses, suppliant qu’on s’arrête. Mais l’information ne parvient pas jusqu’à mon cerveau. Il est en veille. Je continuerai donc à marcher jusqu’à épuisement

Pas question de monter pour ensuite revenir sur mes pas, je veux faire le tour en entier !

Enfin le sommet est en vue. Défi relevé et avec brio : 2h05 ! Applaudissement, haie d’honneur et tout le tralala ! Joie immense d’être arrivé, et dans les temps en plus. Pas si pire finalement ;)

Malheureusement la vue n’est pas au rendez-vous. Mère Nature fait encore des siennes. Une mer de brume m’obstrue le paysage et fait chuter la températurer. Le vent souffle. Je trouve refuge dans un abri, histoire de reprendre quelques forces. Pour les couleurs d'automne, je repasserai... mais c'est aussi ça l'automne, il n'y a pas que du soleil et des belles couleurs.

La suite de la randonnée se fait par le plateau du mont Albert. Endroit présentement vraiment incroyable ! Le paysage est complètement mystifié par un épais brouillard. La brume humidifie l’air et vent souffle violemment. Je remets une veste et enfile mon coupe-pluie.

J’avance dans le néant, passage d'accès à une autre dimesion. Par temps dégagé on aurait peut-être pu appeler ce plateau « les plaines des joyeux caribous » mais aujourd’hui, je le nommerai « les plaines des âmes en peines vouées à l’errance éternelle. »

Plaines des âmes en peines vouées à l’errance éternelle 

Ce voyage hors du commun dans les limbes se transforme en jeu de piste où il faut repérer les monticules de pierres, seuls indicateurs du chemin à prendre. Tout égarement me perdrait dans ce labyrinthe de brume.

Un sentier se dessine finalement devant moi, fait entièrement de rochers et de cailloux. L’escalade est désormais de la partie, éprouvant mon agilité, ma dextérité et mon équilibre. A mesure que je descends, le paysage se dévoile à mes yeux. Impressionnant. Surréaliste. La hauteur des falaises, la couleur des rochers, la timide cascade et la nature, j’ai l’impression d’être entré dans un monde perdu. Un dinosaure pourrait surgir que je n’en serais même pas étonné.

J’apprécie énormément cette partie de la randonnée. La nature est belle. Mais cela me coûte. Si je parcours les quelques premiers kilomètres de ce nouveau monde avec entrain et émerveillement, la fatigue commence bientôt à se faire ressentir. Marcher de roche en roche demande beaucoup de concentration et d'énergie. Pour ajouter à ça, le parcours devient humide, les roches glisses et les quelques parcelles de sentier en terre deviennent boue. Cela en devient presque dangereux. Il faut redoubler de prudence. Malgré tout, je manque pas moins d'une vingtaine de fois de chuter, je ne sortirai pas indemne de ces 17,4km... La mauvaise nuit dernière commence également à se faire ressentir, je suis en train de puiser dans mes dernières forces.

Sur le chemin, je fais un arrêt au Lac du Diable. Puis il y aura la chute du Diable, mais elle sera un peu hors de vue.

Entre les deux, je passe dans une partie de la forêt qui a revêtu ses couleurs automnales.

La chute du Diable, il faut avoir une bonne vue, ou un bon zoom...

La fin du sentier longe la rivière et me laisse apprécier de jolis points de vue.

Fin de la randonnée, ça tombe bien car la nuit tombe. Je suis épuisé mais tellement satisfait de l'avoir fait.

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La deuxième étape de mon voyage est le Parc Forillon.

Arrivé à l'entrée, on me conseille de faire le sentier du Mont Alban et celui des Graves. J'ai de la chance, le soleil est bien présent aujourd'hui.

Le parc est magnifique, la nature l’a paré de ses plus belles couleurs de saison, dont ces dernières sont sublimées par un soleil très présent. Comparé au Mont saint Albert, ce sentier est easy ! Et là, j’ai une vue magnifique à 360° sur le paysage.

