Potosí est fondée en 1545 par les espagnols pour exploiter la mine proche. C'est une des villes les plus hautes du monde (4070m), construite au pied du Cerro Rico (« Montagne riche »), une montagne de minerai d'argent qui domine la ville de ses 4 782 m.
La vieille ville fait partie de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987, et sur la liste du patrimoine mondial en péril depuis 2014, notamment en raison de la dégradation potentielle du site par les opérations minières et de la relative incapacité à mettre en œuvre la législation protectrice.
On peut difficilement faire l'impasse sur la visite des mines du Cerro Rico, pourtant fortement déconseillée aux personnes claustrophobes. Les visites sont organisées par des agences en partenariat avec des coopératives de mineurs, chaque agence rétrocédant à la coopérative une part du prix payé par les touristes. Ces visites sont cependant controversées en raison des conditions de travail des mineurs.
Après avoir longuement hésité, nous partons découvrir les mines de Potosi.
Première étape, on s'habille pour pouvoir entrer dans la mine : bottes, pantalon, veste, casque et lampe frontale.
Deuxième étape : arrêt au "marché des mineurs" où l'on trouve tout le nécessaire pour le travail des mineurs, dont des explosifs 😯, mais également tous les attributs que les mineurs apprécient/ont besoin pour leur journée de travail (boissons sucrées, cigarettes, feuilles de coca...). Le ton est donné. Je ne suis absolument pas à l'aise...
Troisième étape, l'entrée dans la mine et l'offrande à "El Tio". Pour comprendre cette croyance, il faut revenir à l'époque coloniale. Avec la conversion des indigènes au catholicisme, ils apprennent que la figure du diable, dieu souterrain implanté par les Espagnols, est là pour les punir s’ils ne travaillent pas suffisamment. Les mineurs vont s’approprier cette figure qui deviendra "El Tio" et la mine sera le territoire du "Tio". Le sort des mineurs dépend de son bon vouloir. Dans les mines, il y a des statues à son effigie et quand les mineurs passent devant ils viennent s’y recueillir. Les offrandes sont l'alcool de canne à sucre à 96° et des feuilles de coca. Ils en disposent sur ses mains et ses pieds, qui sont les principaux outils de travail des mineurs; mais aussi sur son sexe en érection, symbole de fertilité. Car, selon les mineurs, c’est de l'union sacrée entre deux Dieux : la Pachamama et "El Tio", que naît le minerai au plus profond de la montagne. Ne pas leur faire d’offrande, c’est courir le risque de s’attirer leurs foudres, et donc une mort certaine. Bon ça y est, on est à peine entrés dans la mine que j'ai déjà froid dans le dos.
Dernière étape, on s'enfonce dans la mine. Il fait sombre, c'est poussiéreux, c'est glauque... Plus en s'enfonce et plus les poutres de soutien du tunnel sont effondrées, prêtes à rendre l'âme, des galeries partent au-dessus, en-dessous, un vrai labyrinthe! Au Cerro Rico, l'extraction du minerai est réservée aux coopératives boliviennes, chaque coopérative est indépendante et il en existe un grand nombre qui exploitent cette montagne. Sans concertation entre toutes ses coopératives, chacune agissant comme elle le souhaite, comment cette montagne peut-elle encore tenir?
On en ressort bien chamboulés. Entre les lignes, on comprend bien que l'histoire de Potosi est triste, celle d’une ville condamnée à grappiller les miettes laissées par les Espagnols. En effet, aujourd'hui, les mineurs exploitent des métaux moins précieux comme le zinc ou l'étain, les filons d'argent ayant été consumés pendant l'époque coloniale... De plus, pour supporter les conditions de travail extrêmement difficiles, ils mâchent de la coca, coupe-faim énergisant et boivent également un alcool à 96°, pur ou coupé avec du soda. Tous ces éléments font que l'espérance de vie des mineurs est très faible (40 à 45 ans) et c'est plus de 8 millions de mineurs qui sont décédés précocement jusqu'à maintenant...
On continue notre périple culturel avec la visite de la Casa de la Moneda. C'est un édifice colonial impressionnant au passé chargé. La Casa de la Moneda fut bâtie entre 1953 et 1773 par les Espagnols, sur une ancienne place de marché. Le principal objectif consistait à pouvoir émettre l’unité monétaire de l’époque. Les mines d'argent de Potosi étaient sources de richesse pour l'empire espagnol, et c'est dans ces murs qu'était frappée la monnaie. Les collections du musée regroupent à la fois des pièces de monnaie, la fonderie et toute la machinerie (actionnée par des mules en sous-sol) qui permettait de fabriquer les pièces en argent grâce notamment aux esclaves venus d'Afrique.
Avec toutes ces visites qui nous chamboulent, l'après-midi sera consacrée à la digestion et au farniente!