Au détour du sentier, je tombe sur des têtes connues : les deux français que j'avais rencontré dans une auberge la veille, Amandine et Nicolas. On échange un peu et j’apprends qu’ils ont vu hier des phoques, un ours noir et deux orignaux. Et aujourd’hui, sur le même sentier que moi, 20min plus tôt, quatre orignaux. Moi je suis à 0 phoques, 0 ours noir et 0 orignaux. Mais quel est leur secret ?!

Je reprends ma route, confiant de voir peut-être enfin quelques animaux. Mais rien.

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J’arrive au deuxième sentier que l’on m’a conseillé. La vue sur la mer est splendide et je prends un peu de temps pour l’admirer.

C’est à ce moment qu’arrivent à leur tour Nicolas et Amandine. Ils me rassurent, ils n’ont pas recroisé d’animaux. Ouf ! Et c’est tout naturellement qu’on décide de faire le sentier vers le bout du monde ensemble. Idée richement récompensé tant au niveau humain qu'au niveau découverte. Nous avons vu des phoques, que j’ai pu mieux apprécié avec les jumelles de Nicolas, perdrix et même un porc épic pas très sauvage à la pointe du bout du monde. La théorie d’Amandine sur la pointe du bout du monde c’est que qu’elle s’appelle comme ça car lorsqu’on arrive, on n’a qu’une envie c’est faire demi-tour! Et elle a sans doute raison. Les rafales de vent sont puissantes et gelées. On se recouvre tous les trois mais ne restons pas longtemps.

Un coucher de soleil nous accueillera à la fin de notre trajet. C’était vraiment une chouette journée.

C'est la fin de la journée, je quitte Nicolas et Amandine, peut-être nous reverrons nous.

Au détour d’un virage pour aller à mon auberge, apparaissent tout d’un coup deux orignaux dans mes phares. Gros stresse, je freine bien que déjà arrivé à leur niveau il est trop tard. La voiture derrière moi fait un écart pour les éviter. Plus de peur que de mal. Décidément, que de surprises aujourd’hui !

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Jour 2

Aujourd’hui j’avais prévu de faire du canoë dans le parc Forillon car l’auberge dans laquelle j’ai dormi proposait cette activité. Seulement voilà, ce n’est pas vraiment eux mais plutôt leur partenaire qui organise ces excursions et aujourd’hui, je suis le seul inscrit. Il faut un minimum de deux. Pas de chance, pas de canoë donc…

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Je décide de refaire quelques randonnées dans le parc Forillon, en particulier le versant Nord que je n’ai pas encore vu.

Le premier sentier Les plaines, n’est pas extraordinaire. C’est également une piste cyclable, ce qui à mon goût perd tout le charme des chemins de randonnée. Bon au moins, il fait beau, et je trouve même de la compagnie : une coccinelle vient se poser sur moi. Je n’en avait jamais vu de pareille, ses couleurs ressemblent à des signes égyptiens.

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Le second sentier, les lacs, sera bien plus intéressant ! Il fait d’ailleurs parti du chemin international des Appalaches. L’accueil avait qualifié ce sentier de difficile, c’est bien vrai ! La montée est vraiment rude et intense. Mon talon ne touche même pas terre. Mais après le mont Albert j’ai l’impression que rien ne m’est impossible !

La randonnée est agréable à faire, les couleurs d’automnes sont toujours là, projetant par moment un hâle doré sur le passage.

Soudain, j’entends un bruit. Quelque chose se déplace dans les épais branchages et feuillages, juste devant moi. Mon cœur s’accélère. Pourvu que ce soit gentil… J’entends alors LE cri que je recherchais tant ! Un cri d’orignal. Je ne parviens malheureusement pas à le voir. Juste une ombre qui me nargue. Il cri de nouveau. Bon vous me voyez arriver, je tente bien d’imiter son cri. « je viens en ami » lui dis-je dans sa langue. Mais mon orignal doit être un peu mauvais car cela ne l’a pas fait bouger d’un iota. En même temps s’il est du même niveau que mon anglais, je ne peux pas blâmer cette pauvre bête...

Quoi qu’il en soit, il est toujours là. J'essaie de m’approcher mais je ne vois rien, et je ne voudrai pas le faire fuir. Il bouge un peu, récrit. Je lui réponds de nouveau. Mais rien. Je décide d’attendre un peu, il finira bien par sortir.

Vient alors ce moment tant espéré, les branchages craquent, il vient vers moi ! Ça y est, il sort ! Il est impressionnant, il est puissant, il est… il est…humain… ?? Je tombe des nues en voyant ce mec, revêtu d’une combinaison de camouflage, porte-voix à la main, sortir d’où il y aurait dû y avoir un orignal. C’est seulement après quelques secondes que je réalise qu’il n’y en a finalement jamais eu, c’était cet homme depuis le début. Ce dernier s’approche de moi « tu l’as-tu entendu toi aussi? Y’en avait un tout près, il m’a répondu. » « oui oui j’ai entendu ! » Je n’ai pas osé lui dire qu’a 99% ce devait être moi. Mon orignal n’est peut-être pas si mauvais finalement !

Après cette drôle d’aventure, je me remets en route vers mon objectif, le lac au Renard. Ce dernier est uniquement accessible via ce sentier, j’ai beaucoup d’espoir de voir quelque animaux là-bas. Les traces laissées dans la boue me confirme que des animaux sont passés par là.

Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Ce jour ne sera pas noté d’une croix blanche pour les rencontres animales mais le sentier reste très sympa à faire.

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Quatrième étape du voyage, une chute d'eau à priori magnifique dont j'ai entendu parlé. Mais pour le moment, je fais un arrêt à Barachois pour profiter un peu de ses belles plages.

Plage Barachois 
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Une fois bien ressourcé, je fais route vers ma destination. Après avoir loupé l’entrée du sentier, car bien sûr, en Gaspésie il ne faut pas espérer avoir tout le temps du réseaux, je rejoins ce petit coin de paradis. L’eau est magnifique, le lieu est magnifique !

J’ai emmené une serviette pour, au cas où, me baigner. Une québécoise est venue avec la même idée. Après avoir trempé nos pieds dans l’eau turquoise, on se ravise. Pourtant elle, elle est habitué à se baigner dans les lacs me dit-elle. C’est à cet instant qu’un groupe de français arrive, avec au milieu d’entre eux, une bretonne. Ni une ni deux, elle se met en maillot de bain et en trois quart de seconde se retrouve à nager dans l’eau avec une aisance déconcertante. On se regarde avec la québécoise, envieux... Finalement, elle se met en maillot à son tour. « Elle me provoque » me dit-elle en souriant avant de rentrer à son tour dans l’eau. Moi je reste là, sur la rive, à les regarder. Oh et puis zut ! Je me lance à mon tour.

Elle est fraîche, très fraîche ! Aux alentours de 14° me dit la bretonne, mais quel bonheur de nager dans ces eaux turquoises. Et quelle satisfaction de l’avoir fait ! Je reste un moment devant les chutes, à profiter de la vue qui s’offre à moi.

De leur côté, les 3 filles du groupe de français se mettent en mode shootting photo. Et c’est assez impressionnant à voir. Des poses en veux-tu en voilà : cheveux attachés, détachés, relevé, sur le côté, posture assise, debout, couché, en faisant le poirier sur une main et en jonglant avec les pieds… Bon ok j’exagère un peu la dernière partie, mais ça y ressemble beaucoup !

Je passe l'après midi dans cet endroit et lorsqu'enfin je repars, je me dis qu'on pourrait y passer sa vie.

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Il y a tellement de belles choses en Gaspésie, que tout résumer dans un journal est impossible. C'est un voyage qui se vit, pour en ressentir pleinement l'expérience.